Alghero et le Cap Caccia

CARNET SARDE 

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La route d’Ossi à Alghero serpente dans la colline. Sassari et ses immeubles sont au loin. On se félicite d’avoir évité la S131.

La ville historique d’Alghero, enclose dans ses remparts est piétonnière. Nous trouvons une place pour la voiture près de la Tour Sulis et coupons à travers la ville par la via C Alberto où se trouve une belle librairie qui possède un rayon de livres en français surtout

Aghero : tour Sulis
Aghero : tour Sulis

des classiques et quelques policiers. On choisit Camilleri et Massimo Carlotto qui est sarde et vit à Cagliari.

L’église San Michele est une église Jésuite 1662, un peu baroque mais pas trop. Il y a de la retenue, de beaux retables mais pas l’exubérance baroque napolitaine ou sicilienne.

San Francesco gothique catalan et statues de
San Francesco gothique catalan et statues de Gianbattista Franco

L’église San Francisco  m’a beaucoup plu : les arcatures gothiques soulignées par des cordes marines sont-elles catalanes ? J’ai vu les mêmes au Portugal ; marines en tout cas. Les marbres blancs de trois statues de Gian Battista Franco (1773) – la Vierge entourée de Saint François et de Saint Antoine – sont perchées sur un autel polychrome qui évoque plus un bateau qu’une table. Je n’ai pas trouvé le cloître charmant et paisible vanté par le guide Vert.

La via Carlo Alberto est bordée de belles boutiques. J’admire surtout les bijoux de corail, de toutes les sortes et à tous les prix. Sont-ils tous authentiques ?

Piazza Civica, tôt le matin
Piazza Civica, tôt le matin

Nous arrivons sur la Piazza Civica à l’heure où ouvrent les belles boutiques (certaines très belles, bijoux et haute couture). Il y a des soldes : 630€ une robe d’été, 130€ un jeans fleuri. Consciencieusement, je cherche à identifier les palazzi : le Palazzo Balbis où dormit Charles Quint en expédition contre l’Algérie, le Palazzo Serre et son beau portail. En revanche je ne trouve pas le Palazzo  Carcassona, ancienne demeure d’une famille juive. Les parasols des restaurants gênent.

Partant  de la Porta a Mare, nous faisons le tour des remparts occupés par les restaurants qui ont déjà mis le couvert pour le repas de midi (serviettes de tissu, verres ballon). Je me serais bien assise avec un capuccino pour dessiner. Impossible, on fait restaurant pas bar ! Pour éviter la concurrence la plupart se sont entendus pour le prix du menu touristique 16€.

Les tours se succèdent certaines, 14ème siècle, d’autres 16ème. Par les créneaux on voit les beaux voiliers de la marina. Certains yachts sont de taille imposante. Ils ne me font pas rêver, m’agaceraient plutôt. A l’horizon les falaises du cap Caccia nous attirent. Nous irons y pique-niquer !

tour des remparts
tour des remparts

La petite ville a du charme, ses remparts clairs m’évoquent plus Gallipoli que Saint Malo.

Après la Tour Sulis ,le Lungomare est bordé de grosses villas carrées roses, bleues, jaunes, elles sont occupées maintenant pas des hôtels. Plus loin, il y a une petite plage  et ensuite les immeubles de la ville moderne. C’est là que nous cherchons – et trouvons – au supermarché SISA, un pique-nique gastronomique : salade de poisson blanc (peut être du colin) et des beignets de petits légumes : fleurettes de brocolis, languettes  de courgettes, rubans de poivron rouge. Pour un tel festin, il faut un emplacement de choix. Et nous le trouverons !

Catherine GPS programmée sur Fertilia – ville mussolinienne construite pour héberger des habitants de Ferrare – nous aidera à sortir de la ville. Nous avons traversé à plusieurs reprises Arborea – autre ville mussolinienne, plus réussie. Il faut dire que Fertilia au mois de juillet est encombrée de nombreux vacanciers allant à la plage (très bien).

Crique d'où partent les vedettes pour la Grotte de Neptune
Crique d’où partent les vedettes pour la Grotte de Neptune

La route de Porto Conte et du Cap Caccia, encadrée par une double haie de lauriers roses, traverse une belle pinède de pins parasols où stridulent les cigales. Le Cap Caccia et ses abords sont un Parc Régional. Le maquis très dense renferme une faune protégée et une flore endémique intéressante mais nous ne faisons que passer. Par une bifurcation, on arrive à l’embarcadère des vedettes pour la Grotte de Neptune. Il y a foule. Les voitures sont garées n’importe comment. Reculade en marche arrière compliquée par les piétons et le frein à main électronique. Un chemin à flanc de pente offre des échappées très tentantes sur des criques à l’eau turquoise. Des gens se baignent de part et d’autre d’un couloir pour le traghetto. Je les aurais bien imités !

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La route du Cap Caccia se divise « route panoramique » et route de la grotte. Sur  la route panoramique nous trouvons l’emplacement de notre festin,  sur un petit rebord au dessus du précipice, face à des falaises calcaires. Un petit rocher rond se trouve au centre de la baie fermée par le Cap et l’Ile. Les vagues sont très impressionnantes ; l’eau bleu marine très foncé se gonfle avec la houle. La surface mouvante va se fracasser en écume menthe glaciale. On ne se lasse pas du spectacle.

Cap Caccia : bel endroit pour un pique-nique
Cap Caccia : bel endroit pour un pique-nique

Un peu plus loin : départ pour la Grotte de Neptune par les marches. Les voitures brillent au soleil. Encore une fois, la foule me dissuade. Un endroit peut-il rester paradisiaque avec tant de badauds ? La visite est chère (12€). J’ai hâte de me baigner. Sur la Carte du Parc régional, je remarque une plage après la Villa Romaine (fermée). Un parking naturel dans une clairière sous les pins, un sentier, la mer quelques dizaines de mètres plus loin. Hélas les galets sont inconfortables et je n’aime pas me baigner complètement seules. Je continue le sentier sur le rivage jusqu’à la plage d’un hôtel et nage non loin de là, rassurée.

En moins d’une heure, nous voici de retour à Ossi. Notre place est bien occupée par les voitures. Si nous ajoutons la Golf, le passage sera  étroit !A peine avons-nous débarqué les courses, qu’un carabinier arrive : un convoi exceptionnel, pelleteuse et camion(taille XS), est bloqué en amont. La Fiat blanche doit céder le passage. Sa conductrice lit, assise sur le banc devant le  local du Parti Démocrate qui attire toute une foule et leur voiture.

L’animation dans la rue est un spectacle, nous gardons la porte ouverte pour pouvoir en profiter. Un peu plus tard une femme et deux hommes porteurs d’un drapeau s’arrête devant notre porte « C’est pour San Bartholomeo ! »Devant mon air ahuri, ils s’éloignent « ce sont des touristes, des allemands ! ». Ils n’insistent pas, sans doute faisaient ils la quête.

