CARNET DES BALKANS/MONTENEGRO

Buffet très frais au petit déjeuner de l’Hôtel Arka dans une salle très claire, mobilier contemporain aux teintes acidulées.
Dans la fraîcheur du matin (8h30) je trouve la mer en moins de 5 minutes, traversant un parc agréable planté de grands arbres et de lauriers roses. A quai, sont amarrées trois sortes d’embarcation : les petits bateaux-taxi, les bateaux-promenade, des bateaux pour la pêche et la pêche au gros récréative. Ces bateaux ne dénaturent pas le port de pêche. L a marina est plus loin.

Du port on voit la vieille ville – Starigrad – ceinte de hauts remparts. J’entre par une porte de côté sous une petite arche dans les ruelles très étroites. A cette heure matinale, seuls les porteurs avec leurs diables circulent. Une rue est si étroite que deux piétons ne peuvent même pas se croiser. Les maisons de pierre blanche sont de dimensions beaucoup plus modestes que les palais de Kotor. Les marchands n’ont pas encore ouvert boutique sauf, celui qui vend des écharpes de soie turques .Je craque pour une qui a les mêmes motifs que la céramique d’Iznik, tulipes rouges, motifs turquoise et bleu foncé. Etiquetées 75€, le marchand descend à 45€. Je lui montre mon voile blanc en coton bordé de petites perles, c’est plutôt cela que je recherche ; Ce genre d’article ne se vend pas ici, la clientèle est plus « fancy », peut être en Bosnie ? Dans les cours et les ruelles, des tonnelles de vigne dépassent des murs, ici il y a un olivier.

La promenade me conduit sur la place où trois églises sont construites non loin de la citadelle ; Crkva Sv Ivana, Saint Jean Baptiste, catholique, Santa Maria un Punta fondée en 840 autrefois appartenait à un monastère bénédictin, puis franciscain, et l’Eglise de la Trinité où alternent rayures roses et blanches sur la façade. Dans le environs se trouvent aussi les fondations d’une basilique du 6ème siècle . la place est dominée par les murs de la Citadelle. On y entre librement : des tables sont dressées, c’est un café. Selon le Petit futé, le « château sainte Marie serait construit sur des fondations hellénistiques, fut détruit par un séisme en 1667 il a servi de casernes à l’armée autrichienne, ce qui explique une inscription en allemand. J’avais espéré plus de souvenirs vénitiens : un petit écusson sur la porte principale de la ville porte le Lion de Venise mais c’est tout ce que j’ai trouvé. Les ruelles tranquilles s’animeront plus tard. Une porte latérale s’ouvre sur la plage minuscule , on s’y baigne déjà.
Je termine la promenade sur la corniche lungomare entre la plage t les divers restaurants. Je ressasse la même rengaine : comment a-t-on pu autour de cette ravissante cité, dans un environnement magnifique faire une station balnéaire aussi hideuse ? La voie rapide allant à Podgorica coupe d’ouest en est la ville, il semble que les promoteurs ont érigé les ensembles immobiliers les plus monstrueux en dépit du bon sens, de l’urbanisme et de la voirie. Des tours cachent la vue ; Des voies privées barrent la circulation. Des architectes fous construisent en verre et en métal des tours sans logique ni respect de l’environnement. Et encore ! Le projet le plus fou d’immeuble-jardin imitant les jardins suspendus de Babylone avec terrasses et piscines à chaque étage, est encore en chantier. Babylone destinée à une clientèle russe, bouchera la vue aux riverains. A l’arrière de la vieille ville, un hôtel massif écrase la jolie petite plage qui jouxte la ville close.
11h, nous voici de retour sur « notre » plage à Jaz. Le plagiste avait promis de nous réserver des lits près de l’eau. Nous voilà derrière deux couples russes amis qui vident des bouteilles de rosé en picorant des fraises et des framboises. Ici aussi l’horizon est éclipsé ! Le serveur apporte le seau à glaçon en invoquant Napoléon. Il parle un curieux sabir mais nous nous comprenons très bien ; Napoléon ? C’est parce que nous sommes françaises mais aussi à cause de l’hiver russe « sibir » explique-t-il,donc au froid des glaçons. Napoléon a aussi été un acteur de l’histoire Monténégrine en mettant fin à la République de Venise en 1797. Les guerres napoléoniennes sont eu pour conséquence l’intervention Austro-Hongroise dans les Balkans.
Dominique reprend les calamars frits qui lui ont plu. Pour moi ce sera un risotto noir aux fruits de mer ; le riz noir est entouré par de belle moules farcies, ail et persil parfument le plat généreusement décoré de citron. C’est excellent : les petits calamars avec leurs tentacules, des crevettes et des moules sont mélangés au riz. La couleur du riz m’étonne, le riz est-il vraiment si noir ou est-ce l’encre de seiche qui le colore ?
J’ai terminé mon livre sur le Kosovo. Plutôt que d’en commencer un autre, je fais de longues traversées me fixant pour objectif chaque fois une bouée plus loin ? 17h, le soleil inonde nos lits de plage ; nous avons déjà fait bouger le parasol. Nous rentrons.
« tu n’as pas trouvé la petite sirène de Budva ? »

