J’avais envie de retourner en Corse. Jérôme Ferrarisait si bien raconter son île que j’ai téléchargé sans hésitation ce court roman (118 pages). Sur la couverture, le bateau de croisière écrase la vue : la critique du surtourisme m’intéresse.
Le pitch : un jeune Corse poignarde un touriste pour un motif dérisoire. Ce ne sera pas vraiment un policier, je ne spoile donc pas!
Ce court ouvrage est formé de quatre récits – quatre contes – qui s’emboîtent, se répondent et se mêlent à l’intrigue principale
« Nul besoin de prophétie pour savoir que le premier voyageur apporte toujours avec lui d’innombrables calamités »
Le premier conte, récit de voyage, relate l’arrivée du premier voyageur dans la cité interdite de Harar. Un conte oriental a pour héros un djinn qui veillerait sur une jeune fille. Autre « conte » celui du « bandit corse », bandit de folklore, héros d’un article de presse d’une journaliste en mal de folklore sensationnaliste qui met en scène un fait divers assez minable. Ce héros de pacotille va servir de modèle au jeune meurtrier.
Le narrateur est un enseignant qui tente de se garder des dérives du tourisme et de ses conséquence sur la population locale. Il est proche de l’assassin. Il essaie d’analyse le geste de ce vague cousin et ancien élève.
Ferrarilivre une description pessimiste d’un monde gangréné par l’argent et surtout la bêtise. Bêtise des touristes, vulgaires, hideux . Cynisme et bêtise des locaux qui ont vendu leurs terres et leur âme pour s’enrichir. Rien ne nous est épargné, ni les cuites ni les vomissures. Par moment j’ai pensé à Houellebecq.
Passion et désir amoureux d’une jeune femme qui se définit comme libre et ne s’interdit rien. Ni de tromper son fiancé, ni de vivre une relation passionnée avec le fiancé de sa sœur.
Passion et désirs attisés par la violence des hommes actifs dans les attentats indépendantistes. Tragédie antique avec le chœur des femmes tenues à l’écart de la folie des hommes
Ainsi pour Clorinde, la politique était une affaire d’hommes jusqu’au jour où ceux qu’elle considérait toujours comme des enfants étaient devenus des assassins. Alors Clorinde, Mathilde, et peut être Francesca, avaient dû penser qu’elles avaient eu tort de ne s’être pas intéressées à la politique, de n’avoir rien tenté pour faire cesser cette barbarie qui n’était pas nouvelle, mais qui avait dégénéré en guerre civile. Elles étaient coupables d’avoir été indifférentes au monde et elles payaient le prix du sang versé
Le désert des Agriatesest la petite région comprise entre Saint Florentet l‘ÎleRousse restée sauvage à l’écart des axes routiers. Région restée vierge de toute installation moderne, où bergers et randonneurs seuls ont accès. Grottes, maquis impénétrable, Julius, le berger croit pouvoir s’y cacher. Pourquoi Francesca choisit-elle de le suivre? Cette Fuite aux Agriates se déroule dans la sauvagerie d’une nature magnifique.
J’ai lu d’un trait ce court texte sans éprouver d’empathie pour les personnages. Hommes terriblement imbus de leur virilité, préférant une lutte armée qui ne se justifie que par leur désir d’héroïsme. Femmes correspondant à l’image d’Epinal de la femme corse : Mathilde, la mère, drapée dans sa dignité, Marie, la faible asthmatique, jalouse mais soumise. Francesca, la passionnée (?) qui ne sait pas vraiment ce qu’elle désire.
Un aspect m’a plu : la photographie, et le rôle de la lumière dans cette brutale lumière Corse. Et j’ai pensé à un autre livre A son Image de Jérôme Ferrari où l’héroïne est photographe. Renseignements pris, il date de 2018 et donc largement postérieur pour être mis en miroir.