Plages de rêve à Stintino – la côte jusqu’à l’Argentiera

 

CARNET SARDE 

Stintino : la Pelosa
Stintino : la Pelosa

A la Pointe Nord Ouest de la Sardaigne, Stintino  est une jolie carte postale, un petit port ou plutôt deux, des maisons couleurs pastel, de nombreuses plages réparties sur le cap en face de l’Ile du Parc National de l’Asinara.

La voie rapide évite Sassari. Elle traverse une campagne plutôt moche. Avant Porto Torres avec ses cheminées d’usine, il semble que toute la production d’énergie soit rassemblée : centrale électrique, éoliennes et centaines de panneaux solaires.

Stintino : port
Stintino : port

9h30 – Stintino est endormie, vide. Les boutiquières remontent leurs rideaux de fer. Dans les petits ports – plutôt des marinas – quelques voiles latines aussi. Sur les quais se succèdent plusieurs expositions de photographies en Noir et Blanc. Celles de Nevio Doz sur le thème de ma pêche au thon sont très belles. Elles sont suivies des portraits des pêcheurs thoniers chacun a son nom précédé du curieux titre de Rais : Rais Silvestro Vall, Rais Antonio Maggiolo….

Entre les deux ports, une balise blanche et rouge est accompagnée de la statue de Saint Pierre, le patron des pêcheurs. Des sculptures de pierre ornent les quais : voiles de trachyte ou de granite.

10h le village se réveille. Cappuccino et croissants pour un petit déjeuner très chic en terrasse. Des estivants plutôt bobos se réunissent. La foule, nous la trouverons au Cap Falcone. Les voitures sont pare-choc contre pare-choc. Les parkings complets. Les plages fourmillent d’estivants. En sortant ponctuellement de voiture nous fabriquons nos propres cartes postales. On ne se baigne pas dans une carte postale. Nous fuyons donc la célèbre plage de la Pelosa en face de l’île de l’Asinara gardée par la tour Espagnole du 15ème siècle plantée sur une île et par la Tour Falcone. L’eau est turquoise, le sable est blanc, mais le cap est construit de construit de villas intégrées dans les rochers mais bien peuplées. Une seule idée, fuir la foule quitte à se baigner sur une plage moins belle avec moins de monde. Nous avons repéré de petites criques sur la « route panoramique », hélas l’eau n’est pas profonde et j’ai peu de me racler contre les rochers.

Nouveau  tour de Stintino avec beaucoup plus de voiture. La plage de Gabbiano est introuvable, Cala Cascia di Dona inaccessible en voiture, bloquée par un gros tas de sable. La Saline est une très longue plage très blanche, où le sable en granulés arrondis est  très lumineux.  Deux établissements proposent des lettini+ombrellone (10€) mais la prima fila est réservée. Ce sera donc baignade sans lettini . Dans l’eau, à 1m du bord, il y a du sable fin. Je nage dans l’eau turquoise un peu agitée par le vent à l’abri d’une ligne de bouées jaunes. C’est la plage du kite-surf mais ni kite, ni surf à l’horizon, seulement une planche à voile.

Après ce bain rafraîchissant il est temps de chercher un coin-pique-nique pour profiter de la porchetta, la fougasse et la salade de légumes aubergines, courgettes, champignons, poivrons trouvée au supermarché.

sentier côtier près de Pedraia
sentier côtier près de Pedraia

Puisqu’il y a trop de monde à la mer, nous prenons la route de la campagne de Pozzo Nicola à l’Argentiera (18km). Quand la route se rapproche du rivage des pancartes signalent le sentier côtier. Au village de Pedraia, une route étroite entre deux murettes de pierres dans les buissons de lentisques conduit à une aire rectangulaire sur le sentier, suffisante pour manœuvrer la voiture. La vue st magnifique. La côte est très découpée et battue par des vagues à l’écume abondante. Le maquis est bien vert, dense relativement ras, les lentisques ne dépassent pas 1.2m il y a aussi un épineux en coussin et cette espèce complètement défeuillée aux rameaux décoratifs.

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La crique suivante contient une jolie plage aménagée avec une buvette et même des parasols bleus tous repliés à cause du vent. Une route conduit à un petit cimetière marin précédé d’un agave en début de floraison vert tendre se détachant dans le ciel.

sardaigne mp 032 - Copie Derrière le cap, après le petit village de Palmadula , les ruines de l’ancienne mine de l’Argentiera donnent une atmosphère très étrange, impression de bout du monde ou d’entrée des enfers avec le bouillonnement des vagues qui se brisent avec violence sur les rochers métalliques et sur le petit quai où une piscine absurde cimentée dans le roc amuse les enfants. Puits délabrés, maisons des mineurs  abandonnées. Où était donc le cinéma, le laboratoire de chimie, le club des employés cités par le Guide vert ? Une maison isolée a été couverte d’une peinture murale dantesque qui rappelle encore les enfers. L’idée elle-même de la mine a une connotation infernale.

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Circuit des églises romanes

CARNET SARDE 

Saccargia
Saccarggia

 

Le Circuit des églises romanes proposé par le guide Evasion Hachette (n°20) commence à Ozieri.

Ozieri est un gros bourg en pente. On peut y visiter la Cathédrale, la fontaine Grixoni, la Maison Espagnole, une grotte et deux musées.

La Cathédrale est facile à trouver. Son perron monumental est précédé d’un escalier somptueux tout à fait disproportionné par rapport à la minuscule piazza Duomo en terrasse ombragée sous deux petits tilleuls. La façade est classique : fronton triangulaire surmontant la porte principale tandis que els deux portes latérales sont encadrées de grosses colonnes rondes aux chapiteaux ioniques. A l’intérieur, on n’a épargné ni le marbre ni la peinture. Deux lions sont couchés au pied de l’autel très décoré. J’ai cherché sas le trouver le tableau, chef d’œuvre local de peinture espagnole.

Les rues, vides ce dimanche matin, sont sobres, sans balcons ni ornements. Façadees de couleurs passées du gris au jaune pâle et au rose fané.

Ozieri : fontaine Grixoni
Ozieri : fontaine Grixoni

La fontaine Grixoni  en marbre gris, est surmontée par une balustrade aux arches en ogive, encadrant le buste d’une célébrité locale qui gâte plutôt l’ensemble qu’il ne décore. Le marbre gris alterne des bandes foncées et claires à la manière des édifices pisans. Six lions métalliques crachent une eau glacée qui doit être excellente puisque les habitants du quartier remplissent des bouteilles. Deux lions de marbres couchés sont la réplique de ceux de la cathédrale.

La Musée archéologique,situé dans le Couvent des Clarisses, est fermé pour restauration.

