Une nouvelle édition rassemblant les trois récits du voyage de Fermor de Londres à Istanbul vient de paraître!
J’ai lu le Temps des Offrandes et Entre Fleuve et Forêt il y a bien longtemps. j’attendais la suite depuis des années.
Patrick Fermor – 18 ans – est parti de Londres en décembre 1933 à pied vers Constantinople.
Fermor est décédé en 2011.
Surprise : en 2013, la fin du voyage est enfin parue : The Broken Road
J’ai choisi de la télécharger en anglais sur ma liseuse. Je préfère lire en VO, même si le texte est littéraire et comporte tout un vocabulaire choisi que je ne possède pas. Magie de la liseuse : je clique et les dictionnaires m’aident.
c’est donc une lecture, lente, savoureuse, jubilatoire.
Fermor quitte la Serbie et les Portes de Fer, arrive à Sofia.
Rila
Au monastère de Rila il fait connaissance avec une étudiante de son âge qui l’invite à Plovdiv. Puis, il marche dans la campagne, entre dans une épicerie à Tarnovo, le fils est étudiant également, ils sympathisent. De Routschouk – ville natale de Canetti – il traverse à nouveau le Danube et rejoint Bucarest où il est reçu dans la meilleure société…puis longe la Mer Noire et arrive pour la nouvelle année à Istanbul, dont nous n’apprenons presque rien.
Le périple n’est pas terminé puisqu’il se poursuit au Mont Athos.
C’est un livre de randonnées, Fermor raconte ses aventures. il raconte surtout ses rencontres.
De la haute société de Bucarest, francophone, proustienne et snob il passe à une grotte occupée par des pêcheurs grecs et des bergers bulgares avec leurs troupeaux avec le même bonheur – et pour le nôtre! Nous ferons enfin connaissance avec des moines russes, bulgares ou grecs…
Merci à Balkania qui nous a préparé un auto-tour idéal !
Les hébergements ont tous été à la hauteur de nos attentes et parfois bienau de-là.
La gentillesse de nos hôtes a toujours compensé la barrière linguistique. Ils ont fait mentir l’expression qualifiant la Bulgarie de « pays sans sourire »: le sourire, la gentillesse et la prévenance ont toujours été au rendez-vous.
Le confort et la beauté de certaines maisons d’hôtes nous ont tellement surprises que nous les avons surnommées : » jardin extraordinaire » à Dragoevo, « le musée » à Geravna, » meilleur petit déjeuner « à Arbanassi…..les villages ont offert des visites passionnantes dans un rayon très raisonnable.
Nous avons suivi à la lettre les suggestions de visites.
Le rythme était tout à fait adapté . Jamais nous n’avons eu l’impression de courir un marathon. A chaque étape, nous avons pu nous arrêter dans un cadre très agréable pour préparer les visites suivantes, lire la carte, faire le point sur les visites : à la piscine, sur le balcon-musée, dans le merveilleux jardin nous avons passé des heures reposantes. Maisons-musée, monastères, thermalisme, sites archéologiques et j’en oublie, nous ont rempli des vacances instructives, culturelles et variées.
La Bulgarie a su se mettre en scène à son avantage dans la catégorie Tourisme Vert.
Refermant ce carnet bulgare, j’ai pourtant quelques regrets de ne pas en savoir plus sur les réalités du pays. Le Regard Touriste est un regard optimiste : on nous montre ce qui est joli, ce qui va nous plaire. Nous rentrerons sans savoir comment les Bulgares vivent vraiment dans leurs villes, leurs salaires. Qui cultive les immenses champs de maïs? qui possède les vignobles? La mise en valeur de la Renaissance Bulgare était-elle une idée du gouvernement d’avant 1989? la richesse des monastères, permanence ou regain de vigueur? Je n’ai pas non plus retrouvé la Bulgarie cosmopolite de mes lectures.
J’ai très bien dormi, entortillée dans les deux épaisses couvertures de laine. L’air est vif à 1150m.La cloche a sonné à 6h. J’ai attendu, bien au chaud 6h30 que le pope se promène en frappant sur la simandre. J’ai juste eu le temps de l’apercevoir de dos- sinistres voiles noirs – la planche dépasse, dessinant avec sa silhouette verticale une croix. J’avais espéré entendre les chants de la Messe. A travers les épais murs, rien ne transpire.
Petit déjeuner à l’hôtel situé derrière le monastère, crêpe au miel et aux noisettes.
Promenade de l’Oratoire Saint Luc
Luc était son neveu qui voulait se ffaire moine. Son père étant venu le chercher pour el retirer du monastère, l’enfant fut mordu par un serpent. Les fresques de la chapelle d’IVAN Rilsky au Monastère racontent cet épisode.
