Mince ouvrage (171 p) qui commence légèrement comme la vingtaine de grammes de ce petit oiseau et qui raconte la traque de ce passereau improbable en Europe occidentale, originaire du Kurdistan rappelant l’actualité quand les images du siège de Kobané occupait les journaux télévisés.
Le narrateur, un ornithologue amateur, intrigué commence sa recherche en Angleterre dans la collection ornithologique du British Museum et y croise les souvenirs d’un étrange personnage Meinerzhagen qui deviendra, plus que l’oiseau, le sujet principal du roman.
Quel homme n’a pas rêvé de parcourir le monde en compagnie de sa petite cousine, collectionnant les oiseaux (et de ceux-ci les poux)traquant ça et là des agents bolcheviques?
Meinerzhagen, savant et espion, tricheur mais ornithologue réputé fait partie de toute cette compagnie de britanniques, entre Egypte et Route des Indes, qui ont intrigué dans les sérails et les congrès autour de la Première Guerre mondiale. Archéologie et ornithologie étaient des couvertures parfaites pour les Services Secrets. On y croise T E Lawrence, Philby espions de père en fils, les plus connus, mais aussi Thesigerque je ne connaissais pas. Les 100 premières pages du Traquet kurde font penser aux romans anglais, entre Somerset Maugham et Durrell avec ironie, légèreté et humour british. Je me suis régalée de leurs aventures dans un Proche Orient qu’on explorait avec la bénédiction des souverains, ou clandestinement, selon….et dont les mission menaient les savants jusqu’en Espagne pendant la Guerre civile, puis en Allemagne.
Abandonnant ces espions-ornithologues qui ont offert les dépouilles des oiseaux au British Museum, le narrateur arrive en Irak et cherche son oiseaux au Kurdistan irakien puis en Turquie. La légèreté n’est plus de mise quand il raconte les dévastations de la guerre, les populations sur les routes de l’exil. Randonnée hasardeuse dans les montagnes kurdes : l’oiseau a une préférence pour les altitudes élevées. La piste est abandonnée, peut-être minée mais rien ne décourage l’ornithologue, il note les espèces rencontrées et poursuit sa quête du Traquet. En route, il rencontre aussi des hommes dont un évêque syro-orthodoxe dans un monastère suspendu au- dessus de la plaine dominant Mossoul. Avec ses jumelles, on pourrait le prendre pour un espion….
Curieux contraste entre les deux parties du livre, et pourtant une parfaite cohérence, une lecture agréable. Un livre qui fait voyager.
Il me plait d’écrire « promenade en felouque » mais c’est en bateau à moteur que Badri nous fera faire le tour de l’Île Kitchener, et nous emmènera jusqu’à l’ancien barrage voir els villages nubiens.
Rendez-vous à 8h30 au pied de l’Aswan Nubian House .
Huppe
Deux huppes de posent sur les gros rochers, bon augure pour une promenade à tendance ornithologique !
les palmiers de l’Île Kitchener
Le matin, le Nil se teinte d’or, puis les dunes de la rive occidentale se reflètent dans le miroir d’eau. Nous accostons aux gradins de l’Île Kitchener attendues par les vendeurs de souvenirs. Je trouve l’écharpe blanche légère que je cherche depuis longtemps depuis que mon voile turc s’est déchiré. Bougainvillées fuchsia et orange, fleurissent le débarcadère tandis que les hauts fûts des palmiers forment une haie de colonnes blanches : palmiers royaux de Cuba ou d’autres aux troncs hérissés. Dans les carrés des essences venues du monde entier. Certains arbres sont gigantesques. C’est un endroit calme, apaisant. Sur al rive opposée les Tombes des Nobles se reflètent dans l’eau. On pourrait les visiter mais ce n’est pas prévu ce matin.
les tombes de nobles et les reflets
La suite de la mini-croisière est propose des observations ornithologiques. Le capitaine Badri, un nubien plus très jeune mais polyglotte a appris avec les touristes les noms des oiseaux.
