Amorgos : Chora et les villages du sud

CARNET DES CYCLADES – AMORGOS

Chora, la capitale d’amorgos ses moulins et sa forteresse vénitienne

8h : cloches aigrelettes. Départ matinal dans le vent frais sous quelques nuages. Faux départ ! L’aiguille de la jauge à essence est à nouveau dans le rouge. Pourvu que la station Elin soit ouverte de bon matin ! Sur Amorgos il n’y a que deux stations, l’une à Katapola, l’autre à Aegiali. Dans les deux ports, logique.

Nous empruntons la même route qu’hier et rencontrons les mêmes chèvres. Le berger n’est pas dans sa voiture mais juché sur un rocher. L’arrivée sur Chora est spectaculaire. Nous recommençons les photos des moulins dans la lumière du matin. Avec le vent, la vision sur les autres îles est très nette. Je n’avais pas deviné la présence d’une grande île . Aujourd’hui, la mer Egée est parsemée d’îles et d’îlots.

monastère Aghios Giorgios Valsamites
Monastère Aghios Giorgios Valsamites

La route sut la côte Est au-dessus d’une pente très escarpée, elle conduit au monastère d’Aghios Giorgios Valsamites caché dans une petite vallée. L’église et le monastère chaulés de blanc tranchent sur la montagne fauve. Un mur soigneusement maçonné encercle un territoire autour du monastère. Les terrasses sont entretenues. Des arbres y poussent et même des fleurs. Des buissons de lauriers roses fleurissent dans les creux. Le monastère possède des sources qui (d’après le Petit Futé) permettraient des pratiques d’Hydromancie – divination d’après l’eau – héritées de l’Antiquité. Un sanctuaire dédié à Asklepios aurait existé autrefois. Le guide Vert raconte que cette source aurait guéri des lépreux arrivés avec un bateau de pirates. Comme pour la Panaghia Chrissoviotissa, une icône de saint Georges serait à l’origine de la fondation du monastère. Malheureusement le dimanche matin le monastère n’est pas ouvert à la visite.

Makriani

Les ruines d’une installation préhistoriques sont signalées à Makriani : une flèche et un sentier y conduisent. Le sentier arrive au bord de la pente. Il y a de gros rochers comme un chaos. Peut-être les ruines ? Dans ce genre de site, il faut des explications, sinon on ne voit rien. Je rebrousse chemin sans avoir aucune certitude.

En revanche, ce qui change ici, ce sont les cultures. Au nord de l’île, à part les chèvres et de rares jardins autour des maisons il ne semble pas que l’agriculture soit développée. Quelques terrasses ont été exploitées autrefois, mais abandonnées il y a bien longtemps. Ici, autour du site de Makriani, des champs de blés ont déjà été moissonnés. Il reste des chaumes et des bottes de paille à l’ancienne.

plage de Mouras cachée

A l’entrée du village de Kamari, l’église est un curieux bâtiment formé de 3 ou 4 nefs hémicylindriques qui me rappellent les menzels de Tunisie. Juste derrière, le départ du sentier n°3. Une petite route descend à la plage de Mouras sur la côte orientale. La Fiat descend hardiment les épingles à cheveux, sera-t-elle capable de les remonter ? Un parking, un café, des marches. La plage est invisible de la route. On voit bien l’eau turquoise ou bleu nuit selon la profondeur. La plage n’apparait qu’au dernier moment derrière des rochers étranges. Très jolie plage de galets, sauvage, sans ombre. Une plage déserte vaut bien quelques efforts.

Vroutsi

le sentier n°3 à Vroutsi  vers les ruines

Le sentier n°3 est bien fléché, départ derrière la grande église. Kastri 25 minutes. Une large allée dallée descend quelques marches vers une église blanche à coupole bleue au sommet d’une butte. Eglise sans grand intérêt, moderne, elle ressemble à toutes les autres églises mais sa situation, les grands arbres qui l’accompagnent lui donnent du charme. Jusqu’à l’église, le chemin est très bon. Ensuite il faut refermer une barrière et descendre un raidillon caillouteux entre deux grands murs. De loin, se profile une grande butte creusée de trous. En s’approchant je vois que le rocher est construit, il reste des murs, des fondations et même des constructions circulaires. Ce sont les ruines d’Arkezini  (Kastri) « ancienne cité fondée au 4ème siècle avant JC habitée jusqu’à l’occupation vénitienne et sans doute détruite par un raid de pirates ».

sentier n+3 ruines d’Arkezini

Rachidi

Un petit détour pour voir la vieille Tour Aghia Triada d’époque hellénistique 4èmes. Av. JC. Le site est fermé, il est assez vaste. On voit des murs de très grosses pierres grises taillées. Aucun panneau ni explication disponible. Nos guides signalent une citerne et un système de drainage des eaux.

La campagne est beaucoup plus agricole, les pentes plus douces. Nous voyons des vaches ce qui change des chèvres, des champs de belle taille, ds maisons dispersées de construction moins « cycladique », moins touristiques, plus grecques. Aux cheminées, vélos sur les terrasses, géraniums buissonnants, on devine une occupation permanente et non pas touristique. Abricotiers et figuiers portent des fruits.

Cherchant une « taverne à la mer » nous aboutissons à Paradise Bay à une minuscule plage pas très avenante peu protégée des vents du large avec des vagues qui me dissuadent ? Aucune trace de la basilique paléochrétienne qui figure sur notre carte.

Kolofana terrasse fleurie

La taverne de Kolofana « t’apanemomo tou Petrou » est très fleurie avec des géraniums florissants et une tonnelle de bougainvillées éclatants nous séduit. « Avez-vous de la moussaka ? » – « excellente ! » répond l’aubergiste qui prend pour preuve son livre d’or. L’agneau d’Amorgos cuit dans le vin blanc et les herbes de la montagne il est parsemé d’aneth, accompagné de frites maison (rien à voir avec les surgelées). La chair se détache seule. Ce sera le meilleur souvenir gastronomique de ces vacances. La moussaka est servie en un gros pavé saupoudré de chapelure, peu de béchamel, peu de pommes de terre mais des aubergines délicieuses. Cela me réconcilie avec ce plat servi aux touristes peu exigent souvent ramolli, avec des aubergines bouillies et beaucoup de pommes de terre. L’addition – logariazmo, cela me fait rire en pensant aux logarithmes si pénibles – 26€ avec vin et café est très raisonnable. Le cadre est si joli que je m’attarde pour dessiner.

