Cortona, une ville en pente! sous le soleil de Toscane

Avec le livre de Francès Mayes pour guide : Sous le Soleil de Toscane

arrivée à Cortona

Cortona est la ville la plus pentue que nous ayons jamais visitée ! On y entre par une arche dans la muraille étrusque (gros blocs arrondis par le temps), on remonte la via Ghelfa pavée de grosses dalles grises entre les maisons grises en pietra serena, endormie à notre arrivée.

 

ruelle en pentte

Halte à mi-pente au couvent Saint Augustin : le cloître est planté d’un palmier et du plus joli althæa à fleurs blanches qui, au lieu de faire une boule, est taillé en berceau et a grandi comme un véritable arbre? Les arcades du cloître sont  en jaune pâle comme dans la plupart des les cloîtres. Je regarde avec plus de curiosité que d’admiration, les fresques narrant les épisodes de la vie du saint. Facile à comprendre: les miracles sont expliqués en Italien (plus facile que le latin) Ces peintures n’ont aucun intérêt esthétique. Nous avons vu tant de belles fresques que nous devenons difficiles !

Piazza della Reppublica

Deuxième étape dans notre ascension : un banc de la Piazza della Reppublica, place où trône sur un large escalier le Palazzo del Capitano del Poppolo(hôtel de ville) surmonté d’une tour et d’une grande horloge. Des échoppes minuscules sont logées sous l’escalier. Frances Mayes décrit dans son livre, Sous les soleil de Toscane, l’horloger installé depuis le temps des clepsydres. Malheureusement il a cédé son atelier à une galerie de tableaux – personne ne fait plus réparer de montre !
Comme le raconte le livre de Frances Mayes, nous trouvons sous les arcades la marchande de frutta e verdura et dans la loggia surélevée, la terrasse du restaurant. On sort le livre et on le lit à voix haute. C’est amusant de visiter les lieux décrits si minutieusement par l’Américaine.

Nous venons tout juste d’arriver,  Cortona nous semble familière. Un petit bémol : la place est beaucoup plus touristique qu’on ne l’imaginait.

San Christoforo
Après cette lecture, nous adoptons notre tactique habituelle : grimper le plus haut possible et faire la visite à la descente. Donc on monte, on monte même très raide. L’église préférée de Frances Mayes est San Christoforo. Selon elle, a porte serait toujours ouverte. Cap sur San Christoforo qui se trouve dans les hauteurs ! Nous passons rapidement devant San Francesco mais on n’aime pas s’interrompre à mi-pente, cette église est vaste et sombre. On a descendu les tableaux pour restauration. Un moine en robe de bure lit en marchant.
Vers le haut de la ville, les constructions sont moins denses avec de beaux jardins. Nous découvrons une vue dégagée sur le Lac Trasimène (on l’attendait, il est dans le livre). De grands bâtiments austères en pierre avec de hauts murs bordent la rue : ce sont des couvents de Santa Chiara delle Povere, della Trinita etc.….On restaure San Niccolo qui a un joli porche abrité par une colonnade.

Pas de visite San Christoforo est vraiment une toute petite église avec un campanile tout simple « à peigne » située à la fourche de deux routes. On ne peut pas vraiment l’appeler une place, mais il y a un banc . Le livre qui décrit l’Ange de l’Annonciation qu’on aperçoit dans une petite chapelle extérieure fermée par une grille. Depuis que Frances a écrit le livre, on a fermé l’église.

Nous poursuivons jusqu’à la Porta Montanina. De là nous avons une très belle vue sur un vallon la coupole de S. Maria Nuova et de belles maisons avec piscine (sans doute agriturismo) ? Nous négligeons Santa Margharita et ratons une belle promenade verte et ombragée (un chemin de croix !) Nous avons déjà assez monté comme cela.
Pour descendre nous choisissons les plus petites ruelles . Un petit chien bâtard fait mine de nous barrer la route, un chat dort tranquillement. Deux femmes en tablier descendent en bavardant …Chaque viccolo apporte une surprise : une volée de marches, une rampe glissante,uneéchappée sur la vallée ou le lac …Nous somme vite rendues à la Piazza della Reppubblica maintenant plus animée.
La via Nazionale est la rue commerçante. J’y trouve facilement le Monde. De jolies boutiques proposent de bien jolies choses. On entre dans un magasin de papier d’art : carnet, agendas, écritoires …recouverts de papier ancien. Une très belle librairie vend du matériel de peinture tubes, pastilles d’aquarelle, papier. J’achète un bloc. Le format du carnet moleskine est parfait pour les croquis rapides mais pour peindre je n’ai plus de papier grand format. Dominique m’incite à « mettre des couleurs »dans mes dessins. Sans couleur, elle ne les regarde même pas.
La Cathédrale est un peu décevante : extérieur roman très sobre, intérieur Renaissance avec les colonnes et arcades gris foncé que nous avons vues maintes fois depuis Florence.

