Philae

CARNET ÉGYPTIEN 2019

Philae : kiosque de Trajan

Philae raconte plusieurs histoires :

Temple d’Isis, il raconte la légende d’Osiris que son frère jaloux Seth enferma dans un sarcophage qui dériva jusqu’à Biblos, en Syrie où Isis le retrouva. Puis il raconte la quête d’Isis quand Osiris fut découpé en 14 morceaux. Quand elle en eut retrouvé 13, Isis fit appel à Anubis, l’embaumeur et à Nephtis la magicienne. Battant des ailes, Isis engendra Horus. Femme amoureuse, fidèle, mère accomplie, Isis sut séduire les Égyptiens mais son culte se répandit jusqu’à Rome.

Temple Ptolémaïque (322 av.  Jc – 33 av JC) le culte d’Isis fut célébré jusqu’à la fin du 4ème siècle. Les pharaons lagides, à al suite de la conquête d’Alexandre, n’étaient pas de pur sang égyptien. Pour se faire accepter du peuple égyptien, le pharaon recourait à un « engendrement divin » par Amon-Ré dans le Mammisi ou chambre de naissance divine.

Hassan, le guide en profite pour montrer les 2 cartouches des pharaons : l’un porte le « nom de naissance » avec le canard et le disque solaire, l’autre le « nom de couronnement » avec l’abeille et le roseau – symbolisant la Haute et la Basse Egypte.

Ce temple fut détruit en 27 avant JC par un séisme. ,

Philae : colonnade des chapiteaux tous différents

Le temple est construit selon le plan traditionnel, colonnade, puis on entre par un pylône dans une cour ouverte, une salle hypostyle précédant le naos.

Sur un rocher une stèle remercie Ptolémée d’avoir privilégié Isis lors d’un conflit entre les prêtres d’Isis et ceux d’Atoum qui revendiquaient également le site.

Philae pylône

Sur le Pylône, les figures martelées du Pharaon portant les couronnes donne à Hassan l’occasion d’une révision des coiffes, de haute Égypte, Basse Egypte et ptolémaïque qui comporte 3 parties.

Philae raconte aussi l’Empire Romain avec les portes de Dioclétien, d’Hadrien et le kiosque de Trajan. Récit également de la fin du paganisme et de la christianisation. Les Chrétiens ont martelé les idoles s’attaquant presque uniquement aux grandes figures du pylône et laissant intacts les décors gravés et els hiéroglyphes. Ils se sont cachés pendant les persécutions romaines. Tout semble un peu confus. Des croix coptes assez discrètes sont disséminées ici et là dans la salle hypostyle.

Philae : autel copte

Une autre histoire est gravée sur les murs de Philae : l’histoire de Bonaparte qui fit graver tout un mur « en l’an 6 de ma République, 13 Messidor…. » une autre inscription : celle des savants qui ont mesuré la longitude et la latitude. Des impacts de balles bien visibles témoignent des combats que Bonaparte livra aux Mamelouks.

Temple d’Hathor déesse de la musique : Bès musicien

Isis n’était pas la seule déesse vénérée à Philae : Hathor est très présente par els colonnes Hathoriques avec la figure de femme aux oreilles de vache. Dans la cour : 7 colonnes hathoriques font référence aux 7 premiers jours de la vie d’un nouveau-né (les plus difficiles). La tradition des 7 jours perdure chez els Musulmans en Egypte. Déesse de l’enfantement, Hathor est aussi déesse de la musique comme on le voit sur les murs du petit temple d’Hathor où l’on reconnait Bès jouant de la harpe, Sekmeth  et un tambour, un singe guitariste, un flûtiste….

philqae : kiosque de Trajan

Le Pavillon de Trajan est une très élégante construction avec ses colonnes portant des chapiteaux tous différents. L’un d’eux est décoré de grappes de raisin. Deux palmiers l’accompagnent. La vue est très belle sur le Nil. Traces aussi des visiteurs du 19ème siècle qui laissaient des graffiti sans aucun respect pour le monument. Un nom, une date, une provenance : les murs lisses mais laissés sans décoration étaient des supports rêvés. « Brauerhors, 1851, Berlin »… »Godefrey Levinge 1833 »

Philae vue du bateau

Avant de rentrer au bateau, une visite est prévue au Palais des Parfums. C’est une boutique, on ne me montrera pas les secrets de fabrication des essences ni des parfums. Après avoir apporté un verre de kerkadé le vendeur me montre des listes d’essences et détaille les pouvoirs médicinaux des végétaux, et les parfums imitant les meilleures marques. Un sel prix 25$, ce qui change, c’est le contenant. De l’essence de menthe ou d’eucalyptus se vendra dans un grand flacon tandis qu’un parfum sera conditionné en petit volume. Le prix est rédhibitoire. J’explique à Hassan qui’l est inutile de perdre notre temps dans les boutiques je sais très bien refuser les offres « la, choukran ! »

Retour à Assouan pour le début de la Croisière

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Les chantiers du désert

Sur la route : un mirage!

Je note les cultures autour d’Abou Simbel, la route fleurie, bordée de palmiers, des vergers d’agrumes. Une flèche indique  le complexe agricole Toshka  ,  El Mostakbal village, . El Salaam village. Sur place, je ne verrai rien de plus que des gros engins d’irrigation. Au retour à Créteil, sur Internet je découvre les projets pharaoniques consistant à dérouter les eaux du lac Nasser vers un lac intérieur Tochka, la création d’une ville nouvelle….Ces projets datent déjà de l’ère Moubarak, une station de pompage pharaonique « Moubarak » a été construite. Le président actuel Sissi a relancé ces initiatives. Malheureusement la documentation que j’ai découverte sur Internet est parcellaire, contradictoire et datée. Le rêve de faire fleurir le désert, d’implanter des millions d’Egyptiens dans cette « Nouvelle vallée » est-il en cours de réalisation ou est-ce un mirage ?

Ville du future ou ville fantôme?