39 km vers le nord pour rentrer à Aegiali. Je suis plus attentive aux paysages : les cultures s’arrêtent entre Kamari et Stavros puis les coussins épineux où se promènent les chèvres recouvrent les flancs rocailleux de la montagne allongée qui s’étire. Ces coussins ont tous la forme d’une boule mais ils sont composés d’espèces diverse. En marchant j’ai reconnu des genêts encore en fleurs – fleurs minuscules et très serrées  – des chênes verts rabougris (l’expression vient du Quebec) presque des bonzaïs, les boules de thym mauves sont très colorées.

 

Ce maquis, cette garrigue, exhale une senteur merveilleuse.

Après la baignade retour au studio pour se « mettre à jour » lessive, compte rendu pour le blog, tri des photos à l’intérieur au frais avant de ressortir sur la terrasse pour une salade grecque de ma façon devant le coucher du soleil.

Amorgos : Chora et Katapola

CARNET DES CYCLADES – AMORGOS

Chora, la capitale d’amorgos ses moulins et sa forteresse vénitienne

Chora

3 km au-dessus, se trouve la capitale d’Amorgos : Chora. Très petite capitale qui possède néanmoins une forteresse vénitienne perchée sur un piton rocheux. De la forteresse il reste peu de chose. Une église blanche occupe le sommet et quelques maisons blanches se pressent contre les murailles. Il faut laisser la voiture au parking sous la Platéia – vaste place bordée de cafés et boutiques, puis se perdre dans les ruelles d’un blanc éclatant.

Chora

Les restaurant ont soigné les enseignes peintes, ont sorti les tables et les chaises colorées. Des pot fleuris bordent les rues. Dans cette toute petite ville le nombre d’églises est impressionnant. J’aurais dû les compter. Certaines sont doubles, orthodoxes et catholiques. Le catholicisme vient de Venise ? j’ai déjà vu cette configuration à Kotor (Monténégro) qui était vénitienne. Jolies boutiques également.  Un artisan peint n’importe quel support : fontaines en fer blanc, pots de fleurs. C’est trop joli, un peu artificiel l’authenticité est limite.

Chora est coiffée d’une série de moulins à vents alignés sur une arête rocheuse. L’un d’entre eux possède encore ses ailes, plusieurs ont gardé le toit rouge pointu.

Katapola

katapola

Katapola, sur la côte ouest est le port principal d’Amorgos et aussi sa plus grande ville. Comme à Aegiali, le port est situé au fond d’une longue baie étroite. Les quais sont animés par de nombreuses terrasses de cafés et restaurants, boutiques de souvenirs et agences de voyages qui vendent les billets de ferry. Une librairie vend tout le matériel pour peindre et encadrer les tableaux. De nombreux livres en français sont exposés : des best-sellers (Levy ou Musso) mais pas que. Il y a aussi des traductions de littérature grecque et de poésie.  J’ai failli craquer pour un volume d’Elytis mais ma valise affiche complet. J’ai été très étonnée de trouver une autre librairie tout aussi bien fournie en textes littéraires et traductions en français. Il faut croire que les touristes francophones qui arrivent à Amorgos sont plus lettrés que ceux qui visitent les autres îles. On ne vend pas non plus les opuscules vulgaires et les jeux de carte exhibant des phallus comme à Santorin ou Mykonos.

Au bout du quai, le quartier des pêcheurs est sympathique avec ses maisons peintes de fresques naïves. Du linge noir pend sur les étendoirs et le tourisme n’a pas encore eu le loisir de bousculer la vie traditionnelle.

En face, de l’autre côté de la baie, une route conduit aux plages. Mince bande cimentée où l’on se faufile plutôt et qui ne va pas plus loin que le cimetière. Cimetière mari suspendu et bien fleuri sous ses noirs cyprès. Minuscule parking pour les plages. Il vaut mieux continuer à pied. Après avoir descendu un escalier, je marche sur le gravier le long de l’eau. Des couples ont étendu leurs serviettes sous un tamaris. Plus loin, la côte devient rocheuse ; L’eau est très transparente ? Au bout d’une petite pointe, une minuscule église avec sa coupole bleue.

Katapola plage

Le retour sera difficile. A l’endroit où la route est la plus étroite, entre deux maisons voilà qu’un petit camion blanc nous barre la route sasns intention de reculer ; Dominique recule jusqu’à une portion de rue plus large où deux voitures pourraient se croiser peut-être, mais un camion ! Après plusieurs essais avec ou sans rétroviseurs, le chauffeur du camion constate qu’il lui faut reculer.

Nous débouchons sur le quai et nous asseyons sur la première terrasse venue, très jolie avec des tables et des chaises vert amande. C’est très joli et le menu est alléchant. Nous commandons des légumes farcis : il n’y en a pas. La moussaka figure aussi au menu, mais pas en cuisine. Les poissons sont chers (y en a-t-il ?) . Finalement on mangera ce qu’il y a : des souvlakis de poulet au citron pour moi un beefsteak haché pour Dominique. Même les hamburgers manquent ! Arrivée de deux brochettes, au poulet délicieuse,  au porc immangeable mal cuite et élastique.

Retour par la même route, plage toujours avec le même plaisir.

 

 

 

 

randonnée au Monastère Chrissoviotissa

CARNET DES CYCLADES – AMORGOS

Amorgos : monastère Chrissoviotissa

Une seule route traverse Amorgos du nord au sud.  On ne risque pas de se tromper. Il faut être attentif aux départs des randonnées pédestres. Les sentiers sont bien balisés et fléchés mais pas forcément repérables de la voiture. Vers le sud, nous dépassons la plage d’Agios Pavlos très jolie baie arrondie fermée par l’île de Chalara. Une passe étroite sépare la petite île de la grande et une langue de galets (tombolo) pointe vers Chalara. L’eau au-dessus des galets est peu profonde et très transparente, d’une couleur merveilleuse. Un complexe hôtelier est construit à l’arrière de la plage, mais assez discret pour qu’on ne l’ait pas remarqué au premier passage. De la route on voit une église comme suspendue à mi-pente ; Un peu plus loin, un panneau signale une « ancienne tour » à mi-hauteur (aucune indication dans nos guides ni sur Internet). L’accès est barré par une grille mais j’apprendrai vite que ces barrières concernent le bétail et que les randonneurs peuvent ouvrir les portes à condition de les refermer derrière eux.