« Et ce contact-là, cette sensation furtive, l’image qu’elle déroula dans mon esprit, m’enseigna de ce lieu l’insolite secret. Oui, les murs pourrissaient, suintant de ce temps qui, coulant au-dehors, faisait pousser les arbres et vieillir les enfants ; mais ça, c’était dehors ! À l’intérieur, il semblait n’avoir plus cours, figé, suspendu par quelque sortilège, lévitant telle une goutte de pluie qui n’atteindrait jamais le sol. Les fleurs du papier peint pouvaient bien se flétrir, les moulures s’affaisser, rien ne passait ici «
Une histoire corse dans le style fantastique et mystérieux. Joseph (12 ans) et sa Mammo, son arrière-grand-mère forment un drôle de couple qui soulève les secrets de famille.
Au commencement, la famille, comme les autres, passe les dimanches au cabanon sur la plage, les oncles à la pêche, les enfants dans l’eau, les femmes préparent le repas. Joseph aime fouiner au grenier où l’ancien occupant a laissé un invraisemblable capharnaüm, des piles de disques, phonographes…le surnaturel intervient quand Joseph entend des mots effrayants provenant des objets. « ouvre moi » supplie une enveloppe…
Il perçoit plus tard un autre appel « derrière l’ange…« qui se trouve au coin de son lit. L’aïeule devine la malais de l’enfant et sait ce qui se trouve derrière l’ange : l’anneau de sa fille morte en couche dans ce lit!
Faut-il oublier tous ces secrets de famille, ce passé enfoui qui surgit après tant d’années? Le passé insiste : une photo perdue réapparait, une clef…
Depuis l’anneau, j’avais percé bien des mystères, ne sachant plus que faire des testaments cachés, des
aïeux retrouvés et des secrets perdus ; des lettres aussi, bien trop de lettres, la plupart de soldats –
mobilisés à jamais –, qui, égarées, lestaient leur âme, les condamnant au sol. J’étais devenu l’esclave de
mon don, un véritable fonctionnaire, venant à craindre l’apparition du moindre signe.
Dans la persistance de ces drames oubliés, l’enfant et son arrière-grand-mère mènent une enquête qui les conduit à Saint Florent et au Cap Corse. Le fantastique, invraisemblable au début du livre se fait quête des origines, ombres de la guerre.
Dimanche dernier, les poussières du Sahara avaient obscurci le ciel, les montagnes paraissaient grises. Un grand vent pousse les nuages épars. Nous profitons de la belle luminosité pour retourner au Col de Bavella . J’aime bien revoir les paysages à plusieurs reprises. Retrouver ce qui nous a plu et l’attendre. Parfois découvrir autre chose qui nous a échappé. Je guette le rocher creusé de cupules passé trop vite pour la photo. j’ai hâte de revoir le col de Larone au soleil , la Solenzara et ses plages…
Aiguilles de Bavella vues du Col de Larone sous le soleil
A la place des cochons, un troupeau de chèvres sur la route, qui, comme les cochons méprisent la circulation automobile. On s’arrête pour laisser passer les biquettes. L’une d’elle s’immobilise pour se gratter avec un sabot en passant une patte postérieure derrière l’oreille, position acrobatique !
Comme nous sommes arrivées tôt au col je peux faire la promenade duTrou de la Bombe. Annoncée 2h sur le plan, 2h15 sur Visorando, notée facile. Je connais le début. Sur une éminence herbue le troupeau de vache rumine. En plus des églantines, des genêts fleuris, des pompons bleus de la Jasione, la floraison des digitales bat son plein. Elles se détachent au-dessus du parterre des fougères qu’elles dominent.
Digitales et fougères
Après une belle petite grimpette, le sentier s’élargit en une belle piste toute douce sous les grands pins. Après le grand cairn, il se rétrécit et descend parmi les blocs et les racines. Le bâton de marche s’avère bien utile.
Avant l’arrivée : le sentier devient bien rocailleux
Descente puis remontée .