Héron
Il sait où se tiennent les hérons, les aigrettes, les cormorans et même le balbuzard pêcheur (Osprey)Il ralentit l’allure et même coupe le moteur pour approcher les oiseaux et les prendre en photo. Les canards sont nombreux : canards pilet et même une Ouette d’Egypte qui est pour moi un e nouveauté. Je me demandais bien qui était cet anatidé de grosse taille, presque aussi grosse qu’une oie perchée sur son rocher. Avec le smartphone on a une aide à l’identification !
ouette d’Egypte
Très jolis hérons juvéniles et martin-pêcheurs. D’après Badri, les ibis ont disparu ou sont devenus très rares. Nous sommes chanceuses d’en voir un avec son bec caractéristique et son plumage gris foncé presque noir (falcinelle ou ibis noir ?).
Le bateau se faufile entre les rochers ronds de la première cataracte. On s’amuse à repérer les tourbillons, des rapides qui autrefois devaient être impressionnants et maintenant sont bien tranquilles surtout quand le niveau du Nil est aussi bas par rapport aux traces sur les blocs.
Sur les berges quelques bufflones sont attachées.
Villages nubiens
On construit ici beaucoup : des « hôtels nubiens » avec dômes et voûtes nubiennes, façades blanches bariolées de motifs colorés. Badri se désole. Dans 5 ans, cela en sera fini de la tranquillité et de la paix sur son bateau.
Une plage est aménagée. Des touristes viennent s’y baigner mais pas aujourd’hui, elle est vide. Les pédalos attendent retournés sur le sable ? Les chameliers attendent avec leurs animaux. Nous faisons une escale au village Akato au pied de l’Hôtel Kato Dool très coloré avec une fresque originale. Je monte et découvre un très joli marché. Des épices sont disposées dans de beaux paniers, il y a aussi des masques africains et des tissus multicolores. Les chameaux rappellent les caravanes d’autrefois.
Départ sous une lourde pluie. Nous découvrons, de jour, la route que nous avions parcourue de nuit. De Puerto Viejo à Cahuita les installations touristiques sont assez nombreuses, mais discrètes. Ensuite, le paysage est plus sauvage et plus agricole. On a suspendu des bouteilles par des ficelles à de petits étals sur le bord de la route. Cette huile de coco est-elle culinaire ou un produit de beauté ? Comme notre route est longue (5 heures) nous n’avons pas le loisir de nous renseigner.
pluie sur la mer Caraibe
La route enjambe plusieurs rivières Rio Bananito, Rio Banano aux eaux brunes chargées de boue avec la pluie tombée depuis trois jours. La mer n’est pas grise, elle est marron. La route prend la tangente à Limon, nous n’apercevons que des garages, magasins, concessionnaires voitures comme à l’entrée de n’importe quelle ville de par le monde. Puis les empilements de containers en quantité tout à fait extraordinaires. Chacun des containers possède un dispositif de climatisation sans doute destiné aux bananes, ananas, mangues….Une université se trouve à la sortie de Limon : campus luxueux.
La route « construite par les Chinois » a avancé. Les embouteillages ne sont pas aussi monstrueux que samedi. Nous connaissons par cœur le tronçon Siquirres-Guapiles. . Prises dans la circulation, nous ne voyons pas l’embranchement vers la route N°4. Nous grimpons dans la montagne. Le relief est si accidenté qu’il est tout à fait improbable qu’une autre route se trouve sur la droite. Il est impossible d’envisager un demi-tour. Les bords de la route presque verticaux sont recouverts d’une épaisse végétation luxuriante et des cascades dévalent de la montagne. Paysage magnifique que cette cordillère centrale ! Nous avons dépassé de 30 km dans la direction de San José. 60 km à ajouter à un trajet déjà long.
