Bab El Foutouh est une porte carrée dans la muraille mais moins décorée que Bal El Nasr, salons de réception, Selon nos guides, autrefois se tenait le marché aux esclaves, remplacé aujourd’hui par le marché aux oignons.
Beit El Sukheimi se trouve dans un pâté de maisons rénové. Un homme nous escorte durant toute la visite. Son anglais est rudimentaire, il nous montre une cafetière « kawa, very nice », pointe du doigt le plafond, « very nice » ouvre le placard mural « clothes, very nice ». A la fin de la visite je lui donne un billet marron d’une livre il s’offusque « me guide ! » ! Five pounds »l’entrée nous a coûté 100 f avec le permis de photographier. C’est cher, on ne s’en rendait as compte quand Zeinab achetait pour nous les tickets. J’avais regretté de ne pouvoir faire des photos au musée Gayer Anderson, ici nous nous rattrapons. La lumière est meilleure les pièces sont plus grandes. Nous nous promenons dans une vaste maison édifiée au XVIIème siècle puis agrandie une sorte d’hôtel particulier avec ses les pièces pour les femmes à l’étage, le petit hammam et sa salle de massages, les WC avec la jarre d’eau cachée dans un placard. Partout les estrades sont garnies de tapis et de coussins de plateaux de cuivre…Dans une cour, une noria et une meule à grain.
La promenadeest tranquille, la plupart des édifices ne se visitent pas ; ils sont pour beaucoup en rénovation. Cela fait plaisir de voir qu’on ne laisse pas s’écrouler un tel patrimoine mais le contraste entre le vieux et le rénové est un peu choquant; le vieux quartier perdra son âme si les habitants ne peuvent plus rester.
Sabil Kouttab
Actuellement, la rue est de plus en plus défoncée et se retrouve même inondée. Il faut contourner une mare sordide juste au niveau de la belle fontaine ottomane, sabil-kouttab. Lonely Planet nous conseille de nous y attarder, le portier ouvre parfois la porte. Mais avec la gadoue nous n’avons pas vraiment l’occasion de flâner.
D’immenses murs de madrassas et de palais bordent la rue. Bizarre des ogives gothiques dans un style bien européen. Je trouve la clé du mystère dans le Guide bleu : c’est le portique de Saint Jean d’Acre qui a été démonté et rapporté en trophée.
C’est agréable d’aller au hasard tranquillement, de lever la tête et de découvrir des merveilles sculptées dans la pierre ou le bois, de vieilles portes, des minarets aux formes bizarres.
Bazar Khan Khalili
Bazar Khan Khalili les bijoutiers vendent de fort belles choses. Il y a aussi des boutiques de souvenirs moches et clinquants qui déparent.
Le café de Naguib Mahfouz m’a bien déçue. C’est un peu un pèlerinage mais l’endroit est trop rénové, aseptisé, piège à touristes.
Mosquée El Hussein
Nous faisons une halte devant la mosquée El Hussein : une belle place est occupée un jardin et il n’y a pas de circulation automobile. Le muezzin appelle à la prière, ce n’est pas le moment de visiter la mosquée. D’ailleurs son aspect clinquant malgré les grands murs austères ne nous attire pas. En principe, elle est interdite aux non-musulmans. On zappe. Dernière étape du périple, El Azhar. Une sorte d’autoroute urbaine infranchissable la sépare de notre pâté de maisons. Nous admirons de loin les minarets très originaux.
Quittant les boutiques chics nous engageons dans le souk dans des ruelles spécialisées dans l’habillement. Comme la marchandise n’est pas destinée aux touristes, des hommes nous hèlent, nous recommandant le souk aux « ibis ». Nous prenons des ruelles très odorantes. Toutefois la présentation ne peut pas rivaliser avec le « marché égyptien » d’Istanbul ni avec le souk de Marrakech. Nous sommes un peu blasées et fuyons un vendeur un eu trop empressé pour nous retrouver dans le bazar aux chaussettes, culottes. La foule est extrêmement dense , nous devons nous tenir pour ne pas nous perdre. Tout le monde pousse. Des moutons passent, il ne manquait plus qu’eux ! Maintenant la rue est complètement pleine, nous sommes comme dans le métro à l’heure de pointe. A un tournant en épingle à cheveux nous comprenons l’origine du bouchon : deux camionnettes essayent de forcer le passage sans aucun égard pour les pieds des passants. On monte dans une échoppe pour ne pas se faire écraser. Cela s’apparente au train fantôme ou à quelque attraction de fête foraine et je m’amuse bien !
