CHALLENGE SHAKESPEARE

L’île de Prospero est bien sûr aux Antilles!
Aux personnages de Shakespeare:
– « deux précisions supplémentaires :
– ARIEL esclave ethniquement un mulâtre
– CALIBAN : un esclave négre,
une addition ESHU dieu-diable négre »
Si la tragédie est racourcie : trois actes au lieu de cinq, et 91 pages seulement, Césaire colle beaucoup plus au texte qu’on ne l’imaginerait. Dans la tempête de la 1ère scène les dialogues sont d’une redoutable efficacité comme dans l’anglais shakespearien :
Le Maître : allons les gars! à la manoeuvre! Amenez le hunier!… halez bas! halez bas!
ALONZO : Alors Maître où en sommes nous? Comment se présente la situation?
MAITRE: Selon moi, vous feriez mieux de rester dans vos cabines … »
Scène 2
Miranda : Vous vous moquez, mon père, sauvageonne que je suis, et m’en voyez fort aise! Quelque chose comme la reine des pistils,des pistes et des eaux vives, toujours à courir pieds nus….
Césaire campe une princesse sauvage avec une personnalité marquée.
Le récit de Prospéro est ancré dans l’Histoire : c’est l’Inquisition qui l’a condamné à la suite de la trahison de son frère. et pourquoi cette condamnation? justment à cause de la découverte de nouvelles terres, préfigurant la découverte de l’Amérique, des Antilles, justment!
« …insinue et publie contre Dieu et la Création quant à la forme de la terre et à la possibilité de découvvrir d’autres terres, alors qu’il est avéré que le Prophète Isaïe nous apprend que le Seigneur est assis sur le cercle du monde, et qu’en son milieu se trouve Jérusalem… «
Prospéro, un autre Galilée?
Entrent Ariel puis Caliban, les esclaves. Ce sont eux qui sont au centre de la tragédie et non pas les intrigues des napolitains et des milanais.
Ariel revendique sa liberté promise, gentiment
PROSPERO :Ingrat qui t’a délivré de Sycorax? qui fit bâiller le pin où tu étais enfermé et te délivras?
C’est Shakespeare dans le texte. La réponse d’Ariel est plus exotique:
ARIEL : ….Arbre, un des mots qui m’exaltent! J’y ai pensé souvent: Palmier! Fusant très haut nue nonchalance où nage une élégance de poulpe. Baobab! couceur d’entrailles de monstre! demande le à l’oiseau caloa qui s’y claustre une saison. Ceiba!Eployé au soleil fier…
Caliban revendique sans aucune douceur. c’est son île, qu’il tient de Sycorax, et il se révolte énergiquement:
CALIBAN : Bonjour. mais un bonjour de guêpes, de crapauds, de pustules et de fiente! puisse le jour hâter de dix ans le jour où lees oiseaux du ciel et les bêtes de la terre se rassasieront de ta charogne »
On comprend que Prospero est le colonisateur et Caliban le révolté ne veut plus qu’on l’appelle Caliban mais X – allusion très claire à Malcolm X. Ariel, le métis se soumet, Caliban trouvera comme alliés Trinculo et Stéphano, alliés objectifs qui cherchent à s’approprier l’île et à détrôner Prospero.

Au spectacle de Masques, à la pastorale où Junon, Cérès et Iris, jouent pour Miranda et Ferdinand arrive Eshu, le dieu africain
Eshu est un joueur de tours
sacrifiez à Eshu vingt chiens
afin q’il vous joue des tours de cochons.
Eshu joue un tour à la Reine
Sa Majesté perd la tête, la voilà qui se lève
et dans la rue sor nue
Eshu joue un tour à la jeune mariée
et la voilà qui le jour de son mariage
se trompe de lit….
PROSPERO : hélas le mal est fait!
La jolie fête de fiançailles est gâchée. Les napolitains et les milanais vont-ils repartir vers leurs Dûché et leur Royaume? Pas si simple.
Prospéro se croit indispensable : « que ferais-tu tout seul dans cette île hantée du diable et des tempêtes? » demande-t-il à Caliban
CALIBAN: d’abord me débarasser de toi. Te vomir. Toi tes pompes, tes oeuvres! ta blanche toxine! »
C’est la guerre anticoloniale qui est déclarée!