En Espagne le long du Mino/ au Portugal le long du Minho

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE JUSQU’AU PORTUGAL 2003

 

9h30, la cafétéria est fermée. J’imagine un petit déjeuner sur le port chocolate con churros à La Guardia. Déconvenue : tout est fermé, je me contente de café et madeleine dans un coin sombre d’un bar désert.
Mte Tecla
Nous nous faisons une fête d’aller voir les oiseaux des marais. Du haut de Mte Tecla, nous avion repéré les cabanes d’affût. Seuls quelques corbeaux et goélands sont au rendez vous, cet endroit doit être une halte pour les migrateurs et ce n’est pas la saison. En été, le marais est déserté. Néanmoins, nous faisons une courte promenade tranquille.
En Espagne, le long du Mino

Le Mino à La Guardia

Nous suivons la route Espagnole le long du Mino. Malheureusement le fleuve est loin. Nous prenons une déviation « route du vin » qui chemine dans les vignes plantées en hauteur en formant des tonnelles. C’est vert tendre, riant.

Tuy

Tuy sur le Minho

A l’entrée de la ville, la cathédrale coiffant la colline a fière allure. Nous nous promenons sur un paseo bordé de belles maisons bourgeoises du début du XXème, granite, vérandas, vérandas blanches, balcons, belle pâtisserie, sortie de messe de toute la bourgeoisie locale.
Tuy a l’air bien cléricale : deux statues d’évêques nous accueillent, l’un d’eaux est assis dans les bégonias. Un séminaire fait face à la Guardia Civile. La vieille ville est construite de belles maisons de granite un peu austères .L’impression d’austérité est renforcée par le fait qu’aujourd’hui dimanche tout est fermé. Courte visite à la cathédrale, la messe va commencer, l’église est pleine. On admire l’orgue baroque peint et doré et on s’éclipse. Pour cause de messe, encore, le musée est fermé ainsi que le chemin de ronde. On se contentera de regarder le porche curieusement carré. On dirait une église fortifiée : tour carrée, façade plate et nue, créneaux, qui hésite entre roman et gothique, le portail est roman mais les ogives de la nef annoncent le gothique.

Pique-nique dans un joli jardin public à l’arrière d’un ancien couvent. Le cloître est envahi d’une jungle d’herbes folles mais le parc est très bien tenu. Tulipiers énormes, châtaigniers, une pièce d’eau rectangulaire avec des nymphéas, une pergola sur la terrasse dominant le fleuve avec vue sur la cathédrale et le fameux pont Eiffel.
Nous passons le pont pour arriver au Portugal. Le temps s’est gâté, il tombe quelques gouttes.

Au Portugal, le long du Minho


Au Portugal, la route est pavée comme il se doit. La ville frontière est fortifiée avec des bastions dignes de Vauban. Nous sommes contentes de retrouver le Portugal, ses pavés, ses poulets aplatis, les églises peintes en blanc et les azulejos blancs et bleus.  Comme à chaque frontière, des magasins de spécialités locales bordent la route : textiles, vanneries et meubles de bois blanc. La route portugaise longe le fleuve de plus près, nous avons de belles échappées. Nous voulons nous arrêter dans un soi-disant parc naturel : coin pique-nique avec les barbecues dominicaux des portugais bien typiques attablés en famille.

A la plage, beaux rouleaux pour les surfeurs

Nous cherchons la plage que nous avions repérée du haut du Mte Tecla et nous y passons une agréable après midi. Avec notre parasol et nos coussins gonflables nous sommes confortablement installées. Le beau temps est revenu mais l’océan est bien agité. Beaux rouleaux pour les surfeurs ! On assiste à un cours de surf pour les enfants, un peu plus loin, les surfeurs expérimentés font de belles démonstrations. Je commence mon exploration à pied, dépasse la flèche de sable qui borde l’estuaire. la limite entre estuaire et océan est bien marquée : on voit des trains de vagues s’affronter de biais, puis l’eau se calme, la plage se creuse le long du fleuve, tout près du bord l’eau est profonde. Je préfère me baigner dans l’océan et jouer avec les vagues. Pour me sentir sécurisée, je choisis des compagnons de baignades raisonnables : une petite fille d’environ sept ans(pas d’incisives) et un couple d’âge certain . je fais face aux rouleaux sans les quitter des yeux pour élaborer une stratégie : me camper fermement quand l’écume blanche se déverse, présenter mon dos à la gifle de la vague qui explose ou sauter dans l’ondulation de celle qui n’a’ pas encore craqué. A la fin, je plonge sous la crête?  Toute cette variété de vagues m’amuse. Elles sont plus puissantes qu’hier.
Nous rentrons par le ferry  dix minutes de traversée.

Magnifique coucher de soleil qui traverse des barres nuageuses, ourle les nuages d’or et réapparaît juste avant de plonger sous l’horizon.

Baiona

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

Le port de Baiona

Nous vivons vraiment à l’heure espagnole : petit déjeuner passé 9 heures et demie ce matin ! Les brumes du matin se sont levées. Il fait un soleil magnifique quand nous arrivons à Baiona.
Baiona est une station balnéaire un peu chic. Sur le front de mer,  de Belles maisons anciennes à vérandas vitrée blanches de petits carreaux, balcons en ferronnerie, au rez de chaussée »e jolies boutiques et restaurants. Nous trouvons Le Monde introuvable même à Saint Jacques de Compostelle.

La Pinta, caravelle de Christophe Colomb

La Pinta caravelle revenue du Nouveau Monde

Le port de pêche est surtout une marina avec beaucoup de beaux bateaux à moteur. Amarrée au milieu des bateaux de plaisance, la réplique de la Pinta, une des trois caravelles de Christophe Colomb. C’est ici que Pinzon le second du Navigateur est rentré d’Amérique. Evidemment, je la visite. C’est sa taille qui me surprend : elle est vraiment petite ! Combien y avait il d’hommes à bord ? J’imaginais une embarcation beaucoup plus imposante. Baiona commémore cet événement avec des statues, un panneau d’azulejos, une sorte de menhir taillé. Sa plus belle plage s’appelle la plage des Américains.

La ville ancienne

La ville ancienne de Baiona a gardé beaucoup de cachet. L’office de tourisme a publié un plan avec des itinéraires que nous suivons scrupuleusement. Nous découvrons une église baroque attenant au couvent dominicain. La clôture est impressionnante. Puis visitons deux autres églises, la Collégiale romane, massive comme une église fortifiée, une autre église baroque, deux fontaines et un calvaire affreux.
C’est une promenade agréable à l’ombre sans voitures pour cause d’escaliers. Les maisons ont un à deux étages, certaines ont des colonnes au rez de chaussée d’autres comportent des blasons. Rien de très extraordinaire, un joli ensemble ancien.

Chemin de ronde

les remparts de Baiona

Nous faisons ensuite le tour du chemin de ronde de la forteresse. A l’intérieur, un parc et un parador. Du haut du chemin de ronde nous découvrons des plages de sable, déjà bien occupées à 11 heures du matin. Des gens nagent dans l’eau claire et tranquille du port.

La Baie de Baiona

Baiona

  Baiona occupe le creux d’une baie arrondie, un peu comme Saint Jean de Luz. Cette rade est protégée de l’agitation de la haute mer. Les plages sont très fréquentées. C’est le première fois que nous voyons autant de monde depuis notre arrivée en Espagne. Cette affluence s’explique peut être parce que c’est samedi et qu’on avance dans le mois de Juillet. Comme il fait chaud, (c’est la première fois depuis Santillana del Mar ),j’ai bien envie de me baigner.
Nous poursuivons la route vers Vigo qui est très urbanisée : immeubles neufs, maisons individuelles de grande taille et plages aménagées. Heureusement nous trouvons un cap montagneux recouvert d’une belle forêt de pins et d’eucalyptus et nous installons à un mirador pour déjeuner. La vue est magnifique sur les îles. C’est très calme. En remontant en voiture nous verrons plusieurs familles déjeunant sous les arbres. Heureusement que nous sommes décalées par rapport aux Espagnols.

