Anti-Atlas, Atlas et Riads des 1001 nuits

diabat
Les plages sauvages sont décrites dans le Guide Hachette. La route d’Agadir s’élève dans la colline assez loin de la côte, traversant des bois d’arganiers. Au bout du village, des dromadaires attendent les touristes. Nous négligeons les dromadaires qui attendent les touristes et descendons la piste jusqu’à l’Oued Ksob qu’il faut passer à gué, impossible : l’oued coule bien rouge après les pluies du matin. De belles aigrettes marchent gravement. Nous persistons à essayer les pistes en direction de la mer – sans succès – le rivage paraît inaccessible. Au retour Dominique me lâche sur la corniche. Je marche le long de la plage sans me déchausser sur le sable mouillé. Le vent est fort, très frais, je serre bien les cordons qui tiennent la capuche de l’anorak.
la plage d’Essaouira, le lendemain matin

Sous un soleil brillant, j’arpente la plage d’Essaouira, je marche près de l’eau, sur cette tranche de l’estran luisant comme un miroir qui reflète le ciel et les nuages qui courent. La vague vient me lécher les orteils, avançant vivement en poussant sa frange d’écume. Le bas de mon jeans, pourtant replié et remonté sera trempé. Qu’importe ! L’eau est tiède malgré le vent du nord très vif.
Je dépasse le Sofitel et les hôtels du quartier des dunes, la large plage continue vers le sud. Les îles Purpuraires paraissent très proches. Elles portent des constructions abandonnées.
Des chameliers,leurs dromadaires et des chevaux attendent le client . Une sorte de fantasia s’organise : un touriste d’allure germanique et son guide marocain ont lancé leurs petits chevaux au galop à une allure effrénée. Galoper sur le sable mouillé autorise toutes les imprudences. D’autres mènent leur monture à l’eau face aux vagues. Si les galops et les méharées s’harmonisent bien avec le paysage, les quads m’agacent. Heureusement ils font la pause de midi.
L’eau est de plus en plus rougie au fur et à mesure que j’avance. Est-ce une illusion ? Les vagues sont teintées de brique. Je devine la cause de ce phénomène : l’Oued Ksob, en crue charrie plus de boue rouge que d’eau. Fin de la promenade face au lit du fleuve qui a raviné la plage à quelques encablures de Diabat où nous étions hier tantôt.
Midi sur la terrasse
Nous déjeunons sur la terrasse. J’ai réchauffé le reste de tagine au poisson que Dominique n’a pas mangé hier soir. Le poisson doit être du thon blanc. Avec les olives violettes, les carottes et les pommes de terre, c’est un délice ! Dominique a acheté dans la rue des galettes de pommes de terre. Nous terminons avec de mini pâtisseries feuilletées aux amandes concassées.
Nous sommes seules sur la terrasse. La mer est haute – toute proche – on entend les vagues se briser sur les gros rochers. On sent les embruns. Des croisillons bleus, une table en mosaïque tranchent sur le blanc des terrasses égayé aussi par la lessive qui sèche. Malgré le vent, j’ouvre Le Monde. La lecture du monde, à l’étranger est un plaisir rare. Au Maroc, curieusement il arrive à l’heure et se vend moins cher qu’en France : 10 dirhams seulement.
La Maison Musée de Boujemaa Lakhdar
Après la visite à la Galerie d’Art, il nous vient l’envie de visiter la Maison Musée de Boujemaa Lakhdar, sculpteur original qui a fait de sa maisons une œuvre. Nous retournons sur la route d’Agadir et prenons une piste dans les arganiers. C’est fermé. Un mur entoure le jardin aux sculptures fantastiques, par-dessus on peut contempler une sorte de dinosaure squelettique (comme un bon dino qui se respecte) peint sur le mur de la maison rose. Des petits personnages émergent de grosses taupinières ou de petits tumulus. Encore une expédition pour rien ! Le guide du Routard avait recommandé de téléphoner avant de se déplacer. Nous aurions été avisées de suivre ce conseil !
Sidi Kaouki

Puisque nous sommes déjà 10k,m au sud d’Essaouira nous continuons vers Sidi Kaouki où il y a une belle plage. Nous passons devant un immense champ d’éoliennes d’où part une ligne à haute tension. Malgré le grand vent aucune ne tourne. La côte sauvage est inhabitée sauf par des campeurs en camping cars. Un camping rudimentaire, quelques bars, une haute construction mi-casbah mi-western a un air étrange. Des troupeaux s’éparpillent dans les buissons épineux qui bordent la plage de sable. Des nombreux rouleaux s’échappe une sorte de brouillard qui rejoint le ciel gommant la ligne d’horizon. A perte de vue, la plage et les rouleaux… sur l’estran, des barkanes en croissant et des baïnes remplies d’eau. Si je ne savais pas la marée descendante je ne me serais pas aventurée dans un endroit si incertain où la limite entre sable sec et sable mouillé est indéchiffrable et où le sable sec vient à la rencontre en nuage serré. Impression de bout du monde. Ce n’est pas le Sahara du grand Sud mais on le sent tout proche. Je pense aux plages désertes du Cap-Vert en marchant le long de l’eau. Dominique m’attend dans la voiture garée derrière un dromadaire muselé. Évidemment on me propose une promenade :
– « voulez-vous essayer le dromadaire ? »
– « merci, j’ai déjà essayé ! »
Depuis que nous sommes au Maroc nous n’avons jamais été importunées par des commerçants ou des chameliers insistants. Essaouira est-elle particulièrement cool ? les Marocains ont-ils finalement appris que le harcèlement déplaisait aux touristes ? Ma stratégie est de répondre toujours aimablement aux sollicitations, complimenter le vendeur et rester ferme, ne rien acheter. Jusqu’à présent tout va bien.
La photo de la plage est magnifique.
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