Gournah : village des Artisans

PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

Deir el medineh : le village des artisans

Pause de midi sur notre terrasse. Nous aimerions rester plus longtemps à nous reposer et à écrire en regardant les paysans rentrer des champs, les enfants sur leurs ânes et les oiseaux sur les toits.

Village des Artisans

Deir El Médineh est tout près derrière la colline où est construit le village actuel.

Le site du vieux village des artisans est assez étendu. les petites maisons sont entassées.on devine les courettes, les cuisines… trois cars attendent, le gardien de la tombe de Sennedjem nous demande de patienter, la tombe est petite. Quand nous descendons, nous avons la tombe pour nous seules. C’est un enchantement : elle est entièrement recouverte de fresques aux couleurs vives. Sur un mur : le Paradis, les champs d’Ialou qui sont de véritables champs de céréales avec des arbres verdoyants. Le mur du fond est occupé par Osiris et Anubis qui préparent la momie. En face Isis et Nephtys sont représentées sous forme d’oiseaux. Nous restant un moment éblouies. Le gardien nous suggère de prendre des photos (en principe c’est interdit) avec un bakchich il surveille l’entrée.

La deuxième tombe est aussi belle avec ses couleurs fraîches et ses animaux fantastiques : un lièvre, curieux carnassier, deux lionnes, le phœnix représentant Osiris ? Je donne cinq livres au gardien ce qui est le prix du permis de photographier dans la vallée des rois. Il est tellement content qu’il nous propose une promenade en felouque à Louxor, « demain inch’Allah ».Troisième tombe, celle de Pachedou, pas de photo, nous achetons la carte postale.

Deir el medineh temple d’Hathor

Nous redescendons à flanc de montagne dans les tombes avec de curieux pyramidions et dans le village et le village en ruines jusqu’au temple d’Hathor complètement caché par un mur de briques de terre crue bizarrement ondulé. Le temple est tout petit mais en très bon état. Il a gardé son plafond, ses colonnes campaniformes d’un très joli bleu turquoise et ses fresques dans les trois chapelles… Il y a des têtes de vache partout, ce qui est normal pour temple consacré à Hathor, mais d’autres divinités ont une tête bovine. Le gardien nous montre la pesée des âmes avec Thot l’ibis et la Dévoreuse.

Plus loin, le puits des Ostraca est creusé dans des argiles colorées en mauve, vert et rouge. Sur les bords des tessons de céramique, les ostraca.

Gournah : invitation au thé

PREMIER  VOYAGE EN EGYPTE 2002

 


Invitation au thé

Pour rentrer du village des Artisans, nous coupons par le village et sommes rapidement rejointes par l’aquarelliste hongrois que nous avions déjà rencontré au Ramesséum avant hier. Nous aboutissons au sommet d’El Gournah. On ne peut pas redescendre sauf en traversant les maisons. Le Hongrois appelle les gens, des jeunes filles nous montrent un passage couvert entre deux habitations. Le grand père sort.  On photographie un peu. Bien sûr suit une distribution de chewing-gums. Une petite fille nous invite chez elle « venez photographier l’âne, pas de bakchich », sa mère sort sur le pas de la porte et nous invite pour le thé. Nous refusons d’abord en remerciant beaucoup puis nous nous ravisons. Je suis très curieuse de voir l’intérieur des maisons et comment ces gens vivent.
Quand on visite un pays on aime rencontrer ses habitants. C’est quand même plus vivant que les tombes et les ruines.

La maison est rose avec un étage. la façade est décorée avec des créneaux. Un reptile, sorte d’iguane séché, est fixé au dessus de la porte comme décoration. La femme a l’air très jeune. Elle est vêtue d’une robe longue blanche. Son mari, en short, enfile une galabieh verte en notre honneur.

Chez eux, c’est très sale. Le mobilier se compose de lourds canapés de bois. Sous nous asseyons sur un, l’autre est plein de vêtements entassés avec un bébé couvert de mouches. On commence par photographier le bébé. La mère allume la lumière. Ils ont l’électricité : un énorme réfrigérateur antique, un ventilateur au plafond et un petit poste de télévision. Mais les murs sont très écaillés. Sur une natte, il y une crotte que la femme enlève bien vite avec un papier. Elle est très fière de montrer sa cuisinière pendant que l’eau chauffe. Dans une bassine mijotent des haricots aux tomates (les mêmes que nous avons mangé à l’hôtel hier) et dans un faitout une soupe au poulet.    Nous nous installons à boire le thé avec des petits gâteaux.