Le Musée diocésain

annonciation fra angelico

En face le « petit musée « diocésain. Je suis toujours méfiante avec les Musées d’Art sacré qui exhibent chasubles, chandeliers, encensoirs et croix qui m’ennuient. Encore une fois je me laisse conduire par Frances Mayes qui décrit une Annonciation de Fra Angelico avec un ange aux cheveux oranges. Nous décidons de faire une visite à l’Ange, je prends l’ audio-guide.
L’Ange est bien là ; sa présence illumine toute la salle. C’est une peinture très connue. Elle m’est familière. J’aimerais rester longuement à la contempler. La Vierge, sous une sorte de pavillon à colonnettes est aussi très douce. Un parterre fleuri à fond vert soutenu fait ressortir les personnages clairs. En dessous une bande dessinée – la prédelle- représente des scènes miniatures qui me plaisent énormément. Une femme, entrée en même temps que moi, s’est assise et écrit dans un carnet. Comme j’ai pris l’audio-guide, je fais une visite complète qui me permet de découvrir un peintre que je ne connaissais pas : Lorenzetti (14ème siècle école siennoise) qui peint des visages grisâtre très doux presque douloureux. Je retrouve Signorelli (et son atelier). Pour Signorelli, je suis partagée. Certains de ses tableaux me plaisent, d’autres pas. Je ne sais pas très bien pourquoi. Ce n’est pas nouveau, déjà à l’Abbazia de Monte Olivetti Maggiore, les fresques m’avaient paru insignifiantes. Certains tableaux paraissent réussis : la Déposition du Christ mort est saisissante. Les autres tableaux semblent bâclés. Avant de quitter le musée, je retourne prendre congé de l’Annonciation. La femme aux cheveux gris écrit toujours dans son carnet.
Il est midi, je n’ai pas envie d’une autre visite de musée. Dominique a pris les renseignements pour les visites des tombes étrusques. Nous terminons la visite par un tour en voiture en haut de la ville.

Nous arrivons sur l’esplanade de Santa Margharita que nous avions négligée. Si la promenade du chemin de croix  devait être une promenade agréable, la découverte de cette église est une déception. C’est une basilique du XIXème siècle de proportions imposantes disproportionnée à l’échelle de Cortona, néogothique, hideuse.
Nous continuons vers la forteresse Médicis perchée au dessus de la ville. Forteresse de pierre, contrairement à celles de briques de sienne de Volterra ou d’Arezzo). Elle abrite une expo d’art Contemporain (contemporaine vacuité et prétentieuse nullité). Nous montons sur le chemin de ronde pour la vue sur le Lac Trasimène, la ValdiChiana et les montagnes bleutées qui ressemblent à des volcans.

Cortona : Bramasole, la maison de Frances Mayes auteur de « sous le soleil de Toscane »

Bramasole maison de Francès Mayes

Cet hiver la lecture du livre Sous le Soleil de Toscane nous a incité à choisir cette destination pour les vacances de Juillet. Lecture facile, lecture sympathique, récit d’une journaliste américaine qui vient s’installer en Toscane et retaper une maison. Découverte de Cortone et de ses habitants, de la vie italienne si différente et exotique pour une américaine.

Dernier temps fort de la journée : Bramasole, la maison du livre !

Située à la sortie de Cortona sur une petite route au dessus d’un vallon sauvage dans les oliviers et les cyprès. Ici, tout le monde la connaît. Deux jeunes gens qui se restaurent de salami à la terrasse d’un café nous pilotent : « c’est après la courbe vous verrez un grand portail et un grand jardin »Bramasole est facile à identifier avec sa madone en terracotta (genre della Robia) et son magnifique jardin.

 

Bramasole madone

Nous sommes surprises. On ne l’imaginait pas si proche de la ville. Moi, je ne la voyais pas si rouge et si grande. Le jardin en terrasse est soigné et fleuri. On la mitraille de photos. Un peu déçues, l’écrivaine n’y habite plus.

Il faudra relire le livre maintenant !

Cortona : tombes étrusques

 

tombe de "Pythagore"tombe de Pythagore

Rendez-vous au parcheggio du torrente Loreto. Nous trouvons le ruisseau ( torrente), pratiquement à sec, mais pas le parking !

Une dame qui arrosait ses fleurs, me fait traverser la  route très passante (Arezzo-Pérugia) pour me montrer le parking.

