J’ai rencontré l’autrice Céline Ghys à Créteil en poche et ce roman policier mettant en scène Jules Verne dans une enquête policière m’a semblé tout à fait à sa place dans le Challenge initié par Ta d loi du Ciné le squatteur du blog de Dasola CLIC
Evidemment, je ne vais pas divulgâcher en vous racontant l’intrigue!
Je ne déflorerai pas le suspense en précisant que l’action se déroule à Amiens en 1882. Jules Verne a donc 57 ans, et qu’il un personnage considérable à Amiens. Sa notoriété lui ouvrira des portes, facilitant ainsi l’enquête. Occasion de faire le portrait de l’écrivain.
Elle l’examina et trouva qu’il avait vieilli depuis leur dernière rencontre. Ses cheveux avaient presque tous blanchi. Sa moustache poivre et sel, au-dessus d’une barbe immaculée, lui donnait l’allure d’un patriarche, bien qu’il ne fût âgé que de cinquante-cinq ans. Cet air, il le devait aussi à son petit chapeau rond, un peu démodé, auquel il demeurait attaché. Claudine observa alors attentivement son oncle. Son œil gauche était légèrement fermé à cause d’une paralysie faciale qu’il avait contractée dans sa jeunesse, mais son regard restait toujours aussi bleu et intense.
Un tueur en série sévit dans la ville, ses meurtres sont organisés avec des mises en scène théâtrales. Il se joue de la police et de l’auteur prenant pour pseudonyme Némo. Némoest un personnage de 20.000 lieux sous les mers, c’est aussi sous ce nom qu’Ulysse berne le Cyclope. Némo c’est aussi personne.
D’autres allusions à l’œuvre de Jules Verne sont dispersées dans le roman :
Disons que je prendrai un époux quand je verrai un rayon vert à la place du soleil couchant. — Un rayon
vert ? Mais quelle idée ? Où as-tu entendu cela ? — Nulle part, je viens de l’inventer ! Je trouve l’
expression plus jolie que « quand les poules auront des dents ».
Justement le Rayon Vert a été publié en 1882. Est-ce un hasard? Je ne l’ai pas encore lu. Je vais le télécharger!
Cet aimable polar sans prétention est une agréable lecture que je vous recommande, occasion de mieux connaître le grand auteur et de vous promener dans Amiens.
« Marre de Zola à l’école. Germinal, on nous donne le livre à lire. Germinal, le nom de la nouvelle rue qui conduit vers la mairie. J’ai rien compris à cette histoire, à part des pauvres qui se tapent dessus et qui se battent contre une main noire invisible. Après ça chante à pleins poumons la chanson de Pierre Bachelet, Au Nord, c’étaient les corons, la misère, la misère. »
Je viens de terminer Germinalet nous sommes en partance pour le sud marocain. J’ai écouté Samira El Ayachi un peu par hasard sur un podcast de France Culture à la suite d’un entretien avec Rosie Pinhas-Delpuech et elle m’a convaincue de lire Le Ventre des Hommes. Je ne l’aurai sans doute pas acheté autrement, parce que le titre ne me disait rien, je le trouvais vilain. j’ai des problèmes avec les titres!
Hannah, l’héroïne du roman est née à Lens, a été à l’école primaireEmile-Zola, bonne élève, elle va réussir les concours de l’éducation nationale et devenir professeur de lettres. Non conformiste, elle préfère être instit, mais va se heurter aux injonctions et aux directives académiques….
« Hommage aux mineurs qui ont reconstruit la France après la guerre. » Il dit des choses comme ça d’une voix solennelle. « Après deux cent soixante-dix ans d’exploitation dans le Nord-Pas-de-Calais, la mine tire sa révérence. »
Son histoire se mêle à celle de son père que l’on a fait venir du Sud marocain en 1974 pour liquider les mines qui doivent fermer à terme. On recrute des ouvriers dociles, si possible illettrés qui ne poseront pas de problème quand on n’aura plus besoin d’eux.
