Exposition Persona Grata – au Musée National de l’Immigration – Palais de la Porte Dorée

WELCOME! SOYONS HOSPITALIERS!

Persona Grata, locution latine employée en diplomatie pour signifier qu’un diplomate est agrée, le contraire de Persona non grata, expression plus usitée pour signifier qu’une personne n’est pas la bienvenue.

Persona Grata exposition sur l‘Hospitalité, se décline en deux expositions, l’une à Vitry-sur-Seine au MacVal. par laquelle commencer? les deux sont à égale distance de Créteil.

Au hasard, j’ai pris le métro vers la Porte Dorée. Avant même de pénétrer dans le Palais, j’ai fait une halte dans une sorte de dôme blanc, un peu comme un igloo ou un chapiteau de cirque. De joyeux cris s’en échappaient, portes ouvertes sur l’Atelier du Good Chance Theatre qui répétait ce qui va donner le spectacle HOPE SHOW prévu samedi 17 novembre à 16h. Des danseurs de tous âges (plutôt jeunes mais pas que) de toutes couleurs et de toutes langues tapent sur des bâtons et sont assis en rond. L’un d’eux met la musique : surprise de ma part!

C’est en hébreu Echad mi yodea traditionnel juif. De retour à la maison je trouve facilement la chorégraphie c’est celle de Ohad Naharin de la troupe israélienne Batsheva

chorégraphie très tonique, très énergique, très gaie qui rassemble sur un texte de la Haggadah de Pessah migrants et accueillants, de toutes nationalités et religions. Moi qui comprends je suis sidérée de les voir célébrer Dieu unique et toutes les bases du judaïsme. Ouverture d’esprit!

je suis très bien accueillie, on me demande seulement de ne pas prendre des photos pendant la répétition.

L’exposition Persona Grata occupe le niveau supérieur du Palais de la Porte Dorée.

Avec l’art contemporain j’ai parfois du mal à apprécier les œuvres, mais je fais des efforts (il me semble que j’ai déjà écrit cela une paire de fois!).

On est accueilli par ELDORADO de Lahouari Mohammed Baki, simplement écrit en néon comme les enseignes publicitaire dans une salle sombre. Si toutes les œuvres me portent à réfléchir, j’avoue qu’un néon publicitaire comme un monochrome noir, ou un autre tableau noir sur lequel on a peint (comme dans une carte à gratter de mon enfance) une porte fermée, ne déclenchent aucun plaisir (ni déplaisir) esthétique. Un bateau noir éclairé d’ampoule est peut être plus suggestif, comme un phare rouge en vidéo dont le pinceau lumineux tourne.

En revanche j’ai été touchée par des vidéos, celle de Koropa de Laura Henno montrant un enfant de 11 ans, enfant passeur devant « assumer » le voyage des Comores à Mayotte. On lit sa frayeur dans la nuit sur son visage. Enfant, il ne risque pas la prison, seulement d’être battu, lui explique le commandant. Autre vidéo envoûtante celle de l’albanais Ami Sala « Le Clash » où un homme déambule, une boite dans les bras, boîte à musique, devant une salle de concert désaffectée.

J’ai été assez peu sensible aux installations ou au dôme de bois entouré de verre pilé de l’égyptien Montaz Nasr.

Une salle est dédiée à la jungle de Calais : série de tableaux à l’huile peints d’après des captures d’écran par Pascale Cossigny et surtout le reportage photo de Bruno Serralongue sur le démantèlement de la Jungle . Un interview du photographe nous apprend qu’il travaille à la chambre et ne prend qu’une ou eux photos par jour. Après ma visite à l’exposition de Ron Amir, photographe israélien qui photographie également des migrants de la même manière, je m’interroge sur ces images d’artistes. Alors que nous vivons dans un univers d’images numériques prises à la va-vite avec les smartphones , il existe d’autres images, prise après réflexion, cadrage, véritable travail professionnel qui n’ont rien à voir avec nos photos-souvenirs.

 

 

Ajaccio

CARNET CORSE

Ajaccio
Ajaccio

Premières découvertes autour de la Résidence des Crêtes. Nous allons jusqu’au bout de la route à La Parata pour nous renseigner sur l’excursion aux îles Sanguinaires. Nous pensions y passer la journée. On nous dissuade : sur la grande île Mezzu Mare, il n’y a rien, pas une buvette, même pas un banc, ni de l’ombre ; si je veux faire la promenade au Sémaphore Dominique attendra en plein soleil une bonne heure jusqu’à l’arrivée du bateau suivant.

Dans la belle Maison du Grand Site on trouve des dépliants des promenades à la Pointe de la Parata. Une navette électrique conduit gratuitement les personnes mal-marchantes au restaurant.

