Budva – Starigrad et plages

CARNET DES BALKANS/MONTENEGRO

Budva : marina et port de pêche

Buffet très frais au petit déjeuner de l’Hôtel Arka dans une salle très claire, mobilier contemporain  aux teintes acidulées.

Dans la fraîcheur du matin (8h30) je trouve la mer en moins de 5 minutes, traversant un parc agréable planté de grands arbres et de lauriers roses. A quai, sont amarrées trois sortes d’embarcation : les petits bateaux-taxi, les bateaux-promenade, des bateaux pour la pêche et la pêche au gros récréative. Ces bateaux ne dénaturent pas le port de pêche. L a marina est plus loin.

les ruelles de la vieille ville tôt le matin

Du port on voit la vieille ville – Starigrad – ceinte de hauts remparts. J’entre par une porte de côté sous une petite arche dans les ruelles très étroites. A cette heure matinale, seuls les porteurs avec leurs diables circulent. Une rue est si étroite que deux piétons ne peuvent même pas se croiser. Les maisons de pierre blanche sont de dimensions beaucoup plus modestes que les palais de Kotor. Les marchands n’ont pas encore ouvert boutique sauf, celui qui vend des écharpes de soie turques .Je craque pour une qui a les mêmes motifs que la céramique d’Iznik, tulipes rouges, motifs turquoise et bleu foncé. Etiquetées 75€, le marchand descend à 45€. Je lui montre mon voile blanc en coton bordé de petites perles, c’est plutôt cela que je recherche ; Ce genre d’article ne se vend pas ici, la clientèle est plus « fancy », peut être en Bosnie ? Dans les cours et les ruelles, des tonnelles de vigne dépassent des murs, ici il y a un olivier.

Place de la vieille ville, 3 églises et des cafés

La promenade me conduit sur la place où trois églises sont construites non loin de la citadelle ; Crkva Sv Ivana, Saint Jean Baptiste, catholique, Santa Maria un Punta fondée en 840 autrefois appartenait à un monastère bénédictin, puis franciscain, et l’Eglise de la Trinité où alternent rayures roses et blanches sur la façade. Dans le environs se trouvent aussi les fondations d’une basilique du 6ème siècle . la place est dominée par les murs de la Citadelle. On y entre librement : des tables sont dressées, c’est un café. Selon le Petit futé, le « château sainte Marie serait construit sur des fondations hellénistiques,  fut détruit par un séisme en 1667 il a servi de casernes à l’armée autrichienne, ce qui explique une inscription en allemand. J’avais espéré plus de souvenirs vénitiens : un petit écusson sur la porte principale de la ville porte le Lion de Venise mais c’est tout ce que j’ai trouvé. Les ruelles tranquilles s’animeront plus tard. Une porte latérale s’ouvre sur la plage minuscule , on s’y baigne déjà.

Je termine la promenade sur la corniche lungomare entre la plage t les divers restaurants. Je ressasse la même rengaine : comment a-t-on pu autour de cette ravissante cité, dans un environnement magnifique faire une station balnéaire aussi hideuse ? La voie rapide allant à Podgorica coupe d’ouest en est la ville, il semble que les promoteurs ont érigé les ensembles immobiliers les plus monstrueux en dépit du bon sens, de l’urbanisme et de la voirie. Des tours cachent la vue ; Des voies privées barrent la circulation. Des architectes fous construisent en verre et en métal des tours sans logique ni respect de l’environnement. Et encore ! Le projet le plus fou d’immeuble-jardin imitant les jardins suspendus de Babylone avec terrasses et piscines à chaque étage, est encore en chantier. Babylone destinée à une clientèle russe, bouchera la vue aux riverains. A l’arrière de la vieille ville, un hôtel massif écrase la jolie petite plage qui jouxte la ville close.

11h, nous voici de retour sur « notre » plage à Jaz. Le plagiste avait promis de nous réserver des lits près de l’eau. Nous voilà derrière deux couples russes amis qui vident des bouteilles de rosé en picorant des fraises et des framboises. Ici aussi l’horizon est éclipsé ! Le serveur apporte le seau à glaçon en invoquant Napoléon. Il parle un curieux sabir mais nous nous comprenons très bien ; Napoléon ? C’est parce que nous sommes françaises mais aussi à cause de l’hiver russe « sibir » explique-t-il,donc au froid des glaçons. Napoléon a aussi été un acteur de l’histoire Monténégrine en mettant fin à la République de Venise en 1797. Les guerres napoléoniennes sont eu pour conséquence l’intervention Austro-Hongroise dans les Balkans.

Dominique reprend les calamars frits qui lui ont plu. Pour moi ce sera un risotto noir aux fruits de mer ; le riz noir est entouré par de belle moules farcies, ail et persil parfument le plat généreusement décoré de citron. C’est excellent : les petits calamars avec leurs tentacules, des crevettes et des moules sont mélangés au riz. La couleur du riz m’étonne, le riz est-il vraiment si noir ou est-ce l’encre de seiche qui le colore ?

J’ai terminé mon livre sur le Kosovo. Plutôt que d’en commencer un autre, je fais de longues traversées me fixant pour objectif chaque fois une bouée plus loin ? 17h, le soleil inonde nos lits de plage ; nous avons déjà fait bouger le parasol. Nous rentrons.

« tu n’as pas trouvé la petite sirène de Budva ? »

La sirène de Budva

Mon agacement s’est tari. Il faut savoir apprivoiser un environnement, une ville étrangère pour pouvoir l’apprécier. Quelque chose me dit qu’une sirène ne peut se trouver que près de l’eau. Pas de sirène au port, mais des caisses de poisson frais pêché que vendent les pêcheurs et des crevettes encore vivantes. Bars, dorades, deux petites lottes et des poissons plats. Je  traverse la vieille ville dans la cohue.  Les bijouteries luxueuses proposent des filigranes et du corail.

