Courlande – J.P.Kauffmann

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que lire avant un voyage dans les Pays Baltes?

Je ne savais pas comment amorcer l’écheveau d’une bibliographie, Purge de Sofi Oksanen et En escarpins dans les neiges de Sibérie de Sandra Kalniete m’avaient été suggérés par Dominique . C’est Nadedja de Babelio qui m’a recommandé Courlande. Merci aux blogueuses! Et Courlandecontient une bibliographie détaillée de 5 pages, et des idées de lectures plus littéraires comme Le Coup de grâce de Marguerite Yourcenar qui est arrivé hier dans ma boîte à lettre et les ouvrages de Keyserling que je n’arrive pas à trouver en français, et même Simenon , Pietr le letton, Jules Verne avec Un drame en Livonie et Cendrars. Les lectures s’enchaînent comme on démêle une pelote emmêlée; il suffit de trouver le bon fil et de tirer…

Géographie

Courlande est un nom familier mais sans repère géographique précis : la Péninsule de Courlande inscrite au Patrimoine de l’Humanité(Guide du Routard) est-elle seulement lituanienne ou aussi russe? Le Grand Dûché de Courlande (1561-1795) cartographié dans le livre de JP Kauffmann, au contraire, s’étend  en Lettonie coïncidant à peu près avec la province lettone de Kurzeme.

Histoire

L’histoire de toute l’Europe converge vers cette Courlande que les chevaliers teutoniques puis les barons germano-baltes ont couvert de châteaux et de manoirs où Louis XVIII a établi sa cour en exil, les Russes ont profité des ports libres de glace pour établir des bases militaires, en 1904 ;   c’est de Karosta près de Liepaja que partit l’escadre pour affronter la marine japonaise et après la seconde guerre mondiale les Soviétiques ré-investirent Karosta pour installer leur marine.La Courlande à la consonance douce à nos oreilles francophones fut en fait le théâtre d’atrocités en 1945 et plus tard…La Courlande oubliée, eut même un empire maritime éphémère avec des colonies et des comptoirs.

Parti pour un reportage qui ne fut jamais publié, JP Kauffmann raconte son voyage en Lettonie comme un carnet de voyage, au rythme des visites mais surtout des rencontres, avec une lectrice de l’Académie de Liepaja, un rocker polytonal russe, un Professeur allemand parlant le letton, un peintre…. Ce sera lui, le passeur, que je relirai quand je serai sur place, pensant à ses références à Stendhal, et à ces lettons qu’il a eu la chance de croiser. Nous serons pressées et n’aurons sans doute pas ces contacts!

Purge de Sofi Oksanen(Estonie)

VOYAGER POUR LIRE/LIRE POUR VOYAGER -LIRE POUR L’ESTONIE


que lire à la veille du départ pour Riga puis Tallinn et Vilnius?

Sur le conseil de Dominique ivredelivres j’ai commencé mon voyage en chambre par Purge de Sofi Oksanen.

Avec un titre pareil on ne s’attend pas à un roman à l’eau de rose! Mais la claque est violente: je n’ai jamais lu un livre qui exhale à ce point la terreur. Dès les premières pages on sent Alliid s’attendre à des catastrophes, exactions, voleurs, volées de pierres. Qu’a-t-elle fait pour mériter cette menace?

L’arrivée de la jeune fille contribue à tendre les menaces. Qui est-elle? qui fuit-elle? (je ne veux pas raconter l’histoire, pas spoiler comme on dirait pour un film).

Retour en arrière dans l’Estonie de 1936 – 1939, dans la jeunesse d’Alliide. C’est l’histoire de l’Estonie qui est racontée avec celle de l’héroïne. Estonie libre de l’entre-deux guerres puis des occupations qui se succèdent à la suite du Pacte germano-soviétique. Enfin de l’installation du stalinisme et de ses déportations /purges, des compromis nécessaires pour ceux qui veulent survivre. Enfin, la nouvelle indépendance de l’Estonie. Nouvelle chasse aux sorcières?

Flash- back en Sibérie, à Vladivostok d’où vient Zara..

Même dans cette histoire de terreur, l’auteur raconte la vie quotidienne, les confitures, les conserves, les champignons ramassés dans la forêt qu’on sent toute proche.

