Nous sommes retournées voir le village de Sari que j’avais raté dimanche. La première chose qui me saute aux yeux : « Piste de Cannella 14 km » Si j’avais lu la pancarte je ne me serais pas lancée dans ce que je croyais être un circuit. Si Dominique avait lu le panneau elle aurait su où aller me chercher.
Sari, petit village perché est charmant, un peu endormi avec des maisons fleuries, une petite église, une mairie avec des panneaux électoraux pour les élection territoriales – avantage Simeoni. Saria installé des belvédères avec des tables d’orientation. Pazr temps clair on devrait voir les îles toscanes, Elbe, Montecristo, Giglio. Aujourd’hui l’horizon est embrumé et on ne voit rien. Côté montagne, les sommets sont cachés par les nuages. Pour voir les fontaines et les fours à chaux, il faudrait faire une grande boucle à pied. Je découvre seulement le petit four à pain (pizza ?) de Togna et ses accessoires tout neufs, il parait en fonction.
Baignade à la Plage de Tarco, parking facile, eau tranquille. Nous réservons une table au restaurant La Taverne pour vendredi, le dernier jour des vacances. Situé en bord de plage, Dominique pourra m’attendre quand j’irai me baigner.
Anse de Tarco
Pique-nique au bord du Lac Palu : l’accès du parking à Vix est difficile à repérer. On roule vite sur la T10 et on dépasse. Demi-tour mais quand on vient du nord (Bastia) il faut couper la route, nouveau demi-tour pour venir du sud et tourner à droite. Le parking est assez grand. On y trouve le sentier de promenade. Une piste nous tente malgré l’interdiction. A la cabane du pêcheur, il n’y a personne. Elle est décorée avec des trophées de chasse, tête de sanglier, de biche, une hélice de bateau, des figurines ; sous l’auvent une demi-douzaine de chats. Dans un enclos un chien de chasse. Et bien sûr, au bord de l’eau : des filets, nasses, une balance, des barques….Sur la lac nagent deux groupes de canards. Un héron est perché sur un piquet. Pas l’ombre des flamands roses que nous sommes venues voir.
lac Palu
Nous profitons de l’absence du pêcheur pour déjeuner : taboulé et anchois. Les chats, alléchés, font le siège de la voiture. Certains sont efflanqués, sales et pelés mais le chef est gros, le poil brillant. Chat dominant, il n’a peur de rien, il monte dans la voiture et je dois le chasser avec des Pchitt et des Pfuit, qui ne l’impressionne pas ; je sens ses griffes à travers le tissu de ma robe. Quand nous les laisserons finir le taboulé, le chef des chats se servira en premier et laissera aux autres des miettes.
Calzarellu
Calzarella
La plage se prépare pour l’ouverture de la saison estivale. A l’arrière de la Tour on a livré des sièges neufs en pseudo-rotin gris, des frigos et un congélateur. Sur la place un caisson « poste de secours de la commune de Prunelli di Fium’Orbo ». mais on n’a pas encore inscrit la température de l’eau ni celle de l’air, ni hissé le pavillon. En revanche, les horaires des cours d’aquagym sont affichés. On a déroulé un tapis jusqu’au bord de l’eau. L’assistance est très clairsemée. Ambiance amicale : tout le monde se salue. Nous reviendrons.
En arrivant du sud sur la T10, le site et le musée se trouvent à l’entrée de la ville; la Via Romana (goudronnée, pas de dalles antiques) mène à un vaste parking puis à un petit village composé de hautes maisons anciennes. Le fort de Matra (fin 15ème ) construit par les Génois fait face à la petite église Saint Marcel. Le site ouvre à 10 h. Arrivées en avance nous photographions les maisons. L’une d’elle présente un curieux alignement de bouteilles d’eau le long de la façade. Un guide conférencier expliquera cette bizarrerie : c’est censé empêcher les chiens de pisser contre le mur.
Une grosse tête de métal Persée est posée devant le musée, c’est une exposition du sculpteur Charbonnel . Dans le site je découvrirai ensuite Persée tenant la tête de Méduse et un Guerrier avec son bouclier. C’est une exposition temporaire. Les statues mythologiques sont « chez elles » dans le site antique.
Aleria : le veilleur de Charbonnel
En introduction à la visite, de grands panneaux très détaillés sont plantés à la sortie du parking. Ils racontent l’histoire d’Alaia – la ville antique.
Alaia ouAlalia était un port. Le rivage était alors 2 km du rivage actuel, à l’embouchure du Tavignano. La ville antique dominait la plaine sur une butte haute de 30 m (l’acropole). La Corse ses trouvait au centre des échanges commerciaux en Méditerranée, animé par l’approvisionnement en métaux. Dès le début du 1ier millénaire on a mis en évidence des échanges entre la Sardaigne et Chypre (cuivre). Les Phéniciens étaient les maitres du sud de la Méditerranée. La Corse orientale était dans la zone d’influence des Etrusques. Les noms retrouvés dans la nécropole de Casabianda sont majoritairement étrusques mais également grecs.
L’arrivée des Phocéens en 545 av. JC bouleverse ces échanges d’autant plus que les Grecs pratiquent la piraterie. Phéniciens et Etrusque se coalisent contre les Grecs. La bataile d’Alalia fur une bataille n avale ayant mobilisé 14.000 hommes et 180 galères. Les Phocéens d’Alalia furent défaits, les cités étrusques renforcées, mais les Massaliotes (phocéens de Marseille alliés aux Phocéens d’Alalia) se considérant vainqueurs firent offrande à Delphes du Trésor de Marseille. Après la bataille d’Alalia, les grecs s’installèrent à Reggio de Calabre. Les échanges furent renforcés avec Populonia, Vetulonnia, Tarquinia ;
– 480av. JC à la bataille d’Himera, près de Syracuse, Carthage subit une lourde défaite avec ses alliés corses sardes et ligures. Il sen suit une domination de Syracuse.
