« ...vous venez d’écrire un roman policier d’un genre nouveau, le polar marrant pour ne pas dire déconnant!… »
Un polar marocain? (c’est dans le rayon polar que je l’ai trouvé) Et bien non!
C’est un livre léger, drôle, qui raconte comment un écrivain de polars à succès – Brahim Orourke – marié à une écossaise et revenu depuis peu au pays se prépare à accueillir et reçoit ses beaux-parents à El-Jadida.
Confrontation des cultures! Un regard amusé sur un Maroc quotidien, loin du folklore pour touristes. Aimable divertissement!
Film sur la prostitution au Maroc. Politiquement incorrect? En tout cas interdit par la censure et ayant déclenché des réactions violentes dans son pays. Sorti aujourd’hui sur nos écrans parisiens.
J’ai passé un excellent moment. Des filles belles, chaleureuses, pleines de vie, joyeuses et généreuses. La vie ne leur fait pas de cadeau, mais elles ont décidé d’en profiter et de donner à ceux qui sont moins bien lotis qu’elles, et même de prendre des vacances!
Le Maroc est à l’honneur à paris cet automne : une belle exposition au Louvre, Le Maroc contemporain à l’Institut du Monde Arabe et de la peinture au Musée Delacroix.
Dans le hall d’entrée, une citation d‘Ibn Battuta revenant de Chine en 1349 accueille le visiteur. Le grand lustre de la Qaraouyine brille de toutes ses ampoules. Joie de pouvoir enfin découvrir cette mosquée fameuse interdite aux non-musulmans! Un autre lustre est descendu à la hauteur de nos yeux ; surprise, c’est la cloche d’une église espagnole qui a été transformée en luminaire, symbole de la victoire de Gibraltat.
volubilis, ruines antiques
L’histoire du Maroc débute à Volubilis, on y date la naissance du Maghreb-el-Aqsa à 788 – 927, dynastie des Idrissides). Volubilis, ville antique, abritait une importante communauté juive : une stèle de pierre du 4ème siècle et une lampe à huile portant un chandelier sont exposées dans une vitrine.
Fès et tombeaux mérinides
Fèsfut fondée par Idriss II(808-828). Un très bel autochrome montre la ville en 1926 – je ne savais pas que la photographie couleur existait en ce temps là. Au Sud, Sigilmasa (9ème -10ème) était une importante étape caravanière. Une vitrine illustre les échanges commerciaux : une stèle gravée dans du marbre blanc d’Alméria a été retrouvée à Gao tandis que des objets animistes maliens avaient fait le voyage inverse.
J’ai été très émue de voir les clichés et croquis de Théodore Monod (1964) ainsi que le coffret de sel peint rapporté par l’explorateur.
marrakech
Les Almoravides (1049-1147) prirent Marrakechpour capitale. un diaporama montre les remparts et la palmeraie en 1935. De cette époque date la merveilleuse poterie d’Alméria à glaçure verte, brune et noire et deux animaux merveilleux : griffon et lion de bronze gravé, hauts de plus d’un mètre, renfermant dans leur ventre un mécanisme émettant des sons. Le griffon surmonte la cathédrale de Pise. Les tissus almoravides étaient aussi très prisés dans toute l’Europe. Ces soieries ont été conservées dans les églises comme la chasuble de la basilique de Toulouse, finesse des fils, richesse des fils d’or, motifs délicats.
Retournons à Fès pour admirer les portes de bronze plaqué sur du cèdre de la Qaraouyine
1147-1269 Les Almohades prennent la succession et lancent un nouveau dogme religieux rigoriste à la suite d’Ibn Tumart. Au milieu des Corans précieux de ces pieux musulmans j’ai la surprise de trouver les manuscrits de la Mishna de Maïmonide: le Livre des connaissances et le Livre des dames.
Encore un minbar marqueté ; de nombreuses céramiques glaçurées évoquant l’importance de l’eau dans les ablutions rituelles : margelles de puits et jarres énormes très décorée. Même la monnaie avait été transformée ; par piété les pièces rondes furent remplacées par des carrées symbolisant la Kaaba. L’heure des prières devait être calculée exactement : d’où le développement des astrolabes et des horloges. Les récipients de la fameuse clepsydre Bou Ananiade Fès sont à portée de vue.
Clepsydre
Enfin les Mérinides (1269- 1465) règnent. La reconquête des rois catholiques sonne le déclin du Maroc médiéval même si les Saadiens, plus tard construisent une civilisation brillante.
Cette exposition m’a remis en tête une chronologie des dynasties qui était floue malgré nos voyages au Maroc. Elle m’a permis d’entrevoir les merveilles cachées des mosquées marocaines et m’a offert de belles surprises.
L’histoire est souvent plus passionnante que les romans historiques. Au cours de mes voyages au Maroc j’ai souvent rencontré le personnage de Lyautey. J’ai donc coché avec enthousiasme la case proposant ce livre dans la Masse Critique.
Merci à Babelio et à l’éditeur de me l’avoir offert!