Dans les prés et dans une splendide hêtraie, le sentier s’élève d’une petite centaine de mètres. Une très belle fontaine toute simple et moussue se trouve près d’un groupe de maisons, deux chapelles, la chapelle Saint Luc, par hasard je découvre la maison de Néofyte Rilsky construite en 1843. Néofytes Rilsky est un personnage récurrent du voyage. Le chemin pavé conduit ensuite au tombeau d’Ivan Rilsky, fondateur du Monastère
Musée Historique
J’emboîte le pas à un groupe de francophones guidé par un excellent conférencier. A propos de la carte des Terres du Monastère, il explique que le supérieur du Monastère ne règnait pas seulement sur les moines mais aussi sur les paysans des villages voisins. Ces derniers donnaient chaque année le tiers des récoltes mais surtout n’étaient pas libres ni de se marier ni de déménager sans l’autorisation de l’Higoumène. Cette situation perdura au 20ème siècle jusqu’à l’avènement du pouvoir communiste qui fit une loi pour libérer les paysans. Dans des vitrines on voit les firmans des sultans ottomans (un de Soliman le Magnifique) avec un cierge d’apparat dans un tube métallique don d’un sultan.
Le monastère reçu, au cours des siècles de nombreux cadeaux, principalement de Russie : linceuls brodés, icônes recouvertes d’or, manuscrits précieux. Le conférencier en profite pour faire remarquer que els icônes russes sont serties d’or tandis que els grecques le sont d’argent. A côté des encensoirs, et divers objets liturgiques, inévitables dans un tel musée, on voit les portraits de Zahari Zograf, le peintre, de Nikolaki Dospeti, peintre d’icônes et surtout de Neofyte Rilsky – moine à rila – connu surtout comme le premier pédagogue bulgare. Un globe terrestre en cuir avec le dessin des continents, une grammaire montrent l’œuvre pédagogique de ce moine qui fonda les premières écoles laïques du pays.
L’objet le plus curieux est une croix sculptée avec minutie que le moine Rafail mit des décennies à sculpter avec des centaines de personnages. On dit que cette œuvre lui coûta la vue.
J’aurais pu monter au sommet de la Tour Hrilo, le donjon médiéval où les moines se réfugiaient en cas d’attaque de brigands, des Byzantins, des Albanais, des Turcs….
J’aurais pu aussi visiter le Musée consacré aux fermiers du domaine.
Il était temps de déjeuner pour partir à Sofia en début d’après midi. je fais l’essai de langue servie dans une cassolette nappée de sauce à la crème et de champignons, garnie de tomate cuite, le tout recouvert de fromage jaune fondu. Excellent. Le patron avait proposé ses truites fraîches. Nous mangerons des truites chez nous !
Nous prenons en stop une famille de l’Oise avec une petite fille blonde bien tranquille. La route de Sofia est bien chargée. Les fous du volant doublent sans prudence : appel de phare en protestation, ce sont les policiers ! Le GPS s’affole dans les quartiers périphériques de Sofia, nous perdons une bonne heure dans les ruelles et chemins de terre avant de trouver la Villa Boyana.
L’accueil du patron est aussi chaleureux qu’à notre premier passage ; Il a gardé la même chambre avec le balcon. Il me laisse imprimer ma carte d’embarquement Air France sur son ordinateur et résout avec une grande gentillesse tous nos problèmes de voyageuses qui devront prendre l’avion à 6h du matin.
Après l’excellente matinée à Rila, nous nous offrons une après midi de paresseuses : douche, valises et télévision satellite suffisent à nous remettre d’aplomb. Seule inconnue : le GPS saura-t-il nous conduire à l’aéroport à 4h du matin ?
Pour terminer notre dernier jour bulgare nous allons au beau restaurant bulgare (il y a aussi un Italien très classe) sur la place Boyana. Dernière curiosité gastronomique : une salade de champignons (surtout des ceps) avec du pain aux herbes, à l’ail et au beurre. Le maitre d’hôtel est un peu surpris de me voir commander de l’Ayran et pas du vin ou de la bière.
Les fresques de l’extérieur sont très colorées, je ne sais plus où donner de la tête. Un conférencier explique le Jugement Dernier en Français. Il montre les Turcs attrapés par un diable dans la boucle d’un lasso et entraînés vers l’Enfer. D’après ce spécialiste, l’Enfer est difficile à soutenir théologiquement, la foule rejoint donc le Paradis (pas de Purgatoire chez les orthodoxes), l’Enfer reste presque vide à l’exception de Judas assis sur les genoux du diable ; Une touriste remarque que les femmes sont plus nombreuses que les hommes en enfer. On ne voit qu’elles !
prise de Constantinople
Scènes de l’Apocalypse, Chute de Constantinople, ces fresques sont amusantes. Plus anecdotiques que touchantes, décidément le 19ème siècle même avec les meilleurs des peintres comme Zahari Zograf , en matière de peinture religieuse ne me plait guère !
Zahari Zograf a peint l’intérieur de l’église. Nous avions déjà remarqué ses fresques à Trojan. La fumée des cierges a obscurci les couleurs. A la suite du groupe francophone, j’écoute les explications sur les deux chapelles celle de Saint Jean de Rila (fondateur du monastère) et en face consacrée à Saint Nicolas. L’iconostase est très massive, très dorée, très haute.
Diableries?
Nous faisons des allers-retours entre église et cour, glanant des explications des conférenciers dans les langues que j’entends. En début d’après midi, les touristes étaient si nombreux qu’il régnait une agitation gênante. Il a plu, la pluie a fait fuir le monde.
