Pendjari : la rivière Pendjari, rôniers et calaos

BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

La frontière avec le Burkina

le baobab est au Burkina!

La Pendjari matérialise la frontière avec le Burkina Faso. C’est une jolie rivièrequi prend sa source près d’ici dans l’Atakora et qui se jette plus au nord dans la Volta, cours d’eau permanent dans lequel on pêche et où on peut faire de la pirogue. Elle a creusé son lit profondément dans les grès et les argiles et elle est bordée d’une palmeraie de Rôniers, palmiers aux larges feuilles en éventails comme notre petit palmier du salon, en beaucoup plus grand évidemment. Le tronc est hérissé de curieuses arêtes qui s’entrecroisent : les pétioles des feuilles curieusement, ne tombent pas comme sur les autres palmiers.

Une végétation verdoyante est associée aux rôniers, des genres de cytises en grappes jaunes, des grands arbres verts des buissons de type acacia avec de petits pompons mauves que nous avons vus à Cuba. Pas d’animaux, mais un joli sujet de photo : j’ai déjà la légende pour l’album « le baobab est au Burkina Faso ! ».

J’essaie de dessiner un peu plus loin là où la rivière fait un coude.

calao

 

Au retour, nous trouvons un Calao, oiseau tout à ait extraordinaire, de la taille d’un dindon avec un curieux bec pointu qui ne peut pas se fermer. De gros barbillons rouges très renflés lui donnent des joues gonflées. Il se nourrit en creusant. Que tire-t-il ? Des racines ? Des insectes ? Des vers ? Même avec les bonnes jumelles, je n’arrive pas à discerner. Cette rencontre imprévue me charme presque autant que celle des lions.

La piscine est toute propre. L’eau y est même fraîche tandis qu’il fait 38°C à l’ombre. Un vingtaine de longueurs suffiront pour me rafraîchir toute l’après midi. Sans compter la clim qui fonctionne parfaitement. Conversation avec les Italiens étonnés que je parle Italien et que je connaisse les Pouilles et la Sicile.
16 heures, à la Mare Bali

hippotragues : antilope-cheval

16heures départ pour la Mare Bali. En route, révisions en matière d’Antilopes : Hippotragues, « antilope cheval », la plus grande, Bubale au museau maquillé, Guibe à la robe rayée de lignes blanches perpendiculaires dessinant des motifs gracieux. Rencontre avec un phacochère mâle en train de fouiller le sol en quête de nourriture. A quelques mètres de nous, nous admirons ses fesses rebondies, sa crinière sur la colonne vertébrale, sa tête peu avenante avec ses grosses défenses qui ressortent comme celles des sangliers. Sorte de sanglier au visage boursouflé et à la peau grise plissée. Il est à genoux et a replié ses antérieurs. Il est si occupé à creuser qu’il ne remarque ni le bruit du zoom ni le flash. Un autre traverse la voie, la queue curieusement dressée à la verticale comme un étendard.

Les nuages se sont accumulés. Les montagnes de l’Atakora, au loin, sont noyées dans le gris. Sans doute, il pleut. Quelques gouttes sont tombées sur le pare brise. J’étends mon bras par la fenêtre. Tout aspire à la pluie, les baobabs défeuillés, les épineux gris, comme morts, les arbres couverts de feuilles grillées, les animaux qui se souviennent peut être de l’herbe fraîche, la terre poudreuse couverte de la cendre des brûlis, et nous qui espérons un peu de fraîcheur. Trop de pluie ruinerait la fin des vacances et apporterait des moustiques. Juste une averse pour laver la poussière !

phacochère

Autour de la Mare Bali, il y a encore affluence. Deux troupes distinctes de babouins à chaque extrémité, des dizaines de pintades, des oies trois espèces de hérons, des vols de tourterelles. Une famille de phacochères arrive, personne ne bouge. Les crocodiles sont sortis. J’en compte une bonne dizaine sur la rive d’en face. Les animaux se côtoient au bord de l’eau sans se gêner. Dominique a repéré les narines sorties d’un petit crocodile dans l’eau qui s’approche de notre mirador. Elle guette sa sortie de l’eau et sera récompensée. Les grues couronnées se posent non loin de nous.

Je passe le plus clair de mon temps à épier les babouins assis au bord de l’eau. C’est l’heure de l’épouillage, de la tétée du bébé et des câlins. Seuls les jeunes s’agitent et se poursuivent.

Un buffle arrive sans se presser. Il prend son temps. Nous imaginons que tous les oiseaux vont s’envoler à son approche. Pas du tout ! Il passe dans la plus grande indifférence. Le Vervet ressemble au Patas, seule différence : la couleur. Duran nous annonce que, dans dix minutes, nous verrons le troupeau de buffles. En effet, peu après treize belles bêtes grises aux cornes recourbées arrivent à l’heure dite. Le bain des buffles est impressionnant. Je félicite Duran de la précision de sa prédiction : il avait remarqué un nuage de poussière

Au dîner : thon et tomate en plat le méchoui d’hier (racorni) et pour terminer une pastèque.

La Pendjari : « Lion il est rare…. »

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l'arrivée des bufflees à la mare Bali

7 heures. Quand j’ai pris congé, Étienne m’a demandé un service :

« Pouvez vous emmener avec vous un de mes hommes, malade ?

– Bien sûr ! ».

Notre passager est déjà installé sur le porte-bagages, faisant office de vigie. A 1km de l’hôtel, il signale dans la plaine herbeuse deux lions qui se déplacent lentement dans les herbes. A gauche, il y en a un troisième. Je monte sur le toit. Le lion est tout près. La présence du lion déclenche une excitation très spéciale, mélange de conscience du danger d’un animal si puissant et sentiment que nous bénéficions d’une chance spéciale : « Lion, est rare, il y a de la chance ! ». Le félin s’éloigne nonchalamment en feulant. Ce n’est pas un rugissement brutal, un cri très grave qui résonne. Inattendu, plus proche du braiment de l’âne en beaucoup plus grave, plus sourd.

Enfin les éléphants !  

Enfin les éléphants!

