Ferrare médiévale

Promenades historiques

L’Office de Tourisme de Ferrare propose trois promenades historiques balisées.

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via delle Volte

Le circuit médiéval fléché en bleu.

Les arches gothiques de la Via delle Volte permettent le passage entre le dépôt des marchandises (côté Pô de la rue) au magasin (côté ville). Ces ponts me font penser aux villages toscans ou à Mesta (Chios). Mais la communication avait un autre but – défensif. La Via San Romano est bordée d’arcades devant des magasins variés un peu comme à Bologne mais en plus petit. Elle va au marché Piazza Travaglio(près du parking). Il y a donc beaucoup de monde. Et débouche sur la grande place Trente e Trieste où nous découvrons la Cathédrale flanquée de son campanile rose et blanc. La façade latérale de la Cathédrale est sur cinq niveaux au sol des colonnettes forment un passage couvert devant des boutiques sous un étage couvert de toits de tuile. Au dessus une loggia à colonnes, et encore au dessus une autre colonnade très jolie avec des colonnes curieuses, vairés brisées, en zigzag ou couvertes d’une liane de pierre. En haut on voit les tours qui dépassent, massives.

 

Tout autour de la place, de grands bâtiments, certains anciens d’autres reconstruits après les bombardements de la seconde guerre mondiale.

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la cathédrale vue de la place Trente é Trieste

Le parvis de la cathédrale est gardé par six lions et des chimères en pierre de Vérone, marbre rose, qui portent des bestioles bizarres collées à leur dos. Deux lions soutiennent  les colonnes du portail. Les sculptures du porche sont amusantes observés à la jumelle et représentent classiquement le Jugement dernier, superposition du roman (1135 Nicolaus) et du gothique.

Le Château d’Este est superbe avec ses tours carrées, ses créneaux, balustrades, douves. Nous déjeunons à la terrasse d’une birreria installée dans un pavillon de verre et fer (art déco ?) accolé au château. (Salade compose trévise, roquette, frisée, maïs, tomate mozzarella et thon) devant la statue de Savonarole né à Ferrare en 1452. Le personnage de Savonarole ne m’inspire pas tellement de sympathie, réforme contre les abus et la corruption mais surtout intolérance. Au dessus du portail du Palazzo Municipale deux personnages trônent : le duc Borso et le Marquis Niccolo III.

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ancien ghetto via Vittoria

La via Vittoria faisait partie de l’ancien ghetto : au 41 se trouvait l’ancienne synagogue espagnole, via Mazzini la synagogue et le Musée juif (fermés pour cause de Pessah). Je lève la tête pour chercher les balcons en fer forgé des maisons juives ; même réflexe qu’au Maroc dans le Mellah. Le ghetto de Ferrare accueillit les juifs espagnols après 1492. Ici a vécu Béatriz de la Luna, la Senora dont Catherine Clément raconte la vie. Il faudra que je retrouve le livre et que je le relise. Rue Mazzini, sur une plaque gravée, une liste de noms, les déportés.Bassani, dans leRoman de Ferrare a écrit une nouvelle : Une plaque commémorative via Mazini qui raconte le retour de Geo Josz de déportaation en 1945 découvrant son nom sur la plaque « Cent quatre vingt-trois sur quatre cent! »

15h, la Cathédrale est ouverte. Déception. Le bâtiment énorme est très sombre. Une décoration en grisaille ne l’éclaire pas. Systématiquement je visite chaque tableau indiqué dans le guide. Seuls Saint Pierre et Saint Paul de Garofalo (1481 – 1559) échappent à mon humeur grincheuse.

Ferrare : parcours Renaissance

Suivant les itinéraires proposés par l’Office de Tourisme de Ferrare,

Le parcours « ville Renaissance » se déroule au-delà du Corso Giovecca. En face du Castello, le Corso Ercole 1 d’Este rejoint la Porta degli Angeli dans la muraille. Rectiligne, contrairement aux ruelles médiévales tortueuses, il est large, pavé de petits galets ronds entre de hauts palais de brique aux énormes portails soulignés de décors en pierre blanche et aux fenêtres grillagée.