-259 av. JC établissement à Aléria d’une colonie romaine pendant les Guerres Puniques
81 av JC Sylla transforme Alaia en colonie de citoyens romains
24 av JC Octave y installe des vétérans. Après l’empire, Auguste y installa des vétérans et il désigne Alaia comme la capitale de la province Corse- Sardaigne. Lire le Pdf du Cndp ICI
La Corse se romanise, exporte le blé de la plaine orientale, développe l’ostréiculture dans les Etangs de Diane. Par ailleurs la flotte de Misène était stationnée dans les étangs de Diane.
le Musée
Le fort
La domination romaine dure 500 ans. Le musée expose exclusivement des vestiges romains. La présentation du Musée est très agréable, les vitrines, modernes bien éclairées et accompagnées d’abondantes explications. Il faudrait passer des heures si on voulait tout lire.
Le fil conducteur est la Romanisation : les Romains s’imposèrent par la force et la persuasion : la force avec la flotte de Misène, la conscription ; la persuasion avec la citoyenneté romaine attribuée aux Corses en récompense de services rendus. Le diplôme de citoyenneté est exposé : gravé sur une plaque de cuivre, il est encore parfaitement lisible.
Jupiter Hamon
Spectaculaire : la statue de la tête de Jupiter-Hamon aux cornes de bélier enroulées comme celles du dieu égyptien. Jupiter-Hamon était le dieu oraculaire de Siwa.
poidsd à accrocher à une balance romaine
La salle suivante est consacrée aux transports maritimes : l’huile, le garum dans des amphores présentées ici. On voit également des lingots d’étain. Le plus bel objet est un poids à figure humaine accroché à une balance romaine.
pendentif en cuivre émaillé
La vie quotidienne des Alerini est illustrée avec de la vaisselle, des meules portatives ou massives, des objets de toilette : épingles, aiguilles d’os ou de métal. J’ai adoré une toute petite quenouille en os et un beau pendentif en cuivre émaillé. Dives jeux, de dé, marelle….
La visite du Site archéologique est un enchantement. Une brise légère souffle au sommet de la colline. Alors que les sites archéologiques sont souvent des fournaises sous le soleil le site d’Aleria est arboré. Une belle allée sous des acacias et mûriers conduit à la ville antique gardée par le Veilleur géant de Charbonnel. Le forum est bordé latéralement par des colonnes (base des colonnes en briques). Un temple de « Rome ou de César »fait face au Capitole dont les fondations montrent un bâtiment d’importance. Sur le côté, une citerne et une statue équestre (disparue), plus loin, les bains publics et une grande maison possédant également des bains.
Le site ne présente pas toute la ville. On ne voit ni théâtre ou amphithéâtre. De la ville antique on voit l’Etang de Diane briller. Déjà du temps des Romains, on élevait des huitres ; les Romains en étaient friands. Elles étaient expédiées dans l‘Empire romain dans des bourriches avec de la neige pour les conserver. Des huitres corses avec de la neige albanaise expédiées à Lyon…mondialisation antique ? Les moules et autres coquillages étaient conservés dans du vinaigre. Chaque visite à un site romain apporte son lot de surprises.
Aleria moderne
Petit tour dans la ville moderne qui est un gros bourg commerçant avec banques, administrations sans autre intérêt touristique que quelques hôtels et restaurants au bord de la T10.
Ça va être compliqué de te décrire cet endroit sans tomber dans la carte postale. Parce que ça y ressemble furieusement. L’eau émeraude qui décide de virer au turquoise en lechant la bande blanche du sable. Et juste au-dessus le maquis, qui semble vouloir reprendre ses droits, histoire de ceinturer la frivolité de la plage de sa chênaie impénétrable. C est vertigineux de beauté
Merci à Matatoune de m’avoir signalé ce livre qui tombe à point à notre retour de Corse. C’est donc avec grand plaisir que je prolonge nos vacances dans le parfum merveilleux de l’Immortelle de Corse (regrettant de ne pas avoir cueilli. un bouquet odorant). Policier se déroulant au-dessus de Propriano dans un village de l’Alta Rocca, au mois de janvier quand les Corses se retrouvent entre eux. Letizia, journaliste à FR3 est retrouvée assassinée, carbonisée dans le coffre de sa voiture. Jo Santucci, son oncle, commandant de police, ne peut se charger de l’enquête ; soupçonnant une affaire délicate fait appel à son ancienne compagne, Ghjulia Boccanera, détective à Nice,de mener des recherches discrète. C’est bien connu, les Corses sont peu bavards avec les policiers. En revanche, Ghjulia – Diou – fait partie de la famille, son patronyme Boccanera, va mettre en confiance et lui permettre de recueillir des confidences.
Putain de nature! Elle s’ingeniea te faire mettre à terre par tous les moyens à sa disposition. Les pierres qui se dérobent sous tes pieds, les branches qui te giflent à la volée malgré les précautions du flic qui te précède, les lianes qui s’accrochent à tes chevilles. Je savais déjà que c’était pas mon truc, pas besoin de m’agresser pour me le prouver..
Letizia, présentatrice du journal télévisé, tenait aussi un blog dévoilant des affaires délicates. Diou espère y trouver des pistes conduisant au meurtrier de Letizia. Incendies du maquis, trafic de drogues, detournement de subventions européennes, projets immobiliers : les mobiles d’assassinat ne manquent pas. Elle gagne aussi la confiance d’un habitué du café, octogénaire ancien maire, lettré qui récite des poèmes et qui sera mon personnage préféré du roman. Par son intermédiaire, elle rencontrera un élagueur qui lui parlera d’oliviers, de la bactérie venue des Pouilles, mais aussi de vol d’oliviers centenaires vendus fort cher aux promoteurs immobiliers. Elle rencontrera un berger et le lecteur en apprendra sur le fromage, l’écobuage et les pratiques incendiaires….