Il n’est nullement obligatoire de se rendre en Estonie pour apprécier ce roman qui est un thriller très bien conduit.





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Sofi Oksanen – Purge par Librairie_Mollat

Ecrivains nomades en Grèce: Durrell, Fermor, Chatwin, Lacarrière…. divers liens sur le net

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Céphalonie, pour le plaisir de la Grèce!

 

Googlant à la recherche du Mani de Fermor, je rencontre à nouveau Durrell. 2012 sera une année Durrell

Dominique de A sauts et gambades me signale la rencontre de Durrell et de Fermor relatée dans  dans Citrons Acides .

Par ailleurs, à la suite de l’annonce par Magne2 du décès de P L Fermor, sur le Forum du guide du Routard,  toute une série de billets propose des lectures grecques….

Et voici un billet sur le plaisir de lire et de surfer sur le net!

N’oubliez pas de cliquer sur les liens!!

« Mr Fermor à rejoint les Champs Elysées »

Fermor entre fleuve et forêt

« Mr Fermor à rejoint les Champs Elysées. kalo taxidi! »

L’information m’est parvenue par un post sur le le Forum des Voyageurs de Lonely Planet, merci à Magne que je cite ici, et qui a  aussi donné le lien vers le journal Grec Ekathimerini.

Patrick Leigh Fermor est l’auteur de deux récits magnifiques Le Temps des Offrandes et Entre fleuve et forêt parus dans la Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs où il raconte son voyage à pied jusqu’à Constantinople entrepris en 1934 à 18 ans. A pied, à cheval, en péniche ou en charrette…

Ces récits peuvent être lus comme un livre d’aventures, mais aussi comme livre d’histoire, ils fourmillent de renseignements historiques comme de références littéraires. des rencontres, aussi bien avec des clochards que des châtelains. A lire et à relire. Cela me gêne un peu de qualifier un écrivain d' »écrivain-voyageur » comme si le placer dans une case le retranchait de la Littérature, comme Chatwin ou Lacarrière.

Autre parenté littéraire, avec L. Durrell. : tous deux se sont distingués pendant la Seconde Guerre Mondiale. les Services Secrets britanniques recrutaient chez les écrivains et P L Fermor fut un véritable héros en Crète. Comme Durell, Fermor s’installa en Grèce. C’est là qu’il termina sa vie.

C’est encore sur un forum de voyageurs, du Routard cette fois-ci que j’ai trouvé d’autres renseignements sur P L Fermor, Kardamyli, le village grec où il vivait près duquel se trouve la chapelle où reposent les cendres de Chatwin.

Poursuivant un écrivain, j’en trouve trois, et des meilleurs! Et des idées de lecture!


Ferrare, les dames des temps jadis : Isabelle d’Este et Beatriz de Luna, Lucrèce Borgia

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ISABELLE D’ESTE de Christiane Gil – Pygmalion


A Ferrare, j’ai entendu l’écho des pas de dames illustres.

Isabelle d’Este, (1474-1539), fille d’Ercole 1er d’Este, après une éducation humaniste de la Renaissance, fut mariée au Marquis de Mantoue, François Gonzague, condottière au service de la Sérénissime. pendant que Gonzague guerroyait Isabelle décorait son château de Mantoue en attirant les meilleurs artistes de Vinci ,Mantegna, Bellini, dans sa jeunesse à Raphaël et au Titien..

.Belle-sœur de Ludovic Sforza, elle rayonnait à la cour de Milan. Mécène, Prima Dona del mondo, elle mit tous ses tatlent au service de la diplomatie. Mantoue, comme Ferrare n’étaient pas des puissances de premier plan, mais elles se trouvaient à la croisée des intrigues entre les puissances, Milan et États du Pape, rivalités entre Autrichiens et Français qui guerroyaient en Italie.

Isabelle d’Este a donc croisé deux rois de France, Louis XII et François 1er, les papes Borgia, Jules II, Clément VII…toute l’histoire de l’Europe est racontée dans la biographie d’Isabelle d’Este de Christiane Gil.

Roman historique ou livre d’histoire? Je penche plutôt pour la seconde alternative; histoire très bien documentée, très précise d’une vie combien romanesque!