Sur les bords de la route
La route n°4 traverse des bourgades très tranquilles. Les bananeraies ont laissé la place aux champs d’ananas denses et bleutés aux feuilles dressées comme des piquants. Comment récolte-t-on les ananas ? Nous croisons des hommes portant des machettes. Pour les ananas ? Détail assez antipathique : à l‘entrée des parcelles des panneaux avertissent que des traitements phytosanitaires ont été réalisés. Ananas local mais pas bio ! Quand on ne cultive pas d’ananas il y a du manioc : haut, propre en longues rangées parallèles, plus ordonné et plus fourni qu’au Bénin ou au Togo !
La route n°4 est une belle route avec des bretelles de sorties. Le GPS nous la fait quitter à Pital – bourgade commerçante avec une belle librairie, des magasins de vêtements, de téléphonie, de motos, d’électroménager…de gros supermarchés des cafés et des sodas. Nous sommes heureuses de sortir des zones touristiques pour voir la vie ordinaire des gens.
Champs d’ananas
Nous nous dirigions vers le nord, vers le Nicaragua, toujours dans les champs d’ananas. Le relief est intéressant, les collines assez escarpées. Nous traversons le village de Saino puis Boca Tapada qui paraît un village perdu mais qui a deux belles écoles de chaque côté de la route.
Des prés verdoyants avec de nombreux bovins ont remplacé les ananas. Vaches grises ou noires et blanches, buffles gris clair, buffles blancs. Des arbres très hauts à la ramure clairsemée se détachent sur le ciel. De temps en temps on aperçoit la rivière San Carlos qui se jette dans le fleuve San Juan qui marque la frontière avec le Nicaragua. Le San Carlos est large aux eaux limoneuses brunes, majestueuses.
Après Saino, le goudron a disparu. 9 km sur une large piste de terre où parfois les pierres affleurent faisant penser à un pavage et parfois de terre lisse. Les nids de poules nous meurtrissent dos et fessiers. Lorsqu’on avance on découvre fincas et lodges, ranchos pour le tourisme vert avec des propositions de balades à cheval, d’observation des oiseaux ou canotage sur la rivière.
Pedacito de Cielo
orchidée bambou
Pedacito de Cielo est un hôtel bien établi : les certificats affichés datent de 2009. Il possède une vingtaine de chalets de bois avec vue sur la rivière San Carlos ou sur le jardin fleuri. Marcos nous accueille et nous remet la clé du N°26 accessible par une rampe de ciment. Il nous invite à un pot d’accueil. Le bungalow est construit en rondins très réguliers. Il est très haut de plafond à deux pans en larges planches de beau bois foncé. Deux niveaux : au niveau supérieur, un lit une personne, une table contemporaine posée sur un tronc et la salle d’eau. Trois marches plus bas, une grande pièce avec un grand lit, une coiffeuse. Sur quatre côtés on a percé de larges baies voilées de rideaux fins blancs brodés de fleurs dorées. Un ventilateur à longues pales donne de la fraîcheur. Il manque quand même une armoire : les vêtements resteront dans la valise. Pareil dans la salle de bains, rien pour poser le verre à dent ou le savon.
Pedacito de cielo : notre bungalow
Le dîner est servi tôt à 18h30. La salle à manger est construite sur une terrasse au-dessus de la rivière qu’on devine sans la voir. Nous sommes à la hauteur de la cime des arbres où se posent plein d’oiseaux. Avant le diner nous avons l’occasion d’observer des oiseaux colorés de toutes tailles, du minuscule colibri bleu métallique aux plus grands ; Tout le monde attend le toucan, ce sera pour une autre fois.
Le menu (15$) est imposé : une soupe excellente, une salade de crudité mélangées : tomates, salade verte, concombre, radis. Le plat du jour : poulet parfumé au gingembre et spaghetti avec une sauce de tomates fraîches et poivrons. De l’oignon vert décore le plat.
Un groupe allemand d’ornithologistes et de photographes est arrivé. Ils ne sont que 12 mais on n’entend qu’eux.
Fin du dîner à 19h et extinction des lumières à 21h30.