Chèvres

La route est occupée par un troupeau de chèvres confortablement installée. Le berger dans son pick- up tirant une citerne, klaxonne pour les faire avancer. Les chiens sont à l’ombre d’un rocher. Elles sont toutes petites, leur poil est très long et soyeux de toutes les teintes passant du noir au blond platiné uni ou tacheté.

Sentier N°1

Sentier n°1 en balcon

Après plusieurs virages le sentier N°1 emprunte une piste qui passe sous le sommet de l’île (Profitis Ilias 702m) et qui continue en balcon jusqu’à la caravane du berger. Ensuite il faut être attentive aux marques (points rouges) parce que le sentier n’est pas bien marqué et s’insinue entre les gros coussins épineux et les rochers qui affleurent. Je regrette mon bâton de randonnée et surtout les chaussures achetées exprès, je marche en sandales. Sur un épaulement, de gros rochers rectangulaires semblent posés comme des menhirs (ils sont probablement éboulés de la falaise située au- dessus). Des bergers (ou des gens de la Préhistoire) en ont empilé certains pour former un abri et un enclos.

Amorgos côte orientale

Le sentier descend raide, il est caillouteux ; j’avance avec précaution. Deux randonneurs surgissent, enturbannés comme des hommes du Sahara et me préviennent « il faut passer par un pierrier et à la fin c’est éboulé ». Voilà assez pour provoquer un peu d’adrénaline ! Le pierrier se passe très bien, même en sandales. Juste après le monastère se profile, blanc il se détache de la falaise orange.

Monastère Chrissoviotissa

la descente par les marches
au monastère

Pour visiter le monastère il faut une tenue « décente », pour les filles une jupe et les épaules couvertes, un pantalon long pour les hommes. Mon paréo ne suffit pas. J’enfile une vieille jupe en laine qui tombe quand je gravis les marches. Le monastère est plaqué à la roche sur plusieurs étages. Des trésors sont accumulés dans l’église est très petite. Dans le parloir, on nous offre un verre de raki parfumé au clou de girofle et à la cannelle, un verre d’eau et des loukoums. Aux murs, une galerie de portraits, photographies ou gravures de popes à la mine sévère. Les grands révolutionnaires du début du 19ème siècle sont à l’honneur. Un guide énumère le nom des héros devant son groupe de touristes. L’un d’entre eux lui demande s’il est historien « non je suis Grec ! » répond-il. Une vieille dame confirme « on nous a fait un tel lavage de cerveau ». Ce nationalisme grec est-il permanent ou correspond-il à la période des colonels ? (D’après l’âge de la dame)

La légende raconte qu’une icône de la Vierge peinte par Saint Luc a dérivé dans une barque jusqu’aux côtes d’Amorgos et que justement les outils pour construire un monastère étaient suspendus à l falaise, signe qu’il fallait en construire un pour abriter l’icône. J’ai déjà entendu cette histoire d’icône ailleurs, il semblerait que Luc ait eu une production industrielle de portraits de la Panaghia ! le guide ne croit guère à cette légende. Plus prosaïquement des moines auraient été chassés de Palestine et auraient retrouvé ici un environnement qui leur aurait rappelé leur monastère d’origine.

Pour retrouver Dominique au parking, il faut encore descendre quelques centaines de marches. Le monastère est encore plus saisissant vu du bas, si étroit, si mince, tenu par deux contreforts en bois de cyprès.

Amorgos : Aghia Anna

En dessous, la crique d’Aghia Anna avec ses eaux aux couleurs changeant avec la profondeur serait le lieu de tournage du Grand Bleu. Le film est devenu une véritable attraction touristique sur Amorgos. On peut même le visionner tous les soirs dans un café des environs.

Amorgos : Aegiali

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Aegiali vu de l’Hôtel Aegiali, le port et la plage

Studio Aelia

Nous émergeons vers 9h de cette courte nuit. Le studio est au 1er étage d’une « construction cycladique » cube blanc adossé à une pente raide, volets bleus, petites terrasses abritées par un auvent de tasseaux de bois non jointifs (genre caillebotis). Le mobilier est sobre : le lit occupe la moitié de la chambre, une petite table carrée permettrait de déjeuner à l’intérieur. Les placards muraux sont un peu petits mais surtout ils sont destinés à des géants je laisserai tout dans la valise. draps blancs, coussins et rideaux à fleurs violettes assortis. Le coin cuisine est bien aménagé.

StudiosAelia vus de la plage

10h, les commerçants ouvrent boutique. On se lève tard à Aegiali ! La pâtisserie est luxueuse. L’épicerie, traditionnelle : feta à la coupe, olives dans un seau ; le marchand me tend la louche pour que je me serve moi-même ; olives violettes excellentes ; les œufs se vendent à l’unité avec des plumes collées.

Notre voiture est une FIA Panda grise toute simple dont le réservoir est vide. Notre première sortie sera donc à al pompe à essence. A la sortie d’Aegiali, juste après notre studio une petite route passe par le camping puis s’élève dans la colline jusqu’à un complexe hôtelier Aegialis adossé au rochers (5 niveaux) les chambres s’ouvrent avec des arcades discrètes si  ce n’est le blanc éclatant de toutes les constructions cycladiques. La route continue jusqu’à un vieux village perché Tholaria et s’arrête sur la place. Ensuite, les voitures n’ont plus droit de cité dans l’enchevêtrement des ruelles et des escaliers. L’heure n’est pas au tourisme, l jauge est au plus bas dans le rouge, la descente se fera à l’économie. La station-service est discrète et à l’écart, nous y sommes passées sans la voir.

Vite à la plage !