La route d’Oschiri traverse une campagne très agricole cultivée bien différente du maquis auquel nous étions habituées. Oliviers à flanc de collines, champs où les chaumes ont parfois été labourés. Les fermes isolées sont perchées sur des éminences.  Les larges ondulations couleur paille sont parfois piquetées de chênes-lièges. Au loin, des crêtes rocheuses déchiquetées se détachent. A la recherche de Nostra Signora di Castro, nous aurions dû quitter la route d’Oschiri avant le bourg. Au lieu de cela, nous fonçons vers l’église. Une banderole annonçant une fête locale des « panadas » nous induit en erreur. Je crois trouver une foire. C’est un enterrement ! Tout le village forme un cortège silencieux.

NS di castro perchée sur la colline
NS di Castro perchée sur la colline

Nostra Signora di Castro est perchée sur une colline. Son nom dérive du latin castrum. Le lieu fut fréquenté dès la Préhistoire puis occupé par les Romains. La jolie église 12ème siècle en trachyte rouge est entourée d’u enclos cultivé de gazon vert qui lui sert d’écrin. Des cumbessias – maisonnettes mitoyennes qui la bordent accueillent les pèlerins lors de la fête qui se déroule la semaine suivant Pâques.

sardaigne mp 002 - CopieGrazia Deledda m’a familiarisée avec ces fêtes réunissant pendant plusieurs jours une population mêlée de femmes pieuses, de mendiants et des habitants de la région. L’église est toute petite, toute simple. Seul luxe : un retable peint. Un magnifique orme s’étale dans l’enclos.

Sant Antioco di Bisarcio
Sant Antioco di Bisarcio

Sant’Antioco di Bisarcio ferme à 13h. Nous la rejoignons en hâte par la route de Sassari. Construite au 11ème siècle, reconstruite en 1153 ; elle fut siège épiscopal du Giudicat de Torres. Beaucoup plus grande que Nostra signora di Castro elle est accompagnée d’un clocher carré et se détache sur un rocher. Chef d’œuvre du roman-pisan avec des influences français grâce aux cisterciens (dit la guide). Elle est très sobre. La nef est très haute.

Sant Antioco di bisarcio détail d'un chapiteau
Sant Antioco di Bisarcio détail d’un chapiteau

Une autre église romane est signalée sur la route : Nostra Signora di Coros. Nous la trouvons à Tula derrière le cimetière. Très simple, son seul ornement est une ouverture cruciforme. Un cadenas en interdit l’entrée.

Non loin de Tula, sur le bord d’un lac, nous trouvons un emplacement pour piqueniquer : une banquette faisant le tour d’un beau chêne-liège à proximité d’une buvette. Le lac est entouré de montagnes pointues. Au café, les copains discutent très fort, probablement en sarde, je n’y comprends rien. De temps en temps, l’un d’eux se lève et tire des oiseaux dans l’olivier avec sa fronde. J’ai toujours associé les frondes à l’enfance et suis surprise de voir des adultes les utiliser.

Ardara : Santa Maria del Regno

Ardara
Ardara

Chapelle palatine du Giudicat de Torres 11ème à 1107, sa façade est austère en basalte noir. Contraste avec cette sobriété la luxuriance et les couleurs du magnifique retable. Les piliers cylindriques de la nef sont également peints d’apôtres et de saints. Du Castello , il ne reste plus que les fondations et un fragment des murs très épais d’une tour. Les murales sont décevants, plutôt folkloriques.

Ardara : retable magnifique et colonnes peintes
Ardara : retable magnifique et colonnes peintes

Santissima Trinità di Saccaggia

Saccarggia
Saccarggia

12ème siècle, édifiée par les Camaldules et consacrée en 1116 par le Roi-juge de Torres. De style roman-pisan avec sa façade où alternent les claveaux calcaires blancs et le basalte noir. La décoration est marquetée.

les vaches du chapiteau
les vaches du chapiteau

Le chapiteau de gauche porte la vache qui aurait donné son nom à l’église saccargia = vache au poil tacheté. Il y a une autre proposition étymologique venant du phénicien sachar = enclos la fertile vallée étant entourée de monts volcaniques.  Avec son clocher haut de 40 m et ses fresques,  c’est la plus impressionnante, la plus grande et la plus décorée des églises que nous avons visitée.

Saccarggia : fresques
Saccarggia : fresques

Vers Ossi en passant par Arborea et Bosa

CARNET SARDE 

Bosa et son chateau
Bosa et son chateau

Le voyage

Nous quittons Torre dei Corsari avec un voyant d’essence. La station la plus proche est à Arboréa. Arboréa est une ville nouvelle  mussolinienne tracée au cordeau – rien à voir avec Eléonore d’Arborée mais plutôt avec la marque agroalimentaire de yaourts et de lait Arborea. De la route on voit de grandes villas jaunes aux fenêtres surmontées d’une arche, évoquant à la fois Hanoï coloniale et Florence. Constructions Art Déco version sobre.

A Oristano nous montons sur la S131 par laquelle nous sommes venues jusqu’à Abbastanza où elle se sépare en deux, vers l’est vers Nuoro et vers le Nord ; Nous quittons la S131 à Macomer. Il st logique que les autoroutes et les voies rapides traversent des terrains plats, plaines et vallées. Nous traversons donc des champs moissonnés et de belles forêts de chênes-lièges et redescendons du plateau à Bosa.

Bosa

Bosa est une ville aux maisons colorées surmontée d’un château fort où nous nous dirigeons.

Résumé des panneaux explicatifs :

Le château de Seravalle fut édifié à l’initiative des Malaspina en 1112 ayant obtenu du pape ce fief pour leur participation avec Gènes et Pise aux « croisades » contre les Sarazins qui menaçaient la Sardaigne.

1317 Malaspina cédèrent  Bosa au Juge d’Arborée Mariano III (ce qui explique la ressemblance avec la tour d’Oristano)

1336 Cession de Bosa par Giovanni, le frère de Mariano, à Aragon.

1346 Mariano fait emprisonner à vie Giovanni

Bosa resta sous la domination d’Oristano jusqu’en 1410.

On ne peut pas monter à la Tour mais on peut faire le chemin de ronde où la vue s’étend jusqu’à la mer. L’embouchure du fleuve passe dans une échancrure des collines. Elle est gardée par une tour basse et ronde. Le petit fleuve fait de gracieuses courbes pour arriver au port fluvial de Bosa.

