MASSE CRITIQUE DE BABELIO
Merci à Babélio et aux éditions du cherche-midi pour m’avoir offert un nouvel opus à ma liste de lecture taguée « épidémies » qui commence à s’allonger depuis Les Fiancés de Manzoni (1842), La peste écarlate de Jack London (1912),La Peste de Camus ( 1947), Le Hussard sur le toit de Jean Giono (1951), le 6ème jour de A Chahine (1960), Némésis de Philip Roth (2010) pour les plus classiques, qui sont tous des chefs d’œuvres. Plus récents : L’Année du Lion de Deon Meyer (2017 en français) et Les samedis de la Terre d’Erri de Luca et Contagion de Paolo Giordano qui sont des essais suite au confinement récent. Il y en a d’autres que j’ai oubliés. Contagions de Lawrence Wright (2020) ne joue pas dans la même catégorie. La référence « Prix Pulitzer » qui figure sur la couverture concerne un autre ouvrage Looming Tower et il récompense un essai et non pas une fiction.
Contagion est donc une fiction, un thriller paru au bon moment, en pleine pandémie de Covid-19. Je l’ai ouvert avec beaucoup de curiosité . Lecture facile avec des chapitres courts, un bon rythme, des personnages identifiables, des références à l’actualité qui font tilt. Il est enrichi de nombreuses explications scientifiques ; l’auteur remercie les universitaires, vétérinaires et épidémiologistes consultés pour l’écriture du roman. J’ai appris de nombreuses notions sur les virus et l’immunologie qui complèteront tout le savoir que les journalistes nous dispensent dans les médias.
Cependant la vision très américaine de l’épidémie m’a souvent agacée. La division binaire Etats Unis/Russie articule toutes les analyses politiques. Quelle importance cette pandémie dans le monde à côté des manigances des services secrets américains ou russes? D’ailleurs, le « monde entier » est fort peu représenté en dehors de l’Arabie Saoudite et des Emirats , alliés des américains et le Petit Satan, l’Iran soutenu par le Grand Satan, Poutine. On oublie bien vite l’Indonésie d’où est partie l’épidémie. Quant à l’Afrique, la Chine et l’Europe…
Peut être ce livre me fait mieux comprendre les thèses conspirationnistes qui ont cours sur les réseaux sociaux? Cette guerre bactériologique a, certes donné lieu à des recherches de chaque côté du rideau de fer. Je me souviens du slogan Nixon-la-Peste du temps où j’étais étudiante dans les années 60.
C’est d’ailleurs l’aspect le plus intéressant de l’histoire. On découvre le côté très sombre du héros Henry Parsons qu’on suit avec empathie pendant 400 pages, père et mari attentionné, chercheur scientifique intelligent, médecin dévoué…
En revanche, les moyens de lutte contre l’épidémie sont traités très superficiellement. Le confinement de l’Arabie cessera quand le Royaume entrera en guerre avec l’Iran et aux Etats Unis seuls les puissants feront l’objet de traitement.
Heureusement la Covid n’a rien à voir avec le méchant Kongoli!