Cependant, je ne dois pas être la lectrice idéale pour cet ouvrage très documenté, très spécialisé, avec citations, bibliographie, très « thèse universitaire ».Les historiens apprécieront.
Pour moi, c’est un pensum. Trop aride, trop touffu. Trop d’illustres personnages, de monarchistes, nationalistes, catholiques militants. Trop d’intrigues ministérielles. D’ambitions militaires. de casernements, de pacifications d’Indochine à Madagascar.
j’aurais aimé plus de Maroc, plus de désert, plus de décor dans ces villes impériales, Casablanca, Rabat.
J’ai été intéressée d’apprendre qu’à Paris, la colonisation n’allait pas de soi, que Lyautey a dû louvoyer, insister, intriguer, pour imposer ses vues.
Ce voyage à Fès, Fottorino aurait voulu le faire en compagnie de son père marocain. Trop malade, il partira seul.
« Le marcheur de Fès, ce devait être toi. Ce sera moi. […] Je vais marcher par procuration. Traverser le vieux mellah ou Moshe-Maurice est devenu Maurice le Français »
On le comprend d’emblée. Il ne s’agira pas de tourisme mais de la quête du père biologique, connu sur le tard. Quête d’une identité juive pour celui qui n’a pas été élevé dans cette tradition.
« Je sais qu’il n’existe plus un juif au mellah, seulement des cicatrices à l’embrasure des portes, là où étaient jadis fixées les mezouza – ou plutôt les mezouzot, au pluriel – en signe de prière et de paix«
Il reste, dans la ville moderne, quelques Juifs qui ont connu le père marocain de Fottorino et qui vont lui raconter Fès d’autrefois et le guider dans le mellah. Parler de ses ancêtres, de ceux qui sont morts, de ceux qui sont partis en Israël, ou au Canada… de l’enfance de son père, de sa sœur qui repose au cimetière.
Il fait revivre pour l’instant du voyage, tout un monde disparu, découvre des ancêtres, des parents éloignés. Anecdotes pittoresques parfois, touchantes toujours. Évocation de la figure du docteur Guigui., de Maimonide et de sa clepsydre….
Fottorino se sent accepté, adopté. L’émotion le submerge au cimetière où il trouve ceux dont on lui a parlé. Et au petit musée juif du cimetière, il ressent comme un malaise, comme une imposture.
« Je reste parmi ces morts et enterrés, et envolés, une sorte de pièce rapportée. Un intrus.[…]A cinquante deux ans passés, je me sens comme un gosse pris en flagrant ; délit de mensonge. Il fautfinir la comédie
Émotion contradictoire : il croit trouver parmi ces photos son sosie.
Un livre plein de sensibilité autant qu’un document sur les Juifs du Maroc.
Atlantique, Anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuit
Vue de la terrasse sur Marrakech et l’Atlas
De la terrasse haute où nous prenons le petit déjeuner, nous dominons une infinité de terrasses, de volumes compliqués, de patios, de puits de lumière. Les paraboles qui constellent les toits retirent un peu de poésie, peut être ; mais correspondent tout à fait à la réalité d’aujourd’hui. Le moindre village du Haut Atlas capte le monde entier par le satellite. Le problème est de savoir ce qui fait rêver le Marrakchi ou le Berbère de l’Anti-Atlas. Les feuilletons égyptiens ? Les séries françaises ou les prières d’Arabie ?
medersa Ben Youssef
Medersa Ben Youssef
La Medersa Ben Youssef, le musée de Marrakech, sont tout proches du riad. Il suffit de suivre notre parcours initiatique de couloirs et de souterrains, de déboucher sur la petite place triangulaire décorée par les tapis, de passer le Bain d’Or avec son auvent de tuiles vernissées, de dépasser la Maison de la Cigogne Dar Beladj . Au coin de la rue se trouve la medersa.
entrée du Hammam au Bain d’Or
J’avais gardé un souvenir très vif de cette medersa toute en stuc et en cèdre. Je me fais une fête d’y retourner. Elle est là, comme dans mon souvenir. Sauf que le bassin est rempli d’eau et qu’il reflète la façade. Je m’amuse à photographier les reflets. Une jeune femme peint à l’aquarelle les zelliges bleues noires rouge et vertes aux couleurs des villes royales. Elle a apporté les entrelacs géométriques dessinés au compas. Elle pourrait sans doute les teinter chez elle. Probablement, elle est inspirée par la beauté et la sérénité de la medersa. Je m’attache à détailler les motifs de stuc. Impossible à décrire, ils sont si compliqués !Les portes de cèdre, les plafonds… chaque dessin est parfait.
Musée de Marrakech
Tableau au musée de Marrakech
L’impression de déjà-vu ne se produit pas au Musée. Les expositions temporaires changent tout le temps. Inégal intérêt pour la peinture. Magnifiques exemples de broderies, céramique de Fès, bijoux berbères et tapis de la région de Marrakech. Le Musée est situé dans un magnifique Palais. Des canapés invitent à la flânerie. La matinée s’écoule tranquillement.