J’explique que nous sommes professeurs de collège. La petite fille est très impressionnée et va sortir son « workbook » d’anglais. Il est soigneusement complété et bien plus compliqué que ceux de mes 5ème6 alors qu’elle a le même âge. Nous le lisons ensemble. Le petit frère est très fier de compter jusqu’à 9. Comme elle parle très bien, nous pouvons nous raconter bien des choses. Elle montre Paris sur la carte de l’Europe. Nous lui demandons de nous raccompagner jusqu’à l’hôtel. Sur ces entrefaites toute la famille endimanchée arrive en visite, nous nous éclipsons. La mère m’embrasse plusieurs fois, refuse le cadeau de 10 livres puis finit par accepter. Son mari nous raccompagne et nous conduit à l’étable photographier la vache, il y a aussi une petite génisse rousse.

La petite fille a disparu, elle revient en courant avec un âne pour D qui clopine. Elle préfère encore marcher que de chevaucher le baudet. Nous traversons le village avec notre escorte de gamins, la fille en robe rouge et fichu vert, une autre fillette en rouge son frère en galabieh marron auxquels viennent s’adjoindre d’autres garçons. Nous devons passer devant un chien méchant « no problem ! » chacun s’arme d’un caillou pour parer toute éventualité. Nous sommes invitées par une autre femme, magnifique très noire dans une robe de velours violet avec un très beau foulard bleu. On promet « demain ! »Nous arrivons sur le « terrain de foot » juste devant chez Mahmoud. Les enfants crient « Mahmoud Fondouk ! Mahmoud Fondouk ! » On offre encore des chicklets, d’autre gamins délaissent le foot pour la distribution. Avant de se quitter, je promets d’envoyer les photos mais je n’ai pas l’adresse. Le gamin de l’âne du premier jour est là, je le charge de distribuer les photos qu’on enverra à Mahmoud.

Le ciel est couvert ; on dirait même qu’il va pleuvoir. Il fait frais, nous rentrons dans nos appartements. Pour dîner je mets ma polaire.

On sous sert la salade et du fromage délicieux le même ragoût de bœuf du riz et de délicieuses courgettes sautées presque crues avec des lamelles de carottes des pommes de terre et des oignons. Ashraf, le serveur propose de me réveiller à six heures moins le quart pour acheter les billets pour Néfertari.

Gournah : vallée des Reines

PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

La vallée des Reines

 

Le muezzin me réveille. Il chante très bien. Son appel est très différent de ce qu’on a déjà entendu au Maroc ou en Turquie, beaucoup plus mélodieux.

6 heures, il y a déjà la queue au Ticket Office. . Le soleil se lève dans les écharpes de nuages avec toujours une ambiance dorée. Comme de grosses bulles de savon? les montgolfières décollent du temple d’Hatshepsout et dérivent lentement dans le ciel se détachant à contre-jour. Les colosses de Memnon sont silencieux. S’ils chantaient encore on les entendrait d’ici.

Après le petit déjeuner Ahsraf propose une cure-miracle : un ami lui a creusé un trou et l’a enterré à moitié dans le sable chaud et cela l’a guéri. Il faut attendre les heures de midi pour que le sable soit assez chaud et que la cure soit efficace.

Tombes des Reines

Nous allons tranquillement à pied aux tombes des Reines. Maintenant que les enfants sont nos amis, nous ne redoutons plus leurs tracasseries. D’ailleurs, les vacances sont finies pour eux ! Ils retournent à l’école. Le bus de ramassage scolaire s’arrête à notre carrefour.

A  la tombe de Néfertari, Il n’y a qu’un Egyptien avec deux voilées qui ne s’éternisent pas. J’ai donc la tombe pour moi seule ! C’est vrai que les couleurs sont magnifiques et la finesse du  dessin exceptionnelle. La belle Néfertari est vraiment belle ! Des ventilateurs et des extracteurs d’air permettent de respirer normalement. J’ai tout le loisir de profiter de ce moment idéal ? C’est un peu comme dans la salle des momies au Caire. On rend visite à la reine défunte dans le recueillement.

