CARNET SICILIEN 2016

Matinée nuageuse; arrêt au café Eolo sur le port où j’ai maintenant mes habitudes pour Internet. La météo de Google me rassure : pas de pluie.

Du port, un quart d’heure à pied pour arriver au duomo en passant par la Porta Giudecca. La grande cathédrale normande avec ses deux clochers carrés surmontés de pyramides pointues, trônant sur un parvis auquel on accède par un escalier imposant.

Je visite d’abord le cloitre situé plus bas : les colonnettes géminées sont toutes différentes, certaines sont torses, d’autres droites agrémentées de chevrons. La feuille décrivant chaque chapiteau est intitulée CALUSTRUM SIGNIFICAT PARADISUM, on reconnait Adam et Eve très usés, Noé et son arche sont lisibles, viennent ensuite des Harpies et Ibis très décoratifs avec des acrobates aux bras repliés dans la même pose que les télamons. Le plus souvent il y a des feuilles d’acanthes.
Cathédrale

Le porche en pierre très blanche est finement sculpté mais un filet anti-pigeons m’empêche de faire une photo nette. Dès l’entrée, le regard est attiré parla mosaïque du chœur : le Christ Pantocrator très byzantin sur fond doré. En dessous, la Vierge entourés par des anges et des saints, beaucoup trop loin pour les identifier. Plus près de nous un décor baroque pâtit de la proximité avec l’éclat de la mosaïque dorée. Je ne le remarque que longtemps après. Les statues baroques semblent surgir des parois. Par comparaison avec la rigidité byzantine paraissent bien agitées, chacune en déséquilibre ce qui suggère le mouvement. Deux chapelles encadrent le chœur avec des autels surchargés, l’un d’eux est tout argenté. La nef est très simple et dépouillée. De très hautes colonnes lisses avec des chapiteaux à feuilles d’acanthes, certains historiés avec des personnages, supportent un magnifique plafond de bois. Des Une magnifique croix de bois peinte est suspendue. Il faudrait des jumelles pour bien voir. La lumière est tamisée par des vitraux modernes au dessin abstrait et au verre translucide.

Il suffit de descendre la rue qui descend juste en face pour arriver au Musée Mandralisca. Le Musée est le palais du Baron Mandralisca, né en 1809 à Cefalù. La visite commence au 1er étage par un vestibule orné des portraits de famille ; A droite, s’ouvre la très belle bibliothèque du baron, collectionneur d’œuvres d’art mais aussi érudit, s’intéressant à l’histoire naturelle et à l’archéologie. Une salle rassemble des icônes du 17ème siècle de l’Ecole Crétoise que j’aime beaucoup(j’en ai vues à Ravenne, Corfou et bien sûr en Crète). En face, des tableau religieux d’époques et origines diverses de 15ème à 18ème siècle. Dans l’obscurité les deux chefs d’œuvre d Musée sont mis en valeur : le Portrait d’un marin inconnu d’Antonello da Messina et Saint Jean Baptiste de Sogliani. Le portrait d’un inconnu fut acheté à Lipari à un pharmacien et servait de porte de placard. Lui seul vaut le déplacement. Une section archéologique occupe une autre aile du palais. On y trouve des sarcophages, cassés, des inscriptions grecques, peu « touristiques », j’ai retenu deux cylindres funéraires musulmans à écriture coufique (12ème 13ème ). La salle suivante est remplie de poteries grecques provenant pour la plupart de Lipari avec des ushabtis égyptiens et quelques flèches en bronze. Mes préférées sont toujours les statuettes en terracotta – tanagras – en particulier une petite danseuse qui ondule.
Le deuxième étage est moins intéressant. Un service de vaisselle occupe une vitrine : porcelaine blanche avec une frise sur fond noir et un liseré rouge. Des peintures, surtout napolitaines sont souvent sombres, noircies. Dans la lumière crue il y a des reflets, ils ne sont pas mis en valeur. La visite se termine par une salle contenant des animaux empaillés. La collection de passereaux est intéressante.
Midi, temps de faire les courses, les rues de la ville historiques sont occupées par le commerce touristique, ce n’est pas ici que je trouverai des sardines ! Pour trouver pescherie et Orto et Fruta, mieux vaut chercher dans la ville moderne. Les sardines sont terminées, il ne reste que de minuscules anchois. On achète donc du poisson-sabre et des pommes de terre que nous mangerons sur la terrasse profitant aussi des chaises longues et du jardin.

J’ai eu envie de prolonger la corniche vers Messine. La route est coincée entre la voie ferrée et la mer. Avec le relief escarpé il y a peu de constructions mais l’accès à la mer est très compliqué. Passant St Ambrogio accroché à la falaise, nous traversons Finale et Tusa. Le premier est précédé d’une grande usine à moitié démolie, carcasse d’un aspect désolant puis traversons des rues d’habitations rébarbatives (peut être les quartiers des ouvriers allant à l’usine) Le second est plus touristique comme l’attestent les nombreuses flèches marron, l’une indique un château, une autre un point panoramique, le monument du 38ème parallèle, des ateliers d’art, un restaurant….Le château est perché. Aujourd’hui il est gardé par des militaires lourdement armés ce qui nous rebute, la voiture fait demi-tour au point de vue, la pyramide du 38ème parallèle est en ferraille perchée sur la colline de l’autre côté de la SS113. Un panneau proclame que la bellezza sauvera le monde (ateliers d’arts, fermés hors saison !).
Nous descendons sur le lungomare bordant une plage de galets où je me tords les pieds. (pour la baignade j’affectionne les galets, l’eau est plus limpide, mais pour marcher c’est différent). Dans les rues, il n’y a que des vieillards et des éclopés. Par ce jour gris c’est déprimant. Lot de consolation : la très belle terrasse du restaurant Le Lanterne en face de pittoresques rochers aux formes contournées non loin d’un petit port aux barques multicolores hissées sur les galets. La terrasse est déserte même si le couvert est mis ; la fraîcheur et les nuages n’engagent pas à y paresser. La rampe pour remonter sur la route est très pentue. Elle est bloquée par un petit camion chargé de meubles. Les déménageurs le rangent après qu’on aie parlementé (la rampe est à sens unique et reculer sur cette pente est hasardeux. La Fiat cale et on découvre qu’il faut négocier un virage à angle droit dans une ruelle si étroite qu’il faut replier els rétroviseurs.
Retour morose après ces villages tristes et vides. On voit au retour d ‘autres plages(accessible à pied). Suprise ! les îles éoliennes sont bien visibles dans la brume. Par les jours de tempête dans les embruns je ne les avais pas vues ;
Pour terminer cette après midi un peu ratée nous retournons sur la plage de Lascari pour une longue promenade (5km aller-retour pratiquement seule) je n’ai vu qu’une jeune fille qui promenait ses deux chiens et une grand-mère qui joue au frisbee avec des petits enfants. Nous nous promettons de revenir demain déjeuner à la pizzeria.