Le port d’Aegiali est au fond d’une baie étroite. Au fond, rectiligne, une belle plage de sable fin est bordée de tamaris très touffus qui fournissent une très belle ombre à la promenade cimentée équipée de nombreux bancs, de trois cabines pour se changer. Quelques tavernes ont installé leurs tables de part et d’autre de la promenade.

Première baignade dans une eau calme, limpide et propre. Je fais un aller-retour sur toute la longueur de la plage tandis que Dominique a réservé une table à la meilleure taverne Remezzo. Tables grises, nappes à carreaux bleu et blanc, chaises « metteur en scène ». Menu viande et menu poisson. Nous choisissons des petits poissons grillés (petites sardines) et calamar servi avec des tomates et de la salade. Le serveur est très aimable ; Nous resterons une bonne partie de l’après midi. Je retourne me baigner avant le café frappé.

Tholaria

escaliers et ruelles de Tholaria

Nous avons découvert le village de Tholaria ce matin. Seuls les piétons peuvent s’aventurer dans les ruelles entrecoupées de marches dont les rebords sont soulignés à la chaux. Des motifs décoratifs agrémentent le sol : fleurs, guirlandes et festons sur les côtés, papillons. Chacun a déployé sa fantaisie. Aux abords de l’églises des kafénéios ont sorti des tables rondes ou carrées. L’église est surdimensionnée avec deux clochers imposants peints de bleu et rose. Maisons blanches éblouissantes.  Bougainvillées roses, géraniums en pots font des taches colorées. Décor de carte postale. Je suis désorientée dans les ruelles, telles volées de marche aboutit dans une courette, brusquement je trouve une sortie. Sans m’en rendre compte j’aboutis au cimetière où deux églises à coupoles surmontées d’une croix et un portail peint se détachent sur le ciel, je découvre ensuite les tombes en dessous, 5 de chaque côté d’une allée de gravillons. Les plaques sont récentes.

Les chapelles du cimetière de Tholaria

Je remonte au village et trouve un chemin balisé rouge et blanc (comme les GR). Dépasse un âne aux longues oreilles, bien pacifique. Le chemin muletier est bien revêtu de cailloux ou de plaques calcaires qui affleurent lisses et luisantes. C’est le sentier n°4 qui conduit à Lagada de l’autre côté du vallon. Retournant sur mes pas, je remarque le panneau « panorama » et m’y dirige. Que vais-je découvrir ? panorama est le nom d’un restaurant !

Redescendant, je remarque tout un quartier de maisons neuves destinées aux touristes, bien cachées, elles ne gâchent pas le paysage.

StudiosAelia vus de la plage

Nous terminons la soirée sur la terrasse de notre studio qui fait face à la plage. A travers le feuillage des tamaris on voit l’eau. Ma salade grecque est réussie, les olives violettes excellentes. Le soleil se couche derrière la colline et on se couche tôt après la nuit dernière presque blanche .

En croisière, Ferry pour Amorgos

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le Pirée

A midi, nous devons libérer la chambre. Nous déjeunons rapidement sur la terrasse et à 14h nous cherchons sur Athinas le taxi  (avec compteur) qui nous emmènera au Pirée. Le chauffeur a l’air d’un plaisantin, il nous raconte qu’une grande manifestation bloque le port, puis fait semblant de regarder Facebook pour nous annoncer que c’est terminé. 14€ au compteur donneront 18€ avec les valises. Il nous largue à la mauvaise porte, aux quais d’où partent les ferries pour la Crète (Gate 3). Le Blue Star Paros part de la Gate 7 au moins à 1km de là. Mais nous avons tout notre temps : avec la grève, les bateaux ont du retard ; Le Blue Star paros n’appareillera qu’à 19h au lieu de 17h30.

Nous nous installons sous un parasol rouge de la petite cafeteria où nous avons attendu autrefois le bateau pour Paros.

A 19h05 le ferry accoste et se vide rapidement. Casiers séparés pour les valises selon les destinations. Aegiali est l’avant dernier arrêt. Nous nous installons à l’ombre sur le pont. Un petit pétrolier s’installe contre la coque du ferry qui fait le plein de carburant pendant une bonne demi-heure. Je ne suis toujours pas arrivée à joindre le logeur pour le prévenir de notre retard.

Blue Star Paros fait le plein!

Amorgos se mérite ! Le voyage est interminable. J’ai acheté des place numérotée en prévision de la nuit . Nous restons sur le pont  jusqu’au coucher du soleil. Nos compagnons sont deux jeunes suisses très sympathiques. Petite déception : le soleil se couche dans les nuages

Les « sièges-avion » sont confortables, au début je somnole malgré la lumière, la télévision bruyante et les téléphones portables qui n’arrêtent pas de sonner.

Minuit : Siros illuminée. Le bateau se vide mais les téléphones portables redoublent. Paros, Naxos dans la nuit. Nous avons du mal à nous rendormir. Le voyage est interminable. Nous avons pris en grippe ces Grecs pendus à leur téléphone mobiles, le programme télévision de téléréalité (genre loft) débile, et maintenant il fait froid.

4 Heures, encore une escale.

4h45, nous entendons enfin l’annonce « les passagers en direction d’Aegiali… ». Il faut faire vite à récupérer les valises et quitter le bateau qui part dès que nous posons pied à terre.

Malgré les 3 heures de retard, le logeur est là avec une camionnette. 26 marches. Nous découvrons le studio, fermons soigneusement les volets. Nous aimerions dormir !

Athènes : Lykaion et Musée Benaki

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Athènes néo-classique :le Musée Bénaki

20 minutes pour arriver au Musée Bénaki : par Syntagma puis Vassilis Sophias. Je passe devant l’Ambassade d’Egypte, l’Institut culturel français, italien…je me régale d’affiches, d’expositions et de concerts, Debussy… Le Musée Benaki est très bien logé dans un hôtel particulier le perron donne sur un jardin planté d’orangers avec une pergola de bougainvillées. Il n’ouvre qu’à 10h alors que mon téléphone magique avait annoncé 9h. Toujours sur Vassilis Sophias, le Musée Cycladique ouvre aussi à 10h.