Plage de Panxon

Nous passons le reste de l’après midi à la plage de Panxon orientée sur l’Atlantique : sable et rochers. Le parasol orange près d’un rocher nous préserve un petit domaine privé. Les surfeurs profitent des rouleaux puissants de l’Atlantique. Enfin, une belle baignade dans l’écume des vagues. J’attends la vague, estime sa force pour ne pas me laisser déséquilibrer. Aucune comparaison avec le Cap Vert ! La présence de nombreux baigneurs me sécurise. Nous observons les surfeurs, très peu font des démonstrations convaincantes, la plupart reste couchés sur la planche à l’arrière de la vague. De temps en temps l’un d’eux se lève et glisse sur quelques mètres mais c’est rare.
Nous rentrons vers 7 h pour profiter de notre belle chambre avec vue. Un pêcheur se tient debout sur le gros rocher, silhouette à contre-jour. Les rouleaux déferlent, explosent projetant des gerbes magnifiques un véritable feu d’artifice !

 

La Guardia

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

La Guardia : site archéologique

La Guardia

7 heures, ciel couvert,  le beau temps d’hier n’a pas duré. Les mouettes traversent le champ de la fenêtre, tantôt proches tantôt au lointain, en file de six, toujours dans le même sens, vers le nord. Où vont elles ?
Je lis « Pour qui sonne le Glas » d’Hemingway. L’évocation de la Guerre d’Espagne est une antidote à l’excès de curés de Santiago. Je crois l’avoir lu, adolescente, je n’en ai plus aucun souvenir.

Monte Santa Tecla : village « galico-romano »

la Guardia : pétroglyphes
La Guardia Pétroglyphes

 Monte Santa Tecla (Tegra en Galicien), 340 m de pente aide, aménagé en une sorte de parc. Une très bonne route, des aires de pique-nique, des sentiers pavés, un péage minime. Près du sommet, un village « galico-romano » a été dégagé et très bien reconstitué. Deux huttes rondes de pierre au toit de paille ont été remontées pour mieux imaginer l’ensemble. Les maisons étaient donc circulaires ; un grand cercle pour l’habitation principale avec une petite cour, une dalle sur des montants (un banc ? une cuisine ? accolées, d’autres constructions circulaires plus petites (des granges pour les animaux ou les récoltes ?)Les huttes étaient vraiment très roches les unes des autres, les ruelles pavées, très étroites et très rares. Quelques marches sont creusées dans la pierre ? Ce plan circulaire est le même que celui du village néolithique chypriote visité à Pâques.

Non loin d’ici, près de Guimaraes, au Portugal, nous avions visité un  site archéologique contemporain de la colonisation romaine. J’ai oublié les habitations, en revanche, je me souviens bien des rues pavées, larges et bien tracées. Galico vient de Galice, bien sûr, mais je ne peux m’empêcher de penser aux Gaulois.
Au sommet du Mt Sta Tecla, un petit musée vieillot montre les vestiges découverts par les archéologues. Des pierres décorées de triskells ou de motifs géométriques genre celtiques, une petite idole à forme humaine, des têtes d’animaux, une pièce romaine, des reliefs de nourriture(coquillages, os de chèvre, de vache …) tout est présenté dans des vitrines à l’ancienne sans commentaires.
Petroglyphes
Des pétroglyphes sont photographiés, je demande à la dame de m’indiquer les sites, ce qu’elle fait obligeamment. Je finis par les trouver. Ils ne sont pas spectaculaires, un peu comme les empreintes des dinosaures, passionnants pour le spécialiste, introuvables pour le profane Ce sont des graffitis gravés, cercles, spirales indéchiffrables, cupules …

Sur le Mt Tecla, il y a bien sûr, un calvaire, une chapelle et deux chemins de croix très photographiées par les touristes.
Nous pique-niquons près des huttes préhistoriques. Le ciel s’est dégagé, il fait même très beau. Le panorama est étendu : magnifique vue sur l’estuaire du Mino. La marée basse  laisse apparaître des bancs de sable. Un petit ferry fait ses aller retour entre l’Espagne et le Portugal. Nous nous promettons de le prendre. Nous découvrons  des plages magnifiques au Portugal. J’essaie de dessiner les méandres, les chenaux, les îles et les marais de l’estuaire. Le résultat est plutôt raté.

Plage de sable

Comme il fait beau, nous descendons à la belle plage de sable dans l’estuaire. Quelques oyats fixent une petite dune. Nous nous y abritons du grand vent qui vient de l’Atlantique. Dominique installe le parasol. Nous sommes bien mais il fait frais pour une baignade. A six heures il nous faut partir, il nous reste beaucoup à faire ; courses, shampooings, lessives …

Arrabal

Le petit village d’Arrabal se trouve niché entre la route et l’océan à 8 km de l’hôtel. Seul le couvent se voyait de la route. Le village est caché. Il est très joli avec ses maisons anciennes en granite ses balcons, les escaliers extérieurs. Il est out petit très calme pittoresque. Un petit port est aménagé. Des enfants nagent. Une digue protège des grosses vagues et l’eau est calme. Nous nous promettons de revenir.

De notre chambre, nous observons la colonie de mouettes installée sur le gros rocher qui fait comme une digue plate. Elles ont l’air de dormir, à la jumelle, je les observe se toiletter, se gratter, lisser leurs plumes et marcher tranquillement.
Pas de coucher de soleil : des barres grises l’engloutissent.

 

 

  Vers le sud de la Galice :   Pazo de Oca, Rias Baixas, Oia

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

 

Pazo de Oca le plus frais des jardins


A la recherche de Pazo de Oca

Dans le guide Vert, une photo du jardin de Pazo de Oca, l’un des quatre plus beaux jardins d’Espagne, a attiré notre attention. Selon ce guide, il se trouverait dans la région de Padrone, sans autre indication. Dominique a loupé l’entrée de l’autoroute pour Pontevedra, la route passe à Padrone où nous nous arrêtons pour demander notre chemin à un camionneur. Selon lui, ce serait à 5 km après Calda de Reis sur la route de Lugo en direction de la Estrada. Après la Estrada, toujours aucun panneau, nous avons parcouru 21 km au lieu de 5. La route est belle, elle monte dans des collines riantes sous le soleil. Les maisons sont entourées de vignes qui grimpent en espaliers soutenus par de beaux poteaux de granite. Nous traversons des forêts d’eucalyptus qui embaument. Nous nous arrêtons souvent pour demander notre chemin. Je montre la photo du guide Vert. Les gens connaissent, ce n’est pas loin « après la rotonda », « après la courbe », toujours pas de panneaux. Nous finissons par douter de l’existence de ce jardin. Peut être n’est il pas ouvert au public ? Si c’était la quatrième merveille d’Espagne, cela devrait bien être fléché !

Un joli manoir

Finalement nous aboutissons sur une belle place carrée : au fond, un très joli manoir avec des tourelles baroques, un mur décoré de croisillons. Perpendiculairement, un beau bâtiment terminé par une tour carrée. Au milieu, une pelouse. En face de très folie maisons bases en granite derrière des tonnelles de vigne. Au bout, un petit calvaire. Toujours pas de panneaux ! Des filles sont assises sur les marches du calvaire. Je leur demande si on peut entrer « il y a une sonnette ».

Le plus joli jardin

Nous pénétrons donc dans le plus joli jardin secret par un porche. Une vasque est remplie de lentilles vertes. L’eau s’écoule de quatre jets creusant la nappe verte des lentilles. Tout autour, des massifs de buis taillés en boule. Sur les bordures, les buis sont sculptés en forme de vagues. En contrebas, un labyrinthe de buis, un appentis aux tuiles anciennes occupe un côté, en face, des bancs. Des potiches de faïence blanche et bleue contiennent des pétunias violets. Nous descendons un escalier de pierres moussues et passons sous les plus grands thuyas que nous n’avons jamais vus. Des buissons fleuris de gardénias, des touffes d’agapanthes.