« On organise de recruter des Marocains, avec pour objectif que nous ne resterions pas. On était là comme un point-virgule, pour faire la transition. »
[…]je n’avais pas le droit de dire que je savais lire, écrire, un tout petit peu le français, une personne apte à lire pourrait être une menace. Je devais faire attention qu’on ne me prenne pas en flagrant délit de connaître un peu la langue. »
Deux histoires se mêlent, celle de Hannah, enfant puis adolescente, enfant des corons, qui va lutter contre les préjugés de classe, vivre la vie d’une jeune fille dans le Nord qui n’a plus guère d’attaches avec le Maroc de ses parents mais qui a grandi entre deux cultures, entre sa mère qui parle berbère et son père qui rêve de s’intégrer.
J’ai pleuré, pleuré à cause de toi Bourdieu
L’histoire du père, histoire secrète que Hannah va découvrir sur le tard, est l’histoire d’un militant qui s’engage pour que les mineurs marocains obtiennent le statut de mineur qui garantie des droits sociaux, au logement, à la santé, la retraite…statut que tous les autres mineurs possèdent et qui est dénié aux mineurs marocains. Pour cela, ils feront grève, comme dans Germinal. Le père passera même à la télévision!
après quand je suis rentré ils disent rien Ils disent pas que les mines allaient fermer ou non On savait pas que tout le monde il a un contrat à vie avec la gratuité du logement à vie et tout ça Et pas nous On a confiance en la France c’est nos amis on a été sous protectorat on pense pas la France qui nous trahit nous ses amis.
Des accords avec le Maroc, et des complicités feront que les activistes sont très mal vus au retour au pays, ils risquent même d’être emprisonnés. Les vacances ne seront plus au bled mais sur les plages du Nord.
Hannah, la rebelle, va se trouver mêlée à une sale histoire « l’histoire de l’institutrice »…elle va être arrêtée et va comparer son arrestation à celles que son père a subi…j’arrête là de peur de divulgâcher!
Mais, sans rien spoiler j’insiste après le vote de la loi scélérate sur l’immigration, sur les conditions qui ont fait importer de la main-d’œuvre étrangère, bien racontées dans ce roman.
“Tous les bicots que t’as regardé droit dans les yeux, que tu as fait venir jusqu’ici, maintenant, tu vas aller les
voir un par un, et les regarder à nouveau dans les yeux pour leur dire que c’est fini. C’est pas compliqué. Tu
étais ‘Chef du département de la main-d’œuvre étrangère’, maintenant tu es ‘Coordinateur du retour au pays’. C’est la même chose, à l’envers. Tiens, voici tes nouvelles cartes de visite, monsieur le Haut Fonctionnaire”.
Nous avons terminé en musique ce beau dimanche, au Café du Port de l’Aber Wrac’h. Sur une petite scène installée au fond du jardin, trois musiciens : un rouquin à bouille rigolote, accordéon et clarinette, un guitariste guitare et bouzouki, et le chanteur en maître de cérémonie: petit chignon sur le haut du crâne, petit gilet serré et boucles d’oreilles.
Ils chantent de vieilles chansons maritimes du Boulonnais. Trouvées dans les carnets de chanson, écrites par des gens du peuples, marins, conscrits mais aussi des femmes, parfois en patois boulonnais.
Chansons inconnues de moi, surprenantes. Chansons d’un autre siècles, certaines ont plus de ans. Accompagnement inattendu: clarinette jazzy, bouzouki chamarré, pas du tout grec par ailleurs. mandoline miniature. Ces instrument sont de beuax objets .
Si les marins sont boulonnais ou originaires des villages entre Boulogne et Calais, les airs naviguent entre Antilles et Algérie.
Jeudi 25 juillet : Le Touquet – Abbaye de Valloire – canicule et orage
Le Touquet
L’abbaye n‘ouvre qu’à 10h30.
Nous avons le temps de passer au Touquet distant de moins de 10 km de Merlimont-plage. La route traverse Stella-plage et Cucq.