Quand le soleil est revenu, les murs blancs ont pris un nouvel éclat, les décors plus de couleurs. On a refait toutes les photos. Le soir est venu, le calme est revenu dans le monastère.
Galerie des icônes
Une seule grande pièce en rez de chaussée ; les icônes sont surmontées par les portraits des moines, noirs et gris, sinistres. Sur un mur, icônes 18ème siècle de l’ancien monastère dont il ne reste que la tour Rhelno. Sur un autre mur, une série d’icônes 19ème, toutes d’un même artiste Nikolaki Dopeski dont j’ai bien aimé les Trois Hiérarques et la Nativité de la Vierge. Une autre Nativité de la Vierge de 1827 m’a plu : le réalisme, l’expression et le costume des servantes habillées comme des paysannes turques ou bulgares, l’une d’elle dresse le couvert avec de la belle vaisselle d’argent, plateau et aiguières comme dans les maisons-musée.
L’accumulation des peintures tue la fraîcheur du regard. Au lieu d’être émerveillée, je suis assommée. La fin de la soirée se passe oisivement, sans but précis, dans l’immense cloître.
Dîner : soupe aux tripes et pain au restaurant qui enjambe le torrent par un petit pont. C’est une erreur de choisir la table au dessus de l’eau. Il faisait froid .
Le village de Rila est animé avec tous les commerçants et restaurants. Cependant, il est très loin du Monastère, une bonne vingtaine de km. La route suit le cours d’un torrent dans une vallée très étroite. Nous découvrons les départs des sentiers balisés dans le Parc de Rila.
15h, nous nous arrêtons sur le parking du Monastère. Voucher à la main, je cours partout à la recherche de la « réception ». Ni la vendeuse de souvenirs, ni les policiers assis sur un banc à la porte ne peuvent me renseigner. Le petit bureau est coincé dans un coin, sous un escalier près du Musée. La gardienne du Musée appelle le pope chargé de l’hébergement qui me prend le voucher des mains et réclame « passeport ». Je lui tends ma carte d’identité qu’il scanne. Il me donne la clé du N°214, soulève le cordon qui barre l’escalier et me dit que c’est au premier.
Le Petit Futé parlait de dortoir, Balkania avait prévenu que les installations seraient spartiates. J’ai le plaisir de découvrir une chambre avec deux lits faits (ce n’est pas toujours le cas à l’hôtel), d’épaisses couvertures, une salle d’eau avec un cumulus. La porte s’ouvre sur la galerie à l’arrière de l’église, la fenêtre sur la foret, le torrent s’écoule bruyamment. Encore une fois, l’eau bercera notre sommeil.
un monastère gigantesque!
On nous avait prévenues que le monastère ne fournit que le gîte et pas le couvert et qu’il faudrait réserver dîner et petit déjeuner dans un restaurant 4km plus bas. De la fenêtre de notre chambre, nous voyons les parasols de deux restaurants, cadre agréable et prix raisonnables. On peut aussi acheter des beignets et des glaces dans des baraques de bois.
Visite du monastère
Rassurées sur ces points matériels, nous pouvons entreprendre la visite du Monastère. Nous ne savons pas où donner de la tête. Le gigantisme frappe tout d’abord le visiteur : une grande église colorée avec 5 grands dômes et beaucoup plus de coupoles grises, deux colonnades en équerre. L’église occupe la majeure partie de la grande cour pavée. Le cloître est formé de plusieurs ailes blanches à 4 étages formant un quadrilatère très bancal. Galeries de bois, escaliers extérieurs, balustres de bois, mais aussi colonnades terrasses couvertes, balcons en avancées..tout cela compose un ensemble compliqué. Une rangée de conifère accompagne un côté, de l’autre une tour carrée, massive, de pierre et brique est la relique du monastère médiéval initial et occupe tout un angle.
D’entrée, le visiteur est abasourdi, désorienté. Aucune symétrie ne vient le rassurer. L’abondance des motifs décoratifs désarçonne : bandes noires et blanches alternent avec un fond blanc, bandes roses imitent la brique, fond rose avec bandes jaunes, arcades soulignées de fines briques roses peintes ou de rayures blanches et noires. Damiers noir et blanc, autres motifs géométriques, frise végétale blanche sur fond noir, fleurettes colorées dans les angles, animaux colorés, paysages orientaux avec cyprès « alla turca »bouquets et blasons, anges avec leurs trompettes….et cela uniquement sur els bâtiments conventuels !
L’église aussi est composite : l’avant est noir et blanc avec de grosses rayures horizontales comme dans certaines églises toscanes, colonnade symétrique. L’arrière est rose arrondi d’une basilique byzantine énorme avec cinq grandes coupoles sur des tambours multicolores qui se détachent tandis que les petits dômes de plomb gris rappellent plutôt les constructions musulmanes.
Pourquoi cet aspect composite ?
Dans la plupart des édifices religieux, l’Histoire explique ces disparités ; On ajoute, on remanie, on modernise. A Rila, seule la grosse tour carrée est antérieure aux bâtiments du 19ème siècle. L’aile neuve où nous logeons est 20ème. Fondé au 10ème siècle puis déplacé en 1335, le monastère fut rasé par Murad II qui, ensuite, favorisa sa reconstruction. Brûlé en 1833, le monastère fut reconstruit au cours du 19ème siècle.