Le taxi nous dépose devant un restaurant qui fait les meilleurs shwarma que j’ai mangés au Caire.On prend aussi des beignets de patate douce et une sorte de pain d’épice aux légumes et aux carottes et pique-niquons tranquillement dans les jardins d’une église catholique à deux pas de chez nous.
Dans l’après midi nous repartons pour quelques courses dans notre quartier : une montre et des pâtisseries chez El Ard pour ce soir. Evidemment, on se perd.
André a obtenu l’insigne faveur de pouvoir visiter notre chambre. un taxi nous fait un tour du Caire by night. Cela vaut le voyage. Les minarets d’El Azhar illuminés sont encore plus beaux que le jour. La Citadelle se détache. Les rues sont animées et les cafés sont pleins. On a même dressé des tentes, sortes de cafés de toile. La circulation est fluide. La mosquée de Mohamed Ali est merveilleuse.
Derviches Tourneurs
Le spectacle des derviches tourneurs est gratuit. Une dizaine de musiciens costumés en galabieh gris foncé ou en robe blanche immaculée ouvrent le spectacle. Les instruments à cordes sont rudimentaires, une petite caisse ronde sur un long manche ; ils sont assez discrets. La flûte (genre piccolo) se fait bien entendre. Il y a deux djembés portés au cou par des lanières et plusieurs tambourins. L’horreur c’est un instrument criard au son de biniou qui agresse désagréablement nos oreilles et couvre tous les autres instruments .A la fin du spectacle ils seront trois et ce sera carrément insupportable.
Le spectacle de danse commence tranquillement. Un jeune fait un solo de tambourin et danse quelques tours. Puis un vieux avec des castagnettes, ce spectacle m’apparaît un peu ridicule. Il a beau danser très bien, ses poses évoquent trop le flamenco. Enfin un groupe vêtu de vert le soliste avec trois jupes superposées qui tournent. Il danse d’abord avec trois couvercles ronds puis se débarrasse d’eux puis de ses jupes. Au début cela fait un peu strip-tease mais cette toupie humaine devient de plus en plus fascinante. Quatre hommes vêtus de blanc avec des justaucorps rouges brodés de vert l’accompagnent avec des figures très variées ? Leur chorégraphie évoque la démarche du chameau ou d’autres mouvements suggestifs. Nous sommes conquis. Le danseur tourne depuis une demi-heure, il a l’air complètement en transes, perdu ailleurs. Plus tard il sera remplacé par un autre groupe moins convainquant.
Musée du Caire, vie quotidienne au temps des pharaons
Je laisse 5 livres au Monsieur du nettoyage qui a l’air tout à fait misérable avec ses lunettes épaisses, son seau ses chiffons et son balai. Pas d’aspirateur à Cosmopolitan ! Deux grooms prennent en charge nos 4 petits bagages. Je laisse deux livres à chacun. Ce soir, j’en trouverai d’autres. Ils sont tous Nubiens, noirs, très grands et âgés. Je les confonds tous.
Au Musée
Les explications de Zeinab étaient tellement denses que nous n’avions pas regardé les objets pour eux-mêmes. Il y en avait tellement! Une image en avait chassé une autre si bien que j’avais oublié Djoser en calcaire blanc devant les trous à la hauteur des yeux et bien d’autres.
Nous les retrouvons avec plaisir en essayant de nous remémorer les histoires de Zeinab.
Maquettes
Nous avions négligé les salles du Premier étage . Les maquettes des barques, des saynètes de la vie quotidiennes au Moyen Empire nous ravissent dans des représentations naïves mais combien détaillées ! L’atelier des menuisiers, l’abattoir, le comptage du bétail, les pêcheurs avec les poissons dans les filets.
Musée du Daire : maquettte les troupeaux
Nous retournons à deux reprises voir le trésor de Toutankhamon.