L’émotion et la surprise étaient plus grandes hier dans les tombes des artisans.

Nous visitons ensuite sans nous presser trois tombes au prix de deux. L’une d’elles est celle d’un prince adolescent et d’un fœtus, son petit frère. Le prince a été initié au rôle de pharaon, il porte l’éventail du pharaon en plumes d’autruche, et son père le présente à chaque divinité. L’histoire,  très lisible, est touchante. Les fresques un peu défraîchies, mais le dessin est précis. La tombe de la reine Titi est plus décevante. La dernière, en revanche nous offre une visite très plaisante. Maintenant nous sommes plus initiées et nous reconnaissons toutes les divinités. Un enfant avec sa natte est souvent présent c’est le fils de Ramsès III. Sa femme est représentée complètement nue, ce qui, inévitablement, entraîne les commentaires du gardien. Nous terminons très bien notre visite chez les reines et rentrons tranquillement.
A côté du parking, se tient une sorte de bazar, j’achèterais bien la chatte Bastet que nous avons ratée à la vallée des Rois mais celles qu’on nous propose sont trop grossières et la plupart ont des défauts. En revanche, je trouve une écharpe brillante pour 3 Euros.
Les Egyptiens sont passés à l’Euro avec plus de facilité que nous. Ils jonglent avec le change et nous offrent de meilleurs prix.

Gournah : héliothérapie

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Pause de midi
Le couple de jeunes français est parti sur des vélos. Mahmoud et Mohamed ont disparu. Les femmes sont chez elles et les enfants à l’école. Ashraf a balayé et arrosé la cour et la salle à manger extérieure.  Il a l’air de s’ennuyer. Après le déjeuner, Ashraf nous propose  sa cure contre les rhumatismes.

Le « light meal » est servi sur la terrasse. Quelques temps plus tard Ashraf remonte avec un joli bouquet de bougainvilliers puis il revient avec deux colliers de petites perles bleues qu’il passe au cou de chacune.

Héliothérapie

Rendez vous à 13h30 au ticket office.  A l’heure dite un « taxi égyptien » (pick up bâché) s’arrête, nous montons, Ashraf arrive plus tard avec son téléphone mobile et s’installe à côté du chauffeur. Le pick up traverse le village de Medinet Habou puis la campagne cultivée. Nous voyons de nombreuses vaches dans leurs curieuses étables rondes en terre noire surmontée de feuilles de palmes et à ciel ouvert. Enfin nous sommes dans le désert sur une piste !   Nous ne savons pas où nous allons. On pourrait nous enlever. Moi j’ai confiance mais l’angoisse est communicative.

La promenade est inédite. Un peu plus loin, une série de petits dômes, un couvent de bonnes sœurs coptes, isolé dans le désert. Au retour nous entendrons leurs chants « le Coran chrétien » commentera Ashraf.

Le taxi s’arrête au milieu de nulle part, nous croisons des camions chargés de pierraille. Puis on s’éloigne une dizaine de mètres de la piste dans un endroit bizarre crevé de trous, une vieille carrière d’argile. C’est plutôt sale, du pied Ashraf éloigne un caca de chien ou de chacal. Que sommes nous venues faire ici ?  Il creuse avec ses mains et nous enterre à moitié. La serviette c’est pour la tête. Il faut rester une demi-heure sous le sable brûlant pour guérir. Après 20 minutes il fait des massages des cuisses aux mollets. Une demi- heure plus tard, nous rejoignons le taxi qui attend à quelques centaines de mètre de là à l’ombre. Ashraf me demande l’argent du taxi, 7 livres. C’est lui qui donnera l’argent. Il nous explique maintenant que notre présence ici est illégale. Ni le taxi ni lui ne veulent des ennuis avec la police. Pour le taxi, c’est Ashraf qui nous a invitées et qui paie. Pour la police, c’est nous qui avons pris le taxi pour nous promener. Son portable sonne, je l’entends répondre qu’il est à Medinet Habou.

