CARNET MACÉDONIEN

Notre ticket d’autobus est encore valide jusqu’à 11 heures . J’ai envie de voir les belles villas que les Juifs ont fait bâtir au début du 20ème siècle : villa Modiano et villa Alatini. Les plus intéressantes se trouvent sur Vassilis Olga à l’est de la vieille ville. Vassilis Olga est en sens unique de l’est vers l’ouest parallèle à Megas Alexandrou qui borde la côte. L’autobus circule donc sur Megas Alexandrou et c’est un peu compliqué de trouver le bon arrêt d’autobus.
La villa Alatini, au n°198¸est un véritable manoir qui a servi de résidence au sultan Abdul Hamide de 1909 à 1912 après la Révolution Jeunes Turcs.
Le bus n°8 passe devant l’hôtel. Sur Megas Alexandrou, il y a un arrêt pour la Villa Modiano occupée par le Musée Ethnographique. On descend.
La villa Modiano est une grosse maison de trois niveaux dans un beau parc allant de Megas Alexandrou à Vassilis Olga. Maison carrée de brique, haut perron, de style français assez quelconque. Les villas sont noyées dans une muraille homogène d’immeubles à balcons des style des années 1960 qui caractérise les villes grecques, de la même manière que els ruines romaines ou les églises byzantines dans la vieille ville. Non loin, sur Vassilis Olga il y en a une autre style Deauville ou Biarritz. Mais ce n’est pas une promenade architecturale, plutôt un pèlerinage à cette Salonique juive qui a disparu. Recherche des absents, comme à Vilnius, à Bucarest ou à Riga. Ces absents de la mer Egée, je les sens pourtant si proches !
La villa Modiano a servi de résidence à la famille royale grecque, puis au Gouverneur de Macédoine. Le Musée Ethnographique est fort bien présenté et très agréable. Une jeune femme m’accompagne, allume les lumières, commente les vitrines. J’aurais préféré lire seule les panneaux explicatifs forts détaillés. Les costumes thraces et macédoniens sont magnifiques, très colorés, très brodés, costumes paysans ou citadins, des bergers nomades aux riches femmes juives. Soieries précieuses lainage feutrés des montagnards. Dans la seconde exposition, on montre comment se fabrique le feutre dans les moulins à foulons, comment un bonnet tricoté devient un fez perdant 30% de sa taille, comment les manteaux de feutre protègent des froidures des hivers en montagne. L’exposition est consacrée aux moulins à eau, une présentation vidéo très bien documentée complète l’exposition. Trois sortes de moulins en Macédoine : les moulins à grain – classiques – les scieries mécaniques, c’est surtout le travail des textiles qui a capté mon intérêt. Nous avions vu à Edessa un de ces moulins sans vraiment en comprendre le fonctionnement et l’industrie textile de Naoussa utilisait l’énergie hydraulique. Je fais l’impasse sur la troisième exposition : 100ans de la Thessalonique grecque.
Au retour l’autobus 8 est bondé. On est debout, serré. Arrêt rue Tsimikis avant la place Aristotelous.

Nous traversons le marché très pittoresque pour aller aux Hamam Bey ou Bain Paradiso, sur Egnatia au coin du jardin qui fait face à la Place Aristotelous. Série de petites coupoles couvertes de tuiles ou non, percées d’ouvertures caractéristiques. L’établissement a été construit en 1444 par le sultan Murat II et fut encore utilisé jusqu’eh 1968 sous le nom de Paradiso Loutra . Consruction double, les hommes entraient par la rue tandis que l’entrée des femmes, discrète était derrièe. Les deux parties étaient totalement séparées. Marbres et fresques, nids d’abeilles, stalactites, bassins et tables de marbre.
De l’autre côté des Jardins Aristotelous, dans un creux, une belle roseraie se trouve derrière l’église byzantine de la Panagia Chalkeon. Beaucoup de dorures éclipsent les fresques noircies .
Le Musée Juif se trouve à deux pas de la Place Eleftherias où les juifs furent rassemblés et battus par les nazis. Au rez de chaussée, exposition de photographies anciennes de plans du quartier pour situer les lieux juifs qui ont disparu, dans l’incendie de 1917 puis pendant la seconde guerre mondiale. Tout le quartier a été remanié. En face, des pierres tombales.
A l’étage, l’exposition est plus variée : objets du culte, tentures. Photos des enfants de l’alliance israélite. Je trouve des patronymes connus. Comment restituer le souvenir de toute une Communauté ?
Nos sacs ont été visités dans l’autobus. Le porte-monnaie avec la Carte Bleue de Dominique. Mon permis de conduire a disparu mais le voleur a laissé ma carte d’identité et la Carte bleue. Cette découverte met fin à nos projets. ! Retour à l’hôtel. Nous sommes anéanties.
En fin d’après midi, je sors de ma torpeur et de la trop longue sieste. Il reste tant de choses à voir et nous partons demain. J’aurais aimé voir la maison natale de Kemal Atatürk.

L’Agora est située au dessus du square Aristotelous, elle est creusée au flanc de la colline, bizarrement sur deux niveaux. Les boutiques qui la bordent semblent être en sous-sol. Des caves ? ou l’effet de la déclivité du relief ? Au dessus il y a une belle plateforme bordée de colonnes. Ce péristyle a été remonté. Les colonnes sont trop blanches pour être romaines. Un petit théâtre se trouve à mi-pente. Le plan indique également des thermes que je n’ai pas trouvés ;

La grande Basilique Saint Dimitrios paraît toute neuve . Elle a brûlé en 1917 et a été reconstruite mais elle est très ancienne: 7ème siècle. Dès que j’entre je pense à Ravenne avec les mosaïques dorées et vertes, les colonnes de marbres précieux aux merveilleux chapiteaux. Basilique romaine à trois nefs comme Saint Apollinaire. Ce n’est pas un Musée mais une église très fréquentée. Je suis en short, j’ai un peu honte de ma tenue. Les gens vont embrasser les icônes et se signent devant toutes les images. Certains font de larges signe de croix et même une révérence en touchant le sol de la main. Je n’ose pas prendre de photos ni des mosaïques, ni des colonnes ou des fresques qui sont fort belles.
… »une révérence en touchant le sol de la main »…: on fait ca seulement aux icones qui represente Jesus Christ, Sainte Marie ou le saint qui a donne son nom a l’ eglise (dans ce cas, Saint Dimitrios). Mais ‘est pas une regle obligatoire et chaque personne peut se signer comme elle/il veut.Ce sorte de révérence est pratique habituelle chez les orthodoxes russes.
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