Verre romain

Par hasard je passe devant le Musée d’Archéologie(2€) installé dans une belle maison de pierre. Trois niveaux : au rez de chaussée, des vases grecs ou hellénistiques. Budva fut une ville grecque ; Des témoignages écrits en gréco-illyrien permettent de dater la présence grecque au 6ème siècle av JC. Sophocle, paraît il fit allusion à la cité. Des restes de l’époque romaine furent trouvés dans le chantier de l’Hôtel Avala(le monstre qui domine la petite plage charmante). Au premier étage une collection d’équipement militaire illyrien, des objets en terre cuite, un genre de tanagra que j’affectionne particulièrement ainsi que des récipients de verre romain de toute beauté : amphores minuscules, vases à parfum ou des urnes funéraires d’assez grande taille. Un montage d’une urne de verre dans un vase de pierre explique comment ces urnes fragiles sont parvenues jusqu’à nous en si bon état. Le troisième niveau est moins intéressant : ce sont des meubles 19ème /20ème.

les murailles de la vieille ville de Budva

J’arrive sur la petite plage contre la muraille et découvre un parcours cimenté protégé par une rambarde verte qui conduit sans doute à une autre plage. Elle démarre  à l’hôtel Avala et passe sous une falaise à a stratification en petits bancs calcaires gris clair est particulièrement plissée formant de curieuses structures. Au détour d’u rocher, la voilà, la sirène. Elle n’a pas de queue de poisson, c’est plutôt une danseuse !

La plage Mogren meublée de lits de plage luxueux est une véritable perle rare cachée dans son anse.

 

 

 

 

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De Kotor à Budva, arrivée à Budva, plage Jaz

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bouche de Kotor au petit matin

J’ai eu envie d’une baignade matinale au pied de l’hôtel. Les horribles bateaux de croisière sont partis hier soir à grand renforts de sonorisation. Un coup de sirène, voire deux à l’appareillage, c’est sympathique, poétique ; Un accompagnement musical perceptible dans toute la région est de très mauvais goût. Leur absence laisse la baie nette, agréable à regarder. L’eau est glaciale, je ne m’attarde pas.

18 km séparent Kotor de Budva par la grande route. Nous prenons le chemin des écoliers en faisant le tour de la péninsule pour arriver à Tirat. La  rive en face de Dobrota est moins construite. Les maisons en ciment sont rares il y a de véritables palazzi en pierre blanche avec balcons et armoiries. Les quais sont aussi cimentés. A 9 h du matin, la circulation est réduite, la promenade est donc très agréable à travers les villages de Mus, Prcanj, Donji Stelly en face de Perast et Lepetani. La lumière du matin convient mieux pour photographier els deu petites îles. Notre Dame des rochers est artificielle elle porte une coupelle bleue Sveti Djordje est plantée de cyprès. Une toute petite chapelle Notre Dame des Anges  (15ème )leur fait face. Elle se détache toute blanche sur l’eau bleue, enfouie sous les fleurs.

Notre Dame des anges

A Lepetani un ferry transporte les voitures sur une autre rive des Bouches de Kotor. Ensuite, la route s’élargit quitte le rivage et arrive à Tivat qui est une ville moderne avec des activités, un aéroport, un port, des hypermarchés. Le reste du trajet n’offre aucun intérêt touristique jusqu’à ce que la grande route monte dans la colline et passe par une galerie. Quand on en sort, la vue est saisissante sur l’Adriatique. A nos pieds, deux plages, la plus grande est équipée de lits de plage, parasols et bouée délimitant une zone de baignade. L’autre est une crique minuscule accessible par bateau (semble-t-il).

 Budva est une grande station bétonnée  avec des immeubles plus hauts et plus larges les uns que les autres, plus ils sont hauts plus ils sont bizarres, avec de véritables résidences privées, villes dans la ville. Le GPS ne connait pas l’adresse de l’hôtel Arka, le plan du Road book difficile à suivre. On demande aux passants qui nus sont de peu de secours ; Il faut une bonne heure et l’ide d’un policier pour trouver l’hôtel.

L’Hôtel Arka a un garage et un ascenseur. Bon gout, l’établissement est tout neuf. La chambre est petite mais elle a tout le confort, la climatisation et la télé capte  France 24, France 2 et France3.  Il y a même un porte -serviette chauffant, luxe qui parait inutile avec la chaleur, mais qu’on utilisera pour sécher maillot de bain et lessive. La réceptionniste est charmante. Elle nous conseille la plage Jaz, 2 km à la sortie de la ville après les tunnels en direction de Tivat

La plage Jaz

La plage Jaz

C’est une grande plage de sable grossier, presque du gravier, équipée sur toute la longueur.  Le premier établissement, parasols de paille, matelas bleus, bar chic propose 2 lits un parasol pur 10€ chaque lit. Le second, lits orange, 10€ pour deux lits, le troisième ajoute pour le même prix la wifi gratuite.

Le Restaurant Wild Beauty loue pour 5€ la journée et sert le déjeuner sur la petite table sous le parasol de véritables repas. Le serveur est très gentil, belles dents blanches, petit borsalino. Dès qu’il nous voit il nous parle de Cruchot et des Gendarmes à la plage. Louis de Funès a encore des fans au Monténégro ! Ses quelques phrases de français, il les a apprises au cinéma. Il connaît Chirac et Zidane, la renommée de Hollande ou de Macron n’est pas encore arrivée jusqu’ici. Le menu est présenté comme dans un bon restaurant. Nous choisissons des calamars grillés entiers et une salade de la mer : calamars, crevettes cuits dans le citron accompagnés d’oignons rouges et de beaucoup de persil très frais .Avec le café et les boissons 26€.

L’eau est limpide, turquoise, un peu fraîche (il est encore tôt dans la saison). Une goélette turque est à l’ancre non loin de là. Je goûte aussi la baignade avec mon masque. Les oursins sont bien présents et les poissons beaucoup plus nombreux que je ne l’imaginais. . L’après midi se passe entre nage et lecture.

En ville, je cherche un distributeur de billets et un supermarché. Cela ne manque pas, non plus que les magasins de mode, de chaussures de sport. Deuxième démarque ! Proclament les banderoles ; C’est hors de prix. Les touristes de Budva sont plus fortunés que moi, beaucoup de russes et des boutiques de fourrures et de bijou de prix .