En tout cas, le désert semble bien travaillé par des engins de BTP géants, des camions charriant du matériel de construction ou des gravats circulent, je n’arrive pas à lever l’énigme de ce mur soigneusement construit sur des dizaines de km. Autre énigme pour moi : la ville New Toshka, est-elle habitée ? Evidemment, si nous étions en voyage organisé, peut-être un conférencier nous l’expliquerait. Rien n’est moins sûr. Le guides sont très diserts sur les antiquités pharaoniques et parlent peu du quotidien des Egyptiens, encore moins de leurs dirigeants.

Le lac Nasser et la nouvelle valle :projet Toshka

Arrêt pour admirer un mirage, cela fait de l’effet.

Un vent de sable soulève un rideau jaune. Peut être la poussière des chantiers ? Le désert évoque l’idée de la solitude propice à la méditation. Dans le cas présent ce serait plutôt le contraire. On croirait entendre bourdonner les chantiers ? A intervalles réguliers on voit des tas résultant du travail de gros engins.

L’énorme cimenterie annonce le retour à l’urbanisation.

La croisière sur le Renaissance

Le Renaissance

Notre bateau : Le Renaissance.

Check in : 13h, pour le déjeuner.

Nous sommes très agréablement surprises : le navire est magnifique, bien entretenu. Notre cabine est luxueuse, grande comme une chambre d’hôtel 4 ou 5* avec tout le confort et une large baie vitrée. La salle à manger est encore ouverte le déjeuner-buffet est très appétissant (nous avions gardé un très mauvais souvenir des buffets jordaniens) . On nous attribue une petite table rien que pour nos puisque nous formons un « groupe de 2 ». Nous avons même un guide francophone rien que pour nous !

Croisière cabine et felouque

La croisière a prévu pour nous une « promenade en felouque » qui sera une promenade en bateau à moteur jusqu’à l’île Kitchener un peu décevante si je compare avec celle de Badri.

A 16 heures nous nous installons sur le pont du bateau pour voir le soir tomber, les felouques passer. Conditions idéales pour dessiner et les sujets d’inspiration ne manquent pas !

 

Barrage sur le Nil – Christian Jacq

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Livre catastrophe!

Comme il y a eu des films-catastrophes….aussi comme livre raté…

Je ne m’attendais pas à un livre calamiteux. De Christian Jacq, j’avais bien aimé les policiers qui se déroulaient à Deir el Medineh, le village des artisans . Lus avant de découvrir les tombes peintes j’avais trouvé ces ouvrages une bonne introduction au voyage. La trilogie de Ramsès m’avait aussi rendu lisibles les temples du Ramasseum, de Sethi 1er , de Louxor et de Karnak. Plus tard j’ai lu les ouvrages plus scientifique de Christiane Desroche-Noblecourt . je préfère toujours l’Histoire et les historiens aux romans historiques. Toutefois, cette vulgarisation intelligente et facile m’avait semblé de bonne facture.

Avec le tourisme de masse qui a déserté les rives du Nil, les ouvrages de Christian Jacq ont disparu des étagères….

De retour à Assouan, en prévision de notre excursion à Abou Simbel, j’ai téléchargé ce titre espérant en apprendre sur le barrage et sur le Lac Nasser. Au début, cela commence par un massacre dans un autobus, et puis cela continue par des assassinats, des attentats à n’en plus finir. Grand guignol!

J’avais que l’auteur développerait les études de son « spécialiste du barrage », mais non, ce n’est pas de la vulgarisation scientifique c’est un thriller, très violent, manichéiste, à la morale simpliste. Les méchants sont les islamiste, djihadistes. Les Égyptiens sont tous corrompus. Tout peut s’acheter. Le héros est entouré de traîtres…..

Aucune empathie possible.

Notre héros vient de perdre sa fiancée, la vengeance sera sa seule motivation. Quelle originalité! Il se précipite chez une ancienne maîtresse, puis séduit une troisième. Toutes sont belles, intelligentes….Il va perdre tous ses amis, assassinés à ses côtés et lui, réchappe de peu de nombreuses explosions….

Quelle Egypte détestable! l’auteur n’aime-t-il que les Égyptiens morts il y a 3000 ans, au moins? On se demande comment son héros américain aime l’Egypte telle qu’il la présente.

Policier pour policier, je me délecterai d’Agatha Christie.

L’excursion à Abou Simbel

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les Colosses du Grand temple

Hamed a réservé l’excursion dans un minibus qui part avec le convoi de 4 h d’Assouan et qui rentre tôt dans l’après-midi. Le prix est de 30$ pour l’aller-retour. Mais nous avons prévu de passer la nuit à Abou Simbel et avons réservé une chambre par Booking.com à l’hôtel Thuya pour ne rentrer que le lendemain. Comme nous avons la place du retour le jour même, il faut réserver deux excursions chacune ! Ce qui revient alors à 60$ par personne. C’est donc le double du prix prévu mais nous ne le regretterons pas.

3h15, Saïd et Hamed nous accompagnent dans la nuit au bateau de Badri. La nuit est claire avec les étoiles, on met la torche du téléphone mobile pour bien voir où l’on met les pieds. Traversée dans la nuit. Badri navigue très doucement entre les rochers de la 1ère Cataracte. Dès qu’on se trouve en face d’Assouan la ville brille comme un sapin de Noël. Les Egyptiens semblent très friands de guirlandes lumineuses. Les troncs des palmiers de l’Old Cataract sont enguirlandés et se reflètent dans l’eau. Plus loin, une longue bande verte souligne la Corniche, des néons violets et roses illuminent les lampadaires de l’éclairage urbain. La signalisation routière est aussi soulignée d’effets lumineux : le piéton des feux tricolores bouge ses jambes !

Le taxi fait un tour en ville pour collecter les autres excursionnistes. Assouan est une grande ville, 300.000 habitants ? 500.000 ? La démographie égyptienne est tellement galopante que je ne trouve pas de chiffre fiable sur Internet. En dehors de la Corniche touristique, et du souk, Assouan n’est pas particulièrement belle : grands immeubles de ciment mal entretenus. Comme nous avons eu raison de choisir l’Île Eléphantine !

Le taxi charge 6 asiatiques emmitouflés, japonais, coréens ou chinois ? On ne le saura pas. Pas un bonjour non plus. Le véhicule s’immobilise à proximité du check point, le chauffeur et son acolyte sortent fumer. Il fait un froid glacial. Des camions énormes viennent à notre rencontre. Le temps parait très long.

