Le Curé de Tours – Balzac

SCENES DE LA VIE DE PROVINCE / LES CELIBATAIRES

Avec Pierrette et La Rabouilleuse, Le Curé de Tours  forme la trilogie des Célibataires . Court roman qui se lit d’un seul trait.

« Être le pensionnaire de mademoiselle Gamard et devenir chanoine, furent les deux grandes affaires de sa vie ; et peut-être résument-elles exactement l’ambition d’un prêtre, qui, se considérant comme en voyage vers l’éternité, ne peut souhaiter en ce monde qu’un bon gîte, une bonne table, des vêtements propres, des souliers à agrafes d’argent, choses suffisantes pour les besoins de la bête, et un canonicat pour satisfaire l’amour-propre, ce sentiment indicible qui nous suivra, »

Il contient les ingrédients balzaciens. Le décor bien planté et décrit avec minutie : une maison dans le Cloitre , rue de la Psalette, à l’ombre de Saint Gratien. Une collection de caractères : deux ecclésiastiques, l’un débonnaire et naïf : l’Abbé Birotteau, l’autre ambitieux et retors, l’abbé Troubert, la vieille fille logeuse des deux prêtres, mademoiselle Gamard. A ces célibataires s’ajoutent les personnages gravitant dans les salons, avec intrigues, ragots et ambitions politiques. 

La tragédie de l’Abbé Birotteau s’annonce par des contrariétés minimes :

« quatre circonstances capitales de la porte fermée, des pantoufles oubliées, du manque de feu, du bougeoir porté chez lui, pouvaient seules lui révéler cette inimitié terrible « 

Des vétilles, dont l’accumulation trahit l’hostilité subite de sa logeuse. L’abbé Birotteau et loin de savoir qu’elles ne sont les prémisses du drame.

On s’ennuie parfois en province. Les soirées sont occupées par des parties de whist ou de boston en bonne société. Et c’est la première faute de l’abbé Birotteau que de s’être soustrait aux parties de Mademoiselle Gamard pour fréquenter le cercle de Madame Listomère. Et privant mademoiselle Ggamard de sa société il s’attire l’inimitié de la vieille fille – caractère redoutable que caricature Balzac

« restant fille, une créature du sexe féminin n’est plus qu’un non-sens : égoïste et froide, elle fait horreur. »

En effet, Balzac n’est pas tendre avec les femmes et sa misogynie est poussée à l’extrême dans le cas des « vieilles filles »

préjugé dans lequel il y a du vrai peut-être jette constamment partout, et en France encore plus qu’ailleurs, une grande défaveur sur la femme avec laquelle personne n’a voulu ni partager les biens ni supporter les maux de la vie. »

Jalousie et ambition politique sont le moteur de l’intrigue qui pousseront à sa perte le naïf abbé, sûr de son bon droit, qui ira se jeter dans un procès perdu d’avance…

Un roman écrit au vitriol, bien méchant et diablement mené!

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

8 réflexions sur « Le Curé de Tours – Balzac »

  1. J’avais lu « la vieille fille » de Balzac et je ne l’avais pas trouvé trop cruel avec ce personnage. Peut-être qu’il faisait des distinctions entre plusieurs sortes de « vieilles filles ». Je pense qu’il était assez fin pour ne pas cataloguer les gens si grossièrement. Bonne journée à vous !

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  2. Pas si méchant !! Pour lui ce sont des êtres inutiles ! Et elles sont obligatoirement laides sinon elles se seraient mariées.

    Dans Pierrette !
    « Aussi était-ce une fille, et une vieille fille. Quand elle eut déployé ses persiennes par un geste de chauve-souris, elle regarda dans toutes les directions (…) Y a-t-il rien de plus horrible que la matinale apparition d’une vieille fille laide à sa fenêtre ? De tous les spectacles grotesques qui font la joie des voyageurs quand il traversent les petites villes, n’est-ce pas le plus déplaisant ? Il est trop triste et éprouvant pour qu’on en rie? »

     » Quand il y a une vieille fille dans une maison, les chiens de garde sont in utiles. »

    Le curé de Tours

     » Si tout dans la société comme dans le monde, doit avoir une fin, il y a certes ici bas quelques existences dont le but et l’inutilité sont inexplicables. La morale et l’économie politique repoussent également l’individu qui consomme sans produire (..) Il est rare que les vieilles filles ne se rangent pas d’elles-mêmes dans la classe de ces êtres improductifs »

    « En restant fille, une créature du sexe féminin n’est plus qu’un non-sens : égoïste et froide, elle fait horreur. Cet arrêt implacable est malheureusement trop juste pour que les vieilles filles en ignorent les motifs. »

    « Ces êtres ne pardonnent pas à la société leur position fausse, parce qu’ils ne se la pardonnent pas à eux-mêmes. »

    « Puis elles deviennent âpres et chagrines, parce qu’un être qui a manqué à sa vocation est malheureux ; il souffre , et la souffrance engendre la méchanceté. »

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