Kouba almoravide
Intérieur de la kouba almoravide
Nous ne connaissions pas la Kouba Almoravide . Petit mausolée blanc avec une coupole au décor compliqué. Pour admirer sa construction sophistiquée il faut descendre quelques marches et lever la tête. Tout un complexe hydraulique : fontaine, latrines, citerne… se trouve dans un enclos.
maison de la Cigogne
Elle est fermée au public transformée en école d’art. Yannick, plus tard nous racontera qu’elle doit son nom à un hôpital pour oiseaux comme il en existe en Afrique, cela fait rêver !
souks
Dans les souks lanternes et guéridons
Nous tournons dans les souks bien animés aujourd’hui. Un jeune s’adresse à nous. Il veut nous servir de guide. Comme nous déclinons son offre il nous traite de « racistes, sales putes ! »C’est bien la première fois que nous avons un contact désagréable avec des Marocains. Nous poursuivons l’itinéraire du guide VISA jusqu’à la Fontaine Shrob et Shouf abritée sous un magnifique auvent de bois. On jette un coup d’œil à un fondouk, ancien caravansérail, occupé par des artisans ;
vol à l’arrachée
La promenade tourne mal. Dominique a l’habitude de porter son sac à dos sur une seule épaule. Un motocycliste tente de lui arracher. Comme elle retient le sac, elle est entraînée dans le pédalier de la mobylette et se retrouve par terre. Tout le monde accourt des échoppes environnantes. Un jeune s’excuse auprès de Dominique au nom du conducteur qui « ne l’a pas fait exprès » mai qui s’est sauvé dès qu’il a eu relever son engin. Dominique est sonnée. Son pantalon clair est tout maculé de boue. Nous préférons rentrer.
le petit salon dans le patio
Dans le petit salon bordé de canapés roses attenant au patio, un homme bavarde avec Yannick. Eric nous conduit au riad du cousin après dix minutes de marche dans le souk. Quand on suit quelqu’un qui connaît, cela paraît tout simple !
le riad de ciment Marrakech et les promoteurs
Le riad du cousin ne ressemble pas au riad Jenaï : restaurations de ciment, patio couvert occupé par une petite piscine. 7 chambres qui s’ouvrent sur une galerie. Un joli petit hôtel ! Pas un palais historique. La conversation roule sur les tendances du marché immobilier. Conversation instructive ! Nous nous demandions qui étaient donc ces français qui achètent les riads. Des noms circulent, la jet set, des retraités fortunés, mais les autres ? Les agents immobiliers. Le prix des riads a monté en flèche. Les maisons d’hôtes sont innombrables. Le temps n’est plus où un amoureux de la médina consacrait ses économies à faire revivre un palais en ruine. Maintenant il s’agit d’investissements considérables. Et si ce n’étaient que des restaurations ! Les environs de Marrakech font l’objet de chantiers pharaoniques. Des dizaines de grosses villas cossues encore vides bordent la route de l’aéroport. A qui sont elles destinées ? Aux Marocains fortunés ? Aux touristes ? Aux Expatriés ? Si une bourgeoisie moyenne émerge au Maroc, ce n’est pas forcément une mauvaise chose.
Des publicités représentant ces villas ornées d’une coupole dans une palmeraie sont affichées dans le métro parisien. Pas d’hypocrisie ! Ce n’est pas le charme de la médina ni même le climat agréable ou l’exotisme qui est l’argument de vente. Seulement le profit ! Un taux de crédit intéressant, un investissement qui doit rapporter gros ! Pauvre Marrakech ! étouffée par les promoteurs.
Ces villas ne sont qu’une infime partie des projets immobiliers : golfes, même une lagune. En plein désert ? Quand Yannick nous décrit les bassins, l’eau gaspillée, les produits chimiques, cela paraît une absurdité. Pourtant ce n’est pas invraisemblable. C’est exactement ce qui se fait à Las Vegas. Marrakech imitant Las Vegas !!
Bouygues restaure les remparts à grands renforts de ciment et de grues. Ils ont l’air tristes avec leur ciment gris. Le badigeon blanc qui coiffe les créneaux n’est pas là pour les arranger. Je garde avec nostalgie le souvenir de notre découverte à la sortie de l’avion, la première fois. La taxi avait quitté l’aéroport, roulé dans un espace vide, caillouteux. La ville entourée de ses murailles avait surgi comme un mirage. Terminé le mirage.
notre riad secret
riad Jenai oranger du patio
Notre riad, niché au creux de la médina, inaccessible au on initié qui n’en trouvera jamais le chemin tortueux et secret, me paraît encore plus un endroit privilégié, protégé des fautes de goût, du ciment et des tapis qu’on vieillit à l’eau de la piscine.
Nous avons commandé pour midi un « en –cas » à la piscine ; Nous montons à 2 heures. Notre couvert nous attend. Des briouats tout petit format, fourrés au fromage, croquants, délicieux. Vient ensuite une belle omelette au thon accompagnée d’une salade mélangée, tomate, concombres, olives, salades. Beaucoup mieux qu’un encas ! Pour nous, c’est un déjeuner complet !
