Gite de Palmarin : dans la mangrove- cuisine – visite au village

CARNET SÉNÉGALAIS

Palmarin, au petit matin

Dimanche 10 mars : Palmarin

Un âne a sonné le réveil au point du jour. Habillée à la hâte je vois l’ânier qui poursuit l’animal avec un long bâton dans le campement. Attirée par l’océan je marche, les pieds dans l’eau. Même si la vague me trempe jusqu’aux genoux je préfère la portion de la plage lavée à chaque marée. Des arbres morts, blanchis, sont fichés dans le sable comme des ossements d’improbables dromadaires. Les villages sont plutôt construits sur la route ou vers le Saloum. Les constructions des dunes sont souvent celles des toubabs ce qui m’évite des rencontres gênantes. Sur le sable sec, comme un linceul enveloppant un cadavre, les filets emballent du matériel de pêche sur une planche. Le moteur de la pirogue me fait penser à une tête humaine.

Le soleil se lève sur la flaque qui a envahi les terres basses entre la dune et l’hôtel à marée haute. L’eau ruisselle de tous les ors du levant. Ces oiseaux blancs, des sternes probablement, se sont posés sur l’eau. Une aigrette et un courlis arpente la vase. Les silhouettes des cocotiers et des baobabs se détachent sur le ciel orange. Ce n’est pas un chromo, c’est l’image de l’Afrique dans mon imaginaire. Quand je retourne à la case à 7h30, ciel et mer sont bleus, la flaque opaline encore piquetée d’un vol d’oiseaux. Deux perdrix bien dodues picorent non loin de nous. On attend qu’elles s’approchent encore pour les photographier. Peine perdue, elles gardent leur distance de sécurité.

François et Ousmane

Promenade dans la mangrove. Ousmane tire la charrette et entre dans l’eau jusqu’au ventre pour nous emmener jusqu’à la pirogue trop grande pour être amarrée près du rivage. La mangrove est une réserve biologique  depuis 1975, sanctuaire des oiseaux d’eau. ON observe les hérons perchés sur leurs grandes pattes, les petits cormorans gris africains séchant leurs ailes mais aussi des courlis au long bec, bécassines ou bécasseaux, et bien sûr les pélicans. La pirogue entre dans les bolongs chenaux entre les palétuviers. Le piroguier coupe le moteur pour apprécier mieux la sérénité de ces confins entre terre et mer. Quelques coups résonnent. Quelqu’un coupe du bois à la machette. C’est interdit. Des poissons vif-argent sautent au dessus du miroir de l’eau. Sur un baobab, l’aigle pêcheur guette. Un peu plus loin , un balbuzard est perché sur un piquet. On se laisse mener par la magie du matin.

POisson fumé et séché

Pour désengorger le port de Djifer avec sa plage infernale, on a construit un petit port tout neuf avec des tables carrelées sous un hangar aéré.C’est propre, neuf mais sous-utilisé. Les pêcheurs préfèrent Djifer. La fumée signale une fumerie de poissons : de grandes tables de paille ou de roseaux accueillent les poissons fumés (sardines et harengs) qui sèchent au soleil. Le Mali et le Burkina-Faso privés de façade maritime sont de gros consommateurs de poisson séché. Un homme charge du sable sur une plateforme tirée par un âne dont la robe  la même teinte rosée que le sable, ils ne vont pas loin, le sable est destiné à faire un autre fumoir à poissons.

De retour au campement je fais de la lessive. Nous sommes les seules clientes et nous sentons très à l’aise adoptées par le personnel, François, le palefrenier, Céline, la serveuse, Sam le lutteur et Simon le piroguier. J’étends mes T-shirts à côté des pagnes et des draps puis fais un plongeon dans les vagues  sur la plage déserte. Même pas un marchant ambulant !