Le trésor de Toutankhmoon
momies :Le ticket est cher . J’y vais comme en pèlerinage. Sethi 1er, Ramsès II sont là. Cette visite se fait en silence dans une salle de granite poli dans la pénombre et le silence. Tous les visiteurs témoignent du respect plutôt que de la curiosité.
Nous terminons la journée dans les jardins du Musée, on nous chasse à la fermeture.
Au Business Centre de l’hôtel Cosmopolitan, on m’avait assuré qu’un fax coûtait onze livres. En écrivant serré, cela me semblait beaucoup plus économique qu’un coup de fil pour donner tous les détails. Je n’avais pas prévu que le fax ne serait pas en route à Paris. Cela a coûté trois communications, beaucoup plus cher que si j’avais appelé !
A la cafétéria, la télé diffuse une émission de propagande en Hébreu que j’écoute le plus attentivement tout en ayant l’air de regarder ailleurs, je suis curieuse cette propagande mais ne veux pas me faire repérer. Ils donnent beaucoup d’importance aux soldats qui refusent de servir.
Le train
Le représentant de Sylvia Tours est en avance. Le chauffeur de taxi est notre préféré, avec qui nous avons déjeuné chez Andréa. Je suis déçue,le train ne part pas de la gare Ramsès mais de Gizeh. J’aurais voulu voir la gare Ramsès.
Sur le quai, il y a un groupe de Français en partance pour Assouan. Des moutons dans des cages de bois de palmier empilées attendent l’Aïd.
Plusieurs trains locaux passent, en haut le métro aérien. Les moutons se couchent, se relèvent. Il y a juste la place pour un animal dans la cage. Une s’est même renversée. Heureusement ces bêtes sont silencieuses.
Enfin nous embarquons dans notre petit compartiment.On s’attendait peut être à des dorures ou à un décor sorti d’Agatha Christie! Dès le départ on nous donne le plateau du dîner avec une petite barquette de poisson frit avec deux quartiers de pomme de terre, une barquette de poulet au riz au safran, une barquette avec une sorte de boudin ( ?) et une dernière blanche que je prends pour de la purée. C’était du fromage blanc que je renvoie sans y goûter, dommage ! Nos couchettes ont deux draps et une belle couverture. Méfiante j’installe la chaînette de sécurité.Bien mal m’en a pris, à une heure du matin je me lève et n’arrive plus à ouvrir. Allons nous rester coincées jusqu’à Assouan ?
L’employé du train nous réveille à quatre heures du matin et apporte le plateau du petit déjeuner avec un croissant, un gâteau, de la confiture, du beurre, un petit pain et du fromage. Nous avons juste le temps de sortir les valises.
Sur le quai où nous attend le transfériste de Sylvia nous attend. Le minibus traverse Louxor dans la nuit, déserte et très sale. Puis roule dans la campagne à très petite vitesse jusqu’à un barrage de police . Le pont est fermé aux touristes : il faut attendre 6 heures que le dispositif policier se mette en place. Le chauffeur et Dimitri, le transfériste, s’endorment. D ne décolère pas et râle tant qu’elle peut. J’aimerais qu’elle se taise. J’ai peur que ce soit mal interprété. Et puis, j’aimerais bien faire un somme. La nuit a été courte. Le jour se lève. Des écharpes blanches zèbrent le ciel.
Notre chambre est encore occupée. Nous buvons un thé et Mahmoud nous conseille d’aller visiter le temple de Médinet Habou.
Médinet Habou
Un chemin de terre nous conduit en dix minutes à notre premier temple que nous découvrons dans le petit matin. L’énorme pylône est gravé. Nous passons, éberluées, de colonnades en cours.
On ne visite pas un temple égyptien comme des ruines grecques ou romaines. D’abord les dimensions sont très différentes. Surtout les images sont bien plus présentes. Il se lit comme une bande dessinée. .Certaines figures sont répétées. Certaines scènes racontent une histoire précise, un moment précis.
Entre anecdote et symbole, les lectures sont innombrables. Une conférencière intéressante, nous livre quelques pistes. Nous suivons son groupe dans une chapelle latérale dans laquelle était entreposé du grain, dédiée à Osiris. Osiris et le grain symbolisent la Résurrection. Hier, au musée du Caire nous avons remarqué un « Osiris » en orge germé sur une fine toile. La guide montre aussi Happy, le dieu hermaphrodite du Nil avec des seins et des bourrelets. Elle insiste sur le caractère « démocratique » de cette résurrection : Pharaon travaille lui même la terre et récolte le grain. Elle insiste sur le voyage solitaire du défunt qui seul devra répondre de ses actes.