Gournah : temple de Séthi 1er

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J’arrête une capote,3 LE pour  deux.
Le ciel est à nouveau gris. Le petit temple est décevant. Ses colonnes sont très abîmées. Beaucoup de visages des divinités ont été martelés. Les couleurs sont passées. Nous sommes un peu déçues, sans doute blasées. Le gardien est collant; Nous essayons de décourager ses tentatives de commentaires en nous asseyant fréquemment pour lire à haute voix le Guide Bleu. Il continue à nous escorter. On lui montre le guide Gallimard et sa belle carte à déplier illustrée, les dessins des oiseaux. Pour gagner sa pièce il fait un effort d’imagination et me conduit sur le toit du temple en sautant comme un cabri de bloc en bloc. C’est vraiment de l’escalade et je dois m’aider des mains. Je l’admire, il est vieux, corpulent en longue galabieh et chaussé de savates.

Du haut du temple la vue est magnifique, on voit le Ramesseum, le temple d’Hatshepsout, tous les petits villages.
Nous rentrons à pied à travers le village. Des femmes toutes voilées de noir de la tête aux pieds passent en groupe. Le chemin est long, on arrête un taxi collectif.

en convoi d’ Edfou à Assouan

PREMIER VOYHAGE EN EGYPTE 2002

 

Edfou Kom Ombo

Koum Ombo

 

 

Voyage en convoi
Le convoi pour Assouan part à7h. Il est formé d’une voiture militaire, de trois microbus, d’une voiture particulière et de trois cars. Il est tout sauf discret. Il brûle les feux rouges en ville, roule sans se soucier des bandes blanches … Avantage : on roule vite. Ce n’est guère plaisant de payer un taxi sans pouvoir lui demander de ralentir pour prendre une photo. Nous passons plusieurs barrages, le dispositif policier  est impressionnant. Un convoi à heures fixes ne me paraît pas être la meilleure garantie contre les embuscades. Nous sommes annoncés par une sirène.
Nous traversons donc la campagne, le Nil est le plus souvent caché par une digue de remblais. Les écoliers vont à l’école en uniforme soit bleu marine pour les plus grands, beige pour les petits souvent en tabliers. Ils sont très soignés. Les écoles sont construites sur le même modèle : un grand immeuble de brique rouge d’environ quatre étages avec une grande cour, un peu genre caserne, sur les vitres on voit des dessins d’enfants.
Les luzernes sont vert très vif presque fluo. On récolte en ce moment la canne à sucre. On en fait de grands tas un peu desséchés que l’on charge sur des wagonnets qui circulent sur une voie à rails peu écartés. En passant à la sucrerie de Kom Ombo,  on verra des hommes qui se jettent sur les chargements des camions entrant à l’usine, pour arracher des tiges à pleines mains. Personne n’intervient pour empêcher ces larcins.
Les villages sont construits en bordure du désert pour ne rien perdre de la très mince bande cultivée verte. Certains villages sont tellement pauvres qu’ils ressemblent aux villages antiques, murs bas, courettes et toits plats encombrés de sortes de branchages de palmes et saletés diverses. Sur le bord de la route on voit des cafés de plein air ombragés par des bâches.
Il y a très peu de circulation, pratiquement pas de voitures particulières, surtout des ânes tirant de petites charrettes, portant de la luzerne ou des cavaliers.

 

Edfou

Edfou

Nous passons à côté d’Esna sans nous arrêter. A Edfou, nous traversons le Nil. Edfou est une grande ville ; il y a des embouteillages de calèches et de véhicules divers traversant le marché. Le temple d’Edfou est rempli de groupes de touristes  et nous n’avons qu’une heure pour le visiter.
C’est dommage qu’on soit si pressé, il est énorme et bien préservé. D’énormes faucons en granite en gardent les entrées du temple d’Horus. Pour la photo il faut prendre son élan. Chacun veut se faire photographier en compagnie du faucon,

.
Sur le pylône d’immenses Horus, le Pharaon et d’autres divinités sont gravés. Nous n’avons pas le temps de sortir le Guide Bleu, pas non plus la possibilité de suivre un groupe. Nous arpentons donc les cours et la salle hypostyle au pas de charge. Les chapiteaux hellénistiques me plaisent beaucoup, les bas reliefs moins. Le style des bas reliefs est plus « baroque », plus surchargé, moins lisible que dans les temples du Nouvel Empire. Les pharaons me sont inconnus, les corps sont plus gras les chairs plus molles.

Achats

C’est l’occasion de faire des achats. Ici tout se marchande en Euros. Une belle galabieh bleue me tente ainsi qu’une chemise blanche toute simple.