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Dominique Fernandez : dans le Voyage en Italie

« la visite de la ville débuta par un exposé sur l’urbanisme ferrarais et la modernité des Este.la cité reçu des princes pendant les deux siècles de la Renaissance, une ordonnance géométrique d’un  type absolument inédit en Europe. On perça des avenues de seize mètres de large (corso Giovecca, corso Porta a mare). Le corso Ercole d’Este fut le pourvu de trottoirs, les premiers au monde … »

Les palais sont le plus souvent occupés par des administrations ou des facultés – là, de nombreuses bicyclettes sont posées. Pas de voiture. Le Palais des Diamants fait le coin avec le Corso Porta a mare. Il se démarque de la brique par son revêtement de marbre découpé en facettes les « diamants » et abrite la Pinacothèque, fermée le lundi.

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Après avoir traversé le Corso Porta a Mare la promenade se déroule dans un cadre beaucoup plus vert avec le Parc Masari puis une allée verte mène jusqu’à la Certosa (chartreuse) edifiée en 1452 par Borso d’Este. Au début, dans le grand parc, on ne comprend pas tout de suite qu’on se trouve dans un cimetière. L’église San Christoforo alla Chiesa est très claire très simple. Deux peintres ont réalisé les tableaux dont Roselli dont j’ai beaucoup aimé la simplicité des expressions, les couleurs vives et la fraîcheur.

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Bassani, dans les premières lignes de la nouvelle LES DERNIERES ANNEES DE CLELIA TROTTI dans  le roman de Ferrare:

« Qualifier de beau le vaste ensemble architectural du cimetière municipal de Ferrare, beau au point d’être réconfortant, c’est risquer chez nous comme ailleurs de susciter les fameux éclats de rire, les inévitables signes de conjuration toujours prêts, en Italie, à répondre à tout discours qui prétend traiter de la mort sans la déplorer…..Pour avoir une idée de ce qu’est la piazza  della Certosa, que l’on pense une prairie ouverte, à peu près vide, parsemée de loin en loin de rares monuments funéraires, ceux de non-catholiques illustres du siècle dernier : à une sorte de place d’arme, en somme.… »

Par des chemins agrestes je retourne au Corso porta Mare bordé par le  jardin public de la Piazza Ariostea puis par des rues très calmes et des jardins je parviens au cimetière israélite, paisible, ombragé, fleuri d’iris. Je lis les noms. Les mêmes que ceux qui sont gravés à la synagogue.

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Bassani évoque à plusieurs reprises le cimetière israélite. Dans le Jardin des Finzi-Contini. Si j’avais eu le temps d’ouvrir Le Romande Ferrare qui est resté dans ma valise, j’aurais cherché la fastueuse tombe monumentale des Finzi-Contini

Le sentier du retour traverse une véritable exploitation agricole écolo, à l’intérieur des murs de la ville !. Puis je passe devant le Jardin Botanique. La promenade commencée entre de hauts murs de briques a finalement été très verte.

Comme il n’est pas trop tard, j’entreprends le troisième circuit balisé intitulé « Palais et Eglises de la Renaissance ». Comme les palais sont fermés et les églises aussi à cette heure, je m’amuse à lire les plaques de marbres très nombreuses. Ici, un poète que je ne connais pas, là, des combattants de l’Unité Italienne… Au hasard, j’apprends que Montaigne est passé dans cette maison…je longe la via Savonarola me demandant pourquoi Ferrare tient tellement à honorer ce personnage. Je rentre par des rues tranquilles de plus en plus étroites à mesure que je me rapproche du quartier médiéval.

Ferrare – Palais Schifanoia – Palazzina Marfisa d’ Este

 

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Prima collazione

Pas de petit déjeuner à la pension des artistes. La patronne m’indique une pâtisserie qui fait aussi bar non loin de la Piazza Travaglio. Les établissements plus touristiques ou plus chics sont encore fermés à huit heures. Je commande au bar un cappuccino (pas de cacao) et une brioche , un croissant fourré à la crème anglaise et à la confiture. Les gens déjeunent ici avant le travail, lisent le journal du matin, mangent leur pâtisserie debout serrée dans un papier. J’aime bien cette ambiance.

Au lieu d’aller directement au palais Schifanoia j’emprunte des ruelles et m’égare dans les quartiers bas de l’ancien Pô avant de retrouver la via Saraceno et la via scandiana où se trouve le Palais.

Le palais Schifanoia, bâtiment fin 14ème relevé en 1605, est le plus célèbre des Delizie d’Este voué aux plaisirs son nom signifie « chasse l’ennui » fur érigé par Alberto V (1347 -1393). Une exposition archéologique montre des objets trouvés dans une citerne Via Vittoria (cela m’amuse parce que notre hôtel s’y trouve) mais je passe vite sur l’archéologie pour intéresser davantage aux splendides plafonds et aux fresques, malheureusement en mauvais état, on devine une scène de bataille.

