Le courage qu’il faut aux rivières – Emmanuelle Favier

ALBANIE

Dans les Balkans, Albanie, KosovoMonténégro, une coutume permet aux femmes d’endosser les habits d’hommes à condition de renoncer à toute sexualité : ce sont les Vierges jurées. Ce changement de genre est parfaitement respecté, la Vierge jurée vivra la vie d’un homme, travaillera comme un homme et aura la vie sociale d’un homme.

Emmanuelle Favier s’est inspirée de cette coutume pour raconter l’histoire de Manushe qui a refusé, adolescente, d’épouser un homme âgé.  Manushe rencontre avec Adrian, mystérieux hôte du village et sort sa réserve et sa solitude pour s’en rapprocher….brisera-t-elle son serment?

Le très beau titre : Le courage qu’il faut aux rivières m’a attirée sans  dévoiler  l’histoire. Il fait allusion à la détermination de l’eau qui coule à la mer, érode, se fraye un chemin dans les montagnes. Courage et force du destin.

 

Je savais juste que l’action se déroulait dans les Balkans, où nous sommes allées l’été dernier; j’avais envie d’y retourner. Albanie imaginée, rêvée, littéraire. L’auteur avoue avoir eu du plaisir à écrire d’imagination. J’ai reconstruit les décors avec mes souvenirs et mes lectures – Kadaré surtout – imaginé les montagnes, les tours de claustration où se renferment les hommes dans les reprises de sang. J’ai imaginé Adrian à Tirana, bien que la ville ne soit jamais nommée.

J’ai beaucoup aimé ce livre, intemporel, poétique, faisant appel à des  traditions séculaires,  mythiques presque antiques. J’ai aussi aimé la fluidité entre les genres qui ne sont jamais déterminés. Manushe qui vit depuis peut être 30 ans en homme, est-elle une femme? On ne naît pas femme, on le devient, a écrit Beauvoir, devient-on homme en en prenant l’habit? Dans une société où le machisme est encore la règle est-il plus facile d’être « vierge jurée » que femme?

Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé à Accabadora de Michela Murgia dans une Sardaigne aux traditions rurales un peu étranges.

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

5 réflexions sur « Le courage qu’il faut aux rivières – Emmanuelle Favier »

  1. L’existence de ces femmes était évoquée dans l’exposition Au bazar du genre au Mucem, je les découvertes à cette occasion. Assez fascinant et ça suscite pas mal d’interrogations de notre part.

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