Je cherchais des nappes damassées. Dans la queue des tickets, j’entends une guide conseiller des touristes : 3 m, 12 serviettes doivent se négocier autour de 100 livres. Les coloris ne me plaisent pas. Celles qui sont imprimées sont jolies. Le vendeur prétend les vendre 50 Euros, il veut bien baisser à 40 Euros. Je sors de l’échoppe, à 40 LE je prends. Le vendeur nous poursuit jusqu’au taxi. En route, je me suis exercée à compter avec le chauffeur (jeu que j’ai déjà pratiqué au Maroc avec les femmes) je prends donc à témoin le chauffeur en comptant en arabe, 40 livres lui paraît un bon prix, le vendeur cède. Je suis ravie. Je commence à bien me débrouiller : deux règles, ne marchander qu’un objet qu’on est décidé à acheter et ne tenir aucun compte du prix initial puis éconduire fermement mais avec le sourire toutes les propositions pour des objets qui ne conviennent pas. D’un geste de la main ou d’un claquement de langue cela suffit.

Kom Ombo

Koum Ombo sobek

 

Le convoi s’ébranle à nouveau. La plaine du Nil a pratiquement disparu, nous roulons dans le désert.  La ville de Kom Ombo est précédée par une grande sucrerie. A l’écart dans une boucle du Nil, le petit temple dédié au dieu-crocodile Sobek et à Horus est beaucoup plus tranquille, plus petit et plus charmant que l’énorme temple d’Edfou. Nous n’avons que trente minutes.

Je cherche des crocodiles et les instruments de médecine, un jeune militaire nous les montre, ainsi que le cartouche de Cléopâtre ;  il demande discrètement son dû dans un couloir tranquille.

 

Avant d’atteindre Assouan les villages changent complètement, ils sont tout blancs avec un curieux toit en demi-cylindre: voûte nubienne.

Assouan : Welcome to Aswan! Musée nubien

PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

Welcome to Aswan!

–    « Welcome to Aswan! » dit le chauffeur.

Cette phrase nous allons l’entendre à de nombreuses reprises. Le minibus s’arrête devant un dais qui abrite une allée carrelée. Nous passons sous un portique de sécurité (nous en avons l’habitude). Nous voici à Isis Corniche. C’est encore plus luxueux que je l’imaginais. La réception est en marbre. On nous offre un verre de jus de fruit de bienvenue.

Nous logeons  dans un petit bungalow au toit nubien avec un fronton peint de façon hideuse. Nous avons un jardin charmant. Une petite cascade fait un frais bruit d’eau. La chambre est quelconque, sauf un très joli pliage de serviettes, une fleur sur chaque lit et deux gravures anciennes du Caire. La salle de bain est carrelée de faux marbre presqu’aussi beau que du vrai.

Le petit déjeuner, avalé à 5h45 est déjà loin. On sert au bord de la piscine, un menu très cher et  quelconque : une salade de thon et des spaghettis bolognese pour . Je regarde avec méfiance la tomate finement découpée pour décorer qui a une drôle d’allure .

Baignade, depuis des mois, j’attends cette étape avec piscine. A Kom Ombo, il faisait très chaud sur le site, mais au bord du Nil, il fait frais. L’eau est glaciale. J’ose y plonger, je fais trois tours de piscine ronde et, je suis rejointe alors par des Anglais. Pour plaisanter je leur dis « je mérite un bakchich pour avoir montré que c’était possible ! »Aucune réaction de leur part, les Egyptiens auraient ri de la plaisanterie. Ils font sans arrêt des blagues pas toujours très fines mais gentilles. Les soldats« no bombs ? «  invariablement en ouvrant nos sacs et je leur réponds « two machine-guns », cela les fait rire .

Nous paressons à la piscine jusqu’à 16 h puis partons à la découverte d’Assouan. Les felouques passent avec leur belle voile. Les Nubiens sont différents des Egyptiens. Presque tous sont très grands, très noirs et ont une belle allure. Tout le monde est aussi très gentil: « Where are you from ? – France !– Welcome to Aswan ! »

Nous regardons le coucher de soleil depuis un jardin public. La vue sur les îles est très belle. Nous sommes en face du Nilomètre près de l’Old Cataract, l’hôtel que fréquentait Mitterrand.


