Anti-Atlas, Atlas et Riads des 1001 nuits

Essaouira Tafraout
Essaouira – Agadir 175 km
Agadir – Tiznit 78km
Tiznit – Tafraout 110km
D’après les guides: 8 heures de route. Nous en mettrons 11.
Nous renonçons au petit déjeuner pour partir à l’aube. Fouad vient nous chercher à 6h30, le porteur et sa charrette attendent. Le soleil se lève sur la route d’Agadir qui traverse des arganiers. Verrons-nous les chèvres grimpeuses perchées dans les arbres? Je suis aux aguets. La photo sera payante. Le petits bergers réclament chacun une pièce.

Nous déjeunons sur un parking dominant une belle plage battue par des vagues impressionnantes, à perte de vue sur la côte déserte. La vue est aussi belle quand on se retourne : les pics de l’Atlas enneigé se détachent au soleil levant.
Les oliviers remplacent les arganiers. On laboure, sur la même parcelle une paire d’ânes et un dromadaire sont attelés. Cela fera des photos sympas !

La route descend en lacets le versant exposé à l’océan, complètement désertique. Nous avons fait la même observation aux Canaries, sur les côtes sud de Tenerife et de la Gomera, même contraste entre l’intérieur verdoyant et le rivage désolé. Pas tout à fait les mêmes associations végétales. Les aéoniums et les grands candélabres qui m’avaient bien plu aux Canaries sont ici absents. A l’approche d’Agadir, les plages s’animent. Des surfeurs bravent les vagues et la fraîcheur de l’eau.
Agadir
La ville d’Agadir ne nous tente pas, nous passons des zones portuaires puis trouvons une sorte de périphérique qui contourne des quartiers neuf ou en construction, nous aboutissons à Ait Melhoul, une banlieue industrielle. De la station balnéaire, nous n’aurons rien vu ; nous découvrons une activité industrielle que nous ne soupçonnions pas.
Agadir-Tiznit : une route droite et ennuyeuse
La route Agadir-Tiznit est droite. Un policier interrogé au carrefour nous dit :
– « tu ne vas pas à droite, tu ne vas pas à gauche, direct ! »
Une route à deux voies mène au Sahara. Sur les bornes kilométriques: Dakhla 1200km, Layoune 600. De nombreux camions se suivent, se doublent, les grands taxis turquoise coupent la ligne blanche continue. L’attention de la conductrice est très sollicitée, la conduite beaucoup plus fatigante que dans les lacets précédant Agadir. Nous traversons une plaine sans grand intérêt : cultures sous plastique, champs entourés de grands murs. On passe ensuite à un plateau caillouteux. Villages poussiéreux, alignés sous des arcades de ciment, qu’il faut traverser à moins de 50km/h ce qui ralentit la progression. On s’ennuie sur cette route !
Réserve de Massa : Ornithologie

