Gertrud Bell – archéologue- aventurière agent secret – CHRISTEL MOUCHARD

VOYAGE EN ORIENT

 

 

J’ai choisi Gertrude Bell pour m’accompagner en Jordanie. Je viens de terminer la biographie de TE Lawrence, son presque contemporain, et collègue en archéologie et en espionnage… J’ai lu récemment son récit de son  expédition en 1905 de Palestine en Syrie The Desert an the Sown et j’ai eu envie de connaître mieux cette grande dame. Quelle compagne! Globe-trotter, archéologue, puis espionne et diplomate…

La biographie de Christel Mouchard est passionnante. C’est un travail sérieux et minutieux, inspiré de la correspondance de Gertrud Bell qui écrivait pratiquement chaque jour à Florence, sa belle-mère et à ses sœurs ainsi qu’à nombreuses relations. A la fin de l’opus elle livre toutes ses sources avec précision.

Christel Mouchard raconte avec luxe de détails la vie d’une certaine aristocratie britannique pendant l’époque victorienne qui a forgé le caractère de l’héroïne.

 

Née dans une famille d’industriels, Gertrude Bell, dès l’enfance, a manifesté une indépendance et un caractère bien trempé. Elle a commencé sa « carrière » par de solides études à Oxford qu’elle réussi avec succès. A l’issue de ses études c’est une jeune fille parfaite

« Où trouverait-on une jeune fille plus accomplie? [….] Elle a de la grâce, de l’élégance. elle sait danser, converser, séduire. Sa dot a de quoi faire rêver… »

Elle a le goût des toilettes, fréquente le meilleur monde. elle est même très exigeante, terriblement snob. Les maris potentiels  apprécieront  peu son érudition et sa force de caractère.

Sa famille l’envoie à Bucarest en compagnie d’un cousin qui est quasiment son fiancé en voyage romantique mais…

« Gertrude a beau répéter qu’elle ne rêve que mariage et enfant, elle n’arrive pas à rester dans son rôle: elle parle comme si elle rêvait aussi d’influer sur la marche du monde »

Après Bucarest, Téhéran, elle apprend le Persan, goûte la poésie, fait des randonnées en compagnie de Cadogan, dont elle tombe amoureuse. Que serait arrivé de Gertrude si son père avait consenti au mariage?

Désormais, elle ne cherchera plus de mari et voyagera …

« Il est de coutume de dire des femmes qui voyagent qu’elles fuient. elles partent pour éviter le face à face avec elles mêmes, pour ne pas réfléchir sur les occasions manquées…. »

« Voyageuse victorienne » ou « globe-trotteuse« , elle va sillonner le monde « Curieuse, résolue, enthousiaste…ces qualités, Miss Bell les a en commun avec ses consoeurs… » N‘allez pas imaginer une routarde. Attentive à à la mode en toutescirconstances, elle n’a pas peur des bagages volumineux. Dans le désert, elle emporte sa baignoire et son service à thé en porcelaine, son matérielphotographique  et « kodake tout ce qui veut bien se laisser kodaker », et les théodolites dees cartographes . Plus encore que des bagages, elle est soucieuse d’apprendre la langue des pays qu’elles visite

« comprendre un beau jour la conversation de deux mendiants; voir le visage d’une vieille marchande à laquelle on demande une pomme s’illuminer de surprise : c’est le bonheur ultime »

De touriste, de globe-trotteuse, elle va devenir orientaliste, elle apprend l’arabe, achète un cheval et affrète une véritable caravane. Elle ne voyage plus seulement our le plaisir : elle devient archéologue.  A Kerkemish elle rencontre, entre autres, Lawrence ainsi que les archéologues émérites:

« Ce chantier-là a quelque chose de plus que les autres. Kerkemish n’est pas seulement une antique cité hittite sortie du néant, c’est un carrefour de l’espionnage européen »

Une passion amoureuse, malheureuse, on n’imagine pas comment la sexualité féminine est contrainte dans la bonne société anglaise de l’époque, la conduit près de la dépression. Son remède est encore d’aller plus loin, tenter ce qui n’a pas été exploré : la traversée de l’Arabie, du Hedjaz, mal contrôlée par les Ottomans, sous le règne des tribus bédouines.

 

« Aujourd’hui je retourne au désert. |…]Puis, traversant les rails, frontière du monde extérieur, je me suis sentie comme cette divinité qui incarne le Destin, armée de ses grands ciseaux – Clotho, devant laquelle nous courbons la tête. j’ai coupé le fil. »

« par dessus tout, elle va chercher le rappe omniprésent de la mort. Elle sait combien les Arabes y sont sensibles, et la voyageuse reprend à son compte le fatalisme mystique des nomades »

Malgré son expérience, malgré la fortune, le voyage est difficile. Elle est même retenue prisonnière. Physiquement elle a souffert de cette expédition. 

En 1915, l’aventurière sans aventure, sans mari, sans amant croit que sa vie est finie quand elle reçoit un appel du Caire, de David Hogarth, l’archéologue , chef des services secrets. Elle va retrouver ses collègues de Kerkemish, TE Lawrence aussi. sa connaissance du terrain, ses entrées au Foreign office, ses relations avec les tribus arabes font d’elle non seulement une espionne mais aussi une diplomate.

A l’issue de la Première Guerre Mondiale, dans le partage de l’empire Ottoman, elle jouera le rôle de conseillère auprès du roi du nouvel état créé : l’Irak. Elle s’installera à Bagdad, fondera le Musée Archéologique de Bagdad et s’y éteindra le 12 juillet 1926.

 

 

 

 

 

 

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

5 réflexions sur « Gertrud Bell – archéologue- aventurière agent secret – CHRISTEL MOUCHARD »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :