Le circuit « pèlerinage à Saint Ferréol » commence juste derrière le gîte au parking du Pont du Diable . Juste après le pont sous l’ancienne voie ferrée, je trouve le Chemin de Vivès qui est un tronçon de la Voie Verte reliant le Boulou à Céret, mais je le quitte rapidement pour monter dans la colline. Les cerisiers sont curieusement taillés en espalier ou plutôt en tonnelles gracieuses, fleuries, derrière lesquelles je vois les Albères où nous étions hier. Plus haut il y a des vignes. Le sentier cimenté est envahi par le ruisseau, j’essaie de marcher sur le côté pour ne pas mouiller mes pieds dès le début de la promenade. Le sentier est bien décrit dans le petit guide acheté à l’Office du Tourisme, bien balisé. Le sentier grimpe raide dans les chênes verts. La croix de fer est la première étape. Continuant dans les bois, nouveau ruisseau dans le chemin, j’arrive alors à une fontaine, fermée. Un écriteau demande « ne gaspillez pas l’eau ».
Ne gaspillez pas l’eau!
La chapelle Saint Ferréol, vue de la route D615, m’avait beaucoup plu. Je m’étais promise d’y retourner la dessiner. Mais en arrivant de la colline, elle est moins photogénique. Surtout il y a une famille bruyante. Monsieur coupe des pissenlits nouveaux, la petite fille mange des mandarines, et les deux dames parlent bien fort. La chapelle est 13ème siècle, après une épidémie de peste en 1654, les habitants firent de Saint Ferréol leur saint patron. Au 18ème siècle des bâtiments furent construits. Comme la chapelle est fermée, je n’ai pas vu l’inscription en Catalan de l’ermite « Laurens Cros fils d’ille » qui fut 44 ans esclave à Constantinople, qui devint ermite jusqu’à la fin de sa vie. Ce genre d’anecdote fait vivre un lieu et m’enchante.
mimosas
Le retour se fait par l’autre versant. Sur la D615, je retrouve la vision de la chapelle que j’avais envie de dessiner. Après avoir traversé la route le sentier monte sur une autre colline, il me semble qu’on tourne le dos à Céret. Un sentier se transforme en piste sableuse, qui dessert plusieurs propriétés cachées dans les bois. En descendant le sentier passe par des bois de mimosas. Il fait beau et chaud et ils embaument. C’est vraiment une très belle promenade. 2h30 pour 2h annoncées, une impression d’aventure, bien balisée !
Le temps change vite en montagne. Nous avions tout préparé pour un déjeuner dans le jardin. Une averse nous a fait rentrer.
Une voie verte, cycliste et piéton, relie Argélès à Arles- sur-Tech, empruntant l’ancienne voie de chemin de fer entre Reynès et Amélie-les-bains. Par un soleil splendide et une température printanière (enfin !). J’ai franchi le Tech sur le pont métallique et marché sur le ruban de ciment avec pour seules rencontres quelques cyclistes, une marathonienne et son entraîneuse (à vélo). 6 km environ très facile et très agréable traversant plusieurs fois le Tech. A l’arrivée d’Amélie-les-Bainsle parcours retrouve les rues de la ville. Je termine sous les platanes de la promenade du Mondonysous l’hôpital militaire abandonné.
Déjeuner sur la table dans le jardin du gite.
Au dessus d’Amélie
Fontfrède
on monte au dessus de Céret
En montant la Rue des Evadés un panneau routier indique la direction de Fontfrède, 11km (en vrai 14). La route grimpe, très tortueuse, bordée parfois d’un petit parapet de granite. Les vues panoramiques sont somptueuses, sur la montagne et sur la mer. Nous roulons dans les chênes verts, des bruyères arbustives, très hautes, qui fleurissent blanc. Quand on s’élève dans la montagne, on arrive dans une forêt hivernale de châtaigniers. Ces derniers sont très touffus, des rejets très hauts et peu de gros arbres. Ils semblent en bien mauvais état, l’écorce se décolle par plaque sur les troncs et de nombreuses branches se dressent blanchies et desséchées. Que leur est-il arrivé ? Peut être quand le printemps avancera ceux qui reverdiront donneront une impression moins pénible. C’est une forêt privée du Mas costello. La route est très étroite et pleine de nids de poules (les souvenirs d’Albanie reviennent).