La fin du parcours est très rocheuse, souvent il est préférable de s’aider des mains et le bâton est encombrant. Avec les difficultés, les randonneurs se rassemblent. Ils sont vraiment très nombreux. Nombreux et patients. Certains escaladent avec facilité les rochers. Pour mes petites jambes c’est beaucoup plus laborieux. Je dois chercher un itinéraire possible et parfois m’assois pour franchir un rocher. Personne ne s’impatiente. Parfois, un conseil : « passez donc par là c’est plus facile ». on s’encourage mutuellement : « bientôt l’arrivée ! »
Face au « trou de la bombe », un taffonu, une figure d’érosion, chacun s’immobilise et cherche à l’ immortaliser. Le vent souffle si fort qu’il fait trembler les smartphones. Un « alpiniste s’est immobilisé sur un rocher ; Sa silhouette se détache. Il n’est pas pressé de descendre. J’attends un peu puis le photographie.
La descente est plus facile que je ne le craignais. Je n’ai pas peu en montée, en descente parfois. Je suis très attentive à poser mes piedds sur des roches bien stables. Les cailloux qui roulent sont traîtres. Finalement, je rejoins le sentier doux en suivant bien les marques rouges et les collègues randonneurs. Le sentier étroit chemine sous les pins, bien abrité, à l’ombre. C’est un parcours très agréable sauf que je ne reconnais pas du tout le paysage de l’aller. J’élabore une théorie qu’on ne voit pas les mêmes choses au retour qu’à l’aller. Une flèche signale un belvédère ? Comment l’ai-je loupé ? Le sentier me paraît bien long. On franchit un petit ruisseau dont je n’ai aucun souvenir. Quand je vois des randonneurs installés autour d’une chapelle, je comprends que je suis sur un autre chemin. Le circuit fait une boucle !
Au nord de Solenzara, je découvre une nouvelle plage avec un parking pour le restaurant Le Galion, belle baignade.
Avant de boucler ma valise pour un voyage, je charge la liseuse de lectures qui accompagneront mes promenades et mes découvertes. J’ai trouvé Campo Santo dans les listes de Babélio.
Le nom de Sebald a suffi pour déterminer mon choix. A la saison des Feuilles Allemandes je lis un de ses ouvrages, j’avais aimé Les Emigrants, Austerlitza été un coup de cœur. je m’attendais donc à suivre l’auteur dans ses pérégrinations souvent mélancolique dans l’Île de Beauté. J’aurais peut-être dû être plus attentive au titre : Campo Santo c’est le cimetière, et des cimetières, en Corse, il y en a de spectaculaires. Avec ce sujet, on ne peut pas s’attendre à un livre joyeux. Sebald n’est pas un joyeux drille, donc la promenade est plutôt mélancolique…
Petite déception, seuls quatre textes concernent la Corse, les autres racontent d’autres ruines comme la destruction par l’aviation alliée de Hambourg. J’avoue avoir abandonné ces textes du théâtre des ruines.
La petite excursion à Ajaccio est celle d’un touriste qui visite Le Musée Fesch et la Maison Bonaparte avec la touche littéraire de l’observateur qui remarque que l’arbre généalogique était décorée de vraies fleurs séchées du maquis, et qui imagine que la caissière somnolente aurait pu chanter lasciate mi morir sur une scène d’opéra.
Campo santo est une visite au cimetière de Piana
« Mais au cimetière de Piana, parmi les maigres tiges, les pailles et les épis, de loin en loin l’un des chers disparus vous regardait du fond de l’un de ces portraits sépia ovales bordés d’un fin filet d’or, que dans les pays latins on a placés sur les tombes jusque dans les années 1960 : un hussard blond en uniforme au col montant, une jeune fille morte le jour de ses dix-neuf ans, le visage aux trois quarts effacé par la lumière et la pluie, un personnage presque sans cou, avec un gros bouton de cravate, employé colonial à Oran jusqu’en 1958, un petit soldat, le calot de travers, qui est revenu gravement blessé de la jungle où il avait vainement défendu Diên Biên Phu. »
J’ai pensé à ce texte quand j’ai longé le cimetière de Corbara et surtout à Isolaccio avec tous les monuments aux morts. lrauteur note les traditions de veillée funèbre et les rituels qui ont impressionné les voyageurs
Sebald nous emmène aussi dans les calanques de Piana si pittoresques
Les monstrueuses formations géologiques des calanques, qui surgissaient des profondeurs à trois cents mètres, taillées dans le granit au cours de millions d’années par le vent, les embruns et la pluie, brillaient d’un rouge cuivré, comme si la pierre elle-même était en flammes, embrasée par un feu intérieur.