Sur le pylône, les guerres de Ramsès III son retracées. Ramsès tient ses prisonniers par les cheveux. Des scribes comptent les mains coupées ainsi que les phallus (les langues,) en tas.
Tout est mêlé, histoire et symboles. Sans compter les hiéroglyphes que je ne sais pas déchiffrer.
Notre chambre est libre : elle est magnifique. Des moustiquaires forment des baldaquins sur les lits couverts d’épaisses couettes blanches. Les lits ainsi que tout le mobilier sont faits de fines baguettes de nervures de palmier travaillées à la manière du rotin ou du bambou. Elles donnent des meubles légers. Le sol carrelé est recouvert de très beaux kilims. Les murs sont en torchis. Des rideaux fins et soyeux rouge brillants avec de longues franges égayent la pièce. Au milieu du mur une curieuse cheminée à foyer arrondi très bas avec une lisière ? Le plafond est fait de palmier, des poutres de palmier soutiennent de fines baguettes, au dessus du torchis. La salle de bains est carrelée avec des motifs mauresques, entrelacs de bleus et de verts. Un lavabo surmonté d’une belle glace, la douche est toute simple, des WC. Au mur des photos anciennes et une reproduction d’aquarelle de David Roberts. Sur les étagères des livres en français. La pièce fait environ 6mx4m.la fenêtre donne sur les champs on perçoit au lin les colosses de Memnon. Nous avons aussi une charmante terrasse avec du mobilier en palmier, une table basse et un fauteuil.
Lune légère collation, salade et fromage pour moi . J’ai’ hésité avant de commander de la salade mais une Française habituée des lieux m’a assuré que tout est tellement frais qu’on ne risque rien. Contrairement aux grands hôtels qui préparent les repas à l’avance. Cette française vient ici depuis 20 ans. Elle nous conseille pour nos visites et nous recommande d’aller voir les tombes des Nobles
Au village aux maisons peintes, un jeune en galabieh avec un long bâton qui lui sert de canne, nous escorte. Sa peau est très foncée. Il a une belle prestance. Il parle bien français. Il a vécu en Alsace. Il nous conduit à la tombe de Khaemkat où des bas reliefs sont finement sculptés. Les coiffures sont rendues avec un soin extraordinaire ? Puis nous voyons la tombe de Ouserhat peinte avec des couleurs très vives. Le gardien A un système très simple pour éclairer les fresques : il capte le soleil avec un gros miroir rond puis brandit un plateau recouvert d’une feuille de papier aluminium qu’il oriente vers les fresques.
Nous voyons les travaux des champs, chez le barbier et une belle scène de chasse. La dernière tombe est celle de Ramose, beaucoup plus grande dans laquelle le culte d’Aton est représenté avec les rayons du soleil terminés par de petites mains, .
Le Ramesseum est de l’autre côté de la route.Toute la bataille de Kadesh y est représentée.Les épisodes racontés par Christian Jacq sont gravés là : celui où Ramsès réprimande ses chefs militaires qui on fui devant les Hittites et les Syriens, la scène où, seul sur son char il pourchasse les ennemis, la fuite des Hittites, leur noyade dans l’Oronte qui fait un coude autour de la forteresse…. La vie dans le camp militaire et même le lion du roi. Un couple de faucon niche entre les pierres du pylône, ils sont très colorés, roses. Leur présence me ravit.
Un gardien, en galabieh bleue enturbanné me poursuit en répétant « Holy tree », je me demande bien ce qu’il me veut et fais semblant de ne pas comprendre l’anglais.
Finalement je le vois, l’arbre sacré. Le gardien se tient derrière nous. Je lui montre que j’ai compris. Pour pouvoir me demander son pourboire il me fait visiter les magasins avec leurs voûtes arrondies construites en briques de terre crue.