Les oliviers, eux, ont la puissance e me transporter n’importe où sur les bords de la Méditerranée. A Oran, en Palestine ou en Crête, je me sentirais chez moi sous cet arbre. Installée sous sa ramure, rien ne t’empêche de voir la proue d’un bateau grec en toute pour Nikaia, une bergère de Bejaia qui ne bouge pas, le cœur fixe sur Majnoun et Leila. Ou Salvo Montalbano qui nage une dernière fois vers la plage de Vigata.
Nous la suivrons sur ces chemins montagneux, pentus et périlleux.La résolution de son enquête prend un tour surprenant. Rebondissements. Mais je ne vais pas spoiler.A lire donc sur place, ou pour rêver de l’Île de Beauté.
Samedi, le jour de notre arrivée, sur une branche sèche du laurier rose de la terrasse, un oiseau gris, très fin semble m’observer. Il garde ses distances mais il me fixe. Qu’attend-il ? Peut-être des miettes ? Dès que je disparais, il volète sous l’auvent. Il semble familier et ne quitte pas son perchoir.
Le lendemain matin, je lui laisse les miettes de pain sous son perchoir.
Le soir, je me rends compte qu’ils sont deux et surtout qu’ils ont toujours quelque chose dans le bec, ver ou insecte. Le pain est intact, cela ne les tente pas. Je surveille leurs aller et venues et découvre leur nid à un angle des montants métalliques où est accroché l’auvent de toile. C’est un nid sommaire, quelques brindilles, quelques plumes, très discret. Ce n’est pas moi qu’ils surveillent mais le nid. De plus je les dérange. Méfiants, pour protéger leur nid, ils ne volent jamais directement mais font des détours, marquant l’arrêt sur une cordelette qui se balance.
Ce qui m’étonne c’est que les petits soient si silencieux. D’habitude, je détecte un nid aux piaillements des oisillons qui accueillent le retour des parents. Peut être le nid est vide ? peut-être les petits se sont déjà envolés ? peut être sont ils morts et les parents s’obstinent à leur apporter à manger ?
J’ai mis au moins trois jours à découvrir les oisillons qui sont deux ou trois ; bien silencieux, ils ouvrent frénétiquement le bec ? leur perchoir offre un bon poste de guêt ; les parents ne les quittent que quand la voie est libre.
Ce soir j’assiste à une scène amusante. Sur le mur, un lézard se chauffe. L’oiseau a piqué du bec sur le lézard qui décampe, mais l’oiseau le poursuit le déloge de la jardinière où il s’est réfugié.
J’aimerais bien savoir de quelle espèce est cet oiseau.
Notre propriétaire dit que c’est un moineau. Beaucoup trop fin pour un moineau ! L’agriculteur s’amuse de moi, « c’est un moineau corse, il sont plus minces que ceux du continent ».
Heureusement il y a Internet ! je cherche les oiseaux gris et tombe sur une photo qui correspond : celle du Gobemouche gris (Muscicapa striata) Tout semble correspondre, le régime alimentaire, le nid dans les anfractuosités, la période de nidification. Je regrette de n’avoir pas fait une meilleure photo pour l’identifier à coup sûr !
L’hôtesse de l’Office de Tourisme de Solenzara a suggéré une excursion originale au Monastère de Bethleem Assunta Gloriosa perché dans les montagnes au-dessus de Solenzara. Selon elle, la vue sur les Aiguilles de Bavella serait sublime. La messe à 11 heures. On n’est pas forcé d’entendre la messe à l’intérieur de l’église. Il suffit d’écouter els chants des sœurs en regardant les Aiguilles. J’avais imaginé dessiner.
Malheureusement, la visibilité est mauvaise, le ciel chargé de nuages. Corse-matin annonce même une très mauvaise qualité de l’air à cause des poussières du Sahara aspirées par la masse d’air chaud.
Sari : le monastère de Betléem
Nous arrivons un quart d’heure avant le début de la messe. D’une demi-douzaine de voitures sortent des vieilles dames très élégantes ; des amies qui se retrouvent, quelques messieurs. Je prends des photos du groupe. Ils sont ravis de pouvoir être tous ensemble sur la photo et me remercient beaucoup. Sonnerie des cloches. Je filme les Aiguilles un peu grises sur ciel gris. Déception, je ne peux pas m’asseoir. Si je suis assise, une haie de thuyas cache le paysage. Les chants sont beaux mais ne suffisent pas à me captiver tout le long de l’office. En revanche, je brûle de me promener dans la montagne. Sur le plan de l’Office de Tourisme cela parait facile : la piste ferait une boucle. Au lieu de rentrer par le même chemin qu’à l’aller je pourrais boucler le circuit. Je me renseigne auprès des automobilistes : en voiture il faut faire demi-tour et reprendre le chemin de l’aller, ce n’est pas sûr que la piste soit carrossable. Les piétons, en revanche me confortent dans mon projet. La piste est facile, les grosses chaussures sont inutiles, mes sandales suffisent. Ce n’est pas très long, à peu près 2 kilomètres.
Et me voilà partie, sans carte, juste avec mon téléphone. Nous nous donnons rendez-vous au parking dans une grosse demi-heure. Le circuit est balisé avec des traits jaunes. Le début de la balade est magnifique. Les Aiguilles sont bien visibles. Je marche sur une piste sableuse bien large, bien tracée en toute confiance. Ici, les cistes fleurissent jaune. Les pins embaument sous la chaleur. A un réservoir, une flèche indique le Monte Santu. Deux vieux randonneurs regardent avec commisération mes sandales : « N’y allez pas, vous n’êtes pas bien chaussée ! » J’en conviens, je n’ai aucune envie de gravir un sommet. D’ailleurs, les marques jaunes continuent à baliser la bonne piste. A une fourchette, aucun panneau indicateur. Le feu a noirci les troncs, je ne vois plus de marques jaunes mais ne m’en préoccupe pas plus que cela. La piste de droite est mal tracée, je reste sur celle qui est carrossable. Au bout de quelques temps il n’y a plus de troncs noircis, mais pas de traits jaunes non plus. La piste est très bien entretenue, des parapets de ciment surmontent les ruisseaux, des caniveaux cimentés canalisent le ruissellement. Je me réjouis que la piste descend (c’est plus facile). Elle fait de grandes boucles, je ne m’inquiète toujours pas : il faut bien contourner la montagne. Là où je commence à me poser des questions c’est quand la végétation change : disparition des pins remplacés par les myrtes, les chênes verts et chênes-liège. Le téléphone fonctionne par intermittence, pareil pour Internet. De temps en temps j’arrive à contacter Dominique pour la rassurer « la piste est bonne, elle doit bien et j’en bois Googlemaps ne connait pas ma piste mais le point bleu se rapproche de la mer près de Cannella, ce qui est cohérent avec les observations de la végétation. Avant d’arriver à la mer, forcément je vais rencontrer la T10. Mais quand ?