Cimetières, mais pas seulement, aussi les sombres forêts. Les pins de la forêt Bavella célébrée autrefois, mise à mal par les coupes et les incendies. occasion de fustiger les chasseurs
tous les ans au mois de septembre, la fièvre de la chasse explose en Corse. Lors de mes excursions à l’intérieur de l’île, j’ai chaque fois eu l’impression que toute la population masculine participait à un rituel de destruction depuis longtemps dépourvu de finalité.
qu’il compare aux « cowboys Malboro de la guerre en Yougoslavie »
J’ai retrouvé la musique de Sebald, là où je ne l’attendais pas.
Circuit du Guide Vert p 404. 56 km à partir de Ghisonaccia
Nous court-circuitons Ghisonaccia en empruntant la petite D545 à partir de notre gîte à Travu qui passe parallèlement à la grande route T10, au pied des collines dans une campagne verdoyante de nombreux vignobles et arrivons directement à Abbazia et retrouvons le circuit sur la D145 qui passe le long du petit cours d’eau, l’Abatesco.
Serra di Fiumorbo
Passant un petit pont nous grimpons sur la très tortillante D.45 qui monte à Serra-di -Fiumorbo. Cette petite route très étroite est équipée de trois tables en granite pour les pique-niques. L’une d’elle auprès d’une fontaine. A chaque tournant on a une très belle vue sur la plaine d’Aléria, l’étang d’Urbino et le côte orientale. La route traverse une forêt de chênes liège. Certains, écorcés récemment, présentent leur tronc d’un bel orange qui noircira avec le temps. Le village est perché, très tranquille. Une maison-forte (une tour) se dresse face à la vallée. Un petit belvédère est aménagé avec des bancs. L’église (XIXème) est juchée au somment du village, elle est actuellement en travaux.
Retour dans la vallée de l’Abatesco.
Chêne-liège
Arrêt à la petite station thermale de Pietrapola. A notre passage en 2021, tout était fermé et nous avions attribué cela au Covid. Mais rien ne semble avoir ouvert depuis. Lorsque je descends à pied à la rivière, je découvre un chantier en cours avec une grande structure sur des piliers métalliques. Le village n’est pas abandonné pour autant. Les belles maisons de granite sont dispersées, d’autres modernes sont fleuries. Difficile d’imaginer une animation de curistes.
Après San Gavino di Fiumorbo nous cherchons le départ de la promenade à la Cascade de Buja que nous n’avions déjà pas trouvée la première fois.
Le circuit devient problématique. On a recouvert tous les panneaux indicateurs de peinture noire. Il faut essayer de deviner les noms des villages avec les quelques lettres qu’on peut deviner. Surtout les appellations des routes ne correspondent pas à celles de la carte. En bref, on se perd sur des routes très étroites (heureusement pas fréquentées) dans de sombres châtaigneraies. Les châtaigniers sont en fleur, certains sont magnifiques avec des troncs impressionnants, certains ont des branches desséchées.
