Rochefort : la Corderie et l’Hermione

ESCAPADE DANS LE MARIS POITEVIN

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10 heures,  arrivée à Rochefort après moins d’une heure de route facile entre maïs, tournesols et champs de céréales moissonnés et labourés. Ciel gris, les nuages se détachent et laissent espérer une éclaircie.

La Corderie est en bordure de Charente, un peu à l’écart en dessous-du Centre-ville. Un parking bien pratique est séparé par un jardin public verdoyant. Derrière des murs, le Potager du roi que nous n’aurons pas le temps de visiter. Il faut descendre une belle volée de marches pour parvenir à la Corderie, très beau bâtiment classique en pierre de taille, 300 mètres de long pour confectionner les cordages de marine.

Vérification du Pass Sanitaire, une dame vaccinée, mais depuis quelques jours seulement, me cède son Pass Rochefort 20 € au lieu de 22€ ce qui m’épargne une longue queue. L’hôtesse me tamponne l’avant-bras, je pourrai ainsi circuler dans Rochefort sans avoir besoin de montrer e QR-Code. En revanche le masque est obligatoire en ville, en extérieur comme en intérieur.

La visite commence par une présentation audiovisuelle originale. Sur le grand écran des vagues sur la plage symbolisent le passage du temps tandis que deux personnages encadrés comme des portraits dialoguent depuis un mur.

1666, construction de la Corderie pour fournir des cordages aux vaisseaux de Louis XIV  dans l’estuaire de la Charente. Le sol étant vaseux, on a recours à un architecte hollandais qui préconise, pour les fondations, une sorte de radeau de bois reposant sur des poteaux.

Les diverses guerres contre les Anglais, la colonisation du Nouveau Monde, de Québec aux Antilles fournissent du travaille aux cordiers.

La  fin de la Marine à voile remplacée par des bateaux métalliques à vapeur sonne le glas de la Corderie en 1862. Elle sera affectée à d’autres usages : stockage des munitions, entre autres, et ferme en 1927.

1944, incendie par les Allemands, elle est ruinée.

Classée aux Monuments Historiques (1967) elle devra être complètement reconstruite et ouverte à la visite en 1986.

La suite de la visite est passionnante.

Démonstration

Partant du chanvre, vu sur écran seulement ; j’aurais aimé voir la plante ! Le chanvre est broyé dans une lourde machine qui ressemble un peu à un massicot qui n’aurait pas été tranchant. Les fibres obtenues sont nettoyées avec une espade ressemblant à une batte de base-ball puis peignée avec des peignes de bois portant de longues pointes ; Le fil sera ensuite filé. Les objets sont disposés dans des vitrines avec de nombreuses explications mais la démonstration de cordage sera plus parlante. Un jeune homme a posé deux chevalets devant une fresque d’époque. Sur chaque chevalet, 4 crochets permettent de fabriquer 4 torions (avec l’aide d’une petite fille qui va faire tourner le mécanisme avec beaucoup d’enthousiasme). Le Commettage va enrouler ensemble les différents brins pour former une aussière. Les grelins rassemblent plusieurs aussières. Les grelins permettent de remonter l’ancre.

maquette

On procède parfois au goudronnage des cordages pour les gréements dormants.

matelotage

Une autre démonstration est celle du matelotage, savoir-faire de marine ou l’art de faire des nœuds (mais pas que). L’outil à tout faire est l’épissoir. Il faut aussi un couteau. De nombreux objets sont présentés, suspension de lampes, bouteilles….

épissoirs

La suite du bâtiment est occupée par la très belle exposition de Federica Matta : Le Voyage des imaginaires.

Federica mata fresque

Un mur est occupé par une fresque racontant l’histoire de la corderie, commençant avec un soleil, figurant Louis XIV, puis la Colonisation, la Traite Atlantique, le Radeau de la Méduse, qui raconte aussi les naufrages des migrants actuels qui prennent la mer sur des embarcations incertains, la construction de l’Hermione, bateau rouge comme le sang pour que les marins ne voient pas le sang des blessures le tout relié par des vagues colorées. Des citations de Victor Hugo, Baudelaire, Glissant, Césaire.

Féderica mata : le radau de la méduse

J’aurais aimé prendre mon temps pour lire les poèmes (aussi illustrés sur des tableaux en face de la fresque) mais la visite a déjà été très longue et il me reste l’Hermione.

L’Hermione

l’Hermione

Quand nous sommes venues la première fois, L’Hermione était encore en chantier et n’avait pas pris la mer, cette année elle est revenue de ses lointains périples. On se presse pour la visiter. L’Hermione historique est née en 1778 dans la cale de Rochefort et a pris part à la Guerre d’Indépendance américaine du côté des Insurgents. La reconstitution se veut la réplique fidèle, à taille réelle, capable de naviguer. Si la construction initiale a duré 6 mois, la reconstitution en pris 12 ans parce qu’il a fallu retrouver les techniques oubliées et les outils correspondants.

Avant de monter à bord le visiteur traverse une exposition détaillée dans des barnums sur le quai de la cale. Menuiserie, charpente, gréements, on peut apprendre sur le chantier et sur la navigation du bateau. Après la visite de la Corderie je suis moins disponible pour ces considérations techniques. De plus, avec le Pass Sanitaire, la jauge limitant les visiteurs et permettant les gestes-barrière anti-Covid ne sont plus respectés. Il y a un monde fou comme dans le « monde d’avant ». On piétine, on se pousse, la queue n’avance pas. Le sens de circulation doit être respecté. C’est exaspérant de piétiner de longues minutes sans rien voir. Au bout d’une demi-heure je tente un retour, théoriquement impossible ; j’ai la chance de rencontrer un marin qui part pour sa pause et qui veut bien m’accompagner au portillon de sortie du personnel. Je m’échappe avec soulagement.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

7 réflexions sur « Rochefort : la Corderie et l’Hermione »

    1. @bibliofeel : j’ai adoré la visite de la maison de Pierre Loti, mais elle est fermée pour restauration. Pierre Loti m’accompagne dans nombreux voyages, à Istanbul, au Maroc, en Egypte, Islande….

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  1. C’est un superbe musée ! Vu aussi deux fois : la 1e l’Hermione était en construction, ils en étaient à la coque, et la 2nde elle était presque achevée.

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  2. J’ai visité l’Hermione plusieurs fois quand il y a les armadas à Rouen. J’ai toujours choisi les heures creuses .. Je ne connais pas Rochefort, mais j’aimerais bien.

    Aimé par 1 personne

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