Kotor et Perast

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la citadelle de Kotor

Un seul parking, entre la ville close et le port. Un énorme yacht est à quai et quelques autres plus petit. On entre dans la vieille ville par la Porte Marine passant sous un porche arrondi décoré d’un  médaillon en demi-lune où la Vierge entre deux anges est délicatement sculptée dans du calcaire très blanc. On arrive sur la Place d’Armes dominée par la Tour de l’Horloge et une Pyramide ayant servi de pilori. Terrasses et boutiques chic la bordent. La ville close est habitée mais souffre du syndrome de Concarneau ou du Mont Saint Michel : boutiques de luxe ou souvenirs pour touristes, restaurants dans chaque ruelle, chaque place, parasols rouge coca-cola et siège en faux osier gris…

Citadelle

l’église à mi pente

Pour grimper à la forteresse, il faut de bonnes chaussures. Plus de 1000 marches ! Le matin tôt le chemin est encore à l’ombre. Je monte plus pur la gloire que par curiosité : le meilleur point de vue sur Starigrad et les Bouches de Kotor, nous l’avons eu hier des Echelles de Cattaro. La montagne saint Jean est diablement escarpée, tout en soufflant, je fais l’inventaire des citadelles que j’ai gravies, depuis Nauplie, Monemvassia, Lindos, Cefalu….mais au moins là-haut il y avait quelque chose à découvrir tandis que sur le Château saint Jean flotte le drapeau monténégrin rouge et avec un aigle bicéphale brodé. Depuis l’époque illyrienne, le Mont saint jean fut fortifié, romains, Byzantins Vénitiens et autrichiens apportèrent leur contribution aux fortifications, j’ai un  plan des forts et remparts, cela ne me passionne pas plus que cela ! Au bout de 45 minutes j’arrive au sommet pour redescendre illico. La descente est moins pénible que la montée, mais elle est plus périlleuse, les passages en rampes sont terriblement glissants ? je me retrouve assise sur les fesses juste avant l’église.

Au pied de la citadelle de Kotor

Je découvre au hasard les petites rues. Entre dans la petite église orthodoxe Saint Luc, puis dans la grande Saint Nicolas, des peintres contemporains russes ont fait des fresques géantes des 4 évangélistes qui occupent toute la hauteur de la nef, j’apprécie moyennement.

Kotor

Nous nous installons à la terrasse du café Jazz à proximité du Musée Marittimo . Mon expédition à la forteresse m’a assoiffée, je commande un café frappé à la place de mon espresso habituel.  Mal m’en a pris, on m’apporte un Ice-coffee (3€) avec de la glace au chocolat avec de la Chantilly et même pas un verre d’eau que je dois réclamer. Le musée est installé dans le palais Grgurina(18ème). Les collections sont réparties sur deux niveaux le  premier présente le 17ème et le 18ème siècle, au second 19ème et 20ème. Dans l’escalier des gravures et cartes marines de « Cattaro ville des Vénitiens dans la Dalmatie ». Des maquettes de toutes sortes d’embarcation sont présentées : Galion (16ème -18ème ) Felouque avec ses voiles latines, Caraque (15ème )Nave de Leon Coronato brûlée par les pirates en 1748. Au mur, des tableaux de marine et les portraits des capitaines.

Bataille devant le Pirée

J’ai aimé la Bataille au Large de Patras(1823) et celle au large du Pirée encadrant le portrait de Marco Ivanovic de Dobrota. Il est amusant de remarquer que les capitaines fameux étaient dits de Dobrota plutôt que Kotor. Il y a également des bijoux en filigrane d’argent, ceintures, boucles d’oreilles, peignes et épingles. Dans la salle voisine, des armes ; les fusils sont incrustés de nacre sur toute la longueur et brillent. D’autres sont décorés de filigrane de même que les pistolets, les fourreaux des sabres et les sabres eux-mêmes. L’étage du 19ème et 20ème est moins poétique, les bateaux yougoslaves modernes sont moins spectaculaires que la marine à voile. 1837 Arciduco Lodovico fait la transition entre vapeur et viole, en plus des voiles il a une roue à aube. Les portraits des capitaines sont nombreux, mais ce sont des photos plutôt que des tableaux. On voit des uniformes noirs et une curieuse collection d’enfants de douze ans qui représentaient la marine de Koro. Sur un vidéogramme on voit la danse des marins sur la place d’arme, farandole dansée uniquement par des hommes graves se tenant par des mouchoirs blancs.

Saint Triphon

l’église saint Triphon (2.5€) a un musée ecclésiastique que je parcours distraitement ; Un sarcophage est le vestige de l’ancienne église du 9ème siècle. L’église romane a été consacrée en 1166, elle porte encore des fresques du 14ème malgré les destructions du séisme de 1979. Le clocher détruit par un tremblement de terre a été reconstruit au 17ème avec la balustrade baroque qui relie les deux tours . Le baldaquin au dessus de l’autel  est remarquable.

Kotor : rues

Les terrasses bondées et les prix très touristiques nous font renoncer  au déjeuner au restaurant. Le long des murs se tient un très beau marché, on hésite entre figues et melon pour accompagner un excellent jambon.  Déjeuner d’été léger sur le balcon après une baignade. je retrouve mon rythme méditerranéen avec une vraie sieste .

Perast

Après l’endroit de ma baignade sur la corniche de Dobrota la route remonte à Ljuta et Orohovac et s’éloigne du rivage. Au dessus de Perast nous découvrons les deux îles très photogéniques , l’île Saint Gorge et l’ile Madona dello Scarpello. C’est une véritable chasse photographique compliquée par le fait que le soleil de face se reflète sur la surface de la mer m’éblouit complètement ; j’appuie sur le déclencheur à l’aveugle.

vue de Perast : Madonna de Scopello

Le village de Perast est piétonnier. Les gardiens du parking sont particulièrement agressifs même pour els porteurs de la carte « handicapé », l’un d’eux me braque un laser dans els yeux sous prétexte de « voir si j’ai bu ». Perast est charmant avec ses palais, ses églises, ses bateaux amis il y a foule. Difficile d’avancer même à pied entre les gitanes et leurs dentelles, les terrasses des restaurants (délicieuses senteurs de moules et poissons grillés), les groupes de touristes qui attendent les bateau qui les conduiront aux îles. Je n’ose pas m’attarder dans l’église en robe de plage ; pas question de visiter le musée. Nous retournons à l’endroit de ma baignade d’hier mais une femme nous interpelle en serbe(ou en monténégrin) c’est le parking de son hôtel, il faut bouger. Je vais donc nager un peu plus loin toujours le long des flotteurs

Ile saint George

Deux énormes bateaux de croisière encombrent la baie et bouchent la vue. L’un d’eux est un véritable géant de plus de dix étages, l’autre norvégien est de taille plus raisonnable mais sa coque est bariolée de fort mauvais goût. Non seulement ils déversent une foule moutonnière, mais ils sont vraiment laids !