Dans l’enceinte du château, l’église Nostra Signora di Regnos Altos contient d’intéressantes fresques peinte entre 1340 et 1345 probablement par un artiste siennois. On reconnaît une adoration des Mages et la Cène. Sur le mur faisant face est illustrée la Légende des Trois Vivants et des trois morts : trois vivants (des nobles) tombent sur leur chemin sur trois cadavres qui s’adressent aux vivants et les exhortent au repentir. Dans les tombeaux sont représentés trois étapes de décomposition. Sur les nobles qui ne paraissent guère impressionnés, un faucon sur le poing.

les façades coloriées de Bosa
les façades coloriées de Bosa

La ville ancienne de Bosa est très pittoresque. Les façades du corso V.Emmanuel sont très soignées : parements de roche ciselée autour des portes, enseignes, horloges, plantes qui dégoulinent.  Je les photographierais toutes. La ville est aussi aérée de belles places où les cafés ont installé leurs terrasses. Nous piqueniquons sur un banc à l’ombre face d’un majestueux (hideux) monument aux morts AI CADUTI.

De Bosa à Ossi

La route qui rejoint la S131 est déserte aux heures chaudes. Nous passons devant plusieurs nuraghe. Je suis blasée, je ne note même plus les emplacements. Quant à les photographier ? Ces tours se ressemblent toutes. L’arrivée à Ossi est laborieuse. Nous imaginions que la maison de Nonna Gia serait  une ferme perdue dans la campagne tenue par une grand-mère. Notre chambre est en rez de chaussée en ville. Pas de grand-mère : la dame est jeune et dynamique. En revanche il y a tout le confort moderne, climatisation et lave linge TV à écran plat. Tout est admirablement bien casé sur une surface exigüe. Chaque recoin est utilisé comme rangement. La porte du placard à vaisselle s’abat pour devenir une table. Il va falloir s’adapter à cette nouvelle configuration. Je décide que je sortirai ma chaise sur le pas de la porte pour écrire ou lire.

La petite place est biscornue, notre rue est une impasse, les voitures n’y circulent pas. De l’autre côté il y a un bar, les clients préfèrent la fraîcheur du banc sur la place et sortent avec leur verre fumer.

Fausse manœuvre, mon nouvel appareil photo a un logiciel dangereux qui permet d’effacer toutes les photos d’un clic. Même si c’est sécurisé d’une question demandant si on est bien sûr. Manque de concentration, je réponds OUI par inadvertance. Aucun moyen de rattraper la bourde. J’ai perdu toutes mes photos. J’en aurais pleuré.

Torre dei Corsari : un village de vacances très réussi

CARNET SARDE

 

Vue de notre terrasse
Vue de notre terrasse

Au creux de la ligne d’horizon, entre dune et maquis, le ciel est orange pâle. Les hirondelles volent très haut au dessus du petit lac lisse comme un miroir au fond du cirque formé par la dune et les collines coiffées des maisons multicolores de Torre dei Corsari qui n’est pas un village mais un condominium de vacances construit dans les années 70. Le promoteur a eu l’intelligence de ne pas aligner des maisons toutes semblables mais de varier les couleurs. Si trois maisons voisines sont sur le même modèle, il aura pris soin de les décaler légèrement, d’en crépir une rose l’autre jaune et la troisième orange, de laisser un espace pour de la verdure, reprendre les couleurs jaune, orange rose mais en modifiant l’orientation des terrasses ou la couverture. L’utilisation de la pierre locale par le rez de chaussée et les fondations occupées par des garages,  s’intégre bien dans les collines. En ans, les arbres ont eu le temps de grandir : deux palmiers surgissent derrière le toit d’une villa au sommet de la colline. Un beau pin accompagne un mur aveugle. Avec la patine du temps on ne devine pas le lotissement balnéaire. Vue de notre terrasse, l’illusion est parfaite.

Il manque peut être le clocher d’une église. La tour des Corsaire, elle, est historique, elle monte le guet sur le cap vers le sud ouest.

la dune juste avant le coucher du soleil
la dune juste avant le coucher du soleil

Les maisons ont toutes une vue dégagée sur la dune et le petit étang, sur la mer pour celles qui sont en hauteur. Voici un exemple d’urbanisme touristique réussi. Le village analogue plus au sud sur la Costa Verde, en revanche, l’était moins.

Une journée à la plage : Piscinas

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 dune-piscinas

Torre dei  Corsari – Piscinas : 25km par la route de Montevecchio que nous connaissons bien maintenant puis nous prenons la bifurcation vers les plages. A force de passer par les mêmes routes, le regard s’aiguise. Autour de Torre dei Corsari il y a beaucoup plus de champs cultivés qu’il n’y parait, moissonnés, la paille ramassée, les chaumes se confondent avec l’herbe. A l’arrière de la station il y a aussi des exploitations agricoles. Surplombant la plage de Porto Palmas je découvre le port minuscule avec une forme sinueuse abritant une douzaine de barques en plastique. Il y a aussi quelques palmiers et des vieux bâtiments au toit de tuile à double pente.

carte torrei piscinas

Plus loin, dans  les échancrures des rochers il y a encore quelques belles plage ; Gutturu e flumine, Portu Maga est adossée à la colline avec un minuscule centre commercial. La route quitte alors la corniche en direction d’Arbus. Dans le maquis, un nouvel arrivant, le genévrier devient très présent, arbre plutôt qu’arbuste, aux aiguilles bleutées. La route devient piste.  A l’approche de la grande dune de Piscinas la forêt s’enrichit de pins. La piste fait des montagnes russes puis franchit un gué d’eau ferrugineuse. Un écriteau sème la panique : « gué non traversable ! », il y a à peine 5cm d’eau ! L’explication est fournie sur l’autre rive : des lâchers d’une retenue d’eau peuvent submerger la chaussée. Malgré l’avertissement, tout le monde passe. Un peu plus loin, un autre gué : l’eau est claire mais plus profonde. Le trajet a un goût d’aventure. La dune et la forêt recèlent une faune sauvage abondante qu’on ne peut pas voir de la route et de jour.

Des parkings partent des cheminements de bois vers les buvettes (il y en a 2) et aux installations de plage 7€ pour un parasol et 2 lettini. Comme il est tôt nous choisissons celui qui se trouve à l’extrémité du premier rang.

Nous passons une délicieuse journée de baignade. L’eau est fraîche, cristalline et tranquille. Parfaite pour nager. A 3m du bord on n’a déjà plus pied. Inutile de s’éloigner. Je nage parallèlement à la plage. Ces baignades resteront dans ma mémoire !

Les buvettes vendent des panini (à ne pas confondre avec les tramezzini au pain de mie) et une sorte de pain arabe fourré au fromage et au jambon comme une pizza pliée en deux. C’est ce dernier que je convoite sans savoir le nommer. Il m’échoit un panino, petit pain croquant très bien garni de prociutto crudo et de fromage. Pour terminer une glace.