Le soleil se lève dans le désert

On passe la centrale électrique, des guirlandes illuminent le campus de l’Université d’Assouan puis le taxi s’enfonce dans la nuit. Je tombe dans un profond sommeil. Vers 6h, je me réveille dans un désert de sable jaune plat, pas de dunes, à peine quelques traces de pneus. De temps en temps quelques buttes coniques. A droite la ligne Haute tension. Un beau mur de pierres bien maçonné suit la ligne électrique. Rien pour tromper l’ennui du conducteur à part les bandes en relief qui signalent un changement de direction. 6h25, le soleil sort de l‘horizon et éclaire un paysage rocailleux. Il faut rapidement fermer les rideaux pour ne pas être ébloui. Nous passons une sorte de ville fantôme, ce n’est pas un mirage, mais de quoi peuvent donc vivre ses habitants.

Enormes engins d’irrigation, cultures expérimentales, une zone bien verte s’est installée à l’approche de villages. Champs de canne, blé, jardins de fèves, il a même une grande étable. L’idée de faire fleurir le désert me plait.

7h30 : arrivée sur le site d’Abou Simbel, les asiatiques descendent : rendez-vous 9h30. Deux heures pour acheter les tickets, visiter le site et manger un morceau. Le chauffeur nous conduit à l’hôtel Thuya où nous laissons les valises et nous ramène sur le site. Pour nous, toute la journée : un privilège !

Le temple vu de face

Un vieux monsieur – guide francophone – nous pilote et nous donne rendez-vous devant le « mur ».

Grand temple

Une allée fait une grande courbe autour d’une colline. Nous ne découvrons le pylône du grand temple par surprise. Les colosses sont beaucoup plus impressionnants que je ne l’imaginais. Cette première rencontre est un choc ! Quatre Ramsès assis et au milieu Horus qui porte le disque solaire. Aux pieds du pharaon, n’arrivant même pas aux genoux, des femmes, mères, filles ou épouses. Tout au-dessus sous la corniche les babouins sont alignés au pied d’une série de faucons. Cette première visite est polluée par la foule qui se presse. Je suis agacée par les selfies. Chacun pose, mime les gestes de Ramsès. Une horreur !

La salle et les colonnes osiriaques

10h30, le temple m’appartient à moi seule. 8 colosses en Osiris, bras croisés mais barbe bien droite – donc vivant – sont muets mais presque rêveurs avec leurs yeux maquillés. Dans la grande salle, le sujet principal est la bataille de Qadesh racontée sur les deux murs latéraux qui se font face : chars et chevaux sur un fond de hiéroglyphes. Sur le mur qui encadre la porte un gigantesque pharaon tient dans ses mains les têtes des prisonniers.

Au fond du naos, les quatre divinités me regardent. Silence. Moment rare.

dans le naos : quatre statues

Dans les chapelles latérales se répètent les scènes d’offrandes à Horus avec d’infimes variations. Tantôt deux flacons de parfums, puis un encensoir. Enfin la divinité a une tête de bélier : Amon ? Le dieu est assis, pharaon est à genoux, tan tôt brandissant son offrande, des pains…

Le temple de Néfertari

Temple de Nefertari

Le temple de Néfertari est plus petit. Il est dédié à la déesse Hathor. 6 colosses : 3 Ramsès, 3 Néfertari en tenue d’Hathor sont sur la façade. Dans la salle des piliers hathoriques. Le décor est plus fruste moins fourni que dans le grand temple. Il est aussi moins guerrier.

Le lac Nasser est agité de vagues, presque la tempête avec le vent très froid.

le Lac Nasser

Au Centre des Visiteurs : une vidéo raconte le Sauvetage des Temples. Cette opération sous l’égide de l’UNESCO m’impressionne : pharaonique ! 50 nations ont coopéré avec la France au 1er plan.

60 ans plus tard pourrait-on imaginer une telle opération pour sauver un site du Patrimoine de l’Humanité ? On a laissé détruire les bouddhas de Bamyan, la vieille ville d’Alep et même Venise est menacée sans qu’on n’envisage un sauvetage. En visionnant le film, des détails me reviennent comme le lion de Ramsès que je n’avais pas remarqué. Il faudra que je le cherche cette après-midi !

Un militaire nous appelle un taxi pour rentrer à l’hôtel. Il n’y a aucun taxi sur le site. Rien n’est prévu pour les voyageurs individuels. Il y a très peu d’hôtels aussi.

Le restaurant de l’hôtel Thuya

L’hôtel Thuya est le plus proche du site.  D’architecture nubienne, il a une façade colorée, des voûtes nubiennes. Notre chambre est une cellule voûtée de briques rouges aux murs peints de fresques avec le Nil et des felouques. Une grande salle de bain, la clim, télévision. Tout le confort ! Entre le restaurant et les chambres, le petit jardin est bordé de haies de basilic géant d’au moins un mètre de haut.

Tout d’abord : une douche ! Même avec le voile acheté à ‘île Kitchener, mes cheveux ont pris la poussière du désert ils ont une couleur jaune, secs comme de la paille !

Dans la grande salle du restaurant est sous des arcades peintes de rouge et de blanc. Nous commandons le plat- tagine pour moi, poisson pour Dominique et le repas complet est servi : soupe de poisson, salades et tehina, riz et légumes et même un dessert : bananes et pomme découpée à la mandoline en fines tranches.

Une promenade fleurie longe le lac et conduit au site où il n’y a plus personne à l’exception d’un groupe de motards casqués et vêtus de cuir qui fait une courte incursion dans le Grand Temple et ne trouble pas longtemps ma quiétude. Je peux détailler la bataille de Qadesh et trouver le lion.

Nous avons tellement bien déjeuner que des yaourts suffiraient pour dîner. Mais pour les trouver j’ai parcouru au moins 4 kilomètres. Abou Simbel touristique est déserte. Il n’y a ni café ni restaurants encore moins des magasins d’alimentation. Juste des banques et un salon de massage avec une spécialité étonnante en plein désert : massage du visage aux escargots.

