CANARIES 2015

Le village préhistorique Poblado Atalayita est l’objet de notre première visite. La FV-20 traverse Casillas del Angel , village assez étendu avec ses maisons dispersées dans la verdure. Nous arrivons rapidement à Antigua que nous traversons sans trop nous en apercevoir (pourtant ce fut une capitale de l’île) et nous trouvons par hasard sur la FV-50 qui traverse une campagne ressemblant plus à la campagne marocaine qu’aux paysages de Lanzarote : terre ocre, rocailleuse, végétation rare mais verdoyante quand même après la pluie. Une éolienne à pales métallique, un moulin à l’abandon, accompagnés de quelques troncs de palmiers ayant perdu leurs palmes se détachent d’une rangée d’agaves gracieux. Dans la lumière du matin le ciel est sans nuage, le bleu des agaves, l’ocre de la terre, le beige et violet des montagnes composent un beau tableau. Première photo alors que je m’étais promise de ne plus en prendre.
Poblado Atalaya

Nous retrouvons la route principale FV-2 pour 4km et une petite route nous conduit au site archéologique. Un grand parking, des tables à piquenique ombragée sous des auvents, un Centre d’Interprétation caché dans un enclos circulaire de pierres sèches, très discret, surbaissé sous un toit de bois abritant des baies vitrées, accueillent les visiteurs. Le Centre d’Interprétation est fermé sine die et depuis longtemps si on en croit la couche épaisse de poussière qui ensevelit la documentation et les dépliants. Heureusement les panneaux explicatifs sont visibles de l’extérieur et la visite du village antique est libre.
Je m’empresse de copier et traduire les explications :
- 1974-1977 : campagne de fouilles sous la direction du Professeur Demetrio Castro Alfin
- Les aborigènes, les Mahos , d’origine berbère, se sont installés à Pozo Negro car ils ont trouvé dans la vallée l’eau des sources, des terres fertiles et des ressources maritimes.
- Les fouilles ont mis au jour des céramiques de différentes époques ayant parfois été réutilisées postérieurement dans le village. Les Mahos utilisaient ces poteries pour cuisiner et stocker les aliments. Ces récipients présentaient différents motifs décoratifs. On a retrouvé également des outils provenant d’une industrie lithique, une plaquette rectangulaire d’os ainsi que des témoignages d’une industrie malacologique (coquilles présentant des trous pour faire des colliers) .
- Différents habitats sont représentés. Certaines constructions sont bâties de pierres plates d’autres de mélanges de moellons, enfin on a aussi utilisé des tubes volcaniques. Les habitations aborigènes auraient un plan arrondi celles des temps historiques, rectangulaire. A côté des maisons on peut observer les corral pour les chèvres ainsi que des esplanades circulaires pour els assemblées ? les jeux ? les bals ?
Fortes de ces renseignements, nous suivons le parcours fléché sur le terrain pour visiter le village. A première vue on ne voit rien. Dans la rocaille du Malpais, le désordre des pierres, difficile d’imaginer le village. Une maison a été reconstituée (mais fermée).Les ouvertures des maisons sont minuscules et surtout très étroites. Les Mahos et leurs successeurs ne devaient pas être bien épais pour s’y faufiler. On n’imagine même pas un mobilier. Peut être l’étroitesse des entrées était-elle gage de sécurité. Les chèvres en liberté jouent avec nous. Elles nous regardent, remuent la queue comme des chiens pour fuir à notre approche. Elles sont petites, de la taille d’un chien. Leur pelage est souvent tacheté. Elles semblent vaquer à leur guise. Je grimpe sur le cône de scorie qui domine le site parmi les asphodèles naines qui couvrent la pente. Du sommet on voit la vallée, la coulée de lave et aussi la mer où quelques maisons blanches se blottissent autour de la baie.
Pozo Negro

Village de pêcheur ou d’estivants ? La plage est couverte de galets d’un assez gros calibre, elle est enserrée dans une crique très arrondie entre deux promontoires rocheux, coulées prismatiques de basalte. Plusieurs groupe de maisons suivent la baie avec deux restaurants de plage proposant poissons, poulpes, moules….
Contre une maison, face à la mer, on construit un grand banc de ciment blanc. Comme la maison semble inoccupée, nous le squattons pour un piquenique somptueux : 600g d’énormes crevettes roses et un avocat mûr à point. La mer monte et bientôt envahira la plage. Les rouleaux sont moins impressionnants que ces derniers jours. Quelques degrés de plus( 20°C selon Google sur le smartphone ) et on se baignerait.

A l’entrée du village, un panneau indique une randonnée facile jusqu’à Salinas del Carmen ( 6km, 50m de dénivelée – 2h). Le chemin est aussi une piste cyclable. Facile, bien tracée, mais pas balisée. A la première fourchette, je choisis la piste la plus proche de la mer. Il conduit à une plateforme surplombant la falaise et s’arrête net. Il me semble apercevoir un sentier qui grimpe raide une pente. Vraiment très raide, je termine l’ascension à 4 pattes pour m’assurer. Au sommet de la butte, je crois voir des marques de peinture jaune un peu plus bas. Ce n’est pas du tout de la peinture mais des lichens. Me voici perdue dans un désert pierreux. Impossible de descendre la butte, beaucoup trop dangereux. Je n’ai même pas mes bâtons de marche ! Je rejoins au pif, un bâtiment surmonté d’une barre horizontale qui tourne sur elle-même très lentement. Antenne ou radar ? Une piste y conduit sûrement. J’essaie d’appeler avec mon téléphone portable pour dire que j’abandonne « Informacion Movistas, el movil que llamaste…. » Malgré l’antenne toute proche, je suis hors couverture du réseau téléphonique, peut être le petit port aussi.
Heureusement je retrouve la grande piste trop ravinée pour les véhicules légers mais utilisable en 4×4 et en vélo qui traverse un désert pierreux et parfois descend aux petites criques. Je ne rencontre que 4 chèvres et un corbeau qui glapit plus qu’il ne croasse. Je traverse un barranco (comme on les appelle ici), un oued, la piste remonte. Au loin, une colline est flanquée d’immeubles aux larges balcons en forme de pyramide. A ses pieds la ville balnéaire de Caleta de Fuste . Une famille anglaise vient à ma rencontre, portant un impressionnant matériel photographique : trépied, téléobjectif monstrueux, des ornithos ? Ils me saluent en Espagnol. Je suis bien sur la piste qui va à Salinas del Carmen , « encore deux km ! » » 20 minutes annonce la mère ». J’ia marché une heure, je suis largement dans les temps ; Nouvelle descente, j’arrive dans une oasis de palmiers, verdure, des marais avec des roseaux, la piste est envahie par le ruisseau. Je contourne par la plage. Une ruine : église ou fort ? Une maison restaurée ceinte de murs blancs. Je suis sans doute à Puerto de la Torre. Les cyclistes sont nombreux ; L’un d’eux disposant d’un GPS m’annonce encore deux kilomètres.
Salinas del Carmen a de très petites salines par comparaison avec celles que nous avons lues à Lanzarote. Les petits tas de sel brillent dans chaque parcelle ; le Musée du Sel est fermé. Nous nous promettons d’y revenir.
Alejandro, le propriétaire nous a dit qu’avec ses enfants, il a fait un char pour le Carnaval ce soir à Puerto del Rosario. A 19h nous nous préparons pour y aller quand il se met à pleuvoir. Les rues sont barrées à la circulation et nous ne connaissons ni le plan de la ville ni le parcours du cortège. Ne sachant où aller, nous rentrons.