Je marche depuis 2h40 quand je vois des maisons. Et quelle maison ! Un beau restaurant en contrebas de la T10. Ce sera très facile à Dominique de me retrouver à condition que j’arrive à la joindre. Pas de réseau, ni téléphone ni Internet. Heureusement le restaurant : La Canedda a un téléphone fixe ! je commande un litre d’eau gazeuse corse Orezza et j’en bois les ¾ en attendant Dominique. La mésaventure lui a coupé l’appétit.
Puisque nous sommes au sud de Solenzara nous retournons à la plage de l’anse de Tarco où la baignade d’hier était si agréable. A 15h la plage est vide, on peut se garer le long du trottoir. Je renouvelle la traverse de l’anse aller/retour.
Quand nous rentrons au Gite l’averse commence. Brève. Purgera-t-elle l’air de sa pollution ?
Nous quittons sans trop de regrets le studio-bateau si peu confortable pour Dominique avec ses marches hautes et la salle de bain exiguë. J’avais pris mes habitudes de baignades mais il est temps d’élargir notre horizon.
Le 3ème gite se trouve sur la T10 à une quinzaine de kilomètres au nord de Solenzara. Le voyage n’est pas long : 61 km.
Première étape-baignade dans l’anse de Tarco, jolie plage de sable, eau claire et tranquille quoiqu’étonnamment fraîche.
Solenzara : visite à l’Office de Tourisme. La jeune femme est charmante mais l’arrière-pays de Solenzara c’est l’Alta Rocca que nous avons visité à partir de Porto Vecchio.
Notre gîte a pour adresse Prunelli di Fium’orbo qui est un village situé dans la montagne. Pourtant le descriptif annonce 2 km de distance à la mer. Nous sommes donc impatiente de le trouver. Comme il est seulement midi nous allons faire des courses au Casino voisin. En face, au rond-point, une petite route mène à la mer à la plage de Calzarellu.
la route de Calzarellu
La route court sous des eucalyptus géants qui forment une voûte parfumée. Le parking de la plage est aussi planté d’eucalyptus, il est situé au débouché d’un fleuve le Fium’orbo qui a donné son nom à la région et d’une longue plage de sable blanc qui s’étire sauvage sur des kilomètres.
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Notre logeur nous a donné rendez-vous au rond-point, pourtant le gîte est facile à trouver le long de la T10 à Casamozza bien indiqué par une pancarte verte et le logo des Gites de France. Trois gîtes sont alignés sur une très grande pelouse plantée de beaux mûriers, quelques oliviers et un pêcher qui porte de belles pêches mûres. De gros buissons de lauriers roses pour la couleur. Des ipomées poussent sur les lauriers roses mêlant leur corolles violettes aux bouquets roses. Trois gîtes alignés mais bien séparés. Sur notre terrasse une belle table 6 chaises noir sous un auvent pour le soleil et même la pluie. A l’intérieur, il fait très frais (volets fermés). La pièce à vivre est une très grande salle avec une cuisine américaine. Absolument tout le confort, une télévision XXL, un canapé confortable, tous les ustensiles de cuisine, une très grande salle d’eau avec une machine à laver le linge. Après la « cabine de bateau » nous nous sentons au large !
laurier rose et ipomée
Le propriétaire est très sympathique. Agriculteur, il cultive du fourrage « Ici, il y a de l’eau ! ». nous sommes dans les marais. Ses parents avaient des arbres fruitiers, pêchers et abricotiers. Il n’explique pas pourquoi il préfère le foin. Nous bavardons.
Les élections ? Avec les enterrements, ce sont les grands évènements du village. Folklore corse dont il s’amuse, nous n’approfondirons pas la question. « De toutes les façons Simeoni gagnera », prédit-il.
Covid? Il est furieux contre les autorités de Porto Vecchio et de Bonifacio qui ont fait venir les touristes l’an passé. « Avec la vaccination et le Pass sanitaire, c’est plus rassurant ». L’île est dramatiquement sous-équipée en hôpitaux, affirme-t-il.
Le tourisme de masse ? « A Porto Vecchio, ils veulent faire le plus d’argent possible en trois mois. Ici, la vie est encore agricole, les rapports humains possible, la vie locale… »
Je me suis attardée à raconter les baignades, j’ai omis de parler du sentier qui descend de la Résidence Castell’Verde à la plage Santa Giulia. 26 marches derrière le restaurant, puis un ruban de ciment rose passe au milieu d’une pelouse très verte (arrosée) plantée de jeunes oliviers. Ce vert vif me choque un peu en pays méditerranéen. Après tout, nous faisons pareil au kibboutz et j’étais très fière de ces pelouses ! Le sentier devient ensuite sableux le long d’une rangée d’eucalyptus, de mimosas fleuris et de lentisques. C’est un véritable plaisir de sentir le parfum suave du chèvrefeuille qui grimpe sur les arbres et buissons ; les senteurs du mimosa dominant les fragrances du romarin, eléanus, menthe, distillés par la chaleur. Finalement les parkings poussiéreux et arides sont égayés par des buissons de lauriers roses ; Dix minutes de marche, un véritable bonheur avec la promesse d’ une baignade agréable.