Visite privée : nous sommes seules. Notre guide est une archéologue américaine, sur son badge : « dottore », en anglais donc. Les conférences en Italien m’amusent mais je suis incapable de poser des questions précises. Comme la visite  sera un dialogue, l’anglais me convient parfaitement.

Le premier tumulus est encore plus imposant que celui de la tombe des chars de Populonia. Des chênes centenaires masquent le dôme de terre. On ne voit pas non plus le tambour de pierre. Les archéologues ont dû creuser sous le niveau du sol. Ce tumulus comporte plusieurs chambres. Il a été utilisé pendant longtemps:  durant six siècles les habitants de Cortona ont pris l’habitude de se faire enterrer ici, Étrusques ou Romains, ou autres.

La structure circulaire a été dégagée pendant les différentes fouilles ainsi, récemment, qu’une sorte de plate-forme (un autel ?) précédé d’un escalier monumental. De grosses palmettes sculptées dans le grès servent de rampe. Des sculptures ornent la base de l’escalier : l’une d’entre elles est bien reconnaissable : un guerrier luttant avec un fauve. Cette tombe est contemporaine de celles de Populonia (VI ou VIIème siècle). Ces tumulus étaient construits à proximité d’un grand axe de circulation devenu la Via Cassia. Ils étaient visibles de la route et marquaient ainsi le prestige du dignitaire et de sa famille. Comme à Populonia, inhumation et crémation ont coexisté. Des fouilles récentes ont mis à jour des objets très nombreux sauvés des pilleurs de tombes grâce ou à cause des inondations du petit torrente. Des bijoux en or sont tombés dans la boue et ont été préservés.

La seconde tombe a été reconstituée au cours de fouilles anciennes (1909). On peut pénétrer dans la chambre.Le matériau employé est remarquable: une belle pierre rose (calcarénite) provenant de Pienza et du travertin. L’utilisation d’un matériau de construction importé de loin (même de très loin, compte tenu de la taille imposante des blocs) est aussi un indice de la richesse du propriétaire de la tombe. Autre intérêt : la fausse voûte. A cette époque, les Étrusques ne savaient pas construire de vraies voûtes. Ils empilaient les blocs en gradins, ce qui aurait dû donner un escalier. Pour faire plus joli, on a scié le bloc en diagonale pour donner un plafond lisse en faisant disparaître les marches. Pas de ciment, les blocs taillés très soigneusement s’emboîtent très proprement les uns dans les autres.

Enfin, des inscriptions ont été retrouvées. L’écriture étrusque utilise des caractères grecs et phéniciens écrits de droite à gauche. On connaît ainsi le nom du dignitaire inhumé ici. Il ne s’agit pas d’un Etrusque mais d’un Ombrien, sa femme étrusque était d’une famille bien connue à Cortona .Malgré la précision de la lecture, ces inscriptions funéraires sont de peu d’utilité pour le déchiffrement de la langue étrusque : sur chaque tombe toujours la même chose « ci gît … ».
A partir du cinquième siècle la pression des Romains sur les villes étrusque se fait menaçante. Les cités étrusques, au lieu de s’unir contre l’ennemi romain, ont continué à guerroyer entre elles. Elles n’avaient aucune chance contre Rome. Cortona a préféré payer un tribut à Rome. La richesse des dignitaires s’est trouvée amoindrie ; la taille des monuments funéraires a donc diminué. Plus de tumulus imposant, seulement des niches pour des urnes contenant des cendres.

La troisième tombe s’appelle improprement « tanella de Pitagore » (confusion avec la ville de Crotone où est mort le philosophe). C’est un monument plus récent, un édicule rond fait de blocs énormes soigneusement taillés. Les sédiments ayant dévalé de la colline ont protégé la moitié située vers l’amont. La moitié aval a été utilisée comme carrière pour la construction des maisons de Cortona.

Cortona : au musée, déçue par les étrusques ravie par les mammouths!

CARNET TOSCAN

Cortona : Santa Maria Nuova dôme de Vasari

Cortona- Santa Maria nuovva dôme de Vasari

La visite du Musée est décevante.

J’espérais trouver les objets étrusques provenant des tombes. Un lampadaire de bronze ciselé orné de têtes et de motifs végétaux  est à l’honneur dans une sorte d’édifice à colonnes de marbres ? Mais statuettes de bronze et céramiques sont présentées dans des vitrines démodées et vieillottes sans aucune explication.

Les collections du Musée sont très hétéroclites :  des tableaux de Signorelli de second ordre (bâclés), des épées, une collection égyptienne, belle mais déplacée, des monnaies… Enfin une salle de paléontologie avec les ossements de trois mammouths retrouvés dans la région. Déçue par les étrusques, je suis ravie par les mammouths !