A la Mare Sacrée,  passons sous les Rôniers de la Pendjari et reconnaissons la piste de la veille. Sous les arbres deux éléphants s’affrontent en une joute amicale, leurs trompes levées. Ils écartent les oreilles puis s’éloignent. Enfin ! Les éléphants !

Un autre camion nous le confirme, il y a plein d’éléphants « en avant » sur la piste. Nous allons enfin voir un troupeau ! Les pachydermes sont six, sous les arbres très occupés à manger le feuillage. Soudain, le plus gros nous repère, il nous fait face et amorce la charge. J’avais oublié le passager sur le toit qui se glisse à l’intérieur par la fenêtre arrière. Duran l’exhorte « il ne faut pas avoir peur ! ». Nous l’invitons à s’installer sur la banquette arrière. Nous pouvons retourner plus près du troupeau. Mais ils ont reculé dans les arbres et s’éloignent.

11 Heures à la Mare Bali

à la mare Bali

Sur la route de la Mare Bali nous voyons surtout des oiseaux, encore deux calaos, des martins pêcheurs,, un gros oiseau marcheur aux plumes toutes gonflées. De temps en temps, une antilope, un vervet…Je commence à mieux identifier les différents paysages : la savane arborée avec ses baobabs et d’immenses arbres verts, c’est là qu’on a vu les éléphants et les phacochères, la savane arbustive complètement sèche en ce moment, les brûlis, les zones complètement plates couvertes d’herbes hautes, celles qui seront inondées à la saison pluvieuse…
Tous les animaux viennent boire à la Mare Bali aux berges plates où quelques grands arbres fournissent une ombre bien fraîche aux colonies de babouins assis, les mains pendantes. Sous un arbre, un troupeau d’hippotragues, très paisibles, est couché. Les oiseaux pataugent. Les crocodiles sont à l’eau, on les devine de temps à autres. Une famille de phacochère fouille la vase. Dans un nuage de poussière, les buffles arrivent, ils entrent dans la mare avec de l’eau jusqu’aux genoux et boivent longuement. Les oiseaux les accompagnent. Il y a peut être quelque parasite à croquer ? Tout ce monde divers coexiste en paix. On oublierait que le crocodile peut croquer le petit ibis qui arpente la rive. Les babouins sont les seuls à troubler cette harmonie par les cris perçants.

oiseaux, ibis

Je sors mon carnet à dessin. Je renonce rapidement à construire tout un paysage avec cette scène qui change trop vite : le bel hippotrague qui buvait au milieu de la mare se retire pendant que j’essayais de le croquer. La petite antilope agenouillée pour boire se relève en plein dessin. J’opte pour une solution « à la chinoise » : me faire des modèles d’animaux que je replacerai dans une mare imaginaire de retour à la maison. 4 photos font  un panoramique de droite à gauche : antilopes et oiseaux, sous l’arbre quinze hippotragues et les grues couronnées puis le guib qui boit enfin à gauche les buffles).

En 4X4!! Leçon d’arbres dans l’Atakora

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Il va venir ! Il faut attendre !

Nous avons réservé un petit  véhicule avec chauffeur, pour demain matin 8 heures.  9heures, Léon nous annonce que le chauffeur sera Duran.

10 heures, Duran arrive à moto. Il a cassé quelque chose sur la 4X4, termine sa réparation, et passera nous chercher.

Pas de panique ! Patience, nous sommes en Afrique!

la tisserande de natitingou

Tout arrive pour qui sait attendre.  La tisserande  a installé son métier dans le jardin face à l’entrée de l’hôte. Elle tisse des bandes d’une quarantaine de cm qu’elle assemble pour faire des nappes. Ses pieds nus actionnent les fils, les gros orteils maintenant des morceaux de bois. Une belle nappe et 8 serviettes coûtent 12 000francs.
Léon nous emmène dans son 4X4 luxueux au garage de Duran. Au  thermomètre : 36°C à l’extérieur, 27°C à l’intérieur.

Le garage se trouve le long de la grande route qui traverse Natitingou sur 4 ou 5 km . De nombreuses voitures ou épaves jonchent le terrain. Quatre ouvriers s’affairent autour de la voiture rouge. Duran nous apporte un banc de bois et l’installe sous un manguier portant des fruits énormes. Il nous fait signe d’attendre. Nous devenons sans doute africaines.

Vers 11 heures nous embarquons. Mais il faut d’abord trouver de l’essence. Le revendeur près du supermarché est à sec. La station service (étrange que cette installation existe !) idem. Duran tourne dans la ville et finit par dénicher une dame Jeanne,  10 000CFA. Ce n’est pas fini : il veut de l’eau et de la glace.

Enfin, nous quittons Natitingou par la grande avenue à 4 voies bordée de flamboyants en fleurs, complètement disproportionnée dans cette ville clairsemée. Les écoliers et lycéens convergent vers l’école, en uniforme sable, un ou deux cahiers à la main, pas de cartable.

L’Atakora et la route de Boukoumbé

Dès la sortie de la ville, nous quittons le goudron pour une belle Nationale de terre, très large, très bien équipée en bornes et panneaux de signalisation : Boukoumbé, 39KM100 ; Quelle précision ! Pourquoi 100 ?

La route est construite sur la crête de l’Atakora dans une sorte de forêt clairsemée. J’ai toujours le même problème à faire la différence entre la forêt et les champs. Duran va m’aider, il est très disert depuis hier. Il évoque la pauvreté du sol rocailleux de la montagne et parle du bois de chauffage que l’on coupe. C’est le sujet du mémoire de la jeune allemande d’Helvetia. J’aurais bien aimé en prendre connaissance. Parmi des arbustes hauts de 3 m environ, poussent des arbres magnifiques : caïlcédrats qui dominent le paysage avec leur feuillage épais vert foncé, les troncs qui se ramifient très haut, moins droits que les baobabs, un peu tortueux.

Un peu plus loin, des buissons verts :

– « Ce sont des champs » Explique Duran

– « Et ce vert ?- Les arbres, il faut les brûler ».

Ici, les cultures se font sur brûlis. Les jachères sont vite reconquises par les arbres. Après le brûlis, on doit labourer, le plus souvent à la main:

« Il y en a qui ont des tracteurs, il y en a qui ont des bœufs et un truc en fer. Tous sèment à la main ».