Ver! Fonfrède presque une piste!
Nous passons un col à 860m avec une intersection : la route vers Maureillas. La route est encore plus étroite et passe dans la très haute futaie. Enfin : la Fontaine de Fontfrède (1021m) avec un parking d’où partent des randonnées, celle des Trabucayres les contrebandiers et les bandits armés de tromblons. La stèle des Evadés rappelle les souvenirs de la Seconde guerre mondiale quand les juifs voulaient passer en Espagne.
Le sommet est tout proche, (1093 m), un sentier mène à un col à 900m je grimpe, mais les première gouttes me font descendre. Ce n’est pas de la pluie, de la neige ou de la grêle. Les hêtres et les pins succèdent aux châtaigniers.
Nous rentrons par Maureillas, le parcours est interminable. La route remonte, dessert de très gros mas qui semblent perdus dans la montagne. Comme la pluie a cessé je marche sur la route dans la forêt de châtaigniers. La route D13F a le même numéro depuis Céret mais elle fait un circuit vers la frontière, on se dirige vers le sud ou vers l’Est alors que Céret est au Nord-Ouest.
Quand nous rentrons au gîte, le soleil est revenu et j’installe l’ordinateur sur la table de jardin.
Le petit déjeuner est aussi raffiné que le dîner. Une faisselle est présentée avec des lamelles de tomate et une demie orange. Des verres à liqueur sont remplis d’une pâte à tartiner maison – blé concassé, mandes, noisettes – bien meilleur que du Nutella, que je déguste à la cuiller avec plaisir et…satiété. Deux pains sont servis chauds : l’un d’eux à texture de crêpe, l’autre à croute brune parfumé à l’anis. Nous déclinons l’offre d’œufs frais.
La journée s’annonce ensoleillée.
Au programme du Road Book, la visite de Bizerte et un grand tour englobant le lac de Bizerte et celui d’Ichkeul 135 km. Nous préférons aller directement à Ichkeul pour profiter de la Réserve Naturelle, nous promener dans le Par cet ne pas passer trop de temps dans la voiture. La route est directe jusqu’à Menzel Bourguiba.
Ciel bleu, blé en herbe vert fluo, sur les crêtes les éoliennes tournent. A mi- pente, un village : le minaret blanc se détache des maisons cubiques. Sur l’épaulement d’une colline deux coupoles d’un mausolée. Le lac de Bizerte est d’un bleu profond, ultramarin, plus loin, scintillent les maisons de Menzel Bourguiba précédée par une usine crachant une fumée marron. Alors que Bizerte était une base navale française d’importance, on édifia au fond du lac de Bizerte un arsenal et une ville Ferryville en l’honneur de Jules Ferry, à l’urbanisation coloniale que Leila nous a recommandé de visiter. Nous remarquons le complexe sidérurgique sur l’emplacement des anciens arsenaux. La route est bordée de grands arbres « taillés au carré » au feuillage vernissé vert foncé. A l’entrée de la ville, des platanes leur succèdent. Nous arrivons à un carrefour en étoile. En fait de « petit Paris » (Guide Gallimard) le marché qui a envahi la rue donne plutôt une ambiance africaine. La foule est venue faire ses emplettes ce dimanche matin. Les piétons marchent sur la chaussée et le trafic automobile est bloqué.
Sources thermales sur le bord du lac
Les bords du lac d’Ichkeul ressemblent à des prés-salés. De nombreux troupeaux sont sur les bords de la route pi sur les étendues vertes et rases, surtout des moutons à la laine sombre marron même noire. L’entrée du parc se trouve juste après le passage à niveau. La route court sur une sorte de digue. L’eau est loin, ses bordures boueuses sont desséchées. Effet de la sécheresse ? Selon nos livres, le niveau monterait en hiver, le lac serait alimenté par les oueds et l’eau serait presque douce (5g/l de sel) tandis que l’été les eaux du lac de Bizerte communiquant par un chenal s’engouffreraient dans le lac d’Ichkeul et la salinité monterait à 20 g/l . Petits points blancs alignés au milieu de l’eau : flamands ou aigrettes. J’ai oublié les jumelles. Plus tard, vers midi, 5 aigrettes survoleront la voiture. L’entrée au parc National est gratuite mais il faut s’enregistrer. La route parcourt encore 3 km à la base du Jebel, nous passons devant des groupes de maisons dont certains toits sont en roseaux. Les clôtures sont en branches sèches d’épineux entrecroisées : redoutables barrières pour les animaux. Près des maisons pas de buffles d’Asie peuplant la région depuis le temps des Phéniciens mais qui ont failli disparaître ; on a dû en importer d’Italie. Plusieurs coupoles blanches et toits hémicylindriques marquent les hammams des sources thermales captées. Le complexe thermal est fermé ainsi que le petit Musée de Géologie. Des sculptures en ciment d’un rhinocéros, et d’un éléphant rappellent qu’un climat tropical humide existait au tertiaire, en témoignent des ossements fossiles retrouvés sur place.
