Avant d’arriver à Sihanoukville nous traversons des vergers d’anacardiers, de durians et de manguiers. On entre dans le Parc National de Ream puis au détour d’une colline occupée par dees usines textiles on découvre le port de Kompong Song seul port en eaux profondes du Cambodge où arrivent matériaux de construction de Chine, voitures d’occasion du Japon ou de Corée. Ds panneaux publicitaires nous amusent : la tour Eiffel dessinée et Alain Delon qui a donné son nom à une marque de cigarettes locales. Une autre célèbre l’année du Cochon. Les Chinois viennent de fêter le passage dans l’année du Lapin. Le Nouvel An Khmer est décalé en avril. A l’Entrée de la ville il y a une zone industrielle : usines de chaussure, confection et la brasserie Angkor. Nous traversons la trop touristique Sihanoukville avec ses projets immobiliers pharaoniques (et à moitié vides) ses hôtels avec plages privées.
Le White Beach Hotel a très belle allure avec sa belle entrée, sa piscine bordée de potées, ses terrasses sous les drapeaux. L’intérieur est plus sobre. Notre chambre est toute blanche avec du mobilier foncé, décoration minimaliste mais la porte en verre fumé donne sur la terrasse, nous captons TV5 et la salle de bain est très bien. Si l’hôtel est quelconque, il est fort bien situé : il suffit de traverser la route pour arriver sur la plage. Celle-ci est bordée d’une rangée de paillotes sur plusieurs kilomètres ; Ces paillotes abritent des restaurants : longues tables basses et sièges ou transats. Les gens viennent en famille déguster des crustacés. Nous avons déjà vu cela au Vietnam à Vungtau. Sur la plage des lits et des parasols. Nous choisissons deux lits sous un casuarina. A peine installées surgit un jeune homme portant des cigales de mer frites dans une pâte orange de très grande taille et une femme qui fait griller de petites seiches embrochées sur des baguettes sur un brasero qu’elle porte avec une palanche. Pour 5$ nous avons 3 belles cigales et 4 brochettes. Le jeune découpe la face dorsale des carapaces, ajoute sel, poivre et épice ainsi qu’un filet de citron vert. Quelques temps plus tard une femme arrivera avec du riz blanc, puis une petite fille portant un magnifique plateau de fruits. Je lui fais signe et choisi un morceau de papaye : elle enfile un sachet plastique en guise de gants, épluche, ôte les grains, découpe des bouchées qu’elle verse dans un autre sachet et complète avec une pique de bois. Jolie photo de la petite fille très brune et de son plateaux d’ananas, mangues, papaye, fruits du dragon. Comme on prend sa photo, sa petite sœur ôte la serviette qui la protégeait du soleil pour se faire belle. Pour ne pas faire de jalouse, on la photographie aussi. Erreur ! voilà que la mère rréclame de l’argent, 1$ pour une photo qu’on va effacer !
Le tourisme de masse induit mendicité et prostitution ; Nous verrons défiler vendeuses de crustacés, de beignets (on les achètera), proposition de manucure, de massage, d’étpilation et même d’étaler la crème solaire. Puis se succèderont, invalides de guerre, mutilés, un albinos, un aveugle et divers enfants mendiant. L’une d’elle toute petite attérrira à un centimètre de mon visage pendant que je lisais.
– « que veux-tu ? »
– « 1 $ ! »
Des hommes ventripotents, bedonnants, grisonnants se font masser en pblic par de toute petites filles. La seule solution pour éviter d’être sollicité est de se plonger dans la lecture de faire mine de ne rien entendre ni rien voir.
Les vagues sont belles, pas effrayantes comme dans l’Océan Atlantique. Je joue à sauter dans l’eau tiède. Mais elles sont un peu forte pour nager parallèlement à la côte. Les jets-skis aussi me font peur. Je reste à proximité d’autres gens. Quatre jeunes cambodgiennes sautent dans l’écume. Elles sont habillées en T-shirt et bermudas, leurs longs cheveux ruissellent. Elles rient et m’appellent.
Sur toutes les plages du monde, de la Mer du Nord à la Mer de Chine, je sacrifie au rituel de la promenade dans la frange d’écume. La plage est si longue que je n’arriverai pas au bout en plein soleil. A l’aller, le soleil me cuit la joue droite, au retour la gauche. Il faudra une belle tartine de Biafine pour convertir le rouge en bronzage.
Nous avons sorti deux fauteuils sur la terrasse sous les drapeaux du Japon et de l’Australie, le bleu étoilé de l’Union Européenne unifie tout le continent. Dans les poteries vernissées de peits cailloux blancs limitent l’évaporation. Au-delà des paillotes, derrière le fin rideau des casuarinas on devine la mer au coucher du soleil. C’est le moment où les moustiques débarquent. Nous avons tout ce qu’il faut : répulsifs, pantalons et chemises à longues manches.
Nous retournons au restaurant qui nous a si bien accueillies ce matin. Assises dans de profonds fauteuils en rotin, en lisière de la promenade nous dînons pour 8$ de riz sauté aux crevettes et poulet aux noix de cajou, grande bouteille d’eau en regardant les passants . Après dîner, marche digestive vers les restaurants plus animés qui ont colonisé la plage en installant les tables jusqu’au bord de l’eau sur le sable, une bougie dans une bouteille plastique coupée. Sur des barbecues grillent des poissons, une sono très bruyante diffuse techno, reggae ou disco. Je me félicite de notre coin tranquille. Vraiment le White Beach est bien situé ! D a donné les restes à une mendiante. Peu désireux de la voir manger attablée, le restaurateur a fourni un sachet en plastique. La nuit est douce, la mer apaisée.