Port Louis: remparts et marché – Gâvres

 

CARNET DU MORBIHAN


les remparts de Port Louis

 

Au lever du jour, les nuages forment des bancs roses et à l’ arrivée à Port Louis le soleil brille.  J’entreprends le tour des remparts, côté mer au début, puis je passe sous une arche – équivalent du Pont des Soupirs – où les condamnés embarquaient pour l’Ile aux Souris en face. Après la tour, je monte et marche sur la banquette perchée à la hauteur des beaux érables rougissant (sans doute un cultivar américain). La mer est haute, les vagues blanches roulent leur écume blanche, le spectacle est plaisant.

Port Louis citadelle sous le soleil

A la Citadelle, j’ai l’agréable surprise de découvrir les douves pleines, le soleil éclaire le fort que nous avions découvert sous la pluie – point de vue plus riant. Continuant les remparts, j’arrive au port de plaisance.

Samedi, jour de marché, tout le centre du bourg est envahi. C’est un marché de luxe : homards de Houat aux pinces bridées mais aux yeux aux aguets, bouquets transparents qui sautent très haut, les langoustines pincent les doigts de la vendeuse. Trompettes de la mort, girolles et ceps… Halloween oblige, les citrouilles sont de sortie en compagnie de potimarons, panais et coloquintes. Les fruits sont hors de prix on achète les marrons et les figues à l’unité. J’avais prévu la visite des rues pavées du cœur de ville mais aujourd’hui c’est vraiment trop encombré !

De brèves averses s’abattent sans mouiller, nous renonçons à la visite du sous- marin pour profiter de cette belle journée inattendue.

Fort de GâvreFace à Port Louis, la presqu’île de Gâvres est de l’autre côté de la « petite mer de Gâvres ». Pour y accéder il faut retourner à Plouhinec. A l’arrière du village, derrière l’église une petite lagune, des mouettes dorment, la tête sous l’aile les pattes dans la vase, au soleil de midi, imitées par les canards, dans un recoin cinq aigrettes arpentent les plantes aquatiques tandis qu’un héron cendré est planté au milieu des mouettes. Le carillon chante une mélodie irlandaise.

La presqu’île est occupée par les militaires, la dune est un champ de tir, une base de fusiliers marins moderne est plantée, des panneaux restreignent le stationnement.

Sur la lagune,on voit beaucoup d’oiseaux mais on n’a guère envie de s’arrêter. Le village de Gâvres est plus important que je ne l’imaginais. Petits pavillons modestes avec des potagers et encore des installations militaires. Un fort fait face à la citadelle.

Sur une petite plage de sable blanc, nous installons sur des rochers  à l’abri du vent pour manger des crevettes sous l’œil attentif des goélands. Nous leur donnons les carapaces et les têtes. L’un d’eux mange tout sans rien laisser à un jeune gris qui piaille sans cesse.

Après le déjeuner nous allons faire un tour au fort construit sous Louis XIV . Les installations de béton et des blockhaus: mur de l’Atlantique ? ou installations militaires modernes ? Sans doute les deux à la fois.

Autour de la pointe, le sentier côtier a été aménagé et les pelouses, re-végétalisées. Au retour, je marche sur la plage le long de la dune militaire jusqu’à la barre d’Etel.

Ria d’Etel : circuit de Belz, promenade pédestre

CARNET DU MORBIHAN

Saint Cado

Le circuit de Belz (p.96du Topoguide du GR 34 Morbihan) passe juste devant notre gite de Kéricune.

Il traverse le hameau de Norquer,  maisons bretonnes transformées en gites ruraux. Il court ensuite entre deux murettes moussues, chemin creux sous des chênes et des pins. Le calme est délicieux.  L’étang de Brignac est  bordé de grands pins qui se reflètent dans le miroir de l’eau. Des hérons sont perchés sur un arbre et sur des piquets alignés. Face à l’étang, le Moulin de Brignac.

On retrouve alors  le sentier côtier qui longe la ria et que j’ai déjà emprunté le jour de notre arrivée. Il passe sous le Pont de Lorois pour arriver à Saint Cado, les balises de GR sont peintes sur les poteaux entre des pavillons, ce n’est pas passionnant mais il fait très beau, presque chaud. Dimanche de Toussaint, il y a vraiment beaucoup de monde à Saint Cado, de plus la mer est haute, la surface de l’eau est ridée et il n’y a plus de reflets comme la semaine dernière.