Cortona : Ermitage de le Celle

le celle, ermitage francescain

Le Celle est un ermitage franciscain où Saint François d’Assise a vécu.. Il se trouve à la sortie de Cortona, au creux d’un vallon.
L’endroit est très paisible (de nombreux écriteaux invitent au silence). Les cellules des moines sont  au flanc de la falaise. Rien de monumental. Les maisons en pierre sèche s’encastrent les unes dans les autres reliées entre elles par des marches. Sur les terrasses : des jardins et des vignes. Sur la rampe, des taches de bougie, et on imagine une procession de moines avançant à la bougie. Pourtant il y a un lampadaire électrique.

Dans le creux du vallon, le torrent a creusé la roche. A la saison, l’eau doit descendre en cascade. En Juillet nous voyons seulement la roche polie .

Sur le chemin du retour nous essayons d’atteindre le château fort du 11ème  siècle situé » entre Castiglione Fiorentino et Cortona. Inaccessible !

A six heures, nous poursuivons la promenade dans les vergers, découverte hier. Une heure sur la strada bianca entre poiriers, pommiers, cerisiers mais aussi dans les champs de tomates. Je regarde avec curiosité les systèmes d’irrigation.

Monte San Savino

CARNET TOSCAN ENVIRONS D’AREZZO

Monte San Savinonotre ville », pour les courses à la Coop et l’Office de tourisme  qui nous a trouvé l’agroturismo La Foresteria. J’aime bien m’approprier des lieux,  m’ysentir chez moi.

L’unique rue commerçante avec deux petites places, va d’une porte à l’autre. Elle est bordée de palais . Le plus grand palazzo, l’Hôtel de ville, a une façade à bossage comme celle du Palais Pitti – un peu prétentieuse ici. En face, la loggia avec ses pilastres et chapiteaux corinthiens, est tout en finesse.
Eglises.
Dans la première, nous poussons la porte, découvrons un intérieur baroque et ressortons illico.
San Agustino: un homme s’adresse à moi. Comme je suis juste à côté du bénitier j’ai peur qu’il n’en exige l’usage. Comme c’est bête ! Il commente les fresques fort belles et une Assomption de Signorelli (encore ! il a dû en peindre toute une série !). Il nous raconte l’histoire de l’église et nous fait découvrir un petit cloître tranquille.

Au Musée nous retrouvons l’homme excité de l’Office de Tourisme, la « mouche du coche », toujours aussi affairé. Il nous dit dans son affreux langage mélangé anglo-franco-italien qu’on peut « visiter la structure senza ticket ». La « structure » est un château médiéval. On accède au donjon par un bel escalier et nous découvrons les salles d’exposition d’un peintre toscan s’inspirant des surréalistes et de Dali. Rien de sensationnel.
musiciens
Le château est investi par des musiciens : au rez de chaussée, leçon ou examen de piano, dans les étages des violoncellistes s’exercent. Les musiciens occupent toute la place.
Dans l’église la plus proche, leçon de violoncelle. Nous admirons les retables de Della Robia avec une bordure très colorée de fleurs et de fruits au jaune dominant entourant des personnages blancs et bleus. Plus loin, au Conservatoire, encore des musiciens.

Lucignano, Civitella, jolis villages

civitella arcades

Civitella

Nous retrouvons toujours avec plaisir Lucignano, notre « plus joli village ».

A la recherche de Civitella, place forte dominant l’entrée de la Val di Chiana et de la vallée de l’Arno vers Florence.Un château fort, des murailles. Le long de la rue principale, des arcades font de l’ombre. Les maisons sont décorées de blasons.  La chaleur de l’après midi écrase la petite ville endormie.

Après le farniente à la piscine,  promenade dans les vergers ….
Nous ne quittons pas Foresteria sans avoir visité la grande maison occupée par les Australiens.
Dernière soirée autour de la piscine, les Australiens, Amanda et nous. Il fait très bon. Mais c’est déjà la fin du voyage

Suarès – Voyage du Condottière : une invitation au voyage

VOYAGER POUR LIRE/LIRE POUR VOYAGER

condotttiere.1305980643.jpg

J’ai voulu suivre le Condottière en Italie  et d’entrée, j’ai lu une des plus belles invitations au voyage que je recopie ici:

« Le voyageur est encore ce qui importe le plus dans un voyage. Quoi qu’on en pense, tant vaut l’homme, tant vaut l’objet. Car enfin qu’est-ce que l’objet sans l’homme? Voir n’est point commun. La vision est la conquête de la vie(…)Le monde est plein  d’aveugles aux yeux ouverts sur une taie; en tout spectacle, c’est leur cornée qu’ils contemplent, et leur taie grise qu’ils saisissent.

