Le dernier Berlinois – Yoram Kaniuk

LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE

y kaniuk

Incipit :

« Mon premier voyage en Allemagne n’a pas été un voyage à proprement parler, mais plutôt une traversée de l’Allemagne. En  hiver 1984, après une semaine passée à Copenhague, à la veille de mon retour en Israël, je fis un rêve […]une violente envie de partir à la rencontre des fameux livres de mon père m’assaillait  ou, pour reprendre les arguments publicitaires pour les produits allégés : manger sans grossir. Aller en Allemagne sans y être »

Le Dernier Berlinois, commence comme un journal de voyages d’un Israélien à travers l’Allemagne sur les traces de son père et de la culture allemande.

Le premier voyage n’en est pas un, c’est une traversée de nuit en train, de Copenhague en Hollande dans un compartiment bloqué…traversée tellement symbolique.

Pour le second, en 1986 il est l’invité officiel du cabinet du président allemand. D’autres suivront, conférences ou rencontres d’écrivains. …
Point de tourisme!
Yoram Kaniuk connaît sans doute mieux l’Allemagne que les personnages qu’il croise. Son père lui a lu Goethe, Heine ou Thomas Mann, Son Allemagne est littéraire et juive.
Au début, il va à la rencontre des Allemands avec beaucoup de préjugés et de provocation. Il croit rencontrer des anciens nazis qui n’en sont pas et raconte ses erreurs avec humour.
Par la suite la relation de voyage fait place à une galerie de personnages, certains sympathiques d’autres pas. Je pense à » La Fin de L’Homme Rouge »  pour  les récits de parcours individuels d’Allemands ou de Juifs allemands et même d’Israéliens vivant en Allemagne.
Il est venu régler ses comptes avec l’Allemagne, avec les Allemands indissociables des Juifs. Il veut rendre compte de l’absence.
Solder les comptes de la Shoah est impensable. Réfléchir aux procès de Nuremberg et d’Eichmann est envisageable.
Rencontre avec des écrivains, ses pairs, avec Heirich Böll et Gunther Grass et d’autres. Avec eux il va pouvoir discuter, du moins le croit-il parce que la guerre d’Irak place une partie des intellectuels allemands en opposition à Israël. La réflexion des rapports entre les Allemands et Israel rend Le Dernier Berlinois plus actuel.

Yishaï Sarid – Le Poète de Gaza

LIRE POUR ISRAËL


Tout d’abord, il n’est question  ni de poésie, ni de Gaza. L’action se déroule pour part à Tel Aviv, et pour part dans les sous-sols de la Sécurité à Jérusalem, avec deux excursions, l’une sur les bords de la Mer Morte, l’autre à Limassol, Chypre.

Thriller très noir. Un officier des renseignements israélien, chargé d’interroger des Palestiniens pour éviter des attentats-suicides peut-il agir selon les procédures légales ? Peut-il rester humain et non pas une brute ? La réponse est claire :  les procédures légales ne donnent rien. Le narrateur, officier, recruté pour sa culture, son ouverture d’esprit, pour avoir des résultats, va déraper jusqu’à la bavure – il étrangle un témoin, pas même suspect. Son supérieur, figure paternelle, bienveillant, d’un calme étrange, trouve dans la religion la sérénité. Comment être serein ? Il protège le héros, tente de lui faire garder l’équilibre, alors que, même après le drame, ce dernier revient aux interrogatoires, comme un drogué à sa came.

Une autre mission se déroule en marge. Le policier doit se faire passer pour un écrivain débutant pour approcher une romancière, Dafna amie d’un poète gazaoui dont le fils est un chef de réseau terroriste. Le poète atteint d’un cancer en phase terminale doit être soigné en Israël et s’installe chez Dafna. Une curieuse intimité s’établit entre le poète et l’officier, presque de l’amitié. Jusqu’où le conduira cette mission ? …Bien sûr, pas question de dévoiler la fin.

méir shalev : Ma grand-mère russe et son aspirateur américain

LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE

Nahalal le moshav de méir shalev

 

De Méir Shalev, j’ai lu (2fois) Que la Terre se souvienne. Ma Grand mère russe et son aspirateur américain se déroule dans le même moshav de Nahalal.
Roman autobiographique, saga familiale, commençant en 1890 à Makarov, Ukraine, se poursuivant jusqu’à la fin du 20ème siècle.
Je me suis surtout attachée aux personnages des pionniers, de la deuxième ou de la troisième Alyiah, venant de la Russie, avec leur accent, leur idéal rayonnant,  leur énergie pour assécher les marais, bêcher, greffer les arbres, et combattre la boue l’hiver et la poussière l’été.