Lykaion

De l’autre côté de l’avenue, le Lykaion est un site archéologique dans un jardin assez ombragé et agréable. Le site n’est pas spectaculaire : un quadrilatère en creux. Des vitres protègent les fouilles. De jeunes oliviers, des fenouils libèrent leur arôme. Le site fut découvert en 1996 lors de la construction d’un centre d’art contemporain (abandonné après identification du Lykaion).

Les panneaux explicatifs détaillés parlent à mon imagination :

Le premier gymnase date du 6ème siècle. Des terrains de sports étaient situés près de l’Ilyssos, non loin de l’Olympéion. Une photographie ancienne de 1910 des rives de l’Ilyssos montre un paysage bucolique. On retrouve des fossés de drainage et des canalisations antiques L’eau était indispensable pour les soins du corps partir de.  A partir du 5ème siècle il existait des bains publics, mais de dimensions restreintes Les bains ne devinrent populaires qu’à l’époque hellénistique.  Le plus grand bâtiment était la palestre, vaste cour presque carrée entourée de portiques, autour, des pièces fermées : éphebéion, Elasthesion ( ?) .

lykaion fleuri

C’est ici que fut lue l’œuvre de Protagoras comme Platon l’a rapporté. Le site était fréquenté par Socrate. Platon y a établi l’Académie, Aristote, le Lycée. D’après Aristophane et Xenophon, le terrain d’entrainement des hoplites. Un panneau dédié à Aristote nous apprend qu’il entra à l’école de Platon et y resta jusqu’à la mort de ce dernier en 347. Aristote marchait avec ses élèves (péripato). Après la mort d’Alexandre (323av JC) le climat d’Athènes lui devint hostile et Aristote retourna à son lieu de naissance en Chalcidie.

Il y avait également un sanctuaire d’Apollon : Apollo Lykieos.

Musée Benaki

Exposition Joan Fermor

Exposition temporaire The Photographs of Joan Leigh Fermor

Joan Leigh Fermor, née en 1912, photographe a rencontré Paddy Fermor au Caire en 1944 après des missions à Alger et à Madrid. Elle a cessé la photographie dans les années 60 sauf pour prendre en photo leur maison de Kardamyli ( Magne). En 1996, Joan et Paddy Fermor ont fait donation de la maison à la Fondation Benaki.

Cette visite est une promenade merveilleuse dans les paysages de la Grèce encore intacte des années 50. Elle livre aussi des photos de vacances. On croise Margot Fonteyn…

Le 3ème étage du Musée Benaki est dédié aux Guerres d’Indépendance de la Grèce au 19ème siècle

Exposition Guerres d’indépendance de la Grèce

Des tableaux montrent les massacres de Chios, l’évacuation de Parga (1819, CF Ali Pacha), Missolonghi où est mort Byron. Certains sont   peints par des artistes connus -Vernet ou Scheffer – ou inconnus (de moi,  par des artistes locaux et il y a  même des peintures populaires naïves. Grands  portraits d’hommes en costume oriental, fez rouge et turbans, fustanelles ou costumes européen. Batailles  navales qui me rappellent le musée de Kotor vu l’an dernier.

musée Bénaki : costumes

De grandes vitrines contiennent des mannequins présentant les costumes folkloriques parfois très variés de l’Epire, la Thrace, la Macédoine ou des îles. Les personnages sont mis en scène devant des paysages d’époque. Je suis émerveillée par la qualité des reconstitutions, l’abondance des collections. Je filme et oublie de prendre des notes. Comment décrire toute cette accumulation de meubles, gravures, panneaux peints, broderies, assiettes…Des salons entiers sont remontés avec meubles, boiseries et plafonds (un peu comme en Bulgarie), murs peints, cheminées ottomanes, tables basses, cuivres….

musée Bénaki

Une église entière a été remontée avec son iconostase. Aux murs, une collection d’icônes. Ma préférée est l’Adoration des Mages. L’Hymne acathiste ressemble à une bande dessinée rouge et dorée d’une infinie finesse.

Musée Bénaki : art populaire

Au rez-de-chaussée : Antiquité et période Byzantine

Après les visites dans les étages, ma concentration s’est émoussée. Je note les éléments les plus spectaculaires qui m’ont étonnée :

Un epitaphios, sorte de linceul pour le Vendredi Saint brodé de croix dorées et de fils d’argent est un véritable trésor.

Les portraits du Fayoum.

Je passe blasée devant la vaisselle antique peinte, j’ai eu mon content d’Antiquité sur l’Acropole hier !

Musée Bénaki : antiquité

Il faudrait revenir.Comment suis-je passée toutes ces années à Athènes sans visiter le Musée Benaki ?

Le Musée de l’Acropole

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Musée de l’Acropole

Ma première visite ne m’avait pas convaincue. Peut être à cause de l’interdiction de photographier, pour le blog, c’est frustrant ? Le vieux Musée Archéologique me plait davantage.

Les pentes de l’Acropole

Une salle sombre et en pente présente les objets retrouvés justement sur les pentes de l’Acropole. Dans les vitrines se trouve principalement de la vaisselle et divers objets de terre cuite, même des jeux, poupées et osselets.

Les sculptures et objets sont regroupés selon les différents sanctuaires aux abords de l’Acropole : la Maison de Proclos (437-485 après JC) était un temple miniature. On y pratiquait des sacrifices : on y a trouvé des ossements de porcs le couteau et la table sacrificielle (une sorte de cube creusé en sa face supérieure décoré de bas-reliefs.

Une colonne avec un serpent supportant un homme raconte le culte de Heroon Blauto .

La Boite à Trésor d’Aphrodite (pour les donations) est un cube creux en deux parties.

Les statues et bas-reliefs du sanctuaire d’Asklepios et ceux du Théâtre de Dionysos sont plus imposants : belles statues, grands masques. Dionysos porte un masque de théâtre.

Hekatompedon

Un escalier de verre très imposant conduit le visiteur au 1er étage devant le grand fronton de l’Hekatompedon – temple archaïque de l’Acropole, long de 100 pieds (d’où son nom), en calcaire, d’ordre dorique. On reconnait un taureau tué et dévoré par des lions, Typhon tué par Zeus. Typhon possédait trois corps entrelacés et enroulés avec  3 têtes symbole des   trois éléments. Malgré le combat, leurs visages aux barbes soignées étaient souriants « parce que les sculpteurs archaïques ne savaient pas représenter les visages autrement que souriants » explique un conférencier. De nombreux vestiges de ce temple sont réunis. Sur un « fronton rouge » on voit le combat entre Hérakles et Triton.

