Le Caire : Flânerie au Musée archéologique

CARNET ÉGYPTIEN 2019

Le CAire : Musée Egyptien

Le jour se lève tôt en Egypte, même en décembre : 6h30, il fait déjà jour et très frais.

Petit-déjeuner sans prétention. Au buffet : des falafels, de la pipérade, des fèves et un fromage blanc très salé et un peu pimenté, pain sans intérêt, miel et de la confiture de figues que je n’aime pas, trop sucrée, trop fade. Une petite terrasse domine la place Tahrir. Il fait beaucoup trop froid pour déjeuner dehors.

9h à l’ouverture du Musée Egyptien, quelques cars stationnent mais il n’y a pas de queue. Nous passons sous 4 portiques sous une surveillance très sérieuse des militaires qui occupent toute la longueur de la place côté Musée et au-delà. Si la police et l’armée quadrille le quartier, ils n’interviennent pas dans la circulation pour aider les rares (très rares piétons) qui tentent de traverser les rues. Heureusement, c’est vendredi et il y a peu de voiture si tôt.

Entrée du Musée 200 LE (environ 10€). Pour les photos, il faut payer un supplément mais cela ne s’applique pas aux téléphones mobiles.

Devant l’entrée, cohue des groupes devant les statues emblématiques. Les guides font une introduction à l’Histoire et à la Mythologie antique. Pas d’Américains, ni de Français ou d’Italiens, des Asiatiques avec les femmes voilées (indonésiennes ?). J’entends parler Brésilien et Espagnol. Si les Européens désertent, le reste du monde ne boude pas l’Egypte ! Pour moi qui traîne toujours à proximité des groupes pour glaner des informations c’est un peu frustrant. Je fuis et entreprend une visite un peu décousue alors que la logique voudrait que je suive l’ordre chronologique en visitant les salles dans l’ordre.

Beaucoup trop de monde autour de la Palette de Narmer : le pharaon de la 1ère  dynastie qui a unifié Haute et Basse Egypte et qui régnait à Abydos. Beaucoup trop de touristes auprès de Djoser (3ème dynastie, bâtisseur de la pyramide à degrés de Saqqarah). Je reviendrai plus tard !

Comme au Louvre ou au vieux Musée d’Athènes, je viens retrouver des statues ou des objets, des connaissances que je reconnais avec plaisir. J’aime cette familiarité et je redoute le déménagement dans le nouveau musée de Guizeh qui se prépare.

Akhnaton

Fuyant toujours les groupes, je reconnais le style si caractéristique de Tell Amarna. Me voici toute émue : je suis en pleine lecture de Nefertiti et le Rêve d’Akhnaton d’Andrée Chédid. Les deux colosses d’Aménophis III et de la Reine Tiyi accompagnés par trois de leurs filles me renvoient aussi à cette lecture. Je n’ai pas l’impression de visiter un musée avec sérieux et méthode mais de croiser des personnages familiers qui hantent mon imaginaire. Sous une vitrine bien poussiéreuse, se trouve une peinture provenant du palais de Tell Amarna qu’Andrée Chédid appelle La Cité d’Horizon. Un bassin rectangulaire est rempli d’une eau figurée par des zigzags bleus où nagent des poissons entre nénuphars et lotus. Autour d’un cadre rectangulaire de buissons et plantes aquatiques s’envolent des beaux oiseaux, je distingue aussi des mammifères que je n’arrive pas à identifier. A la périphérie des hommes sont rangés : Asiatiques barbus, Africains à la peau foncée : visiteurs, ambassadeurs ou peuples vaincus ?

 

Un peu plus loin, une statue porte le cartel « statue usurpée par Ramsès II », cela m’amuse ; comme s’il n’y avait pas assez de véritables statues de Ramsès II !

Des barques vermoulues encadrent l’entrée de cette salle, elles pourraient presque naviguer aujourd’hui.

Après avoir salué Hatshepsout, la femme- pharaon, encore un personnage ! je reprends une visite un peu plus ordonnée en retournant dans l’Ancien Empire revoir Djoser, Chephren

Passant au Moyen Empire, je découvre Mentuhotep (1995 av.JC)  dont je n’avais jamais entendu parler, qui inaugure le Moyen Empire en réunifiant après Narmer la Haute et la Basse Egypte.