Plus bas, une jolie pièce d’eau est bordée d’une haie très fournie d’hortensias bleus aux têtes énormes qui se reflètent dans l’eau. Une île en forme de bateau est décorée des mêmes urnes de faïence contenant de petits orangers. Les figures de proue sont des personnages de pierre patinée aux allures grotesques. Un pont ombragé par une tonnelle enjambe l’eau, on pense à Giverny. De là, nous découvrons la plus belle vue sur le château dont les tourelles se détachent sur le bleu du ciel. A l’extrémité du lac, un mur en pierre moussu est surmonté d’un kiosque au toit légèrement incurvé en pagode. De  l‘autre côté du pont : une autre île aux statues encore plus grotesques, des potiches et quatre oies menaçantes. Sous le pont une barque est amarrée dans un petit abri. Dominique imagine les jardiniers venant en barque rafraîchir les hortensias et enlever les têtes fanées. Ici, toute sont d’une fraîcheur inhabituelle, dans les autres jardins ils commencent à se faner.


Les allées de vieilles pierres humides et vertes de mousse conduisent à des vergers de kiwis, pêchers, poiriers. Les carrés de camélias doivent être magnifiques au début du printemps. Le charme du jardin réside dans la présence de l’eau, l’exubérance des mousses et des fougères. La pente est découpée de terrasses qui communiquent par des marches moussues. Absence de symétrie, fantaisie des plans. Des rigoles d’eau divergent pour alimenter les différents jardins. Un aloès géant évoque la Méditerranée, une fougère arborescente, les Tropiques. Fraîcheur de l’eau qui court, qui jaillit dans des vasques, qui fait tourner les meules du petit moulin caché dans la pagode.


La rigidité des jardins à la française, du labyrinthe, est atténuée par la juxtaposition fantaisiste des différents plans. L’utilité des vergers est masquée par les carrés.
Bosquets de camélias. Surprise ! Une petite statue trône au centre d’une place ombreuse.
J’aimerais peindre, nous avons peu de temps, j’ai perdu la main. Je me promets de le faire d’après photographie. Je n’économise pas la pellicule.

Il nous faut quitter notre jardin secret et magique pour rejoindre la prochaine étape. Le chemin du retour semblera bien plus court puisque nous sommes libérées du souci de chercher. Nous passons rapidement Pontevedra : un pont autoroutier, les quais le long de la Ria sont aménagés en marinas de bateaux de plaisance. C’est la première fois qu’on en voit tant. C’est marée basse. Une armée de pêcheurs à pied ramasse des palourdes. La marée noire n’est pas arrivée ici.

Entre la ria de Pontevedra et la Ria de Vigo

Nous contournons la presqu’île séparant la Ria de Pontevedra de celle de Vigo, passant par Marin, Bueu, Hio et Ganges. L’eau des Rias est bleu profond, de nombreux bateaux colorés naviguent. On voit aussi des plates-formes d’aquaculture (moules ou huîtres ?)si les panoramas au détour de la route sont magnifiques avec ces côtes découpées, de près c’est autre chose. La presqu’île est très urbanisée, nous passons d’un village à l’autre sans nous en rendre compte. Les petites plages sont en contrebas, difficiles d’accès.

Pique-nique devant un club nautique. Difficile de savoir si les maisons sont des résidences secondaires, des pavillons de banlieue ou des maisons d’agriculteurs. L’ensemble est assez coquet, sans caractère, fleuri et pimpant. Cela ne correspond pas du tout à ce que nous cherchons pour passer une semaine.

A l’entrée de Vigo, immeubles, nous prenons l’autoroute pour éviter la ville  et rejoignons au plus vite Baiona.
La côte est très sauvage ; à quelques dizaines de mètre de la route nous longeons des rochers déchiquetés, battus par les vagues. Entre la route et la mer, de la pelouse sèche, des ajoncs, des fougères. C’est la côte la plus déserte qu’on puisse imaginer. Très peu de constructions.
Nous nous arrêtons devant un camping qui loue des mobile homes très chers , collés les uns aux autres comme sur un parking.

Un hôtel perdu sur la côte sauvage

La mer vue de l’hôtel à Oia

500 m plus loin : un hôtel peint en rose foncé, deux étages, un grand restaurant, une cafétéria. Je suis très bien accueillie. Pour 30 Euros,  petit déjeuner est compris. La chambre donne sur la mer, la salle de bain aussi. Si bien que nous avons une vue panoramique sur la côte rocheuse ? Il y a même un petit îlet en face. Jamais nous n’aurions rêvé une aussi belle vue !
La chambre est peinte en rose orangé sans aucune recherche de décoration. Tout son charme réside dans la vue. Les jeunes qui tiennent l’hôtel sont très gentils, la fille comprend le français.
Nous avons donc trouvé un gîte avec vue.. Allons nous rester sept jours dans cet endroit désert ?

La Guardia


Nous reprenons donc la voiture pour explorer les environs en direction du sud. A une vingtaine de km, nous arrivons à La Guardia, en face du Portugal. Cette petite cité n’est pas belle. Les plages que nous trouvons sont petites et bondées. Nous nous installons, le temps d’une baignade sur la plus petite des deux, occupée par des grands mères et des enfants qui n’ont pas l’air de vacanciers.
Visite au port : un vrai port de pêche, actif. L’Office de Tourisme me fournit toute une série de prospectus : il y a plein de visites à faire. La petite ville ne manque pas de ressources. Nous revenons gonflées à bloc ! Nous pouvons rester ici sans craindre de nous ennuyer ;
Au dîner, poulpes et calmars. Coucher de soleil magnifique.

Saint Jacques de Compostelle : musées

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL

Anges musiciens : organistrum

Le comedor est agréablement décoré : très belle glace avec des boiseries peintes et dorées, lustre à pendeloques, jolis bougeoirs en ferronnerie.

Musée de la Cathédrale

Crypte

crypte romane

Nous commençons la visite du Musée de la cathédrale par la Crypte où le chœur roman de Maître Matéo (1165-1211) a été reconstitué. C’est une très jolie représentation de la « Nouvelle Jérusalem  qui descend du ciel », à l’extérieur, une frise de châteaux montre les apôtres, les Prophètes… à l’intérieur, sur les maisons de la ville alternent avec des scènes d’enfants de la Schola Cantorum chantant le « vrai et nouveau cantique ». lLa musique est vraiment très représentée dans toute la partie romane de la Cathédrale. Nous avions déjà remarqué les vieux musiciens du Portique de la Gloire faisant un demi cercle autour du Christ et des Evangélistes.
Comme hier a été une journée baroque, aujourd’hui c’est une matinée romane .Il me semblait que le Baroque avait tout écrasé. Cette visite à la crypte fait réapparaître la cathédrale romane sous son écrasant baroque. Une statue romane d’une tour et de quatre chevaux  me plaît particulièrement. Nous sommes seules dans la crypte . Nous pouvons observer à loisir les chapiteaux et le bestiaire fantastique dans les petits tympans trilobés que je peux photographier.

Etoffe almoravides et panneaux mudejars

En montant, nous remontons dans le temps. Des salles présentent de très belles statues de bois peintes et dorées venant de divers ateliers du 15ème siècle ainsi que des étoffes almoravides et même venant d’Asie centrale, des panneaux mudejar (le monde arabe n’est pas loin !)

Cloître plateresque

cloître plateresque

Au troisième niveau, nous arrivons au cloître plateresque (1521-1590) et nous trouvons au niveau de la cathédrale actuelle. Le cloître est vaste et offre de jolies échappées sur les tours de la Cathédrale (cinq en tout, hier, je n’en avais compté que quatre)Des salles présentent des trésors d’argenterie, des croix qui ne nous passionnent guère. Petite déception, j’attendais l’encensoir fameux mobilisant huit hommes quand il est balancé dans la nef. J’imaginais un objet gigantesque, finalement il m’arrive tout juste à la taille et les ciselures me paraissent grossières.