Les statues archaïques.

Les statues archaïques du 6ème siècle sont réunies dans un hall perpendiculaire au fronton/ Ces statues, toutes en finesse, sont délicatement décorées – cheveux et barbes bouclées, crinière des chevaux, plis des draperies. La polychromie était sophistiquée. Un guerrier perse à cheval avait ses cuises et jambes peintes de motifs en losanges multicolores, comme des pantalons ou des leggings. Une koré porte un habit drapé bordé d’une frise bleu-noir « à la grecque » épousant précisément les plissés du tissu.

Guerre des Perses

Un panneau raconte les guerres des Perses au début du 5ème siècle (Marathon 490 av. JC). Beaucoup de statues avec l’intrusion des Perses ont subi des dommages. L’Acropole fut réduite en cendres : les traces de l’incendie sont encore visibles sur certaines statues (bloc 38). Une autre conséquence de la guerre avec les Perses fut l’unification des Grecs dans la Ligue de Délos

Au 5ème siècle, les statues s’individualisent. On peut citer leurs auteurs comme la Niké de Kallinachos perchée sur une colonne. Un guide, en passant fait remarquer aux touristes que ces statues présentées dans le musée à la hauteur de nos yeux étaient toutes posées sur des colonnes.

Caryatides de l’Erechtéion

Après la déambulation parmi les statues nous arrivons au bout de la salle pour découvrir, de dos, les caryatides. Je n’aurais pas imaginé qu’elle seraient aussi grandes et aussi belles. De dos, leur chevelure est abondante, avec une coiffure compliquée, sorte de tresse très souple retenue par un ruban. Les boucles se répandent dans le dos. Leur vêtement est aussi très délié et très délicat. On suppose qu’elle venaient de l’atelier de Phidias. Le musée n’en possède que 5, dont une atteinte par un boulet turc. La 6ème se trouve au British Muséum.

De nombreuses victoires proviennent du Temple d’Athéna Niké (426-421) ce sont des statues féminines plus ou moins complètes.

Le joyau du Musée se trouve au 3ème niveau : c’est la frise du Parthénon que j’ai eu le loisir de détailler à une précédente visite. A mon prochain passage je monterai directement !

Retour à l’Hôtel

Dominique m’attendait au Kafenadaki où un café frappé est tout à fait bien venu. La circulation a repris dans le centre d’Athènes. Les taxis jaunes sillonnent les rues et les autobus urbains passent. Nous pouvons rentrer à l’Hôtel. Facile d’arrêter un taxi. Le chauffeur flaire les touristes naïves et propose de nous emmener pour 10 €. J’exige qu’il mette en route le compteur ; c’est non, nous descendons ! Même marché pour le taxi suivant. C’est à croire qu’il se sont donné le mot d’ordre. Même refus de notre part. La patronne du café est intriguée. « Vous auriez dû prendre leur numéro ! Ils n’ont pas le droit. D’ailleurs tous ces hommes autour sont des policiers ! « . Le policier arrête pour nous un taxi et lui impose le compteur « to metro ! ». Le retour sera court par Syntagma et Sofokleous : 4.7€.

Elevsina : Les mystères d’Eleusis . Exposition temporaire

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es mystère d’Eleusis

L’exposition Elevsina ! Mystères d’Eleusis se termine demain.

Installée au fond d’un couloir sombre, une vidéo diffuse une musique planante.

Les cérémonies d’initiation

Les cérémonies de l’initiation étaient ouvertes à tous, sauf les Barbares et les meurtriers. Le culte d’Eleusis promettait une bénédiction pendant la vie et le bonheur dans la vie future après la mort.

L’initiation était célébrée chaque année au début de l’automne. Des offrandes étaient consacrées dans l’Eleusinon sous le rocher de l’Aéropage. Une cérémonie de purification avait lieu puis un sacrifice et une journée de méditation. Le 5ème jour, la Procession se déroulait sur la Voie Sacrée (20 km) jusqu’aux Propylées du sanctuaire d’Eleusis. La boisson consacrée était le kykeon faite d’eau, de farine d’avoine et de fromage de chèvre râpé.

L’initiation avait lieu au Télestérion. Le rituel comprenait les Legomena (les choses dites) et les dromena (choses faites). L’Hiérophante montre les objets sacrés.

Après l’initiation, on faisait des invocations pour avoir de bonnes récoltes.

Le début du culte remonte aux temps mycéniens, plus tard il s’étendit jusque dans les Carpathes.

la colombe d’Aphrodite

On entre dans le petit sanctuaire d’Aphrodite situé à l’écart de la Voie Sacrée (près du monastère de Dafni). La salle set décorée d’une frise de colombes, l’oiseau d’Aphrodite. Des plaques de marbre figurent des sexes féminins. Deux colombes de marbres sont dans des vitrines. Sur un bas-relief, Aphrodite est entre Koré et Déméter, les déesses d’Eleusis. Aphrodite est aussi figurée avec Eros, en beau jeune homme.

procession

La  grande salle présente le Telestérion où avaient lieu les mystères.la frise présente les attributs de Déméter : la gerbe d’épis de blé, les fleurs en rosace, les têtes de bovins couronnés et des récipients cylindriques. Une plaque votive en terre cuite peinte montre le déroulement de la cérémonie dans le fronton triangulaire qui la surmonte :  l’arrivée des fidèles portant des torches. Sur une stèle les deux déesses   accueillent un héros. On voit aussi un petit cochon offert en sacrifice à Déméter. Elle était la déesse des récoltes et aussi la protectrice des chevaux.

cochon sacrifié à Demeter

Un vidéogramme présente le site d’Eleusis, la grotte près des propylées où est apparue Perséphone. On voit se dérouler les cérémonies. Les personnages se succèdent en surimpression.

 

matinée sur l’Acropole

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caryatides de lErechtéion

Un peu avant 9h, nous arrêtons un taxi sur Athinas.