 

Les lits de plage bleus sont complétés par une sorte de toit orientable qui double l’ombre du parasol sur le visage. Les parasols sont aérés. Le top ! Seul inconvénient le telefonino. C’est fou ce que les Italiens téléphonent à la plage. J’ai téléchargé Le Monde sur ma liseuse. Entre chaque baignade, je feuillette les articles. Encore un autre avantage de la liseuse : accessible depuis n’importe quel endroit (à condition qu’il y ait la Wifi)  moins cher que l’exemplaire en France. Et en plus il ne s’envole pas !

Sur le chemin du retour, nous faisons le détour par Fontanezza. On accède à la plage par une allée bordée de très grands pins dans les stridulations des cigales ; Un énorme bâtiment en ciment tombe en ruine. C’était la colonie de vacances des enfants des mineurs. Énorme et complètement délabrée. La plage est belle, couverte de parasols.

Fluminimaggiore : Temple d’Antas

CARNET SARDE 

Temple d'Antas (temple romain)
Temple d’Antas (temple romain)

Fluminimaggiore est une bourgade sur la route d’Arbus à Iglesias dans la montagne. Plusieurs attractions touristiques ont attiré mon attention : le Temple Antas, punique et romain, un Musée de la Meunerie, la Grotte Sa Manau, et des balades dans la montagne.

Distant de plus de 60km de Torre dei Corsari, nous sommes parties un peu tard. La route a été longue. Passant par Montevecchio, nous voyons le Monte Arcuente sous le soleil. Les sommets de lave aux formes tourmentées qui m’avaient impressionnée sous la pluie me semblent familiers. Soudain, une colonne de fumée s’élève ; c’est un début d’incendie : une voiture brûle sur le bord de la route. Une douzaine d’autos sont arrêtées. Les gens regardent. Un homme en salopette orange court avec un extincteur. Où sont les pompiers ? sont-ils prévenus ? Il parait aussi dangereux d’attendre comme les badauds que la voiture n’explose et que le maquis s’embrase que de rouler à côté. Nous suivons le pick-up d’un fermier qui dépasse l’incendie. Croisons quelques instants plus tard le véhicule de la protection Civile : l’arrière est chargé de bonbonnes rouges, sans doute d’autres extincteurs. Toujours pas de pompiers. A Montevecchio je descends au bureau de tourisme de la Mine. La guide y vend des billets. Elle est au courant ; Elle a téléphoné aux pompiers mais nous remercie d’être passées.

A la sortie de Montevecchio, sept immeubles de ciment gris, vides, quartier fantôme, logements des mineurs, déserts après la fermeture de la mine. En contrebas, une large plaine et la ville de Gustini.

Arbus, la capitale de la province, s’étage au flanc des collines et dans le creux. Vision d’ensemble coloriée, gaie. Nous ne nous arrêtons pas au Musée de la Coutellerie, couteaux fins et aiguisés au manche en corne ressemblant aux Laguioles. J’ai perdu mon Laguiole remplacé par un petit Columbia trouvé au Marché aux puces de Sofia. Je suis fidèle à mes couteaux, montres ou stylos. Je n’ai pas envie de remplacer le petit Columbia même si les couteaux sardes sont magnifiques.

Entre Arbus et Fluminimaggiore la S126, belle route de montagne avec beaucoup de lacets mais large, traverse des forêts de chênes-lièges et de pins parasols, des vignes parfois mais aussi des zones brûlées, ravagées ­­­­par les incendies. Pourrons –nous repasser cet après midi par Montevecchio ? Du côté du ravin, des roches vertes affleurent. Une mine abandonnée ? Pas question de s’arrêter pour contempler le panorama, il n’y a pas de parkings.

Nous aurions mieux fait de visiter la Meunerie en arrivant à Fluminimaggiore , le Musée ferme de 13h30 à 17h tandis que le Temple d’Antas fait journée continue. Nous avons raté la Meunerie.

Temple d'Antas à l 'avant le temple punique
Temple d’Antas à l ‘avant le temple punique

Le Temple d’Antas se trouve sur la route d’Iglesias. Le trajet semble interminable dans un vallon boisé, touffu aux flancs raides. On n’imagine pas un sanctuaire dans un site aussi sauvage,et reculé. Cathaginois et Romains n’avaient pas de berlines confortables ni de routes asphaltées.

Même de la billetterie (4€) on ne voit toujours pas le temple. Munies d’un plan nous le découvrons enfin dans une clairière herbue. La colonnade du fronton a été remontée. On devine les inscriptions datant de Caracalla.

Je traduis et résume les explications du panneau

a)      Temple Romain

Découvert par le général Alberti Lamamora en 1832 dans une forêt de chêne, ce dernier a pensé que les colonnes pouvaient appartenir au temple légendaire de la ville cachée de Metalla fondée par les Romains à mi-chemin entre Saki et Neapolis dans le golfe d’Oristano. Ce site fut cité par Ptolémée avec Tharros et le fleuve Tirso. La campagne de fouille commença en 1967.Le temple punique était encore utilisé à l’époque  romaine. Il est possible de retrouver un temple d’Auguste mais c’es Caracalla qui le restaura. L’inscription sur le fronton :

Inscription sur le fronton
Inscription sur le fronton

TEMPLE DE SARDUS PATER BABB(A)I

On a retrouvé un doigt de la statue de 3m qui devait être dans la cella

b)      Temple Punique

Reste d’un temple carthaginois qui d’était installé dans la vallée pour profiter des mines de plomb. La Sardaigne était un lieu stratégique entre l’Espagne et l’Europe. Le temple punique avait un autel à ciel ouvert. On y a retrouvé des objets en or et des amulettes égyptiennes et des pièces battues en Sicile, Sardaigne et à Carthage.

Botanique

Sur le parcours les végétaux sont identifiés par des étiquettes : oliviers, lentisque, poirier sauvage, arbousier, aubépine, chêne-liège. Je recopie le nom latin et quelques propriétés qui m’ont étonnée.

sardaigne 069 - Copie

 

 

Chêne-liège : quercus suber : l’écorce de liège protège l’arbre qui survit aux incendies décidemment c’est le jour !)

 

pistaciusLentisque : Pistacia lentiscus : il rend service par son bois, le fourrage pour les chèvres. On peut faire de l’huile avec ses fruits une fois bouillis ce qui a rendu service pendant les périodes de famine. Ses feuilles, en infusion donnent une teinture jaune.

Aubépine : Crataegus monogyna peut vivre 500ans a donné la couronne d’épine de Jésus.

sardaigne mp 046 - CopiePoirier sauvage : Pyrus amygdaliformus : bois apprécié en menuiserie. On peut faire sécher ses fruits sur la paille. Le poires deviennent douces et comestibles en cas de famine.

 

 

Arbousier : arbre » patient » ses fruits mettent un an à mûrir.

A l’écart, un sentier mène au village nuragique. Des cercles de pierres assemblées avec de la boue forment la base des grandes huttes du village.

Nous renonçons à la promenade vers la Carrière romaine (20mn en plein soleil) en plein midi.

