CARNET SÉNÉGALAIS
Après une demi-heure de piste nous atteignons la route de Touba(50km) en passant par Darou Mousty.

Touba la sainte

Touba est la ville sainte de la confrérie mouride. Il est interdit d’y consommer de l’alcool et de fumer et pour les femmes de porter le pantalon, par ailleurs elles sont dévoilées on n’a pas vu de hidjab encore moins de voile intégral. Toute la ville de Touba s’organise autour de la mosquée géante vers laquelle toutes les rues convergent, mais l’ambiance y est décontractée. Ce vendredi matin un nombre incroyable de charrette se presse dans les rues. Très très peu d ‘automobiles en revanche. Des commerces en tout genre prospèrent le long des rues. En plus de la grande mosquée que nous nous préparons à visiter les mosquées sont très nombreuses, il y en aurait 200.

Le guide nous attend avec des pagnes pour cacher nos pantalons indécents. J’aurais mieux fait de revêtir la tenue africaine traditionnelle qui est pliée dans ma valise parce qu’il fait très chaud, la superposition pantalon-pagne n’est pas très aérée. De plus le pagne est trop long et je marche dessus. Nous faisons le tour de la gigantesque mosquée la 2ème plus grande d’Afrique (après celle de Casablanca) avec ses 5 minarets (pour les 5 piliers de l’Islam) . Le plus haut minaret est carré entouré de deux cylindriques. Plusieurs coupoles sont couvertes de mosaïques. L’esplanade est immense, cernée par des murs à créneaux et des grilles de bronze. Les robinets pour les ablutions sont abrités par de longs bâtiments aux toits à double pente qui seraient sans prétention s’ils n’étaient en marbre de Carrare. Le sol en travertin d’Italie a été mis exprès pour rafraîchir els pieds et ne pas les brûler. Des Marocains ont réalisé les stucs des salles de prière, les tapis sont belges ( ?), les lampes d’albâtre viennent d’Istanbul. Le guide cite la provenance de tous les matériaux, les dates de construction des différents éléments de cette mosquée qui est en chantier depuis sa construction en 1927 quand le 1er khalife a entrepris la construction de l’édifice. Depuis les khalifes se sont succédé, inhumés dans les mausolées sous les coupoles. De ces mausolées s’échappent des chants de « petites chorales » en arabe mais de style très africain, ne ressemblant nullement à ce que nous avons l’habitude d’entendre en Egypte, en Turquie ou dans le Maghreb. La grand prière du Vendredi a lieu à 14h, la mosquée est prête à recevoir les fidèles. Elle est nettoyée. Les tapis belges sont déroulés mais il n’y a encore personne ; On ne pénètre pas dans l’édifice principal, réservé aux musulmans-hommes. Bouba insiste à plusieurs reprises. « la population de Touba est très disciplinée ». Dans la rue, dans la cohue des charrettes cela ne se remarque pas ! En revanche les ordures collectées sont soigneusement brûlées, la ville sainte n’est pas précédée comme les autres agglomérations de terrains vagues pleins de plastiques. Une entrée impressionnante de route à deux fois deux chaussées séparée est conçue pour l’affluence du pèlerinage.
Djourbel

A Djourbel nous voyons une autre mosquée plus ancienne et très imposante. C’est de Djourbel que vient le premier khalife fondateur de la secte mouride : cheikh Ahmadou Bamba. Le Mouridisme signifie la voie qui mène vers dieu. Le grand pèlerinage du Magal rassemble trois à quatre millions de croyants sans distinction de race ni d’ethnie. Pendant trois jours ils mangent et sont logés gratuitement. Le mouridisme se distingue aussi par le culte du travail. Bouba nous dit « travailler c’est prier ». Nos livres ajoutent que Touba est une ville franche où toutes sortes de trafics peuvent avoir lieu et que les Guides Spirituels font des affaires florissantes mais notre guide n’aborde pas le sujet. Il affecte une grande tolérance en ce qui concerne les religions et juge bon de ne pas s’étendre là-dessus ; nous n’apprendrons donc rien de plus. Cependant il écoute souvent à la radio des émissions religieuses qui purifient l’âme.