Tapisseries

Au dernier étage, s’ouvrant sur la galerie,  dans les salles des tapisseries, l’étiquetage laisse à désirer. Celles qui sont tissées à partir de cartons de Goya ont des couleurs chatoyantes, des rouges vif. Les visages sont presque des caricatures. Toute une Espagne folklorique de joueurs de guitare, de Carmen telle qu’on l’imagine en France. En repassant devant les tapisseries, Dominique découvre une fête villageoise : des enfants jouant à saute mouton, l’un d’eux se casse la figue, les autres rigolent. Scènes de jeu de boules, de quilles. Beuveries : un personnage pisse contre un mur, une femme expulse un ivrogne à coups de balai. Le balai figure aussi sur d’autres tapisseries pleines d’anecdotes rigolotes. C’est un véritable plaisir de dénicher tous les détails marrants autrement plus amusants que le »s sujets antiques : Guerres Puniques ou mythologiques représentés sur les autres tapisseries. Les plus drôles ne sont pas de Goya mais de Téniers (17ème siècle) et de Luis Miguel Van Loo. Le fascicule précise qu’il s’agit de la vie champêtre aux Pays Bas (mais les Pays Bas étaient encore espagnols au 17ème siècle).

Le pèlerinage des motards

Pendant que nous visitions le musée, un grondement a fait trembler toute la place : c’est l’arrivée de plusieurs dizaines de grosses motos chevauchées par des motards folkloriques (un personnage est même costumé en moine avec un chapeau de pèlerin, bâton, besace et coquille) est ce le pèlerinage des motard ou simplement un rallye ? La télévision galicienne filme l’événement. En bonnes touristes nous faisons quelques clichés de ces pèlerins inédits.

Portail de la Gloire

Anges musiciens

Nous visitons une autre crypte située juste sous le Portail de la Gloire ? Encore des statues romanes des anges musiciens. C’est aussi l’œuvre de maître Matéo. Dans les vitrines, des reproductions des instruments musicaux des 24 anciens du livre de l’Apocalypse du Portail de la Gloire. Des photos donnent des détails sur la position des doits des musiciens sur leurs instruments. Notre visite romane continue… aux clé de voûte, un ange tient le soleil, un autre la lune.

Palais Gemirez
Au Palais Gemirez qui possède une salle magnifique  se sont déroulées les noces d’Alphonse IX ( ?) Cette fois ci nous avons une meilleure vision d’ensemble.
 Place de l’Immacolada : pique-nique dans le très joli jardin à la française de buis taillés coloré par des œillets d’Inde jaunes et oranges. Malheureusement, une grosse averse nous expédie dans la Cathédrale, le temps de traverser, la pluie a cessé.

Musée du peuple Galicien

Escalier hélicoïdal

Nous devons attendre 16h l’ouverture du Musée du peuple Galicien situé dans le couvent Santo Domingo un eu à l’écart de la Vieille Ville, dans un parc magnifique. Les vieux arbres, thuyas extraordinaires et chênes sont si touffus que les bancs sont secs après la pluie ? Encore une rangée de magnifiques hortensias ! J’en profite pour écrire le compte rendu des visites de la matinée pendant qu’un pèlerin joue d’une lyre en bois.
A l’ouverture du musée, le ciel s’est dégagé et nous avons plus envie de profiter du soleil que de nous enfermer dans un  musée. Ce sera donc une visite rapide. Le plus extraordinaire : l’escalier hélicoïdal, trois escaliers s’enroulent en spirale. Le cloître du 18ème est plutôt sobre dans tout le baroque exubérant de la ville.. Nous parcourons à grands pas les salles des instruments de musique celtique (castagnettes en forme de coquilles Saint Jacques) celles des costumes s’attardant un peu plus devant les maquettes des maisons galiciennes.
Nous passons la fin de l’après midi à l’hôtel. Enfin, nous pouvons profiter du paysage de collines, des vignes ensoleillées autour de l’hôtel Boa Vista. Pendant qu’on se promenait dans les ruelles de Costoia entre les belles maisons de pierre aux jardins fleuris d’hortensias, fuchsias abutylons dahlias et belles tonnelles de vigne, nous rencontrons un monsieur qui promène sa vache marron gris.
Nous dînons dans la galerie avec le coucher de soleil en prime.

 

 

Saint Jacques de Compostelle baroque

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL

Saint Jacques matamore


Muros

Nous quittons O Pindo sous une pluie battante, 16°C.
La côte est très sauvage jusqu’à Muros. La mer est grise, de belles vagues déferlent sur les rochers.
A Muros, le front de mer est aménagé avec des restaurants et des magasins sous des arcades de granite. Je trouve Le Monde. Depuis plus d’une semaine, je ne l’ai pas lu. La télévision espagnole donne des nouvelles insuffisantes : le Tour de France, beaucoup de sport, des faits divers, accidents, scandales politico-financiers, quelques images d’Irak…
  Muros est adossé à la montagne, les maisons de granite ornées de vérandas s’alignent dans des petites ruelles tortueuses coupées d’escaliers. Nous parvenons à un petit marché à étage en beau granite gris. Les paysannes du coin y apportent des paniers avec quelques salades, oignons, des prunes de leurs jardins. Dans l’estuaire à marée basse, des dizaines de pêcheurs à pied avec râteaux et seaux ramassent des coquillages, cela fait plaisir de voir ramasser autre chose que du mazout. L’estuaire s’est vidé presque jusqu’à Noia. Que nous évitons.

L’hôtel Boa Vista

La Pension Boa Vista

La dame de Sol y Mar du Pindo a réservé par téléphone un hôtel recommandé par le Routard. Pour une fois, nous savons où nous allons. L’hôtel Boa Vista se trouve à Costoïa, petit village perché sur les collines à l’écart de la route de Noia à l’ouest de Santiago. C’est une grande bâtisse carrée recouverte sur deux côté par une galerie vitrée blanche à petits carreaux . Nous sonnons, une dame nous ouvre et ne nous laisse pas entrer . Pourtant, nous avions réservé ! Arrive une dame toute vieille et toute petite qui nous montre notre chambre à l’étage. Comme toujours en Espagne, murs crème, mobilier en bois foncé. Aux quatre coins des lits, des torsades de bois pointues donnent un air « espagnol », les meubles et les portes sont rehaussés de losanges et de pointes diamant. Un très joli lustre à pendeloques de verre ajoute une touche raffinée, couvre-lits jaunes très sobres. La salle de bain est petite, une cabine de douche, impeccable.

Notre chambre très espagnole

Dans la galerie sont installées de petites tables et des chaises. On peut y jouir de la vue sur le jardin planté de quatre rangs de vigne, de deux houx sur un côté, une pelouse avec un magnolia et des thuyas de l’autre ? Comme il se doit, il y a un bel horréo couvert de lichen avec une croix en granite et deux colombes en terracotta. Aux alentours, les maisons aux toits de tuile sont dispersées dans les vignes et les vergers. Dommage qu’il pleuve ! On aurait pu s’installer sur la table de pierre et les bancs du jardin. Notre chambre donne sur les ruelles du village. Des fougères poussent sur le toit à la jointure de deux maisons mitoyennes.
Après une rapide installation, nous partons pour Saint Jacques de Compostelle toute proche. On peut vraiment féliciter le Routard pour ce choix !

Saint Jacques de Compostelle

Baroque!

Parking Saint Clément en bordure de la vieille ville interdite aux voitures.
Les rues étroites sont bordées de maisons à deux ou trois étages. Au rez de chaussée restaurants et bars abondent. Nous entrons dans la Cafétéria Paradiso (recommandée par le Guide Vert, décor 19ème siècle) et commandons des bocadillos que nous mangeons sur la place des Orfèvres (Praza das Platerias) sur le côté de la cathédrale. Très beau porche sculpté, portail roman 12ème donnant sur le transept. Sur le côté, la Tour de l’Horloge baroque.