Stob est un village-tonnelle. Certains villages italiens sont bordés d’arcades, ici, de la même façon une série de piliers porte une galerie de vignes qui débordent tout le long de la rue principale et également dans les rues adjacentes. Les « pyramides de Stob » se trouvent un peu plus loi n sur le rebord de la montagne. Elles sont situées dans le Parc Naturel du Monastère de Rila. Un éco-sentier d’un peu plus de deux kilomètres conduit au site. C’est une promenade d’un peu plus d’une heure aménagée avec des panneaux explicatifs, des bancs et des abris.
Je passe d’abord devant l’emplacement de l’ancienne église saint Procope. Située au dessus des maisons de Bucovetz, les Turcs s’étant plaints que les chrétiens pouvaient voir dans leurs cours pendant les liturgies et diverses cérémonies, le gouvernement ottoman ordonna sa destruction. Pour en construire une autre, trois villageois firent le voyage à Tsarigrad (Constantinople) pour demander la permission du sultan qui leur accorda en 1860.
Deux légendes sont attachées aux demoiselles coiffées de Stob. La première raconte qu’une procession de mariage venant de Kobilite fut pétrifiée. Le fiancé prit pour femme une fille de Stob. La coutume alors était que la mariée était choisie par les parents du garçon. Le jeune couple ne devait pas se connaître et la jeune fille était voilée. Quand la procession arriva de l’autre côté de la montagne la mariée se dévoila et le meilleur ami du fiancé essaya de l’embrasser. Outragés les parents restèrent pétrifiés avec leurs beaux atours et leurs chapeaux.
Une autre légende raconte l’amour impossible d’une jeune fille bulgare et d’un garçon turc. La jeune fille se jeta d’un rocher et ainsi se forma la pyramide appelée la fiancée.
Le sentier est raide vers la fin, à midi il fait très chaud, j’arrive essoufflée sur l’affleurement et découvre de jolies demoiselles coiffées oranges.
6h40, le soleil émerge des montagnes de Rila et illumine les sommets du Pirin. La vallée, Bansko et Banya sont noyés sous une brume bleutée. Maïs, haricots et roses sont ragaillardis de la pluie d’hier. Les lignes de crêtes sont nettes. J’ai enfilé pull et chaussettes pour la première fois depuis ce mois de canicule.
8h : hommes et femmes partent au champ une binette sur l’épaule. La campagne est animée. Partout on voit des gens travailler. Une dame cueille des haricots. Un attelage passe. Il doit y avoir un nid de cigogne dans les parages, j’entends les becs claquer.
banitsa
8h30 : Katia a fait une magnifique banitsa très légère avec du filo enroulé en escargot avec de la confiture de figues vertes. Chacune de nos hôtesses a une recette personnelle pour la banitza, nous n’en avons pas mangé deux identiques.
9h : chacune balaie devant sa porte au village et ramasse le crottin et la bouse avec une pelle et un seau pour le jardin. Ballet des balais des employées municipales. La rue pavée est très en pente, un pauvre cheval glisse dangereusement
La minuscule église peinte de Dobarsko, est enclose derrière de hauts murs de galets dans un beau jardin. Elle ouvre à 9h30 seulement. Nous entendons le grincement d’une carriole tirée par un âne, ses roues de bois sont cerclées de fer à l’ancienne. L’excellent livre vendu à l’église raconte l’histoire de Dobarsko.
l'églisse ressemble à une simple maison de village
histoire de Dobarsko d’après Boshidar Dimitrov
Lu sur la brochure de commentaire de l’église peinte
Dobarsko(800 à 1000 habitants) abrite l’église peinte Saint Théodore Tiron et Saint Théodore Stralibate, construite et décorée en 1614. Selon la légende locale, le village aurait été fondé en 1014 par les soldats bulgares aveuglés par les Byzantins lors de la bataille de Klyoutch (Petritch). C’ette légende n’a pas de base logique : difficile pour des aveugles de subvenir à leurs besoins dans les conditions difficiles. Le fait que les saints patrons étaient des saints militaires suggère que le village fondé environ au 9ème siècle avait un statut militaire. En Bulgarie médiévale et en Byzance, les statiotes(paysans soldats) représentaient un tiers de la population/Affranchis d’impôt, ils étaient obligés d’être à la disposition de l’armée pendant els guerres avec leurs propres armes. L’empire ottoman a gardé cette pratique du 15ème au 17ème siècle. Les soldats bulgares stratiotes forment à Sofia deux corps militaires et 30 000 soldats chrétiens. Les soldats de Dobarsko ont probablement gardé leur statut pendant les trois premiers siècles du Joug ottoman. Cela explique pourquoi l’église élevée en 1614 soit dédiée à deux saints militaires.