 

 

 

Arrivée à Kotor par les Echelles de Cattaro

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les bouches de Kotor

Nous quittons Cetinje par Lovcen sur une petite route qui tortille beaucoup à l’assaut de la montagne (sommets à 1749m et 1657m). Nous avions l’intention de pique-niquer au monument de Petar II Petrovic Njegos (1813-1851). La route très étroite est très fréquentée aujourd’hui dimanche. Nous ne trouvons pas le mausolée et fuyons les effluves de barbecue et la foule des promeneurs du dimanche rassemblés au Parc National de Lovcen.

Bel endroit pour un pique-nique!

Continuant vers Kotor, la route devient vraiment très étroite, on ne pourrait pas se croiser ; heureusement, à l’heure du déjeuner il n’y a pratiquement personne. A un tournant, un rocher fait office de banc et nous mangeons nos escalopes de poulet et le yaourt devant un panorama très étendu, succession de crêtes calcaires dans les fleurs de juin.

sauge bleue

La descente sur Kotor, à petite vitesse est vraiment plaisante. Chaque fois qu’on peut s’arrêter on découvre un nouveau point de vue sur les Bouches de Kotor : la route que nous avons pris un  peu au hasard est connue sous le nom des Echelles de Cattaro , nom italien de Kotor qui fut vénitienne de 1420 à 1789. J’aime ce nom d’échelle évoquant la Méditerranée orientale. A mesure que nous nous rapprochons de la ville, la circulation devient plus intense, nous croisons d’abord sportivement des petites voiture – chacun fait un effort pour reculer jusqu’à un refuge, puis moins confortablement d’énorme jeeps et enfin un  autocar qui impose une longue marche arrière. Malgré l’inconfort de cette reculade, ces Echelles de Cattaro resteront un grand souvenir !

Cétoine dorée sur ombellifère

 

On voit arriver la ville, plus bas. La vieille ville – Starigrad – est enfermée dans ses murailles. Le reste de la ville déborde sur els environs : conglomérat un peu hétérogène d’immeubles bien laids et de villas aux toits rouges et aux balcons beige, rose à l’italienne ou jaune pâle dans des jardins d’où émergent s palmiers, pins ou cyprès, parfois un magnolia en fleurs.

Kotor

Notre hôtel Marija2 , n’est pas l’hôtel de charme Marija que nous avons repéré dans le Petit Futé. Situé à Dobrota, à 2km de Kotor sur la route passante. Le parking est prévu ; construit à lfanc de colline, les chambres sont réparties sur plusieurs niveaux ; la nôtre donne sur le parking (pratique pour les valises). Son balcon est au 2ème étage au dessus de la ruelle qui conduit à la mer(50m). On peut voir l’eau et les lumières se refléter le soir en tordant un peu le cou (les « chambres avec vue » sont plus chères.).

Notre chambre est vaste, on pourrait y loger à 3. Meubles modernes fonctionnels sans prétention. Minibar caché dans le bureau : on aura de l’eau fraîche ! Climatisation (que je déteste mais qui sera utile la nuit quand il faudra fermer les persiennes pour éviter le bruit de la route). Grande salle de bain. Nous passons les soirées sur le petit balcon il y fait si agréable qu’on ne regrettera pas un instant de renoncer au restaurant sur la mer.

Nous partons en voiture explorer les environs. A pied, on arrive tout de suite sur la corniche qui tient lieu de plage, mais il y a trop de marches pour Dominique. Sur la route, des digues, des petites plateformes avec des échelles ou des marches ont été maçonnées. Chacun y installe son fauteuil pliant ou sa serviette pour se baigner dans l’eau tiède et claire. En voiture, en revanche, c’est un casse-tête de trouver où se garer.

Albizia ou arbre à soie

Quel changement avec Kolasin et ses 13° ! j’ai mis maillot et robe de plage.

Nous cherchons une  terrasse où Dominique pourra s’asseoir pendant ma baignade et un restaurant pour le dîner ; premier arrêt à une plage privée équipée de très jolis lits de plage en osier. C’est réservé aux clients de l’hôte 5* ! On peut prendre un verre en terrasse mais cela ne donne pas le droit d’accéder à la plage. Bien  qu’elle soit déserte les garçons nous chassent poliment mais fermement. La deuxième tentative sera la bonne. La baignade est merveilleuse. Des bouées protègent les baigneurs des jet-skis et bateaux à moteur. Je nage le long de la ligne des flotteurs. Baignade en eau parfaitement calme à une vingtaine de m de la côte. Sentiment de parfaite sécurité. J’ai oublié mon masque, je le prendrai demain.

Un tour à Kotor, pour constater qu’il n’y a pas de parking gratuit même devant une galerie marchande, il faut justifier de 10€d’achats pour une heure gratuite nous avons dépensé 9.67€ – insuffisant !

Cetinje, petite capitale du Monténégro

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Cetinje : petite capitale !Belle Epoque

Départ de Kolasin sous le soleil (13°)

32 tunnels jusqu’à Podgorica

Le canyon de la Morača est spectaculaire, les falaises verticales sont hautes de plusieurs centaines de mètre.  A la sortie  du canyon désert on entre dans un pays de vigne. Une route des vins touristique passe par là.

La vallée ne s’élargit qu’aux abords de Podgorica, la capitale du Monténégro, que la route contourne, nous ne verrons que des quartiers périphériques avec des barres d’immeubles de ciments gris et dégradés. Les urbanistes ont fait des efforts dessinant des escaliers avec des immeubles en degrés, légère amélioration aux tours et aux barres. Cela a mal vieilli. Il fait une chaleur estivale, les gens se promènent en shorts et T-shirt.

Les sombres forêts alpines ont laissé la place à un cortège de plantes méditerranéennes : lauriers roses florissants sur le bord des routes, Le fleurs rouges des grenadiers ressortent sur le feuillage vert tendre. Une garrigue peu dense laisse apparaître de gros rochers calcaires striés de figures de dissolution. Le brusque changement de végétation est saisissant. Des tapis de fleurs colorent le paysage : les plus fournis sont de sauge bleu foncé presque du velours, tapis ras et très dense des lotiers jaunes, touffes roses de serpolet, piquetis plus vif des œillets…

Cetinje : palais bleu

Nous arrivons rapidement à Cetinje, l’ancienne capitale du Monténégro, fondée au 15ème siècle. la première imprimerie des Balkans y fut fondée.  Subissant les attaques turques et vénitiennes, la ville déclina. Elle devient le fief de la dynastie Petrovic et de son Prince-Evêque Danilo 1er. En 1838, Petar II construisit sa résidence. L’indépendance monténégrine fut reconnue au Congrès de Berlin 1878. De nombreuses ambassades s’y installèrent. En 1910, Nicolas 1er fur reconnu roi. Avec l’indépendance, Cetinje regagna un peu de son importance culturelle, accueillant les archives nationales et le Musée Historique.  C’est maintenant une petite ville de 15000 habitants.