A la fin de la saison sèche, je ne reconnais rien. Du coton, il ne reste que de minces tiges desséchées. Il est cueilli à la main.  Les Titans sont venus le chercher. C’est peut être pour eux qu’on a construit une aussi belle piste.

– « Comment les producteurs vendent ils le coton ? »

– « C’est le gouvernement qui l’achète. ».

Autres culture : le mil. Il en reste des tiges paille clair. Sorgho et maïs, mais on ne voit rien en saison sèche. Les petites buttes des ignames sont rares. De temps en temps, une sorte de plantation  d’arbres. Ce sont des acajous, bien petits pour servir de bois de menuiserie.

Duran me montre aussi les karités : arbres au tronc très rugueux – on dirait du liège- et aux grande feuilles vert clair. On en récolte les noix, on ne les voit pas en ce moment.

Le plus grand arbre est l’iroko. Ici, les baobabs ont leurs feuilles, même les vieux. Aurait-il plu ici ? Duran me répond que cela dépend aussi du sol.

Tatas Somba

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Tata Somba qui ressemble à un château fort

Les premiers tatas

Nous passons sans nous arrêter devant les premiers Tatas – fermes fortifiées-  – beaucoup plus petits que je l’imaginais, surtout moins hauts. Leurs petites tourelles dépassent du mur d’enceinte. Les jolis toits de chaume sont de couleurs variées selon la patine. Devant le Tata, des colonnes tronquées, genre phallus, sur lesquelles on devine toutes sortes de bizarres choses : les fétiches. Tout un bric à brac, tas de bois de chauffage, brassées d’herbes pour le toit, nattes…

Tata sous les arbres de l'Atakora

Sous l’auvent de chaume, simple toit sur des piquets de bois, des gens s’abritent du soleil. Les animaux traînent ça et là : minuscules chèvres noirs. Des porcelets tètent leurs mères.

La tata en ciment de Maurice à Koussoukoungou

Au  Belvédère de Koussoukoungou,   pour admirer le panorama, des petites tables blanches ont été installées avec un bar où on ne sert rien. Arrive un vieux petit monsieur, tout maigre, au regard malicieux, qui nous commente la vue :

 » là-bas : le Togo, des montagnes bleutées, à nos pieds, la plaine de Boukoumbé dans la brume de chaleur, près de nous la montagne pelée et abrupte de l’Atakora. Un peu plus loin, des arbres fleuris du jardin des Pères. »

Le monsieur s’appelle Maurice. Il nous ouvre sa tata. En ciment, ce n’est pas une vraie. Elle n’est pas habitée non plus. C’est une tata « de démonstration »  qu’on peut visiter.   Je maudis ma jupe de gitane froncée  quand je dois monter à l’échelle Somba : une perche creusée de 3 ou 4 entailles, se terminant par une fourche que l’on pose le long du mur. Momo  vieux mais alerte, nous fait ensuite une démonstration de danse arc et flèches à la main, sur la tête un couvre-chef surmonté d’une corne de bovin, il rythme sa danse avec des castagnettes que D appelle des crotales. Nous aurions volontiers passé une nuit dans son hôtel, une autre tata de ciment : vue imprenable, chambres fraîches grâce à l’altitude et au vent. 4500F la nuit.

l'infirmier du dispensaire de l'atacora

Tiens des panneaux solaires! Ici, l’électricité n’arrive pas. C’est la première fois que nous voyons une telle installation au Bénin : c’est le dispensaire. C’est ici que nous donnerons les tubes de paracétamol que nous avons emportés de France. L’infirmier nous accueille, en blouse blanche, jeune souriant, très fier de poser pour la photo derrière son vaste bureau. Il sont deux infirmiers à se relayer 24H/24 dans ce petit poste de santé : soins urgents, petites maladies, paludisme… il y a même une maternité. Duran n’est pas vacciné contre la méningite. Dommage que nous ne soyons pas passés la semaine passée, il y avait campagne de vaccination ! L’infirmier nous explique qu’il reçoit le vaccin lyophilisé et qu’il prépare le flacon pour 50 doses. Ce qui reste se périme très vite. Dominique prend des photos et offre des chewing-gums aux enfants. L’infirmier en réclame « Moi aussi, je suis un garçon ! ».

prévention VIH

La route descend très raide vers la vallée. Le gros camion de » Goussainville 95″ grimpe la côte.

 

 

 

 

 

 

 

Les tatas sont des fermes fortifiées, pas des musées
Boukoumbé est endormie. 13H30. Il fait une chaleur accablante. Les gens dorment sous des abris. Le poste frontière avec le Togo est désert. La plaine est cultivée principalement de coton, mais aussi de mil et de sorgho. Les champs sont plats, beaucoup plus vastes que partout ailleurs dans la région. Des troupeaux de vaches paissent tranquillement. Les très jolis tatas sont dispersés dans la campagne, tous plus beaux les uns que les autres, abrités par leur baobab déjà vert. Des papayers égaient les jardins. Les portes d’entrée sont décorées. Nous avons envie de tous les photographier. J’aimerais bien dessiner aussi. Duran gare le 4X4. Je m’installe sur le pare-choc arrière tandis que D  s’approche du tata. Des adolescents l’accompagnent. Un homme agressif la prend à partie:

-« je vous ai dit bonjour !… »

Nous remontons en voiture. Duran le dispute gentiment:

« Si tu es saoul, va dormir ! »

Je dessinerai d’après photo de retour à la maison.

Nouvel incident : une femme s’approche de la portière, furieuse qu’on  ait pris une photo. J’ai peur qu’elle n’arrache l’appareil photo, et  d’être battue. Des sentiments très mélangés se bousculent. Pourquoi insistons nous  à aller voir des gens qui ne souhaitent pas notre présence et nous rejettent violemment ? Est-ce notre présence ou celle de l’appareil photo. Il semble que tout soit causé par l’appareil photo. En Turquie, au Maroc, en Egypte, les gens avaient le sens de l’hospitalité. Ici, notre présence n’est pas souhaitée.

sur la terrasse du tata


Momo sous introduit dans un vrai Tata

De retour, au col, Duran klaxonne. Nous retrouvons Momo qui nous introduit dans un vrai Tata habité. Il nous montre d’abord la décoration extérieure : le mur de banco finement dessiné avec les doigts, laissant des marques parallèles bien marquées. A l’aide d’un balai on a imprimé des motifs variés très fins ressemblant aux scarifications qui tatouent le visage entier des hommes d’ici.

