LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE
Erwinn, l’enfant du sommeil a été porté par les réfugiés qui ont veillé sur lui endormi, de train en train, de camion en camion de carriole en carriole, jusqu’à Naples où commence le récit, attendant l’embarquement pour la Palestine.
Efraïm est venu entraîner les adolescents, entraînement physique, mais aussi apprentissage de l’hébreu. Les jeunes apprennent sans livre ni cahier, répétant en courant les poèmes de Rahel, de Lea Goldberg, de Nathan Alterman ‘« judaïsme des muscles » censé les régénérer et les distinguer des réfugiés les séparer de ce qu’ils avaient vécu, le ghetto, les cachettes…. Il semble que le rêve récurrent du XXème siècle a été de forger un homme nouveau. Faire des Juifs hébraïsants, musclés, bronzés, combattants capable de défendre le Yichouv qui n’est pas encore l’État d’Israël. L’entraînement continuera dans une colonie agricole où les jeunes gens construisent des terrasses, y apportent la terre, plantent des arbres et perfectionnent leur hébreu dans la lecture de la Bible. La métamorphose ne se fait pas sans résistance. La pierre d’achoppement est le nom hébreu qui doit remplacer le nom donné par les parents.
« on ne change pas de nom, tout comme on ne change pas de langue maternelle. le nom c’est l’âme. En changer c’est ridicule. » Ce mot ridicule désignant chez mon père non seulement une dys-harmonie mais aussi une forme de bêtise »
Le héros du livre résout cette contradiction, et la douleur de la perte de ses parents par le sommeil. Le garçon qui voulait dormir retrouve sa mère, son père et les amis de celui-ci, sa maison, à Czernowitz (Bucovine). Il dialogue avec eux dans sa langue maternelle – l’Allemand, rarement nommé. Il leur raconte sa nouvelle vie, ses progrès, ses projets de devenir écrivain comme son père. Dans la maison de son enfance, la vie tournait autour des livres, des livres écrits par le père, refusés par les éditeurs, de la littérature allemande, de Zweig, Schnitzler et surtout de l’admiration pour Kafka.
L’action se déroule juste avant la Déclaration d’Indépendance d’Israël et après pendant la guerre qui l’a suivie. Pourtant ce n’est pas un récit héroïque. Le narrateur est touché gravement aux jambes dès sa première escarmouche. La suite du récit se déroule donc à l’hôpital puis dans une maison de convalescence. Plusieurs de ses camarades y sont également blessés. Pendant deux ans il lutte pour retrouver l’usage de ses jambes. Relier ses jambes à son corps. Il copie la Bible pour relier les lettres hébraïques à ses doigts. Car c’est en hébreu qu’il écrira ses livres. Apprentissage physique de la langue. Rapport très étroit au texte.
Ambiguïté aussi de son lien au sacré, à la prière. Le monde de son enfants, intellectuels éclairé était loin de la religion. La venue en Palestine était aussi une démarche laïque « nous sommes venus dans ce pays pour vivre la réalité et dans la réalité tu dois chasser le verbe « prier » de ta tête. Les Juifs ont bien assez prié comme ça même trop » déclare un des convalescents qui le voit copier la Genèse.
Relier la langue au corps est le fil conducteur de ce livre complexe se déroulant dans deux lieux intimes: rêves de l’enfance en Bucovine et dans la réalité d’Israël qui se construit .

Les écrits d’Appelfeld sont rédigés avec des cendres qui me semblent lumineuses.;.
Avot Yeshurun :
– « L’homme marche sur les souvenirs, ce sont ses chaussures ? »
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J’ai lu cet écrivain à plusieurs reprises mais pas celui là
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Sur le site du Monde -Livres – une interview d’Amos Oz (je ne parviens pas à placer le lien). Il explique pourquoi l’hébreu lui fut imposé par sa mère. Celle-ci refusait que le garçon apprenne une langue européenne de peur qu’il ne soit attiré par ce continent « mortifère »…
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@JEA ; j’ai lu l’article et j’ai eu le même problème pour mettre le lien!
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Je n’ai pas encore lu celui-là. J’apprends qu’il sera dans ma région pour le festival « Terres de Paroles » en mai-juin. Pourvu que je sois libre et pourvu que j’ai un moyen de transport pour m’y rendre !
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@Aifelle : il est où le festival exactememnt?
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@Aifelle : où et quand se tiendra ce Festival?
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Je n’ai pas le lien sous la main (je suis au cyber-café), je te l’envoie ces jours-ci. Il se déroule en Seine-Maritime, en mai-juin (deux week-end)
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Le programme est en cours d’élaboration, je t’envoie la page où est mentionné Aharon Appelfeld, son lecteur sera Laurent Poitrenaux. Il n’y a encore ni les lieux, ni les dates exactes, je me suis abonnée à la news. Les inscriptions commencent le 29 Avril.
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http://terres-de-paroles.com/fr/l-eau-et-les-livres
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