Lorsqu’on arrive au Touquet, c’est un autre monde ! Même l’asphalte a changé de qualité et de couleur. Nous roulons par une belle ombre sous des plantations d’arbres. Nous entrons dans la ville par le golf – chic ! Des pancartes annonçant les évènements de l’été sont luxueuses, bien peintes, blanc sur vert anglais : Alexandre Tharaud joue dans une autre catégorie que le duo accordéon/violoncelle d’hier soir. Les villas sont cachées dans de profonds jardins. Elles sont dispersées dans la forêt. Au centre les constructions sont plus denses : beaux immeubles modernes en périphérie, villas de pierre à pignons pointus et balcons tarabiscotés plus u centre ; Marché, et Mairie en pierre de goût éclectique (1931) , l’église de pierre fait pendant. Nous cherchons la maison du Président, pas trouvé.
Nous roulons une trentaine de kilomètres sur une crête qui sépare la vallée de la Canche de celle de l’Authie, entre chaumes des blés et champs de betteraves et de maïs. Nous traversons le village au nom évocateur Le Vieux Moulin. La route s’enfonce dans la vallée de l’Authie. Une crêperie est inst allée au bord de l’Authier dans un moulin à eau. Un emplacement de pique-nique est aussi installé au bord de l’eau. Pourquoi ne l’avons-nous pas emporté ?
Nous garons la voiture sur un parking ombragé devant les grilles de l’Abbaye. Les bâtiments sont construits en arc de cercle. Ceux qui sont proches de la grille sont fleuris de roses. A l’arrière d’un parterre se trouve une élégante construction XVII – XVIIIème siècle.
La visite est guidée, le conférencier tout à fait spirituel et charmant.
De l’abbaye médiévale cistercienne fondée en 1158, il ne reste rien. Des restaurations au XVII et XVIII ème siècle ont remplacé les constructions médiévales par un ensemble classique et baroque. Au Moyen Age, l’abbaye comptait cent moines suivant la règle de Saint Benoit et 200 ou 300 convers qui travaillaient pour le monastère. Au XVIIème siècle, les convers ont été remplacés par des paysan dont on rémunérait les services. L’effectif des moines a aussi fondu à 28 puis 9 moines qui n’étaient pas mal logés ! Conformément à leurs vœux de pauvreté, l’architecture était « sobre et austère » relativement, sans aucune décoration. Devenue Bien national à la Révolution, elle fut vendue puis cédée à des basiliens (communauté laïque belge, effectuant des travaux manuels entre autres facture d’orgue).
le vieux poirier
En 1922 Thérèse Papillon, infirmière-major pendant la Grande Guerre installa un Préventorium qui accueillit des enfants jusqu’en 1976.. Pendant la Seconde Guerre mondiale Thérèse Papillon s’est opposée à l’entrée des Allemands qui cherchaient les enfants juifs qu’elle a caché et a gagné ainsi l’honneur d’être Juste parmi les Nations. Maintenant c’est un Institut Médico-Pédagogique thérapeutique qui héberge des enfants confiés par les services sociaux et juridiques. Des personnes âgées résident aussi dans les communs.
L’Abbaye est aussi un hôtel luxueux. On peut y organiser des mariages, séminaires ou autres évènements. Il se déroule aussi des évènements culturels. Les jardins sont aussi magnifiques !
Après une introduction à l’extérieur, en face d’un vénérable poirier (1756) contemporain des moines, nous visitons la Salle Capitulaire – où les moines se réunissaient – ici pas de silence – ils assistaient à la lecture d’un chapitre de la Règle de Saint Benoit. La salle était voûtée en arêtes en hommage à ‘l’ancienne salle du chapitre médiévale.
Valloires : le cloître
Le cloitre, au centre de l’abbaye était le lieu de déambulation. Le lavabo, bassin-fontaine était alimenté par l’Authie canalisée. Le cloître complet avec peu de décor. Dans le jardin il existe un cloître végétal.