A la réception, les garçons sont très sympathiques. Tous diplômés d’université ils se plaignent du manque de perspectives pour les jeunes. Seul le tourisme offre des emplois.

 

 

Assouan : promenade en ville et Musée Nubien

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Nubien ou égyptiens?

Aswan nubian house ne prend pas la Carte Bleue. Je pars sur la rive d’en face, en ville trouver un distributeur. Je fais l’expérience du ferry « baladi » populaire : 5 Guinées, quelques minutes. Je trouve une place du côté des femmes, ici on ne se mélange pas.

Le Musée Nubien est construit au-dessus de l’Old Cataract. Ce beau bâtiment de pierre fut dessiné par l’architecte égyptien Mahmoud El Hakim, crée avec l’aide de l’UNESCO dans le cadre du sauvetage des Monuments de Nubie.

Je me souviens bien de la section ethnographique avec les maisons avec de jolies façades -taille réelle -habitées par des mannequins, taille humaine. Les maisons nubiennes étaient des constructions en adobe avec de nombreuses pièces s’ouvrant sur une cour ouverte. Les façades étaient très ornées avec des motifs géométriques ; Le sol était en terre battue.  On a aussi présenté du  matériel d’irrigation : chadouf et saqiya, une école…pour garder le souvenir de toute une région, une culture noyée lors de la mise en eau du Haut barrage. J’avais rencontré des familles nubiennes avec leurs enfants venus retrouver leurs racines.

village nubien reconstitué section ethnographique du musée d’Assouan

Aujourd’hui, je passe plus de temps dans la section historique.

La Préhistoire est bien documentée, souvenirs des chasseurs des jungles du Nil quand abondaient girafes et hippopotames, gazelles et éléphants qu’on voit sur des pétroglyphes gravés dans du grès.

Au Néolithique (Nagada : 4500-4000 av. JC) en plus des silex soigneusement travaillés, des masses circulaires ont été façonnées dans des roches diverses, albâtre ou granite. Je découvre aussi des palettes de schiste pour moudre la galène pour le khôl et la malachite.

De magnifiques poteries fines, lisses brillantes et noires vernissées voisinent avec d’autres gravées. L’élevage et l’agriculture furent introduits par les Nubiens autour de 4000av JC.

Âge des Pyramides :

Je mélange un peu tout, l’histoire de la Nubie et de l’Egypte s’entremêlent. Entre la  1ère Cataracte  (Assouan) et la 2ème les miens d’or et les carrières étaient importants pour les Pharaons égyptiens. Elles étaient parfois annexées à l’Egypte, comme Abou Simbel par Ramsès II. Des royaumes distincts ont coexisté : Kush et Méroé avaient à leur tête des souverains remarquables. Sénousert III construisit une ligne de fort jusqu’à la 3ème Cataracte pour défendre son royaume. Thoutmosis et les Pharaons de la 18ème Dynastie mirent fin au royaume de Koush.

Au 7ème siècle av. JC le Royaume de Méroé est représenté par une série de statues au style bien différencié de celles de l’Égypte même si les thèmes sont analogues.

La maquette de Philae illustre la fin du paganisme : les dernières inscriptions hiéroglyphiques sont datées à Philae 394 après JC alors qu’à Alexandrie, trois ans auparavant le temple de Sérapis avait été détruit par l’évêque Théophile.

Une salle entière est consacrée à la Nubie Chrétienne : un mur porte les fresques de l’église Abdella 10ème siècle, on voit aussi des maquettes d’églises coptes et des échantillons de tissus coptes

La salle de la Nubie islamique raconte l’histoire de la conversion à l’Islam par étapes :

Les premiers contacts (641 -658) ne furent pas décisifs. Un contentieux s’établit à propos des esclaves : ceux qui se convertissaient à l’Islam devenaient des Musulmans libres.

Au 10ème 11ème siècle un émirat fatimide puissant s’établit à Assouan.

Ce n’est qu’avec la conquête ottomane vers 1520 (Soliman le magnifique) que la Nubie devint ottomane alors que l’Egypte l’avait été au 10ème siècle et en 1250 avec les Mamelouks ;

Une section importante est dédiée aux barrages et à l’irrigation :

Les premiers projets remontent au 19ème siècle au règne de Mohamed Ali (1833) ? On divisa l’Egypte en cinq cercles d’irrigation.

Le vieux barrage (1898-1912) est l’œuvre d’un ingénieur britannique Sir William Willicocks. Il faut construit en granite d’Assouan. A l’ouest du vieux barrage fut creusé un canal navigable ?

Le Haut Barrage (1960-1971) 7 km en amont a noyé la Nubie sous le Lac Nasser.

Après la visite au Musée, je rentre par le ferry directement pour profiter du coucher de soleil sur la terrasse. Mais comme le réveil va sonner à 3 herues du matin nous nous couchons tôt vers 20h30.

 

 

Assouan : promenade au fil de l’eau avec Badri

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Les rochers de la 1ère cataracte

Il me plait d’écrire « promenade en felouque » mais c’est en bateau à moteur que Badri nous fera faire le tour de l’Île Kitchener, et nous emmènera jusqu’à l’ancien barrage voir els villages nubiens.

Rendez-vous à 8h30 au pied de l’Aswan Nubian House .

Huppe

Deux huppes de posent sur les gros rochers, bon augure pour une promenade à tendance ornithologique !

les palmiers de l’Île Kitchener

Le matin, le Nil se teinte d’or, puis les dunes de la rive occidentale se reflètent dans le miroir d’eau. Nous accostons aux gradins de l’Île Kitchener attendues par les vendeurs de souvenirs. Je trouve l’écharpe blanche légère que je cherche depuis longtemps depuis que mon voile turc s’est déchiré. Bougainvillées fuchsia et orange, fleurissent le débarcadère tandis que les hauts fûts des palmiers forment une haie de colonnes blanches : palmiers royaux de Cuba ou d’autres aux troncs hérissés. Dans les carrés des essences venues du monde entier. Certains arbres sont gigantesques. C’est un endroit calme, apaisant. Sur al rive opposée les Tombes des Nobles se reflètent dans l’eau. On pourrait les visiter mais ce n’est pas prévu ce matin.

les tombes de nobles et les reflets

La suite de la mini-croisière est propose des observations ornithologiques. Le capitaine Badri, un nubien plus très jeune mais polyglotte a appris avec les touristes les noms des oiseaux.