On présente aussi une collection numismatique (réservée aux initiés) et des ivoires.

Mais le clou de la visite est le Salon des Mois : une immense salle couverte des plus belles fresques données à voir. Bien sûr divisé  en mois, chaque mois est partagé en trois registres en haut : le mois, dessous les signes du zodiac en dessous une grande scène figurative montrant Borso et son cortège ou Ercole dans une richesse extraordinaire de couleurs, une foule de personnages et une richesse indescriptible de sujets.

Au mois de Mars je trouve la construction étonnante : une arche est fendue, d’un  côté elle est recouverte par une prairie avec un chien et un arbre tandis qu’au dessous de l’arche passe un cortège à cheval. A gauche la campagne, à droite un palais. Agrippés au fronton  du palais : quatre angelots et en dessous une foule à pied, femmes et enfants tandis qu’à gauche sont représentés des cavaliers sous le paysage agreste.

En observant mieux les autres mois, je remarque une certaine cohérence : je retrouve avec des variations, la campagne, l’arche, le palais et toujours la foule…

Sur le registre supérieur le mois est représenté par un chariot portant une divinité féminine entre deux groupes de passants. Je m’amuse à noter qu’en mars la charrette est tirée par des chevaux blancs, en avril par deux cygnes, en mai (gémeaux) par un cheval bai et un cheval blanc, sous le signe du cancer, deux corbeaux sous celui du lion, deux lions, deux bœufs, deux hommes tirent aussi la charrette…

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Palazzina Marfisa Este

Non loin de Schifanoia, la Palazzina est un très joli palais de petites dimensions .Encore les plafonds retiennent l’attention. Dans la première salle, à dominante rouge,  Artémis Éphèse avec ses multiples mamelles se trouve aux quatre coins avec des motifs spiralés, des médaillons contenant des portraits. Dans la seconde la couleur passe au jaune/vert. Je relève les armes de Francesco d’Este « fons Manduriae » s’agit-il de Manduria dans les Pouilles ? « si non sors tolerantia » « pari animo ».

Dans la salle d’apparat le plafond est décoré de très étonnantes figures avec une permanence des seins (Artémis encore ???) aux figures féminines humaines mais aussi animales.

Je traverse un jardin pour arriver à une loggia (une orangeraie ?)

Ferrare – château d’Este

 

Quatre tours carrées, une cour carrée, un château fort pour jeu de construction d’enfants. Les créneaux ont été surélevés par une galerie mais le château Renaissance a gardé un air médiéval.

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Les salles du rez- de- chaussée, très hautes de plafond et vides de souvenirs d’époque (peut être n’ont elle jamais été meublées ? )sont utilisées comme uneprésentation pédagogique avec des  portraits sérigraphiés très grand format des seigneurs de ces lieux, Niccolo le Bâtisseur et Borso le bon vivant. Des reproductions d’œuvres d’art venant de tous les coins d’Europe, racontent la vie à Ferrare à la Renaissance : les banquets, les Belles Lettres. On pourrait passer des heures à étudier les documents des panneaux.  C’est quand même un peu frustrant de n’avoir que des fac-similés sous les yeux ! Pour l’émotion, il reste les cachots.

A l’étage – piano nobile – de la richesse ancienne, témoignent les plafonds extraordinaires. Le conservateur (maître-d’œuvre au Musée d’Orsay, précise la dame de l’ascenseur) a eu l’excellent idée d’installer des miroirs en biais qui reflètent les fresques, les rendant ainsi très proches (évitant un torticolis). Dans une salle des Saisons, 4 divinités font la ronde (on pense aux Génies du Palais byzantin de Ravenne), des scènes mythologiques montrent le char de l’Aurore…Les Jeux sont aussi le thème des plafonds de deux grandes pièces : des gaillards nus, musclés à la lutte, ou jouent aux boules, tandis que des enfants se livrent aux « jeux de l’esprit » : musique ou poésie. Certains plafonds sont plus décoratifs que figuratifs : on retrouve les grotesques que j’ai vus au Palais de la Marfisa.

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les jeux

La terrasse des orangers est charmante, on y accède par un couloir peint de Bacchanales avec des orgies de corps nus.

Une grande galerie raconte une histoire plus récente : celle de l’Unité italienne. Dans les salles communicantes de grandes cartes géographiques 19ème siècle représentent la Province de Ferrare. On y constate la bonification des marais dans des temps assez récents.

