Rouge Impératrice – Léonora Miano

LIRE POUR L’AFRIQUE

J’ai rencontré Léonora Miano dans Télérama qui lui a consacré un long article avec ce titre: 

Léonora Miano : “Je déplore la tendance du féminisme à vouloir tout coloniser” 

J’ai été interpellée par cette phrase et par ses accusations envers les féministes de victimiser les femmes africaines. J’ai voulu en savoir plus et j’ai chercher un de ses livres.

Au hasard, j’ai téléchargé Rouge Impératrice. 600 pages, 11 jours d’une lecture laborieuse.

C’est une dystopie : le roman se déroule au XXII ème siècle dans un état-continent Katiopa, sans doute l’Afrique mais sans plus d’indication géographique. Je suis mauvaise lectrice pour les dystopies : j’ai du mal avec la géographie inventée, les langues inventées, les diverses innovations techniques. Leonora Miano a prévu un glossaire, je m’y suis souvent référée, ce qui a ralenti la lecture. J’espérais retrouver des ambiances africaines, des saveurs, des animaux, les arbres…l’univers est aseptisé, dans cette Katiopa moderne on se déplace en superTGV qui traverse le continent, un tramway et des bicyclettes électriques, et des passerelles électrifiées sont installées dans des villes piétonnières où seuls les privilégiés ont des véhicules personnels…pas très exotique. 

Rouge Impératrice est un roman d’amour : Boyadishi, la quarantaine, universitaire, évidemment, très belle, très séduisante, très libre, est remarquée par Ilunga qui est le chef d’état de Katiopa. Ilunga aussi est très intelligent, très beau, très puissant (puisqu’il règne) ; il n’est pas aussi libre, il est marié mais ce n’est pas un problème puisque la polygamie est la règle et qu’il vit séparé de sa femme lesbienne. Les deux quadragénaires parfaits filent le parfait amour. Trop de perfection nuit à la littérature, à mon goût tout au moins. Et les passages érotiques m’ennuient prodigieusement. Heureusement il y a des méchants, Sheshamani, la lesbienne et Igazi, le ministre de l’Intérieur (cela ne s’appelle pas comme cela à Katiopa). il y a aussi l’amant que Boyadishi a éconduit et qui veut se venger….

Rouge Impératrice peut aussi être lu comme fable politique. Katiopa s’est libérée du colonialisme vient  de s’unifier et à vit en autarcie dans le rejet total des anciens colons. Par une inversion (que je ne suis pas arrivée à éclaircir) l’Europe est anéantie et les anciens colons deviennent des réfugiés : les Sinistrés. Quelle politique adopter vis à vis de ces Sinistrés : les expulser ou chercher à les intégrer? 

« Cependant, il pouvait se révéler néfaste pour la société d’abriter en son sein un groupe humain amer et revanchard. »

Au cours d’une allocation télévisée Ilunga fait cette déclaration:

« Katiopa, tu l’aimes ou tu le quittes.

Cela sonnait bien, et on avait en effet les moyens d’une telle politique. »

Cela ne vous évoque rien?

« Elles refusaient que ces étrangers fassent l’objet d’un rapatriement forcé, mais se satisfaisaient de les voir mordre la poussière, faire l’expérience de l’infériorité, de l’invisibilité, du silence. Ce n’était pas le comportement le plus charitable, mais c’était ainsi, le passé avait laissé des traces. Sans se l’avouer, on se réjouissait de voir les maîtres de l’ancien monde réduits à leur plus simple expression humaine, passés de premiers à derniers. Cette petite revanche n’avait pas encore duré assez longtemps pour que l’on en soit repu. Le mokonzi devait tenir compte de cela. »

Un autre groupe se distingue, des sortes de hippies, babas cools qui ont fondé des communautés qu’il convient de surveiller  mais qui s’avèrent peu dangereux.

Malgré les lourdeurs du style pompeux, malgré mon désintérêt de l’histoire d’amour, les aspects politiques, les rapports des hommes et des femmes m’ont assez intéressée pour que je poursuive cette lecture.

Lecture curiosité plutôt que lecture -plaisir.

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Rouge Impératrice – Léonora Miano »

  1. J’ai moi aussi été interpellée par son interview dans Télérama, en rupture me semble-t’il avec les propos qu’elle tenait il y a quelques années. Si je la lis, ce ne sera pas avec ce titre là.

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