Nous mangeons sur un banc nos langoustine devant le camping des Oies, des gouttes s’abattent, repli dans la voiture !

Pour le dessert le soleil est revenu.

Ria d’Etel : circuit en voiture, chouans, stèles gravées…

CARNET DU MORBIHAN

 

Sur les traces de Cadoudal et des Chouans

Par une belle après midi nous suivons le circuit LA RIVIERE ETEL proposé par Gallimard Morbihan p.292 à 300. Mais nous le faisons à l’envers ce qui n’est pas le plus pratique.

cache des chouans

Premier arrêt à la Pointe de la Forest (commune Lecoal-Mendon)  sur les traces de Cadoudal. Le manoir de Cadoudal et bien caché au fond de son parc, on devine des murs sans voir la silhouette. Un peu plus loin, sur un parking, un panneau propose de visiter les caches de Cadoudal. La pointe de la Forest?  très découpée et dentelée,  est  entourée de marais et d’eau. On raconte que des prêtres réfractaires s’y cachaient pendant la guerre des Chouans. Si les soldats de la République les poursuivaient ils pouvaient s’enfuir par voie d’eau. J’emprunte le « chemin de Cadoudal » imaginant les poursuivants et les fugitifs. J’ai bien du mal à me mettre dans la peau des royalistes ! J’aime toujours quand un  paysage est habité par l’Histoire. Le chemin creux est bordé de très vieux arbres noueux, creux, tortueux, j’imagine qu’ils ont été témoins des guerres révolutionnaires. Une dame monte sur un bloc : je lui emboîte le pas : les blocs de granite font un escalier discret qui mène à une des caches : une ouverture carrée d’une sorte de souterrain. Est-ce seulement une chambre où se cacher ou y a-t-il un souterrain sous la bordure empierrée du chemin creux moussu. Des lianes ont colonisé les pins, elles retombent en donnant une impression de fantastique. Le sentier arrive à la mer.

A Locoal, passons devant l’église Saint Goal, (encore un ermite arrivé de Grande Bretagne en 620, in installé dans l’île de Goal donnant le nom Locoal). L’église est toute simple (et fermée). Dans le cimetière je ne trouve pas les tombes des Chouans (je les ai peu cherchées).

Pen Pont est une mince digue reliant Mendon à Locoal, une vieille chaumière attire mon regard et je vais voir la stèle gravée d’une inscription du IXème siècle mais envahie de lichens et une croix pattée.

Sur la presqu’île du Plec, se trouve la Quenouille de Sainte Brigitte, encore une haute stèle à l’entrée du marais, gravée et sculptée. Le ciel est dramatique avec des nuages noirs, un arc en ciel et un éclairage violent. Les lichens jaunes tranchent sur le ciel d’ardoise. La chapelle Sainte Brigitte de Suède, un peu plus loin dans  un joli hameau, est fermée. Dommage ! Gallimard nous promettait une statue de Brigitte, une plume d’oie à la main et tenant un livre.

Langombrac’h a aussi sa stèle gravée, sa croix pattée et une jolie chapelle fermée.

Moulin de demi-ville

Nous cherchons le Moulin de Demi-ville à travers des forêts de pins et le trouvons, sur l’eau. C’est un moulin de marée avec une grande roue de bois encore en usage en 1955. Il est à cheval sur une rivière à fort courant qui serpente derrière une rangée de magnifiques tamaris. Le moulin est habité, de la fumée bleue sort de la cheminée.

Le château de Kerambar’h est bien signalé, d’après le guide Gallimard il abrite un restaurant, nous trouvons l’entrée du jardin médiéval fermé en cette saison. Mais nous n’avons jamais trouvé l’entrée du château ni le château de Kerambourg cité dans notre guide.

L’excursion se terminera à Landaul où je visiterai l’église qui possède trois statues curieuses.

les petits marins de Haloween

Ce soir : visite de deux marins pêcheurs en ciré jaune avec le filet à crevettes : ce soir de Halloween deux petites filles demandent des bonbons, je mets des caramels dans le filet avec beaucoup de plaisir et les prends en photo.

Locmariaquer jusqu’à la plage de Saint Pierre en passant par la Pointe de Penhir et Kerlud

CARNETS DU MORBIHAN


Allée couverte

Journée de Toussaint  radieuse !