Héron

Il sait où se tiennent les hérons, les aigrettes, les cormorans et même le balbuzard pêcheur (Osprey)Il ralentit l’allure et même coupe le moteur pour approcher les oiseaux et les prendre en photo. Les canards sont nombreux : canards pilet et même une Ouette d’Egypte qui est pour moi un e nouveauté. Je me demandais bien qui était cet anatidé de grosse taille, presque aussi grosse qu’une oie perchée sur son rocher. Avec le smartphone on a une aide à l’identification !

ouette d’Egypte

Très jolis hérons juvéniles et martin-pêcheurs. D’après Badri, les ibis ont disparu ou sont devenus très rares. Nous sommes chanceuses d’en voir un avec son bec caractéristique et son plumage gris foncé presque noir (falcinelle ou ibis noir ?).

Le bateau se faufile entre les rochers ronds de la première cataracte. On s’amuse à repérer les tourbillons, des rapides qui autrefois devaient être impressionnants et maintenant sont bien tranquilles surtout quand le niveau du Nil est aussi bas par rapport aux traces sur les blocs.

Sur les berges quelques bufflones sont attachées.

Villages nubiens

On construit ici beaucoup : des « hôtels nubiens » avec dômes et voûtes nubiennes, façades blanches bariolées de motifs colorés. Badri se désole. Dans 5 ans, cela en sera fini de la tranquillité et de la paix sur son bateau.

Une plage est aménagée. Des touristes viennent s’y baigner mais pas aujourd’hui, elle est vide. Les pédalos attendent retournés sur le sable ? Les chameliers attendent avec leurs animaux. Nous faisons une escale au village Akato au pied de l’Hôtel Kato Dool très coloré avec une fresque originale. Je monte et découvre un très joli marché. Des épices sont disposées dans de beaux paniers, il y a aussi des masques africains et des tissus multicolores. Les chameaux rappellent les caravanes d’autrefois.

La promenade se termine au pied du Nilomètre.

Assouan : Une journée dans l’île Elephantine

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De la terrasse, Dominique attend le passage des felouques entre les palmiers

Arrivée à Aswan Nubian House

Nous avons réservé sur Internet par Booking.com une chambre dans un petit établissement dans l’Île Elephantine. Dès la réservation le manager a été très réactif, nous souhaitant le meilleur accueil chez lui et se proposant de nous organiser des excursions à Assouan et à Abou Simbel. Bien sûr, il se charge du transfert de la gare à l’hôtel. Un taxi nous attendra.

A Assouan, nous ne sommes pas embarrassées par les valises. Un porteur se précipite, puis deux hommes le déchargent. Ils sont envoyés par l’Hôtel. L’un d’eux charge une valise sur l’épaule, l’autre à la main, et coince le sac à dos. Le taxi nous conduit au débarcadère du ferry. Le Nil coule  de grandes volées de marches en dessous.

Arrivée sur le bateau à moteur de Badri

Un jeune homme comprend que nous n’arriverons jamais à pied avec tous ces paquets au Nubian Aswan House qui se trouve de l’autre côté de l’Île Eléphantine. Il emprunte mon téléphone pour trouver le numéro et appelle. On nous envoie un petit bateau à moteur !

Le bateau à moteur se faufile entre les rocher de granite arrondis (arrière-train des éléphants ?). L’hôtel Old Cataract domine le défilé. Des hérons sont perchés sur les rochers. Sur l’autre rive du Nil le mausolée de l’Agha Khan est posé sur une éminence sableuse. Dans le creux, les chameliers attendent les touristes pour les conduire au Monastère Saint Siméon. J’avis bien aimé cette promenade même si cela s’était terminé avec la police touristique parce que le chamelier malhonnête prétendait faire payer le double du prix convenu. Je n’ai pas l’intention de renouveler toutes les visites faites en 2002 dont le souvenir ne s’est pas effacé mais plutôt de profiter tranquillement du charme de l’Ile Eléphantine.

La terrasse sur le Nil

Nous débarquons au pied de la Nubian Aswan House : maison blanche décorée de fresques colorées. Une porte métallique s’ouvre sur un patio blanc où s’ouvre la chambre qui nous est destinée. Je monte sur la terrasse d’où l’on voit le fleuve et réclame la chambre qui donne sur cette vue merveilleuse.

A peine sommes nous installées, que je pars acheter de l’eau au village près du débarcadère. Le village est beaucoup plus grand que je ne l’imaginais, c’est un véritable labyrinthe : pas une seule rue droite : des ruelles, des couloirs tortueux, des culs de sac. Je longe des maisons jaunes, passe sous une arche jaune qui me servira de repère (pensai-je, je ne la retrouverai jamais). Pas de supermarché, une petite épicerie où j’achète de l’eau, des chips et des yaourts. Pour les fruits et autres produits frais, il faut aller en face à Assouan. Je retrouve mon chemin à grand peine. Ce qui est sûr c’est que je ne profiterai pas des nocturnes jusqu’à 21h au Musée Nubien. Dans le noir je n’arriverai jamais à atteindre notre gîte.