« Mais la manucure incarnait un symbole négatif, le pire de tous, car elle s’appliquait aux doigts, aux mains industrieuses vouées à labourer, bêcher,semer et construire. Les mains des pionniers que la révolution devait arracher à la plume, au commerce, à la casuistique talmudique pour les renvoyer aux outils et aux travaux des champs… »
C’est là qu’intervient le fameux aspirateur, cadeau d’un double traître qui a préféré faire des affaires en Californie.

« L’Amérique ignorait sans doute que, dans mon jeune âge,en sus de l’Union soviétique, de l’Allemagne de l’Est et la  Corée,  elle avait un autre ennemi. Oh pas très puissant ni spécialement dangereux, à vrai dire, mais virulent acharné et moralisateur : une poignée de moshavim et kibboutzim – le courant pionnier en Terre d’Israël. »
J’ai beaucoup souri en lisant ce  livre.
Livre de la nostalgie. Livre de tendresse pour cette famille chaleureuse.
Livre de l’innocence aussi. Celle de mon  adolescence quand je croyais que la terre d’Israel n’avait été gagnée qu’en asséchant des marais. Pas de bruit de bottes, un seul coup de fusil ! pour abattre un chat sauvage, voleur de poules….Pas un arabe à l’horizon, si, une ligne, vu du train le long de la frontière, en Jordanie d’alors…. les antagonismes se résumant aux divers courants du mouvement travailliste? et des révisionistes de droite.

Méir Shalev par le son livre:

Le garçon qui voulait dormir – Aharon Appelfeld

LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE

Erwinn, l’enfant du sommeil a été porté par les réfugiés qui ont veillé sur lui endormi, de train en train, de camion en camion de carriole en carriole, jusqu’à Naples où commence le récit, attendant l’embarquement pour la Palestine.

Efraïm est venu entraîner les adolescents, entraînement physique, mais aussi apprentissage de l’hébreu. Les jeunes apprennent sans livre ni cahier, répétant en courant les poèmes de Rahel, de Lea Goldberg, de Nathan Alterman ‘« judaïsme des muscles » censé les régénérer et les  distinguer des réfugiés les séparer de ce qu’ils avaient vécu, le ghetto, les cachettes…. Il semble que le rêve récurrent du XXème siècle a été de forger un homme nouveau. Faire des Juifs hébraïsants, musclés, bronzés, combattants capable de défendre le Yichouv qui n’est pas encore l’État d’Israël. L’entraînement continuera dans une colonie agricole où les jeunes gens construisent des terrasses, y apportent la terre, plantent des arbres et perfectionnent leur hébreu dans la lecture de la Bible. La métamorphose ne se fait pas sans résistance. La pierre d’achoppement est le nom hébreu qui doit remplacer le nom donné par les parents.

« on ne change pas de nom, tout comme on ne change pas de langue maternelle. le nom c’est l’âme. En changer c’est ridicule. » Ce mot ridicule désignant chez mon père non seulement une dys-harmonie mais aussi une forme de bêtise »

Le héros du livre résout cette contradiction, et la douleur de la perte de ses parents par le sommeil. Le garçon qui voulait dormir retrouve sa mère, son père et les amis de celui-ci, sa maison, à Czernowitz (Bucovine). Il dialogue avec eux dans sa langue maternelle – l’Allemand, rarement nommé. Il leur raconte sa nouvelle vie, ses progrès, ses projets de devenir écrivain comme son père. Dans la maison de son enfance, la vie tournait autour des livres, des livres écrits par le père, refusés par les éditeurs, de la littérature allemande, de Zweig, Schnitzler et surtout de l’admiration pour Kafka.