Je n’ai pas encore le réflexe de chercher des balades sur mon smartphone. Après la déception de ne pas avoir trouvé le départ de la randonnée à Saint-Jean Baptiste à Poggio hier j’ai consulté l’appli Visorando espérant l’y trouver. Nenni !
Rondinara
En revanche j’y trouve la rando d’avant-hier au Castellu d’Arragio (130 m dénivelé, 40 minutes) . Visorando propose tout près d’ici Punta di Rondinara 2.8 km, 55 minutes, facile à 15 km de Castell’Verde. Cette application est vraiment intéressante : descriptif précis, carte bien sûr. Je n’vais pas encore expérimenté la fonction « départ » qui guide jusqu’au départ de la randonnée ? (Si nous avions eu cela hier !) Chercher le point de départ est souvent un véritable casse-tête. Autre possibilité : tracer sa trace sur l’écran permet de suivre au mètre près l’itinéraire et garder un souvenir. Dès que la trace s’écarte de l’itinéraire prévu je sais que je me suis trompée.
Nous quittons la résidence vers 8 heures : l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! la petite route qui conduit à Rondinara serpente au flanc de la colline dans un maquis plutôt ras de cistes roussis, lentisques et genets, elle offre un très beau panorama sur la baie toute ronde comme son nom l’indique. Anse bordée par deux petites presqu’îles pointues et par de beaux rochers. Paysage presque vierge. Les campings et résidences sont bien cachés, haut dans la colline, invisibles. Pour profiter du paysage je descends à pied. A quelques centaines de mètres se trouve la plage bordée de pins. Je n’avais pas calculé qu’il me faudrait faire le tour de la lagune.
Occasion d’une belle rencontre : 4 grosses tortues d ‘eau douce – cistudes probablement – se prélassent sur une grosse pierre ; elles s’enfuient à mon approche. Le vaste parking est installé en hauteur pas trop proche de la plage. En saison 5€/jour mais la saison n’a pas commencé ici.
Sur le chemin de la plage un gros container compacte les ordures. Installation assez étrange qui dispense sans doute la benne de passer souvent. Je m’interroge sur la pertinence du système qui ne favorise pas le tri ni la diminution des déchets. Il semble que la Corse ait un problème avec les ordures (comme Malte, Djerba et les îles touristiques qui doivent gérer de gros volumes sur des espaces réduits).
La promenade commence au Restaurant Chez Ange qui a plusieurs terrasses au-dessus des lits de plage et autres installation (location de kayaks, paddles). Le menu est alléchant et les prix raisonnables (pour la région, à Santa Giulia ils sont astronomiques). Il faut d’abord marcher sur la plage (côté sud) et trouver la piste près des rochers. La piste est parfumé par les Immortelles de Corse (Helichrysum) et la menthe très abondante d’une espèce que je ne connaissais pas Mentha puligium (menthe pouliot) qui a des petites touffes bleues superposées. La piste conduit à une crique bordée de rochers orange. Je regarde passer u n catamaran qui hisse sa voile sous mes yeux. Le sentier s’engage dans des broussailles épineuses. Je dois faire attention à la trace sur mon écran et aux traces de mes prédécesseurs pour ne pas m’égarer dans les buissons(lentisques, chênes-verts très piquants sans parler des épines… A mesure que je monte, je remarque les cairns bien utiles. Au sommet la vue est à 360° sur la baie de Rondinara et sur la mer ouverte.
La plage et le parking se sont bien remplis. Selon Dominique l’affluence commence à 10 heures. Je ne peux pas quitter cette belle plage, sable blanc et vaguelettes d’eau cristalline, sans me baigner.
Nous avons le temps de retourner aux deux petites plages que nous avons découvertes lundi sur la Pointe de Capicciola (sortir de la T10 par la D60 puis ne pas se tromper, prendre la direction Sant’ Amanza. Après la marina continuer jusqu’a un petit parking : une belle vue, un vent frais : parfait pour pique-niquer ! Pour nager j’ai choisi la deuxième plage. C’est là que se retrouvent les véliplanchistes : 5 camionettes ou camping-cars aménagés venant de Suisse d’Italie ou du continent. Comme il est 13h30, les planches sont affalées sur la banquette des posidonies et j’ai la plage pour moi seule.
Nous rentrons tôt après cette belle journée de baignades.
Santa Lucia di Talllano vue du couvent franciscain
6h30, bain matinal. 4 dames font du longe-côte. Il y a quelques vagues ce matin. On a « construit » avec des flotteurs jaunes une « piscine » rectangulaire. D’habitude, j’aime nager le plus loin possible parallèlement à la côte. Avec les vagues et la « fermeture » de la plage, (sans aucun avis la confirmant) je ne veux pas cumuler les transgressions et reste dans la piscine.
Saint-Lucie-de-Tallano est située à 8.5 km de Levie. la D59 est un peu plus fréquentée que dimanche dernier mais toujours dans un paysage sauvage, des forêts magnifiques. J’admire les chênes-liège, les pins mésogéens très hauts. Le GPS est aussi altimètre, j’essaie de déterminer la limite des chênes et des pins. Ce n’est pas net, n’est pas Humboldt qui veut ! Même exercice avec les châtaigniers qui poussent plutôt vers l’intérieur tandis que les chênes-liège se trouvent près du littoral. Les châtaigniers sont en fleurs, forte de feu d’artifice végétal, jaune pâle. Les châtaigniers sont aussi ceux dont les branches desséchées dépassent des cimes vertes. Souffrent-ils de la sècheresse ou sont-ils malades ?
le couvent saint François
A l’entrée de Sainte-Lucie-de-Tallano, au-dessus du parking, une grande église se trouve près d’un haut bâtiment. C’est le Couvent Saint François . Bâti à l’écart du village, il est précédé par une terrasse en balcon plantée de mûriers, fraîche et ombragée avec un point de vue sur le village et les montagnes environnantes qui sont dominées par le Monte San Petru (1400 m). Le couvent a été construit en 1492 sur l’emplacement d’une maison-forte par Rinucciu della Rocca qui fut d’bord un partisan des Génois puis leur ennemi. Le 6 vendémiaire de l’an XII, bien national il abrita un bataillon d’infanterie.