 Nouveauté : le compteur du taxi imprime un ticket et le taximan rend la monnaie.

Les handicapés peuvent accéder à l’Acropole  grâce à un monte-charge le long de la paroi nord. Un cheminement cimenté y conduit et tourne ensuite autour du rocher jusqu’au théâtre de Dionysos. Nous découvrons la source de la Clepsydre qui aurait alimenté la clepsydre située dans la tour des Vents dans l’Agora romaine. On arrive derrière l’ancien temple d’Athéna, Pandroséion, et l’Erechtéion.

Le Pandrosion contenait les lieux sacrés d’Athènes : l’olivier d’Athéna et la source salée jaillie du trident de Poséidon, lieu de la compétition des dieux pour parrainer Athènes. Il fut détruit par les Perses en 480.

 

 

L’Erechtéion et  ses caryatides me fascine toujours autant.  Il fut construit après les guerres du Péloponèse (431-404 av JC)  Je ne me lasse pas de photographier les caryatides (ce sont des copies, les originales sont au Musée de l’Acropole) .

Il fait encore frais, la fréquentation est raisonnable. En revanche, plus question de s’asseoir pour se reposer sur un bloc. Des cordes interdisent de s’approcher de tout vestige, elles sont assorties d’avertissements « interdit de toucher le marbre !».  Les gardiennes qui font respecter les consignes à coups de sifflet n’ont aucune pitié pour Dominique et sa béquille. Elle finira par trouver un banc à l’ombre derrière le Parthénon.

Un échafaudage occulte le fronton ouest. Je m’intéresse aux restaurations successives du Parthénon : la grue Pothain qui occupait le temple depuis 1985 a été remplacée récemment par une autre plus discrète. Les blocs manquant dans la reconstruction sont remplacés par du marbre blanc qui se patinera peut-être un jour. L’usage dans l’anastylose est qu’on puisse différencier les éléments originaux. Des caissons de plafond attendent d’être remontés. On peut observer les restaurations de l’intérieur entre les colonnes du côté Est bien dégagé.

parthénon : angle du fronton

Deux têtes de cheval sont coincées à chaque extrémité du fronton – je les avais oubliés ! Je me souvenais en revanche des trous rectangulaires où étaient suspendus les boucliers offerts par Alexandre après sa victoire sur le Granikos (334 av JC) en revanche je n’avais pas remarqué les petits trous sur l’architrave regroupés en paquets correspondant aux lettres de bronze de l’inscription de Néron (61 après JC).

Puisque nous sommes arrivées par derrière je descends vers les Propylées pour effectuer le parcours « officiel ». Un couloir pour la montée a été aménagé avec un autre à la descente pour canaliser l’afflux es touristes. Leur procession est impressionnante. Il faut déshabiller les silhouettes colorées de shorts, chapeaux à visière, T-shirts criards et imaginer des draperies antiques, transformer les perches à selfies en torches, rubans ou banderoles. On peut ainsi, avec un certain effort d’imagination, voir les Panathénées où Athéniens et pèlerins allaient rendre leurs dévotions à la Déesse. Les Propylées faisaient partie du programme monumental de construction de Périclès (437-432), interrompu par les guerres du Péloponnèse. Selon Pausanias (au 2ème siècle), une pinacothèque contenait une belle collection de tableaux. En plus de la statue Chryséléphantine d’Athéna Parthenos, attribuée à Phidias il existait une statue géante en bronze également œuvre de Phidias, Athéna Promachos , visible depuis le Cap Sounion.

Sur une aire, maintenant nue, s’élevait le sanctuaire d’Artemis Brauronnia, à droite de la voie processionnelle. Le culte d’Artémis fut établi au 6ème siècle avec Pisistrate.

Une rumeur monte de la ville, me rappelant le 1er mai 2010, 1er mai de colère, de manifestations violentes. Les chants révolutionnaires entraient en compétition avec la Messe diffusée par haut-parleurs de la cathédrale et la musique de Théodorakis des socialistes. Du bastion en haut d’un petit promontoire qui domine la ville, je ne découvre aucun rassemblement. Quand nous descendons, je vais à la recherche d’un taxi. Nous irons volontiers déjeuner au bord de l’agora romaine près de la jolie mosquée et de la Tour des vents sur les belles terrasses des Aérides….Aucun taxi n’est disposé à nous conduire en ville. Le centre d’Athènes est bloqué par les manifestations contre les mesures d’austérité et les réformes du régime des retraites. J’avais remarqué les affiches appelant à la grève aujourd’hui sans entrer dans les détails. Les chauffeurs de taxi profitent de l’aubaine (pas de métro ni d’autobus) saur les bus à impériale colorés des touristes. Ils proposent de nous conduire au Pirée, « good sea-food at Microlimani » ou à Rafina, ou n’importe où à la plage….mais pas à Athènes !

Rue Rovertou Galli, 300m plus bas, nous nous installons sur la minuscule terrasse en angle (3 tables avec un pot de basilic) et une jolie enseigne TO KAFENADAKI pour déjeuner et attendre le retour de la circulation. Délicieux jus d’oranges pressées (4€) une assiette de gyros très bien servie, les fines lamelles de porc sont accompagnées de grosses tomates, de pain pita tzatzíki et oignons crus, parsemées de thym et de fines herbes (8€ quand même !) Rien à voir avec le gyros qu’on mange debout, entortillé dans du papier.

Le Musée de l’Acropole est à 750 m plus bas.

 

Premières promenades athéniennes

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La terrasse de l’Hôtel Economy donne sur l’Acropole

Forfait fixe pour les taxis(38€)  de l’aéroport à Athènes,  bien pratique, nous n’avons pas à nous soucier du parcours. Le taxi tourne dans les rues aux noms antiques Evripidou, Sofokleous, Socratous avant d’arriver à Clisthenous, où se trouve l’Hôtel Economy. Le réceptionniste est toujours le même, il avoue ne pas nous reconnaître.