L’action se déroule juste avant la Déclaration d’Indépendance d’Israël et après pendant la guerre qui l’a suivie. Pourtant ce n’est pas un récit héroïque. Le narrateur est touché gravement aux jambes dès sa première escarmouche. La suite du récit se déroule donc à l’hôpital puis dans une maison de convalescence. Plusieurs de ses camarades y sont également blessés. Pendant deux ans il lutte pour retrouver l’usage de ses jambes. Relier ses jambes à son corps. Il copie la Bible pour relier les lettres hébraïques à ses doigts. Car c’est en hébreu qu’il écrira ses livres. Apprentissage physique de la langue. Rapport très étroit au texte.

Ambiguïté aussi de son lien au sacré, à la prière. Le monde de son enfants, intellectuels éclairé était loin de la religion. La venue en Palestine était aussi une démarche laïque « nous sommes venus dans ce pays pour vivre la réalité et dans la réalité tu dois chasser le verbe « prier » de ta tête. Les Juifs ont bien assez prié comme ça même trop » déclare un des convalescents qui le voit copier la Genèse.

Relier la langue au corps est le fil conducteur de ce livre complexe se déroulant dans deux lieux intimes: rêves  de l’enfance en Bucovine et dans la réalité d’Israël qui se construit .

 

Une femme fuyant l’annonce – david Grossman

Depuis dix jours, je suis les pas d’Ora et d’Avram sur leur randonnée dans les collines de Galilée. Cheminement lent, dans une lecture dense, où se découvrent des histoires d’amour intenses et des paysages sauvages. .
Pensée magique:  Ora imagine que, tant qu’elle sera hors d’atteinte des messagers, il n’arrivera rien à son fils, parti dans une opération militaire dangereuse, tant qu’elle pensera à lui, qu’elle parlera de lui, elle le protègera. Pouvoir des mots?
Ce n’est pas une lecture facile que cette fuite anxieuse, et que l’évocation de plusieurs guerres.

La Guerre des Six Jours est  à peine évoquée:  rencontre des adolescents hospitalisés, premiers émois, camaraderies, amitiés, amours adolescentes. Pendant la Guerre de Kippour se noueront et se dénoueront les liens d’amour et d’amitié. Le récit des combats sur le Canal de Suez est particulièrement éprouvant, la captivité en Égypte d’Avram aussi.
Amours, amitiés, amour maternel inconditionnel, paternités incertaines, rapports fusionnels entre frères, toutes les affections sont mêlées. Amour de la terre aussi.
Pouvoir des mots, écritures, carnets griffonnés, c’est aussi un livre d’écrivain, sur l’écriture. La chasse aux références littéraires, de Melville à Thomas Mann,ou à la Bible, peut aussi être une piste de lecture.

J’ai attendu ce livre. Pas seulement parce que les critiques sont excellentes ni parce que la littérature israélienne m’intéresse.Lue sur le  site de la Paix Maintenant l‘oraison funèbre à son fils Uri, tombé au Liban en 2006, m’avait terriblement émue. J’avais imaginé que ce roman était une réaction à ce deuil. La dernière page m’a détrompée, Grossman avait commencé l’écriture en 2003 alors que son autre fils Yonatan faisait son service militaire;

Dernière phrase du livre :

« Ce qui a changé surtout, c’est l’écho de la réalité dans lequel la version finale a vu le jour. »


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Amos OZ : Vie et mort en quatre rimes

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Est-ce un court roman ou une nouvelle ?

Unité de temps : le narrateur entre dans un café avant une conférence et le récit se terminera à la fin de la nuit. Unité de lieu : Tel Aviv, autour du centre culturel.

Les personnages foisonnent.
De l’ « auteur », le personnage principal, nous ne saurons pas grand-chose. C’et un auteur reconnu qu’on a invité à une lecture d’un de ses livres. De l’ouvrage présenté, nous ne saurons rien non plus.

En revanche, toute une cohorte de personnages, réels ou inventés, défile. Leur histoire est elle réelle ? ou fantasmée par l’auteur qui s’ennuie ? Personnages ordinaires pour la plupart, dont l’existence est suggérée avec tendresse, personnages singuliers sans qualités exceptionnelles, si humains, et si originaux dans leur quotidienne banalité. Certains sont au bord de la mort : le poète écrivant les quatre rimes, peut être déjà disparu, l’heureux gagnant du loto qui se trouve en phase terminale d’un cancer… d’autres sont bien vivants.
Une rencontre amoureuse s’esquisse, s’évite, se noue, et finalement, avorte…

Des portraits racontent un univers déjà disparu de syndicalistes, de responsables culturels d’un temps révolu où le mouvement ouvrier imprimait son influence culturelle et militante. Parfum d’un passé oblitéré par la consommation effrénée des années 2000… temps ou Davar paraissait encore…C’est sans doute cette nostalgie que je recherche.