Il fait frais dans la montagne, le vent souffle sous les mûriers. Pas facile de prendre en photo la grande église, très sobre ni les arcades du cloître, je filme quand je n’arrive pas à trouver le cadrage satisfaisant.
Sur la place du village, d’un côté l’église et un magasin de souvenirs qui vend des bracelets avec « l’œil de Sainte Lucie » qui est l’opercule d’un mollusque (Astrée rugueuse ou Bolma rugosa) .
Maison forte
En face le Monuments aux morts de la Grande Guerre qui est signalé à cause du socle en diorite orbiculaire, roche volcanique locale très décorative, noir polie criblée de disques rayonnés blancs en cercles concentriques. Ces monuments sont toujours pour moi un sujet de stupeur avec de si longues liste pour de si petits villages.
Pressoir è huile
Pour terminer le tour de la place, un café (clients locaux), un restaurant et au fond une pizzeria avec une terrasse-jardin. Nous choisissons le Santa2 Lucia qui a une grande terrasse ouverte surplombant la place (covid oblige) et je file au Moulin à Huile, au bout du village qui ferme à 12h précises. Entrée 2€ visite guidée des presses, des jarres et du mécanisme entraîné par la roue à aube (mais il n’y a plus d’eau). Dans la pièce voisine une cheminée garde une température assez douce pour que l’huile ne fige pas. Il y a aussi une chaudière pour la seconde pression à chaud qui donnera de l’huile d’éclairage ou pour le savon de Marseille. Aujourd’hui, on n’utilise plus ce pressoir antique (qui n’est plus aux normes mais qui pourrait fonctionner) on porte les olives à un pressoir moderne.
jarre à huile
La carte du Santa Lucia est variée. Elle propose des assiettes de charcuterie (comme partout en Corse, des salades, des pâtes et des plats consistants comme du sanglier. Je choisi des tripettes de veau servies dans une sauce rouge parfumée avec une grosse pomme de terre fondante. Bien servi, je renonce aux desserts à a châtaignes bien alléchants.
Santa Lucia di Tallano rue du village
La visite suivante : saint Jean Baptiste à côté du hameau de Poggio était le but d’une promenade d’une heure sur » un sentier frais avec passage d’un gué » vanté par le guide vert. Nous n’avons jamais trouvé le départ et ce n’est pas faute d’avoir cherché ! pourtant tous les gens nous ont dit qu’il y avait un panneau. Après avoir tourné, retourné, je renonce à la promenade et nous arrivons beaucoup trop tôt à Sotta où un concert de polyphonies corse se donnait à 19h. Nous aurions dû attendre 2h30 !
Plage fermée pour cause de pollution -hydrocarbures, je ne descends pas, frustrée. Nous avions prévu de retourner à la pointe de Capicciola. Il faudra improviser autre chose.
Nous irons visiter Porto Vecchio !
le port fut autrefois un port de commerce actif avec l’embarquement du liège. La fabrique de liège, en face du port, est fermée; son bâtiment utilisé pour des activités culturelles. La port est maintenant une marina de plaisance. Nous cherchons les salines, j’aime bien me promener dans les maris salants mais nous les cherchons au nord alors que nous les avons dépassés à l’entrée de la ville.
Dominique gare la voiture sur une rampe qui monte à la ville haute à l’ombre de très grands oliviers. Je suis vite déçue dans mon exploration de Porto Vecchio. La vieille ville se résume à deux rues et les ruelles adjacentes remplies de tables de restaurants. Les rues commerçantes sont sans intérêt sauf peut être les deux boutiques des couteliers. Lame finement ouvragée, manche en corne de mouflon ou de bélier et prix à trois chiffres, certains atteignent 300 €. J’ai très envie d’un couteau, compagnon des pique-niques de la randonneuse. Je m’attache à cet objet familier mais ils finissent toujours par disparaître. Qu’est devenu mon couteau de scout à 8 lames ? et le laguiole acheté à Orcival pour mes 50 ans avec son manche en bois de rose, et le petit noir trouvé au marché aux puces de Sofia ? J’hésite à dépenser une grosse somme pour un objet que je vais égarer.
Accueil étrange à l’église. Juste devant moi, arrive un groupe de garçons excités qui font un jeu de piste et doivent trouver des indices à l’église. Le curé, habillé en curé, et un homme les accueillent « Entrez, entrez dans la Maison du Seigneur ! ». Les gamins se ruent à l’intérieur brandissant leur questionnaire. Le monsieur les arrête « Et le signe de croix, vous ne savez pas le faire ! Il faut du respect ! ». Moi, je ne sais pas le faire ! je n’ai rien à faire ni dans la maison du seigneur, ni dans la petite chapelle des confréries juste en face gardé par le monsieur qui exige le respect.
J’ai enfin trouvé les fortifications et les remparts. On peut entrer dans le Bastion de France et monter sur la terrasse pour un beau point de vue sur le port et les montagnes environnantes. Je découvre les salines que nous cherchions.
Porto Vecchio : bastion de France
J’ai hâte de retrouver Dominique et de quitter cette ville où le port du masque est exigé par voie d’affiches omniprésentes. Tous les passants le portent (et pas sous le menton). Il fait près de 30°, je suffoque.
Casteddu d’Arraghju
Casteddu dr’Arradju
Dans la Sardaigne, toute proche, les hommes du Néolithique construisaient des nuraghi : tours fortifiées. En Corse ce sont des Torres perchées sur des chaos granitiques dominant les alentours ; A Cuccuruzzu et à Capula ils mettaient à profit les tafoni, cavités dans les roches. A Capula où le site a été occupé après la Préhistoire pendant le moyen âge, les vestiges sont moins lisibles.