(…)

Comme tout ce qui compte dans la vie, un beau voyage est une oeuvre d’art : une création. De la plus humble à la plus haute, la création porte témoignage d’un créateur. Les pays ne sont que ce qu’il est. Il n’est de véritable connaissance que dans une oeuvre d’art. Toute l’histoire est sujette au doute(….)

Un homme voyage pour sentir et pour vivre. A mesure qu’il voit du pays c’est lui-même qui vaut la peine d’être vu. il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu’il découvre. voilà pourquoi le voyage est si beau quand on l’a derrière soi : il n’est plus et l’on demeure! »

J’ai fait route avec Suarès et découvert une Italie étonnante, tellement littéraire (l’auteur lui suivait Stendhal) érudite, peuplée de personnages hors du commun Léonard à Milan, ou Dante, Monteverdi. Je ne suis pas encore arrivée en Toscane avec lui; La route va être longue, et merveilleuse….

Au hasard du surf…j’ai trouvé ceci

Bassani : Le Roman de Ferrare

VOYAGER POUR LIRE/LIRE POUR VOYAGER

le-romandeferrrare.1305894709.jpg

le Roman de Ferrare réunit 6 ouvrages:

  DANS LES MURS

LES LUNETTES D’OR

LE JARDIN DES FINZI-CONTINI

DERRIERE LA PORTE

  LE HERON

l’ODEUR DU FOIN

dans un gros QUARTO GALLIMARD qui réunit également une préface de PP Pasolini, des entretiens EN REPONSE, « CENT ANS D’HISTOIRE DE FERRARE, et une biographie de Bassani.

Prise come un tout, l’oeuvre de Bassani est mise en perspective.

Il ne m’est pas indifférent que le tableau illustrant la couverture représente un cycliste : la bicyclette est un personnage à part entière à Ferrare. Croyant à ue alternative écologique à la voiture en ville, j’ai aimé cette circulation silencieuse sans me doute que les Ferrarais n’ont pas abandonnée cette habitude  ancienne.

Le premier recueil  DANS LES MURS convie à une promenade lente, dans les rues de la ville à la rencontre de personnages modestes comme Lida Mantovani ou de notables, le médecin Elias Corcos, la militante Clelia Trotti….le rescapé des camps qui découvre son nom sur la plaque commémorative via Mazzini…Il nous introduit dans la vie provinciale, la communauté juive. Avec lui nous prêtons attention à des lieux secrets de Ferrare.

Aurais-je dû lire ces histoires avant le départ? Ou est-ce que je les goûte mieux en ayant parcouru la ville?

Si j’avais lu Bassani, j’aurais cherché sa tombe au cimetière israélite, je n’aurais pas été étonnée des jardins  entre les cimetières et les remparts. J’aurai sans doute cherché la belle propriété des Finzi-Contini. Et la découverte de Ferrare aurait tourné au pèlerinage…

Si Bassani est l’auteur de Ferrare, sa description n’est pas tant géographique : il fait vivre une époque entre fascisme et normalisation de la  vie après la seconde guerre mondiale. Sans complaisance : la communauté juive qui a subi les lois raciales de 1938 – période du Jardin des Finzi-Contini – s’était bien compromise avec le fascisme. a part la figure admirable de Clelia Trotti, les opposants à Mussolini n’étaient pas majoritaires à Ferrare dans l’avant-guerre. Les lois raciales ont mis le feu aux poudres.

 

 

lejardindesfinzi.1305894764.jpg

 Les Lunettes d’Or raconte la fin d’un notable, un médecin à la mode, homosexuel. Instinctivement je fais un parallèle entre l’exclusion raciale des juifs et sexuelle. Tant que le notable ne s’affichait pas, on faisait faisait mine de ne rien savoir….L’autteur s’échappe des murs de la ville. Nous prenons le train des étudiants pour Bologne, passons la belle saison à la plage à Cesenatico.

Le héron, enfin se déroule dans le delta du Pô, près de Codigoro. Roman délicat, d’une grande amertume. La guerre finie, les propriétaires terriens dans les terres bonifiées du Delta rencontrent l’opposition des communistes. Le narrateur  trouvera de fait une complicité avec un aubergiste, ancien fasciste. Désenchantement?

Bassani est un grand auteur : il recrée un monde, une société avec ses caractères mais aussi ses compromissions, son décor…L’analyse est toute en finesse et en filigrane. Peu nou pas de jugements de valeur.