Cetinje – Musée Historique

Nous avons failli passer à côté de cette minuscule capitale. Aucun panneau touristique n’indique les curiosités. La voiture parcourt en quelques minutes la rue principale et on est déjà sorti ! IL faut garer l’auto et la visiter à pied. On découvre à l’ombre des tilleuls fleuris les façades pastels des maisons basses (tout au plus un étage). Il faut chercher les Palais et les vastes parcs. Le Palais Bleu a repris du service. C’est la Résidence du Président de la République. Il est gardé par deux sentinelles aux uniformes rouges à brandebourgs galonnés d’or qui se prêtent volontiers à la photographie. Nous aurions pu consacrer plus de temps à la visite des musées – ouverts de 9 à 17h, sauf l’atelier Dado qui ferme le week -end . Je préfère déambuler entre les terrasses des cafés et des restaurants, chercher les ambassades étrangères (figurées sur le plan acheté à l’Office de Tourisme) logées dans des maisons basses derrière les tilleuls. Pas une voiture ne vient déranger la promenade. , un grand trompe-l’œil rappelle que cette petite capitale s’enorgueillit d’être la première à doter le facteur de la Poste d’une automobile.

Slobodan Djuric Puro

On se croit dans un décor d’opérette, Belle Epoque ou on pense à Tintin et le Sceptre d’Ottokar, le Monténégro a-t-il inspiré la Syldavie ?  Cela ne fait pas sérieux, une capitale de 3500 habitants même si elle est dotée de grands palais et de bâtiments administratifs impressionnants. La première guerre mondiale a mis fin à la petite monarchie. Sarajevo  n’est pas loin !

J’ai préféré la terrasse d’un café à la visite au Musée Historique.

Slobodan Djuric Puro

Cetinje a aussi plusieurs musées de peinture. Un peintre monténégrin a retenu mon attention Slobodan Djuric Puro  à qui la Galerie offre une rétrospective  qui montre des aspects variés de son œuvre, aquarelles et tableaux conventionnels, compositions cubistes presque surréalistes et plus récemment des sujets tragiques faisant référence au séisme de 1979 qui détruisit Budva et Kotor voisines.

Nous quittons la ville par Lovcen 

Omer pacha Latas – Ivo Andric coll. motifs

LIRE POUR LES BALKANS/ BOSNIE

Après Mara la courtisane et autres nouvelles, Titanic et contes juifs de Bosnie, j’avais envie de me plonger dans un roman pour continuer à explorer l’univers d’Ivo Andric.

Omer pacha Latas raconte en 18 chapitres le règne de ce pacha, seraskier (chef suprême des armées ottomanes), sabre du Sultan, venu rétablir l’autorité turque en Bosnie, sur les beys et les knez qui prenaient trop d’indépendance. Le livre s’ouvre avec l’arrivée du pacha à Sarajevo en 1850 à la tête d’un corps d’armée impressionnant en une parade éblouissante et se terminera un an plus tard en 1851 par le départ des troupes. Pour commencer le seraskier terrorise toute la Bosnie, par une occupation militaire aussi implacable qu’arbitraire. Les grands ne sont pas épargnés, au contraire, enchaînés, ils sont déportés à Istanbul quand on ne leur confie pas des tâches dégradantes en public. Puis une véritable occupation de l’armée et de la cour du pacha s’installe dans la durée dans la ville. 

Chaque chapitre va décrire minutieusement comme dans une miniature orientale des tableaux vivants centrés autour d’un ou plusieurs personnages. Excellent dans les nouvelles, l’auteur écrit chaque chapitre, une nouvelle ou un micro-roman. On feuillette donc toute la collection de tableaux avec un  point de vue différent : l’entourage immédiat des officiers, l’intendant pourvoyeur de chair fraîche, la femme du pacha, le cuisinier fou d ‘amour, la carrière d’Omer pacha Latas….Plaisir retrouvé et renouvelé que j’avais découvert dans la lecture  des nouvelles. Ivo Andric – Prix Nobel – est un grand maître!

A la lecture d’Ivo Andric, je prends conscience de toute la complexité balkanique. Omer pacha le « sabre du Sultan » est un « islamisé« ,  fils d’un militaire autrichien, orthodoxe. La plupart des officiers qui l’entourent sont aussi des « islamisés » polonais, hongrois, grands buveurs et mécréants, patriotes déçus dans leur contrée d’origine. Saïda Hanum, la femme d’Omer pacha , est une pianiste roumaine. Roumain aussi le cuisinier, ou macédonien, c’est un peu mélangé. Le pouvoir turc, l’autorité d’Abdul Hamid est donc représenté par une mosaïque d’individus, mosaïque de cultures. Les Bosniaques qu’on doit réduire à l’obéissance sont de bons musulmans, mais aussi la raïa, population chrétienne orthodoxe, ou communauté juive. La scène où Omer pacha tente de séduire le voïvode Zimovitch, en rappelant ses origines à Iania Gora (Croatie), est une bouffonnerie.

j’ai pris grand plaisir à lire cet ouvrage qui est vraiment un grand livre!

 

Kolasin et la Monastère Moraca

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30 km de Kolasin en direction de Podgorica sur la route « magistrale » qui passe par d’innombrables tunnels et descend interminablement. Il faisait très frais en partant de Kolasin (950m) la température devient étouffante après avoir passé la Rivière Moraca.

La Rivière Moraca prend sa source près de Kolasin et se déverse dans le Lac Shkoder, Elle a creusé un véritable canyon, la route suit son cours jusqu’à Podgorica. Le Petit Futé recommande un sentier de randonnée dans le canyon dont je n’ai pas trouvé le départ (cela n’aurait peut être pas été prudent de m’y engager seule).