Au village d’Arraghju, il y a de belles propriétés et des restaurants (dont 1 cher) qui ne voient pas d’un bon œil que les touristes laissent leurs voitures n’importe où. Un vaste parking leur est réservé à l’extérieur du village à près de 500 m du départ du sentier ; « Mais il est très agréable » commente un jeune touriste. De très vieux chênes-lièges donnent une très belle ombre.
Le sentier qui monte au Casteddu se faufile au ras des tables de la Casette. Un écriteau prévient que chacun doit être prudent et que la mairie se décharge des accidents éventuels. Prudents, certes, mais surtout bien chaussé et muni d’une gourde d’eau. Les chaussures de marche sont nécessaires et le bâton de marche n’est pas superflu. Le « sentier » emprunte le lit du ruisseau. Il monte à pic dans les broussailles; les racines des chênes tendent des pièges aux étourdis et des branches pointues viennent m’érafler le genou. Les rochers forment de hautes marches. Pour me hisser je m’accroche aux branches. Pas à celles des bruyères qui n’ont aucune solidité et cassent dans ma main ; ni à celles des cistes qui n’ont pas de consistance, le chêne-liège offre un tronc solide, mes préférés sont les arbousiers et les myrtes qui ne piquent pas. Poser de préférence les pieds sur des pierres bien saines et non pas sur l’arène qui roule, et se méfier des racines. J’envie Manon, 3 ans et Raphael 7 ans lestes et légers que leurs parents hissent d’une main énergique quand la marche est infranchissable. Je me sens lourde et essoufflée mais j’arriverai avant eux. J’appréhende la descente elle sera plus facile que la montée à condition de prendre son temps pour choisir ses appuis et ne pas hésiter à s’assoir sur le bord d’un rocher. Elle prendra la moitié du temps de la montée. (130 m de dénivelée, 1.3 km seulement selon Visorando, 50 minutes).
La Torre se mérite. On est bien récompensé quand on découvre les murailles hautes et épaisses d’une enceinte imprenable qui domine la région avec des loges, pièces construites avec soin.
Pique-nique dans la forêt de l’Ospedale
le lac dans la brume
La recherche d’un coin pique-nique vire au casse-tête. Nous optons pour la montagne et retournons au barrage de l’Ospedale. Pendant le déjeuner des bancs de brume passent tout près. Je sors ensuite mon carnet moleskine et dessine les troncs des pins mésogéens appelés aussi Pins de Corte selon Plantnet et les Cistes de Crète (Plantnet). Je dessine sans me préoccuper du résultat heureuse de ce moment d’observation, de concentration. Dessiner me permet de découvrir des détails que je ne vois pas au premier regard.
A la sortie de Porto Vecchio, la D368 s’élève très vite dans la montagne jusqu’au Col de Punticella (78 m) d’où la vue est très belle sur la Baie de Porto Vecchio. Les lacets deviennent de plus en plus serrés à travers une forêt magnifique : les pins ont succédé aux chênes-verts et aux chêne-liège.
l’Ospedale (850 m) nouvel arrêt pour le panorama. Selon la table d’orientation, on pourrait voir la Sardaigne et les îles italiennes. Elles sont noyées dans la brume.
Les sommets se profilent, je reconnais les Aiguilles de Bavella à leur silhouette, pourtant distantes de 20 km. Pour les autres montagnes il faudrait l’aide d’un guide. La route suit la rive du lac de barrage de l’Ospedale qui brille entre les futs des pins. L’autre rive est déserte et les montagnes sont pelées. Des blocs de granite ont des formes fantastiques. Un rocher semble tenir en équilibre sur la paroi lisse.
lac de barrage dd l’Ospedale
La route continue ses virages dans la forêt de Zonza. A chaque tournant, une nouvelle perspective. Des flèches jaunes signalent les départs de randonnée. Je me réserve la balade de la Cascade pour une prochaine occasion. Ce sera un plaisir de revenir sur cette route aussi splendide que spectaculaire.
Ma silhouette donne l’échelle de ces arbres géants
Zonza est une station touristique d’altitude, bien organisée avec des hôtels, des campings, un office de Tourisme, location de vélos, parcours accrobranche…Nous quittons la D368 pour la D420
Quenza
Quenza
Quenza, joli bourg, met en valeur son patrimoine en apposant de nombreuses plaques commentant l’habitat, l’histoire, la géographie locale. Un sculpteur a organisé dans son pré « un jardin de sculptures » majoritairement en fer forgé en détournant des objets du quotidien (grilles, cornières, piquets) et quelques sculptures de granite. Le granite est très présent dans le village : dés énormes et une belle sitelle.
la sitelle de granite de Quenza
Sur Wikipédia j’ai trouvé que Quenza organisait régulièrement des biennales de la sculpture et particulièrement la taille du granite. On peut aussi voir à Quenza un « château toscan » (récent). Au centre du village la grande église Saint Georges est sévère comme les autres églises de granite de la région. A l’intérieur se trouveraient des panneaux peints mais elle est fermée. Les maisons de granite gris ont souvent un étage et des balcons en fer forgé.
A la sortie du village, à l’écart, la petite chapelle Santa Maria Assunta est surnommé la chapelle de l’an Mil. Aucun décor extérieur, un toit de lauzes sur l’abside en cul-de-four. Elle est ouverte, aussi simple à l’intérieur qu’à l’extérieur sauf l’autel qui porte de nombreuses statuettes et surtout des fresques 15ème.
Serra-di-Scopamena
Le but de l’expédition d ’aujourd’hui est un Chemin du Patrimoine promenade de 50 minutes autour du village. Problème n°1, trouver le départ de la randonnée, problème n°2 : trouver un parking agréable et ombragé pour Dominique qui va m’attendre.
