Châteaux et jardins à Glengarriff et Bantry

CARNET IRLANDAIS

L'île jardin son campanile et son pavillon sur le jardin italien
Garnish Island : L’île-jardin son campanile et son pavillon sur le jardin italien

8h30, départ sous les nuages, par Skibbereen, Ballydehob, itinéraire connu. Plaisir de traverser la campagne tranquille? au petit matin. Dès que la route grimpe au flanc des collines, nous retrouvons les nuages accrochés au Mont Gabriel (402m). La pluie s’invite. Elle ne nous quittera plus de la journée.

Bantry est une ville avec quelques immeubles, des quais, un centre coloré.

Ilnacullin

Sans nous y attarder nous poursuivons jusqu’à Glengarrif d’où nous embarquons sur le petit ferry de Garnish Island – île transformée en jardin par les Bryce ? Le bateau est confortable et fermé, le passage dure à peine 15 minutes mais coûte 12€. Juste avant l’arrivée, le capitaine nous appelle  « phoques ! » : ils sont cinq, couchés sur un îlet, la queue en l’air, tendus comme des arcs, immobiles, dormant sans doute – rencontre inattendue qui fait plaisir.

troncs contournés luisants sous la pluie
troncs contournés luisants sous la pluie

Sous la pluie, nous découvrons des arbres exotiques aux troncs contournés, étonnants. Les camélias arborescents doivent être splendides à la floraison. Nous montons le long du mur enclosant le « jardin dans les murs » et arrivons à la maison des Bryce. On nous prie d’enlever nos manteaux mouillés pour une visite guidée, rien que pour nous.

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La guide nous présente les personnages dont nous allons découvrir l’intimité. Margaret O’Sullivan, arrivée comme jeune bonne, adolescente, est restée jusqu’à sa mort passé 90 ans dans la maison.  Murdo Mac Kenzie, le jardinier écossais, et la famille Bryce : John Annan Bryce, riche diplomate sa jeune femme Violet et leurs quatre enfants. C’est l’histoire de la création d’un jardin sur une île rocheuse quasiment déserte. C’est aussi l’histoire d’une famille et de leurs parents et amis. La conférencière raconte avec une g vivacité, un grand enthousiasme. Elle fait vivre les objets ayant appartenu aux Bryce. Aux murs de belles aquarelles  offertes par une amie de la famille, des portraits et des silhouette de la Reine Victoria, de Kipling, Bernard Shaw et d’autres britanniques célèbres que les Bryce recevaient , intellectuels et artistes.

Violet,  veuve jeune, consacra sa vie à la maison et son jardin, relayée par son fils Roland.

L’île est entièrement couverte de végétation. En 1910, lorsque ils l’ont acquise c’était un rocher. Il a fallu terrasser, fabriquer un sol avec du compost pour que la verdure s’installe. L’architecte Peto et le jardinier expert ont imaginé plusieurs jardins.

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Le jardin enclos de murs était autrefois un potager et un verger. Les habitants de l’île vivaient en autosuffisance. Il y avait même une laiterie mais le lait venait de la terre ferme .

Une grande pelouse sur laquelle on pouvait jouer au croquet ou au tennis précédait la Casita , pavillon tout en longueur très bas et ouvert, qui me fait penser plus au Vietnam qu’à l’Italie. Les colonnes sont de marbre précieux, irlandais, de Carrare ou des îles grecques. On peut s’y abriter par un jour pluvieux . De l’autre côté, un bassin allongé avec un pavillon  rappelle l’Alhambra de Grenade. Autour,  des bégonias donnent de la couleur.

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De hautes bruyères presque arborescentes perdent leurs fleurettes roses. Un peu plus loin c’est une « jungle » de fougères arborescentes et d’arbres exotiques de provenance parfois lointaine, Nouvelle Zélande, Australie ou Amérique du sud.

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Traversant la « jungle », j’arrive à la « vallée enchantée » qui relie les escaliers montant d’un côté au « temple grec » de l’autre à la Tour Martello, unique construction antérieure à l’installation des Bryce, elle fut construite au temps des guerres napoléoniennes en 1801 alors que l’Angleterre craignait une intervention française. A deux reprises les Français ont tenté de débarquer dans la région, alliés aux Irlandais rebelles au 17ème siècle et en 1796 et en 1798.

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La pluie a redoublé. Elle ne nous pas gêné pendant la visite des jardins mais contraint à pique-niquer dans la voiture à la sortie du village.

jardin de bambous
jardin de bambous

Le Jardin des Bambous à l’entrée de Glengarriff est ouvert mais il n’y a personne, ni à la billetterie ni au salon de thé, seulement un papier invitant à entrer « Entrez, vous paierez après ». Sous une pluie de mousson je m’engage dans une allée entre bambous et fougères arborescentes, je me sens transportée en Birmanie ou en Thaïlande. Un petit étang avec des nymphéas. Je retrouve les latitudes européennes à quelques pas des bambous sur le bord de l’Atlantique bien gris et peu accueillant aujourd’hui.

Bantry house vue du haut de l'escalier
Bantry house vue du haut de l’escalier

Bantry House est un grand château bien caché derrière de grands murs à l’entrée de la ville de Bantry. La promenade dans les jardins est superbe. Le château de briques et de pierre couronné de balustres. Il  est encadré par les « écuries » (West et East stables) très élégantes dont l’entrée est surmontée par une sorte de coupole dépassant de la verdure et soutenue par des colonnes. Le jardin à la française avec des buis et des ifs taillés en topiaires a en son centre un bassin rond sous une couronne de verdure ; Dans l’axe de la maison, un escalier moussu de 100 marches,  s’élève dans la colline. Du haut de l’escalier la vue est mer veilleurs sur le parterre, le château et plus loin, la baie.

l'escalier moussu
l’escalier moussu

A certaines heures, la visite du château est guidée. Sinon, on a laissé aux visiteurs des notices plastifiées qui permettent de se retrouver dans les tapisseries d’Aubusson (fort belles) les tapis de la Savonnerie (je ne les aime pas), les portraits de la famille White (Richard White (1800-1865)17 second Earl of Bantry fut l’initiateur des jardins et le collectionneur des œuvres d’art.

Après la visite si sympathique du cottage des Bryce, cet étalage de luxe fané et poussiéreux me semble prétentieux et ennuyeux. Les touristes nombreux  livrés à eux –mêmes, errent leur notice plastifiée à la main. Les trop nombreux panneaux « ne pas s’asseoir », « ne pas prendre de photo », « ne pas marcher sur le tapis » gâchent la visite.

Devant Bantry House, la terrasse gazonnée est gardée par plusieurs canons déployés en batterie. Des massifs de fleurs entourent les statues (copies de Canova). Celui de Diane m’a bien plu.

 

Nous rentrons au gite boucler les bagages ; Liam vient nous dire au revoir. C’est un hôte parfait : discret et efficace. C’est lui qui nous a conseillé les promenades à Glengarriff et d’autres si le temps avait été meilleur. Il est heureux de recevoir des étrangers, il a grandi dans un B&B, enfant il aidait à la préparation des petits déjeuners, des lits…

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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