Musée Nubien

reconstitution d’un village nubien

Le Musée Nubien est l’antithèse du Musée du Caire. Il ressemble à un Musée américain. Salles de granite rose poli, grands panneaux explicatifs bilingues anglais-arabe. Peu de pièces sont exposées, toutes bien mises en valeur et bien exposées dans de jolies vitrines.

Le fil conducteur est l’histoire de la Nubie, des chasseurs préhistoriques à la construction du haut barrage qui a noyé toute la Nubie.

Les collections alternent avec des maquettes et des plans.
Ce qui est étonnant c’est l’affluence des Nubiens qui viennent en famille retrouver leur civilisation noyée. Il y a très peu de blancs dans le public. C’est une ambiance très différente des sites archéologique. Je prends mon temps.

Assouan/ île Elephantine, Musée, Nilomètre

PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

 

Ferry
Pour aller à l’île Eléphantine en felouque, je marchande avec un homme et  tiens ferme pour 5 LE. Il nous dit d’attendre ! On prendra les transports en commun avec les cagettes de tomates, de petits pois, les pains…Les femmes montent à l’avant, les hommes derrière.

Nous débarquons dans le petit village nubien : quelques maisons peintes en blanc ou en jaune. Les jardins sont ombragés par d’immenses palmiers, des ficus et des essences africaines inconnues. Le sentier serpente entre de fins murs de terre séchée.
Un jeune garçon nous emboîte le pas, puis nous précède. Il est fin, mince, très noir de peau, souriant. C’est une escorte très discrète. Il ne cherche pas à nous parler, il marche une dizaines de pas devant nous, et nous attend quand nous faisons des photos. Au village suivant, il prend congé d’un sourire. Promenade dans le calme et le silence qui me rappelle la palmeraie d’Agdz au Maroc .

Ile Elephantine village nubien

Le village où nous arrivons est animé : de nombreuses femmes complètement voilées de noir passent..Elles se rassemblent dans une maison (un enterrement ?), d’autres femmes s’affairent. Les seuls mots que nous entendons sont des souhaits de bienvenue soit en arabe (les femmes) ou « Welcome to Aswan ! » (les hommes).

Musée

L’ancien musée est installé dans un  pavillon colonial ressemblant à une pagode ceint d’une balustrade de bois bleue.

Le musée est vieillot, les vitrines poussiéreuses, les étiquettes jaunies. Beaucoup de poteries, des bijoux, quelques sculptures, une salle de momies : une gazelle, un bébé et une tête d’homme, trois autres momies gisent enveloppées et décorée. Bien sûr nous sommes suivies, le gardien attire notre attention sur les pièces intéressantes.

Jardin

A notre venue dans le jardin attenant au musée, un jeune jardinier se précipite, court d’arbre en arbre, m’offre des fleurs, de grosses cloches jaunes, des roses, du jasmin. Il sautille et revient avec des trésors odorants : de la menthe, du basilic, de la citronnelle « for mosquitos !» (Il y en a, j’ai été piquée cette nuit). Cet accueil me ravit autant qu’il irrite D. Je place mon bouquet coloré à ma boutonnière et respire avec plaisir les senteurs de jasmin. Il me montre le latex qui coule de l’hévéa, un curieux arbre « camel foot » avec des fleurs roses et nous offre du thé.

Temple de Khnoum – Nilomètre

Knoum

 

Après cette halte à l’ombre, nous allons dans la chaleur au site archéologique qui occupe tout le sud de l’île Eléphantine.  Le temple de Knoum, un dieu-bélier et le fameux Nilomètre. Nous admirons le travail des archéologues qui ont retracé les figures à partir de fragments isolés. Sur le ciment qui relie les fresques, ils ont tracé d’un fin trait les personnages à partir d’une épaule, d’un pied, d’un fragment de coiffure.

 

Tout un village antique a été dégagé. Les jarres à eau dans les courettes sont les mêmes que celles qui existent encore aujourd’hui (trois jarres avec un couvercle, une tasse en alu sont à la disposition des passants qui peuvent se désaltérer). Les fours ronds sont les mêmes qu’aujourd’hui. Les escaliers mènent aux terrasses.

Assouan : île Kitchener

PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

Trouverons nous une felouque ou un bac pour aller sur l’île toute proche?