Serra di Scopamène : moulin
La petite place de l’église est plantée de tilleuls, il y a des bancs et une belle vue. Une dame en gris se promène en fumant, elle ne connait pas le sentier, en revanche, le monsieur en rouge, oui. Il indique la piste derrière l’église qui descend dans la forêt de châtaigniers. Pas de balises mais une seule piste conduit au Moulin. Belle maison de pierre avec une roue à aube intacte. Le tout petit filet d’eau qui s’écoule était-il suffisant pour actionner la roue ? Ce moulin fonctionnait sur deux niveaux, au plus bas : pressoir à huile d’olive, au niveau supérieur une meule à grain pour les châtaignes. Après le moulin, je trouve les flèches en ferraille et les cairns. Le circuit m’entraîne dans le haut du village parmi de belles maisons de pierre. Certaines sont grandes avec des escaliers extérieurs, des arches. D’autres sont plus modeste, basses ?
La plus grande porte une plaque triangulaire sculptée au-dessus de la porte, elle est ornée d’un très beau rosier rouge. Le sentier monte dans la châtaigneraie. Les châtaigniers ici sont qualifiés d’ »arbres à pain ». Parmentier les aurait étudiés avant de promouvoir la pomme de terre. Au programme de la visite : des séchoirs à châtaignes. Je les ai loupés (ou pas reconnus) . Peut-être étaient-ce ces maisonnettes qui ont perdu leur toit ? la balade s’achève au lavoir égayé par des fleurs roses qui poussent entre les pierres du mur. ( Valériane rouge (Centranthus ruber) ou valériane des jardins).
Serra di Scopamène : lavoir
A Zonzanous prenons la route de Levie dans la forêt pour visiter le Musée Archéologique de l’Alta Rocca en espérant le trouver ouvert : le site n’est pas mis à jour sur Internet et ils ne répondent pas au téléphone alors qu’on les a appelés trois fois ce matin.
Le Musée s’organise autour de la présentation du territoire et sa géologie, puis un parcours chronologique commence au Mésolithique avec l’arrivée des humains en Corse 8500 av.J.C. pour se terminer avec la mort du seigneur Rinuccio della Rocca en 1511.
La section qui m’a le plus intéressée est celle de la Géologie de la Corse :
Je recopie la chronologie proposée qui me fixe un cadre mais qui ne rend pas compte de toute la complexité de la Géologie de l’île.
a)Formation de la Corse ancienne :
325MA – 280MA (Dévonien-Carbonifère) contemporaine des chaînes hercyniennes (massif de Cagna et de l’Ospedale) Gabbro dioritique de Sainte Lucie
285MA – 130 MA structure annulaire de Bavella
b) formation de la Corse alpine
Au Tertiaire : rotation de la plaque ibérique, le bloc corso-sarde s’éloigne de l’Europe.
Quaternaire : 20.000 la Corse et la Sardaigne forment encore un seul bloc
12.000 le relèvement du niveau de la mer opère la séparation entre la Corse et la Sardaigne.
J’ai beaucoup apprécié les échantillons de roches : Granite, Diorite et surtout Diorite orbiculaire de Sainte Lucie de Talliano ; gabbros (pierres demi-deuil) Rhyolites de l’Ospedale et de Zonza.
Peuplement animal
le Prolagus corse et le sarde sont éteints mais le pika leur ressemble
Holocène : Arrivé de l’homme vers 9000ans av. JC et introduction de nouvelles espèces
Pléistocène : baisse du niveau marin, pont avec l’Italie permet l’introduction de nouvelles espèces
Pliocène : asséchement messinien des espèces africaines s’installent ;
Miocène : séparation du bloc corso-sarde comparé à une « arche de Noé à la dérive »
Des fossiles sont présentés : le Cerf de Caziot megaloceros cazioti provenant de la Grotte de Nonza. C »est une forme naine
La vedette du musée est le Prolagus (lapin-rat) dont on voit le squelette. Ce rongeur fut consommé en Corse pendant 8000 ans et même jusqu’au XVIIIème siècle en Sardaigne. Ces rongeurs étaient consommés en brochette
Une « rencontre » : la Femme de Bonifacio
la femme de Bonifacio
Le squelette de cette femme datée 7000-6500 av. JC est présenté dans la position où elle a été retrouvée. Agée environ de « ( ans, elle était lourdement handicapée et n’aurait pas pu survivre seule. C’est donc la preuve de l’existence de la solidarité du groupe et de l’organisation sociale à l’époque.
18h45, Je descends à la plage de Santa Giulia pour ma baignade du soir alors que les familles sont parties . La baie retrouve sa sérénité. C’est aussi l’heure du bain des chevaux qui tournent comme au manège avec des cavaliers fort dévêtus. Aujourd’hui, il reste encore du monde sur le sable et les terrasses des bars sont pleines. Personne, absolument personne dans l’eau. Une guirlande de flotteurs réduit la baignade à la dimension d’une très grande piscine. Un gros homme se démène et parle dans un talkie-walkie. Je ne remarque que plus tard son écusson tricolore. Il lâche son appareil et crie « La plage est interdite, retournez à vos véhicules ! » – « c’est une blague ? » – « non, cela vient de tomber ! » Un cargo a dégazé sa cuve au niveau de Solenzara et la nappe d’hydrocarbure dérive vers le sud. Depuis deux jours la télévision relaie l’information d’une pollution des plages corses.
Aucune boulette de mazout, aucune trace de pétrole. L’eau est limpide. Non seulement on n’a pas le droit de se baigner, mais on ne peut même pas rester sur le sable et profiter de la douceur du soir. Il a fait plus de 30° à l’intérieur des terres. Près de l’eau, on respire. Et nous voilà à nouveau punis ! Après confinements et couvre-feux, on évacue les plages. Il n’y a que deux policiers municipaux pour toute la plage et tout le monde obtempère. Le covid nous a rendu bien obéissants ! je regarde la plage se vider à regrets et je remets mes tongs (mon véhicule comme l’a dit le gros homme).