Nous traversons Acciani puis Isolaccio qui est un gros bourg (300 habitants) avec une grande église baroque blanc crème flanquée d’un campanile de granite ; Ce village a une particularité assez funèbre : il possède en plus d’un vaste cimetière, au moins trois monuments aux morts. Le premier, sobre, sorte de pyramide tronquée se trouve sur la place principale, sa plaque est simplement gravée « à nos morts ». Près de l’église la stèle qui porte une très longue liste des noms des soldats tombés pour la France, impressionnante. Le troisième monument est face au cimetière : trois stèles de granite sont dédiées aux « déportés de 1808 ». Qui sont donc ces déportés ? j’ai d’abord pensé à une razzia barbaresque, tout un village enlevé, cela s’est vu. Mais la date ne colle pas, ni l’endroit. Isolaccio est en plaine montagne caché par les châtaigniers, quels pirates s’aventureraient si avant dans les terres. Wikipédia m’a donné la solution : les bataillons de Chasseurs corses sous l’ordre du Général Joseph Morand ont arrêté 167 hommes, 9 furent fusillés à Bastia, les autres déportés à Embrun. Cette opération eut lieu sur l’ordre de Napoléon, pour lutter contre le banditisme. Wikipédia souligne les épisodes de violence et de rébellion « le besoin viscéral d’indépendance de cette région, la plus farouche de l’île ». Cet état d’esprit explique peut-être la peinture noire sur les panneaux, destinée à égarer les touristes.
Ce goût funéraire me rappelle une lecture récente Campo Santo de W.G. Sebald que je viens de lire avant le départ pour la Corse.
Pas de commerces à Isolaccio mais le camion-épicerie ambulant stationne là.
« Avez-vous des citrons ? »
« non personne n’en achète, ils se gâtent »
L’épicier ambulant me conseille plutôt de chercher un citronnier et de tendre le bras pour me servir. C’est une rencontre amusante.
Cochons sur la route
A la sortie d’Isolaccio, encore des panneaux caviardés. L’étape suivante du circuit serait Prunelli-di-Fiumorbo. Un P est vaguement identifiable sur une flèche dont nous suivons la direction. La route est déserte, nous ne croiserons que le gros pick-up du dépanneur. Elle s’enfonce dans une dense forêt de chênes et châtaigniers, tourne et tourne tant que nous perdons le sens de l’orientation. Pas de 4G non plus pour que le GPS nous aide. Si les humains sont absents pour nous renseigner les cochons tiennent le haut du pavés, installés au milieu de la chaussée, une laie allaite ses petits. Pas du tout prêts à nous laisser passer.
Nous trouvons enfin un endroit où garer la FIAT pour un arrêt apéro avec des biscuits étonnants à la farine de pois cassés. A peine avons-nous ouvert le sachet que les cochons, curieux, radinent. Les biscuits aux pois sont infects. Je les lance aux cochons réputés pour manger n’importe quoi. Ils ont l’air de plaire mais sans enthousiasme.
Nous arrivons au creux d’une petite vallée dans une clairière égayée par les hautes inflorescences jaunes des Molènes.
Molène
Nous sommes complètement perdues, toujours pas d’Internet sur mon téléphone. J’essaie celui de Dominique qui capte la 5G (vive le progrès !) Je lui indique Ghisonaccia comme destination finale et il nous conduit sur la D144 en direction du nord.
Au creux d’un vallon nous croisons le GR Mare e Monti puis découvrons perché sur un épaulement, le village de Poggio-di-Nazza : toit de tuiles rouges et campanile très haut. Cela commençait bien par un P !
Poggio-di-Nazza
Poggio-di-Nazza est si pittoresque que je m’installe sur un des bancs du belvédère pour le dessiner.
De là, le GPS nous ramène à Ghisonaccia.
Il est trop tôt pour rentrer, j’ai envie de me baigner. Avec le vent, il vaut mieux éviter la longue plage rectiligne qui s’étend de Ghisonaccia à Solenzara avec ses vagues et descendre au sud où il y a des petites anses abritées : Canella,Favone ou Tarco. Le parking de Canella est saturé, pour Favone, on n’arrive pas à couper la route avec la circulation intense. Je me suis donc baignée à Tarco. Baignade délicieuse. Nous décidons d’y revenir demain !
Au réveil, nous nous réjouissions du calme juste interrompu par le chant du merle. Et voici un bruit infernal : un avion décolle de la base aérienne de Solenzara à moins d’un kilomètre du gîte. Pendant le week-end, c’était calme, mais aujourd’hui lundi l’activité reprend à huit heures du matin. Toute la journée les vrombissements incessants sont d’autant plus inquiétants qu’on pense à la guerre en Ukraine.
Visorando propose deux randonnées à l’étang d’Urbino.