lac d’Ichkeul
Un escalier monte à l’Ecomusée : une véritable ascension. L’écomusée est installé dans un bâtiment à coupoles. Un inventaire des différentes espèces de la faune et de la flore est présenté par milieu sur des panneaux explicatifs très bien faits. Milieux humides autour du lac , Jebel Ichkeul, oiseaux migrateurs, grotte et chauve-souris. Je note consciencieusement les noms latins, genre et espèce. La plupart me sont familiers : lentisque, oléastre, euphorbe, câprier. En revanche je ne connais ni l’Azerolier (épine d’Espagne) ni Ziziphus lotus(jujubier) ou Phillyrea angustifolia (filaire à feuille étroite). La plupart des canards, sarcelles, foulques hivernant à Ichkeul viennent d’Europe Centrale : Autriche Hongrie Tchéquie, Roumanie. Sans doute les oiseaux d’Europe de l’Ouest empruntent un couloir migratoire passant par l’Espagne et le Maroc. J’aurais aimé plus d’explication sur l’Hydrographie des deux lacs, sur la localisation du chenal qui les fait communiquer ainsi que sur la géologie du Jebel. Sur le Versant regardant Bizerte les oléastres s’accrochent à un substrat rocailleux, le rocher caverneux (dolomie) tandis que près du Centre d’Interprétation, sur le versant qui regarde le Lac d’Ichkeul, le calcaire est marneux lité avec des bancs presque turquoise, il existe aussi des affleurement de marbre ; la végétation est un maquis beaucoup plus touffu , buissons inextricables de lentisques, euphorbes, formant un écrin sauvage au lac d’un vert amande très différent du bleu foncé du lac de Bizerte.
Des coins pique-nique ont été aménagés à l’écart de la piste ainsi que des sentiers et des affûts pour observer les oiseaux. Plusieurs itinéraires sont fléchés. Une grotte est à 3 km. Je me promène avec grand plaisir dans cette montagne. Comme c’est dimanche, les visiteurs ont apporté le pique-nique. Un groupe d’écoliers est venu en car. Je croise ces gens qui ne sont pas assez nombreux pour faire foule et qui me saluent gentiment. Le parc possède deux espèces de pistachiers, que je ne sais pas différencier. Je suis un peu déçue de ne pas observer les oiseaux migrateurs, les affûts sont placés très loin de l’eau. J’aurais bien aimé voir la poule sultane bleue au gros bec rouge qui restera une inconnue pour moi.
Après cette belle matinée, nous retournons à Menzel Bourguiba, le marché est presque terminé. J’achète deux oranges une banane et deux branches garnies de dattes. Le vendeur pèse consciencieusement les fruits séparément puis fait un prix global de 3 dinars. Dominique part à l’exploration du Carrefour market (eh oui, comme chez nous) Elle y trouve des yaourts, des sablés et des nuggets !
Spili, est pittoresque et, corollaire, touristique. Encore des nappes et dentelles, tavernes aux menus pour illettrés (des images montrent le plat); Nous achetons des souvenirs : savons translucides avec des inclusions de fleur d’oranger ou de citronnier, du miel, de l’huile en bidon et des herbes aromatiques.
C’est un centre administratif avec une grande mairie moderne, une grande église en ciment, tuiles rouges, et de vastes parkings. L’attraction est la fontaine vénitienne qui crache de l’eau par 24 bouches dont 19 lions de Venise. Hélas elle a été restaurée (trop )!On se passerait des carrelages et des regards métalliques. Les lions repeints en blanc(manie grecque), et les yeux repassés à la peinture noire détonnent.