Route par Auray et Crac’h puis GR34 Topoguide Morbihan p.35. Je trouve le sentier côtier à Locquidy.

Malheureusement, les cartes du topo-guide sont au 1/50000ème,  la carte IGN qu 1/25000ème , le trait rouge du sentier côtier semble tracé sur le littoral mais j’ai des surprises. Dans cette région ostréicole, les entreprises bouchent le plus souvent l’accès, on les comprend, ils ont besoin d’être directement sur l’eau et ont beaucoup de matériel qui traîne, je crains aussi leurs chiens.  Donc difficile de trouver le sentier !

Locmariaquer est un joli port avec des petites maisons, rien ne dépare. Un groupe de maisons blanches borde l’eau : le sentier passe entre maisons et jardinets clos  de murettes de pierre et bien fleuris. Au Guilvin, à l’embarcadère pour l’Ile aux Moines,  les dernières vedettes qui font le tour du Golfe, en saison, sont parties samedi dernier 30 octobre !

Pour arriver à la Pointe Penhir il faut emprunter la route. Je prends une ruelle qui me conduit sur la plage, j’ai bien du mal à passer : à marée haute, les vagues viennent lécher mes chaussures. Je trouve de justesse le sentier au bout de la plage.

La pointe Penhir est l’une des portes du Golfe du Morbihan. Un Christ de métal noir est juché sur un pilier dans l’eau. Déjeuner sur la plage : du thon fumé qui se présente comme un pavé translucide ressemblant à de la pâte de coing que l’on débite en fine lamelles accompagné d’un demi avocat avec une paille aux framboise pour dessert. Nous mangeons sous l’œil attentif d’une mouette perchée tout près qui se laisse photographier et filmer. Dès qu’on a remballé elle s’envole et nous la retrouverons à côte d’un couple installé avec des sandwiches sur le sable.

La deuxième partie de la balade va à Saint Pierre Lopérec, sur le bord de la longue plage. Un dolmen se trouve à l’extrémité de la plage : allée couverte de très belles dalles de très grande taille. Le couloir est très bien conservé (et restauré) mais après la pluie d’hier il est plein d’eau. Une autre plage de sable entre cette pointe et un petit marais.

A Kerlud je découvre un petit dolmen-table sur quelques roches. Je me perds : à droite du dolmen, des écriteaux rouges préviennent Propriété privée. Je prends donc à gauche, plus de signalisation! Je m’éloigne de la mer.Les passants  sont incapables des me renseigner. Enfin,un cycliste m’indique le sentier entre deux maisons. Là aussi des écriteaux Propriété Privée ! Décidemment, on n’aime pas beaucoup les randonneurs à Kerlud. Les balises de GR sont délavées presque effacées.

Je trouve enfin le pont de bois étroit avec une sorte d’écluse. Sur l’île Bénéguy , une très belle propriété a un parc avec des thuyas énormes. Il faut être attentive pour trouver le cheminement de planches sur un marais ou une tourbière et j’arrive à un bouquet de magnifiques pins à la pointe.

Il fait très chaud pour la saison, je suis en T-shirt et me déchausse pour parcourir la belle plage de Saint Pierre pieds nus. Je peux sacrifier à ma cérémonie préférée : marche dans l’écume de la vague toute la longueur de la plage. L’eau est fraîche mais pas trop. Je remonte  et roule les jambes de mon jeans. On s’allonge sur le sable. On croirait l’été revenu.

Mémoires d’Outre-Tombe : Chateaubriand enfant et son ami Gesril sur la plage de l’éventail…..