La Forêt de Pinia : 4.3 km, 1h15 et une promenade sur la presqu’île : 1.6 km 30 minutes.
le chemin sur la dune bordé de cistes
Le départ de la balade en Forêt de Pinia se trouve dans un parking au bout d’une longue piste de 3 km partant sur la gauche au bout de la D144, route menant de Ghizonaccia à la mer. Je me fie au GPS de l’application pour trouver le chemin le long de la dune. Des ouvriers sont au travail, ils construisent une piste cyclable avec une sorte de tapis en tissu pour stabiliser le cheminement. Ce chantier a bouleversé les sentiers traditionnels. Les cantonniers tentent de me dissuader de les chercher. Je suis d’abord le sentier dans la dune, bordé de cistes jaunes, arrive sur une belle plage de sable très blanc que je quitte pour trouver (toujours avec le GPS du smartphone) les bords de l’étang d’Urbino.
la plage de la forêt de Pinia
La piste est neuve, la marche, facile à l’ombre : côté de l’étang plutôt des chênes verts, pistachiers et arbousiers, le cortège des plantes du maquis tandis que de l’autre côté c’est une belle pinède. Malheureusement la belle piste neuve a fait disparaître les marques et le sentier au point 5 de l’itinéraire où je suis censée bifurquer. La piste s’est écartée de l’ancien chemin. Le chantier a abattu buissons et arbres pour former un mur de branchages, impénétrable. Seule solution : suivre la piste jusqu’à la route carrossable puis retrouver le parking. Résultat : 15000 pas au podomètre, plus de 8 km au lieu de 4 et 2 heures. Rien à regretter la promenade rallongée a été très agréable.
Restaurant d’Urbino
le restaurant d’Urbino
Le Restaurant d’Urbino est construit sur pilotis en avancée sur le lac. Des rangées de pieux sont plantés pour accrocher les filets des pêcheurs. Les terrasses couvertes sont très aérées. Nous avons le plaisir de déjeuner sur l’eau. Comme à notre premier passage en 2021, nous commandons de la petite friture. Des éperlans sont servis dans des paniers métalliques. Très abondant, nous emporterons nos restes pour le repas de mardi ! Je n’ai vraiment plus faim pour les appétissantes glaces servies dans de grandes assettes creuses sous une généreuse chantilly. Je jette des bouchées de pain pour appâter les poissons qui se manifestent instantanément : de gros mulets se précipitent, se volent le pain, se poursuivent, se donnant en spectacle.
Tandis que Dominique s’installe dans les salons ombragés sous une sorte de voile, je marche sur le chemin de planches au-dessus de l’eau et rejoins un sentier au bord de la rive, s’enfonçant parfois dans les buissons de tamaris et lentisque avec au sol salsepareille et bruyère.la promenade se termine sur une digue de planches au-dessus de l’eau.
Nous terminons la journée à Calzarellu, la plage des eucalyptus à l’embouchure du Fiumorbo.
Au réveil : 100% au compteur, soulagées ! Nous pourrons faire les excursions prévues !
T10 jusqu’à l’entrée de Solenzara, la D268 s’élance à l’assaut de la montagne en virages serrés. 30 km pour arriver à 1268 m d’altitude. Etroite, tortillante, pittoresque, suivant la Solenzara. Tôt dans la matinée, il n’y a personne sur la route, nous profitons du paysage. Des activités « aventures » sont organisées sur la rivière canyoning, accrobranche . L’accrobranche n’est pas joli-joli dans le paysage mais a l’air très amusant. J’essaierais volontiers. Au retour on verra des familles qui se baignent dans la rivière sur une belle plage.
Les Aiguilles de Bavella s’approchent. Je les photographie sous les cadrages. Je m’attriste de découvrir les troncs desséchés, ébranchés. Qu’est-il arrivé aux pins Laricio ? la gardienne du parking me répondra ; il y a eu un grand feu il y a 5 ou 6 ans. L’écorce noircie est tombée et il reste le bois blanchi fantomatique.