Valloires : boiseries dans le grand salon
Le grand salon est lambrissé et parqueté de chêne. Les boiseries l’œuvre du baron autrichien Simon-Georg von Pfaffenhofen (1715-1784) réfugié à l’abbaye à la suite d’un duel, et sculpteur habile.
l’église de l’Abbaye : ferronnerie
L’église baroque et rococo fut aussi ornée par les sculptures de Simon Pfaff qui réalisa le buffet de l’orgue énorme qui fonctionne encore. La grille, faisant office de clôture, fut réalisée par le ferronnier Jean Baptiste Veyren . Le conférencier décrypte pour nous les symboles qu’elle contient : le blason de l’évêque et les poires, symboles de la prospérité de l’Abbaye. On y confectionnait un alcool de poire réputé qui était exporté. Simon Pfaff décora le maître-autel en marbre et en plomb doré. Autant le reste du couvent est sobre, autant l’église témoigne d’une mise en scène extravagante : la crosse eucharistique avec le ciboire suspendu à la crosse à 3 mètres du sol avec des anges en papier-mâché – autrefois polychromes. Au plafond est représenté une morille, allusion à la fondation de l’abbaye dans un champ de morilles.
chœur de l’église : maître-autel et crosse eucharistique
Les jardins créés en 1987 créés par le paysagiste Gilles Clément pour y mettre en valeur la collection de 5000 arbres et arbustes d’un pépiniériste du Pas de Calais.
Le cloître végétal
Cinq jardins d’ambiance ont été dessinés : le cloître végétal qui rappelle les jardins des moines avec des ifs taillés rappelant les arcades du cloître qui se trouve symétrique à l’intérieur de l’abbaye. Le jardin des îles ces « îles » sont des motifs d’arbres, arbustes ou plantes herbacées regroupées par couleur « île d’argent », « île d’or » .. « île des épines douces », ces « iles » émergent d’une pelouse. Le jardin des cinq sens sollicite aussi bien l’odorat que le toucher et même le goût puisqu’on invite parfois le visiteur à déguster feuilles et fleurs. Le jardin de Lamarck illustre l’Evolution des plantes sur terre, avec des plantes très anciennes comme prêles, fougères, gingko …Dans la Roseraie on découvre deux roses locales : la Rose de Picardie et la Rose de Valloires. Le jardin de Marais longe le petit canal, dérivation de l’Authie existant déjà du temps des moines qui avaient besoin d’eau. Une allée ombragée est plantée de plantes qui aiment cet environnement humide.
L’allée des cerisiers. Ouf! de l’ombre!
La promenade y est particulièrement agréable en cette journée qui s’annonce caniculaire. En revanche, la traversée des grandes pelouses est une épreuve et on ne peut pas s’attarder dans le cloître végétal qui n’a pas d’ombre.
La météo a annoncé plus de 40°C en Île de France, à peine moins dans la Somme. Après la visite du jardin, et un repas rapide à ‘ombre du parasol de la cour, la seule activité raisonnable c’est la sieste. Prévoyantes, nous avons emporté le ventilateur dans nos bagages et nous en félicitons.
Ce n’est qu’après 17 heures qu’on peut envisager une baignade pour se rafraîchir. Des nuages encombrent le ciel. Comme la mer est étale je nage tranquillement quand des gouttes commencent à s’abattre. La plage se vide de toute urgence. On replie parasols, sièges entoilés, serviettes. Pour ma part, je prends le temps de la baignade, mouillée pour mouillée. Quand je sors, le ciel est noir, menaçant, nous avons tout juste le temps de rentrer au gîte.
A la nuit, l’orage se déchaîne, tonnerre, éclairs. Après cette journée accablante c’est un soulagement et un vrai spectacle. Notre logeuse nous apporte des bougies, au cas où l’électricité sauterait.
Midi, marée basse, les phoques sont bien là, de l’autre côté du chenal dans la Baie de l’Authie. Ils se prélassent au soleil sur le banc de sable. Phoques ou veaux marins ? Un panneau explique les différences, l’un d’eux a une cassure au niveau du museau mais lequel ? C’est amusant de les voir se déplacer avec la graisse qui ondule. La couleur de la fourrure varie de jaune paille à gris foncé, le plus gros est tacheté. Planant au-dessus d’eux, les goélands sont bien bruyants. Les curieux sont venus en foule, parfois tirant un berger allemand en laisse. Est-ce malin d’emmener le chien ? Pas si bêtes, les phoques n’y prêtent aucune attention. Ils savent qu’avec le courant il est impossible de traverser le chenal. Les chiens sont intéressés, retenus par leurs maîtres. Un pêcheur commente « les phoques ne font pas attention aux chiens, ils les tolèrent ». Ils sont aussi beaucoup plus lourds et puissants. De temps à autres, un groupe va à l’eau. La colonie est divisée en petits groupes.