CHALLENGE ROMANTIQUE
Devant les murs de Saint Malo
Le challenge Romantique de Claudialucia est l’occasion de lectures communes et de partages avec toute la galaxie des bloguesues romantiques (là j’exagère un peu). C’est aussi l’occasion de préciser la notion de Romantisme qui pour moi était bien floue.
Merci à Claudialucia pour les liens !
les murs de Saint -Malo sont protégés depuis bien longtemps par des pieux brise-lames .Chateaubriand
enfant raconte dans les Mémoires d’Outre-Tombe cette anecdote :
A marée haute!
Nous étions un dimanche sur la grève, à l’éventail de la porte Saint-Thomas à l’heure de la marée. Au pied du château et le long du Sillon, de gros pieux enfoncés dans le sable protègent les murs contre la houle. Nous grimpions ordinairement au haut de ces pieux pour voir passer au-dessous de nous les premières ondulations du flux. Les places étaient prises comme de coutume : plusieurs petites filles se mêlaient aux petits garçons. J’étais le plus en pointe vers la mer, n’ayant devant moi qu’une jolie mignonne, Hervine Magon, qui riait de plaisir et pleurait de peur. Gesril se trouvait à l’autre bout, du côté de la terre. Le flot arrivait, il faisait du vent ; déjà les bonnes et les domestiques criaient : « Descendez, Mademoiselle ! descendez, Monsieur ! ». Gesril attend une grosse lame : lorsqu’elle s’engouffre entre les pilotis, il pousse l’enfant assis auprès de lui ; celui-là se renverse sur un autre : celui-ci sur un autre : toute la file s’abat comme des moines de cartes, mais chacun est retenu par son voisin ; il n’y eut que la petite fille de l’extrémité de la ligne sur laquelle je chavirai qui, n’étant appuyée par personne, tomba. Le jusant l’entraîne ; aussitôt mille cris, toutes les bonnes retroussant leurs robes et tripotant dans la mer, chacune saisissant son marmot et lui donnant une tape. Hervine fut repêchée ; mais elle déclara que François l’avait jetée bas. Les bonnes fondent sur moi ; je leur échappe ; je cours me barricader dans la cave de la maison : l’armée femelle me pourchasse. Ma mère et mon père étaient heureusement sortis. La Villeneuve défend vaillamment la porte et soufflette l’avant-garde ennemie. Le véritable auteur du mal, Gesril, me prête secours : il monte chez lui, et avec ses deux soeurs jette par les fenêtres des potées d’eau et des pommes cuites aux assaillantes. Elles levèrent le siège à l’entrée de la nuit ; mais cette nouvelle se répandit dans la ville, et le chevalier de Chateaubriand, âgé de neuf ans, passa pour un homme atroce, un reste de ces pirates dont saint Aaron avait purgé son rocher.

la Fée des Grèves – Paul Féval

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

tangues et lises entre Tomblaine et le Mont

……. « Ces brouillards de grèves forment une couche très peu profonde, et
qui souvent n’a pas deux fois la hauteur d’un homme.
En général, moins la couche de brume a d’épaisseur, plus elle est
dense et impénétrable aux regards.
Nous avons montré une fois déjà, au début de ce récit, le monastère de
Saint-Michel voguant comme une gigantesque nef au milieu de cette mer
de vapeurs. Nous avons montré la brume, arrondissant ses vagues cotonneuses,
balançant ses sillons estompés et laissant au radieux soleil de
juin, qui dorait le sommet du Mont, toutes ses éblouissantes ardeurs.
Au printemps et en automne, cet aspect, qui arrête le voyageur ébahi,
se représente fréquemment. Les gens du pays, blasés sur ces merveilles,
jettent au prodigieux paysage un regard distrait et passent.
Ce qui les occupe, et ils ont raison, c’est le fond de cet océan de brume.
De tous les dangers de la grève celui-là est, en effet, le plus terrible.
Le brouillard des grèves est assez compact pour former autour de
l’homme qui marche une sorte de barrière mouvante, possédant à peine
la transparence d’un verre dépoli. …… »

Conte breton ou roman de chevalerie? Roman de cap et d’épée par l’auteur du Bossu ou féerie dans la Baie? Roman d’amour aussi ; qui est donc cette Fée?

1450, on célèbre le service funèbre pour Gilles de Bretagne le seigneur du château du Guildo assassiné par son frère. Un moine ou un fantôme menace le Duc de Bretagne et lui promet que 40 jours plus tard il rejoindra son frère…

L’action se déroule entre le Vivier et Avranches aux confins de la Bretagne et de la Normandie, dans l’Abbaye et dans la Baie.

Lecture facile, agréable, un fin roman à emporter lors d’une escapade au Mont saint Michel ou à lire au retour pour rêver encore à ces lieux magiques.

On peut aussi télécharger gratuitement cet ouvrage qui n’a plus de copyright (1850)

La Fée des Grèves est parue en 1850, romantisme tardif?

le Moyen Age, la Brume, la chevalerie, me semblent être des thèmes romantiques et je ressens une certaine proximité avec Walter Scott d’Ivanhoé ou des romans écossais …. pourquoi pas romantique?