La SENORA de Catherine Clément


j’avais lu cet ouvrage il y a 20 ans. Dans la via della Vittoria un panneau placardé dans le petit restaurant du ghetto racontait que Beatriz de Luna avait vécu là. Et j’ai relu la Senora.

Le narrateur, Joseph Nasi, conte les pérégrinations des marranes portugais des quais de Lisbonne au temps des Grandes Découvertes, en passant par Anvers des Habsbourg, Venise, Ferrare, Istanbul de Soliman le Magnifique jusqu’à Safed en Palestine. De persécutions de l’Inquisition ou des papes en intrigues avec les rois qui convoitaient les richesses de la banque des Mendes, la Senora organisait les réseaux qui permettaient de sauver les Juifs Portugais tandis que le  futur Duc de Naxos, son cousin, était le familier des rois et des sultans. Compagnon de Maximilien  Habsbourg, ami de Sélim le sultan, il était mêlé à toute l’histoire du 16ème siècle historie qui s’achève à la bataille de Lépante.

C’est aussi une belle histoire d’amour impossible entre les deux cousins, une recherche spirituelle pour ces marranes qui judaïsaient en secret mais qui ne furent instruits qu’au passage à Ferrare dans la communauté florissante protégée par les duc d’Este.

quand à Lucrèce Borgia, il me faudra trouver sa biographie!

 

Cortona, une ville en pente! sous le soleil de Toscane

Avec le livre de Francès Mayes pour guide : Sous le Soleil de Toscane

arrivée à Cortona

Cortona est la ville la plus pentue que nous ayons jamais visitée ! On y entre par une arche dans la muraille étrusque (gros blocs arrondis par le temps), on remonte la via Ghelfa pavée de grosses dalles grises entre les maisons grises en pietra serena, endormie à notre arrivée.

 

ruelle en pentte

Halte à mi-pente au couvent Saint Augustin : le cloître est planté d’un palmier et du plus joli althæa à fleurs blanches qui, au lieu de faire une boule, est taillé en berceau et a grandi comme un véritable arbre? Les arcades du cloître sont  en jaune pâle comme dans la plupart des les cloîtres. Je regarde avec plus de curiosité que d’admiration, les fresques narrant les épisodes de la vie du saint. Facile à comprendre: les miracles sont expliqués en Italien (plus facile que le latin) Ces peintures n’ont aucun intérêt esthétique. Nous avons vu tant de belles fresques que nous devenons difficiles !

Piazza della Reppublica

Deuxième étape dans notre ascension : un banc de la Piazza della Reppublica, place où trône sur un large escalier le Palazzo del Capitano del Poppolo(hôtel de ville) surmonté d’une tour et d’une grande horloge. Des échoppes minuscules sont logées sous l’escalier. Frances Mayes décrit dans son livre, Sous les soleil de Toscane, l’horloger installé depuis le temps des clepsydres. Malheureusement il a cédé son atelier à une galerie de tableaux – personne ne fait plus réparer de montre !
Comme le raconte le livre de Frances Mayes, nous trouvons sous les arcades la marchande de frutta e verdura et dans la loggia surélevée, la terrasse du restaurant. On sort le livre et on le lit à voix haute. C’est amusant de visiter les lieux décrits si minutieusement par l’Américaine.

Nous venons tout juste d’arriver,  Cortona nous semble familière. Un petit bémol : la place est beaucoup plus touristique qu’on ne l’imaginait.

San Christoforo
Après cette lecture, nous adoptons notre tactique habituelle : grimper le plus haut possible et faire la visite à la descente. Donc on monte, on monte même très raide. L’église préférée de Frances Mayes est San Christoforo. Selon elle, a porte serait toujours ouverte. Cap sur San Christoforo qui se trouve dans les hauteurs ! Nous passons rapidement devant San Francesco mais on n’aime pas s’interrompre à mi-pente, cette église est vaste et sombre. On a descendu les tableaux pour restauration. Un moine en robe de bure lit en marchant.
Vers le haut de la ville, les constructions sont moins denses avec de beaux jardins. Nous découvrons une vue dégagée sur le Lac Trasimène (on l’attendait, il est dans le livre). De grands bâtiments austères en pierre avec de hauts murs bordent la rue : ce sont des couvents de Santa Chiara delle Povere, della Trinita etc.….On restaure San Niccolo qui a un joli porche abrité par une colonnade.