Promenade dans les champs
Nous rentrons « par l’agriculture » dans les champs d’alfafa. Des paysans récoltent leurs bottes de fourrage assis. Ils coupent sans se presser des poignées de luzerne qu’ils entassent. Plus loin, les ânes attendent. Nous suivons de très petits sentiers autour des parcelles le long de petits canaux d’irrigation que nous enjambons, entre luzerne et canne à sucre.
Un petit garçon juché sur son âne vient nous voir pour nous remettre dans le bon chemin. Nous lui offrons un chewing gum. Plus loin, son père nous dit qu’il est un cousin de Mahmoud et que ses ânes sont à notre disposition si nous avons besoin d’une monture. Nous passons devant les colosses de Memnon.
Eléonore, la française, en turban rose et veste à fleur, genre baba très chic,Paris 6èm, nous bâtit un plan de campagne. Je bois un kerkadé.
Le mouton de l’Aïd
Nous dînons tôt. La police a fait cuire le mouton de l’Aïd dans le four de Mahmoud. Ce four est une jolie coupole de terre. A côté des galettes de terre cuite et des pelles pour sortir le pain. Le mouton cuit avec de l’ail et sent délicieusement bon. Mais les policiers sont nombreux, et fort corpulents, il ne reste plus de mouton pour nous. Nous nous contenterons de poulet grillé. On nous sert d’abord en entrée une délicieuse salade parfumée au sésame, du riz de la ratatouille et en dessert deux mandarines.
Avant de nous coucher, nous observons un curieux phénomène : la lune est entourée d’un halo d’un diamètre impressionnant. Il y a même de petits nuages à l’intérieur du halo. Un voisin propose l’hypothèse de la diffraction de la lumière par la poussière du désert. Nous nous couchons épuisées après une si longue journée, commencée à 4heures du matin avec tant de visites.
Le petit déjeuner est servi à 8h : œuf au plat, fromage de bufflonne crémeux et peu salé, pain de campagne en tranches, de la confiture d’orange et du thé.
Eléonore et une autre française nous prodiguent leurs conseils pour la visite à Karnak. Nous ne trouverons pas à manger sur place, il vaut mieux emporter des vivres. Eléonore me donne son fromage pour que je confectionne des sandwiches. Le serveur propose d’aller chercher de la taamyia, mais le vendeur n’est pas arrivé. Taxi
Les taxis collectifs, les capotes, sillonnent la route. Ils s’arrêtent quand on leur fait signe de la main. Le tarif est de 25 piastres. A l’arrivée je n’ai malheureusement pas la monnaie. J’arrive avec des gros billets, on nous réclame 5 livres chacune (c’est le double du taxi privé). Je proteste et nous nous en tirons à 5 livres pour deux. Dix fois le prix pour les Egyptiens.
Encore une fois l’application de cette précaution fondamentale : avoir de la monnaie.
Traversée du Nil
Au bac, les bateliers se précipitent vers nous. Nous demandons une traversée pour Karnak et obtenons le prix raisonnable de 20 LE. Eléonore avait dit qu’il fallait demander « Karnak ten pounds » et que si nous avions de la chance on négocierait à 15 LE.
Nous voici dans un étroit bateau à moteur pour nous toutes seules. Les enfants du felouquier sont en vacances pour l’Aïd, distribution générale de chewing-gum. Je savoure cette traversée tranquille. Au débarcadère, rien de bien appétissant à se mettre sous la dent et compléter le pique-nique,ruelles misérables
Temple de Karnak
Le temple de Karnak est précédé d’une allée de sphinx à tête de béliers formant le dromos.
Le premier pylône, muraille massive cache le temple. Franchie la porte, nous arrivons dans une belle cour carrée où il nous faut d’abord s’ orienter, il manque la boussole. Sur les bords, nous trouvons les chapelles, encore des sphinx, au centre le « pavillon » ruiné et un gros bloc d’albâtre : le reposoir de la Barque Sacrée.
Trois chapelles sont consacrées à la triade de Thèbes : Amon, Mout et Khonsou leur fils. Nous apprenons à reconnaître ces divinités qu’on rencontrera partout. Khonsou est parfois représenté comme un faucon qu’il ne faudra pas confondre avec Horus. De l’autre côté de la cour, un temple bâti par Ramsès III, des colosses, des barques gravées. A l’entrée des vestiges romains, des souvenirs de Ramsès III, Ramsès II et de Séthi 1er, pharaons que je connais déjà bien par la littérature.