Momo montre les crânes de moutons et tout un bazar de graines, plumes et branchages sur une petite plateforme à l’extérieur du mur d’enceinte « pour les singes », un peu mystérieux.

Il nous invite à le suivre à l’intérieur de la tata. De prime abord, il y fait tout noir, des étais mal équarris soutiennent le plafond. Au fond, dans la lumière du jour, la cuisine où mijote une tisane médicinale. Dans cette pièce vivent les animaux (invisibles). Momo montre : « Ici, la volaille ! », « Ici, les moutons, ici, les chèvres, ici, la vache ! ». Est-ce que les gens qui vivent ici possèdent tous ces animaux ? Quand les rentrent-ils ? Ici, c’est moderne, pas d’échelle de bois à encoche pour monter à la terrasse à la place des marches très hautes. Au niveau supérieur : des cases, chambres d’habitation qu’on ne visitera pas (ce n’est pas un musée mais une maison), des greniers énormes pithoi coiffés de chaume. Une échelle à encoches permet de grimper et des cendre dans le grenier. Notre hôte, l’instituteur ôte ses claquettes pour faire la démonstration et en sort une branche de mil. Dans l’autre grenier, est stockée une autre céréale dont on fait le couscous. Les greniers sont fait d’argile fine mélangée  à de la paille. Le résultat est plus léger que le banco, plus orange, on voit la paille. C’est ce que les termites recherchent. Ils ont creusé des galeries forant une sorte de dentelle. Il faudra refaire un autre grenier.

sur la terrasse, la cuisine,les greniers et les chambres

Sur le sol de la terrasse sèchent les graines d’un arbre  utilisées comme condiment »la moutarde ». Du mil germé forme un autre tas, fermenté, il servira à, faire de la bière locale, très alcoolisée. Des pots sont soudés au sol : dans deux grandes jarres on garde l’eau – très fraîche – sous un couvercle de bois. Une autre plus grande, très fine au décor géométrique de minces entailles, est noircie de l’intérieur « on fait brûler dedans, cela la rend plus solide ». Une vieille femme en pagne, mais les seins pendant, balaie la terrasse et s’active autour de bol émaillés contenant de la nourriture.

Toute la maisonnée est dehors sous l’abri de chaume, couchés ou assis sur ces banquettes de bois à clair voie que l’on voit presque partout. D a été faire un tour avec les enfants puisqu’elle n’a pas pugrimperà la terrasse. Elle a distribué ses chewing gums et m’attend pour offrir notre collection de fèves des galettes des rois comme jouets aux enfants.

Je suis assez réservée sur ces distributions, les chewing gum, cela fait toujours plaisir et c’est sans prétention. Les bracelets et les fèves n’ont aucune valeur. J’ai toujours peur qu’ils ne trouvent ces cadeaux insultants. D’autre part, ces enfants n’ont rien et la collection est jolie (je l’ai vue partir à contre-coeur). De toutes les façons, les fèves ne sont pas dans le sac à dos. On déballe tout ce qui pourrait faire « cadeau », des bonbons, un tout petit sac de toile, D offre son laser au garçon qui lui a donné son cahier d’écolier. Je raconte à l’assistance que le laser fait un point rouge que les enfants s’amusent au collège à pointer dans le dos du prof, que cela est interdit et alors, confisqué. Après un essai dans la pièce toute noire du rez de chaussé de la tata, l’instituteur s’approprie le laser du gamin. Il dit qu’il en aura plus l’usage.

Duran me fait « réviser » ma leçon d’arbres : iroko, néré qui ressemble à un mimosa, caïlcédrats et karité. Il est devenu bavard. Comme nous passons devant des garçons brandissant un lance pierres,  je lui raconte que j’ai vu passer ce matin sur son vélo, un vieux avec un arc et des flèches.

« Allait-il à une cérémonie ? – Peut-être, pas forcément, il allait peut-être à la chasse ».

Il existe deux sortes de flèches : les « préparées » et les ordinaires. Les « préparées » peuvent être mortelles. Elles envoûtent le gibier qui se laisse tuer. Selon le même principe, les cartouches « préparées » peuvent tuer des buffles avec les plombs pour les antilopes.

La fin de l’après midi se déroulera au frais dans la clim et pour moi à la piscine.

Le soir nous dînons aux chandelles avec la dame expatriée qui a laissé son rapport sur son ordinateur portable pour partager notre table le temps d’une récréation. C’est une femme très agréable et très énergique

la cascade de Tanougou

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Félix  a un air de petit garçon malicieux sous son bonnet de laine mais il avoue 25 ans quand je lui demande s’il a des enfants. Nous lui proposons le lait en poudre  acheté à Cotonou qu’il accepte volontiers, pour sa petite sœur qui ne va pas encore à l’école.

A l’entrée de la cascade, quelques bungalows ont été aménagés en hôtel. A la paillote restaurant,  on commande un sandwich au thon et une pastèque. Un homme doit me guider à la cascade, j’ai une escorte de trois personnes. Une première vasque se trouve au bout du chemin. Il faut escalader ensuite des rochers de gneiss glissants mais où l’on a taillé des marches. Je mets un point d’honneur à me hisser sans l’aide de mes guides. Arrivée au sommet, j’ai la surprise de trouver un bassin naturel d’eau fraîche, verte et transparente. Je nage deux aller et retour en admirant es fougères qui croissent sur la paroi et les très jolis oiseaux multicolores : blanc marron rouge. A la descente c’est très glissant, je me suis râpée sous l’aisselle dans sorte de petite cheminée.

J’avais préparé deux pièces de 200 F , une pour le droit d’entrée, l’autre pour l’accompagnateur. Ce dernier empoche les 400F, les autres réclament. Finalement, celui qui a déjà reçu les deux pièces vient me chercher pour que je paie le droit d’entrée au bureau.