Le Monastère de Moraca est tout blanc avec des toits métalliques dans un écrin de jardin fleuri. Fondé en 1252, par Stefan Nemanjic – roi serbe –  il possède des fresques anciennes. Dévastée par les Turcs, elle fut restaurée au 17ème siècle .

Très célèbre, de nombreux Serbes y viennent en pèlerinage (foulards, signes de croix répétés, icônes embrassées) ainsi que des touristes en car, venus  des plages ou de croisière, qui jettent un coup d’œil à l’église mais ne restent  guère .

Malgré l’affluence, je prends mon temps pour examiner les fresques. A l’entrée, à l’extérieur, deux saints cavaliers, au dessus, un ange aux ailes protectrices et l’échelle que gravissent les pêcheurs. Certains tombent ; symétriquement une autre échelle aux saints auréolés et des anges ; Dans le narthex, comme en Grèce, un Jugement dernier avec une moitié infernale rouge, une terrifiante gueule de dragon. Ces représentations de l’Enfer m’amusent. Sur un mur latéral un Arbre de Jessé, lui faisant face sur plusieurs registres des personnages vêtus en ecclésiastiques, par groupes que je en sais identifier en dehors de Constantin et Helène. A l’intérieur de l’église l’affluence est telle que je ne peux repérer les scènes célèbres.

Nous rentrons à Kolasin vers midi. Selon le Petit futé la place de Kolasin serait « une des plus belles du Monténégro ». Vaste ! Certes, elle l’est, disproportionnée dans un si petit village. On a fait des efforts d’urbanisme : un jardin avec une statue énorme de deux partisans et des bustes de personnages célèbres localement, une construction bizarre qui fait penser à une piscine ou à un centre culturel, salle polyvalente, bureaux. Le béton a mal vieilli, les armoires métalliques sont rouillées. Aspect déprimant ! Autour de la place, un bel hôtel, des boutiques fermées, deux guichets automatiques, une pharmacie. La place a dû connaitre des jours meilleurs.

Nous avons acheté des yaourts et des cerises pour un pique-nique sur les tables au bord de la rivière.

A 15heures l’orage crève les nuages. On rentre dans la chambre; il fait drôlement frais en altitude sous la pluie. Dîner au restaurant Vodenica  nous commandons le même menu que la veille. C’était tellement bon, et surtout les pommes de terre réchauffent.

Monténégro : Kolasin

CARNET DES BALKANS/MONTENEGRO

Montenegro : sur la route vers Kolasin

De hautes montagnes séparent le Kosovo du Monténégro. La route s’élève dans la forêt. Des vaches sur la chaussée ne se dérangent pas à notre passage. Avant le col, la douane du Kosovo vérifie les documents de la voiture, et tamponne les passeports. Au col, des fermes sont dispersées dans les pâturages, fermes ou étables d’estives ? Sont-ce les katuns cités dans le Petit Futé ? Le poste-frontière du Monténégro se trouve plus bas dans la forêt. Les guérites au milieu de la route ressemblent) n’importe quelle guérite mais les bureaux sont logés dans de jolis chalets en rondins.

Avant le poste- frontière : les vaches sur la route

La forêt nous parait différente de celle du Kosovo, les épicéas très gros et très hauts sont plantés serrés. On passe un peu plus bas devant de grosses scieries. La route est en excellent état avec de la peinture blanche sur les bords. Les grosses maisons sont crépies, tout semble plus propre. Les petits chalets de bois sont pimpants. Venant du Kosovo, le Monténégro fait penser à la suisse ou à l’Autriche, plus propre, plus prospère.

Rozage, premier village traversé, est très animé. C’est jour de marché.

Berane est une petite ville précédée par des cheminées d’usine dans le creux de la vallée. Trois curiosités sont indiquées par des panneaux touristiques marron : un musée du 19ème siècle, un castrum romain et un monastère. Nous renonçons au Musée, ne trouvons pas le camp romain, le monastère, si.

Monténégro : monastère de Berane

Le monastère de Berane est entouré de murs. A l’entrée des pictogrammes expliquent tout ce qui est interdit et donnent le code vestimentaire : hommes en pantalons longs femmes en jupe. Cela ne m’étonne pas, en Grèce c’est pareil. Bulgares et Roumains sont plus tolérants en ce qui concerne l’habillement . Une jeune femme vêtue de leggings promène une poussette. J’entre donc en panta-court. Autour de l’église blanche, une pelouse très bien entretenue avec des fleurs, rosiers, glaïeuls orange. Je croise un moine aux blancs cheveux longs qui fait mine de ne pas me voir et ne répond pas à mes questions. A-t-il fait vœu de silence ou ne regarde-t-il pas les tentatrices ?

L’église est ouverte, un moine attend dans la guérite qui vend des souvenirs, cierges et livres pieux, silencieux lui aussi. L’intérieur de l’église est cimenté, il reste quelques fresques très sombres et pas d’iconostase dorée. Sous la coupole, un lustre en forme de couronne en laiton. Pas grand-chose à visiter.

Dans la rue, un panneau raconte l’histoire du monastère de Berane, que je recopie et résume. Détruit 5 fois, appelé monastère martyr, érigé au 12ème siècle il fut reconstruit en 1213. Sous ses arches des rébellions se sont organisées pour l’indépendance de la principauté Vasovici puis l’indépendance du Monténégro en 1857, attaqué par les autorités ottomanes, il fut incendié en 1738, 1825, 1862 et 1875. En 1898, la population se souleva pour le défendre, 27 personnes moururent par le feu. En 1912, pendant la Guerre balkanique, il fut à nouveau incendié, reconstruit en 1925. L’épiscopat fut rétabli en 2002.

œillets roses

En faisant le détour pur le monastère nous avons perdu l’itinéraire prévu par la route principale. La signalisation routière ne nous aide pas indiquant des directions lointaines, notre carte d’Albanie couvre un petit coin du Kosovo vers Prizren et les environs de Kotor au Monténégro. Il nous faut faire confiance au GPS qui propose une toute petite route que nous ratons d’abord, puis où nous hésitons de nous engager tant elle est étroite. A la station service, nous demandons si cette route est bien carrossable et si elle rejoint bien Kolasin. Le pompiste confirme « c’est une bonne route ».