Pélerins

Au milieu de la place : une fontaine ornée de chevaux. La foule qui passe est  amusante à observer. Dominique est très critique, elle n’a jamais vu autant de gens aussi mal habillés ! Il pleut, les pèlerins sont affublés de pèlerines en plastiques. Normal, la pèlerine pour un pèlerinage ! Il y a des scouts, des groupes de jeunes en shorts mais aussi toute une faune de vrais ou faux pèlerins, bâtons et coquilles, sacs à dos, gros godillots. L’un d’eux est particulièrement folklorique : cheveux longs et barbe grise déployée, habits de clodo, assis jambes écartées, il téléphone longuement avec son appareil mobile. Tout ce monde a sorti appareil photo numérique et camescope.

La place de l’Obradoiro et la Cathédrale

Nous faisons le tour de la cathédrale et découvrons l’immense place de l’Obradoiro pour admirer la façade baroque.
Il me revient une expression à la mode il y a une quinzaine d’années « il est trop ». Cette cathédrale est vraiment « trop ».
Trop grande, trop baroque, trop pèlerinage, trop décorée, trop catho …
On ne peut qu’admirer l’escalier monumental qui la précède avec ses ferronneries compliquées, puis en entrant : le Portail de la Gloire (c’est ce que j’ai préféré). Puis être impressionnées par les dimensions de la nef, les dorures de l’autel baroque.

Portail de la Gloire : évangélistes

Nous parcourons la nef en tout sens(enfin pas tout à fait, il y a des cordons comme dans les aéroports pour canaliser les files d’attentes et la circulation des pèlerins). A l’entrée, longue file (on croyait qu’il y avait un guichet pour des tickets d’entrée), les gens vont mettre leur main dans des mains creusées et se tapent la tête sur le saint aux bosses. Ils viennent en famille et se prennent mutuellement en photo ou au camescope. Une autre file permet de rentrer derrière l’autel embrasser la statue de Saint Jacques. De devant, on les voit poser leurs mains sur les épaules de la statue de bois.

Portail de la Gloire

La religiosité, la bondieuserie ou l’obscurantisme (qu’on nomme cela comme on veut) imprègne le lieu. Dominique ne décolère pas devant ces débordements. Chez moi, comme toujours, la curiosité l’emporte. Nous sommes bien décalées par rapport à tous ces gens. Il y a sûrement des touristes dans notre genre qui visitent l’église comme n’importe quel monument historique, mais ils ne se comportent pas « en touriste »  (heureusement, les japonaises de Konya m’avaient exaspérée).

Baroque ! Toujours baroque !

Nous déambulons au hasard dans les ruelles et les places. De l’autre côté de la Cathédrale, la place Immacolada nous fournit l’occasion d’une pause goûter dans un joli jardin. Les tours de l’horloge sont visibles,  au dessus de tout un enchevêtrement de toits, de coupoles, de balustres, de volumes de sculptures baroques. Encore du baroque, toujours du baroque. L’ensemble est homogène. Le baroque a tout phagocyté : la cathédrale romane, les ruelles moyenâgeuses …le granite rend ce baroque lourd par rapport à celui de Noto en Sicile.
Il tombe toujours une pluie fine. Les ruelles se sont vidées, les magasins sont fermés à l’heure de la sieste.

Musée des Pèlerinages
Après l’Université, nous trouvons le petit musée des Pèlerinages (gratuit) installé dans les trois étages d’une belle maison du 15ème siècle. L’exposition, très moderne, très didactique ne laisse rien deviner de l’ambiance du 15ème siècle.

Au premier étage, des maquettes de la cathédrale montrent des vestiges romains, la petite église romane qui a brûlé vers l’an Mil et la construction de la grande nef romane avant l’ajout de la façade et des tours baroques.

Au second étage, exposition très moderne sur les routes de Pèlerinages au Bas Moyen Age sous le portrait de Constantin : le pèlerinage de Sainte Hélène à Jérusalem et toutes les routes romaines vers Jérusalem et vers Rome. Au troisième étage : des objets se rapportant aux pèlerins (leur habit, besace, coquille…) et des sculptures de bois. On nous donne un petit livret en français si fourni qu’on ne peut pas le lire sur place.

Musée du Baroque

Retable baroque

 L’église San Martin Pinario est transformée en musée du baroque. L’escalier qui descend vers l’entrée est encore très baroque et très compliqué. A l’intérieur, c’est un musée des retables. La visite est guidée, ce qui permet d’observer mieux les détails. Dans la nef, le peuple suivait la messe debout (on a ajouté des bancs). De chaque côté, une série de chapelles fermées permettaient aux familles nobles de suivre une messe privée. Certaines chapelles avaient la dimension d’une véritable église avec des coupoles. Le bâtiment, comme tout ici, est en granite, mais il a été peint de manière à imiter le bois dans des plafonds à caissons, en trompe l’œil ou en faux marbre. Certains autels sont baroque italien avec des colonnes droites peintes en faux marbre, des statues installées sur des nuages qui rappellent ce qu’on a vu à Vienne ou en Hongrie. D’autres sont baroques espagnols avec des colonnes torsadées recouvertes de dorures avec des pampres des grappes de raisin, les statues sont aussi pleines de dorures.
Le maître-autel est tout à fait impressionnant, conçu comme un grand baldaquin surmonté de baldaquins empilés (il y en a trois) formant une sorte de pyramide creuse, toute dorée. Au dessus, deux statues équestres, l’une de Saint Jacques Matamore –c’est à dire tuant des Maures. L’autre est un autre saint écrasant sous son cheval un Maure grimaçant. Les écussons de l’Espagne s’entremêlent avec les symboles religieux. On contourne l’autel pour trouver une salle toute de boiseries avec les stalles des moines et trois registres de bas reliefs sculptés dans du bois foncé. Au dessus l’orgue monumental est une étrange scène masquant l’organiste. Enfin le guide nous mène dans la sacristie où sont alignés des angelots blancs (putti) tenant les objets de la passion. Ils sont très nombreux, de bois recouvert de stuc, et ressemblent aux putti siciliens, sauf qu’ici ils sont en rang d’oignon ayant perdu leur emplacement original.

Nous avons acheté du poulet et une salade que nous mangeons en nous cachant un peu sur la table de la galerie. Un couple d’allemand fait de même sans aucune discrétion. Nous avions bien tort de nous sentir coupables de ne pas manger le dîner de l’hôtel, tout le monde fait ainsi.

 

 

 

O Pindo : la plage de Carnota

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

Lever à l’heure espagnole, petit déjeuner au bar, temps couvert. L’employée de l’office de tourisme de Carnota  est bien aimable. Elle nous donne une documentation bien complète, sentier, grenier record de longueur. Mais c’est un peu tard, quel dommage que l’Office ait été fermé samedi, lors de notre premier passage.
La plage de Carnota s’étire sur sept km de sable fin derrière un cordon dunaire planté d’oyats qui la sépare d’un marais, un petit rio se jette dans l’océan. Dans le marais poussent les mêmes immortelles bleues que nous avons cueillies au Danemark. Les oiseaux nombreux, se balancent aux herbes sèches et sont très bruyants. Dans les flaques du marais vivent crabes et crevettes ainsi que de petits poissons. Nous parcourons la plage. Nous sommes presque seules, seulement deux personnes vers le nord. Cinq vers le sud en comptant les ramasseurs de la marée noire.

Au bout d’environ deux km, il nous faut franchir le ruisseau. Avant même d’atteindre le lit où il y a du courant, Dominique s’enfonce jusqu’à mi- cuisse et s’extrait à grand peine, nous rebroussons chemin et elle s’enfonce à nouveau dans le sable mouvant qui l’engloutit jusqu’au short . Panique, on arrive quand même à s’en sortir mais on n’ira pas plus loin ! Peu de temps après un couple en maillot de bain passe sans encombre à un autre endroit où le courant est moins fort et où le ruisseau forme un petit delta.