Yannick vient nous tenir compagnie sur la terrasse. Maître de maison idéal, discret, raffiné et disert. Il nous conte la restauration du riad, la vie à Marrakech. Nous devisons agréablement. Allongée confortablement sur les coussins des chaises longues de la piscine, à l’ombre. Je ne suis pas pressée de retourner dans les souks. Le luxe rend paresseuse !
Je n’ai pas envie de jouer les touristes pressés. Nous sommes venues récemment à Marrakech. Inutile d’accumuler les visites qui s’effaceraient les unes les autres. Inutile de doubler les photos, nous en avons déjà de très belles. Un regret de ne pas avoir le temps de retourner au Jardin Majorelle..
courses dans les souks
En revanche, j’attends l’occasion de faire les courses dans les souks. Heureusement nous n’avons plus assez de dirhams pour acheter le jeté de lit qui me faisait envie et Dominique a peur de se prendre les pieds dans les tapis. Je n’achèterai donc que des bricoles !
Je me méfie de la fièvre d’achats au souk. L’accumulation d’objets ravissants pour des prix modiques augmente les tentations. On revient avec des babioles qui encombrent sans qu’on n’en ait l’usage.
« Pour le plaisir des yeux ! » regarder sans s’attarder… Ne pas marchander un objet qu’on n’a pas l’intention d’acquérir. Il est incorrect de négocier un rabais pour le seul plaisir de voir le prix baisser.
Mon premier achat est l’acquisition d’un panier en raphia qui ressemble à la mallette de pique-nique de Taroudant et que nous avons cherché Latifa et moi au souk de Taroudant. Proposé 120 dirham, je donne mon dernier prix 30 dh et je décampe. Le vendeur me rejoint 50 mètres plus loin ; j’emporte mon panier pour 30 dh. J’aurais dû encore baisser l’enchère !
Je craque pour la poterie bleu vert de Fès. Copie d’ancien précise le vendeur. Je n’ai aucune illusion sur l’antiquité de l’objet. Le motif me plait et rappelle la grosse potiche sur le guéridon de Dar M’Haïta. Là aussi, j’obtiens un « bon prix ». Cela m’est égal. L’objet me plait. Dominique voulait offrir un plat vert à sa mère. Celui ci est magnifique. Achat groupé pour mes babouches et le porte-monnaie que j’ai promis à Yvette. Je ne saurais jamais la valeur de chaque objet. C’est difficile de négocier les babouches. Il faut une certaine taille, une certaine couleur, un modèle précis. Quand l’objet est sorti des rayons, difficile de partir comme pour le panier. Pareil pour le porte-monnaie, j’ai eu du mal à trouver le modèle qui convient je n’ai pas envie de le laisser passer.
Reste la commande de Valou : une ceinture. Elles sont toutes épaisses et masculines quand elles ne ressemblent pas à un article sado-maso. Je me rabats sur les pompons de soie, le dernier gadget 2007!Ils se vendent en passementerie.leur usage originel était sans doute d’être accroché aux embrasses de rideaux ? On les voit partout : en porte clé, aux portes des placards, à la tête de lit…
Je rentre par le chemin des écoliers. Je retrouve mes marques. Nous ne sommes pas adoptées comme à Essaouira. Les commerçants nous laissent tranquilles mais les gamins insistent « vous voulez la Place… ».
dernière soirée
Pour la dernière fois, nous bouclons les valises. Notre belle chambre rouge est pleine de désordre hétéroclite. J’aimerais bien profiter encore un soir de la beauté du riad !
Nous attendons Yannick pour prendre congé. Demain nous partons tôt. Il est invité à une soirée mais prend encore le temps de nous offrir un verre. Nous passons une heure très agréable dans le petit salon bordé à l’orientale de canapés roses.
éclipse A 9H18, commence l’éclipse de lune. Nous nous allongeons sur les chaises longues de la piscine sur la terrasse sous le ciel étoilé. La lune entre lentement dans le cone d’ombre. Elle est mangée imperceptiblement. Au début, ce n’est pas spectaculaire. Les lumières de la ville, la Koutoubia illuminée, les constellations m’attirent plus. La partie éclairée diminue sensiblement. Le spectacle devient fascinant. Bientôt il ne reste plus qu’un pôle éclairé. La boule sombre redevient visible comme sous un spot invisible. On dirait qu’elle se contracte. Elle rougit, devient orange. Je suis ravie. Youssef est venu nous servir un thé. Il reste avec nous contempler l’éclipse. La rumeur de la Place DJemaa el Fnaa parvient jusqu’à nous. Difficile de s’arracher au spectacle. Pourtant il faut se coucher. Demain le réveil sonnera à cinq heures pour être à l’aéroport à 6H.