Retour vers la société des hommes

Duran nous montre le campement des Peuls à la sortie de Tanougou. Les Peuls sont des nomades qui suivent leurs troupeaux. Ils construisent des huttes de paille rondes démontables et plantent leurs campements à l’écart des villages bétamaribés « Ils n’aiment pas se mélanger aux gens » et n’envoient pas leurs enfants à l’école. « Seuls, les intéressent leurs bœufs. » Éternelle incompréhension des sédentaires envers les nomades, réciproque d’ailleurs. Je découvrirai plus tard la grande noblesse des Peuls

Il a plu hier. Des flaques stagnent sur les bas côtés. Il me semble que les baobabs ont déjà reverdi. On  prend photo sur photo des jolis villages aux toits coniques, des greniers surélevés en terre, des annexes en paille, des bottes d’herbe séchée pour les toits, des petites huttes en paille.

Retour à Natitingou – cérémonies de circoncision

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la joyeuse troupe allant en musique à la cérémonie

Sur la route du retour

Le long de la route, tout le Bénin est en marche :  les enfants qui reviennent du puits, les femmes qui portent des bassines de lessive, d’autres des bassines de mangues. La bassine vide, une fois retournée peut servir de parasol.

Cortèges

Des cortèges costumés de couleur rose portant d’étranges croix de St André sur le dos, rose criard ou bleu turquoise, ornés aussi des pendeloques, des rubans, des bonnets et des fouets en queue de cheval… D’autres portent des parapluies, des tamtams avec des baguettes recourbées « C’est pour la cérémonie ». Aujourd’hui  on pratique des circoncisions, mais pas chez les bébés comme chez les Juifs ou sur de jeunes enfants comme chez les Musulmans. Ici il s’agit de jeunes adultes Duran essaie de nous expliquer : « Ici, on coupe pénis ». Plus tard Léon fera un récit plus dramatique.

Camions

Les camions en panne depuis samedi sont toujours à la même place. Pour signaler les obstacles, dispose des branchages sur le bord de la route régulièrement tous les deux ou trois mètres en maintenant les feuillages par des pierres..

Duran, complètement silencieux les premiers jours, se détend quand je lui demande si la4X4 appartient à Léon. Non c’est la sienne. Il est mécanicien et répare toutes les voitures de l’hôtel. Le Toyota coûte une fortune, il en prend le plus grand soin. Nous nous quittons sur un malentendu. Je lui donne 12 000F de pourboire comme nous l’avait dit Léon. Il est furieux : « C’est 45 000 par jour ! »Je lui réponds que c’est Léon qui paiera. Ce dernier, en magnifique tenue africaine, calot sur la tête se prélasse devant un feuilleton à la télévision. Je me sens mal à l’aise. Il nous a expressément défendu de raconter au personnel que nous avons réglé en France. Il ne veut pas que j’utilise ma carte VISA pour payer le restaurant. Va-t-il se fâcher ? Nous avons encore besoin de ses services pour les deux jours qui vont suivre.

Natitingou, le soir

Cela fait un bien fou de nager dans la piscine après les cahots sur les pistes !

Vers le soir, la musique m‘attire dans la rue. Les orchestres qui marchaient sur la route sont arrivés en ville. En bas du petit jardin qui borde le tennis, des femmes sont assises. Elles rigolent en me voyant passer. Piquée, je leur demande pourquoi elles se moquent de moi :

– « Vous les avez ratés, mais la fillette va vous conduire ! »

Nous partons en ville à la recherche des sifflets et des tambours. Nous tombons sur une de des troupes de jeunes gens curieusement harnachés, chapeau de cow boy, tambours et baguettes  recourbées, des sortes de franges pendues à la ceinture. Pas de tissus chamarrés ni de perles ou de broderies. Ils sont habillés de fripes européennes de maillots de foot ou d T-shirts imprimés mais ils ont choisi les coloris les plus voyants. Des filles ont des sifflets  pour accompagner les tambours et tous dansent à l’entrée des maisons et des cours.Pour la permission de photographier, la réponse n’est pas claire. Il en ressort qu’il faudrait payer mais nous avons oublié le porte monnaie.
Un petit pont  enjambe un ruisseau d’eau croupissante en cette saison sèche, et des jardins potagers très soignés où poussent des choux,  laitues et autres légumes. Nous nous promenons dans les voms, ruelles en terre, à la recherche des petits orchestres. Tout le monde est dehors assis sur des chaises, des murets ou accroupi. Les maisons basses en ciment sont très délabrées quand elles ne tombent pas complètement en ruine. Sur les murs de la coiffeuse, des têtes ont été peintes, montrant les modèles de tresses, la peinture est bien délavée, un vieux plastique d’emballage sert de rideau complété par des sacs qui pendouillent.

Nous sommes très bien accueillies. On nous dit bonjour très gentiment, on nous parle de la « cérémonie » De nouveaux musiciens passent. On demande la permission de photographier. Pas de problème, ils posent et dansent pour nous. Mais il faut payer. Un homme plus âgé réclame fermement et avec insistance au moins 50F même 25F feraient l’affaire. On n’a rien. Je montre les poches vides de mon pantalon mince. Rien à faire.

– « Vous avez pris la photo. Il faut donner un cadeau. »

D sort du chewing gum et distribue aux enfants . Les musiciens s’approchent. Le vieux, d’autorité prend le paquet. Il fera la distribution lui-même. La tension s’apaise.

les perles de Créteil

D offre à une petite fille un bracelet offert par une de ses élèves. Elle veut rapporter une photo à la petite. Elle raconte  :
– « nous sommes professeurs ? Les enfants français ont offert ces bracelets et veulent voir la photo. »

Je ne sais pas si ils saisissent bien le sens de ses explications. La petite fille ne veut pas sourire.
–    « Il lui manque des dents » explique le grand père.

Le bracelet nous revient aux pieds,  lancé comme un crachat. Les femmes nous font des gestes hostiles. C’est une réaction à la photo. Peut être, la mère a pensé que l’image de sa fille valait plus que le petit bracelet de pacotille, ou elle aurait voulu être consultée, l’assentiment du vieux ne la concernant pas.

