Arçais, promenade en barque dans le Marais Mouillé

ESCAPADE DANS LE MARAIS POITEVIN

l’embarcadère d’Arçais

Les embarcadères pour des promenades en barques sont nombreux. Lequel choisir ? Notre logeur déconseille Saint Hilaire la Palud, selon lui, en dehors des barques rien d’intéressant. Coulon est le plus touristique avec des boutiques et des restaurants. Le plus calme, mais très agréable : Arçais à 14 km de Mauzé-sur-le Mignon.

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Nous traversons le Marais desséché qui ne ressemble plus du tout à un marais avec ses grandes cultures de maïs et tournesols sur des champs immenses. De grands canons à eau irriguent le maïs alors qu’il pleut depuis des semaines et que la terre est gorgée d’eau. Les maïs n’ont jamais été si hauts et aussi beaux. Les blés sont moissonnés, on a rentré les grandes roues de paille et les chaumes ont été labourés. Les tournesols sont en pleine floraison, ils égaient cette campagne bien triste sous le ciel gris.

Arçais : placette

Arçais est une petite commune de 612 habitants très tranquille, fleurie avec d’innombrables roses trémières, des maisons aux murs de pierres sèches, aux petits moellons aplatis, blanc avec des volets souvent bleus. Sur la place de l’église, quelques boutiques pour touristes vendent des souvenirs de bon aloi, torchons mais surtout des produits locaux : angélique et mogettes. Une petite galerie d’art. Rien de tapageur.

Arçais : roses trémières

A l’embarcadère, deux comptoirs. L’un pour les canoës, l’autre pour les barques. Je m’inscris pour une promenade guidée : 1h30 (21€ en dessous de 4 personnes, 12€ si on est plus nombreux). On me conseille une courter promenade de 45 minutes sur le chemin de halage. Après avoir passé les trois passerelles arquées, prendre à droite pour revenir à travers le village (balisage jaune). Le long du canal, une rigole, je remarque les petits débarcadères privés : quelques marches, une barque amarrée souvent. Sur la rive d’en face, une belle maison aux volets bleus. C’est la seule maison complètement isolée qu’on ne peut atteindre qu’en barque. En face, les maisons ont un autre accès par la route. Dans un très beau jardin poussent des haricots, des tomates, des carottes ; c’est un jardin collectif. Plusieurs habitants se sont regroupés pour le cultiver. Le retour par le village est aussi pittoresque mais la pluie commence à tomber dru.

Arçais 

11h30, deux cyclistes se joignent à nous, on appliquera donc le « tarif collectif ». on ne vérifie pas les Pass sanitaires, il suffit de remplir le cahier de rappel avec le numéro de téléphone et une déclaration sur l’honneur si on possède le Pass ou non (pour deux participants). Il faudra porter le masque pendant la promenade. Avec la pluie qui s’intensifie, le chiffon mouillé est assez désagréable. Sous les arbres on sent moins la pluie.

Les barques maraîchines, les batais, ont une curieuse particularité : la pointe est à l’arrière tandis que la proue est plate. Le guide explique que le transport des vaches a imposé cette forme. Les vaches montent par l’avant. Selon lui, on a inventé une meilleure manière de les changer de pâture : des ponts aux montants de béton, poutres métalliques et traverses de chemin de fer.

Arçais barque

Les canaux du marais mouillé les plus larges sont appelés rigoles profondes à circulation rapide, les biefs sont plus étroits, moins profonds, les conches ont un mètre de profondeur, enfin il y a de plus fins canaux entre les parcelles.

Les parcelles délimitées par les canaux sont privées. Certains propriétaires y élèvent des vaches à viande. On ne les trait pas et elles restent six à huit mois dehors. Comme elles n’aiment pas l’eau il est inutile de clôturer les pâtures. En revanche, il faut faucher les chardons qu’elles ne broutent pas et qui se multiplie si on les laisse monter à graine. Quelques maraîchers cultivent des légumes pour la consommation locale, cette pratique se répand récemment surtout après les confinements. Un autre usage est la plantation d’une peupleraie. Les peupliers se plaisent en milieu humide. Si on plante à la naissance d’un enfant, on pourra vendre le bois 25 ans plus tard pour payer la dot et le mariage. Depuis la tempête de 1999 le prix du bois a baissé et n’est jamais remonté. Souvent les parcelles sont abandonnées à une sorte de jungle. Les propriétaires en ont hérité et ne les valorisent pas. Les végétaux poussent de manière anarchique, lianes ou houblon, insectes et oiseaux se multiplie, bon pour la diversité !

 

Sur les bords des canaux poussent des aulnes, des saules et des frênes. Les paysans préfèrent les frênes qu’ils taillent tous les cinq ans pour faire une « trogne » ou un « têtard ». Le bois de frêne est un excellent bois de chauffage. Récemment le frêne est attaqué par un champignon : la charalose se propage d’arbre en arbre. Si d’autres espèces avaient été plantées entre les frênes, la maladie se propagerait moins. Mais les paysans n’apprécient pas les saules juste bons à faire de l’osier ni les aulnes. Elaguer un arbre qui ne donne pas de bois de chauffage est une corvée inutile. On laisse donc les arbres malades. Pourtant ce sont eux qui garantissent la stabilité des berges. On se console en pensant que le bois mort pourra héberger de nouveaux habitants (bon pour la biodiversité – bis).

Un ragondin passe. Les ragondins ont mauvaise presse. Ils creusent leurs terriers sur les berges qui deviennent comme un gruyère. Surtout, de leurs longues incisives, ils découpent les tiges de maïs, font tomber les plants et se régalent des épis. Nous passons devant une parcelle ravagée. Ils n’ont pas de prédateur, sauf l’homme qui peut en faire du pâté. Ils portent la leptospirose, on éviter donc de les chasser.

La gestion de l’eau dans le marais qui s’étend sur trois départements (Deux-Sèvres, Charente Maritime et Vendée) et deux régions (Pays de Loire et Nouvelle Aquitaine) est donc attribuée à un établissement public EPMP. Il faut curer les voies d’eau, réguler les entrées t sorties d’eau par les écluses et portes à la mer. Le Marais Mouillé sert de régulateur naturel .

La promenade en barque s’est déroulée tout du long sous la pluie. Mes compagnons cyclistes se sont protégés avec leur cape. Les autres ont ouvert leur parapluie. Pour les photos c’est raté ! J’arrive complètement trempée, pantalon T-shirt et parka. Dominique a réservé une table en terrasse à Coulon. Il faut faire vite, il est 13h et ils ne servent pas après 14h. Heureusement c’est à peine à 15 km d’Arçais, pas le temps de me sécher. Quand on arrive, je grelotte.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

8 réflexions sur « Arçais, promenade en barque dans le Marais Mouillé »

  1. Dans le secteur je vous conseille d’aller voir les ruines de l’abbaye de Maillezais, encore plus attirantes vues depuis une barque sur le marais. Bonne balade dans ma région

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