Promenade tranquille dans les jardins irrigués

Exploration des environs. Le long de la berge, je suis un petit canal d’irrigation pour les jardins : paradisiaque ! Je filme pour capter le bruissement de l’eau qui surgit dans un bac carré où aboutissent deux rigoles perpendiculaires. Les enfants sortent de l’école, proprets, gentils pas trop insistants. Un jeune batelier, mince, vêtu d’une galabieh beige, les yeux soulignés de khôl, d’une élégance séduisante, me propose son bateau. Je n’ai pas envie de felouque je l’accompagne pour voir où elle est amarrée. « Vous avez un whatsapp ? « Les gens ici sont très gentils, ils  tentent de faire affaire, sans agressivité. Les femmes qui épluchent des bamias dans une cuvette sur le pas de leur porte sont souriantes, ravies d’échanger deux mots, un signe d’amitié.

les maisons peintes du village

Le ciment ronge de plus en plus les jardins. Les murets de terre sèche s’effondrent, de vilaines maisons de briques rouge s’agrandissent. L’intérieur de l’île ressemble à un chantier permanent sans machine ni bétonneuse mais avec des tas de briques, des sacs de ciment qui attendent de compléter les maisons inachevées prévoyant des étages supplémentaires qui remplacent les terrasses. Quelques fois on a fait des efforts de peinture ; street-art traditionnel nubien et campagnard, grandes fresques colorées parfois enfantines. Booking.com et Airbnb facilitent le tourisme Roots. Des maisons d’hôtes souvent avec vue sur le Nil, comme notre Nubian Aswan  House, sont peintes de couleurs gaies avec le logo Facebook ou les lettres Booking.com peintes au vu de tous. Nous nous sommes laissée charmer par la terrasse sur le Nil, le calme, l’originalité. Si on n’est pas trop exigeant sur le confort et la propreté, c’est original et parfait !

J’essaie de faire le tour de l’île en suivant la berge, au Nord, l’Hôtel Mövenpick  m’interdit le passage.

Le site archéologique

Des enfants plus âgés et plus entreprenants que les petits m’escortent jusqu’au débarcadère d’où je rejoins au sud la zone archéologique plus ou moins enclose. La porte est ouverte. Je me promène avec les moutons et les chèvres entre les rochers de granite ronds et les tessons de céramique antique. La vue sur la première cataracte est pittoresque. Archéologie : une belle porte, des édifices cubiques, hiéroglyphes et bas-reliefs sans aucune explication si ce n’est un repérage chiffré (chiffres en arabe) ?

Pour entrer officiellement, avec un ticket, il faut revenir sur mes pas. Peu de visiteurs. Au guichet, le vendeur des tickets me propose un thé. Le musée est décevant avec ses vitrines poussiéreuses contenant peu d’objets spectaculaires à part un babouin que je photographie sans conviction jusqu’on me demande de ranger mon appareil-photo. Une exposition plus moderne vante la tradition d’écriture et d’éducation de l’Islam. Aucun rapport avec le site archéologique, cela ressemble plutôt à de la propagande.

le site archéologique de l’ïle Eléphantine

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Autour d’un joli pavillon un jardin fleuri, et plus loin le site est étendu mais tous les temples sont bouclés. J’ai la chance de rencontrer 3 touristes mexicains avec leur guide anglophone portant voile et T-shirt rigolo « bad ideas make good stories ». Je me glisse à leur suite à l’intérieur d’un petit temple que le gardien ouvre. Bien conservé un bas-relief avec les cornes de bélier de  Khnoum, divinité d’Assouan, Maître de la Cataracte censé gouverner la crue du Nil. De nombreux pharaon ont honoré Khnoum pour s’assurer de la fertilité de l’Egypte : Mentouhotep, Sesostris I Toutmosis III ont laissé leur souvenir à Assouan. Un temple a été élevé à Satetpersonnification de la crue du Nil . Erigé dans les premiers temps pharaoniques, il a été en fonction jusqu’à l’époque Ptolémaïque. Occasion d’une véritable leçon d’histoire antique. Fatima, la guide, est passionnante. Son groupe a l’air beaucoup plus averti que moi, elle leur lit les cartouches et fait déchiffrer les hiéroglyphes. Je suis épatée. Avec une grande gentillesse, elle me donne la permission de suivre la visite (après avoir consulté ses clients). Même Cléopâtre a laissé un souvenir ; Je souris à la prononciation égyptienne Kliobatra qui est nouvelle pour moi. Nous montons enfin sur une sorte de mirador pour avoir une vue d’ensemble et la visite se termine au Nilomètre : le niveau du Nil est au plus bas. Même depuis la construction du haut barrage, le monte en été.

Nilomètre

Nous profitons d’un coucher de soleil merveilleux de la terrasse de notre Aswan Nubian House.

le soir sur la terrasse

 Hamed, le manager, est venu nous voir. Comme nous trouvions que la chambre était sombre, il a fait l’emplette de fil et de douille pour nous installer une lampe supplémentaire.  Il organise pour nous la  matinée de demain en bateau,  et l’excursion à Abou Simbel  et prend la commande du dîner : poulet grillé et riz.

 

 

 

 

 

 

Train de nuit Le Caire/Assouan – arrivée à Assouan

CARNET EGYPTIEN 2019

Choisir le train

On peut rejoindre Assouan en avion, Abou Simbel aussi. Nous avons fait le choix du train : pour le prix,  par conviction écologique, enfin parce que j’aime beaucoup le train qui donne au voyage un goût d’aventure. Le train de nuit est particulièrement confortable et facile à réserver sur Internet. Le trajet du retour Louxor-Guizeh en train de jour, qu’on doit acheter à la gare, est très bon marché (195 LE =10€),la 1ère classe est beaucoup plus confortable que la SNCF, c’est juste un peu long.

Train de nuit

J’ai réservé les  couchettes dans le train 86 Le Caire-Assouan sur Watania, payé de Créteil 80$ (x2) et imprimé mon ticket : départ 19h50 de la Gare Ramsès, arrivée 9h50. J’ai même choisi un menu « poisson », nous avons la cabine 1 dans le wagon1 . A l’hôtel, on nous a recommandé d’arriver une heure à l’avance. Craignant les embouteillages (avec raison) nous montons à 17h30 dans le taxi que le réceptionniste a arrêté pour nous et fixé le tarif à 50 Guinées.