La pluie s’intensifie « un grain » ne nous arrête pas. J’atteins un alignement de rochers. En m’approchant, je constate qu’ils sont tout noirs. Peut être n’aurais je dû pas venir ? Ils sont recouverts de jolies moules bien luisantes, je suis rassurée. Je commence à mieux comprendre comment le nettoiement des plages s’opère : de grands panneaux aux couleurs de la Galice et de l’Europe (75°/°) nomment l’entreprise chargée de l’opération, à chaque plage une différente, il semble que ce donc des sous-traitants privés locaux, ce qui explique les méthodes différentes . Ici, un gros tracteur tire une machine ressemblant à une botteleuse de foin, là bas comme des tondeuses à gazon. On dirait du bricolage d’outils agricoles. Je regrette bien que mon Espagnol soit insuffisant pour approfondir mes recherches ? Notre promenade sous la pluie a été bien agréable. Ce n’est pas gênant de marcher les pieds dans l’eau sous le crachin. Le pique-nique est une autre affaire, quand on s’arrête on se refroidit.

Des couples arrivent en maillot de bain, parapluie déployé : ils se baignent et retournent à la voiture.
Nous sommes rentrées à l’hôtel nous sécher. Notre chambre très claire est très agréable et ce n’est pas un malheur de faire une pause une demi-journée. Je guette par la fenêtre les éoliennes. Tant qu’elles sont dans le brouillard, inutile de sortir, pas de visibilité.

Eoliennes et Horreos

4 heures, les éoliennes sortent du brouillard, la grosse pluie a cessé. Nous tentons une sortie en voiture vers un mirador situé dans la montagne au dessus de Carnota. Nous arrivons à un très joli village : à l’entrée de nombreux horreos, un petit calvaire, une fontaine, une tourelle basse des maisons en granite, des fleurs et des chats. Tout cela en granite patiné incrusté de lichen. Sur les toits de tuile, de grosses pierres. Avec un rayon de soleil, j’aurais fait des photos pittoresques. Sous la pluie, c’est tout gris. Du mirador, nous surplombons la dune, le marais, la plage. Le ruisseau serpente, se divise en bras, delta miniature.

Sur la route du retour, la pluie redouble, nous essayons une autre petite route qui monte dans la colline : encore une petite route, de petits champs de maïs, pinède, horréos, calvaire, joli village en granite …encore un joli village d’un autre âge ! Ce qui est contemporain, c’est le camion du marchand de légumes ambulant qui nous barre la route. Il s’écarte pour nous laisser emprunter un chemin qui serpente dans les jardins pour nous mener dans une ruelle en cul de sac. Dominique doit refaire tout le chemin à reculons ; heureusement que c’est la championne de la marche arrière ! Ce sera notre dernière exploration sous la pluie, horréos, calvaires, maïs …se ressemblent tous, continuer serait juste bon à abîmer la voiture.

Nunca mais !

les greniers débordent de goudron!

Je retourne faire le tour du petit promontoire face à l’hôtel. J’ai enfin compris le sens de la fresque peinte sur le terrain de handball : le grenier traditionnel dégoulinant de mazout (jalipote ou chalipote) NUNCA MAIS sur le drapeau noir barré d’une diagonale bleue se rapporte à la marée noire. Mes promenades solitaires sont toujours alimentées de pensées sur la marée noire. Il semble que c’est le fil conducteur du voyage. J’ai toujours besoin d’une idée, d’un’ événement pour entrer en sympathie avec la contrée visitée. En aucun cas ce ne pourrait être le pèlerinage de Compostelle. J’aime bien visiter les églises en tant qu’œuvres d’art mais je ressens de la méfiance pour le pays de l’Inquisition. La Reconquête m’est une histoire éminemment antipathique. Quant aux celtes, aux druides et aux cornemuses …. Cette souillure de la mer me préoccupe vraiment. Devant l’immensité de la tâche j’ai envie de m’impliquer. je marche le long des rochers aux formes étranges, sculptures naturelles spectaculaires. Certains sont coiffés de noir. Personne ne peut venir gratter chacune de ces roches.

O Pindo et la Côte de la Mort

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

Horreos : grenier à mais

Nous avons passé la fin de la soirée avec les fenêtres ouvertes, les moustiques sont entrés. Nous aurions pu nous en douter avec le marais ! Depuis trois jours la météo nous promet de la pluie, ce matin nous ne sommes pas déçues de nous lever sous un ciel gris avec un petit crachin. Nous allons explorer la « Côte de la Mort » au delà du Cap Finisterre.

Cee

toujours des greniers: je ne m’en lasse pas

Cee, petite ville, est très active ce matin : c’est le marché. La fanfare parcourt les rues, on tire des pétards sur la plage (feu d’artifice de jour !) il fait 19°C, nous faisons nos courses sans nous presser.
J’avais imaginé, je ne sais pourquoi, une route qui aurai suivi la côte traversant des landes désolées et désertes. J’aurais mieux fait de consulter la carte. Au Cap, fin de la route, nous repassons pour la quatrième fois à Cee, coupons par l’intérieur découvrons une campagne très boisée : résineux et eucalyptus La campagne est loin d’être déserte. Des petits hameaux sont dispersés partout. Les fermes sont entourées de petits champs de maïs. Il y a partout des horréos, greniers perchés en granite aérés de fentes verticales ornés de croix, très bien entretenus : les Galiciens semblent prendre grand soin de ces construction, même à l’intérieur des petites villes les horréos sont à l’honneur.

La côte de la Mort

Quand nous atteignons la côte, les nuages ont disparu, le ciel est bleu. Le soleil chauffe même s’il souffle un petit vent frais. Je recommence à envisager une baignade. Pique-nique  sur une pointe rocheuse face à un petit port. Je sors enfin mes aquarelles. Ce n’est pas une réussite, j’ai toujours du mal à peindre Le port n’est pas si petit que cela : de gros bateaux de pêche y sont amarrés. Le front de mer est bien aménagé. A l’arrière, on aperçoit de jolies rues avec des maisons basses en granite avec des balcons fleuris. Nous montons à une église qui a un curieux clocheton séparé de l’église en haut d’un escalier raide.

Le sanctuaire de la Vierge de la Barque se trouve au bout d’un cap près d’un phare. Grand église sur une placette dominant la mer. Le granite massif est lisse comme s’il avait été poli.

Retour à O Pindo

De retour à O Pindo, nous montons au mirador Erzeiro, construit sur la montagne qui domine la ria,  coiffée d’éoliennes, de grosses canalisations aboutissent à une petite centrale électrique située au niveau de la mer. Après avoir grimpé une route en épingles à cheveux nous découvrons un lac . Il se termine par une belle cascade en éventail ,  barrage, le lit du rio est presque à sec dans le chaos granitique devait être beaucoup plus spectaculaire avant le captage. Elle a creusé un entonnoir énorme dans la roche.

Crique de granite rose

Granite rose

En face  de la plage de Pindo, nous découvrons une jolie crique bordée de rochers aux formes contournées comme sur la côte de granite rose bretonne. C’est un endroit ravissant agrémenté de villas fleuries. Dans les jardins : agapanthes, hortensias et lauriers roses. Le sable est très blanc, la mer bleue. De petites barques colorées se balancent. Plus loin, des bâtiments en granite longs et bas comme des maisons de pêcheurs d’un autre âge. Puis une autre crique qui sert de havre à une vingtaine de barques amarrées par deux cordes à des piquets situés sur le haut de la plage. A marée basse elles reposent sur le sable et nous devons enjamber les cordages. C’est vraiment le plus bel endroit de la côte. Tout est harmonieux, parfait, les maisons de pierre, les barques colorées, la mer bleu violent et au loin la ligne embrumée du Cap Finisterre, en face les maisons colorées et la plage du Pindo.
Dîner sur la plage en face de l’hôtel d’une tortilla toute chaude aux pommes de terre.