l’épi dans la baie de l’Authie
De l’autre côté de l’épi empierré et verdi par les algues, un autre groupe est à l’eau. Deux phoques qui nageaient tranquillement démarrent une course effrénée. Ils nagent vraiment très vite. Quel est le motif de la course ? une proie invisible ou le plaisir du jeu ?
les phoques et les badauds
Déjeuner au restaurant
Sur la digue, en face de la plage de Berck, les restaurants se touchent. Les terrasses sont protégées par des vitres (on est plus habitué au vent froid qu’à la canicule. Restaurants chics avec nappe et belle vaisselle au fast-food où les frites sont servies sur un papier, toutes les nuances et prix existent. Sans parler du camion de frites où les files sont bien longues. Si les présentations différent, la frite est une constante.
moules&frites
Nous mangerons des frites ! Le problème est de garer la voiture. Sur la corniche les parkings sont complets, il faut tourner attendre qu’une place se libère. Nous choisissons l’Horizon, une brasserie qui a une terrasse vitrée et quelques tables sur le trottoir ; spécialité moules-frites. Au choix : marinières, à la crème, au pastis, au fenouil, à l’antillaise, à la moutarde….Servies dans des marmites émaillées d’un litre, une cuiller prise dans les anses, verticale pour fixer le couvercle dans lequel on dépose les coquilles vides.
Je choisis marinière, tout simplement, délicieuses moules de bouchots de Berck. Fraîches bien sûr, bien remplies, cuites juste à point. On a remplacé le persil et le bouquet garni par du céleri en branche qui se marie très bien avec les moules. Frites évidemment ! Service très agréable.
Promenade sur le sable jusqu’à Merlimont
La mer monte l La plage est encore bien dégagée. Cinq kilomètres séparent Berck de Merlimont-plage. Hier, en me baignant, j’avais clairement distingué les immeubles et la grande roue de Berck. Je m’étais promis de parcourir la grève les pieds dans l’eau. 24°, journée idéale. Comme la marée monte il faut faire attention aux bâches qui se remplissent très vite et les traverser avant qu’elles ne soient trop profondes.
En quittant Berck la plage était moins peuplée, plus personne dans l’eau (ou presque) un pick-up traverse le sable mouillé à grande vitesse : ce sont les secours. Un maître-nageur sur un quad siffle les imprudents qui sont sur un banc de sable bientôt isolé par la bâche qui se remplit. Ils seront bientôt au milieu de l’eau.
Tout à coup la densité des baigneurs augmente : des hommes debout, très peu de femmes et pas de famille sur cette plage naturiste. La posture debout, immobile de statue antique est un peu étrange ; sur les plages « habillées » les gens sont plutôt allongés sur leurs serviettes ou assis sur des sièges bas. J’observe les vestiges des blockhaus de plus en plus écroulés et noyés, support des graphs.
Concert accordéon/violoncelle
A l’église de Merlimont : concert accordéon violoncelle. Au programme : Dvorak, Vivaldi, Bach. Je suis étonnée de ce duo inhabituel. Que cache-t-il ? Natalia Ermakova est la violoncelliste Eric Blin, l’accordéoniste. Ce dernier présente avec l’énergie d’un animateur de radio-crochet sa musique « classique » en martelant le mot cla-ssi-que et en faisant la leçon au public. Il insiste sur les usages : ne pas applaudir à la fin d’un mouvement, attendre la fin de l’œuvre, ne pas se déplacer. Leçons bien hors de saison : le public est poli, bien habillé comme s’il assistait à un festival de renom. Je ne connais pas assez la Symphonie du Nouveau Monde pour apprécier ses arrangements mais cela me plait bien, j’aime surtout la violoncelliste. Massacre du Printemps de Vivaldi, morceau tellement connu que les interprètes n’ont pas droit à l’erreur. Quant à Strauss, il entraîne le public à taper des mains, on se croirait dans un club de vacances qu’à un concert dans une église et réussit tout juste à gâcher l’impression favorable du début.