Sur la façade de l’église, en plus des deux saits patrons se trouvent les saints cavaliers saint Georges et Saint Dimitar. Selon plusieurs spécialistes, la galerie des Saints militaires est une démonstration de la force et de la puissance militaire des bulgares au sein de l’empire ottoman musulman. Une partie des soldats spahis cavaliers chrétiens étaient de Dobarsko. Une petite svastika antique iranienne indiquerait les origines Protobulgare des premières familles militaires. Les khans de PLiska avaient l’habitude d’envoyer dans les territoires nouvellemnt conquis des Protobulgares . Dobarsko, à proximité de la nouvelle frontière de Byzance, sur un col important, avait reçu un effectif de soldats Protobulgares. La pierre de la svastika aurait dû se trouver dans un temple païen puis en remploi dans l première église puis dans celle de 1614.
La réalisation des peintures murales au début du 17ème siècle ont été permises parce que les villages militaires étaient considérablement plus riches que les villages soumis à l’impôt. Economisant les frais fiscaux en période de paix et partageant le butin pendant les périodes de guerre. En période de paix, ils vendaient les marchandises locales en Europe et en Asie Mineure, leurs convoi étant moins vulnérables, possédant légalement des armes et sachant s’en servir.
Les habitants de Dobarsko auraient également participé à la bataille de Lépante au côté des Vénitiens.
Selon la règlementation administrative ottomane, l’église ressemble à une construction d’habitation au toit à deux versants. Son plan est cependant à trois nefs.
L’ayant lu et résumé, J’ai bien dans la tête les scènes et visages que je vais chercher : je suis d’abord étonnée par la petitesse des lieux puis me laisse prendre au charme des scènes et par l’inventivité des peintres. Entrée dans Jérusalem : un étrange personnage se cache dans un palmier. Sacrifice d’Abraham : Isaac porte les bûches comme un paysan bulgare ; je en suis pas assez savante pour identifier es saints dont parle la brochure. Avec un peu de patience ce serait possible, c’est écrit dessus, mais en cyrillique !
Une vieille dame descend la route, binette à l’épaule, son fichu grenat laisse deviner de longues tresses grises. Elle nous demande quelque chose avec insistance mais on ne comprend pas quoi. Voulait-elle qu’on l’emmène un peu plus loin sur la route ? Désolée, elle répète « vous ne comprenezpas ! » puis nous fait un sourire et repart.
Nous avons parcouru la route plusieurs fois, nous guettons le berger qui a poussé son troupeau plus loin dans le pré fauché récemment déjà bleui par les chicorées. Nous aimerions une photo de meule pour l’album. La barrière est baissée au passage à niveau : une locomotive rouge tire trois wagons bleus. Le faible écartement des rails ne laissait pas présager des trains de voyageurs. L’éclairage deu matin souligne les cirques glaciaires. Cette érosion permettrait d’expliquer les énormes quantité dde sables et blocs mêlés comme une moraine. (A vérifier toutefois).
La route de Sofia est toujours pleine de camions et de bolides qui ne tiennent compte ni des lignes continues ni des limitations de vitesse ni même de la présence de la police pourtant bien signalée par des appels de phares. Une rocade 2×2 voies évite Blagoevgrad et trouvons peu après la route de Rila.
Le lever du soleil est somptueux, les sommets du Pirin, sous la lumière rasante montrent leurs arêtes aux contours précis.
Zakuska : Charcuterie, fromages, confiture.
Le Parc des Ours dansant de Belitsa
Le Parc des Ours se trouve à 11km de Belitsa, dans la vallée voisine de celle de Dobarsko. Belitsa est un gros bourg où église et mosquée coexistent. On nous avait prévenues : la piste des ours est très mauvaise. Les 5 premiers kilomètres sont goudronnés. Des attelages partent au travail, des bergers s’appuient sur leur houlette, matinée tranquille en moyenne montagne. Les nids de poule se font plus nombreux que la normale, l’asphalte a été grignoté de côté, formant parfois une marche. A la fin il n’y a plus qu’une mauvaise piste ravinée avec des rochers qui affleurent. Nous sommes motivées. Nous voulons voir les ours ! Après 6km de cette mauvaise piste, nous touchons au but.
Un restaurant, tables sous un abri de bois, moulin à eau miniature, truite au menu est tentant pour ce midi ! Une jeune ranger du parc blonde nous accueille – visite guidée, mais entrée libre, on laisse une donation à la sortie.
Dans le premier enclos est enfermé un jeune ours venant d’un hôtel. A son arrivée, tout l’effrayait même les feuilles des arbres. Il est donc maintenu seul, on espère pouvoir le mettre dans un enclos avec d’autres. Dans le 2ème enclos, Dobre et Dien, sont vieux – 35ans – ours danseurs. Leur museau est mutilé. On l’a percé pour placer L’anneau maintenant des chaînes.Aveugles, ils seraient incapables de subvenir à leurs besoins et resteront sans doute dans cet enclos où ils tournent en rond. La « danse », ils l’ont apprise par un cruel apprentissage : oursons, on les faisait marcher sur des plats métalliques brûlants et cette danse était plutôt un réflexe de fuite . D’ailleurs, l’ours entend mal et n’est donc pas sensible à la musique. Tandis que la jeune femme nous explique, un ours nous montre sa danse d’une patte sur l’autre, il se trémousse. Ours autiste. Ce comportement stéréotypé et répétitif rappelle celui des animaux des zoos qui ont une cage trop petite.