Ajaccio : CasinoDominique me dépose à Ajaccio sur la Place Miot, non loin de la Grande Roue. Je marche le long de la mer sur le Boulevard Rossini, belle corniche bordée de hauts palmiers et de maisons décorées de stucs et frises.

Oscar Rabine – Tatiana Polischuk

A côté du casino jaunes relevé de guirlandes blanches, se trouve L’Espace Diamant, de construction moderne sans charme mais hébergeant une exposition temporaire de Oscar Rabine et Tatiana Lysak-Polischuk « Sur les chemins de la Liberté ». Oscar Rabine a eu deux carrières.

Oscar Rabine (période soviétique)

La première en URSS avec une seule et unique exposition des peintres non conformistes écrasée par des bulldozers, la seconde après 1978, après son voyage à Paris, il se trouva privé de passeport et de sa nationalité soviétique. Les tableaux peints en URSS ont une dominant très sombre, les thèmes récurrents : vodka et harengs. Pendant s période parisienne sa peinture devient plus lyrique avec du champagne. Je ne suis pas sûre d’apprécier ces tableaux très empâtés (un peu comme Soutine) très sombres.

Oscar Rabine (période parisienne)

En sortant de l’exposition dans la pénombre, sur le front de mer je suis éblouie, étonnée de la transparence de l’eau, de la blancheur de la plage, en pleine ville. Un gros bateau de croisière est arrivé, il est monstrueux.

Ajaccio

La citadelle ne se visite pas – terrain militaire.

Cathédrale d’Ajaccio

La Cathédrale est un peu en retrait. Cathédrale baroque terminée en 1597, peinte en trompe-l’œil. Le décor est 19ème . Par chance un groupe visite avec un conférencier et je glane discrètement quelques explications. Il insiste sur l’autel et le tableau « offert » par Elisa Bonaparte, provenant de Lucques (c’est-à-dire razzié comme les Bonaparte en étaient coutumiers).

chœur cathédrale Ajaccio
chœur cathédrale Ajaccio

Ce tableau sombre ne m’intéresse pas spécialement. Devant la chapelle de l’Immaculée Conception, le guide insiste sur la relation de la Corse à la Vierge. Toute tentative nationale est sous l’égide de la Vierge, le blanc du drapeau corse fati référence à l’immaculée conception, l’hymne corse Salve Regina…Puis il montre le baptistère où Napoléon a été baptisé. Partout à Ajaccio, on troue prétexte pour évoquer Napoléon ?

Maison des Bonaparte

 

A une très courte distance de là je me retrouve devant la maison natale de Napoléon. Cette Maison Bonaparte occupe un bloc entre deux rues. Presque un siècle pour que la Casa Bozzi devienne Casa Bonaparte. Pour qu’un bien immobilier reste dans une famille il fallait faire des contreparties aux filles mariées et faire entrer dans les ordres les garçons. La maison a été redécorée par Napoléon III, les peintures murales ont été redécouvertes en 2003.

chambre de l’alcove

De nombreux documents historiques sont présentés comme cette lettre de Charles Bonaparte (père de Napoléon) à Paoli.

pendule

En revanche il y a très peu de souvenir de Napoléon qui a quitté la Corse à 9ans, comme se deux ainés, il a obtenu un bourse grâce à Marbeuf pour étudier au Collège d’Autun puis à l’école militaire de Brienne. Dans la « Chambre de l’Alcôve » Bonaparte aurait dormi lors de son dernier séjour en Corse au retour de la Campagne d’Egypte. Au 1er étage quelques pièces sont meublées avec les meubles de Madame Mère ; une jolie crèche rapportée d’orient, de belles commodes. Napoléon III aurait racheté les meubles en 1860 au cours d’un voyage. Dans une petite pièce on voit la trappe qui a permis à la famille Bonaparte de quitter discrètement la Corse.

A la sortie de la Maison Bonaparte, j’arrive au Port puis au Marché Central où on trouve tous les produits alimentaires corse : charcuterie, fromages, confitures, mais aussi légumes frais et olives. C’est là que je vais trouver mon piquenique : une Bastella aux blettes et bruccio, pâte feuilletée. A Piana c’était de la pâte à pain. Pour le dessert je m’installe à la terrasse d’un glacier rue Fesch.

Musée Fesch

Je termine ma visite d’Ajaccio par le Musée Fesch installé dans un palais de taille impressionnante qui comprend le musée et également un mausolée dans la chapelle pour plusieurs membres de la famille Bonaparte. Le Cardinal Fesch, d’une richesse immense, souhaitait constituer un véritable musée s’inspirant du Musée du Louvre. Il possédait à Rome une collection de 16.000 tableaux majoritairement de la peinture italienne mais pas que. Certains retables sont de taille énorme, on passe dans les salles « caravagesques » mais sans un seul Caravage, un « d’après Preti ». Dans la « salle florentine » , une découverte pour moi : Jacopo da Empoli (1551-1640), avec des allégories qui m’ont bien plu. Dans la salle Renaissance un Botticelli se remarque tout de suite .