Mercredi 24 juillet 2019 : Montreuil/mer – Les phoques
La petite ville de Montreuil/mer ne se trouve pas directement à la mer mais à 15 km vers l’est au-delà de l’autoroute A 16. La campagne est couverte de chaumes dorés et de quelques bosquets rachitiques dans la vallée de la Canche. Elle est ceinte de remparts de briques et pierres avec une citadelle aux grosses tours rondes.
Montreuil/mer : remparts et citadelle
La promenade des remparts (3 km) est très agréable. Du sentier, le panorama sur la campagne est vaste et on a aussi une vue sur la petite ville. La « ville-haute » est en dessous de l’enceinte. Une double rangée de très grands et vieux arbres, le plus souvent des tilleuls, ombrage une allée. J’i donc le choix entre le chemin au soleil pour la vue et l’ombre à mi-pente. Je renonce à la visite de la citadelle (6€) qui dure une heure. Nous devons être à l’heure pour les phoques à midi. L’Office de Tourisme m’a donné un plan mais je n’arrive pas à deviner ce qui se cache derrière les hauts bâtiments de brique : caserne ? lycée ? couvent ?
C’est une toute petite ville mais je me perds tant les rues et les ruelles sont tortueuses. Je découvre plusieurs places mais je me repère facilement d’après la grande place Charles de Gaulle avec son grand parking (l’emplacement du marché) plusieurs banques et les terrasses des cafés. Le très beau théâtre (un cinéma Arts et Essais) et précédé par la statue su Général Haig pavoisée d’un drapeau français et de l’Union Jack : commandant de l’armée britannique, il avait établi son QG à Montreuil/mer : son nom est attaché à la bataille de la Somme (1916). Autour de la place, les maisons anciennes se tassent, certaines peintes, d’autres de brique rouge. A l’ardoise des terrasses des « plats du nord » me font envie, je n’ai jamais goûté cette cuisine.
En face de l’Office du Tourisme débouche une venelle large tout juste d’un mètre vingt entre des murs de briques aveugles. Je ne l’aurais jamais devinée si le jeune homme de l’Office ne me l’avait montrée. Je parcours rapidement des rues pavées aux boutiques un peu désuètes (certaines sont fermées) . L’église Abbatiale St Saulve a de l’allure mais la place est en chantier, plus loin la chapelle Saint Nicolas est très ouvragée.
Une autre place est plus petite, charmante avec une fontaine et des arbres et un restaurant très fleuri au nom pittoresque de Coquempot.
Nous arrivons vers midi, dix minutes avant la fermeture de l’Office de Tourisme. J’emporte une pile de documentation. La région est très riche en promenades.
Notre gîte est situé à l’arrière de la maison de la propriétaire, maison sans prétention et sans grâce. C’est une toute petite maison sur cour. Merlimont est une station balnéaire populaire s’insérant dans les dunes. Peu d’arbres, peu de jardins, des maisons de vacances modestes sans fioritures. Une rue commerçante avec une grande Maison de la Presse (très bien), une ou deux boutiques d’articles de plage. Tranquille, peu tapageuse, peu de circulation, parkings situés le long de la digue. Nous cherchons les restaurants de plage et ne trouvons qu’un bar installé dans une baraque à côté du club nautique. Sur le front de mer les constructions sont hétéroclites et à une extrémité au-dessus du club nautique il y a un immeuble plus neuf que les autres construits sur plusieurs étages avec des balcons. Les autres restaurants donnent sur la rue.
Pour les courses, il faut aller dans l’intérieur le long de la D940 reliant Berck au Touquet en passant par Rang du Fliers , des hangars de Leroy Merlin et autres enseignes s’alignent. Nous préférons faire nos courses à Stella-Plage dans un petit Franprix.