Toute une salle est dédiée à Akhnaton avec deux statues colossales. Est-ce le couple Néfertiti et Akhnaton ou un Akhnaton vêtu d’un pagne et l’autre en hermaphrodite. La silhouette du pharaon est étrange avec le ventre gonflé, les hanches larges et le visage exagérément allongé. Entre les colosses se trouve une stèle dédiée à Aton avec les rayons solaires. Aux murs des tableaux de plantes des marais avec canards et oiseux rappellent la fresque du bassin au pieds de Tiyi et d’Aménophis III (les parents d’Akhnaton).

Je traverse d’autres salles contenant des sarcophages alignés, des pharaons, des sphinx mais je suis plus touchée par les petits objets, les jeux, le damier remplacé par un serpent enroulé sur lui-même où les pions sont de petits lions. D’autres jeux sont encore plus mystérieux.

Le Trésor de Touthankhamon est exposé à l’étage comme les momies. Même si de nombreuses pièces sont parties voyager il en reste assez pour être éblouie comme les chapelles en or qui s’emboîtent sous la protection d’Isis et de Nephtis et celle du cobra au corps émaillé de bleu foncé, rouge et turquoise…le buste en or, les pectoraux émaillés…J’avais gardé un souvenir si précis de ce trésor que j’en ai presque perdu le plaisir de la nouveauté.

Ce trésor n’est pas unique. La tombe d’Hetep Hères découverte par Reisner à Guizeh en 1925 est pour moi une surprise. Hetep-Heres était la femme de Snefrou et la mère de Chéops que le MOOC d’Harvard sur le Plateau de Guizeh appelle Koufou.

Papyrus de Yuya et Tuya

Un autre trésor a été  exhumé de la Tombe de Yuya et Thuya découverte par Quibell et Davies (britanniques) en 1905. Cette tombe était meublée : on expose ici des fauteuils aux incrustations dorées et un char.  Parents de la Reine Tiyi , Yuya, surintendant du bétail était un officier qui commandait aux régiments de chars royaux. Thuya sa femme, est qualifiée de « lover of Amon and Min » et « Royal mother of the great wife of Pharao »(Tiyi). Un papyrus long de 19.37 m porte des textes en hiéroglyphes et de fines peintures. Je suis ravie de rencontrer de nouveaux personnages !

Salle du Fayoum

Beaucoup plus discrète : la salle du Fayoum renferme des portraits d’une infinie douceur et d’une grande délicatesse, têtes peintes, masques aux coiffures variées portant parfois des diadèmes de fleurs. Ces personnages nous regardent, ce ne sont pas des stéréotypes mais des individus. Des hommes barbus portent des perruques égyptiennes, d’autres ressemblent à des romains. Un petit garçon,   Héraklion porte une grappe de raisin qu’un oiseau picore.

La salle 39 des antiquités hellénistiques contient dans des armoires vitrées tanagras, bronzes et masques de théâtres dans un grand désordre.   La salle 24, des ostraca et papyrus.

maquette de bateau

Je suis à la recherche des modèles réduits de maisons et de barques qui m’avaient tant plu autrefois. Je les trouve enfin à la salle 27. Les personnages qui montrent la vie quotidienne des Egyptiens de toute origine m’émeuvent particulièrement. L’un d’eux plume un canard, un autre pétrit le pain, ou le vend…Je retrouve les barques colorées peuplées de bateliers, rameurs, passagers. Je n’ai pas retrouvé les troupeaux et la ferme.

Il est midi quand je sors du musée.   Il me reste tant à voir. Je sors avec les impressions contradictoires qu’il est temps que le nouveau musée de Guizeh ouvre ses portes. Le vieux musée inauguré par Maspero en 1902 semble bien poussiéreux. Certains cartels dactylographiés sur du papier portent bien leur âge. On a emballé dans du plastique transparent colonnes et statues pour les protéger des travaux de peinture des murs. Comme le Musée National d’Athènes (1890) il est irremplaçable. Les pièces archéologiques y sont logées depuis si longtemps que je peine à imaginer leur déménagement. Même si le récent Musée de l’Acropole est un modèle de muséographie je préfère rencontrer « mes » Grecs dans l’ancien musée. En sera-t-il de même avec les pharaons ?

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Le Caire : Flânerie au Musée archéologique »

  1. Oui, rien n’a trop changé, semble-t- il depuis ma dernière et unique visite mais je ne me souviens plus de tout et j’aurais encore l’impression de surprise. Ne pas regretter un musée contemporain s’il est aussi beau que celui d’Athènes, tout en verre, avec vue sur l’Acropole !

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