Amos OZ : Vie et mort en quatre rimes (127p.) Gallimard

David Grossman : Dans la peau de Gisela Politique et Création littéraire

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Quelques fois, j’ouvre un livre et j’ai le sentiment qu’il m’est personnellement destiné. Quelle mégalomanie !!!!

Ce n’est pas franchement le hasard dans le cas de David Grossman. Je ne l’ai pas pris par inadvertance à la bibliothèque. Je connais un peu David Grossman et j’ai suivi ses prises de positions à la suite de la dernière « guerre » au Liban en 2006, relayées par La Paix Maintenant, j’ai aimé son roman « quelqu’un avec qui courir ».

La lecture de la littérature israélienne est pour moi une nécessité.  Autant je me suis interdite de retourner en Israël tant que la situation d’occupation perdurera, autant je lis, avec un sentiment d’urgence, les publications des écrivains israéliens. Il m’est nécessaire de savoir qu’il existe des intellectuels qui donnent naissance à des personnages – peu importe que ce soient des fictions – qui me sont infiniment proches.

Les deux derniers textes A la mémoire d’Yitzhak Rabin et Ecrire dans le Noir sont- ils des textes littéraires ou politiques ? Ils sont en tout cas le cri d’une conscience très aiguë de l’atrophie de la pensée et de la langue causée par l’occupation et la nécessité absolue de l’empathie, de la connaissance de l’autre Dans la peau de Gisela indispensables pour rester humain, Ha Mensch, comme je l’ai entendu autrefois.

Sayed KASHUA – Et il y eut un matin

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Traduit de l’hébreu.

Parmi les Palestiniens, Cisjordaniens, Gazaouis, Fatah, Hamas, Musulmans, Chrétiens,  Druzes…. On oublie parfois les Arabes Israéliens qui, parfois, se revendiquent tels. Sayed Kashua écrit en hébreu. Le titre de son roman Et il y eut un matin, sonne biblique.

Le héros est un journaliste dans un journal israélien . Avant de retourner dans son village, il habitait Tel Aviv et menait une vie ordinaire avec sa femme, enseignante, et leur bébé. C’est à cette vie ordinaire qu’ils aspirent. Pour la sauvegarder, le narrateur est prêt à toutes sortes de concessions. Hélas, il perd son emploi, et doit retourner au village pour ne plus subir les tracasseries de ses voisins.

Le retour au village, la construction de la nouvelle maison n’est pas vécue dans l’allégresse. Ni sa femme, ni le journaliste ne regrettaient la vie du village, étriquée. Ils aspiraient à l‘anonymat de la grande ville.

Pourtant tout se déroule sur le mode de la comédie. Beaucoup d’humour. On sourit beaucoup dans ce livre. Même quand le village n’est soumis à un blocus inexplicable. Le village est encerclé comme un village des territoires occupés. Bons israéliens, la plupart des habitants ne comprennent rien à l’arrivée des chars et à l’encerclement. L’électricité est coupée, comme le téléphone, Internet.

Enfin le journaliste tient un scoop ! Mais il ne peut pas joindre son journal.
En quelques heures toute la vie quotidienne se désorganise. On stocke la nourriture, mais les frigos sont en panne, l’eau vient à manquer, les égouts, eux débordent. C’est l’enfer auquel personne n’est préparé! Mais toujours sur le mode humoristique.

Le dénouement ne tardera pas, l’occupation ne durera que quelques jours. La fin est surprenante.

Aujourd’hui les bombes tombent sur Gaza. Le blocus de la ville dure depuis des semaines. Qui aurait envie de lire une comédie ? Et puis vendredi, jour de la colère, les palestiniens se solidarisent avec Gaza bombardée. Comment réagiront les Arabes Israéliens finalement intégrés comme le journaliste de l’histoire ? L’auteur écrirait il un tel roman maintenant ? Ecrit pour voix-nomades en décembre 2009

Sayed KASHUAEt il y eut un matin POINTS 280p

 

Un Feu Amical – Avraham B Yehoshua

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Le feu amical, c’est le tir collatéral qui a tué Eyal, en embuscade.