Mon agacement s’est tari. Il faut savoir apprivoiser un environnement, une ville étrangère pour pouvoir l’apprécier. Quelque chose me dit qu’une sirène ne peut se trouver que près de l’eau. Pas de sirène au port, mais des caisses de poisson frais pêché que vendent les pêcheurs et des crevettes encore vivantes. Bars, dorades, deux petites lottes et des poissons plats. Je traverse la vieille ville dans la cohue. Les bijouteries luxueuses proposent des filigranes et du corail.

Par hasard je passe devant le Musée d’Archéologie(2€) installé dans une belle maison de pierre. Trois niveaux : au rez de chaussée, des vases grecs ou hellénistiques. Budva fut une ville grecque ; Des témoignages écrits en gréco-illyrien permettent de dater la présence grecque au 6ème siècle av JC. Sophocle, paraît il fit allusion à la cité. Des restes de l’époque romaine furent trouvés dans le chantier de l’Hôtel Avala(le monstre qui domine la petite plage charmante). Au premier étage une collection d’équipement militaire illyrien, des objets en terre cuite, un genre de tanagra que j’affectionne particulièrement ainsi que des récipients de verre romain de toute beauté : amphores minuscules, vases à parfum ou des urnes funéraires d’assez grande taille. Un montage d’une urne de verre dans un vase de pierre explique comment ces urnes fragiles sont parvenues jusqu’à nous en si bon état. Le troisième niveau est moins intéressant : ce sont des meubles 19ème /20ème.

J’arrive sur la petite plage contre la muraille et découvre un parcours cimenté protégé par une rambarde verte qui conduit sans doute à une autre plage. Elle démarre à l’hôtel Avala et passe sous une falaise à a stratification en petits bancs calcaires gris clair est particulièrement plissée formant de curieuses structures. Au détour d’u rocher, la voilà, la sirène. Elle n’a pas de queue de poisson, c’est plutôt une danseuse !
La plage Mogren meublée de lits de plage luxueux est une véritable perle rare cachée dans son anse.
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A la lecture d’Ivo Andric, je prends conscience de toute la complexité balkanique. Omer pacha le « sabre du Sultan » est un « islamisé« , fils d’un militaire autrichien, orthodoxe. La plupart des officiers qui l’entourent sont aussi des « islamisés » polonais, hongrois, grands buveurs et mécréants, patriotes déçus dans leur contrée d’origine. Saïda Hanum, la femme d’Omer pacha , est une pianiste roumaine. Roumain aussi le cuisinier, ou macédonien, c’est un peu mélangé. Le pouvoir turc, l’autorité d’Abdul Hamid est donc représenté par une mosaïque d’individus, mosaïque de cultures. Les Bosniaques qu’on doit réduire à l’obéissance sont de bons musulmans, mais aussi la raïa, population chrétienne orthodoxe, ou communauté juive. La scène où Omer pacha tente de séduire le voïvode Zimovitch, en rappelant ses origines à Iania Gora (Croatie), est une bouffonnerie.







Bonne, oui pour le revêtement, elle est goudronnée, les nids de poules sont de taille raisonnable pour une route de montagne ; Sinon elle est très étroite et sinueuse à souhait. De nombreuses habitations la bordent (cela ne veut rien dire, en Albanie la piste pierreuse desservait aussi des villages). 44 km sur cette route seront bien éprouvants pour la conductrice ! La passagère, au contraire est au spectacle. Un régal pour les yeux. A chaque tournant, un panorama spectaculaire. Deux pics se détachent, ressemblant aux montagnes que ls petits enfants dessinent : une pointe ou deux de pierre, couronnant un cône d’herbe verte au dessus d’une forêt touffue. Entre l’herbe et la roche, un liseré de neige. Les névés brillent. Plus près de nous les fleurs forment des tapis colorés, nappes roses, jaunes ou bleues. Les petits œillets sont d’un rose très intense. J’aimerais avoir une flore pour herboriser. Je photographie. Les motards ont repéré cette jolie petite route. Ils roulent en meute, par groupes de 4 ou 5 qui s’attendent et se regroupent au col, immatriculés en Pologne ou en Allemagne. Dominique ne décolère pas, elle avait prévu une boucle par le Nord qui nous aurait conduites au Parc National de Biogradska Gora où nous aurions fait étape, une promenade autour d’un petit lac et un pique nique. Nous aurions roulé sur une grande route au lieu d’être à 20km /h sur la petite.






