CARNET PROVENÇAL
Francis nous a déposées derrière l’Opéra d’Avignon. Dans les ruelles, il est difficile de stationner, même pour quelques minutes. De là, on arrive sur la très belle place de l’Hôtel de Ville, occupée par de très beaux cafés et un manège à l’ancienne. Il faut prendre du recul pour admirer les jacquemarts dans le clocher. Non loin de là une autre esplanade est délimitée par le Palais des Papes, d’un bord, le Petit Palais un peu plus loin et au fond le rocher des Doms portant la cathédrale surmontée d’une vierge très très dorée.
Impossible de raconter la visite du Palais des Papes, le Guide Bleu fait cela beaucoup mieux que moi !

De ma première visite en 1976, je ne garde que le souvenir de Carolyn Carlson répétant dans la cour d’Honneur. Nous nous étions fait enfermer exprès pour voir la danseuse répéter, le prix des places au Festival n’étant pas dans mon budget d’étudiante. Je me souvenais vaguement de très grandes salles que j’avais parcourues distraitement. J’ai retrouvé la cour d’honneur sans le soleil de juillet, un peu austère, un peu triste.

Impossible de détailler le parcours à travers les deux Palais, le Palais Vieux et le nouveau. Je m’attache surtout aux surprises qui m’ont ravie : les fresques. La Salle du Consistoire est décorée des fresques de Martini (1340) et des sinopie – les études préparatoires à la réalisation de la fresque elle-même qui doit être effectuée dans de très brefs délais. Je ne connaissais pas le terme de sinopia venant de la ville de Sinope en Turquie sur les bords de la Mer Noire. Une comparaison avec la Maesta de Sienne de Martini (1315) que j’ai vue là-bas. La chapelle Saint Jean attenante est peinte à fresques par Matteo Giovannetti. Les couleurs sont merveilleuses surtout les plafonds bleu étoilé. Elles racontent la vie de Saint Jean Baptiste et de Saint Jean l’Evangéliste. Sur un écran plat un film raconte, zoome, s’arrête sur des détails que je n’aurais jamais remarqués comme la colombe sur la tête d’un personnage. Aurais-je reconnu Salomé dansant devant le roi ?
La chapelle Saint Martial est malheureusement fermée mais un audiovisuel les montre avec de magnifiques bleus.
Sur les écrans on voit aussi les reconstitutions des décors des grandes salles maintenant austères qui étaient peintes avec des plafonds bleus étoilés, des murs rouges, des draperies en trompe-l’œil.
Les chambres peintes du pape sont étonnantes : la première, au sol carrelé multicolore, a ses murs recouverts d’un décor d’entrelacs et d’arabesques de sarments de vigne sur un ciel bleu. Près des fenêtres des cages à oiseaux semblent suspendues. La pièce suivante est la Chambre du cerf où sont représentées des scènes naturalistes : chasse, arbres et des oiseaux dans un décor très réaliste et en même temps poétique.
Un tableau au mur, présente la liste des personnes ayant travaillé sur le chantier de 1344 à 1345. Ce genre de détail rend la visite très vivante. De nombreux panneaux racontent la vie au Palais, expliquent l’histoire de neufs papes, montrent comment étaient prélevés les impôts. La salle du trésor est impressionnante.

Finalement je monte sur la terrasse pour découvrir la ville et surtout le Pont d’Avignon !

Le pont d’Avignon
Autant que le Palais des Papes ou que le Festival, le pont est emblématique de la ville. Hier soir, Francis et Claudine étaient lyriques quand ils racontaient l’importance de ce pont dans l’histoire de la ville. Seul pont sur le Rhône pendant longtemps ! Frontière entre les Etats du Pape et l’empire et le royaume de France. Pont détruit, reconstruit, emporté par les fureurs du fleuve et peut être encore plus celles de la Durance. Je débarque : je ne connaissais que la chanson.

J’imaginais que nous ferions un tour sur le pont et que nous retrouverions vite nos amis. Erreur ! La visite est beaucoup plus longue : payante, nous négligeons de prendre l’audio guide ce qui est idiot puisque le prix est compris dans le billet (couplé avec celui du palais des Papes). Nous nous sommes donc privées des versions de la chanson de toutes les époques et dans toutes les langues, même en kabyle ! Au milieu du tronçon restant on voit la chapelle Saint Benezet, consacrée à ce pâtre ardéchois qui s’investit de la mission de lever des fonds pour construire le pont.
Un centre d’interprétation donne toutes sortes de renseignements sur le pont. Des reproductions du pont de tableaux de Signac, Paul Sain et Corot sont exposées ainsi que le Retable des Perussis , 1480. Une vidéo « d’une rive à l’autre » est consacrée à la construction de la maquette numérique du pont réalisée d’après des études très sérieuses. A l’occasion de cette maquette numérique un corpus de données impressionnant a été constitué : histoire du pont, histoire des destructions et des reconstructions, comparaison avec le Pont-Saint –Esprit… Des carottages dans les sédiments de l’ile de la Barthelasse ont permis de reconstituer les paléoclimats au moyen âge et pendant le petit âge glaciaire, de déduire les variations des débits, des paléo-paysages. Cette recherche m’impressionne.
Francis et Claudine nous ont préparé un magnifique repas froid. Nous les avons fait attendre pour déjeuner jusqu’à près de 14h !

Le GPS nous conduit à Villeneuve-lès-Avignon de l’autre côté du Rhône. Nous passons devant la tour de Philippe Le Bel qui était à l’extrémité du pont du côté français. La colline est coiffée du Fort Saint Jean qu’on voit bien d’Avignon mais que nous n’aurons pas le temps de visiter. La Chartreuse est cachée sous le fort, on y accède en longeant des petites maisons qui ressemblent étrangement aux cellules des Chartreux.En 1976, Ariane Mnouchkine avait monté la Révolution 89 ou 93, je en me rappelle plus mais cette mise en scène m’avait enthousiasmée. La Chartreuse est encore un lieu de théâtre.

Nous nous promenons dans cet endroit paisible, passant des cloitres aux églises et découvrons encore des fresques merveilleuses. Les chartreux avaient des petites maisons bien confortables et bien vastes. Il semble qu’il reste de ces silencieux une paix extraordinaire.
Quand tu entres dans ce cloître et dans ces jolies petites cellules , cela te donne envie de te faire moine! Enfin, juste un instant!! Il faudra revenir à Avignon; vous n’avez pas tout vu!
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@claudialucia : une seconde visite était prévue, annulée pour cause de dos bloqué. je me ferai un plaisir d’y retourner quand cela ira mieux!
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j’ai trouvé la visite du pont très bien faite également, bcp d’infos!
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J’ai eu les mêmes guides que toi, mais une demi-journée c’est court ! J’ai été impressionnée par le Palais des Papes que je n’avais jamais vu et je me souviens très bien du panorama sur le pont et Villeneuve les Avignon. (je n’étais pas contente de mes photos, je ne les ai pas montrées, d’ailleurs je n’en ai pas tant que cela).
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