Il est temps de rentrer à l’hôtel avant que cela ne se gâte vraiment. Ambiguïté de la situation de touriste dans un pays où le tourisme n’est pas organisé. Les gens ont des réactions imprévues. Ils flairent la bonne affaire. Au Maroc, nous étions assaillies par les enfants « Donne moi un dirham ! » et nous en avions conclu que le tourisme gâtait les rapports. Au Bénin « Yovo ! Yovo ! ». La frontière entre hospitalité et mendicité est floue. Nous arrivons avec les meilleures intentions du monde : D  raconte sa fête,  les ballons, les enfants français, leurs cadeaux…Est-ce qu’ils nous écoutent ? Est-ce que cela les intéresse ? Cinquante francs ou même 25, les arrangeraient bien.

Dîner aux chandelles sous le ficus

Au dîner, nous retrouvons la famille que nous avons rencontrée à la Mare Bali puis à la cascade. Ils sont expatriés au Bénin. Ils ont campé à a maison forestière et sont équipés d’un matériel photo impressionnant presque professionnel. Elle est responsable d’une ONG de micro crédit et se trouve à Natitingou pour son travail. Nous les invitons pour le café . Sur ces entrefaites, Léon vient s’asseoir à notre table pour préparer la journée de demain. Il ne nous parle pas du problème avec Duran tout est rentré dans l’ordre. La face à face entre Monsieur le Directeur et Madame la Directrice est intéressant. Léon raconte que le nouveau Président a promis le crédit gratuit. Ce qui ne fait pas l’affaire des ONG qui ont mis en place des structures de micro crédit depuis des années. Léon qualifie cette promesse de démagogique. C’est la première fois que j’entends une critique dans l’unanimité.

Une journée à Natitingou, musée, affiches

BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

riz et haricots au marché de Nati

Une journée de courses

Une journée pour les courses, la banque, le farniente avant le long voyage en car jeudi. Nous traversons les jardins puis les ruelles poudreuses de notre quartier pour rallier la gare routière. Les bureaux de Confort Lines sont à l’autre bout de la ville. Nous marchons le long de la rue principale bordée de flamboyants très animée avec les zemidjans bruyants, les taxis bondés, les écoliers en route pour l’école, les vendeuses de mangues, les colporteurs de tongs…Les boutiques qui bordent l’avenue sont presque aux standards européens. Le reste est tout rouillé, brinquebalant.

Enseignes
Les enseignes m’enchantent:
–      « Le Crayon de Dieu n’a pas de Gomme », c’est la coiffeuse,

–      les cafétariats ont invariablement un t au bout,
–      « Défense d’urinée sous peine d’amande »…
Tout cela est gai, charmant et sans prétention.

Le bureau de Confort Lines est fermé. Il n’ouvrira qu’à 15H30 . Le réceptionniste de l’hôtel voisin propose de nous inscrire si nous lui laissons nos noms et 1000F. il peut aussi bien empocher l’argent et ne rien faire !

Nous aimerions faire entrer dans le cadre d’une photo, le collège vieillot peint en rose « Ecole de Filles » « Ecole de Garçons », datant de l’époque coloniale avec la mosquée blanche et verte et ses quatre minarets verts. Une branche de flamboyant au premier plan. Evidemment, cela ne colle pas !

marchandes de mangues

   Petit marché : mangues par terre en tas, tomates et piments artistiquement déposés, riz, haricots en cône dans des paniers. J’achète tout ce qui me fait plaisir : deux mangues, deux avocats, un petit ananas à la chair blanche et aux écailles vertes. A la Poste, pas de monnaie – comme d’habitude- la postière rigole « L’important c’est d’avoir l’argent » en détachant bien les syllabes comme les Africains.

A la banque on photocopie les billets de 50€!

La façade de la banque est en marbre, l’intérieur est moins pimpant : un comptoir vieillot flanqué de caisses vitrées, des bancs de bois pour patienter. Seule la moitié des ventilos à grandes pales tourne. Le banquier fait l’important. Il ne changera les Travellers qu’avec le papier de la banque où sont inscrits les numéros, papier que je sépare volontairement des chèques à cause des voleurs. Rien à faire ! Je sors les cinq billets de 100€ et mon passeport qu’il photocopie, je dois même signer la photocopie des billets. On m’appelle pour comparer mon visage à la photo du passeport « Vous avez vieilli !» La caissière compte et recompte les billets. Elle fait des petits paquets de 9 billets qu’elle enveloppe dans le 10ème qu’elle plie.

Musée ethnographique de Natitingou

bas-relief : funérailles

Le musée ethnographique est logé dans une belle maison coloniale, le Cercle des Officiers Français : terrasse avec balustres encadrée par deux escaliers extérieurs, briques à clair voie. Un guide très agréable nous accompagne.

Les instruments de musiques sont présentés dans des vitrines : castagnettes métalliques (crotales), grelots de cheville en feuilles pliées contenant des graines, flûtes comme celles que nous entendons à l’occasion des cérémonies de circoncision que notre guide appelle des cérémonies de passage d’âge. Justement, un de ces orchestres se fait entendre dans la rue. Nouvelles précisions : ce sont les amis et la famille qui accompagnent     le jeune homme qui revêtira un  étui pénien et une serviette pendant plusieurs jours.

Parure et nudité

Des photographies anciennes datent du début de la colonisation française (1917 seulement à Natitingou). Elles montrent la vie avant les vêtements « civilisés », quand les gens allaient nus revêtus de leurs parures de raphia, de perles, de colliers de vertèbres de serpent, de jupettes de raphia, de grelots aux chevilles, de bracelets d’herbes tressées, d’étui pénien, de chapeau à corne…toutes sortes de parures sophistiquées.

Une salle est consacrée aux Tatas Somba. Des petites maquettes donnent une vue d’ensemble. Nous faisons des « révisions ». Nouvelle anecdote : les cornes au dessus de la porte qu’on supprime quand le maître de maison décède.

Exposition sur l’esclavage (venant de Genève), un texte intéressant de Calvin.

Nous mangeons dans la chambre un repas très frais : yaourt avocat, une mangue. Je me suis bien habituée à la chaleur (38°C). Nous passons l’après midi bien tranquille à la piscine.