Pas de visite San Christoforo est vraiment une toute petite église avec un campanile tout simple « à peigne » située à la fourche de deux routes. On ne peut pas vraiment l’appeler une place, mais il y a un banc . Le livre qui décrit l’Ange de l’Annonciation qu’on aperçoit dans une petite chapelle extérieure fermée par une grille. Depuis que Frances a écrit le livre, on a fermé l’église.

Nous poursuivons jusqu’à la Porta Montanina. De là nous avons une très belle vue sur un vallon la coupole de S. Maria Nuova et de belles maisons avec piscine (sans doute agriturismo) ? Nous négligeons Santa Margharita et ratons une belle promenade verte et ombragée (un chemin de croix !) Nous avons déjà assez monté comme cela.
Pour descendre nous choisissons les plus petites ruelles . Un petit chien bâtard fait mine de nous barrer la route, un chat dort tranquillement. Deux femmes en tablier descendent en bavardant …Chaque viccolo apporte une surprise : une volée de marches, une rampe glissante,uneéchappée sur la vallée ou le lac …Nous somme vite rendues à la Piazza della Reppubblica maintenant plus animée.
La via Nazionale est la rue commerçante. J’y trouve facilement le Monde. De jolies boutiques proposent de bien jolies choses. On entre dans un magasin de papier d’art : carnet, agendas, écritoires …recouverts de papier ancien. Une très belle librairie vend du matériel de peinture tubes, pastilles d’aquarelle, papier. J’achète un bloc. Le format du carnet moleskine est parfait pour les croquis rapides mais pour peindre je n’ai plus de papier grand format. Dominique m’incite à « mettre des couleurs »dans mes dessins. Sans couleur, elle ne les regarde même pas.
La Cathédrale est un peu décevante : extérieur roman très sobre, intérieur Renaissance avec les colonnes et arcades gris foncé que nous avons vues maintes fois depuis Florence.

Le Musée diocésain

annonciation fra angelico

En face le « petit musée « diocésain. Je suis toujours méfiante avec les Musées d’Art sacré qui exhibent chasubles, chandeliers, encensoirs et croix qui m’ennuient. Encore une fois je me laisse conduire par Frances Mayes qui décrit une Annonciation de Fra Angelico avec un ange aux cheveux oranges. Nous décidons de faire une visite à l’Ange, je prends l’ audio-guide.
L’Ange est bien là ; sa présence illumine toute la salle. C’est une peinture très connue. Elle m’est familière. J’aimerais rester longuement à la contempler. La Vierge, sous une sorte de pavillon à colonnettes est aussi très douce. Un parterre fleuri à fond vert soutenu fait ressortir les personnages clairs. En dessous une bande dessinée – la prédelle- représente des scènes miniatures qui me plaisent énormément. Une femme, entrée en même temps que moi, s’est assise et écrit dans un carnet. Comme j’ai pris l’audio-guide, je fais une visite complète qui me permet de découvrir un peintre que je ne connaissais pas : Lorenzetti (14ème siècle école siennoise) qui peint des visages grisâtre très doux presque douloureux. Je retrouve Signorelli (et son atelier). Pour Signorelli, je suis partagée. Certains de ses tableaux me plaisent, d’autres pas. Je ne sais pas très bien pourquoi. Ce n’est pas nouveau, déjà à l’Abbazia de Monte Olivetti Maggiore, les fresques m’avaient paru insignifiantes. Certains tableaux paraissent réussis : la Déposition du Christ mort est saisissante. Les autres tableaux semblent bâclés. Avant de quitter le musée, je retourne prendre congé de l’Annonciation. La femme aux cheveux gris écrit toujours dans son carnet.
Il est midi, je n’ai pas envie d’une autre visite de musée. Dominique a pris les renseignements pour les visites des tombes étrusques. Nous terminons la visite par un tour en voiture en haut de la ville.