La vue de notre balcon sur la place et le Lycabette

La chambre 604 a un petit balcon sur la grande Place où se trouve la Mairie, bâtiment néo-classique jaune pâle. Rectangle dallé qui se termine par un site archéologique : le Cimetière acharnien qu’on ne visite pas mais qui est visible de la dalle. En face de la Mairie, la Banque de Grèce est aussi une construction jaune à corniches néo-classiques.

manifestation devant la banque nationale

Des cris au mégaphone, des sifflets m’interpellent. Je traverse la place pour aller voir de près.  Les manifestantes ne sont pas bien nombreuses. Des femmes, 40 à 50 ans, bien coiffées, vêtues de noir se tiennent derrière une banderole brandissant des ballons de mousse noire au rythme des sifflets.  « Pas d’argent pour la banque Nationale ! » crient-elles. Les Grecs, inventeurs de la démocratie, et semblent adorer se rassembler dans la rue pour clamer à haute voix leurs doléances. Pas un voyage à Athènes ou à Thessalonique sans qu’on n’assiste à un défilé. Devant l’Université, des séides d’Aube Dorée ont apporté des drapeaux grecs et des pancartes dénonçant « l’islamisation ».

dans les rues autour de l’agora

Avant le déjeuner, je fais un tour au marché : l’Agora – tout un programme – Je me saoule de parfums méditerranéens   de l’huile d’olive, sur les étals, des olives sont de toute couleurs, calibres, et provenances des senteurs des aromates séchés sur les étals. Les effluves aigrelettes de la fêta et des fromages qui baignent dans le petit lait. Des fruits mûrs, parfois trop murs exhalent des odeurs sûres.

pour faire les dolmades

Les épiceries ont suspendu des saucissons, des guirlandes d’ail, de piments rouge et même d’aubergines séchées et coupées violettes, de courgettes en tronçons verts dont il ne reste que la peau. Des bouquets de camomille, de lavande et d’herbes de la montagne embaument. Dans des casiers on a déposé des tranches d’oranges  et de citrons séchés, des boutons de rose. Les brocanteurs ont accumulé des marchandises diverses : marmites, ustensiles pour le café, chaussures sous des instruments de musique suspendus, luths bouzoukis et guitares. Plus loin, ce sont éponges et loofahs qui garnissent les tours de portes (une recherche sur le net m’apprends que ces fibres qui servent de gant de crin sont les fruits d’une cucurbitacée comestible la Loofah d’Egypte. Verte elle ressemble à un concombre renflé.

brocante

Souvlakis et kebab au déjeuner (paketo que j’emporte pour la terrasse) avec des fraises et des cerises du marché.

Le mardi n’est pas très favorable pour les visites, de nombreux musées sont fermés. J’improvise  une  promenade par les petites rues derrière la Banque de Grèce jusqu’à Stadiou, Panepisthémiou juqu’à Syntagma dans l’Athènes Néo-classique du 19ème avec colonnes fresques et frontons sculptés de l’Université de de belles maisons. Entre Vassilis Amalias et Vassilis Sofias, le Jardin National offre une promenade ombragée. Je passe le long d’une rangée de palmiers à très hauts fûts. Les arbres remarquables sont étiquetés comme dans un arboretum ; ils ont été acclimatés des cinq continents. Une aimable compagnie se promène, jeunes ou vieux, touristes ou SDF. Une troupe théâtrale en habits 19ème déclame en marchant. J’imagine que faisaient ainsi les philosophes de l’antiquité. Je me gave de chaleur. Le bien être m’envahit.

Zappéion patio rond

A la sortie du jardin, je découvre le Zappéion que je ne connaissais pas : palais 19ème (1874-1888) rêve d’Evangelos Zappas, homme d’affaire grec vivant en Roumanie mais ayant combattu pour l’Indépendance grecque et désireux de faire revivre, avant de Coubertin, les jeux olympiques. Il a servi lors des jeux Olympiques d’Athènes en 1896 et plus tard.  Le Zappéion sert maintenant de Hall d’exposition, c’est là qu’a été signée l’adhésion de la Grèce à l’Union Européenne en mai 1979. Le fronton rectangulaire à colonnes plat ne laisse pas imaginer le patio à colonnes rond.

Non loin du Zappéion, se trouve un cinéma de plein air et un très beau restaurant (ou café). Le cinéma sous les étoiles est pour moi un souvenir très ancien, quand en 1968 j’avais été invitée à Glyfada par des collègues grecs de mes parents. Nous avions vu Romeo et Juliette de Zeffirelli. Je me souviens des écorces de pépites par terre (en Israël aussi) .

Non loin, j’aurais dû trouver le stade de Marbre, stade antique restauré pour les premiers Jeux Olympiques. Impossible de le trouver, je longe l’Ecole de Gastronomie, un très chic club de tennis, pas de marbre. Il est caché par les arbres mais je ne le savais pas.

Olympéion

En revanche j’arrive à l’Olympéion Temple de Zeus Olympien. Il est fini le temps où je présentais ma carte professionnelle et où avec deux ou trois mots de Grec, j’entrais gratuitement dans les sites ! Pour obtenir la réduction senior je dois sortir ma Carte d’Identité dument inspectée. La construction du temple fut initiée par Pisistrate, le petit fils du tyran en 515av JC sur le site d’une construction archaïque. Elle fut interrompue en 508 après la chute du tyran. C’était un monument gigantesque d’ordre dorique en calcaire sur le modèle des temples d’Asie Mineure. Construit en marbre au 4ème siècle il resta inachevé, puis il fut reconstruit par les Romains et complété par l’Arc de Triomphe d’Hadrien. 104 colonnes était encore debout en 1852. Sur une vaste esplanade un peu chauve, les colonnes restantes sont gigantesques ; j’ai déjà entendu ce refrain à Agrigente (encore un temple de Zeus avec ces géants les Télamones. Le gigantisme sied à Zeus ! L’Arc de Triomphe d’Hadrien est plutôt gracile pour un monument romain, original avec ses deux parties superposées très différentes.

Retour par Plaka avec ses restaurants, ses boutiques de pacotille ; cette année des bottes à lanières – sandales qui s’enroulent jusqu’au mollet, ses écharpes de mousselines, le linge de toilette et les ponces teintées de couleurs criardes à destination des touristes attablés aux « happy hours ».

Fin de la soirée en regardant le jour tomber et l’Acropole s’illuminer.