Atlantique, Anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuits
passage secret dans la medina
Le taxi traverse le souk. Heureusement c’est vendredi midi. Les boutiques sont fermées. La circulation en voiture est imaginable. Il se gare sur une petite place : Zaouiat El Ahdar. Nous empruntons des ruelles, des passages secrets sous les maisons. Dédale de passages, portes cloutées. Jamais nous n’aurions osé nous aventurer dans cette partie invisible de la médina !
patio
Riad, bassin, pétale de rose et argenterie
La porte s’ouvre sur un patio exquis : une fontaine abritée par un auvent de tuiles vernissées, un rigole carrelée mène à un bassin central encadré par quatre orangers figurant le plan traditionnel des riads. Deux palmiers au feuillage léger, deux citronniers dans des jarres. Ce patio est exigu mais il est ravissant, décoré de stuc et d’entrelacs peints ; des salons le bordent sur trois côtés. Les fenêtres des chambres sont protégées par des ferronneries compliquées.
Marrakech, notre chambre
Marrakech, la chambre rouge
A l’étage, un salon à arcades sous la galerie sépare les chambres Mogador et Marrakech. Notre chambre, Marrakech, est aux couleurs de la ville rouge. Toute une symphonie de rouge : un immense lit au couvre lit de satin floqué posé sur un jeté brillant, sur un autre plus grand rouge et or. La tête de lit de fer forgé en volutes est tendue d’un crépon léger carmin. On a suspendu des pompons de soie grenat et noirs. La glace reflète ce camaïeu rouge et les murs roses comme les murailles de la ville. De part et d’autre de la glace les fenêtres peuvent être occultées par des volets intérieurs de bois. L’amusant est qu’on peut les fermer ou les ouvrir par moitié. Au dessus de l’embrasure de la fenêtre : une coquille de stuc, fleur à sept pétale. Chaque pétale est décoré d’un motif géométrique extrêmement sophistiqué.
Chambre et salle d’eau
Couchée sur le lit, je peux admirer le plafond souligné par une frise en stuc rehaussée de brun rouge. Les quatre coins sont occupés par un triangle, le reste forme un octogone. Pièce allongée, comme dans les riads. Elle a été coupée en deux pour aménager une salle de bains mais le plafond a été gardé tel quel, la cloison en arcade qui isole la salle de bain est basse, légère et laisse intact l’espace où l’air circule librement laissant une impression d’espace.
porte sculptée
Les portes anciennes peintes sont les plus belles pièces d’antiquité : côté pile l porte d’entrée est sculptée dans le bois de cèdre, côté face elle est peinte très finement.
La chaleur nous a surprises quand nous sommes descendues de la montagne sur Marrakech. Nous n’avons qu’une hâte : nous doucher. Le bac de la douche en carrelage rouge souligné de jaune mérite la photo. Le lavabo, jaune est creusé dans la masse, très simple, presque fruste. Il me rappelle celui que j‘avais méprisé à Essaouira.
Impossible de faire l’inventaire des bibelots, un ensemble chinois, le rouge sans doute !
Nous restons, un bon moment intimidées par un si bel endroit.
Mon premier mouvement est de faire disparaître sous le lavabo, dans le placard,sous les draps de bain, toutes les affaires que nous avons apportées et qui déparent ici. J’ai bien du mal à ne pas penser que, moi aussi, je détone dans tout ce luxe rouge. Après la douche, je m’enroule dans une serviette rouge, je fais un turban d’une autre et je me sens un peu plus à l’unisson.
jeux d’ombres dans la médina
promenade dans la médina
Comme c’est vendredi, c’est très calme dans la médina. Seules quelques boutiques pour touristes sont ouvertes. Deux catégories : celles qui vendent des bricoles sans intérêt et les antiquaires. Il faudra attendre demain pour sentir vibrer l’âme des souks : les artisans qui fabriquent les lampes les teinturier, les menuisiers…Nous marchons au hasard et nous perdons. A Essaouira et à Taroudant nous avions pris rapidement des repères la médina nous était devenue familière. Je pensais qu’il en serait de même ici. Après être repassées trois fois devant le même groupe de jeunes narquois, nous acceptions que l’un d’entre eux nous raccompagne. Sans son aide nous n’aurions pas retrouvé le riad.
cuivres
Nous avons quand même trouvé des petites brochettes de dinde grillées au charbon de bois puis nous rentrons à la nuit par les passages secrets.
Yannick, est un hôte fort sympathique. La décoration intérieure est son oeuvre. Il a trouvé ce riad du 18èpe siècle en mauvais état mais il recelait des trésors : les portes de bois sculptées, les stucs du patio ainsi que les coquilles au dessus des fenêtres…Nous visitons les autres pièces, autres styles autres couleurs, tout de très bon goût. Je termine la soirée sur la terrasse toujours aussi éblouie et intimidée.
Atlantique, Anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuits
Asni, vue sur l’Atlas
Lever de soleil sur l’Atlas
– « Dépêche toi ! Tu vas rater le lever de soleil sur l’Atlas ! »
Le soleil sort, légèrement décalé, d’un épaulement planté de conifères. Les neiges sont bleutées dans l’ombre. Des colonnes de fumée s’élèvent du village le plus proche. Les contrastes entre le vert vif de l’orge et le rouge de la terre sont exacerbés par cette lumière rasante.
On a servi le petit déjeuner sur la terrasse du rez de chaussée au dessus du verger encore hivernal. Puisque nous n’avons rendez vous qu’à 14heures à Marrakech, j’ai le temps de faire une promenade.
