CARNET JORDANIEN

El Azrak
Nous arrivons vers midi à El Azrak. Cette petite ville est située dans une oasis ancienne : de grands et hauts tamaris se balancent au vent. Deux réserves dans des zones humides à proximité permettraient des promenades et peut être l’observation des oiseaux et de la faune locale. El Azrak est aussi un carrefour routier entre la route allant vers le sud et l’Arabie Saoudite et Aqaba et celle de l’Irak vers l’est. Deux routes relient Amman , la 40 par laquelle nous sommes arrivées et la 30 qui passe plus au nord. De boutiques exposent leur marchandise sur le trottoir et il y a de nombreux restaurants.

Le château d’El Azrak se trouve 6 km au nord du village principal, à l’entrée du bourg El Azrak-ash-shimali. Sa taille est impressionnante. Il est construit de gros blocs de basalte. Le guide bleu attribue sa construction aux Nabatéens, pour surveiller la route caravanière. Deux blocs gravés en latin et en grec attestent de la présence romaine. On dit que Dioclétien et Maximilien le fortifièrent. Il fut occupé par les Omeyyades : en 744 le calife omeyyade Walid II construisit une enceinte. Il est surtout célèbre parce Lawrence y fit halte avant la conquête de Damas avec Fayçal. On veut voir « la chambre de Lawrence »accessible par deux escaliers de pierre. C’est une salle voûtée au plafond de basalte. Il ne reste rien de Lawrence, un séisme l’a détruite. En revanche, la porte du château date de l’Antiquité ; ses battants sont en lourd basalte tournent sur ses gonds de pierre. Je me suis amusée à la pousser. Elle est très lourde. J’imagine son grincement sinistre dans la nuit raconté par Lawrence dans les Sept Piliers de la Sagesse.
Retour au carrefour pour chercher la Réserve, la station service et le restaurant Al-Ryad recommandé par le Guide du Routard. Proche de la station service (éclipsée par la cafetière géante) reconnaissable aux murets de basalte et à la balustrade blanche. L’accueil est cordial. Au menu, diverses grillades et brochettes. Dominique commande un demi-poulet grillé et moi, un plat jordanien typique : du mensaf : sur une bonne portion de riz parsemé de persil ciselé et de cacahouètes grillées se trouve un pavé jaune qui est de l’ageau mitonné, fondant (du collier semble-t-il. Avec on a servi un bol d’un liquide jaune fumant – sauce ou soupe ? – citronné délicieux.
Comme chez Hacheem, le serveur a recouvert la table d’un film plastique, apporté du pain arabe et des cuillers. Perplexité : comment manger sans couteau ni fourchette. J’ai toujours mon canif dans mon sac, on réclame des fourchettes, puis je mets les doigts pour détacher des lambeaux d’agneau. Quatre jordaniens s’installent à la table voisine, galabiehs brunes ou blanches impeccable et caffiehs à damier. Je les regarde se servir de leur pain pour emballer la nourriture qu’ils pincent sans se salir els doigts. De l’autre côté, les chats veillent, discrètement au début, bruyamment ensuite. Ils se tiennent derrière une rangée de narguilés argentés bien astiqués.
La route de la Réserve débouche juste en face. Elle est très payante : 7JD, le Jordan Pass n’est pas accepté. Nous renonçons à la promenade sur les pontons, les seuls animaux annoncés sont des gamousses. On ne va pas payer 7JD chacune (environ 12€) pour voir des buffles !
E circuit emprunte la route 30 – excellente route dans un désert de cailloutis légèrement ondulé de collines ; Bizarrement, les routes ne sont pas fléchées avec le nom des villes mais avec la direction des pays voisins. A gauche nous longeons le camp de réfugiés d’Azrak, tentes ou maisonnette blanches serrées les unes contre les autres à perte de vue, enfermées dans un grillage. Sur els bords de la route, des véhicules militaires avec mitrailleuse lourde et même des chars. Cela n’incite pas au tourisme. On construit des infrastructures, des parkings, des canalisations, des routes. Un nuage de poussière signale un nouveau chantier. Bizarrement, on ne voit ni gens ni voitures. J’aurais pensé une plus grande animation. Ce camp a été construit il y a déjà trois ans mais les articles que j’ai pu lire sur Internet signalent qu’il n’est que partiellement occupé.

D’après la carte deux châteaux du circuit devraient se trouver non loin de la route, on ne les voit pas, il faut dire que tout ce chantier peut les cacher ! Il y a aussi une grande base militaire et ces carrières de pierre à bâtir. 15 km avant Zarqa un complexe d’usines chimiques borde la route. Il nous faut donc faire le détour par le nord et Ad-Dulay pour retourner vers l’Est avec l’aide du GPS.
Qasr-al-Halabat
Le château est perché sur la colline, il est surplombé par une haute grue qui montre une restauration en cours. A l’entrée le Centre des Visiteurs en belle pierre blanche est fermé. La billetterie est vide « no tickets » et le musée est fermé. Je monte librement sur la colline. Un joli bâtiment carré, la mosquée, a été bien restauré (je présume que c’est une mosquée à cause du mirhab) encadré par une jolie arche.

Le Château est un peu plus loin, noir et blanc. Un adolescent surgit « chouf el qsar ? « . Il ne parle pas anglais mais joue les guides et me montre les mosaïques, je vois le canard mais pas le serpent à barbe signalé par le Guide Bleu p 193. Des ordures jonchent les précieuses mosaïques. Il y a un beau puits ciselé dans la cour ; Sur une tour trois copain de mon « guide » sont perchés, puis le gardien arrive « no problem ? » Je lui réponds que je suis professeur et que mes élèves ont leur âge. Penaud il rétorque que les jeunes font écrouler les murs en grimpant et qu’il est forcé de les chasser.
Je n’ai pas reconnu la forteresse romaine construite sous Caracalla ni la villa omeyyade, ni le monastère.
Hammami es-Sara
Comme ce matin, un établissement de bains à proximité du château. Bien restauré mais peu intéressant après la visite de ce matin.
Nous rentrons par Zarqa. Madame GPS nous enjoint en même temps de tenir la droite et de monter sur la bretelle à gauche. Avec ces ordres contradictoires, nous perdons la route principale pour passer par une ville embouteillée ; la traversée de Zarqa est interminable. C’est une grande ville de près d’un million d’habitants. La circulation y est infernale dans les petites rues. Nous rentrons à la tombée de la nuit à l’Hotel Retaj heureusement il est facile à trouver sur la grande voie rapide Zahran Street Four Seasons très haut et Sheraton nous servent de repère.