Bonne, oui pour le revêtement, elle est goudronnée, les nids de poules sont de taille raisonnable pour une route de montagne ; Sinon elle est très étroite et sinueuse à souhait. De nombreuses habitations la bordent (cela ne veut rien dire, en Albanie la piste pierreuse desservait aussi des villages). 44 km sur cette route seront bien éprouvants pour la conductrice ! La passagère, au contraire est au spectacle. Un régal pour les yeux. A chaque tournant, un panorama spectaculaire. Deux pics se détachent, ressemblant aux montagnes que ls petits enfants dessinent : une pointe ou deux de pierre, couronnant un cône d’herbe verte au dessus d’une forêt touffue. Entre l’herbe et la roche, un liseré de neige. Les névés brillent. Plus près de nous  les fleurs forment des tapis colorés, nappes roses, jaunes ou bleues. Les petits œillets sont d’un rose très intense. J’aimerais avoir une flore pour herboriser. Je photographie. Les motards ont repéré cette jolie petite route. Ils roulent en meute, par groupes de 4 ou 5 qui s’attendent et se regroupent au col, immatriculés en Pologne ou en Allemagne. Dominique ne décolère pas, elle avait prévu une boucle par le Nord qui nous aurait conduites au Parc National de Biogradska Gora où nous aurions fait étape, une promenade autour d’un petit lac et un pique nique. Nous aurions roulé sur une grande route au lieu d’être à 20km /h sur la petite.

Notre gite « apartaman » mirovic

13h, nous arrivons enfin à Kolasin qui n’est pas un village bien organisé, plutôt une station de ski .Chaque maison dans son jardin propose des apartamans. Les maisons sont dispersées le centre est diffus. Par chance nous trouvons facilement notre Apartaman Mirovic : plusieurs maisons blanches sur une pelouse impeccablement tondue, une allée cimentée qui descend à la rivière, sept jardinières de pétunias disposées sur une échelle double au milieu d’un polygone de galets. Au fond, une gloriette (soleil ou pluie). D’épaisses tables et bancs sont disposés près de la rivière. Quelques jeunes poiriers, pommiers et cerisiers sont alignés dans la pente. Seuls les poiriers sont indemnes de la cloque.

Tout est ouvert, mais il n’y a personne. La dame arrive alors que nous pensions partir. Elle parle anglais et nous laisse choisir notre « apartaman » : deux pièces en rez de chaussée, simple et sobre avec tout ce qu’il faut. Les fenêtres donnent sur le jardin. Des photos anciennes sépia sont coincées dans des cadres entre deux plaques de verre.

« Où trouver un pique-nique ? » .Au centre, il y a bien quelques boutiques villageoises mais pas destinées aux touristes. Les cafés sont occupés par des hommes assez patibulaires pour que je n’ai pas envie de m’y attabler. J’achète des cerises à la fruitière qui m’indique où on pourra me faire des sandwiches « Tam !’Chez les commerçants personne ne parle ni anglais, ni allemand, seulement monténégrin ou serbe, peut être russe (tout cela se ressemble). Les passants nous indiquent le chemin en serbo-croate peu soucieux de savoir si nous comprenons ou pas. On n’est pas franchement les bienvenues !

Nous cherchons un  coin pour manger nos sandwiches et les cerises ; pas facile, on ne va pas s’installer chez les gens dans leurs jardins. On gare la Clio sous un panneau de basket, un gamin sort et nous tient des discours hostiles, c’est son panneau, on l’empêche de jouer ; pourtant il n’a pas de ballon. On s’en débarrasse en lui faisant des grimaces genre Monty Python (e n craignant qu’il ne revienne avec des copains et des cailloux.

Le jardin botanique  attraction recommandée par le Petit Futé est perché ç côté de la gare. Fermé. Sur un écriteau : un numéro de téléphone. Il convient de prendre rendez vous. J’appelle avec le téléphone français. On me répond mais personne ne comprend ni l’anglais, ni l’allemand. Je raccroche cette conversation de sourds ruineuse.

Parc national Biogradska : biogradska Jezero

Il ne reste plus qu’à remonter au nord au parc National Biogradska  en empruntant la route principale par laquelle nous aurions dû arriver. Large et bien entretenue elle est très fréquentée par les camions, j’en compte six à la file. Finalement, la bouche par le sud a peut être été moins stressante.  La route passe par la vallée de la Tara qui remonte vers le nord vers la Serbie,  affluent de la Drina, puis de la Save qui conflue vers le Danube. Pour entrer dans le parc un péage de 3€ par personne est exigé. La route traverse une hêtraie fantastique, des arbres très hauts, très vieux, certains dépassent les 40 m.

Au bout de la route le lac Biogradska Jezero : un sentier aménagé en fait le tour sous les hêtres mais aussi les aulnes et les épicéas. Le lac a une couleur étrange. Il reflète les sommets. Le sentier propose des activités diverses comme estimer la hauteur d’un arbre géant ou sa circonférence. En bout du lac une sorte de delta crée une forêt vierge humide qu’on traverse sur des planches. D’autres promenades permettent d’atteindre les sommets pour voir les katuns dans les alpages. Mais c’est l’affaire d’une journée.

Kolasin : restaurant Vodenica

Nous terminons la journée au restaurant Vodenica installé au bord de la rivière dans une maison de bois aux larges bardeaux décoré par des objets anciens : une pierre à meule, un pressoir, une baratte, quelques outils. Sur la terrasse quelques tables avec des nappes à carreaux ; il y a aussi une salle à l’étage cosy et bien décorée. Je choisis parmi les spécialités régionales le Kacamak , une sorte d’aligot, pommes de terre crème et 26beaucoup de fromage. Dominique a pris des filets de poulets, escalopes servies avec de la crème fraîche et un assortiment de légumes . C’est très abondant. L’addition avec les boissons monte à 16.3€. on reviendra demain !

 

La Forteresse – Mesa Selimovic

LIRE POUR LES BALKANS/BOSNIE

La Forteresse de Mesa Selimovic est un gros bouquin de 535 pages. L’action se déroule à Sarajevo pendant du règne d’Abdul Hamid. Ahmet Chabo, le héros, rentre de la guerre contre les Russes. Il revient anéanti par les horreurs de la guerre où ont succombé tous ses camarades et mettra beaucoup de temps avant de sortir de son hébétement grâce à l’amour de Tiana, une chrétienne  et l’aide de Moula Ibrahim qui l’embauche comme écrivain public. Il se lie d’amitié avec Mahmout Nereliak, commerçant raté, ancien proscrit, voleur, poète, inventeur de mille trafics, mais ami fidèle. 