Pause au col de Larone(603 m) dans un grand parking. Occasion d’une petite promenade pour faire de nouvelles photos des Aiguilles de Bavella. Malheureusement le ciel est gris : alerte aux particules fines des poussières venues du Sahara.
La montée s’effectue sous de beaux châtaigniers. Près du col, les feuillus sont remplacés par les énormes pins aux fûts droits et aux aiguilles bien vertes.
Au bas du col, des constructions, presque des baraquements puis des parkings. C’est aujourd’hui dimanche. Il y a énormément de monde.
Randonnée dans le pins, le cairn
Les randonnées sont bien expliquées : 2 heures pour le Trou de la Bombe, 1 heure sur le circuit panoramique qui s’arrête au cairn. Les autres randonnées sont nettement plus difficiles. En Corse il faut choisir les plus faciles parce que les pentes sont abruptes et que les difficiles sont périlleuses. Je suis les marques rouges. Au début le sentier grimpe allègrement puis continue sur une piste douce à l’ombre sous les pins. Après le grand cairn, le sentier descend toujours à couvert. A l’aller, j’ai surtout cherché les balises et regardé à mes pieds. Je n’ai donc pas vu les « panoramas » qui ont donné leur nom au parcours et les ai découverts au retour Découverts aussi les grandes asphodèles, les églantines, les petits pompons bleu de josine et bien sûr les coussinets de genets fleuris.
Il y a vraiment trop de monde et de bruits pour pique-niquer au col. Nous descendons jusqu’à ce qu’on trouve un endroit tranquille.
Les cochons sont là. Noirs, placides, ou petits, plus vifs. Pas du tout effrayés par la circulation. Un gros mâle occupe le milieu de la chaussée et n’en bouge même pas quand les voitures le frôlent.
Nous sommes prêtes à 8h30. Le trajet n’est pas long 86 km par de bonnes routes, je pourrai choisir une belle plage pour me baigner !
Après Porto Vecchio la T10 remonte la côte orientale et longe le littoral à partir de Fautea. Une tour génoise en restauration, entourée d’échafaudage annonce la plage dans le creux . mignonne petite anse bordée d’une haie de tamaris avec juste un restaurant. Sable fin, baie très échancrée. La surface de l’eau est lisse, tout juste ondulée quand un petit bateau s’approche. Je nage vers la pointe rocheuse puis coupe en diagonale et longe l’autre bord. Je me sens en sécurité et pourrais nager ainsi des heures sans fatigue.
Nous dépassons Solenzara pour aller déjeuner sous les eucalyptus de la plage de Calzarellu où nous avions nos habitudes quand nous logions à Casamozza il y a trois ans. L’allée bordée d’eucalyptus géants nous impressionne toujours. En revanche, le bois sur les bords du Fium’orbo est dévasté. Qu’est-il arrivé aux beaux arbres, abattus pour certains, squelettiques pour d’autres avec de grosses branches desséchées ? Nous sommes presque seules à part les voitures des baigneurs installés sur la plage. Nous avions apprécié l’animation villageoise, les pêcheurs dans le fleuve, les vieux qui jouaient aux cartes, les boulistes. Il n’y a plus personne.
Après le pique-nique je marche sur la plage sans fin, devine les étangs qui la bordent, la petite coupole blanche de la base aérienne de Solenzara, au loin la silhouette des Aiguilles de Bavella.
A 16 heures, le propriétaire du Gîte de Travu vient nous chercher sur le parking du SuperU en face de la Base aérienne.
Notre nouveau gîte (affilié aux Gîtes de France) fait partie d’un ensemble de cinq maisons. Chacune a une terrasse avec une belle table à l’ombre d’un auvent et une petite piscine bleue isolée par des ganivelles avec un salon de jardin confortable : canapé et fauteuils rembourrés. Un gros buisson de bougainvillées, une suspension de surfinias assorti égaient l’ensemble. Derrière un petit muret en galets : des buissons, hortensias, géraniums. Les arbres : chênes et arbousiers ont été élagués pour dégager la piscine.
