Franz Werfel – Les 40 jours du Musa Dagh

LIRE POUR L’ARMÉNIE

La lettre manuscrite de Werfel exposée au Matenadaran à Yerevan m’avais émue.

Après la lecture de Erevan de Sinoué  et l’impression mitigée du point de vue littéraire de ce roman historique, j’ai relu  Les 40 jours du Musa Dagh de Werfel lu il y a plusieurs dizaines d’années et j’ai plongé dans ce très gros bouquin (915pages) avec passion.

« Ecrit avant l’avènement du régime hitlérien en Allemagne, ce roman semble préfigurer l’avenir » écrit Elie Wiesel dans la préface.

« Comment Franz Werfel connaissait-il le vocabulaire de l’Holocauste avant l’Holocauste? »

demande Elie Wiesel un peu plus loin.

Écrit en 1932 à la veille de la prise de pouvoir du nazisme, victime d’autodafé, ce livre est autant un livre de mémoire qu’un livre de combat. Livre de résistance, de dignité, livre d’Histoire, il aussi dénué de manichéisme, les Arméniens résistants ne sont pas idéalisés. L’aide que portèrent certains Turcs n’est pas occultée.

C’est un roman touffu, dense, flamboyant. Récit de guerre, certes. La vie quotidienne des villageois est racontée avec précision. Le Musa Dagh, Mont Moïse est aussi décrit de manière pittoresque. Cette montagne protectrice est un personnage à part entière du roman. Persécutions et résistance de la ville de Zeitoun, déportation des Arméniens, tous les mécanismes du génocides sont analysés. Mais pas seulement : les personnages sont vivants complexes pétris de contradictions. Ils combattent mais aussi  se jalousent, se vantent, cherchent à préserver leurs richesses jusque dans la catastrophe. Des idylles se nouent.

Roman flamboyant, et pas seulement parce que les incendies jouent un grand rôle.

Survivront-ils? (je laisse au lecteur le plaisir du suspens, les retournements de situations sont nombreux).

C’est un très grand livre malheureusement presque introuvable à prix raisonnable. Les éditeurs penseront-ils à le ré-éditer?

Pour aller plus loin cliquer  ICI

Un  autre article passionnant et très détaillé analyse ici les sources historiques et les implications politiques du livre de Werfel : LA

 

Erevan : Gilbert sinoué

LIRE POUR L’ARMÉNIE

Roman historique ou livre d’histoire?
Le sujet m’intéresse, et je rentre d’Arménie. j’ai donc lu avec beaucoup d’intérêt ce roman qui commence en 1896 avec la prise de la Banque Ottomane par des Arméniens et qui se termine en 1921 avec l’exécution des principaux responsables du Génocide de 1915. leçon d’histoire!
L’auteur met en scène différents protagonistes, une famille d’Erzeroum, un député arménien, les responsables politiques « Jeunes »Turcs », les témoins occidentaux… Fidèle aux faits et aux témoignages.

 

Leçon d’histoire, pour le roman historique, le souffle est court. Je ne suis pas arrivée à m’attacher aux personnages, trop conventionnels, dans un décor convenu, peu de littérature finalement. Mais est-ce important pour un tel sujet?
Dernier reproche : le titre .Pour quoi Erevan? L’action se déroule entièrement en Turquie et jamais à Erevan?

je me suis promise de rechercher les Quarante jours de Musa Dagh de Franz Werfel qui raconte aussi le génocide que j’ai lu autrefois et qui m’avait impressionnée.