Promenade du matin sur les hauteurs d’Asni
Rando solitaire
Le sentier part en face de la Villa de l’Atlas entre l’auto-école et une maison. Il grimpe tout droit dans la colline. Un âne et son ânier sont montés quelques minutes plus tôt. Je suis leur passage entre les maisons. Ce n’est pas facile de savoir où passe le sentier et ou finit la courette ou le jardin. J’ai peur d’empiéter sur le domaine privé de toutes ces constructions mal définies. Hommes et femmes vont et viennent, souriant à mon passage. Très peu de chiens (un seul que je fais semblant d’ignorer). Plus je monte, plus les maisons sont simples. Plus de crépi. Des roseaux et de la terre coiffent les terrasses et les murs. La dernière maison du hameau possède un four à l’extérieur très grossier, ses fenêtres sont maquillées de blanc à l’ancienne. Une grande parabole occupe la terrasse.
Vieille maison et opunce
Sortie du village sur le chemin muletier (ânier ?). Les quadrupèdes ont le sabot plus sûr que mon pied chaussé de TBS usées glissantes. J’hésite avant de poursuivre. De profondes ravines entaillent la pente marneuse. Comment les franchir ? D’un petit épaulement engazonné j’ai un point de vue à 360° pour décider de mon itinéraire. Trois thuyas desséchés dressent leurs squelettes et se détachent sur la montagne verte.
Le sentier mène à une source captée. On a planté de petits eucalyptus. De grosses pierres maintiennent le sol autour des jeunes plants. Sauvages, les lauriers roses prospèrent. Après la source, il me faut improviser jusqu’au maisons suivantes. Des roches volcaniques jonchent le sol.. Un autre sentier descend dans la ravine suivante sans la franchir. Pour la passer, je m’accroche aux lauriers roses qui, eux, par chance, ne piquent pas. Des grosses pierres bornent un champ cultivé que je ne veux pas piétiner. Le sentier se faufile entre une rangée d’opuntia avec les raquettes piquantes et un grand mur de terre coiffé de roseaux sur lesquels on a remis de la terre où poussent des fleurs. La troisième ravine me complique le passage. Dans un creux, une femme fait sa lessive dans un baquet. Sa planche de bois trempe dans l’eau. Elle se lève et me tend une main ferme et me hisse sur l’autre rive boueuse. J’arrive au troisième village suivant une femme qui porte sur sa tête un tajine sur un plateau de bois. Je grimpe au sommet parmi de belles maisons anciennes. Il est presque 10 heures. Il faut vite que je retourne à la Villa. Des garçons d’une dizaine d’années traînent. L’un d’eux me siffle effrontément. Quel culot ! Je répugne à demander mon chemin à ces machos morveux. D’ailleurs, la route se trouve en bas !
Retour à Marrakech par le barrage de Lalla Takerkoust
Asni est distant d’une cinquantaine de kilomètres de Marrakech. L’aubergiste nous conseille une boucle touristique « pour garder un beau coup d’œil sur le Maroc avant de le quitter… »A la sortie du village, après les cigognes, emprunter la route à gauche vers le barrage de Lalla Takerkoust. Par une belle pinède nous arrivons au village de Moulay Brahim. La route traverse un plateau très vert en cette saison, encadré par des roches blanches. Au-delà du vert, les cimes du Toubkal. Un village se détache. Un troupeau, le berger gesticule en contre jour.
Après un dernier village, bien touristique, avec d’énormes 4X4, un site de parapente, des caravanes de touristes « visitant la maison berbère », le goudron s’arrête. Une méchante piste toute défoncée descend au barrage. Le lac turquoise brille un peu plus bas. Pour tout arranger, on installe de gros tuyaux de ciment. La piste est défoncée. Ce n’est plus du tourisme, c’est du rallye automobile ! Arriverons nous à temps ? Aurons nous le temps de passer à Marjane ? Une caravane de 4X4 monte et occupe toute la piste. Le chauffeur ne cède pas un pouce à notre petite voiture.
Enfin à midi, nous retrouvons le goudron.
A 12H45 nous sommes à Marjane sur la route de Casablanca.
13H30 nous mangeons des sandwichs dans la voiture.
13H50 je glisse les clés et les papiers de la Hyundai dans la boite à lettres de Sixt.
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Arganier
La Gazelle d’Or.
On veut pas quitter Taroudant sans jeter un regard à la Gazelle d’Or. L’hôtel présidentiel est fort peu signalé mais connu de tous. La route qui y conduit est bordée de palmiers. On s’engage ensuite dans une longue allée sous une voûte de bambous pour aboutir à une grille gardée par un vigile, souriant, poli, mais ferme. On n’entre pas. Nous ne verrons que des hauts murs enfermant une végétation luxuriante.
La route d’Agadir à Ouarzazate traverse la plaine du Sousse, courant entre les orangeraies – certaines biologiques – traversant des bourgs aux arcades de ciment gris ou beige sans caractère ni intérêt. Ecoliers, collégiens ou lycéens rejoignent leurs établissements respectifs à vélo. Les petits ânes tirent des charrettes d’herbe ou des carrioles métalliques. Peu de circulation. La route est vide. L’Atlas se rapproche tandis que l’Anti-Atlas est estompé dans les brumes.