 

 

 

 

Galice : la côte verte

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

Il fait bien gris ;dès  que nous montons dans les collines nous rencontrons le brouillard.

Mondonedo

Sa cathédrale énorme domine la ville. Elle est construite sur une très jolie petite place entourée de maison du XVIIIème siècle avec des vitrines et des balcons en ferronneries.  Les arcades habituelles sont remplacées par des colonnades de granite Un côté de la place est bordé de balustres.

La façade de la cathédrale est tellement grande que je n’ai pas assez de recul pour la faire cadrer les  deux clochers dans la photo. Elle est décorée de délicats ornements : blasons, au centre un personnage (Saint Jacques ?) avec un lion, un autre (un évêque ?).

Cette imposante façade baroque fait oublier que le reste de l’église est roman (ogival, selon le guide vert). Entre roman ogival et gothique, je m’embrouille. Une magnifique rosace aère la façade.

A l’intérieur est très sombre. Une machine à sous est censée déclencher les éclairages  sans résultat. On devinera plus qu’on n’admirera les deux buffets d’orgue à chamade. Le retable baroque est bien doré, orné de statues peintes sur des nuages empilés comme il se doit.  C’est un baroque encore raisonnable, on en a vu de bien plus délirants au Portugal ou en Sicile. Ce qui m’a le plus amusée, c’est une fresque naïve du 15ème : le Massacre des Innocents. Des chevaliers en cotte de maille brandissent de grandes épées, des têtes sont tranchées. Leurs adversaires sont enturbannés : Scènes de la Reconquête ou Croisades ?

Dans le brouillard !

A 600 m, au col, nous nous trouvons dans un épais brouillard. Pas de commentaires pour le paysage!

Le chemin de Saint Jacques

Passé le col, tout s’éclaire, il fait beau. La campagne est riante, les maisons couvertes de tuiles romaines sont fleuries dans des champs de maïs, de haricots bien ramés, d’autres de plantes potagères. Nous suivons tranquillement la route 632, la même que depuis Bilbao. La coquille bleue et jaune de chemin de Saint Jacques (On dirait un soleil avec des rayons inégaux !) indique le chemin des Pèlerins qui suit parfois des chemins creux bordés de dalles plates alignées verticalement. Nous sommes en pays de granite . Des eucalyptus sont plantés serrés, les châtaigniers sont en fleur. L’Espagne apparaît ici très sauvage, peu cultivée, couverte de forêts denses.

Pour les pèlerins le voyage s’achève. A midi, nous abordons Santiago que nous contournons.
L’idée est de loger au bord de la mer à une quarantaine de km de Santiago et d’y venir en excursion.

Noia

Nous avons fixé l’étape à Noia . Avant le weekend, nous devons faire le plein des courses.

Nous arrivons à Noia en pleine fête médiévale et en plein embouteillage. Pour faire « Moyen Age » on a répandu du foin dans les petites rues et les buvettes ont remplacé les chaises par des bottes de paille. Cela sent bien bon la grillade. Si Noia est une petite ville coquette, ce n’est pas du tout ce que nous espérions : un village en bord de mer. Les guides ont tendance à qualifier de village n’importe quelle agglomération de moins de 100 000 habitants même s’il y a des immeubles, dix banques et quinze supermarchés. En tout cas Noia est située profondément dans la ria et nous ne sommes pas du tout à la mer.

Contourner la Ria

Après le pique-nique sur un  petit embarcadère nous décidons de poursuivre jusqu’à Muros pour trouver l’océan. Il nous faut contourner la ria, s’éloigner du rivage et parcourir encore 30 km Dans l’estuaire, on voit des barges d’aquaculture De jolies plages de sable seraient bien tentantes si nous trouvions un hébergement. Il faut dire que nous avons été tellement gâtées ces derniers temps que nous devenons difficiles ! Nous voulons une chambre avec vue sur la mer ! Muros est une agglomération importante, nous ne voyons aucune pension selon nos critères. Et continuons la route côtière s’éloignant de Santiago. La Côte devient très sauvage, il y a  peu de villages et ceux-là n’ont aucune infrastructure hôtelière !

Nous nous arrêtons boire un café dans une Fonda. La dame très gentille nous propose ses chambres. La maison nous semble bien rustique et surtout loin de  la mer. Pour ne pas la vexer, je prends prétexte du temps : nous voulons profiter de cette belle journée pour voir le cap Finisterre. Demain et après demain, prévu pluie, nous irons à Santiago.

Et si nous adoptions cette solution de rechange ?
La côte est pittoresque, les collines qui la bordent sont hérissées de chaos granitiques. Les grosses boules se détachent sur les ajoncs j et les bruyères. Sur la côte, des plages de sable blanc sont encastrées dans les rochers de granite rose. On pense au Connemara, au Finistère français.

O Pindo

Nous trouvons enfin la Pension que nous cherchions dans un petit immeuble moderne aux belles vitrines laquées blanches et à la façade en granite gris. Au rez de chaussée cervezaria moderne tenue par une jeune femme coiffée avec des mèches rouges quelques jeunes sont accoudés au comptoir, elle me tend la clé . Je monte un bel escalier de granite à deux couleurs rose et vert et trouve une grande chambre blanche aux meubles de bois foncé avec une glace encadrée de bois et un lustre rustique en bois. Tout est soigné et paraît neuf. La salle de bain est particulièrement luxueuse : baignoire basse encastrée dans un granite vert formant de larges bordures. Seul défaut : vue sur la colline. Je demande une chambre sur le devant : impossible. Déception!

Nous visitons une autre pension tenue par une vieille dame très gentille, qui nous propose une belle chambre soignée – toujours pas de vue.

Il reste une troisième pension à O Pindo mais nous préférons retourner à la première, nous installer rapidement et aller au cap Finisterre ou Fisterra.
O Pindo, villagconstruit autour de deux petites baies et deux rias En face de notre Pension Sol y Mar la ria se termine par un petit marais, l’autre plus large abrite des bateaux. Le petit village s’étire le long de la route côtière . Une pointe rocheuse s’avance dans l’océan et abrite un petit port de l’autre côté. La toute petite église de granite rose est éclipsée par  les maisons aux alentours plus grandes. Bâtisses à étage en ciment peint en blanc, toit de tuiles. Le tour des fenêtres est le plus souvent souligné de granite gris ou peint en rouge. Certaines maisons colorées sont revêtues de carrelage comme au Portugal. Entre la côte et la montagne raide, il y a peu de place pour un village ! à l’arrière de la route principale quelques maisons sont adossées à la pente.
Dans la mer, des roches émergent, granite rose réplique de celui de Perros Guirec, peut être plus marron . Dans la brume on devine la ligne de rivage compliquée avec des caps et des îles.
Avant le cap Fisterre, nous traversons plusieurs villages avec des plages de sable blanc, des forêts de pins et d’eucalyptus. Un port accueille même de gros bateaux et une usine sidérurgique : gros tas de charbon et toutes sortes de ferrailles.


Le cap Finisterre et son phare représentent avant tout un symbole : le point le plus à l’ouest de l’Europe, la fin des terres au XVème siècle. Mais c’est le quatrième que nous visitons : en plus de la pointe du Raz, il y en a deux autre rien qu’au Portugal :
Avec son parking qui enlaidit l’endroit, ses boutiques de souvenirs très kitsch (tout un artisanat à base de coquillages, du lustre au set de table en passant par de petits phares peints, des marins en plastique et de curieux bateaux givrés. Ce n’est pas le plus bel endroit de la région. Le phare a été transformé en hall d’exposition « Finistère 1929 » : de très belles photos, des aquarelles grand format très intéressantes : des portraits, des femmes avec des filets d’une Valero m’ont bien plu.
Au bout du Cap, on distingue la limite entre la Ria, mer d’huile et le grand large tout agité de vagues alors qu’il n’y a pas un souffle de vent. Des traînées d’écume se déploient à partir de la pointe. Certaines sont d’un blanc douteux jaunâtre. Où est le Prestige?
Nous dînons sur le petit port dO Pindo . Une famille se promène. Des barques rentrent . Une dame engage la conversation « d’ où venez vous ? »où habitez vous ? »Puis nous parlons du temps qu’il fait

– « la télé a prévu trois jours mauvais «

–  « c’est la télé qui le dit »

Nous parlons enfin du Prestige . je peux enfin demander où il se trouve ,tout près derrière le Cap Fisterra

« Oun desastre »

la dame raconte que le naufrage a eu lieu en novembre, cela fait donc huit mois.  je montre mes pieds « Aceite y frottar » elle insiste sur « frottar ». Ils n’ont pas fini de frotter ? La plage est pleine de micro-boulettes qu’on ne voit pas au début. Les rochers curieusement ne semblent pas trop atteints sauf certains gros qui émergent et sont couverts de noir . Ceux qui sont sous le niveau de la marée haute apparaissent de loin, presque propres.

