Basquiat à la Fondation Vuitton

Exposition temporaire jusqu’au 14 janvier 2019

C’est une exposition très riche :  les tableaux sont grands, colorés, très nombreux. On pourrait déambuler sans chercher à comprendre, seulement séduit par les couleurs, les motifs variés, les textes (ou plutôt listes de mots) comme des rébus ou des messages secrets. Et cela suffirait sûrement à notre plaisir!

Nous avons eu la chance de suivre des micro-visites gratuites (15 minutes dans une salle) avec un médiateur passionnant qui nous a donné des clés pour comprendre l’intention, le message (un des messages) contenus dans les tableaux.

irony of negro police

 

On reconnait bien sûr la préoccupation majeure de Basquiat : le racisme et la violence que subissent les noirs de la part de la police éventuellement. Plusieurs tableaux représentent des policiers, leurs insignes, les symboles de l’Etat Américain….

les tableaux de Basquiat contiennent de nombreux mots, onomatopées, lettres. On peut imaginer que cette peinture est bruyante. Cependant les bouches des noirs sont souvent verrouillées par des cages, symbolisant l’esclavage ou le silence qui leur est imposé.

Autre motif récurrent : l’auréole qui surmonte les têtes, auréole des martyres ou couronne d’épine du Christ. Le boxeur est aussi un personnage que Basquiat affectionne, représenté parfois uniquement avec son short.

Per capita
per capita

Dans ce tableau « per capita’ on reconnait le boxeur à son short, l’auréole, « ex pluribus… » est le début de la devise américaine mais il manque « unum » l’unité, les noirs, la diversité ne seraient ils pas compris dans ce « pluribus« . Per capit& par tête introduit la lise de revenu brut par habitant selon les Etats des USA ,  on voit la différence entre les états peuplés de nombreux noirs, ce tableau dénonce la spéculation initiée par Reagan qui augmente la pauvreté et les inégalités. Dans un quadrillage des S peuvent symbolise Sugar ou Sacks(de coton) et les échanges commerciaux. La torche peut être celle de la Statue de la Liberté que voient les immigrants en arrivant à New York, elle peut aussi être la torche olympique de Jesse Owens, premier sportif noir médaillé olympique. Quelle richesse dans le contenu de cette toile. Et nous aurions pu passer sans rien voir d’autre que des graffitis ou des couleurs sans l’intervention du médiateur!

Zydeco 1984

Triptyque comme un retable d’église, à la limite de la sculpture : référence à la musique. Les allusions à la musique sont nombreuses!

Not for sale

L’esclavage est clairement le thème du tableau : le bateau doré au centre : traversée transatlantique puis le marchand d’esclave avec la mention « not for sale »

Encore un triptyque, retable, en plus des symboles chrétiens, on voit des masques africains et Ogun le dieu Yoruba qui est aussi vénéré dans le vaudou d’Haïti (le père de Basquiat était haïtien), on voit aussi des motifs avec les bras en l’air courants en Afrique de l’Ouest et toujours des graffitis qu’il faudrait prendre le temps de lire et de déchiffrer.

Dos Cabezas : Andy Warhol et Basquiat
Andy Warhol et Basquiat

 

Ces deux portraits ont été peints en 1h30! et inaugurent une collaboration entre Warhol – star de la peinture new-yorkaise et de Basquiat qui ont peint ensemble, exposé ensemble. Cette association s’est mal terminée, chacun pensant que l’un tirait profit de l’autre.

Riding with death (1988)
Riding with death (1988)

Un des dernier tableaux de l’artiste, ne rien voir de prémonitoire. Basquiat est mort d’overdose mais il avait encore plein de projets, entre aute ce nouveau style avec un fond uni!

Nous avons passé plus de trois heures dans l’exposition sans nous ennuyer ni nous fatiguer! Passionnant! Mais il faut avoir les clés pour déchiffrer les messages.

Keith Haring – The political Line au Musée d’Art Moderne

LE MONDE EN EXPOS

 

du 19 avril 2013 au 18 aout au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris

 

 

Scotchée!

Séduite d’abord par les couleurs vives des grandes toiles, les motifs décoratifs remplissant tout l’espace d’une ligne sûre, ponctuée de tirets. Plus attentive, j’ai découvert des motifs récurrents:soucoupes volantes, bébé radiant, pyramides… chiens mais aussi croix et télévisions, $, personnages…que je me suis amusée à chercher.

Et j’ai découvert un humour extraordinaire, décapant ce tableau d’une foule acclamant un personnage caché par un mur dont seul est visible le pénis érigé – on a pensé à Berlusconi – anachronisme, je ne sais pourquoi, un très long tableau sous- titré :EVERYBODY KNOWS WHERE MEAT COMES? IT COMES FROM THE STORE

Avançant dans les salles, prenant le temps de déchiffrer les tableaux (le plus souvent untilted), nous avons cherché le sens de l’œuvre : le petit homme aux prises avec une bête (loup ou chien), , abruti par la consommation ou les mass media, écrans de  télévisions  ou ordinateurs foisonnent. souvent l’homme est transpercé, troué, bastonné mais aussi rebelle, cassant le bâton qui l’a battu, tendre.

Enfin de l’art moderne qui a un sens pour tous, qui s’adresse à chacun!

Keith Haring, grand témoin de la décennie 1978-1990, des année graffitis avec Basquiat, des années pop avec Andy Warhol, des luttes contre l’apartheid et le racisme, des années Tchernobyl et surtout des années-Sida.

Keith Haring s’en engagé contre le le capitalisme, le symbole$ sur le groin de la truie, est le meilleur exemple, contre la religion, plusieurs tableau montrent la croix dans diverses circonstances aussi dans son rôle dans l’esclavage des noirs. Il a aussi protesté contre le nucléaire. Dans la fin de la décennie alors que ses amis étaient décimés par le Sida, il a mis sa peinture au service de la prévention, certains peintures sont tendres d’autres terrifiantes.

J’ai beaucoup aimé le regard des enfants nombreux ce dimanche matin, tout à fait à l’aise avec ces images expliquées par leurs parents, reconnaissant Mickey, (Mickey-Warhol?), le bestiaire fantastique, anges ou superman.

Lire Ici pour les vidéos de Keith Haring  article de Télérama

et Ici : Basquiat en bonus!

Et si vous n’avez pas le temps de voir l’expo, quelques affiches dans le métro, station Alma Marceau,  tout à fait dans l’esprit de l’artiste (pour le Musée, descendre à Iéna, la suivante!)