Nous arrivons sur l’esplanade de Santa Margharita que nous avions négligée. Si la promenade du chemin de croix  devait être une promenade agréable, la découverte de cette église est une déception. C’est une basilique du XIXème siècle de proportions imposantes disproportionnée à l’échelle de Cortona, néogothique, hideuse.
Nous continuons vers la forteresse Médicis perchée au dessus de la ville. Forteresse de pierre, contrairement à celles de briques de sienne de Volterra ou d’Arezzo). Elle abrite une expo d’art Contemporain (contemporaine vacuité et prétentieuse nullité). Nous montons sur le chemin de ronde pour la vue sur le Lac Trasimène, la ValdiChiana et les montagnes bleutées qui ressemblent à des volcans.

Cortona : Bramasole, la maison de Frances Mayes auteur de « sous le soleil de Toscane »

Bramasole maison de Francès Mayes

Cet hiver la lecture du livre Sous le Soleil de Toscane nous a incité à choisir cette destination pour les vacances de Juillet. Lecture facile, lecture sympathique, récit d’une journaliste américaine qui vient s’installer en Toscane et retaper une maison. Découverte de Cortone et de ses habitants, de la vie italienne si différente et exotique pour une américaine.

Dernier temps fort de la journée : Bramasole, la maison du livre !

Située à la sortie de Cortona sur une petite route au dessus d’un vallon sauvage dans les oliviers et les cyprès. Ici, tout le monde la connaît. Deux jeunes gens qui se restaurent de salami à la terrasse d’un café nous pilotent : « c’est après la courbe vous verrez un grand portail et un grand jardin »Bramasole est facile à identifier avec sa madone en terracotta (genre della Robia) et son magnifique jardin.

 

Bramasole madone

Nous sommes surprises. On ne l’imaginait pas si proche de la ville. Moi, je ne la voyais pas si rouge et si grande. Le jardin en terrasse est soigné et fleuri. On la mitraille de photos. Un peu déçues, l’écrivaine n’y habite plus.

Il faudra relire le livre maintenant !

Suarès – Voyage du Condottière : une invitation au voyage

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J’ai voulu suivre le Condottière en Italie  et d’entrée, j’ai lu une des plus belles invitations au voyage que je recopie ici:

« Le voyageur est encore ce qui importe le plus dans un voyage. Quoi qu’on en pense, tant vaut l’homme, tant vaut l’objet. Car enfin qu’est-ce que l’objet sans l’homme? Voir n’est point commun. La vision est la conquête de la vie(…)Le monde est plein  d’aveugles aux yeux ouverts sur une taie; en tout spectacle, c’est leur cornée qu’ils contemplent, et leur taie grise qu’ils saisissent.

(…)

Comme tout ce qui compte dans la vie, un beau voyage est une oeuvre d’art : une création. De la plus humble à la plus haute, la création porte témoignage d’un créateur. Les pays ne sont que ce qu’il est. Il n’est de véritable connaissance que dans une oeuvre d’art. Toute l’histoire est sujette au doute(….)

Un homme voyage pour sentir et pour vivre. A mesure qu’il voit du pays c’est lui-même qui vaut la peine d’être vu. il se fait chaque jour plus riche de tout ce qu’il découvre. voilà pourquoi le voyage est si beau quand on l’a derrière soi : il n’est plus et l’on demeure! »

J’ai fait route avec Suarès et découvert une Italie étonnante, tellement littéraire (l’auteur lui suivait Stendhal) érudite, peuplée de personnages hors du commun Léonard à Milan, ou Dante, Monteverdi. Je ne suis pas encore arrivée en Toscane avec lui; La route va être longue, et merveilleuse….

Au hasard du surf…j’ai trouvé ceci

Bassani : Le Roman de Ferrare

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le Roman de Ferrare réunit 6 ouvrages:

  DANS LES MURS

LES LUNETTES D’OR

LE JARDIN DES FINZI-CONTINI

DERRIERE LA PORTE

  LE HERON

l’ODEUR DU FOIN

dans un gros QUARTO GALLIMARD qui réunit également une préface de PP Pasolini, des entretiens EN REPONSE, « CENT ANS D’HISTOIRE DE FERRARE, et une biographie de Bassani.

Prise come un tout, l’oeuvre de Bassani est mise en perspective.