Au musée, un policier plus âgé que les autres, nous conseille de reprendre la ferry jusqu’au débarcadère et d’y chercher une felouque. Je tends 2 livres pour le ferry, cela suffit bien pour ce court passage.

A quai, un  homme nous propose une felouque. Pour 30 livres, il nous conduira et attendra 45 minutes. Il nous confie au Captain Rabi, un beau nubien souriant.
La traversée est très agréable, nous faisons le tour de l’île Eléphantine à très petite vitesse pour que nous puissions prendre des photos.

felouques

Le parc botanique occupe toute l’île Kitchener. Il est parcouru par trois longues allées bordées de palmiers variés à troncs lisses et blancs comme des colonnes. Sur la rive faisant face à l’île Eléphantine les bougainvilliers sont en fleur. A l’intérieur du parc poussent des arbres immenses d’essences inconnues : deux d’entre eux portent une floraison rouge vif. Quand les fleurs tombent à terre elles font du bruit. On en ramasse une, son calice est dur et ressemble à un demi citron vert, la corolle de pétales charnus de 7 à 8 cm de long, les étamines forment une brosse épaisse. Des Egyptiens pique-niquent en famille. Nous nous attarderions volontiers si notre bateau ne nous attendait pas au sud de l’île. De gros blocs de granite affleurent formant de nombreux îlots portant des chaos rocheux ou des roseaux. Nous passons devant des hérons ou des aigrettes . C’est vraiment un batelier très agréable ! Nous prenons rendez vous pour demain matin 8 heures.

Assouan : Philae

PREMIER VOYAGE EN EGYPTE 2002

Sur la corniche/ « felouca ! taxi ! » La même personne propose les deux ; nous avons compris pourquoi : il seulement un intermédiaire. Nous organisons notre excursion à Philae pour 14 heures, un taxi passera nous chercher à l’hôtel. Le marchandage marche bien ici, ides dizaines de bateaux attendent  à quai et très peu de touristes indépendants.

14 heures-  une 404 blanche nous attend. Elle est poussive mais le chauffeur est sympathique. Après les cimetières, nous arrivons dans la montagne couverte de grosses boules granitiques. Je vois enfin les affleurements du granite rose si célèbre.

L’embarcadère pour Philae se trouve proche de l’ancien barrage. Un homme âgé joue l’intermédiaire, il lui manque des dents et des doigts mais il fait autorité sur tous les bateliers. Comme nous avons baissé le prix, il nous confie à des gamins : le moteur de leur barque est à moitié démonté, ils tirent sur une ficelle sans réussir à démarrer. Le « chef » se désintéresse de notre sort. Heureusement un autre gamin vient à la rescousse, nous changeons de bord sous les regards furieux des enfants. Notre petit capitaine pourrait être élève de 5ème ou de 4ème, sa peau est très brune, son sourire éclatant. Il porte une galabieh beige et se prend au sérieux. D’entrée il demande une cigarette. Il nous attendra jusqu’à 16 heures.

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Sur l’île de Philae, il y a une foule de touristes, c’est dommage. L’île est ravissante avec ses temples. Le temple d’Isis a été remonté ici, il est massif avec ses deux pylônes. Les personnages des bas-reliefs ont été martelés mais  colonnes et  chapiteaux sont intacts. Nous visitonss un troisième temple hellénistique en deux jours. Il est plus difficile de retrouver des anecdotes avec les figures souvent abîmées. Ces sculptures ptolémaïques ont des corps plus exubérants, le nombril s’enfonce dans des ventres plus gras, les seins d’Isis ou d’Hathor sont plus arrondis, les chairs rebondies. Les vêtements et ornements sont moins fins.

En revanche les chapiteaux sont plus variés, les motifs floraux stylisés me plaisent énormément.

J’ai préféré le kiosque de Trajan, jolie colonnade aérée plutôt que le temple d’Isis massif derrière ses pylônes. Le sanctuaire d’Isis est bien éclairé, dans la pénombre donne une impression de mystère, l’éclairage venant du bas fait ressortir les bas reliefs.

Nous sommes un peu saturées de visites de temples. Nous préférons donc nous asseoir, regarder le Nil, ses berges rocheuses et les villages au loin.

Je termine la soirée à écrire sur notre terrasse, les nuages ont complètement couvert le ciel, pas de coucher de soleil.
Dîner au souk, shwarma et goyaves pour moi, yaourts pour D.