CARNET SARDE
La route d’Ossi à Alghero serpente dans la colline. Sassari et ses immeubles sont au loin. On se félicite d’avoir évité la S131.
La ville historique d’Alghero, enclose dans ses remparts est piétonnière. Nous trouvons une place pour la voiture près de la Tour Sulis et coupons à travers la ville par la via C Alberto où se trouve une belle librairie qui possède un rayon de livres en français surtout

des classiques et quelques policiers. On choisit Camilleri et Massimo Carlotto qui est sarde et vit à Cagliari.
L’église San Michele est une église Jésuite 1662, un peu baroque mais pas trop. Il y a de la retenue, de beaux retables mais pas l’exubérance baroque napolitaine ou sicilienne.

L’église San Francisco m’a beaucoup plu : les arcatures gothiques soulignées par des cordes marines sont-elles catalanes ? J’ai vu les mêmes au Portugal ; marines en tout cas. Les marbres blancs de trois statues de Gian Battista Franco (1773) – la Vierge entourée de Saint François et de Saint Antoine – sont perchées sur un autel polychrome qui évoque plus un bateau qu’une table. Je n’ai pas trouvé le cloître charmant et paisible vanté par le guide Vert.
La via Carlo Alberto est bordée de belles boutiques. J’admire surtout les bijoux de corail, de toutes les sortes et à tous les prix. Sont-ils tous authentiques ?

Nous arrivons sur la Piazza Civica à l’heure où ouvrent les belles boutiques (certaines très belles, bijoux et haute couture). Il y a des soldes : 630€ une robe d’été, 130€ un jeans fleuri. Consciencieusement, je cherche à identifier les palazzi : le Palazzo Balbis où dormit Charles Quint en expédition contre l’Algérie, le Palazzo Serre et son beau portail. En revanche je ne trouve pas le Palazzo Carcassona, ancienne demeure d’une famille juive. Les parasols des restaurants gênent.
Partant de la Porta a Mare, nous faisons le tour des remparts occupés par les restaurants qui ont déjà mis le couvert pour le repas de midi (serviettes de tissu, verres ballon). Je me serais bien assise avec un capuccino pour dessiner. Impossible, on fait restaurant pas bar ! Pour éviter la concurrence la plupart se sont entendus pour le prix du menu touristique 16€.
Les tours se succèdent certaines, 14ème siècle, d’autres 16ème. Par les créneaux on voit les beaux voiliers de la marina. Certains yachts sont de taille imposante. Ils ne me font pas rêver, m’agaceraient plutôt. A l’horizon les falaises du cap Caccia nous attirent. Nous irons y pique-niquer !

La petite ville a du charme, ses remparts clairs m’évoquent plus Gallipoli que Saint Malo.
Après la Tour Sulis ,le Lungomare est bordé de grosses villas carrées roses, bleues, jaunes, elles sont occupées maintenant pas des hôtels. Plus loin, il y a une petite plage et ensuite les immeubles de la ville moderne. C’est là que nous cherchons – et trouvons – au supermarché SISA, un pique-nique gastronomique : salade de poisson blanc (peut être du colin) et des beignets de petits légumes : fleurettes de brocolis, languettes de courgettes, rubans de poivron rouge. Pour un tel festin, il faut un emplacement de choix. Et nous le trouverons !
Catherine GPS programmée sur Fertilia – ville mussolinienne construite pour héberger des habitants de Ferrare – nous aidera à sortir de la ville. Nous avons traversé à plusieurs reprises Arborea – autre ville mussolinienne, plus réussie. Il faut dire que Fertilia au mois de juillet est encombrée de nombreux vacanciers allant à la plage (très bien).

La route de Porto Conte et du Cap Caccia, encadrée par une double haie de lauriers roses, traverse une belle pinède de pins parasols où stridulent les cigales. Le Cap Caccia et ses abords sont un Parc Régional. Le maquis très dense renferme une faune protégée et une flore endémique intéressante mais nous ne faisons que passer. Par une bifurcation, on arrive à l’embarcadère des vedettes pour la Grotte de Neptune. Il y a foule. Les voitures sont garées n’importe comment. Reculade en marche arrière compliquée par les piétons et le frein à main électronique. Un chemin à flanc de pente offre des échappées très tentantes sur des criques à l’eau turquoise. Des gens se baignent de part et d’autre d’un couloir pour le traghetto. Je les aurais bien imités !
La route du Cap Caccia se divise « route panoramique » et route de la grotte. Sur la route panoramique nous trouvons l’emplacement de notre festin, sur un petit rebord au dessus du précipice, face à des falaises calcaires. Un petit rocher rond se trouve au centre de la baie fermée par le Cap et l’Ile. Les vagues sont très impressionnantes ; l’eau bleu marine très foncé se gonfle avec la houle. La surface mouvante va se fracasser en écume menthe glaciale. On ne se lasse pas du spectacle.

Un peu plus loin : départ pour la Grotte de Neptune par les marches. Les voitures brillent au soleil. Encore une fois, la foule me dissuade. Un endroit peut-il rester paradisiaque avec tant de badauds ? La visite est chère (12€). J’ai hâte de me baigner. Sur la Carte du Parc régional, je remarque une plage après la Villa Romaine (fermée). Un parking naturel dans une clairière sous les pins, un sentier, la mer quelques dizaines de mètres plus loin. Hélas les galets sont inconfortables et je n’aime pas me baigner complètement seules. Je continue le sentier sur le rivage jusqu’à la plage d’un hôtel et nage non loin de là, rassurée.
En moins d’une heure, nous voici de retour à Ossi. Notre place est bien occupée par les voitures. Si nous ajoutons la Golf, le passage sera étroit !A peine avons-nous débarqué les courses, qu’un carabinier arrive : un convoi exceptionnel, pelleteuse et camion(taille XS), est bloqué en amont. La Fiat blanche doit céder le passage. Sa conductrice lit, assise sur le banc devant le local du Parti Démocrate qui attire toute une foule et leur voiture.
L’animation dans la rue est un spectacle, nous gardons la porte ouverte pour pouvoir en profiter. Un peu plus tard une femme et deux hommes porteurs d’un drapeau s’arrête devant notre porte « C’est pour San Bartholomeo ! »Devant mon air ahuri, ils s’éloignent « ce sont des touristes, des allemands ! ». Ils n’insistent pas, sans doute faisaient ils la quête.




















