Les autres enclos sont beaucoup plus grands, couverts d’une forêt touffue et très pentue. Plusieurs ours,n semi-liberté, sont libres de se promener ou de creuser une tanière. Ceux que nous avons aperçus nous regardent et entament eux aussi, la « danse ». Ils sont enfermés derrière une double clôture électrifiée ; les cheminements piétonniers pour les visiteurs sont stabilisés par des rondins de bois formant des marches très raides. La fourrure des animaux est fournie et luisante. Le dépliant du Parc raconte que certains ours ont recommencé à hiberner; ceci indiquerait un retour à une vie naturelle . En bonne santé, peut être, mais névrosés, malheureux, marqués.
J’avais espéré, qu’un programme de réhabilitation leur aurait permis de retourner à la vie sauvage. Il n’en est pas question, ni de reproduction d’ailleurs. Le « Paradis pour les Ours » annoncé est sans espoir. L’association Four Paws et la Fondation de Brigitte Bardot ne sont pas à blâmer.
Quelle tristesse ! Nous filmons et photographions sans conviction.
Une fontaine, une table, des bancs sous un saule, une pierre tombale.
Je découpe la tranche de pastèque achetée au petit marché couvert de Bansko. Pause parfaite dans la montagne avant d’arriver à Dobarsko.
Dobarsko
Dobarsko est le dernier village au bout de la route à 1070m d’altitude. Ses maisons s’étagent sur la pente. Un ruisseau le découpe en deux quartiers. Il est célèbre pour son église peinteet ses grands-mères chantantes.
Cherchant la Maison Vassil (pourtant,très facile à situer ’à l ‘entrée du village),nous demandons notre chemin aux grands-mères qui causent, assises sur leur banc devant leur porte. Bien sûr, elles connaissent! Leurs explications sont confuses. A la troisième tentative, une dame monte dans la voiture et nous y conduit.
La Kasha Vassil est un gros pavillon de trois étages avec une architecture biscornue, des balcons de bois clair, un escalier en hélice. Katia nous accueille en Français et nous conduit dans notre chambre au premier étage. Deux lits, une lourde table carrée au plateau de marbre, une armoire moderne avec une niche pour la télé, en face, sur quelques étagères, des livres. Deux chaises servent de tables de nuit et, luxe rare, deux appliques à la tête de lit. Impression bizarre de ne pas être à l’hôtel, plutôt dans une chambre d’enfants qu’on aurait repeinte après avoir enlevé photos ou posters de vedettes. Katia nous montre la terrasse et l’évier caché par le bar où nous dînerons. Elle domine le jardin où poussent des haricots géants qui dépassent d’un bon mètre les maïs déjà grands. Panorama à plus de 240°: nous sommes entourées de montagnes : les sommets du Pirin rocheux, dé coupés qui culminent à 2900m (Vihren) et plus loin, Rila vers le nord ouest. A contrejour, on croirait que les sommets qui brillent, sont couverts de neige. Le lendemain matin, avec un meilleur éclairage, je distinguerai les arêtes rocheuses et dénudées des sommets ;
Que faire ici ? demande-t-on à notre hôtesse qui, pour plus de commodité, fait venir sa voisine, une parisienne mariée à un Bulgare . L’église peinte ferme à 17heures. Les ours de Belitsa , prévus demain Les Grands mères, elles, se déplacent à domicile pour des spectacles mais c’est cher : au moins 100 levas, elles sont 12. Ce n’est pas dans notre budget !
le petit lac de Dobarsko et les montagnes de Rila
A deux pas, il y a un petit lac: occasion d’observer l’irrigation des jardins par des rigoles qui conduisent l’eau tantôt chez l’un tantôt chez les autres. Le niveau du lac est bas à cause de la sécheresse. La vue est somptueuse.
Dobarsko est un village vivant, pas un village-musée ni une station touristique. A 18h, les hommes rentrent des champs, souvent sur une carriole tirée par un cheval. Hommes et femmes à pied portent à l’épaule, une lourde binette, presque une houe. Les femmes qui étaient assises tout à l’heure dehors, sur les bancs, sont rentrées préparer le repas. Ce sont les hommes maintenant qui occupent les bancs.Trois font bouillir quelque chose qui bouillonne dans une sorte de lessiveuse sur un feu de bois. Comme il y a un couvercle, j’en resterai avec ma curiosité.
Des adolescentes téléphonent, une gamine écoute sa musique (MP3) très fort. Des enfants dévalent la pente sur leur vélo, prenant de l’élan pour remonter de l’autre côté du ruisseau. C’est un village ordinaire. Les maisons ont été crépie au goût de chacun, orange, jaune ou lie de vin, ou pas crépie avec des briques qui s’écaillent ; si l’argent a manqué pour la peinture on a laissé le ciment gris, coquetterie : une frise en tessons de bouteilles qui fait le tour de la maison. Autre coquetterie : on a pavoisé avec un foulard à fleurs au lieu du drapeau bulgare. J’imagine un code : quand le foulard est sorti l’amoureux peut venir.
