CARNET DE CASAMANCE

Nous étions convenus avec Mor de quitter l’ïle Carabane vers 14h. Nous l’avions invité à partager le repas de midi chez Hadji et Léon pour arriver à Cap Skirring en milieu de l’après midi.
J’ai donc pris mon temps pour une promenade sur la plage jusqu’à la mangrove. J’ai surmonté ma frousse de traverser le troupeau (les animaux en Casamance sont particulièrement paisible, bestiaux, cochons ou chiens, nous n’avons jamais rencontré d’animal agressif). Je suis récompensée en rencontrant des aigrettes et hérons, courlis et bécasseaux (je les confonds). J’ai pensé à Senghor en regardant les sternes (j’ai lu le poème dans le livre d’Alphonse hier).

La messe dominicale est à 10heures. Nous espérons entendre la chorale qui a répété hier soir. A 9h55, nous sommes sur la place devant l’échoppe du tailleur. Les fidèles convergent vers l’église surtout des enfants endimanchés, des femmes en grande tenue africaine, l’une d’elle avec son bébé sur le sois, une vieille entièrement voilée comme une musulmane. Le curé en un T-shirt jaune, nous invite à entrer ; nous nous en gardons bien, nous serions forcée à assister à l’office jusqu’au bout. Les chants sont en français pas du tout comme ceux de la chorale d’hier.
Aquarelliste ou peintre de marine ?

Je m’assieds sur la racine du baobab pour dessiner pendant que Dominique filme dans les cours. Pour les chants, l’école coranique fait concurrence à l’église. Dessiner est la meilleure façon d’observer. D’habitude, je dessine maisons et paysage, ici ce sont les gens qui m’intéressent. Comme je n’ai pas l’habitude de croquer des personnages, je suis trop lente. Ils changent d’attitude ou simplement s’en vont. Autre dessin, installée sur la proue d’une pirogue. Ici les proues sont particulières avec une section horizontale où j’ai vu poser une balance pour le poisson. La première fis que je l’ai remarquée, j’ai cru qu’il y avait deux pirogues. Le charpentier monte à bord, avec un marteau consolide un joint, et me fait une curieuse proposition « veux-tu peindre ma pirogue ? ». je n’ai pas bien compris puisque je lui réponds « impossible puisque je suis assise dessus ! Je dessine la case de Pathé » . il s’explique mieux : « Veux-tu peindre ma pirogue, tu passes du blanc d’abord et tu dessines un drapeau sénégalais » : proposition d’embauche !?
La case de Pathé est une chaumière. Il y vend des vêtements africains aux touristes et une affiche propose des massages. Il tient aussi un petit restaurant africain. Il flotte curieusement un drapeau basque.

11h, nous nous rendons chez Hadji et Léon et commandons trois repas de poisson et riz. Le vent ride la surface de l’eau et la baignade est moins plaisante qu’hier. Midi, Mor nous rejoint. Il faut encore régler le transfert avec le piroguier. Une demi-heure plus tard il nous annonce que la pirogue part à 13heures pour prendre des clients de l’hôtel à Elinkin. Nous n’aurons pas le temps de déjeuner. Léon encaisse sans protester les 5000f du repas qu’on n’a pas pris (2000×2 +1000f d’eau) . Je suis tellement furieuse que j’en oublie mon maillot de bain qui sèche sur un piquet à côté de l’auvent. Heureusement je m’en souviens avant de monter dans la pirogue et retourne le chercher. Pathé met les gaz à fond. Notre colère explose quand nous nous apercevons qu’on nous a menti: il n’y a personne au débarcadère. Peut être la secrétaire de l’Hôtel Carabane nous a punies de ce que nous n’avons pas voulu déjeuner à l’hôtel? L’atmosphère dans la voiture est électrique.

Mor propose d’aller dans un restaurant qu’il connait à Elinkine ou à Oussouye si nous préférons, derrière la station service où nous avions mangé le meilleur tiéboudiene des vacances. La colère nous a coupé l’appétit et puis nous avons une envie de nous venger. Après tout, c’est Mor qui est responsable des transports, il aurait pu éviter qu’on perde 5000f bêtement en nous prévenant à temps. J’achète 5 bananes pour 500f et mange toutes les 5 sans même lui en offrir une !
Nous repassons par Mlomp, Oussouye, les Bolongs cherchons à entrevoir le campement de William et Hortense avec sa façade jaune.
Nous traversons Cap Skirring avec ses nombreuses boutiques, non marché artisanal, ses petits restaurants et ses bars. Le tourisme, bien présent, n’a pas défiguré la ville