Le deuxième pylône est l’œuvre de Horemheb, encore un personnage connu. Après celui ci nous découvrons la salle hypostyle qui est vraiment très impressionnante avec ses colonnes géantes, ses chapiteaux floraux, corolle épanouie au centre, fermée vers les côtés.
Il y a vraiment beaucoup de monde, très peu detouristes français (j’avais espéré glaner des bribes des exposés des conférenciers) mais des Indiens, des Polonais, des Japonais (tous parasites gênants puisqu’incompréhensibles). L’essentiel des visiteurs est tout simplement composé d’Egyptiens, soit en famille – très nombreuses – soit en bandes d’adolescents effrontés, soit en groupes organisés. En effet il y a un « pont » pour l’Aïd du vendredi au dimanche et les Egyptiens, comme nous, font du tourisme .Ils n’arrêtent pas de se photographier les uns les autres, pire que les Japonais. !
Malgré toute cette foule, la grande salle ne perd pas son charme. Nous sommes si petits auprès des colonnes. Le plafond est si haut, les murs tellement vastes que finalement, on ne se gêne pas. Nous pouvons nous asseoir sur une marche très haute à l’ombre et lire paisiblement. Il ne fait pas trop chaud .Malheureusement le ciel voilé se couvre de plus en plus et les colonnes ne se détacheront pas sur un ciel bleu.
Le plan du temple se complique ensuite, il reste deux obélisques qui feront bien en photo avec les palmiers, des statues colossales d’Hatshepsout (encore une figure connue). Nous allons de salle en salle, nous perdons un peu et arrivons près du lac sacré qui est encore en eau. Ce lac était indispensable pour les barques sacrées, aujourd’hui, il dispense de la fraîcheur.
Il est midi, il commence à faire très chaud et l’ombre se fait rare.
Dans cet endroit bien compliqué, nous sommes arrivés en remontant le temps à la XVIIIème dynastie (1550-1530). Thoutmosis a essayé d’effacer l’œuvre d’Hatshepsout, ce qui complique notre repérage, la chapelle de la Barque Sacrée est intacte, il y fait bien frais et les parois sont très décorées.
Une grande cour témoigne du Moyen Empire, mais l’ensemble du sanctuaire en calcaire a disparu dans des fours à chaux. Encore une fois, nous avons loupé le Moyen Empire ! Déjà au Musée du Caire, j’avais oublié cette période. Il reste une autre belle salle hypostyle l’Akhménou très décorée avec des cartouches colorés, de nombreux animaux, abeilles chouettes et serpents.
Nous cherchons un coin propice pour un pique-nique. Les guides nous appâtent avec le « jardin botanique », déception, pas de végétation ni d’ombre, ce sont des bas reliefs d’une grande finesse et très originaux mais rien de rafraîchissant ! Finalement, nous nous installons en dehors du temple à l’ombre de ses murailles. Nous ne passons pas inaperçues des sentinelles dans des guérites qui surveillent le site. Un gradé fait le déplacement, nos sandwiches le rassurent. Il a la délicatesse de ne pas s’approcher.
Tout ce dispositif policier destiné à rassurer les touristes est parfois très pesant. Les policiers désœuvrés prennent leur mission au sérieux. Ce n’est pas très agréable de déjeuner sous le regard d’au moins une dizaine de militaires.
Je suis déçue par le temps. Le ciel est blanc, couvert de nuages qui ne suffisent pas à réduire l’ardeur du soleil de midi mais qui donne une lumière blanche et sans ombres pour les photos.
Nous retournons d’un regard distrait. Nous sommes saturées. Karnak est tellement grand qu’il nous a fallu cinq heures pour découvrir ses trésors, tout au moins ceux qui sont ouverts à la visite. Nous n’avons plus envie de voir des antiquités à Louxor !
En calèche
Nous trouvons facilement une calèche. Comme pour les bateaux et les taxis, nous marchandons le prix avec un homme sou le regard d’une dizaine d’autres. Une fois fixé le prix, c’est un autre qui nous prend en charge
Le cheval trottine sur la corniche du Nil plantée d’arbres, c’est reposant .il nous dépose devant le ferry. Nous faisons un tour au souk mais aucun objet n’attire ma convoitise. Les marchands nous hèlent mais sans trop d’assiduité. nous achetons des cartes postales, des reproduction d’aquarelles anciennes et
Ce matin, le vent a apporté une fine poussière beige qui s’est déposée sur mon cahier. Le soleil s’est levé dans une curieuse lumière jaune.