A vol d’oiseau, la gare est très proche. Le trajet est compliqué par des ponts autoroutiers ; On devine le passage des trains dans l’embouteillage. Le chauffeur de taxi propose de nous laisser de l’autre côté de la route. Avec les valises et les sacs, il n’en est pas question ! Il faut alors parcourir un détour infini dans un flot incroyable de voitures qui ont fait 6 files là où normalement il devrait en avoir 4.Les autos se frôlent. Dans la montée sur l’autopont le taxi émet des bruits de frottements inquiétants. A-t-il crevé ?

la Gare Ramsès

Enfin, la Gare Ramsès apparaît : bâtiment magnifique dans un environnement très dégradé. La salle des pas perdus très vaste a un plafond doré, elle est très vaste. Comment s’y retrouver ? « Les tableaux lumineux sont en arabe, lettres et chiffres ! Je montre à un passant mon billet « platform 8 » comment le 8 s’écrit-il en arabe ? J’avais appris, j’ai oublié. Le quai 8 ne se trouve pas dans le hall luxueux mais à côté, à l’extérieur sur un quai classique d’où partent les trains à destination de Louxor et Assouan ainsi qu’Alexandrie. Les étrangers sont susceptibles de les emprunter, l’affichage lumineux alterne les lettres et chiffres en Arabe et en Anglais. Notre train 86 part bien du quai 8 à l’heure dite. Une famille bangladaise – voiles chics, anglais impeccable, sacs à dos de marque –occupe trois compartiments voisins du nôtre.

18h50, un train-couchette arrive. Nous sommes refoulées, c’est le train 84, le nôtre suit.

A l’heure dite, notre train s’ébranle, notre petite cabine est prête : les lits sont faits avec des draps, il y a une petite salle de bain avec un lavabo rond, des tablettes pour dîner. Le dîner est excellent, poisson frit avec un demi-citron ; riz, carottes navets. 22h le roulis du train me berce. On ne se réveille qu’au lever du jour un peu avant Louxor vers 6heures. Nous regardons défiler le paysage. Des palmiers ! Comment ai-je pu oublier ? Au pied des palmiers des petits jardins très soignés, carrés avec des levées de terre , ou de longues parcelles de canne à sucre ou de luzerne. Parfois des manguiers. Les paysans enturbannés rn galabiehs brunes, bleues ou grises vont au champ, la houe ou la faucille à la main. Les aigrettes et hérons dorment en groupe en haut des arbres ou se promènent (toujours nombreux) à l’arrière du champ qui vient d’être labouré. Plus tard, je remarque els tamaris et toujours les bougainvillées fleuries !Le Nil reflète les palmiers. Sur la route les camions circulent.

L’arrivée était prévue à 8h50. Le train s’immobilise dans une petite gare. Je sors les valises. Le contrôleur annonce : encore 1h15 ! Nous passons Koum Ombo.

 

promenade dans le Caire médiéval autour d’El Azhar

CARNET ÉGYPTIEN 2019

Al Azhar au petit matin

8h20, je marchande un taxi pour khan Khalili. « Ce n’est pas l’heure pour khan Khalili ! » me fait remarquer le chauffeur qui me laisse devant El-Azhar. J’ai adopté une tenue neutre, jeans, manches longues, bandana.

8h30, le Caire médiéval est désert. C’est l’heure des balayeurs, l’heure des chiens errants faméliques, des chats qui farfouillent dans les poubelles. Quand on m’invite à entrer dans une mosquée je montre l’appareil-photo et la lumière du matin. Je mitraille minarets et stalactites. Les photos ne sont qu’un prétexte. Je fais donc une promenade tranquille, solitaire et très agréable.

pain frais

Les boulangers cuisent leur pain qui sort tout gonflé et odorant et qui est livré à vélo dans des cagettes ou des plateaux de bois de palmier en équilibre sur une sorte d’échelle ? Peu de charge mais la course requiert beaucoup d’équilibre. Heureusement les rues sont désertes.

Après l’heure du pain, vient celle des écoliers et des écolières, ces dernières en cheveux sont sans doute beaucoup plus jeunes qu’il n’y parait.

ruines et splendeurs passées

Je passe devant un Sabil Koutab, on m’invite à entrer dans la grande mosquée El Mouayed située contre la porte Bab-Zoueila porte encadrée de deux tours en plus des minarets de la mosquée attenante. Bab Zoueila figure sur mon plan et me servira de repère dans les rues que je parcours en étoile.

Le Darb-al Ahmar est tranquille, des panneaux indiquent le Parc Al-Azhar. En suivant cette piste j’arrive sur une petite place devant une petite mosquée où chats et chiens sont confortablement installés sur un trampoline et des balançoires pour enfants. Lez rues sont jonchées d’herbe ou plutôt de luzerne destinée aux chevaux et ânes du quartier. La circulation automobile est quasi inexistante dans ces rues étroites à l’exception des touktouks. Le Parc El-Azhar est à flanc de colline, il est vaste, comme il n’y a personne, je n’ose pas m’y aventurer.

Bab Zoueila

Retour à  Bab Zoueila,  je m’engage dans la rue Al Muggarabiin qui commence par une allée couverte bordée de marchands de textiles avec patchwork, tissus de tentes bigarrés, tapis…Les boutiques commencent à ouvrir. Plus loin se trouve un très beau marché de fruits et légumes. En décembre tous les légumes sont de saison en Egypte ! Aussi bien les haricots verts,  les petits pois, aubergines, les choux, choux-fleurs, tomates. Même variété pour les fruits : on trouve des fraises, des goyaves qui ressemblent à des poires, de grosses oranges, de minuscules citrons verts ; des paniers d’olives, des grenades rebondies, de régimes de bananes. Des pattes de vaches sont suspendues. Les poissons sont étalés sur des lits de luzerne (peut être la même luzerne offerte aux animaux ? Couleurs, parfums, effluves diverses. Je me rassasie de couleurs, d’odeurs. Certains étals sont particulièrement soignés. Le panier de haricot vert est couronné d’un cercle de tubercules roses, igname ou manioc ou topinambours géants ?

Retour à Bab Zoueila, la rue est bordée de menuisiers qui fabriquent des piquets de tentes, des chaises et de beaux plateaux marquetés. Succèdent alors les ferblantiers et ferronniers qui forgent des barbecues, des cages à oiseaux, tuyaux pour cheminées et toutes sortes d’articles qui se vendent en plastique chez Leroy-Merlin. L’e bout de la rue est occupé par l’armée : deux tanks en peinture de camouflage, des blocs en ciment et des stands métalliques protègent des soldats positionnés au carrefour. De l’autre côté d’une rue infranchissable se trouve une sorte de palais. J’interroge les soldats : le Palais est le Musée Islamique que je visiterais volontiers si quelqu’un était capable de m’expliquer comment on traverse la rue ! Tant pis pour cette visite !