Avant de retourner à l’hôtel nous trouvons un sentier le long de la pointe rocheuse. Une dame grande et blonde nous aborde dans allemand bizarre puis nous demande d’où nous venons « de France » elle ne parle pas français mais un  curieux italien et elle est très fière d’être polyglotte ? Nous parlons du temps

« il va pleuvoir et c’est très bien il commençait à faire chaud »
C’est le premier endroit où nous sommes si bien accueillies.

 

– Barreiros de Saint Cosme

ESPAGNE ATLANTIQUE DU PAYS BASQUE AU PORTUGAL 2003

6h30, je monte le store : il fait à peine jour. Je commence à mieux comprendre l’ »heure espagnole » Tout se fait avec deux heures d’écart par rapport à la France. Il y a ici, une raison naturelle : nous sommes plus à l’ouest, presque à la longitude du Portugal de Greenwich ou du Maroc. Le décalage horaire explique les coutumes.
Le ciel est couvert, il tombe un petit crachin qui ne mouille pas. Je ne sais si je dois appeler cela brouillard, brume ou nuage la nébulosité accrochée au flanc de la colline.

Petit déjeuner dans la belle salle du bar : immense jus d’orange, 4 toasts, café crème, thé pour Dominique. Nous retournons à la plage des cathédrales.

Plage des Cathédrales

Il n’y a personne nous avons le site pour nous toutes seules. Le sable est mouillé, vierge d’empreintes. Nous explorons les arches, les tunnels, les piliers et les grottes. Nous ne savons jamais où un tunnel va déboucher : coté mer  ou côté falaise avec de la végétation terrestre. Des petites cuvettes contiennent une eau claire, bleue habitée par les poissons des sables, des crevettes ou des crabes qui détalent quand je les traverse. (Heureusement que je suis en short). Ce qui est un peu inquiétant, c’est que la marée monte et qu’il ne faut pas se laisser piéger au fond d’un tunnel. L’implantation des moules et des balanes et la laitue de mer montre que l’eau arrive très haut, au moins à 205m du sable. (Un panneau explicatif donne un marnage de 4 m, probablement pour les grandes marées). Nous repérons des plates-formes accessibles dans la falaise.

Heureusement les commandos blancs, truelle et cabas de caoutchouc noir, débarquent. Ce sont des filles d’une vingtaine d’année, style étudiantes. Leur présence me rassure. Si elles patrouillent dans les tunnels c’est que nous ne risquons rien. L’une d’elles est particulièrement affairée. Elle fonce, traverse les petites mares, visite toutes les grottes. Tandis que les autres bavardent et rigolent.

Sédimento

Hier, j’avais mal observé les roches : les petits bancs sont plus gris que les schistes. Finalement, je les qualifierais d’ardoise gréseuses (d’ou l’intérêt du fameux triangle calcaire-argile-sable) .L’aspect de la tranche perpendiculaire à la stratification varie aussi selon que la roche est toujours à l’air libre ou au contact avec l’eau. La tranche émergée est plus claire, gris argenté parfois oxydée en orange, les lits se détachent, la roche semble feuilletée. Est ce le rôle du vent ? Les différences de température, La partie en contact avec l’eau est noircie, peut être le pétrole (en tout cas pas celui du Prestige) mais sûrement un milieu plus réducteur. Le mur est aussi plus compact.
moules et balanes

pousse pieds

Sur environ deux mètres, la roche est colonisée par les moules dans les creux, et les balanes. Des amoureux ont gravé leurs noms et une date : Juillet 2002 dans une colonie de balane. La trace est très nette. Cela me rassure : le pétrole du Prestige n’a pas fait son arrivée en masse ? Le noir observé plus haut ne peut pas lui être imputé. Il se manifeste sous forme de petites galettes ou de petites boulettes ? Nous explorons méthodiquement tous les creux. . Je prends photo sur photo comme chaque fois qu’un endroit me plaît. Et, comme toujours, la pellicule se termine justement dans le coin le plus pittoresque quand, par une fente, on voit les vagues se briser au loin et qu’au premier plan, une vasque d’eau claire laisse entrevoir les rides sur le sable.

Nous remontons en voiture explorer d’autres plages : celle des châteaux, la plage des îles … qui sont moins spectaculaires.

Nous poussons jusqu’au port d’un tout petit village qui pourrait être breton ou irlandais avec les petits jardins bien protégés par les murs d’ardoise sèche : oignons, pommes de terre, haricots sont sagement bêchés. Les filets sèchent au sommet des murs. Sous un ciel bleu, j’aurais été tentée de prendre des photos. Seule caractéristique typique de la Galice : les greniers à maïs rectangulaires aérés par des fentes verticales, sur pilotis, coiffés d’étranges pointes.   Ils ressemblent aux Espigeiros portugais. Le Gallego ressemble au portugais : plage se dit Praia. Je reconnais d’autres mots mais j’ai plus de mal à comprendre les gens. Ce n’est pas fameux pour mes progrès en Espagnol.

Foz

Nous allons à Foz à l’office de tourisme, à la banque et au supermarché. C’est une petite ville avec des problèmes de parking et pas de caractère particulier : sans intérêt. . Nous déjeunons d’une spécialité locale lEmpanada : tourte aux sardines. Pâte à pain fourrée d’une pâte de sardines et d’oignons jaune (sans doute du curry peut être du safran). Nous nous installons à la plage dans le creux des rochers sur le sable sec. La mer est haute. Trois rangées de vagues déferlent à la fois. On a hissé le drapeau jaune de baignade dangereuse et nous sommes seules sur la plage.

J’arpente la plage. Le sujet de ma méditation : la marée noire. La mer commence à descendre, elle a laissé son lot de galettes et de boulettes. Je constate que le travail des combinaisons blanches est bien nécessaire. Combien de temps encore ? Mon fantasme serait d’écrire un article ou un livre. . J’imagine écrire à Corinne Lepage (ce serait un bon prétexte pour renouer une amitié d’enfance) C’est un fantasme, mon Espagnol est insuffisant pour interviewer les gens ainsi que ma méconnaissance totale des administrations espagnoles. Qui paye le nettoyage ? la commune, la Province ,Madrid, l’Europe ? Qui décide du nombre des employés , des embauches , des machines , De même mon utilisation d’Internet !

Cathédrale de San Martino

 

La cathédrale de San Martino est dans un tout petit village à 4 ou 5 km de Foz . la route traverse un bois d’eucalyptus très fourni, au pied des fougères très hautes. Dans le creux de la vallée très verte : une très belle ferme toute en pierre au toit de lauzes précédée par haie d’hortensias géants. La cathédrale du 10ème  (ou 11ème) est une des plus anciennes d’Espagne. Très haute pour une cathédrale dans un endroit perdu. A l’intérieur : beau plafond de bois qui me rappelle l’église de Ciboure. Les chapiteaux qui sont remarquables ainsi que les fresques.

Le soir, il fait si bon que nous laissons la fenêtre ouverte pour nous endormir et nous réveiller avec le bruit de la mer.