Vers le haut du village, il reste des maisons anciennes de bois sur un socle de galets comme celles de Bansko. Ici, elles s’écroulent un peu, mais sont bien vivantes avec leur tas de fumier et le bois pour l’hiver. J’aimerais continuer dans la montagne le sentier mais les aboiements des chiens m’en dissuadent.
J’écris sur la terrasse, regardant le soir descendre sur les montagnes qui nous entourent. La voisine doit avoir un cochon enfermé, je l’entends grogner. J’aimerais que la Française réapparaisse pour que je l’interroge sur la vie villageoise.
Le lever du soleil est somptueux, les sommets du Pirin, sous la lumière rasante montrent leurs arêtes aux contours précis.
9h zakouska : pain perdu confiture de prune et fromage blanc frais. C’est une politesse bulgare que de ne jamais servir deux jours de suite le même petit déjeuner.
Après Melnik, Lazenitsa est pavoisé, les petits drapeaux bulgares sont partout, on ne saura pas pourquoi. Premier arrêt : les crêtes se superposent, la plus proche est celle, hérissée, des pyramides de Melnik. Nous revoyons dans le vignoble, le « château » prétentieux et ridicule, c’est un projet immobilier, il se vend par appartements.
La route de Sofia évite Sandanski. Nous renonçons au jardin botanique et aux sources thermales. Des grandes surfaces annoncent la ville ainsi que d’improbables propylées ; colonnades carrées sur un majestueux jardin public. Cette route qui vient de Grèce est surchargée de gros camions qui foncent; Du côté droit, le Pirin domine le paysage, à gauche les montagnes macédoniennes de ce pays qui n’a pas de nom sur la carte seulementl’acronyme FYROM. Par ici, on découpe de gros blocs de marbre blanc en fines dalles empilées sur des palettes. Après Kresna, la vallée se rétrécit : il reste tout juste la place pour la route, le torrent et le train. Sur la rivière, on propose du rafting. Les parois rocheuses sont abruptes. De petits buissons et des arbustes s’accrochent sur els pentes. Le cours de la rivière est souligné par une rangé »e de grands platanes.
Smitli, nous quittons la route de Sofia, direction Bansko qui se la joue chic : les publicités de l’immobilier sont en anglais et toutes les affiches utilisent le thème du Golf.
Bansko
la croix et le croissant
On arrive à Bansko par les quartiers modernes de la station de ski, désertés l’été. Le centre de la ville, piétonnier s’articule de la grande place Vaptsarov à la place Vazrajdanes et aux rues adjacentes. La place Vaptsarov est recouverte d’une grande dalle bordée des bâtiments officiels ennuyeux de style stalinien, avec plusieurs fontaines et des bancs, des sculptures. Un panneau lumineux donne la température et la mesure de radioactivité (pourquoi ?) normale, aujourd’hui. La place se poursuit par une large avenue arborée jusqu’à la Poste. Dans trois jours commence un Festival de Jazz, des baraques provisoires sont en train de s’installer. Cafés chics avec fauteuil en osier (les mêmes que nous avons détestés en Crète), glaciers, vendeurs de souvenirs. Arrivées à la Poste, on se demande où est le charme de la ville ?
Quelques rues plus loin, autour de l’église Sveta Troita (sainte Trinité) de hauts murs de galets cimentés de blanc pour faire ressortir les blocs arrondis, coiffés d’un petit toit de tuiles, cachent les belles maisons Renaissance Bulgare dans leurs jardins. Avec les grands portails de bois massifs, elles sont invisibles. Il faut entrer dans les jardins pour les découvrir. Beaucoup ont été transformées en auberges, Mexana, restaurant ce qui n’est pas très choquant en soi. Bansko était une ville-étape où les caravanes des marchands avec leurs chevaux en route vers la Mer Egée et Constantinople (appelée ici Tsarigrad) pouvaient s’arrêter.
Ces rues pavées tranquilles bordées de murs de galets fleuris de roses trémières ont un charme certain. La tour de l’horloge, campanile de l’église de la Trinité détenait au 19ème siècle le record de hauteur pour la Bulgarie. Actuellement, les cigognes l’ont encore rehaussée ; elles sont trois au nid.
La grande église est –elle aussi – enclose de hauts murs. Elle est également entourée d’une galerie couverte de bois foncé bordée d’une frise bleue sur un fond blanc. Des bancs courent tout du long. Au dessus du porche sont gravés deux motifs : la croix et deux croissants de lune accompagnés d’une étoile symbolisant d’après le Petit Futé la coexistence des deux religions, l’église ayant été auparavant une mosquée.