Après-midi de plage à Merlimont-Plage. La marée est haute. L’eau est délicieusement calme et tiède. Bien sûr il faut marcher beaucoup pour avoir assez d’eau pour nager. Comme en Italie, les gens nagent peu ; ils s’amusent avec des accessoires. Cette année c’est la mode du Standing Paddle. Sur cette eau tranquille, les gens tiennent bien sur leur planche et vont loin. Vision étrange que ces silhouettes à 0contre-jour qui semblent marcher sur l’eau. On paddle aussi en famille, un adulte à genoux tandis qu’un enfant bien harnaché est juché sur une bouée comme sur un trône. Du Club Nautique partent des armadas de kayaks de mer ou de canoës. Un plus gros bateau est tiré par un tracteur. A la limite de l’eau et du sable on joue avec des raquettes en bois et des balles dures et colorées qui flottent.
Vers 17h, nous partons explorer Berck en voiture, exploration plutôt décevante mais on a trouvé la plage des phoques.
Pour fuir la canicule annoncée, cap vers les Hauts de France !
Départ 7h45, contournement de Paris sur l’A 86 par Saint Denis (ralentissement devant le Grand Stade), Gennevilliers (vue plongeante sur des montagnes de gravas et de ferrailles). A 15 par Franconville, L’Ile-Adam et les forêts verdoyantes de l’Oise. A 16 à travers les blés moissonnés. Les éoliennes tournent doucement, jamais nous n’en avons vues autant. Nous avons de la sympathie pour ces machines majestueuses. En enfilade les éoliennes alignées font comme de rayons de soleil.
hortillonnages : barques à cornets
Amiens : une envie. Et si on allait visiter les hortillonnages? Suivant les instructions du GPS, nous traversons des quartiers neufs, passons devant la cathédrale. Un bâtiment pique ma curiosité : une haute tour grise, gratte-ciel solitaire surmonté d’un bizarre cube. C’est la Tour Perret construite en béton dans les années 50 contenant des logements et des bureaux. La Maison des Hortillonnages vend les tickets. Malheureusement la prochaine promenade en barque à cornets est à 11 h 50 et il faudra attendre plus d’une heure. Nous sommes impatientes de voir la mer, peut être sur la route du retour ? Je me contente d’une promenade à pieds le long d’un petit canal et à travers un parc très vert.
hortillonnage
La Cathédrale est impressionnante par sa hauteur et par la clarté à l’intérieur. Sur les piliers une série de photographies anciennes raconte les bombardements de la Première Guerre mondiale et les efforts pour sauver les vitraux. Après l’incendie de Notre Dame de Paris, je suis réceptive à ce genre d’histoire, peut être plus qu’à celle plus ancienne des « bâtisseurs ». On peut visiter la Cathédrale avec un audioguide, pas aujourd’hui, mardi (fermeture des musée).
Amiens
Ici aussi il faudra revenir ! J’ai surtout aimé les scènes sculptées autour du chœur très vivantes avec des dizaines de personnages.
Nuages? Feuillages? vaisseaux sanguins?arborescences? sur les vitres de la Galerie
Hicham Berrada est ce plasticien un peu chimiste, un peu informaticien qui invente des univers minuscules dans des bocaux, cristallisoirs où il fait varier différents paramètres (température, acidité, conductivité etc…) pour observer des phénomènes de précipitation, cristallisation, corrosion, sédimentation, érosion… qu’il filme dans des vidéos poétiques ou qu’il moule et met en scène dans des aquariums.
un monde dans un aquarium
J’avais déjà rencontré ses œuvres dans le Parc de Versailles pour un Voyage d’hiver
mais ces univers minuscules étaient perdus dans les bosquets.
près de Pontoise et j’avais été bluffée par cette chambre d’or et par les vidéos
un autre petit univers minéral
Aquariums, vidéos des expériences de chimie artistique, il ne faut pas oublier les installations créées pour le lieu de résidence ni l’utilisation des algorithmes pour des créations en même temps aléatoires et maîtrisées.
L’art contemporain est une conclusion logique de la Galerie du Temps qui ne peut s’arrêter à l’art classique. Cependant, pour la comparaison, la barre est haute et se trouver confronté à de tels chefs d’oeuvres n’est pas forcément un avantage pour un plasticien, même reconnu.