Ferrare : Museo della Cattedrale Cosme Tura et cycle des mois

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Saint George – Cosme Tura

En face de la cathédrale, de l’autre côté de la place Trente et Trieste, dans le joli cloître tranquille et l’église. Bien présentées, bien éclairées, les toiles de la Vie de Saint Georges de Cosme Tura (1430-1495) et une belle Annonciation.

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Les tapisseries racontent également la vie de ce saint (un des patrons de la ville de Ferrare) mais elles sont un peu ternes.

 

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J’ai beaucoup aimé les sculptures de  l’atelier de Nicolaus  (12ème siècle) dans un calcaire blanc : Eve filant et un chapiteau avec la Décollation de Baptiste et le Festin d’Hérode, et surtout le Cycle des mois composé de petites statues (photos interdites) – un panneau explicatif fait le rapprochement avec les riches Heures du duc de Berry.

De Ferrare à Parme

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Dernière vue de Ferrare : via delle Volte

Route pour Parme

Avant de prendre la route, nous mangeons une pizza a taglio debout dans la rue.

La route de Modène est bien fléchée. Elle traverse une campagne plate très urbanisée et même industrialisée. Peu de distance entre les gros villages entourés de zones artisanales ou industrielles disgracieuses. La route évite les centres-villes sans doute pittoresques. Le ciel est blanc, presque comme en été à midi, le soleil écrase le relief. Avant Modène on prend l’autoroute – à l’envers, vers Bologne – Parme n’étant pas indiquée  seulement  Milan. La circulation est infernale entre Modène et Parme. Les camions se suivent sans laisser de distance de sécurité. On dirait un train, sauf que les wagons se décrochent de temps en temps pour occuper la file du milieu ralentissant le trafic et éclipsant les panneaux indicateurs. A droite, le train à grande vitesse, à gauche des usines. Les usines Barilla sont énormes. On a peine à croire qu’on y fabrique des pâtes, on dirait une cimenterie !

Parme – palais de la Pilotta, Théâtre Farnèse et Galerie nationale

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Le palais de la Pilotta se trouve en delà d’une esplanade couverte d’une herbe bien verte mais pas tondue. Le palais est impressionnant par ses dimensions mais il présente une dissymétrie bizarre, une absence de façade, d’entrée même. Le palais de Pilotta était un jeu de paume ; Le nom de Pilotta vient de pelote basque. Une sorte de marché aux vêtements bon marché et même de seconde main est fréquenté par une foule très mélangée : femmes voilées, vieilles dames à cabas qui cherchent leur bonheur dans ce déballage bien différent de ce qui se vend vue Farini (chic BCBG) ou rue Cavour(chic et mode) ou dans les petites boutiques des ruelles (très chic, bobo).

Nous mettons un certain temps à trouver l’entrée du Palais. Sous les arcades, entrée fermée et désertée. Un escalier bien noir très haut conduit à un palier. Pas de billetterie, pas de panneaux avec horaires et prix. Il faut encore gravir un autre escalier monumental

Théâtre Farnèse

Une très grande porte toute simple s’ouvre sur le théâtre le plus étonnant qui soit : tout en bois de planches brutes avec colonnes de bois. Quatorze rangées de gradins encadrent en fer à cheval un parterre  vide. Au dessus des gradins deux étages de fausses loges marquées par des colonnes et colonnettes devant des fresques en trompe l’œil.  Le théâtre est de forme elliptique : 87mx32mx22m la scène immense mesure 40mx12m. Il a été construit en 1618 par Rannucciio I Farnèse à l’occasion d’une visite de Cosimo II Médicis qui finalement n’est jamais venu. Le spectacle inaugural en 1628 : « Mercurio e Marte » de Monteverdi se terminait par un final aquatique, la scène était remplie d’eau. L’architecte Giovan Battista Aleotti était ingénieur hydraulicien. Dans le parterre elliptique se déroulaient également des tournois équestres a servi de salle de salle d’armes.

Dans les coulisses, une exposition présente les sculptures qui surmontaient les balustrades et une maquette de ce que fut le théâtre. Autrefois le bois étaie recouvert de stuc. Des photos des destructions par les bombardements alliés en 1944 montrent le désastre.  La reconstruction date de 1956-1965. Cd sot sans doute les bombardements qui expliquent l’aspect étrange de ce palais mutilé.