Pour réussir à Sarajevo, il faut avoir l’échine souple, flatter, faire sa cour aux puissants, et surtout savoir se taire. C’est ce dont Ahmet Chabo est incapable. Un verre d’alcool de trop, et il commet l’irréparable gaffe qui va d’abord lui valoir une solide bastonnade, d’abord, son emploi et tout espoir de réussite. Ahmet devient un proscrit pour une phrase malheureuse.

Le serdar Avdaga – policier tenace – le poursuit de sa présence inquiétante. Que cherche-t-il? Sachant Ahmet aux abois, il tente de le recruter comme indic, de lui faire espionner l’étudiant Ramiz qui prêche la révolte. Devant son refus de coopérer, il continue de poursuivre Ahmet essayant de le prendre en faute. Cette poursuite, cette accusation sans fondement me fait penser à Kafka? la Forteresse est-elle le Château bosniaque? Coupable sans faute, est-ce le Procès?

Le refus d’espionner Ramiz fait-il d’Ahmet son complice? Quand Ramiz est emprisonné dans la forteresse, Ahmet se sent le devoir moral de venir à son secours. C’est alors que deux personnages puissants et riches Chehaga et son lieutenant Osman Vouk vont faire évader Ramiz. les soupçons du serdar Avdaga deviennent de plus en plus pressants…..

Le roman prend son temps, l’intrigue se noue doucement. Nous avons le loisir de découvrir la vie quotidienne de la petite cité, ses intrigues, ses commerces. Mesa Selimovic nous promène dans ce monde oriental des beys, des agas, des palais aux auberges borgnes.

J’ai bien aimé ce voyage!

l’auteur

 

 

Pejë : Le Patriarcat de Pec et le monastère de Decan

CARNET DES BALKANS/KOSOVO

Pec Patriarcat

le Patriarcat de Pec (nom serbe de Pejë).

Le Patriarcat de Pec est construit à l’écart de la ville, proche de la vallée de Rugova où des ermites étaient venus s’installer dans des grottes. Un mur hérissé de barres de fer protège le monastère. Une guérite habillée de filets de camouflage (interdit de photographier) est à l’entrée. Des policiers nous demandent nos passeports avant de lever la barrière. On a l’impression de passer une frontière : d’avoir quitté le Kosovo musulman pour une contrée étrangère (Serbie orthodoxe ?). Après le pillage et le saccage des lieux de culte orthodoxes, le Patriarcat comme le monastère de Decan et une église de Prizren, sont mis sous la protection de l’UNESCO sur la liste du Patrimoine en Péril.

Ce monastère devint le siège de l’Archevêché et du patriarcat serbe e 1346, 1463 1557 et  1776.

Derrière ses murs nous découvrons  un groupe d’églises peintes en rouge sang adossées les unes aux autres, percées de belles fenêtres, parfois géminées à l’italienne, un jardin et un très vieil arbre étayé : le mûrier de Saint Sava (1169-1236).Selon la légende, Sava aurait rapporté une pousse de la Terre Sainte . .  L’archevêque Arsène fit construire l’église des Apôtres au 12ème siècle. Nicodème er ajouta l’église saint Dimitri, Danilo II celle de la Vierge en 1330

Nous sommes accueillies par des moniales tout de noir voilées à l’air sévère. Pour le prix de l’entrée(2€) un audio-guide est prêté. Malheureusement, le commentaire s’attache surtout aux particularités architecturales, à l’histoire des évêques qui se sont succédés plutôt qu’aux fresques. Il y en a tant qu’on ne sait où donner de la tête. Il faudrait passer des heures pour les déchiffrer toutes. Pourquoi ne pas s’y attarder ? Si ce n’était une vieille sorcière, habillée en nonne, qui nous poursuit en agitant bruyamment une sébile et qui surveille que nous ne prenions pas de photos (photos interdites). J’aimerais examiner les icônes grecques de l’iconostase et elle me presse d’aller ailleurs.

Monastère Decan

A 12 km, sur la route de Gjakové, se trouve le fameux monastère Decan. Autant il est facile de parvenir au village, autant il est difficile de trouver le monastère établi  à l’écart. Un seul panneau très discret l’indique (éclipsé par le feuillage d’un arbre d’alignement). Les passants interrogés font mine de ne pas comprendre. Pourtant le mot « manastir » devrait convenir. On se perd dans la campagne pour se retrouver au village une seconde fois.

Pas étonnant que les habitants ne nous l’indiquent pas : il est gardé par la KFOR. Il faut donner nos deux passeports aux soldats autrichiens qui nous donnent en écahnge un billet « visiteur » et qui conservnet les passeports toute la durée de la visite. On ouvre ensuite une grille qu’on refermera dans mon dos. Photos interdites comme au Patriarcat de Pec. Dehors, comme dedans. Je n’ai pas envie de désobéir, je me sens surveillée par les soldats. Deux d’entre eux déambulent sur mes talons. Un homme poivre et sel, croate, l’autre est une grande blonde costaude suédoise. Ils communiquent en anglais. Un pope survient. Jeune, ouvert, sympathique. Le militaire et le pope se congratulent en serbo-croate, puis le pope fait une visite guidée en anglais à l’attention de la suédoise. Je me joins à eux.

Le monastère est construit en belle pierre blanche par le roi Stefan (1327-1330) sa décoration est datée 1350. L’intérieur est une splendeur, l’ensemble des fresques est d’une cohérence remarquable puisque elles on été peintes en 8 an, à l’exception de l’iconostase macédonienne baroque dorée.

Decan : fresques

Le pope nous fait remarquer certaines fresques: le calendrier perpétuel avec la succession des saints à fêter, la représentation des conciles du début de l’Eglise Byzantine : les orthodoxes portent une auréoles, les hérétiques, non. Une litière avec un soldat illustre la conversion de Paul, inévitable : Constantin et Hélène…Autrefois, ce monastère très riche contenait de l’or. Le pope nous en montre une trace sur le sol et les marbres précieux, l’onyx.

Le soldat croate demande la permission de faire quelques photos. Le moine, ferme les yeux en réponse. J’en profite.

Je récupère les passeports. Ces deux visites sous la protection de la KFOR rappellent que le problèmes entre Serbes et albanais n’ont pas tous été résolus.