Les Abeilles d’hiver – Norbert Scheuer

LES FEUILLES ALLEMANDES 2022

J’ai trouvé ce titre dans le blog Et si on bouquinait et dans celui de Dominique A sauts et  à gambades et je les remercie pour avoir recommandé ce livre qui est un coup de cœur!

Des abeilles, il est beaucoup question par ces temps d’extinction des insectes et  troubles par de guerres. J’ai donc lu Les Abeilles grises de Kourkov récemment primé Médicis étranger – récompense bien méritée. L’Amas ardent de Yamen Manaï , L’Apiculteur d’Alep de Christy Lefteri. Ces ruches sont-elles une métaphore de société idéale pacifiée, industrieuse, douce comme le miel pour une humanité déchirée? L’apiculteur un modèle de sérénité dans le monde troublé par la guerre?
Les abeilles sont aussi les sentinelles de la nature, les ouvrières de la pollinisation. Leur destruction ayant pour conséquence celle des récoltes et finalement de l’humanité? 

Dans Les Abeilles d’hiver se mêlent trois histoires.

 

J’ai toujours été un marginal, peut-être à cause de la maladie qui, déjà, a fait de moi un marginal dans ma
jeunesse, me coupant de la vie dans mon village natal.

Depuis la guerre, il n’y a presque plus de médicaments, surtout pour quelqu’un comme moi qui, pour la
Volksgemeinschaft, n’a aucune valeur et qui, d’après l’idéologie du régime, est un parasite qui devrait être
supprimé.

L’histoire de l’apiculteur, Egidius Arimond, épileptique que les nazis ont stérilisé, évincé du métier d’enseignant de Latin et de Grec et qui n’a échappé à l’élimination physique que grâce à l’influence de son frère glorieux aviateur, héros de la Wehrmacht. Exclu de la guerre, il consacre sa vie à ses ruches et passe le reste de son temps dans la bibliothèque de sa ville où il donne des leçons particulières de latin et traduit des manuscrits médiévaux. Pour se procurer l’argent nécessaire à l’achat de ses médicaments indispensable pour éviter les crises, il est aussi passeur pour des Juifs cachés qui fuient vers la Belgique proche. Passeur pour de l’argent, mais aussi parce que c’est un homme juste qui traite avec bonté les fugitifs. 

La tâche des abeilles d’hiver qui vivent maintenant est de garder au chaud la nouvelle génération de larves
attendue au printemps, de les protéger, de les nourrir et d’assurer ainsi la survie de la colonie. Pendant la saison
froide, elles maintiennent la température dans leur ruche à environ vingt degrés, ce qui est juste assez chaud pour les empêcher de geler, elles et leur reine.

[…]

les abeilles d’été butinent si inlassablement qu’elles meurent d’épuisement au bout de quelques semaines et sont ensuite systématiquement remplacées par une nouvelle génération.

Histoire des abeilles. Le lecteur apprend de nombreuses notions sur la vie des ruches au cours des saisons, les soins qu’on leur apporte, les dangers.

ruches dans troncs à l’horizontale!

 

Histoire d’un moine, le bénédictin Ambrosius, venu d’Italie avec des abeilles italiennes, ancêtre de l’apiculteur qui a écrit sur des parchemins des notes précieuses conservées dans le monastère. Il raconte le difficile périple à travers des Alpes d’une caravane transportant des manuscrits précieux et le coeur embaumé de Nicolas de Cues, un proche conseiller du pape. Les écrits du moine conservent aussi des observations sur l’apiculture au 15ème siècle.

Je voudrais me souvenir du chant de mes abeilles. Mais chaque fois que j’essaie, il se transforme en grondement et en sifflement de chasseurs-bombardiers. J’ai peur de ne plus pouvoir sortir un jour de cet autre monde dans
lequel j’ai atterri.

[…]
vais voir les abeilles, je mets à nouveau mon oreille contre les ruches et je les entends fredonner très doucement, chaque ruche a une mélodie différente, qui lui est propre. Elles vont bien, les bombardements ne semblent pas les déranger du tout.

 

A ces trois aspects,  on pourrait aussi ajouter le thème des avions de guerre qui fascinent Egidius. Son frère, l’aviateur lui sauve la vie et les deux frères se sont toujours intéressés à l’aviation. D’autre part, le village de l’Eifel où se déroule le roman est bombardé ces années 1944 et 1945. Les bombardiers sont donc un élément du quotidien des habitants. Ce thème ne m’a pas passionné même si le contexte de la guerre est essentiel au déroulement de l’histoire.

Le roman est un journal intime que rédige Egidius, les écrits médiévaux sont aussi des feuilles d’un journal. J’ai beaucoup aimé le ton de confidences, précis employé par Egidius qui mêle ses démêlés avec le pharmacien et ses relations avec les femmes du villages, ses crises d’épilepsie et sa vie quotidienne.

Livre sensible, complexe dans le contexte de la fin de la Deuxième Guerre, historique et naturaliste.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

9 réflexions sur « Les Abeilles d’hiver – Norbert Scheuer »

  1. Je me souviens moins des avions, mais le reste est toujours très vivant dans ma tête. J’ai beaucoup aimé ce livre, et je vois que tous les lecteurs ressortent charmés de cette lecture. Cela fait vraiment plaisir. Merci à toi pour cette chronique !

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