Il ne m’est pas indifférent que le tableau illustrant la couverture représente un cycliste : la bicyclette est un personnage à part entière à Ferrare. Croyant à ue alternative écologique à la voiture en ville, j’ai aimé cette circulation silencieuse sans me doute que les Ferrarais n’ont pas abandonnée cette habitude  ancienne.

Le premier recueil  DANS LES MURS convie à une promenade lente, dans les rues de la ville à la rencontre de personnages modestes comme Lida Mantovani ou de notables, le médecin Elias Corcos, la militante Clelia Trotti….le rescapé des camps qui découvre son nom sur la plaque commémorative via Mazzini…Il nous introduit dans la vie provinciale, la communauté juive. Avec lui nous prêtons attention à des lieux secrets de Ferrare.

Aurais-je dû lire ces histoires avant le départ? Ou est-ce que je les goûte mieux en ayant parcouru la ville?

Si j’avais lu Bassani, j’aurais cherché sa tombe au cimetière israélite, je n’aurais pas été étonnée des jardins  entre les cimetières et les remparts. J’aurai sans doute cherché la belle propriété des Finzi-Contini. Et la découverte de Ferrare aurait tourné au pèlerinage…

Si Bassani est l’auteur de Ferrare, sa description n’est pas tant géographique : il fait vivre une époque entre fascisme et normalisation de la  vie après la seconde guerre mondiale. Sans complaisance : la communauté juive qui a subi les lois raciales de 1938 – période du Jardin des Finzi-Contini – s’était bien compromise avec le fascisme. a part la figure admirable de Clelia Trotti, les opposants à Mussolini n’étaient pas majoritaires à Ferrare dans l’avant-guerre. Les lois raciales ont mis le feu aux poudres.

 

 

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 Les Lunettes d’Or raconte la fin d’un notable, un médecin à la mode, homosexuel. Instinctivement je fais un parallèle entre l’exclusion raciale des juifs et sexuelle. Tant que le notable ne s’affichait pas, on faisait faisait mine de ne rien savoir….L’autteur s’échappe des murs de la ville. Nous prenons le train des étudiants pour Bologne, passons la belle saison à la plage à Cesenatico.

Le héron, enfin se déroule dans le delta du Pô, près de Codigoro. Roman délicat, d’une grande amertume. La guerre finie, les propriétaires terriens dans les terres bonifiées du Delta rencontrent l’opposition des communistes. Le narrateur  trouvera de fait une complicité avec un aubergiste, ancien fasciste. Désenchantement?

Bassani est un grand auteur : il recrée un monde, une société avec ses caractères mais aussi ses compromissions, son décor…L’analyse est toute en finesse et en filigrane. Peu nou pas de jugements de valeur.

 

 

Histoire de l’Italie – Catherine Brice – Tempus

LIRE POUR VOYAGER/VOYAGER POUR LIRE

un gros livre de poche  à emporter dans sa valise

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Garibaldi, Parme

Plus de 2000 ans d’histoire, de l’Empire Romain à aujourd’hui. L’Italie a une histoire complexe qu’on n’imagine pas arrivant  de France, unifiée depuis Louis XI (ou presque)…

L’Unité Italienne fête cette année ces 150 ans et nous avons eu le plaisir de partager ces commémorations à Bologne ou à Ravenne.

Notre itinéraire: Bologne-Ravenne- Ferrare- Parme se limite à une seule province : L’Emilie-Romagne. Je ne pouvais imaginer une telle diversité historique entre Ravenne, la romaine ou la byzantine, Ferrare, médiévale et Renaissance, Parme des Lumières, Napoléon puis Restauration, Bologne….

Ce livre m’a donc aidée à m’y retrouver, aussi bien dans l’évolution sociale, économique que dans les alliances politiques, entre les villes mais aussi les puissances européennes. Papauté Espagne, Autriche, France…toute l’Europe a guerroyé en Italie. Marignan 1515 n »est elle pas la date que tous les écoliers ont retenue, comme un numéro de téléphone!

Plus anecdotique, j’ai pu mettre un personnage sur les noms récurrents de Garibaldi, Cavour, Mazzini, Farini ou d’Azeglio, qui personnifient les rues des villes, tous acteurs de l’Unité Italienne. Et pour un voyageur, la logique de la toponymie est parfois d’une grande aide pratique!