Prendre Chateaubriand pour guide?

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT-MALO

Chateubriand sur la place Chateaubriand à saint-Malo

Chateaubriand est omniprésent dans la région. On entre dans la ville close de Saint-Malo sur la place Chateaubriand où se trouve l’hôtel Chateaubriand non loin de sa maison natale. Du haut des remparts on devine son tombeau sur le Grand-Bé.

le tombeau de Chateaubriand et les nombreux pélerins

Plancoët, le village de sa nourrice, Combourg, le château où il a passé son enfance et son adolescence, Dol où il a été au collège, Dinan et de nombreux manoirs conservent des souvenirs de son passage….

Munies des mémoires d’Outre-tombe et du guide Gallimard, nous allons suivre la piste-Chateaubriand pendant les dix jours de vacances.

J’ai pourtant hésité  : au lycée, Chateaubriand n’était pas au nombre de mes auteurs favoris. J’avais choisi mon camp avec Saint Just et Robespierre. Le noble émigré, le serviteur de Louis XVIII et de la Restauration était du mauvais bord! Je n’ai pas changé d’idées.  Je me suis assouplie, j’ai perdu le goût des censures. Atala aurait pu me faire rêver. Le titre « Mémoire d’Outre-tombe » me paraissait funèbre et le Génie du Christianisme carrément une punition.

Quarante ans plus tard, j’ai croisé Chateaubriand au cours de mes voyages en Grèce, l‘Itinéraire de Paris à Jérusalem se trouve sur ma table de nuit. Coïncidence : Claudialucia a lancé le CHALLENGE ROMANTISME. Je me devais d’y participer!

château de Combourg

Méfiante, je n’ai pas fait l’achat des 42 livres qui composent les Mémoires d’Outre-tombe (parus en feuilleton, cela représente 3 ou 4 livres de poche). J’ai emprunté à la bibliothèque du collège les Livres I à III en Classique Larousse, annotés pour les lycéens.

Et je me suis régalée! Je le craignais geignard et pompeux, je l’ai trouvé  vif et plein d’humour. Les descriptions sont surtout merveilleuses.

Certes, les lieux ont un peu changé, le parc de Combourg a été redessiné à la fin du 19ème siècle, les épaisses forêts et les landes ont cédé la place aux choux-fleurs et carottes des maraichers. L’étang et sa caravane emplumée est toujours là de même que les écureuils. Je n’ai pu entendre les chouettes, elles dorment aux heures de visites!

de Créteil à Cancale, par la RN12

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

Parmi nombreux itinéraires, nous avons choisi la nationale 12 qui traverse la Normandie avec 4 voies (2×2- 110km/h) jusqu’à Alençon, 368km en tout.

 

Verneuil sur Avre: église saint Jean


 

Verneuil/Avre

Verneuil-sur-Avre  est une étape charmante: petites rues  commerçantes bordées de maisons anciennes à colombages, deux tours: celle de l’église Saint Jean, ruinée, a de beaux restes, des ogives gothiques, des sculptures dans la pierre blanche fine. Chez le charcutier, nous achetons du museau et du taboulé. Pour trouver une pâtisserie, j’emprunte la rue qui conduit à la deuxième tour : celle de l’église de la Madeleine sur la place principale. Verneuil est très animée ce matin sous le soleil.

La RN12  coupe le parc Régional du Perche, traversant la forêt de Reno-Valdieu. les collines ont déjà revêtu des couleurs automnales par cette  matinée radieuse. Nous évitons Mortagne-au-Perche et plus loin Alençon. La route se rétrécit vers Pré-en-Pail,  elle traverse les le Parc régional  des Alpes Mancelles,   collines boisées et  vastes panoramas.  Dans cette région, nous décidons de pique-niquer  espérant avoir une belle vue dans cette campagne pittoresque. Première tentative dans le pays d’Andaine, retour à la nationale. Un peu plus loin nous quittons la route principale pour une église Saint Roch signalée. C’est un bon choix : village minuscule et très calme grand parking ensoleillé et vide ; On peut s’asseoir sur les marches du calvaire.