A l’intérieur, tout le faste des églises orthodoxes se déploie : fresques, icônes, plafond peint. Malheureusement l’iconostase est cachée par une bâche plastique (rénovation ?)Cela gâche un peu l’ensemble.
la maison du peintre Veljan Ognev
Juste derrière l’église de la Trinité se trouve la maison natale de Neofites Rilsky, nous avons déjà croisé ce personnage à Koprivishtitsa. Fils du pope de Bansko, né en 1793 il a d’abord étudié la peinture d’icônes. En 1811, il rejoint le monastère de Rila pour prendre part à sa décoration et en 1818 s’y fait moine. En 1821, il part étudier à Melnik. Difficile pour nous d’imaginer un centre culturel attractif dans ce qui est maintenant un petit village. En 1826, il ouvre la première école et en 1835 rédige la première grammaire bulgare. Ce moine est considéré en Bulgarie comme le fondateur de l’école laïque. Moine, pédagogue, c’était aussi un fervent patriote. Sa maison est sur deux niveaux comme toutes les maisons de cette époque, on visite les pièces d’apparat comme les cachettes plus sombres, le four à pain…
A quelques pas de là, la maison du peintre Veljan Ognev est très décorée comme on peut l’imaginer de la part d’un peintre de fresques. La visite est guidée en bulgare, on me donne une feuille en français que je lis attentivement :
Veljan Ognev vint à Bansko pour peindre les fresques de la Sainte Trinité, la population de Baansko reconnaissante lui offrit cette maison. Il se maria avec Sofia, sœur de Neofit Rilsky
Maison construite pendant le Renaissance bulgare, en pierre et bois avec une cave à vin profonde et des niches dans le mur< ; il y avait un abri et un tunnel conduisait à la cour de l’Eglise et à la maison voisine. Au rez de chaussée vivaient les animaux et se trouvaient les greniers. Sur la balustrade on remarque l’évier. Quand la femme lavait la vaisselle, les restes tombaient au sol et étaient mangés par els animaux. La salle bleue avec des paysages de Constantinople et de Venise avait été peinte par Vejan Ognev pour sa femme. Dans la pièce des invités fruits et fleurs symbolisaient la prospérité du sol bulgare
Malheureusement, je n’ai trouvé ni les représentations de Constantinople ni l’autoportrait du peintre habillé en Napoléon !
Faute de temps, je zappe le musée des icônes après ceux de Sofia et de Plovdiv, et les autres….
Il est temps de trouver une taverne pour le déjeuner. Nous prenons place à la terrasse d’une très belle, très tranquille devant la Sainte Trinité. Le serveur apporte les menus. Les prix habituels sont multipliés par 3, nous fuyons pour une terrasse plus modeste place Vapsarov. (Salade shopska et köfte)
Je viendrai parfois dans ton sommeil – Tel un visiteur lointain et inattendu. Ne me laisse pas dehors, sur ton seuil – Ne bâcle pas les portes, veux-tu?
J’entrerai sans bruit. Je m’assiérai doucement, Les yeux scrutant les ténèbres pour te voir. Quand je t’aurai regardée à satiété – Je te donnerai un baiser et m’en irai.
Comment visiter un musée d’un poète inconnu qui écrit en Bulgare ? D’abord on me prête, un gros livre de poèmes traduits en français (belle édition Seghers), ensuite on m’installe devant une vidéo où des hommes en tenue traditionnelle (toque sur la tête, moustaches, jambières) chantent dans une forêt automnale embrumée. Chant répétitif. Qui sont ces hommes ? Des paysans ? Des bergers ? des combattants ?
J’ouvre le livre : étranges poèmes. Le Printemps à l’Usine me plaît bien.(j’ai trouvé sa traduction en anglais sur Internet mais pas en français)
Spring In The Factory
Spring In The Factory
She tried to get in with the morning shift,
the motor grumbled,
Looking stern and grim:
"You can't do that!
I must account for it.
Go ask the porter,
if he'll let you in!"
But somehow she was full of willfulness
and didn't ask the porter,
just slipped through;
a dormer opened wide behind a press,
then stuck her tongue out
at the motor crew.
And all at once an engine started humming,
the workers seemed
so clumsy and so slow,
the motor, what the motor was,
soon seeing,
cried out in anger:
"She has got to go!"
"Oh, no!" a ladle of cast-iron cried
with an ironic smile on his kind face.
"You silly, blatterring fathead, just you try it!
We'll go on strike for her, if that's the case."
The motor hushed. The breeze brought
on its wings
the teasing smell of earth
from far away.
A distant hum about the engine rings,
and steps
of plodding feet
along the way.
And all, who once the soil with joy
had ploughed,
like horses snorted, with their nostrils spread;
the others flung the windows wide and laughed
and looked up
at the blue sky
overhead.
Behind an engine someone
rudely swore,
a girl stuck up a merry tune and hushed.
A young man shot at her
a dart of fire,
she looked away and blushed.
The porter opened quietly the door,
said: "Who's got in? Will have to go,
he will!"
But saw, smiled guiltily down at the floor,
the scratched his head
and whistled
and was still.
Sur les murs on a peint une fresque moderne avec des hommes, des femmes, des soldats, des popes….dans la pièce suivante sont exposés des portraits du poète. Sur l’un d’eux, des traces de balles figurant sans doute son exécution le 23 avril 1942. Dans une vitrine se trouve le Prix d’Honneur de la Paix signé par Frédéric Joliot Curie et Pietro Nenni.
Cette visite a excité ma curiosité sans m’apprendre beaucoup sur le poète.
L’orage a éclaté pendant que je regardais la vidéo. Il était temps de reprendre la route en laissant le GPS nous guider ; Nous traversons la station thermale de Banya et des villages.