Une autre promenade d’un quart d’heure très agréable parce qu’à l’ombre conduit à un très vieux chêne.

D’autres parcours sont possibles jusqu’à la grotte mais c’est plutôt un trek.

Nous avons déjeuné sur de longues tables à l’ombre d’un magnifique chêne-vert (Quercus ilex) carottes râpées et jambon.

Détour (1km) pour la Grotte de Sa Manau. Le prix (10€) et l’attente m’ont découragée. La route du retour sera longue.

Nous ne saurons jamais  si l’incendie s’est propagé. Le GPS a trouvé un autre itinéraire par Guspini où nous sommes passées sans nous arrêter devant la belle église San Nicola di Mira. J’ai admiré de loin la belle rosace catalane (selon le Guide vert). La route a traversé la plaine et longé la lagune de Marceddi où on a vu  des flamands roses et une aigrette.

Nous aurions bien poussé jusqu’au Capo di Frasca que l’on voit de Torre dei Corsari c’est terrain militaire.

La journée s’achève sur la plage de Porto Palmas aussi appelée Tunaria. Cette baie abritée est idéale pour nager. La plage est tranquille. Les habitués ont planté leurs parasols. Les zodiacs montent et descendent la rampe. Je fais mes allers/retours.

La pizzeria de la Kambusa sert des plats à emporter. Les tables sont dressées sur une terrasse avec vue panoramique à 360°. Je commande des calamars frits et légumes grillés. Excellents. Les légumes sont des tranches de courgettes et d’aubergines juste passés au barbecue, saupoudrés d’ail et de persil. La peau violette de l’aubergine a gardé sa couleur fraîche. Les tranches sont moelleuses.

La mine de Montevecchio et les plages environnantes

CARNET SARDE

 

Les crêtes volcaniques du mont Arcuente
Les crêtes volcaniques du mont Arcuente

 

Le temps est très gris. La route vers le sud tortille dans les collines de schiste recouvertes de buissons touffus où prédominent les lentisques et les cistes roussis. Au loin, une ligne de crête très biscornue, ruiniforme avec des pics comme des tours de châteaux effondrés. Nous roulons des kilomètres sans voir une habitation ni une voiture. Après un pont, on trouve le granite. Des lauriers-roses suivent un ruisseau, abondante floraison rose qui serpente. Sur la SP65, quelques maisons et de nombreux écriteaux signalent des B&B et des Agriturismi . Tourisme respectueux de la nature et de la ruralité, invisible. Les oliviers  sont cultivés ou mélangés à des arbres touffus et plus hauts qu’en bord de mer : chênes-verts, lentisques, avec des lianes, plus forêt que maquis. On s’approche des sommets, la falaise est creusée de cavités. Sous les nuages gris ces reliefs tourmentés du Monte Arcuente ont une allure vraiment fantastique.

sardaigne 113 - Copie

Nous arrivons sous la pluie au village de Montevecchio. C’est un village fantôme avec le  grand palazzo rose et jaune aux grands volets de bois vert fermant des fenêtres très hautes et symétriques.

Nous avons pris rendez vous pour 11h par téléphone et attendons une heure sous la pluie tandis que les autres visiteurs arrivent progressivement sous des parapluies.

5€, le premier parcours, 9€ pour 2, 12€ les 3

Dans le patio, Sérapis et deux ancres romaines en plomb
Dans le patio, Sérapis et deux ancres romaines en plomb

Le Palazzo fut construit par Giovanni A. Sanna de 1870 à 1877 pour y habiter et abriter les bureaux de la compagnie minière. Jusqu’en 1933 où elle fut vendue à la Montecatini. Le sous-sol fut exploité depuis l’Antiquité. La tête du dieu Serapis dans le patio rappelle ces mines romaines avec deux ancres de plomb retrouves à Piscinas. On exploitait principalement le zinc et le plomb. Jusqu’à 5000 personnes travaillaient sur le site.

Au premier étage du Palazzo se trouvaient les bureaux, au deuxième étage les appartements des patrons, au troisième, sous les combles, ceux des domestiques qui avaient froid l’hiver et chaud l’été. La Montecatini a converti tout le bâtiment en bureaux modernes recouvrant les fresques originales. La restauration de 1977 a tenté de présenter les fastes d’autrefois.

Fumoir Art Déco
Fumoir Art Déco

La visite commence dans la salle à manger dressée avec de la vaisselle de porcelaine fine et des verres en cristal. De là, les hommes se réunissaient au fumoir peint avec des bleus soutenus et des rouges intenses en motifs géométriques Art Déco sobres et originaux.

La salle à manger des domestiques au 3ème étage est plus simple. Les domestiques y accédaient par un escalier séparé de celui des patrons qu’ils ne croisaient jamais.

cuisine
cuisine

La cuisine du Palazzo était très vaste avec l’eau courante, une glacière pour conserver les aliments, un passe-plat. Une magnifique cuisinière à charbon occupe un mur entier. Une pièce était dédiée aux travaux d’aiguille et à l’entretien du linge qui séchait sur des balcons invisibles de l’extérieur.

La guide insiste sur la hiérarchie très marquée dans la société de la fin du 19ème siècle. Les mineurs ne pénétraient pas dans le château. Ils venaient au village en trois occasions : pour la paie qui était distribuée par une fenêtre, le mineur restant à l’extérieur, pour se faire soigner à l’hôpital, et pour la Messe. Séparation des classes sociales, séparation des sexes : salle de billard et fumoir pour les hommes. Salon pour les femmes. Couleurs soutenues pour les hommes, rose pour les femmes.

salle de réception
salle d’apparat

Le clou de la visite est la magnifique salle bleue, la salle de réception au plafond en trompe-l’œil et aux fresques variées.

puits sartori
puits sartori

La seconde visite : San Antonio sur le carreau de la mine. Le puits le plus ancien (1875) est profond de 300m et coiffé d’une tour carré imitant un donjon avec les ouvertures en ogive. Plus loin, le puits Sartori(1940) exploité sur 19 niveaux. Les bâtiments industriels de la fin du 19ème étaient construits en pierre, les ouvertures bordées de briques, constructions élégantes témoignaient de la richesse de la Compagnie. En contre-point : la condition ouvrière.

Les roches concassées passaient sur un tapis roulant. Les femmes triaient le minerai de plomb, de zinc ou le stérile ; Si une femme était enceinte elle continuait à travailler et après son accouchement elle apportait le bébé à côté d’elle. Ces minerais étaient réduits en poudre puis traités dans différents bains et triés à nouveau par flottation. Une monnaie était battue à Montevecchio pour la paie des ouvriers.

logement des mineurs
logement des mineurs

Les célibataires dormaient en dortoir. Les familles les plus chanceuses étaient logées dans de petits appartements de deux pièces pour une famille : une chambre et une cuisine.  Une seule toilette par couloir pour trois familles.  Pas d’eau : il fallait descendre à la rivière. Les ouvriers rentraient tard, épuisés ils négligeaient d’aller chercher de l’eau pour se laver et dormaient dans leurs habits de travail pleins de poussières dangereuses : le plomb provoquait le saturnisme. Pas d’électricité non plus Les ouvriers payaient pour tout, le loyer mais aussi l’huile pour la lampe L’usine ne s’’arrêtait jamais. Le bruit était infernal.