Louise la cuisinière

Cours de cuisine : Thiéboudienne

Le thieboudienne est le plat national sénégalais. Dans une grande marmite, des dorades – au préalable farcies au persil, à l’ail et au piment- sont passées à la grande friture et dorées. Sur un autre fourneau directement greffé sur une petite bouteille de gaz ; cuisent les légumes : aubergines, petits choux verts, carottes. Le riz cuit à la vapeur dans une passoire au dessus des légumes à la manière du couscous dans un couscoussier. Pendant ce temps-là, Louise hache des oignons. Comme je suis censée participer activement au cours de cuisine on me charge de piler le poivre au fond d’un mortier de bois très profond, puis on ajoute les gousses d’ail, enfin une partie des oignons ira rejoindre le mélange.

Louise réserve les dorades frites dans un plat creux et jette l’huile de friture. Elle ajoute de la sauce tomate, les poissons et le contenu du mortier que j’ai pilé. Comme les oignons m’ont fait pleurer j’ai loupé l’épisode où le riz est devenu rouge. Louise épluche un dernier oignon et le pile avec du poivron vert et les verse dans la sauce.

Le thieboudienne a été servi avec une sauce au tamarin dont je n’ai pas le secret.

17h, nous partons en visite chez François qui habite au village de Ngalou distant de 4km. Rues sablonneuses. Les échoppes sont ouvertes bien qu’on soit dimanche. Sous un arbre, sur une natte, la mère de François et sa tante nous accueille. Un petit joue à poursuivre un cochon. Dans ce quartier catholique on voit de nombreux porcelets et des truies. La maison de François est ne ciment peint en blanc. Une bordure d’impatiens en fleur d’aloès et d’autres fleurs que je n’ai pas reconnues  poussent sous la fenêtre le long de la maison. Deux arbres portent des grappes de petites boules jaunes qu’ils appellent « cerises » bien que cela ne ressemble pas du tout aux cerises européennes. Les enfants en sont friands. L’intérieur de la maison de François et constance est très décoré : un poster d’évêque occupe tout un mur, des madones lui font face ; on a aussi épinglé des cartes postales. Sur le buffet, il y a toute une collection d’animaux en faïence et des verres à pie d’apparat. Etienne, leur fils est devant la télévision, en habits du dimanche, c’est un enfant très sage. Comme il fait bien chaud dans la maison, François propose de prendre le thé sous le « cerisier », il sort la bouteille de gaz et le fourneau, des chaises en plastique blanc. Les voisins arrivent. Je vais à la boutique avec Constance acheter cigarettes et allumettes. François fait le thé : il verse 3 verres d’eau dans la bouilloire, un demi-paquet de thé vert et un verre entier de sucre. Après ébullition il fait passer le thé d’un verre à l’autre dans un mouvement montant. Le verre s’emplit de mousse. Il répète le manège une dizaine de fois. Dans l’église proche une chorale répète des chants pour Pâques. Les hommes parlent de sport (lutte sénégalaise) puis politique comparant les mérites de Wade (que Bouba soutient) avec les 40 ans de socialisme. Sur l’actuel président, on n’apprendra rien. François fait une deuxième tournée de thé. La troisième est de rigueur mais le soir tombe.

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Gite de Palmarin : dans la mangrove- cuisine – visite au village »

  1. Chez nous on dit (parfois pour s’amuser) que l’ âne est le moteur qui assure la traction et le long(ou court) bâton de l’ânier est le « systeme d’allumage », utilise seulement « en cas d’urgence » (par l’ânier) si l’ âne ne veut pas bouger…

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  2. Oui, le numero des anes est tres, tres reduit, car ils ont commence a les vendre en Angleterre(la meme chose c’est passe avec les bufflonnes). A la campagne il existe une maison pres de la notre qui a trois « reveille matin » et chacun « sonne » le reveil quand and comme il veut: a 1.30, 3.00 ou 4.30 pendant la nuit…Jamais dans le meme temps, pour ne pas s’ennuyer. Le proprietaire, (mon voisin) a dit qu’ il ne veut pas les vendre, car il s’agit, en effet, d’une « famille »… : maman, papa, et bebe… et pendant la nuit, tous les trois sont le sorte de « reveille matin » qu’on a parfois l’envie de jeter par la fenetre, ha, ha !! Mais a partir de 5.00 c’est le concert des oiseaux , du coq et des poules qui commence…Tres, tres romantique, n-est ce pas?

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