La montée au TiziN’Test
Route du Tizi NTest, oued et neiges de l’Atlas
La montée au TiziN’Test est spectaculaire. Innombrables lacets. Chaussée très étroite. On ne peut ni se croiser ni encore se doubler. Il faut utiliser des refuges. Un panneau prévient que les accotements sont inutilisables. Le paysage est magnifique : les neiges se rapprochent. En creux, des vallées, des champs en terrasse vert vif contrastent avec le rouge de la terre et des villages en pisé. Tout d’abord, les arganiers abondent. Puis apparaissent les petits palmiers doums qui émergent à peine du sol. On s’arrête pour découvrir des lavandes fleuries déjà, des genets blancs, de curieuses fleurs bleues en boule. Des petits écureuils gris à la queue aplatie, rayés sur le côté, prennent un bain de soleil. A notre approche ils se cachent dans leurs terriers rappelant le comportement des marmottes de chez nous.
C’est un plaisir de découvrir les petits villages perdus qui se nichent sur les flancs de la montagne. Construction qui se fondent dans le roc dont ils sont construits. De temps en temps, je marche le long de la route, D me reprenant plus loin. Bonheur de marcher dans la sauge, la lavande et les herbes odorantes !
A l’approche du col (2200m) la terre est rouge. Des marnes multicolores de grise à vertes en passant par turquoise, ocre et rouge foncé font une palette technicolor. Les chênes verts ont succédé aux arganiers. Après le TiziN’Test, nouveau changement d’essence : les pentes sont couvertes de thuyas.
Sur le versant sud regardant vers le Sousse les neiges saupoudraient la montagne. Elles sont beaucoup plus abondantes sur la face nord. Il reste même quelques névés en bordure de la route. -« Veux-tu que je te photographie à côté de la neige ? » demande D.
La route descend par des virages moins serrés. Un torrent dévale la montagne. Tantôt, il coule dans un défilé, tantôt son lit s’étale dans les galets. Son eau est verte, abondante.
Tin Mal
mosquée Tin Mal
Juste avant Tin Mal, nous achetons le pique-nique à un épicier installé dans une sorte de petite guérite sur le bord de la route : une boîte de thon, un yaourt à boire à l’avocat et au lait d’amande, une sorte de mille-feuille. Le pain vient de chez lui. Il propose très aimablement de cuire les œufs durs. Le coin pique-nique est idéalement placé sur le bord du torrent à l’ombre de peupliers qui ont déjà des petites feuilles vert tendre, face à la mosquée de Tin Mal. Un pont enjambe le torrent. La route est carrossable. Un homme surgit dès notre arrivée pour nous en faire la visite. La mosquée (1153-1154) a été bien restaurée. C’est un très vaste monument de terre, très sobre, très nu. Les grandes portes de bois cloutées de disques datent de la construction. Il reste encore une partie du plafond d’origine du minaret des décorations de stuc : stalactites, niches et même une coquille Saint Jacques « rapportée d’Espagne » dit le guide. Les arcades restaurées en briques ressemblent à celles de Meknès. Je m’étonne de la taille de la Mosquée perdue dans la montagne. Ici, s’élevait une ville, la première capitale Almohade avant Marrakech. Les Almohades me sont familiers.je viens de terminer la Confrérie des Eveillés d’Attali qui se déroule à Cordoue, Tolède et Fès sous leur règne.
Nous avons réservé au Mouflonà Ouirgane. L’arrivée sur Ouirgane est gâchée par la construction d’un barrage. La vallée éventrée par le chantier a perdu son charme. L’hôtelier mettra fin à nos hésitations. C’est complet. Il n’a que deux chambres. Son frère n’a pas tenu compte de notre réservation. Il est désolé. Nous pas !
Villa de l’Atlas à Asni
Asni : vue sur l’Atlas de la terrasse
La pancarte « La villa de l’Atlas » à Asni, sur la route d’Imlil, attire notre attention. L’accueil est agréable. 300 dirhams, la chambre avec le petit déjeuner. Les chambres sont bien décorées avec des tentures et des dessus de lit orange en lainage, kilims aux motifs berbères et un beau tapis complètent la décoration avec une glace ornée de ferronnerie et des lanternes de cuir. Nous visitons les grands salons et les terrasses.
La terrasse, à elle-seule mérite le déplacement : vue sur l’Atlas enneigé, villages de pisé sur des champs vert vif. Au premier plan, un très joli cognassier qui reverdit et fleurit.
Nous mangeons tôt après une promenade au village. Un assortiment de quatre salades, un tajine de poulet au citron, des oranges pour dessert.
villa de l’Atlas Asni
Je m’installe à l’ordinateur pour consulter ma boîte à lettres où j’espère trouver le voucher que Sixt va me réclamer: fausse manœuvre, tout disparaît. Quand j’arrive à nouveau à me connecter: zéro messages depuis votre dernière visite ! Une fenêtre apparaît inopinément : la météo et l’heure à Riyad (Arabie Saoudite) En voilà une nouvelle intéressante ! Il fait toujours beau et chaud à Riyad ! Quelques minutes plus tard, alors que je suis retournée sur la terrasse, j’entends le muezzin électronique : l’ordinateur dit la prière !