3ème visite Picalinna

Piccalina
Piccalina

On peut voir l’ascenseur descendant au puits Giovanni à 400m de profondeur. La cage de bois avait deux étages mais elle était ouverte sans porte de fermeture et la descente s’effectuait sans aucune sécurité. Le petit bâtiment de la lampisterie et de la réparation des outils est de jolie facture.

Les ouvriers travaillaient la semaine comme le dimanche. En 1904 éclatèrent  des grèves dans d’autres mines de la région pour obtenir le repos hebdomadaire.

Le puits fut fermé en 1980 et l’entreprise en 1991. Actuellement il ne reste plus qu’une seule mine de charbon en activité et elle est menacée.

La visite a duré 2h30.

Plages

Nous pique-niquons dans la forêt non loin. Sur la route du retour, nous explorons les plages. La première s’appelle Marina Arbus quelques maisons bordent une corniche au dessus d’une belle plage de sables avec quelques parasols individuels. L’eau est très calme. La plage suivante vers le sud, plus petite,  est accessible par une rampe. Encore plus loin on peut s’approcher de l’eau mais ce sont des rochers .

porto palmas
porto palmas

Plus au nord près de Torre dei Corsari : la petite plage de Porto Palmas est dans une anse bien protégée. L’eau est très calme et transparente. La plage est bordée de graviers et petits cailloux, dans l’eau il y a parfois du sable mais aussi des rochers. Des posidonies poussent près du bord. Je regrette d’avoir oublié mon masque. J’ai adopté cette plage plutôt que la grande avec ses vagues.

La Guerre des Saints : Michela Murgia

LIRE POUR LA SARDAIGNE

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J’ai ouvert ce livre mercredi. Nous revenions du Sinis et de Cabras où se déroule l’histoire. Cette coïncidence m’a réjouie. « Crabas était un gros bourg de 9000 âmes lieu de villégiature estival d’Eleonore d’Arborée… » . Je viens de faire la connaissance de cette héroïne du 14ème siècle.

« les rives de l’étang sur lequel Crabas fondait s vie sociale délimitaient une  île sauvage de basses eaux de laquelle le garçonnet s’imaginait naufragé et téméraire. « 

Le livre s’ouvre comme le récit des vacances d’un enfant Maurizio dans la lagune du fleuve Thirso en 1985-1986.

« Le village respirait au rythme des cloches, ses poumons n’étaient autres que l’église paroissiale de Santa Maria ». [ …..]

« les pêcheurs avaient pour saint patron Pedru, Pierre, le pêcheur des hommes qu’on célébrait en grande pompe avec un prédicateur rémunéré venu de l’extérieur, surtout par des quintaux de muggini qu’on cuisinait pendant les bals. L’odeur de poisson grillé flottait jusqu’aux villages voisins »

Voici le cadre de l’histoire où les enfants désœuvrés se livrent aux occupations de leur âge : chasse aux oiseaux à la glu ou à la fronde, expédition punitive contre une tribu de rats. Joliment raconté. On sent vivre le village, des vieillards aux enfants.

Le roman prend une autre tournure au chapitre 6 (le live en fait 10) quand une querelle de clochers se déclare avec la fondation d’une nouvelle paroisse qui divise le village. Ici commence la guerre des Saints qui donne son nom au livre. Les enfants sont témoins des querelles des adultes. Enfants de chœur, ils y participent à leur façon. La comédie légère se termine en farce bouffonne. Le lecteur sourit d’abord aux traits d’humour pour finir par pouffer bruyamment à la fin.

Un livre à emporter dans un voyage en Sardaigne mais aussi une lecture réjouissante pour s’évader.

 

Sinis : Cabras, Tharros, San Salvatore

CARNET SARDE

 

les pêcheurs de Marceddi au fond:  le pont
les pêcheurs de Marceddi au fond: le pont

 

Marceddi

Sur la Piazza Museo del Mare, le musée est fermé. Dans le port il y a plus de barques en bois que de bateaux en plastique. Les maisons de pêcheurs – toutes basses –  sont alignées le long du quai en terre battue. Façades colorées, jaune, bleu, rose parfois relevées d’un pavage de schiste autour des ouvertures. Unpêcheur à pied racle le fond avec un cadre en bois et ramasse des palourdes.

Un parcours sur des planches de bois conduit à une tour espagnole. Les panneaux explicatifs sont blanchis, abandonnés comme le Musée de la Mer. Au bout du village une pinède borde la lagune. Un homme prend des mesures salinité ou température ? J’aurais aimé lui demander des explications.

Cabras

Géants de Monte Prama
Géants de Monte Prama

 

Nous arrivons à Cabras en traversant des rizières très vertes comme en Asie. L’Antiquarium de Cabras est à l’entrée de la ville sur la route de Tharros . Le musée est assez vaste : le spremières salles présentent les objets trouvés à Tharros(fort peu d’explications) et dans les environs. De minuscules figures féminines de pierre ou de terre cuite attirent mon regard dans la vitrine de la Préhistoire (3ème millénaire) les pointes de flèches en obsidienne et les fragments de céramique ancienne ne me passionnent pas (déjà vus à Irgoli) .Dans  la salle Phénicienne et Punique, une curieuse « assiette garnie » punique contient des restes de poisson mangés à cette époque. On voit de nombreuses stèles avec Bétyle, avec autel, avec edicola, une autre sculptée en relief évoque la silhouette d’une momie égyptienne. De l’époque punique on a aussi trouvé les poids pour les filets de pêche : anneaux de terre cuite ou de pierre.

guerrier portant son bouclier
guerrier portant son bouclier

A 11h30, commence la visite guidée conduite par une très jeune femme à la chevelure bouclée, très souriante, très volubile, aux jolies fossettes mais dont j’ai beaucoup de mal à intégrer le flot de paroles. Elle semble habitée par son sujet que je cerne mal : une exposition de photos en N&B intitulée UN NOUVEAU MUSEE EST NE : MONTE  PRAMA ; les trois autres visiteurs venant de Sassari sont très au courant, ils ont apporté des catalogues. Un dialogue interminable s’engage, assez incompréhensible pour moi où des intérêts de politique locale interviennent. Doit-on développer des petites structures près du lieu de la découverte ou regrouper les pièces majeures à Cagliari. Je m’impatiente parce que je ne comprends pas où ils veulent en venir.