A une dizaine de kilomètres s’étend le Parc National du Massa – une réserve ornithologique . Nous quittons la route principale à Had Belfaa pour découvrir une entaille dans le plateau : l’oued Massa a creusé une vallée verdoyante toute ruisselante d’eau : bassins émeraude, rigoles d’irrigation, palmiers, roseaux, champs de luzerne vert vif, rideau d’eucalyptus. Même si nous ne trouvons pas la Réserve, ce sera une étape charmante.A la fourche nous avons pris la mauvaise direction et perdons une bonne demi-heure avant que je ne me renseigne dans un bureau de la Poste marocaine flambant neuf.
Deux jeunes guides, Delachaux-Niestlé en main, badge ornithologique cousu sur le blouson proposent une visite guidée : 20€. Nous hésitons, nous avons si peu de temps à consacrer à la visite !
Juste à l’arrière d’un village, on stoppe la voiture, franchit une dizaine de mètres cultivés en petits rectangles délimités par des petites levées et une rigole d’irrigation. Des roseaux isolent la rivière de ces petits champs. Sur l’oued glissent des foulques macroules (nous avons les mêmes au Lac de Créteil !). Sur de petits îlots herbus, la surprise : des ibis noirs (ibis du Cap). Les femelles sont noires, les mâles ont aussi du rouge, leur plumage noir a des reflets métalliques bleus ou verts. Ils pondent en mars et n’ont pas encore construit le nid, ils commencent seulement à s’y activer. Je suis émue par cette découverte. Lahsen repère dans des roseaux secs sur la berge en face un gros aigle pêcheur. Son plumage brun se confond avec le feuillage desséché. Seule, je ne l’aurais jamais remarqué. Les ibis et l’aigle méritent à eux seuls les 20€. Lahsen veut nous montrer les oiseaux rares de la réserve : la Tourterelle Maillée à la gorge rose et aux ailes bleutées « maillées » ou réticulées de rose. Il m’entraîne sur une tour d’observation qui domine l’estuaire de l’Oued Massa. De nombreux cormorans sont perchés sur des piquets, comme tout bon cormoran qui se respecte, les Cormorans marocains on aussi des plumes blanches. Trop loin pour distinguer fuligules et sarcelles des autres canards. Une perdrix se fait entendre. Les perdrix sont des oiseaux bruyants ! Le cri de la perdrix est à l’origine d’un conte chypriote. Ici, ce n’est pas notre perdrix rouge, ni le francolin de Chypre, c’est la Perdrix Gambra, de grosse taille, perchée sur un arbre. Pattes et bec rouge, plumage roux je peux l’approcher à quelques mètres avant qu’elle ne se sauve.
Sur un piquet : une pie grièche « elle pique les sauterelles dans les arbres » remarque Lahsen. Je ne sais comment interpréter ce renseignement sibyllin. Au sol ces petits oiseaux huppés qu’Ali avait appelés des alouettes à la vallée des roses à Boulmane Dadès, ce sont des cochevis très courants au Maroc. Lahsen nous fait faire un grand tour sur une piste malcommode. Nous arrivons à la mer. Une casbah de ciment et de pacotille offre gîte et couvert aux touristes. Elle appartient à Pierre Richard. Je fais comprendre à Lahsen que nous sommes pressées et que boire un verre chez Pierre Richard ne nous tente pas vraiment. A vrai dire, Dominique bout d’impatience. On renonce donc aux faucons crécerellette qui nichent dans les grottes de la falaise. L’un d’eux plane, on ne les aura donc pas complètement ratés.
L’expédition ornithologique a duré deux bonnes heures. Nous avons pris du retard sur le programme. D veut arriver à Tafraout avant la nuit. On passera donc Tiznit sans un regard pour la ville.
En route, la question existentielle me taraude : « Où commence le désert ? ». Dès que nous avons retrouvé le goudron et le plateau caillouteux sans même de buissons épineux, je crois avoir trouvé le désert. Justement, nous passons devant un champ irrigué bien vert et des serres en plastique !
Les femmes du grand sud
Autour de Tiznit, les tissus des robes des femmes sont de couleurs vives : rose saumon, jaune. Elles sont vraiment très voilées. Une fente laisse à peine deviner les yeux qu’elles cachent au passage de la voiture. Dommage qu’il ne soit pas question de les photographier ! Leur djellaba est souvent bordeaux, rouge ou pourpre et leur long voile blanc. Un mouchoir rouge cache le bas du visage. Curieusement, elles sont très familières et font de grands gestes amicaux à notre passage. Elles se relèvent du sarclage des mauvaises herbes pour nous saluer. J’ai l’impression que, plus elles sont cachées, plus elles sont amicales. Peut-être doit on renverser le problème. Ce sont justement leurs voiles qui leur permettent de sortir et de nous faire signe. Sans eux, elles seraient soumises à plus de réserve.
Elles portent de lourdes charges dans des paniers tressés pendant dans le dos mais en appui sur un ruban tressé sur le front. Les écolières qui sortent de l’école et du lycée portent un tablier blanc, toutes ont un foulard.
Longue journée en effet! Un faible pour le dromadaire de labour!
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@eimelle : je l’ai aussi trouvé sympa
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Les femmes n’auraient pas accepté une photo, même si tu les avais payées ? C’est contraire aux traditions ou à la religion ?
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@Aifelle : c’est toujours difficile de photographier les gens sur la route. Je préfèrerais commencer par une conversation, envisager un échange réel plutôt que de payer. Parfois avec les très vieilles personnes payer est simple. Elles ont besoin de cet argent. pour les autres je suis toujours gênée.
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Je parle argent parce que comme tu as dis auparavant que les petits bergers t’avaient réclamé une pièce, j’ai pensé que chez les femmes la démarche était peut-être la même ..
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