Les affiches

Je vais faire mes réservations d’une course en zemidjan. Cela m‘amuse de prendre la moto. J’ai écrit tout plein de choses sur les circoncisions, ne pas oublier les femmes et ne pas passer sous silence les grandes affiches à propos « Les fistules gynécologiques ne sont ni des envoûtements, ni des malédictions, mais des maladies qu’on peut guérir ». Cette affection est particulièrement choquante et indigne du 20ème siècle.

D’autres affiches concernent les vaccinations infantiles.

A Bohicon, Cotonou, Porto-Novo :

UNE VRAIE FEMME SAIT ATTENDRE : elle ne vend pas son  amour propre pour des cadeaux et de l’argent 

UNE VRAIE FEMME SAIT ATTENDRE : elle consacre son temps à ses études et pense à son avenir.

UN VRAI HOMME SAIT ATTENDRE il n’écoute pas ses amis pour faire l’amour !

UN VRAI HOMME SAIT ATTENDRE / IL NE FORCE PAS LES JEUNES FILLES.
Lu également dans la rue toutes les panneaux «  publicitaires »  pour les différents cultes. Mosquée face à église. En plus un nombre incroyable d’églises évangélistes « gospel church », « église de la Profondeur Divine »…

J

Retour en car Natitingou/ Cotonou, Confortline

Cela ne vous rappelle rien?

 BENIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

Vu des fenêtres de l’autocar
Assises aux meilleures places, juste derrière le chauffeur. La porte-avant est ouverte et remplace la climatisation. A 7heures, un pâle soleil sable perce les nuages au dessus de l’Atakora. Le Bénin marche sur le bord de la route : surtout des écoliers, certains portent des balais de chaume. Plus tard, dans la cour d’une école de campagne, les enfants, en ligne, balaient la cour. Derniers tatas sur la route de Djougou. Champs d’ignames, sur les petits monticules coniques on a disposé une branche sèche. Traversant un  village, je remarque les pancartes colorées : sur fond blanc

« c’est vrai le SIDA existe, protégeons nous ! »,

« Moi, je dis non au SIDA ! ».


Une banderole annonce Djougou:

« La  commune la plus écolo-environnementale ! »

« Jumelée avec Evreux ».

Arrêt. Des vendeuses proposent des galettes et toute sortes de nourriture. Elles doivent être musulmanes, elles sont voilées. Elles portent de grandes scarifications comme si elles avaient été griffées. Des bébés sur le dos, on ne voit que les petits pieds nus.

 

le marché de Tanguiéta

Les enseignes de Djougou
Je note les enseignes des boutiques:

sur un café « La Joie du Magnificat »,

pour une cabine en tôle : « Au Palais des communications »

et une autre : « Rosaire Mystica » plus énigmatique.

A la station-service : « Bougie à éteindre » ou encore « Délices du carrefour »,

chez la couturière :« Eh vas y voir ! ».
Je note toutes les petites scènes pittoresques observées à la fenêtre du car .
Dans une école le cours de Gymnastique se déroule en rang trois par trois.
Arrêt dans la campagne : une petite fille regarde la car, elle porte de la braise sur un  couvercle métallique formant un petit plateau. Comme c’est chaud, elle le pose par terre.
A Savalou, retour du réseau du téléphone portable. J’envoie un SMS à l’hôtel Helvetia. Sur le bord de la route, des cafétérias « luxueuses » presque comme en Europe. Nous traversons ensuite des collines verdoyantes, des forêts de tecks, arbres petits plantés serrés, au sol de l’herbe verte. La végétation est maintenant complètement différente de celle du nord du pays.
Arrêt déjeuner à Dassa  dans une sorte de gargote, je mange des bananes. Que faire des épluchures ? Une femme propose de m’en débarrasser, elle les jette de côté. A la sortie de Dassa, sur de hauts comptoirs, des cylindres de gari ressemblent à de gros cierges très blancs, au sol, des sacs de charbon. Chaque étal porte un écriteau au nom du producteur.

Arrivée à 15 heures, à Cotonou, place de l’Etoile Rouge, le bus a une heure d’avance. Nous attendons Thierry. Les zemidjans insistent lourdement à nous prendre en charge malgré  nos bagages. Ils ne nous croient pas quand nous disons que notre taxi va venir. 16H, Thierry arrive à pied, son taxi est garé de l’autre côté de la place.

Cotonou – L’école Jacquot

313 élèves - 6 classes

 BENIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

Thierry a contacté la directrice de l’école de ses enfants et nous y conduit directement. Les maîtres sont assis autour d’une table sous une galerie. Ils ont décidé que la somme que nous avons apportée sera utilisée en priorité pour refaire le toit qui fuit. En saison pluvieuse, il pleut dans les classes. Cet investissement me plait : c’est du concret, du solide, cela marquera plus que du petit matériel éparpillé. D n’est pas de cet avis – et c’est elle qui est concernée ! – elle préfèrerait des fournitures scolaires.

le salut

le salut : A 'école Jacquot, travail, discipline, succès! bonjour Madame!

A notre entrée dans chaque classe, un enfant donne le signal et tous en chœur crient :

« A l’école Jacquot : Travail ! Discipline ! Succès ! Bonjour Madame ! »

Il faut plusieurs reprises pour que je comprenne ce qu’ils hurlent.

Dans une classe on fait entrer 50à 70 élèves. Comme dans le taxi, ils sont serrés, 3 sur des bancs de deux, les mêmes bancs que chez nous il y a plus de cinquante ans. Les tables ne sont pas rangées face au tableau, elles sont regroupées par paquets. Peu de matériel, une ardoise chez les petits un cahier couvert d’un protège-cahier en plastique, un stylo à bille. Rien d’autre.

Le tableau noir

Un grand tableau noir est peint sur chacune des cloisons de la classe, partagé par des frises peintes verticalement. Toutes les leçons du jour y sont calligraphiées avec des craies de couleur.  Chez les petits, on apprend les couleurs du drapeau du Bénin. Chez les grands, les planches de l’appareil digestif (CM1) ou de la circulation du sang dans le cœur (CM2) sont soigneusement dessinées par le maître. Thème de rédaction au CM2 : les Droits de l’Homme, et aujourd’hui, plus précisément ceux de la Femme. Une rédaction d’une écriture enfantine sert de base à la réflexion : Papa a donné de l’argent à maman pour qu’elle achète à manger. Elle utilise l’argent à autre chose. Papa la bat correctement…Je m’interroge sur le « correctement ».