Au petit déjeuner? François, résidant à Assouan, nous donne des conseils . Que choisir ? Les tombes de la Vallée des Rois ? C’est un must, le lieu est grandiose, les tombes impressionnantes. Son coup de cœur: le village des artisans de Deir El Médineh. Nous visiterons donc les deux. Faut-il faire l’impasse sur les Reines ? Non, dit-il, « vous êtes des femmes, ce lieu devrait vous inspirer, la vallée est comme un vagin, l’utérus de la Terre ! » Il ne faut pas être effrayé par le prix exorbitant de la tombe de Néfertari dit- il.
Vallée des Rois
Vallée des rois : Thoutmosis
Quinze livres pour la Vallée des Rois, pas plus. Pour ce prix, on nous dirige vers une voiture privée, Hyundai blanche. Les chauffeurs des taxis officiels sont furieux, altercation bruyante entre eux.
Le site est magnifique, les falaises toutes proches. L’endroit est très organisé, il y a même un petit train que nous négligeons pour relier le parking et la billetterie. Avec l’aide du guide Bleu, il nous faut choisir trois tombes.
La première est celle de Ramsès VI- Le couloir est légèrement incliné, les salles sont hautes de plafond et assez larges. Pas de problème de claustrophobie. La tombe est entièrement peinte. Le couloir d’entrée est peint de hiéroglyphes : les litanies du soleil, le livre des cavernes, noms évocateurs mais peu parlants pour le profane. Ce qui nous plaît le plus c’est le plafond de la salle avec la déesse Nout qui avale le disque solaire avec des formules astronomiques (hiéroglyphes). Sur les murs de nombreux cobras. Un monsieur qui a l’air très savant, nous explique que certains serpents sont gentils d’autres agressifs crachent et tirent la langue.
Nous passons devant plusieurs chantiers de fouilles (interdiction formelle de photographier), les ouvriers sont emballés dans toutes sortes de voiles et de turbans pour se protéger de la poussière. Certains creusent avec de grosses binettes d’autres remplissent des seaux en caoutchouc noir comme celui des pneus, et font la chaîne, seau sur l’épaule. Certains chantent. A part le costume (on ne voit pas de galabieh aux temps pharaoniques) ils travaillent sans doute de la même façon que ceux qui ont construit les tombes.
Aménophis II. D renonce devant le puits profond. Je suis donc seule avec le gardien et j’ai le plaisir de m’enfoncer dans les profondeurs de la terre. Un peu la même impression qu’à Khephren. Les murs sont juste dégrossis et pas décorés. Je remonte à temps pour entendre un conférencier libanais faire l’article de la tombe (en anglais et un peu en arabe) : « Quatre raisons pour choisir cette tombe : c’est le plus beau sarcophage, c’est la tombe la plus profonde … »
D a dû subir les assauts des vendeurs de scarabée et de chats sculptés. On regrettera ensuite de ne pas avoir pris la statue de Bastet.
Atombe de Ramsès III, il y foule. Ce qui gâche un peu la découverte. Le gardien confisque les appareils des maladroits ou des culottés qui ont laissé se déclencher le flash. Il enlève le film et demande 100 livres d’amende. Photographie d’ Osiris, Isis et ses ailes qui protègent son mari, Anubis.
Des gens grimpent dans une fissure conduisant à la tombe de Touthmôsis III. Les escaliers raides sont bondés d’écoliers égyptiens accompagnés de leurs enseignants qui les font pousser pour me laisser monter. A l’intérieur, je descends beaucoup de marches pour arriver dans une salle ronde couverte de figures stylisées comme un papyrus déroulé (dixit le Guide Bleu). C’est tout un livre : le livre-de-ce- qu’il a – dans – l’Hadès ; les personnages sont peints en noir quelquefois rehaussés de rouge très stylisés.
Notre chauffeur nous invite chez lui mais nous déclinons son invitation.