Le Mont Saint Michel

moutons de prés-salés

Direction, Mont Saint Michel, traversant une Normandie que nous ne connaissons pas. Isigny, Avranches. Alors que  nous sommes encore dans les collines : comme une surprise, le Mont saint Michel apparaît au loin. Cette apparition me fait penser à celle de la cathédrale de Chartres dans la Beauce. Je l’attends mais ses tours me surprennent toujours.  J’ai vu le Mont saint Michel il y a presque quarante ans. Sa silhouette est bien sûr connue, mais je suis frappée par sa présence. Dans la campagne plate, on ne remarque que lui. Il nous attire comme un aimant. Nous faisons halte au premier parking venu pour le photographier. Chance : un troupeau de moutons de prés-salés se trouve dans le polder en contrebas. Les mères ont la tête noire, les agneaux sont presque tous noirs.

Nouvel arrêt sur une digue dominant le polder. Le Mont,milieu des végétaux, ne semble pas être une île. La mer est si loin ! J’avance d’un bon kilomètre en direction de l’eau sans m’en rapprocher

Il fait si beau que nous avons envie de plage. Arrêt au Hirel, la mer est basse, toujours loin,  je marche un quart d’heure sur le sable mouillé rayé par les roues des chars à voile et constellé de coquilles de coques brisées.

 

 

Arrivée à saint Méloir des Ondes, coucher de soleil sur Saint Malo

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

coucner de soleil à saint Malo

Un peu de rêve littéraire : la Fée des Grèves

     « Si vous descendez de nuit la dernière côte de la route de Saint-Malo à
Dol, entre Saint-Benoît-des-Ondes et Cancale, pour peu qu’il y ait un léger
voile de brume sur le sol plat du Marais, vous ne savez de quel côté
de la digue est la grève, de quel côté la terre ferme. À droite et à gauche,
c’est la même intensité morne et muette. Nul mouvement de terrain
n’indique la campagne habitée ; vous diriez que la route court entre deux
grandes mers.
C’est que les choses passées ont leurs spectres comme les hommes décédés
; c’est que la nuit évoque le fantôme des mondes transformés aussi
bien que les ombres humaines.
Où passe à présent le chemin, la mer roula ses flots rapides… »

Paul Féval : la Fée des Grèves

Le gite est situé au hameau de l’Hôtellerie. Une haie de thuyas ferme une cour plantée de gazon, bordé de pensées fleuries. Le petit bassin a des nymphéas en boutons. Il y a même un petit palmier.

le gite

Le gite est simple, très bon goût.

 

La cuisine a des murs blancs, la table est couverte d’une toile cirée bleue avec 4 chaises bleues, un buffet ancien peint en blanc, tout le confort moderne. Sur la table, nous trouvons deux pots de confiture- maison poire et rhubarbe et des tomates de la serre des propriétaires.  Le salon est, lui aussi, tout blanc avec des meubles noirs, un canapé sombre, une grande télévision à écran plat et une petite table à manger.

Un escalier à marches flottantes et tournantes mène à l’étage. Une corde de marine sécurise l’ascension. En haut, la chambre  vaste contient deux grands lits de 140. Une très belle armoire aux ferrures de laiton fait face aux lits.

A peine installées nous reprenons la voiture.  :

–          « où aller pour voir le coucher du soleil ? »

–         »  A Saint Malo ! »

En route donc pour Saint Malo, distante d’une dizaine de kilomètres. Je n’avais pas imaginé que Saint Malo serait une grande ville avec des banlieues, des hypermarchés, des zones commerciales, une série de ronds- points.

Aucune idée du quartier ou de la plage d’où nous pourront avoir le spectacle du couchant ! Guidées au soleil , nous aboutissons sur la plage des Bas Sablons juste à côté du ferry qui traverse la Rance.

Un quai fait le tour de la baie. A contre-jour, une silhouette toute noire d’un enfant qui pêche, les jambes maigres écartées, se reflétant dans le miroir de l’eau. La tour carrée blanche qui ressemble à un phare, se reflète aussi. Près de la Piscine les jeunes du club de plongée font la queue. Un peu plus loin sur un balcon un déballage très artistique, bois flotté chemise blanche étendue, flotteurs de pêche attire mon regard. Mais je n’ose pas photographier chez les gens ! Un peu plus loin, à  la terrasse d’un café-crêperie, une table est occupée par des hommes en noir à la face patibulaire : des corsaires ? Ils portent des sabres sur le dos de leurs sweat-shirt, boivent du cidre à la bolée, sur une autre table tris femmes surveillent des petits qui jouent sur la plage. Une jeune femme trimballe un attirail de photographe, objectifs multiples et longs dignes d’une professionnelle, elle s’arrête et se prend en photo elle-même avec son téléphone.