Ballons cristoliens

D raconte aux CM2 la fête de l’anniversaire des trente ans de son collège. En l’honneur, on lâchera 600 ballons portant des cartons expliquant l’évènement. 300 cartons ont déjà été achetés par les enfants français au profit des enfants béninois. Le public est nombreux, pour mieux entendre, ils se rapprochent, se déplaçant silencieusement, font un cercle. Elle parle aussi de l’échange de correspondance. Ses élèves sont en 5ème et ont 12 ans. Cela ne pose pas vraiment de problème. Certains élèves de CM2 sont beaucoup plus âgés, ayant même 16 ans.

Nous concluons cette visite par une séance photo dans la cour. Les maîtres alignent tous les enfants le long du vieux bâtiment au toit tout rouillé : 313 pour 6 classes. J’ai bien du mal à faire entrer tout le monde dans le champ de la photo.

 

Cotonou – Les courses pour l’Ecole Jacquot,

 BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

Saison pluvieuse

l'école Jacquot

Pendant la nuit : plusieurs orages et de la pluie.
Le matin,  promenade sous un ciel plombé, les pieds dans l’écume mousseuse. Le petit déjeuner, avec le grand verre de jus de fruit frais et l’omelette aux fines herbes, nous paraît encore meilleur qu’avant notre départ vers le nord.

Les courses

Les courses s’avèrent bien  différentes de ce que j’imaginais. Hier,tous disaient  que nous trouverions les tôles et les fournitures scolaires dans le quartier de l’école. Le taxi emprunte les rues enfumées des pots d’échappement des innombrables motos et camions. Je pensais que la pluie aurait lavé la pollution, il n’en est rien. Elle a un peu rafraîchi l’air mais  a apporté tout un lot de désagréments : boue, et même chaussées inondées. Devant nous, une moto noyée jusqu’à l’essieu doit débarquer son passager au milieu d’une profonde flaque occupant toute la rue.

l'équipe enseignante

Les tôles se trouvent dans des dépôts de matériaux de construction étalés sur le trottoir dans un désordre indescriptible. Premier arrêt : les tôles sont de mauvaise qualité au prix de la bonne. On traverse Cotonou, je reconnais la grande Mosquée carrelée de bleu, l’église rouge et blanche. Finalement on achète dans un troisième endroits deux lots de 20 plaques, pas assez pour tout couvrir mais suffisantes pour une bonne réfection.

Fournitures scolaires

A la Libraire Notre Dame, je laisse les autres chercher le matériel et je m’intéresse à la littérature africaine. On ne trouve ni ardoises ni cahier. Les ardoises sont les nos articles préférés  Une ardoise, c’est fait pour durer ! Mais il faut y renoncer, beaucoup trop cher (1950CFA, la belle ardoise au cadre de bois comme j’avais, petite fille, presque autant celle qui a un bord en plastique fluo). Nous aurions pu nous contenter de toutes simples en plastique rugueux. Le  stock est sous clé. La patronne qui peut le sortir de la réserve ne viendra que tantôt.

La liste de la Directrice comprend des gommes, des crayons de couleur, des cahiers, des règles et des stylos à bille. Chaque article,est compté au moins trois fois. Je compte les boîtes de crayons de couleur par cinq, mais les autres comptent crayons et gommes uns à uns. Le maître vérifie, la vendeuse recompte.

On commence à bouillir d’impatience quand le vendeur manipule un par un les 133 bics cristal. Il est onze heures il faut arriver à l’école avant le départ des enfants! Je prends le relais. La facture  terminée, je passe à la caisse…La caissière vide le carton où tout était rangé et recompte.
les ballons de  la coupe du monde

Il faudrait rapporter des factures!  Ici, c’est dans la rue que se font nombre d’achats.
Thierry négocie.  Le marchandage est un spectacle réjouissant. Au milieu de la chaussée en pleine ville, au feu rouge, on vous propose des objets variés tels qu’un assortiment de couteaux, un chauffe-biberons, un lecteur de DVD un pèse personnes. Pour appâter le client, le vendeur introduit la marchandise par les vitres ouvertes des voitures. Quelque fois, il s’agit de coton-tige ou de mouchoirs en papier.

Plusieurs jeunes se promènent au beau milieu de la circulation avec une grappe de ballons dans un sac. Thierry  propose d’acheter ici les six ballons. D maugrée parce qu’elle n’aura pas de facture.
La négociation s’engage « Six thousand last price ! » Je devine que le vendeur anglophone est nigérian. Toute cette marchandise vendue sur le trottoir vient du Nigeria. Comme le jeune ne veut pas « casser son prix », Thierry avance brusquement la voiture, fait le tour du pâté de maison et continue le marchandage avec un autre nigérian. Le premier rapplique – six ballons d’un seul coup – cela ne doit pas se vendre tous les jours. Thierry le rudoie « j’ai fini avec toi, je discute avec l’autre ». Il avance le taxi. Combien de tours de carrefour ? La vente aura duré une bonne demi heure et les six ballons ont coûté 20 500CFA.

Dominique se prend pour Bernadette Chirac

11h50 ! Les enfants sont encore en classe.

On peut disposer les cadeaux sur une table en bois. Pile de cahiers, tas de crayons, stylos… Cela fait si peu ! Les ballons ont un franc succès.

Sur le perron, elle donne des ordres – Bernadette Chirac ! Les enfants sont ravis surtout quand on collecte les enveloppes pour les correspondants et qu’on les photographie en gros plan. Apothéose lorsqu’elle lance les ballons. Les ballons ont un franc succès

Au mois de mai, nous avons pu envoyer le produit de la vente des programmes de la Fête du collège. C’est Moronikê qui a servi d’intermédiaire. Elle a complété la somme et nous a envoyé la photo de la réception des 12 dictionnaires (initialement prévus) et celle du toit brillant que les parents d’élèves ont monté sur les classes.

Ne voulant pas nous arrêter en si bon chemin, j’ai imaginé un Jumelage entre mon collège et un collège bénéinois, mais c’est une autre histoire….