Khan Khalili

Retour à El-Azhar à 11heures, les boutiques du Khan Khalili ont sorti leur marchandise : pacotille pour touriste, pyramides en plastique, bustes de Ramsès ou de Toutankhamon, sphinx en laiton, T-shirts et écharpes, robes islamiques….Un cafetier me hèle. Ici je pourrais m’asseoir, les touristes sont les bienvenus et il y a des femmes seules. Je préfère faire du lèche-vitrine du côté des bijouteries dont la marchandise la plus belle côtoie la pacotille. Je passe devant le café de Naghib Mahfouz qui est devenu une attraction touristique en même temps qu’un lieu de pèlerinage.

Je n’ai pas de temps à perdre, nous devons rendre la chambre à midi. Le « chef » nous a cuisiné du poulet bien relevé avec du riz mélangé avec des vermicelles fins et bruns. Nous déjeunons au soleil sur la terrasse avec vue sur le Musée et le Nil. Le vent très frais nous en chasse. Si le thermomètre affiche 20°C le « ressenti » est hivernal.

Il y en a pour tous les goûts!13

De l’autre côté de la rue, à l’angle avec la place, une belle pâtisserie « La Poire » nous offre l’occasion de nous réchauffer. La clientèle est en majorité féminine, jeune et friquée. Le pourcentage des « dévoilées » est supérieur à la moyenne de la rue, les voiles sont sophistiqués, clairs, fleuris et chics. Sur les murs vert pâle oiseaux et fleurs s’épanouissent en gracieuses arabesques. Les serveurs sont stylés. Nous commandons un jus de mangue, un délicieux mille-feuilles à la confiture d’abricots. Le « caramel-chou » est très très sucré. La musique d’ambiance internationale qui fait oublier klaxons et pétarades de la place.

Le Caire : promenade le long de la Corniche

CARNET EGYPTIEN 2019

Promenade sur la Corniche du Nil

Promenade au bord du Nil

Aujourd’hui, vendredi, est un mauvais jour pour visiter le Caire médiéval. Les mosquées seront fermées aux mécréants. J’imagine une promenade que je n’ai jamais faite : longer la Corniche du Nil puis passer dans l’ïle de Zamalek.

C’est à pied que j’aime ressentir une ville. En voiture ou en taxi, on se déplace d’un point A à un point B. A pied je croise les passants, je sens les odeurs.

Le Caire moderne n’est pas clément avec les piétons. La circulation automobile est canalisée dans de larges artères infranchissables ? Pour couper l’envie qui pourrait venir aux passants imprudents de traverser,  on a dressé des barrières métalliques et réduit à rien les trottoirs. Il existe bien des passages souterrains pour faciliter la traversée mais inexplicablement, des grilles les ferment.

La Place Tahrir a été modernisée avec un parking souterrain.  Des palmiers ont été récemment plantés,  un revêtement coloré tout neuf font oublier qu’une Révolution s’est déroulée là. La force militaire qui protège musée et administration est impressionnante. Rien à voir avec les patrouilles de Vigipirate chez nous : il y a de véritables protections métalliques, des armes lourdes parfois même des tanks. Je pensais arriver au fleuve en passant le long du Musée et du grand hôtel Hilton, mais voici que l’armée m’interdit le passage me contraignant à contourner la place pour aboutir à une rue très passante qui mène au pont. Impossible d’atteindre le pont, plus bas arrive une route infranchissable (le passage souterrain est fermé. Il faut m’armer de témérité et de patience, attendre que d’autre piétons tentent la traversée et me joindre à eux.

La Corniche est une promenade fréquentée par les Cairotes en famille avec enfants et poussettes, ou par des couples qui flirtent chastement ou des bandes de jeunes gens, filles en petits groupes, garçons à part. Des femmes offrent aux couples des roses emballées dans de la cellophane. Ces vendeuses ont des allures gitanes. Nombreux sont ceux qui en achètent. Plus bas, sur le quai, il y a des chaises en plastique. Sur le parapet on vend des lupins coiffés d’une moitié de citron vert ou une boisson trouble qui est peut-être du thé (je n’essaie surtout pas) dans des marmites argentées il y a du foul.

Je me promène tête nue et en t-shirt bras nus, consciente que ce n’est pas une tenue correcte ! Mes cheveux blancs témoignant de mon âge sont une sorte de protection mais je préfère tracer d’un bon pas pour décourager les importuns qui proposent calèches et taxis. Dépassant le Musée Egyptien, je passe sous un véritable nœud routier, échangeur urbain vers la Gare Ramsès et l’Ezbekiyeh. Impossible d’imaginer y aller en promenade ! Je continue vers Boulaq :  la Corniche qui devient de plus en plus déserte avec des chiens faméliques. Des bateaux- restaurants sont à quai mais paraissent fermés. C’est sur la rive d’en face sur Zamalek que sont amarrés les beaux restaurants. La rive du Nil, sur l’île est construite d’immeubles Art Déco ou Bauhaus sur un quai tranquille avec une vue sur le fleuve. Je remarque l’Ambassade de Tunisie fraîchement repeinte de blanc et de bleu. Etablissements luxueux avec casino, boutiques et restaurants variés et chics. Sur la carte la promenade devait passer par un vert jardin andalou ou Jardin Maspéro. Hélas, la grille est fermée, il semble en travaux. Je fais un détour dans un quartier verdoyant autour de la Tour du Caire. Je loupe le Musée d’Art Moderne qui était un des buts de la promenade et décide de rentrer par le pont gardé par des lions. Un homme tente de me dissuader « Il ne faut pas aller par là, c’est vendredi et il y  des officiels » ceci explique peut-être le déploiement militaire ?

Faire le Tour de la Place Tahrir est aussi laborieux qu’à l’aller. J’aurais bien fait un tour dans Garden City. Impossible de traverser la rue ! Par le Metro il y a sans doute un passage mais tout est écrit en arabe…

Je suis affamée, j’achète au kiosque de l’autre côte d’El Bustan un Schweppes et des  gaufrettes qui feront un goûter léger.