A gauche de la fontaine un petit chemin conduit au Musée Folklorique (fermé).
D’après Hachette Évasion, une promenade d’une heure partirait à gauche de la fontaine. Selon le descriptif, elle ne présenterait pas de difficultés. La randonnée est indiquée du côté droit, à 2km il y aurait une église.
Rencontre sur le sentier
Après 250m, un balisage bleu invite à un itinéraire pédestre vers des gorges. Les 5 premiers mètres sont acrobatiques et ressemblent plus à de l’escalade sur un rocher presque vertical qu’à de la promenade. Comme les points bleus sont bien rapprochés, je me laisse tenter. Suivant ces marques, je m’élève rapidement sur la paroi et chemine sur un sentier de chèvres parmi les sauges de Jérusalem aux beaux pompons jaunes et les épineux ; A condition de bien regarder ou on pose les pieds en évitant les cailloux qui roulent, cela se grimpe bien. Petit pincement à l’estomac toutefois, à l’idée de la descente (qui se révèlera ensuite plus facile que je ne craignais). Quelques rencontres : une belle chèvre noire et ses deux chevreaux jumeaux qui détalent à mon approche ; les moutons sont plus curieux : trois têtes surgissent de derrière un rocher. Le petit bélier aux cornes recourbées me défie. Comme j’avance quand même tout le troupeau dévale la pente. Le sentier se faufile entre deux gros rochers puis descend vers une gorge encaissée.
panaghia de Lampini
Nous piqueniquons sur la place devant la très jolie église de la Panaghia de Lampini, face au monument aux morts titré EPIGRAMME pour les martyrs de 1827. Décidément la lutte pour l’indépendance contre les Turcs a fait beaucoup de victimes. Lampini est un village tout simple aux ruelles tortueuses et aux maisons chaulées de blanc. Un enterrement va avoir lieu. Les gens qui descendent des voitures sont en grand deuil et portent des bouquets de fleurs. Un homme arrive et sonne la cloche ; la corde pend à l’extérieur, chacun pourrait le faire. Je me faufile dans l’église ouverte pour l’occasion et jette un coup d’œil rapide aux fresques. Nous démarrons avant que le village n’arrive pour la cérémonie funèbre.
La route de Lampini à Karines enjambe la montagne en lacets serrés. Elle passe dans des schistes verts avec de gros rochers ronds de granite et des trace de métamorphisme compliqué. Les cultures et les vergers sont remplacés par l’élevage des moutons. Nous passons devant plusieurs grosses bergeries et croisons des pickups portant des bidons de lait. Nous retrouvons la jolie vallée découverte lundi et les sommets enneigés du Psiloritis qui étaient depuis deux jours plongés dans le brouillard. Après Karines la route continue sur Patsos Nous revoyons avec plaisir le barrage de Potami et la route spectaculaire avec les effondrements et ses roches rouges contrastant avec l’herbe verte.
Toujours dans le guide Evasion, une randonné facile part de Chromonastiri le long de la rivière de Mili : la rivière des moulins. De la route des marches bordées de peinture blanches descendent à une église cachée près du ruisseau. Malheureusement le sentier est inondé, véritable fondrière. Un verger d’orangers embaume, cela sent bon la menthe aussi. Des prêles prospèrent avec leur plumet vert clair. J’ai très envie de tenter l’aventure. Le sentier passe à gué. Tant que les points bleus m’indiquent le passage, je persiste. Rapidement, je perds les marques, sans doute sous l’eau. Je renonce à regret. Un autre accès aux moulins est possible plus bas sur la route. Une taverne occupe un ancien moulin. Le sentier est bien entretenu. Je reprends là la promenade moins parfumée. Toutefois, à l’approche du ruisseau la flaque est profonde et encore, je recule.
J’aurais regretté de quitter Agia Triada sans avoir mis les pieds dans notre village. L’église domine la route. Blanche avec un fronton triangulaire, elle parait banale de l’extérieur avec sa porte tout à fait ordinaire et son crépi sur le ciment. A l’intérieur, elle est peinte à fresques, sans doute très anciennes. Les rues du village sont étroite, trop pour que des véhicules motorisés ne s’y aventurent. Une famille de chats, peut être une douzaine, se prélasse au milieu du chemin. J’aurais bien poussé plus loin l’exploration si des aboiements dissuasifs ne m’avaient chassée.