A l’intérieur du gîte : une belle pièce à vivre : bloc cuisine moderne, séparé du salon par un genre de bar et des sièges hauts. Télévision é grand écran plat. Wifi : le code est à scanner sur un QR code. Deux chambres, une belle salle de bain. Tout est parfait. Notre hôte nous apporte une imposante rallonge enroulée pour recharger commodément la voiture.
La surprise c’est la « piscine olympique » juste derrière le gîte coule une rivière très large dans laquelle nous serions seuls à pouvoir nous baigner. mais l’accès est un peu acrobatique une main courante permet de s’assurer.
Nous serons bien !
Sauf qu’avant de dormir je vais vérifier la recharge électrique de la FIAT. Et bien non ! Un message d’erreur s’affiche « vérifier le chargement ! ». Qu’est-ce qui bogue ? pas la prise (je teste avec le chargeur du téléphone. Peut-être la rallonge (25 m sur enrouleur) . je teste une autre prise. Coup de chance : le câble de la voiture est assez long en passant par la fenêtre. Cela charge !
J’ai trouvé le dépliant du Chemin du Patrimoine de Monacia d’Aullene à la Maison du site . Visorando propose aussi cette randonnée facile (mais dans un autre sens). 2heures selon le dépliant, 1h30 selon Visorando. Dénivelé raisonnable (40 m – 110 m) mais on monte et descend tout le temps. Fléché avec des flèches de ferraille puis balisage jaune.
Il y a un très grand parking en terre battue au centre du village (poubelles).
Le sentier part d’un square équipé de trois bancs à l’ombre. Prendre en face la rue devant la boucherie.
Je demande mon chemin au Tabac-café-épicerie. Une dame se propose de me conduire. Sa maison se trouve juste à la sortie du village sur le parcours, là où le sentier descend dans la campagne. Elle me montre une ruine dans le maquis ; Il faudra passer par là, ensuite on trouve les orii (rochers avec des taffoni utilisés par les bergers, abris-sous roche)
– « il faudra crapahuter, cela monte beaucoup » dit-elle.
– « j’ai mon bâton ! »
Effectivement sans le bâton ce serait difficile. Le sentier descend tout raide vers le ruisseau qu’il longe. C’est une fraîche promenade malgré la chaleur annoncée. Une passerelle enjambe le ruisseau. Le chemin est encadré par deux murettes de pierres sèches. C’est un ancien chemin rural. La colline, actuellement couverte de maquis, arbousiers, pistachiers, bruyères arborescentes et genévriers était autrefois cultivée. Les terrasses ont disparu mais les chemins restent praticables.
La montée est bien escarpée avec de gros blocs en guise de marches. En haut, au choix, à gauche suite du circuit, à droite orii avec deux flèches signifiant un aller/retour. Comme ce sont les orii qui m’intéressent je prends à droite. Je ne les trouve pas, peut être suis-je passée à côté sans les voir. Je persiste, le sentier redescend à un ruisseau avec un gué aménagé : une digue de pierre. Je consulte Visorando, le point bleu (ma position) se trouve bien sur le circuit. Le balisage jaune confirme. Donc je continue sans avoir vu les orii. En revanche je vois le moulin ruiné. Le chemin remonte au village. J’ai bien marché 4 km mais seulement 1h15 et j’ai raté les orii. C’est quand même une belle promenade.
Pendant ce temps, Dominique, installée sur la placette s’est régalée avec une saynète de la vie villageoise : un déménagement. Tous les hommes valides sont venus prêter la main tandis que les vieux et les vieilles commentent. Quand j’arrive Dominique regrette d’abandonner son théâtre rural.
Nous retournons déjeuner à La Tonnara, ma plage préférée. Avant le déjeuner un aller-retour à la ange jusqu’à la bouée jaune au bout de la plage. Déjeuner moules et une « assiette de fruits de mer », en fait une coupe en bois d’olivier remplie de glaçons. Et sur la glace, des bulots, des gambas, et un tataki de thon cru. Impressionnant ! Sauf que la glace fond et goutte sur mes genoux.