Exposition temporaire Homère 27 mars 2019 – 22 juillet 2019
Les dieux de l’Olympe et Twombly
Les dieux de l’Olympe nous accueillent, plus grands que les mortels, perchés sur des piédestaux ronds. Ils proviennent de la gypsothèque du Louvre : Arès de Leptis Magna, Apollon du Belvédère de Leochares, Zeus de Phidias et les déesses, bien sûr, Athéna, Héra Farnèse d’après Polyclète, Aphrodite du Capitole….Ils sont confrontés à eux œuvres contemporaines un grand tableau de Twombly, blanc avec un graffiti rouge : Achille pleurant la mort de Patrocle, et en face une tapisserie rouge d’après David Boenooù sont écrits des extraits du Chant IV de l’Iliade, noir et rouge, rouge le sang, qui est aussi qualifié de « sang noir » dans le poème.
Le poète et sa lyre peut être Homère?
transition : Polymnie, la muse de la rhétorique et Un poète assis tenant une lyre
Les images d’Homère
Rien ne prouve qu’Homère ait existé, mais selon Pline « On se représente par l’imagination ceux qui n’existent pas, par l’effet des regrets qu’on éprouve, on prête els traits à ceux dont la tradition ne nous a pas permis la ressemblance »
Homère est assimilé à Démodocos, l’aéde de l’Odyssée.
4 bustes antiques, ou d’après l’antique, représentent Homère. Il a inspiré, de nombreux artistes du 19 ème siècle: Ingres a dessiné le carton de la grande tapisserie, David d’Angers, Corot, Pradier.
J’ai bien aimé le portrait d’un Italien du 17ème qui la dessiné en mendiant.
Anachronismes
En référence à Schliemann on a rassemblé des « objets homériques » comme ce poignard mycéniende bronze et argent(1500 av-JC) le casque à dents de sanglier (cité dans l’Iliade) .
Sur un ostracon : le 1er vers de l’Iliade (580-640 après JC) écrit en grec et le cahier de l’écolier Théodoros…
De très vieilles éditions d’Homère : un papyrus de l’Odyssée (225-200 après JC) une édition imprimée de 1488, sont aussi des témoignages émouvants.
L’Iliade
La suite de l’exposition illustre les épisodes les plus marquants de l’Iliade :
La colère d’Achille – Fournier
La colère d’Achille (Coypel 1711, Fournier 1881, Giovanni battista Gauli dit Baciccio)
La colère d’Achille Corypel
Le départ d’Hector(Coypel, Carpeaux, Gustave Moreau – Hélène sur les remparts.
Achille affrontant le fleuve Scamandre – épisode spectaculaire que j’avais oublié (Jourdy 1831 et Schopin 1831, avec une étrange ressemblance entre les deux tableaux où le fleuve est personnifié)
Hector tiré par Achille a été peint par Rubens c’est une composition préparatoire à une tapisserie.
La mort de Sarpédon : grand tableau de Gustave Moreau
Au milieu des cimaises modernes, des vases antiques et un sarcophage (200après JC)
Raphaël : Le Jugement de Pâris
Le Jugement de Pâris : Watteau et Carrache, une grande tapisserie de Raphaël
Tous les grands(ou presque) sont présents
Odyssée
Scylla
Les monstres: Je suis surtout intéressée par les représentations antiques de Scylla (nous en revenons) et des autres monstres, Sirène, Cyclope….
Ulysse aveuglant le Cyclope
J’ai bien aimé les tableaux de Chagall, mais j’aime toujours Chagall!
Les figures féminines :
Bourdelle :Pénélope
Calypso de marbre, Pénélope de Bourdelle
Et pour finir, un très beau Derain: le retour d’Ulysse
Derain : retour d’Ulysse
Peut-on rire avec Homère? sûrement, avec les caricatures de Daumier! et un Bûcher du Poète Percy Schelleybien satirique
Et pour finir une vidéo contemporaine IL Canto di Ulisse deManon Recordon raconte un naufrage de migrants au large de Lampedusa.