Une photo d’un champ labouré à Monte Prama, une photo des fouilles qui ressemblent à n’importe quelles fouilles. Le suspens est total. La route nuraghe, puis punique, plus tard via romaine, passe entre l’étang de Cabras on y a retrouvé une banquette de 28 dalles qui se révélèrent être les socles de 28 statues nuraghes de grande dimension et les puits circulaires  étaient des tombes contenant les restes des défunts inhumés assis. Des études anthropologiques précisent qu’ils étaient des hommes jeunes de 25 à 30 ans, la datation donne 1800ans av JC et les études génétiques, une certaine consanguinité. On en a déduit qu’ils étaient des  guerriers d’élite.

cabras géants demonte_prama_1 Avant de passer dans la salle où sont les statues des géants, la guide nous montre les photos des bronzetti – statuettes de bronze montrant les guerriers nuraghes. Après cette très longue introduction dans le couloir noir, c’est le choc : 6 statues énormes massives, blanches érodées par le temps. L’une d’elle présente la blessure du soc d’une charrue. Les perforations tubulaires (peut être est-ce la nature de la roche) donnent une surface irrégulière à une autre. Ils sont impressionnants les géants de Monte e Prama ! L’un d’eux a brandi au dessus de la tête son bouclier incurvé et nous fixe de ses yeux ronds. D’autres portent des gravures fines au bras et au dessus des mollets : bracelets ou tatouages ? On reconnait le poing et le bras de l’archer, les jambières protège tibia sur un autre. Les autres statues sont exposées à Cagliari. Sur un écran on peut étudier les photos à loisir. La guide choisit les plus intéressantes et zoome sur un détail.

Pêcheries

sardaigne 153 - Copie

L’embouchure du fleuve Tirso, les étangs, la lagune de cabras sont des zones de pêche. Cabras est un centre de production de la boutargue (œufs de mulets). Dans une boutique elle se vendait 98€kg, pas le prix du caviar mais un peu cher pour un pique-nique ! Autrefois je faisais moi-même mon tarama avec du pain trempé dans du lait et de l’huile en le montant comme une maïonnaise.

Pendant que je visitais l’Antiquarium, Dominique a assisté au retour des pêcheurset à la vente du poisson à la coopérative de Cabras : bâtiments jaunes construits sur les trois côtés d’un carré, les barques numérotées toutes semblables. Le temps de la visite, toute la pêche a disparu, la boutique a fermé, le camion des pêcheries de Pontis parti.

Nous avons visité les installations des pêcheries de Pontis à 13h. Complètement vide. Je suis montée sur une terrasse pour avoir une vue d’ensemble sur les planches enjambant le canal, les piquets en V formant une sorte de piège. On nous avait expliqué cette technique dans le delta du Pô à Comacchio pour la pêche aux anguilles. Nous n’avons pas vu les embarcations de roseau (sauf au musée) ùaos deux huttes formant une tente en contre-plaqué.

Pour que cette visite soit plus intéressante il aurait fallu se documenter sur les horaires des pêcheurs.

Tour espagnole de Tharros

la Tour espagnole
la Tour espagnole

Nous sommes revenues à Tharros pour le Point Internet. Depuis que les Smartphones et les tablettes se sont répandus les cafés Internet ont disparu. Nous devons réserver les hôtels pour les 3 derniers jours.

L’entrée de la Tour (comme le Musée de Cabras) est comprise dans le billet cumulatif.

La tour espagnole a été restaurée récemment. La citerne recueillant les eaux de pluie a été carrelée et la coupole repeinte en rose. Les logements des gardiens étaient sur la terrasse d’où la vue est très étendue.

Philippe II vers 1500 a fait ériger cette tour de guet au sommet du Cap San Marco  pour surveiller les attaques des Turcs et des pirates barbaresques sur l’emplacement d’un nuraghe et d’une tour punique. Ses blocs de grès proviennent des monuments antiques de Tharros.  Dans la 2ème moitié du 19ème siècle elle reprit du service contre les contrebandiers.

Baignade au pied de Tharros

la plage avec les vagues
la plage avec les vagues

Au pied du Cap San Marco, les plages sont nombreuses. On peut choisir entre les eaux agitées du côté de la mer et celles plus calmes du côté de la lagune ou marcher sur le cap pour trouver de petites criques.la belle plage entre le parking et le site est animée. Parasols multicolores et vagues. De la tour espagnole j’ai vu des gens se baigner dans une eau turquoise limpide dans un petit creux entre la vieille tour et le site, tranquille comme une piscine, claire…

C’est près de la marina, protégée par une ligne de bouées rouge et blanches que je me baignerai. Le fond est un  peu vaseux mais l’eau reste claire.

San Salvatore

San Salvatore, village fantôme?
San Salvatore, village fantôme?

A l’écart de la route, accessible par une route de terre, se trouve le village de San Salvatore. Nous arrivons sur une grande place rectangulaire avec 4 acacias à moitié morts décharnés. Deux petits oliviers et de minuscules maisons basses la bordent. Une porte, une fenêtre, un toit de tuiles romaines. Devant chaque maisonnette, un banc, parfois un bloc de basalte, parfois une dalle sur deux pieds de pierre. L’église est minuscule. Le porche donne de l’autre côté, porche tout simple  un toit à double pente repose sur des piliers carrés, un gros acacia bien  vert le précède.

l'olivier
l’olivier

Cette place a un aspect étrange, désolé. J’en ai découvert la raison dans le Guide Vert : les maisons ne sont pas habitées sauf à l’occasion de la Fête du saint pendant neuf jours. Ces fêtes sont racontées dans le livre de Grazia Deledda le Vent dans les Roseaux. Cette place déserte me rappelle aussi en Andalousie El Rocio  dans la Donana, encore un e zone humide avec le pèlerinage des gitans. Le guide raconte la Course des Déchaussés : vêtus de tuniques blanches et pieds nus, une centaine de jeunes gens courent entre Cabras et San Salvator : procession rappelant une attaque des Sarrazins en 1619.

Nous avons découvert l’hypogée de San Salvatore dans l’audiovisuel du Musée d’Oristano le présentant comme un exemple de syncrétisme religieux ; j’y verrais plutôt un palimpseste.

san salvatore Aux origines, un puits sacré nuraghe, ensuite un sanctuaire phénicien. Pour les Puniques, il était dédié à Sid – dieu guerrier – pour les romains, à Asclépios. Les graffitis de la crypte ajoutent à l’étrangeté. Mars et Vénus y sont représentés de façon très sophistiquée tandis qu’Hercule semble avoir été dessiné par un enfant. Les bateaux sont aussi schématisés. Une inscription en arabe est encore plus énigmatique.

san salvatore venus et mars

 

Le caractère rural et très simple de l’église qui surmonte la crypte ne laisse pas imaginer tant de mystères.