CARNET DE CASAMANCE
46h, le muezzin chante, je m’installe à la nuit noire sur la grande terrasse qui fait face à la mangrove. Les balustres de ciment s’effritent, il manque une bonne douzaine de colonnettes fendillées qui découpent de larges fenêtres, par lesquelles je devine la vase qui luit sous la lune. Le sol de la terrasse est fendu et des tiges épaisses ont grandi dans les fentes. Hier soir, pour contempler les étoiles nous avons tiré les chaises longues qui étaient sous le filao, la journée. Dans l’obscurité, on ne voit plus la rouille des montants des tôles sur le crépi qui s’écaille. Décadence, je pense à India Song. Des écharpes de nuages zèbrent le ciel. Une cloche tinte, le muezzin reprend. Étrange canon dans ce pays encore animiste.
Je termine la biographie de Marie Curie par Irène Frain quand le jour se lève. Les grands fromagers et caïlcédrats forment la ligne ondulante de l’horizon. Le ciel se teinte d’orange, et de sépia. Un aigrette noire se détache, puis deux, quatre suivies d’un vol de hérons, silhouettes à contre-jour. Les passereaux se réveillent en essaim quand le soleil paraît : 7h20. Les aigrettes deviennent blanches. Les palétuviers se reflètent dans le miroir de l’eau. Un petit baobab torturé se détache des rizières asséchées . Sternes et martins-pêcheurs traversent le ciel. Les poules sont bruyantes. Il est temps de boucles les valises. Nous allons quitter le grand bâtiment jaune ouvert sur l’eau, campement fréquenté par les groupes du 3ème âge ou les ONG, pas très sélect mais si sympathique !
j’ai un livre sur Marie Curie sur ma table de nuit !
c’est le nom CASAMANCE qui est beau et qui fait rêver
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@dominique : le nom fait rêver, aussi la mangrove, ce fleuve qui joue entre terre et Atlantique, salé ou saumâtre avec des marées….
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