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Galeries Nationales

Du théâtre on entre dans la Galerie en passant entre deux rangées de bustes en marbre des Bourbons, les femmes d’un côté, les hommes en face. Ce sont eux qui ont réuni la collection.

Une série de salle est consacrée aux deux gloires de Parme Corregio (Antonio Alegri 1489-1535 et Parmigianino (Francesco Mazola 1503-0540). Les fresques de Corregio ont des tons pastel où dominent le bleu et le jaune très tendres et visages très doux. Dans les fresques comme dans les tableaux on reconnait son modèle qui ressemble à Jeanne Balibar. Deux colosses romains du 2èmer siècle provenant des jardins Farnèse à Rome gardent l’entrée d’une galerie immense aux murs gris perle où les tableaux sont accrochés « à l’ancienne », c’est-à-dire entassés, superposés sur toute la hauteur du mur. C’est une collection de peinture française (pas uniquement). Les sujets sont religieux et mythologiques. En regardant mieux, il appert que les tableaux ne sont pas du tout entassés pour gagner de la place : une logique se dégage. Plusieurs peintres ont traité le même sujet et on a rapproché les œuvres. Les ressemblances sont parfois étonnantes. Qui a copié qui ? Hasard ou concurrence ? La seconde moitié  de la galerie est consacrée à des portraits de la cour de Parme. Marie Loise Bourbon avait invité le peintre lyonnais Laurent Pêcheux(1765). D’autres portraits sont l’œuvre du peintre de cour officiel Baldrighi, élève de Boucher. Je suis toute excitée de retrouver les personnages du livre d’Elisabeth Badinter : L’Infant de Parme que j’ai terminé quelques jours avant de prendre l’avion.

Un triomphe de table est exposé au centre de la pièce, œuvre de Damien Campany sur le thème du cycle des mois (décidément c’est le troisième cycle des mois en deux jours !). Sur un petit socle de marbre, des personnages en bronze rehaussés d’or c’une quarantaine de centimètres de haut figurent les mois. Chaque statue porte les attributs dorés et le signe astrologique est fixé sur le socle.

 

La visite continue dans des salles aux murs de briques apparentes avec des supports métalliques modernes. Il y a une belle collection de primitifs sur fond or. Quatre fresques de petite taille étiquetées Misericordia  nous plaisent bien. D’autres fresques sont attribuée à Francia que nous avons découvert à Bologne.

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Plus loin, je reconnais les grands tableaux de Ricci (souvenir de Venise) , Canaletto (encore Venise). Les tableaux du Guerchin ne m’attirent pas plus qu’à Bologne. Le Guide du Routard signale Vinci, Breughel, et Greco. J’ai trouvé le Breughel, une Prédication du Christ avec une foule de petits personnages, minuscules et expressifs. Pour raison d’assemblée générale du personnel, on nous chasse à midi sans que je ne trouve les autres.

Belle pause de midi dans notre jardin caché. La propriétaire et son fils entretiennent les rosiers et chassent les parasites une épingle à la min. ils ne veulent pas se résoudre aux pesticides. L’Italie est plus consciente de l’environnement.

Parme – Baptistère et Musée diocésain

 La rue Tommasini conduit directement au Baptistère, plus étroite et moins fréquentée que la via Farini  parallèle, toujours des boutiques de luxe.

Baptistère

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Octogone blanc et pierre rose de Vérone, d’une grande simplicité, il présente de beaux porches sculptés et quelques sculptures  dans des recoins.

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A l’intérieur, l’octogone s’est métamorphosé en solide à 16 côtés.  Seize grandes colonnes délimitent des rectangles recouverts de grandes scènes variées . Dans les lunettes on a curieusement associé des sculptures en relief posées sur des scènes peintes une Fuite en Egypte,  un quart de tour plus loin, le roi David joue de la lyre entouré de musiciens. Dans les arches : des monstres.32 colonnettes plus fines délimitent des logettes où se trouvent des sculptures de petite taille. Enfin la coupole partagée en 16 arceaux de marbre rose est entièrement peinte, on s’attache à retrouver les scènes et on trouve un curieux Varlaam (au musée, on affirme qu’il s’agirait d’une légende bouddhique).

Musée diocésain

Surtout ne pas se laisser impressionner par l’intitulé « musée diocésain » qui évoque des collections ecclésiastiques monotones avec aubes, chasubles dorées, croix et reliquaires, patènes ….Dans le cas du Musée de Parme, il s’agit de tout à fait autre chose. Le négliger serait une erreur !