Atlantique, anti-Atlas, Atlas et riads des 1001 nuits
Un épais brouillard recouvre la ville. Il fait si frais que nos paroles se condensent en sortant de notre bouche. Pour tenir dehors, j’ai enfilé la polaire achetée pour Saint Petersbourg et le gros pull irlandais. Aux pieds, j’ai les chaussons tricotés à la main en Turquie. Latifa a fait encore plus de crêpes.
Palmeraie de Tioute
Lahcen nous a prévenues: « Tioute c’est très touristique ! «
La Casbah est défigurée par un restaurant panoramique. Je m’amuse à retrouver les cours et les étable « vus du ciel » avec le même plan que les fermes de Tiouaïnane. Un garçon d’une quinzaine d’année aux couleurs de l’équipe de France, une badine à la main, nous aborde. Patiemment, on lui dit que nous ne voulons ni guide, ni âne qu’on veut seulement se promener dans la palmeraie, dessiner, prendre des photos sans se presser. -« les gens pressés sont déjà morts », rétorque-t-il. C’est bien trouvé mais c’est un cliché qui circule beaucoup au Maroc. Il nous menace alors des sangliers très nombreux et des serpents venimeux. Nous éconduisons avec moins de précautions un second ânier qui a prestement escaladé les rochers. Il se plaint :
-« quels touristes ! je ne vous ai rien demandé ! », Marmonne-t-il.
Nous fuyons donc la terrasse panoramique et descendons au village.
C’est jour de marché. A l’arrière sur le « parking » les ânes sont nombreux. Pauvre petit marché ! Chacun a apporté quelques kilos de tomates, un petit tas d’oignons ou des petits pois. Il est dix heures, le marcher vient de commencer et il n’y a pas grand-chose à acheter.
Le village attend les cars de touristes. Les ânes sont alignés. Une procession montera vers le restaurant sans peur du ridicule.
Sur le parking, un petit garçon se propose comme guide. Il insiste et me suit en silence. J’invente un nouveau stratagème : à la vue d’un très joli oiseau, je sors les jumelles et fait « chut ! » à mon petit poursuivant. Il ne désarme pas. Puisque je veux des oiseaux, il va m’en montrer ! Il sait marcher sans bruit et dénicher les oiseaux. Tous les touristes sont accompagnés. Finalement Ali est intelligent, silencieux et pas gênant. Je finis par l’adopter. Il est en 6ème.
– « pourquoi n’es tu pas à l’école ce matin ? »
– « le Maître est à Taroudant. »
Il répète tous les bons mots des guides :
-« La luzerne, gasoil berbère ! L’âne pas d’assurance, jamais d’accident ! » Ou
– « la palmeraie, 20000 palmiers… »
Son père travaille sur la palmeraie, sa mère travaille à la maison mais ses trois frères sont à Casablanca et ses sœurs sont mariées. Il porte un jeans à la mode et il est vraiment petit pour les 13 ans qu’il revendique.
Je profite donc du calme de la palmeraie, du chant des oiseaux, du ruissellement de l’eau dans les rigoles. Dans les champs, le blé vert est déjà en épis. En plus des palmiers, quelques caroubiers. Cette palmeraie est très différente de celle de Tinouaïnane pourtant distante d’une dizaine de kilomètres.
Dominique m’attendait dans un champ de luzerne. Elle a trouvé un joli petit chemin entre les palmiers. L’Atlas se détache sur toute cette verdure. Nous sommes gagnées par la paix et le calme. Pourtant il faut repartir.
Epices
épices
Latifa nous accompagne au souk pour marchander pour nous des épices. Elle demande un mélange ; 50g de cumin, de cannelle, de coriandre et nous emportons le tout pour 30dirhams.
Dîner de gala : pastilla
pastilla
Notre dernière soirée est un peu ternie par la découverte de l’addition. La vie de château, nous l’avions oublié, se paie. Raisonnablement au Maroc. Mais plus que nous ne le pensions. Quand je comprends le décompte je préfère oublier le total. C’est dommage parce qu’Amina s’est surpassée. Elle a cuisiné une Pastilla dont elle est très fière. La Pastilla est pour moi un mythe raconté par les Juifs marocains. Depuis quarante ans j’en ai entendu parler sans y avoir jamais goûté. Enfin, je vais pouvoir la connaître. Amina tient à ce que je photographie le feuilleté ovale décoré au sucre glace et à la cannelle qui dessine une résille brune. A l’intérieur, un fin hachis d’amandes et de pigeon (poulet ?). L’entrée était également sucré : un bol de riz au lait et à la cannelle. Les fraises apportent un peu de fraîcheur et d’acidité à ce dîner gastronomique un peu trop doux.
Nous quitterons le riad un peu comme Cendrillon qui voit son carrosse redevenir citrouille