Ce livre est un livre de deuil. Daniella va en Tanzanie où est décédée sa sœur Shouli. Elle va retrouver son beau-frère Yirmi, le père d’Eyal. Double deuil!

C’est un livre de feu :  flammes des bougies de Hanoukka que le mari de Daniella, resté en Israël, allumera en compagnie de ses enfants, de ses petits enfants. Des bougies que Yirmi jettera dans son poêle tanzanien. Feu des premiers hommes que les paléontologues étudient dans le Rift, berceau de l’humanité, feu qui différenciera ces pré-humains des primates.

Malgré ce préambule, c’est loin d’être un livre mortifère. Au contraire. La vie se déroule avec toutes ses péripéties,  vie quotidienne  à Tel Aviv, ou celle de la mission archéologique dans la savane africaine. A un autre rythme, toutefois.
L’auteur raconte par le menu tous les évènements de cette semaine de la fête.

Construction ingénieuse, sept jours de voyage, sept parties correspondant aux bougies de la fête, parties dans les quelles alternent les chapitres de la vie de Daniella et celle de son mari Amotz en Israël.

A B Yehoshua aborde le sujet de la mort des fils à la guerre, du deuil des parents, avec tact mais aussi avec révolte. Le quotidien d’Israêl n’est pas séparable de l’état de guerre, même en période de paix relative.

Amotz, non religieux lit les prières sur les emballages de bougies, personne ne semble croyant. Pourtant la lecture de la Bible et particulièrement de Jérémie s’insère dans le récit de manière tout à fait convaincante.

Liban : Beaufort – Ron Leshem -une lecture antimilitariste?


Sortie sonnée de la séance du film Incendies,attristée par la lecture des actualités au Liban,  je suis retournée à mes anciens  billets écrit pour voix-nomades le 01 Juin 2009

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Je n’ai pas vu le film, la violence et la guerre au cinéma m’agressent.

Beaufort évoquait un château des Croisés, comme ceux que nous avions vus à Rhodes, l’an passé.

Je savais quand même que Beaufort était au Sud-Liban.

Souvenirs anciens d’une autre guerre :  je montais au château de Yekhiam quand l’alerte était donnée. Plutôt que de m’enfermer dans l‘abri,  j’ai peint des aquarelles sous le vrombissement des avions de chasse.

La première partie du livre « Il ne pourra plus… » m’a étonnée, choquée, comme si j’avais reçu un coup par surprise. Ce n’était pas l’état d’esprit de Tsahal que j’ai pu connaître même aux heures noiresde la guerre de Kippour. Jamais je n’avais pu imaginer que les soldats seraient devenus des fauves de guerre. Naïve que je suis ! Je n’aime pas spécialement les récits de guerre et le livre a failli me tomber des mains après une cinquantaine de pages. Héros et héroïsme, fraternité machiste, humour bidasse, m’insupportent. Ce « cacou d’Afula » dressant sa section à devenir des combattants disciplinés et aguerris ne m’était nullement  sympathique.


La seconde partie : « Retour au Front » prend une autre tournure. En 2000 après 18 ans d’occupation, la question du retrait du Liban fait son chemin dans le public israélien. Les soldats de la section d’Ezer subissent des pertes que l’auteur ne minimise pas. Avançant dans le récit on se rend compte qu’ils sont morts pour rien. Est-ce ma lecture qui est antimilitariste ? Ou est-ce l’intention de l’auteur ? Au fil des pages, la lecture au second degré se précise. L’horreur de la guerre. Et surtout le gâchis. La fin de Beaufort est une déroute….

« my country? right or wrong,..” au Liban, n’a aucun sens.Cette lecture me conforte dans le sentiment de révolte devant mon poste de télévision quand l’expédition au Liban de 2006, nous avait surprises au Vietnam. Images prémonitoires des terribles images de Gaza.

Je m’étais toujours étonnée de l’absence de la guerre dans les romans israéliens que j’avais lus.

Ron LESHEM : BEAUFORT roman Seuil 342p