En sous-sol (comme à Ravenne dans le Domus dei Tappeti) on a mené des fouilles archéologiques sous le Palais Episcopal voisin. Avant d’être chrétienne, Parme était romaine. Une maison romaine a été retrouvée là. Les pièces de monnaie romaines sont très bien présentées, bien éclairées avec une loupe qui coulisse pour mieux contempler les profils impériaux de Constantin, Valérien …Les explications sont très fournies (il faudrait des heures pour tout déchiffrer surtout qu’elles sont en Italien). Elles montrent le plan des fouilles, le plan de la ville romaine…

Des statues provenant du Baptistère sont mis à l’abri de l’érosion : plusieurs lions stylophores(comme à Ferrare) roses en pierre de Vérone ainsi que des groupes de très belles statues : les deux prophètes David et Nathan, les deux anges Michel et Gabriels(l’un d’eux est un remploi d’ une statue romaine à qui on a ajouté des ailes), Salomon et la Reine de Saba.

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Dans une petite salle, les fresques du plafond de la coupole sont photographiées. Un DVD permet de compléter les informations, de situer  scènes et  personnages. Cette visite est vraiment passionnante.

Parme Cathédrale et San Giovanni – Correge encore

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De la façade de la Cathédrale se dégage une impression de sobriété et de simplicité. La pierre de construction est claire et gaie. Des galeries de fines colonettes suivant le pan coupé allègent l’ensemble.

Dès qu’on pousse la porte latérale on est étonné du contraste entre la simplicité du dehors et la richesse du décor, des fresques: tout l’intérieur est peint, murs, plafond, coupole. Au dessus de la nef frises et grecques délimitent des cases. Dans des médaillons entourés de guirlandes de feuilles et de fleurs, des personnages barbus vêtus à l’antique nous regardent. Le long de la nef, entre les colonnes des personnages étranges, barbus parois enturbannés sont assis sur des nuages d’autres y grimpent de façon acrobatique. qui sont

 

 

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qui sont ces vieillards? Des Prophètes, des Pères de l’Eglise?

Devant l’exubérance du décor, les gros nuages gonflés,  il me vient le mot baroque, bartoquissime aussi, les énormes coquilles Saint Jacques aux trompes de la coupele avec un énorme nuage portant les personnages (évangélistes?). Pourtant cela ne colle pas avec les dates! Corrège serait Renaissance? Je lis que le baroque est un mouvement artistique correspondant au Concile de Trente postérieur de nombreuses années.Les fresques de la Cathédrale sont datées 1524-1530.

Le chef-d’oeuvre de la cathédrale est l’Assomption de la Vierge dans la coupole peinte par le Corregio. Une spirale de gros nuages gris porte une foule ascendante. Qui? des anges, des bienheureux au paradis ou seulement une foule témoin de d’évènement? Un personnage semble planer dans un ciel jaune: la Vierge qui s’envole? J’essaie de zoomer et reste perplexe.

San Giovanni est aussi peinte par le Corrège(1520-1521) mais en moins exubérant : pas de vieillards ni de nuage. Dans la coupole c’est l’Ascension. Le Christ s’élève dans un ciel jaune tandis qu’une ronde de personnages musclés fait le  tour de la Coupole.

Parme : chateau des marionnettes

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Une allée de hauts frênes avec une haie d’hortensias et des bordures de fougères entre des bâtiments  jaunes conduit au Chateau des marionnettes -Musée Giodano Ferrari -.

dans trois salles plongées dans la pénombre les marionnettes sont présentées dans des vitrines bien éclairées.

Chronologiquement : les personnages de la Commedia dell Arte. L’arrivée de Napoléon a chassé les personnages de l’Ancien Régime et remplacés par une foule d’autres inconnus (pour moi): Giandudja a remplacé Arlequin, Principe, Nobile, les carabinieri et même le roi Umberto…

 

L’Emilie se trouve à la confluence des traditions d’Italie du sud et du nord.Chaque ville a sa tradition et ses marionnettistes : Bologne, Modène ou Parme. Seules trois marionettes Siciliennes représentent le Sud (j’avais adoré la représentation du théâtre des Puppi à Palerme avec Orlando et la Chevalerie)

jardin San Paolo

A l’arrière du musée, un très beau jardin public avec de grands arbres, des bancs de pierre, des rochers et des grottes romantiques, est entouré de grand murs. Des étudiants viennent s’aérer (et fumer) sortant de ce qui semble être une bibliothèque.