Étrange ! Le soleil se couche derrière les arbres de la colline mais l’eau rougeoie comme il faut.

les remparts de Saint Malo –

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

 

les remparts de Saint Malo

9h30, les cloches appellent à la messe. Au café de la place Chateaubriand, résonne la Marseillaise pour la finale de rugby, les remparts sont à nous !

Le guide Gallimard, comme toujours, est précieux. Passant la Porte Saint Vincent,il nous raconte l’anecdote de la salle située dans l’épaisseur de la   porte, où l’on consignait les retardataires qui arrivaient en ville après le couvre-feu sonné par la cloche la Noguette.

les dogues de saint Malo

En bonnes enseignantes, nous réagissons : « la permanence ! » . L’histoire est  plus cruelle puisqu’on lâchait des dogues sur la plage contre les intrus Ces dogues sont sur la plaque d’égout devant la porte.

La place Chateaubriand est bordée par deux beaux hôtels, l’un d’eux, blanc au nom de l’auteur, en face, l’Hôtel de ville et le Musée sont logés dans le Château.De l’autre côté de la porte,se trouve le célèbre restaurant, La Duchesse Anne (menu à 79€ quand même,  champagne et foie gras).

Après avoir photographié  le portrait de Chateaubriand, nous montons pour le tour de remparts. De là, la vue sur les maisons est idéale, les hautes fenêtres aristocratiques des étages nobles, les deux étages de mansardes avec de confortables fenêtre aux chiens assis comme les petites fenêtres carrées. Les toits d’ardoises sont parfois tachés de lichens jaunes, granite et ardoise, l’unité de style est respectée même s’il y a des différences dans les hauteurs de cheminées.

La ville a été reconstruite après les destructions de la deuxième guerre mondiale, modèle de restauration. Tout en marchant je me demande quelle ville sera Saint Malo pour moi. La ville des corsaires ?avec Surcouf dont nous voyons le grand hôtel particulier et Duguet  Trouin dont la statue en pied se trouve en majesté à un angle des remparts. Ou la ville de Chateaubriand ? Celle des écrivains-voyageurs ? A moins que ce soit celle des bars à marin avec les enseignes peintes ?

Je m’amuse à regarder les belles demeures, les rideaux encadrant des salons luxueux.

Le guide Gallimard raconte que les évêques de Saint Malo entraient par la porte de Dinan, venant de Saint Servan. de La grande maison de Surcouf est situé en face.

Quelques marches nous mènent au terre-plein du Bastion de Hollande où se trouve la statue  de Jacques Cartier. Des canons sont disposés face à la mer, les enfants les chevauchent  et j’ai bien du mal à faire une photo sans un de ces figurants.

A marée basse : le Grand Bé et le Petit Bé

Sur la plage, des théories rejoignent les îlots du grand Bé et du  Petit Bé  découverts, à marée basse. Je descends des escaliers très raides pour me joindre aux pèlerins qui vont défiler devant la tombe de Chateaubriand avant que la marée ne remonte. Des écriteaux mettent en garde les imprudents à qui on  recommande de rester dans l’îlot si ce dernier est entouré d’eau. La chaussée est glissante, on monte ensuite une rampe. Le tombeau est signalé par une croix de granite. Grande simplicité, un bouquet de fleurs séchées, des coquillages alignés sur la pierre tombale.

UN GRAND ECRIVAIN FRANÇAIS

A VOULU REPOSER ICI

POUR N’Y ENTENDRE

QUE LA MER ET LE VENT

PASSANT

RESPECTE SA DERNIERE VOLONTE

Tombeau de Chateaubriand

La situation, en face de la ville, battue par les vents, est exceptionnelle. Les touristes posent devant la tombe. Je médite sur mon ignorance. Comme cet été, devant la maison de Thomas Mann à Nida, je me rends compte que je ne connais rien du célèbre écrivain. Les Mémoires d’Outre-Tombe était un titre  qui ne m’avait rien dit étant adolescente, depuis j’ai lu des extraits au cours de mes voyages et justement je me prépare à lire le Voyage d’Orient.