Allégorie de l’enfance

Dans un couloir, je vois une plaque honorant Jean Henri Fabre  qui enseigna ici les Sciences Physiques(1849-1853). Je suis sortie au bout d’une heure et demie un peu déçue. Si la quantité est au rendez-vous, les chefs d’œuvres véritables ne sont pas si nombreux. Tendant l’oreille, j’entends une guide expliquer que Fesch achetait des lots de peinture, peintures inégales à l’intérieur des lots, sans doute.

Jacopo da Empoli : maturité

Trois autobus desservent notre Résidence des Crêtes. Impossible de se tromper d’arrêt : il faut descendre à un rond -point juste après les immenses cimetières (on dirait une véritable ville, les tombes ont souvent des pignons pointus mitoyens). Je rentre assez tôt pour songer à une baignade ; la plage est située juste en dessous à 200 m du studio. Malheureusement pour se baigner il faut des chaussons pour marcher sur les rochers et comme l’eau est peu profonde j’ai peur de me racler les cuisses et les genoux en nageant, une baignade pour me rafraîchir, donc mais pas pour le sport.

Gordon Matta-Clark – anarchitecte – au Jeu de Paume

EXPOSITION TEMPORAIRE DU 05/06/18 – 23/09/2018

gordon mata aux halles

Qu’est-ce qu’un anarchitecteUn architecte anarchiste, peut-être?

Un architecte construit, l’anarchitecte déconstruirait-il?

Ou promènerait-il un regard d’architecte sur des destructions?

Chacune de ces hypothèses pourrait être vérifiée dans cette exposition.

Le commentaire propose une autre piste : un détournement d’un titre du Corbusier « vers l’architecture » Gordon Matta Clarke s’inquiétait de la façon dont les utopies de l’architecture moderne laissaient de côté le citoyen lambda.

 

Dans l’oeil d’artiste sur les destructions ces Wallpapers (1973) : GMC photographie des immeubles abandonnés du Bronx , murs intérieurs ayant gardé leurs papier peints ou des installations sanitaires, il utilise ses photos pour faire un véritable mur de photo. Se promenant dans les décombres il photographie des découpes de planchers. Il faut être architecte pour être sensibles à des structures à travers des ruines et les partager avec des spectateurs moins avertis. 

Pour les déconstructions, GMC a pratiqué des découpes dans d’immenses halles  sur un quai effondré de la rivière Hudson, il a offert aux habitants un accès à l’eau dans un « temple du soleil et de l’eau ». Le site fut rapidement fermé. L’exposition montre des photos de ce Day’s End (1975)

Déconstruction que ce Conical Intersection (1975) : découpe d’un vieil immeuble en face du chantier de construction du Centre Pompidou cherchant à pratiquer une lentille à travers l’ancien Paris des Halles pour voir le chantier du futur musée. Il a filmé cette démolition selon une découpe savante.

Cette exposition montre surtout des photos et des vidéos, quelques réalisation physiques, mais peu. Elle pratique des ouvertures, dans les maisons anciennes, les friches industrielles mais aussi dans l’esprit du spectateur.

A voir!!!

 

Naxos -Tour Bazeos – Exposition du Festival de Naxos

CARNET DES CYCLADES – NAXOS

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Tour Bazeos

La Tour Bazeos est située après Halki sur la route d’Agiassos. L’édifice carré se voit de loin.

Elle est encore ouverte à 16h45 ?

Construit vers 1600, le Monastère Sainte Croix (Timios Stavros) fortifié, d’architecture vénitienne, impressionnant.  Abandonné par les moines en 1834, racheté à l’Etat Grec par la famille Bazeos qui l’a restauré vers 1990.  il accueille le Festival de Naxos.

Dans le cadre du Festival de Naxos, une exposition se tient du 27 mai 2018 au 27 septembre 2018. Cinq plasticiens inspirés par Naxos ont investi la Tour pour une installation intéressante en parfaite harmonie avec le monument.

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Tour BazeosLes artistes :

  • WD -Wild-Drawing vit à Athènes et vient du Street-Art, Patricia Garcia Gomez (USA) photographe, vidéaste s’est intéressée aux sons et « invite les gens à écouter le monde »,
  • Lisa Marie Kaftori (USA) se définit comme sculptrice, sociale et artiste écologique,
  • Aris Marakis (Italie)est un sculpteur qui explore la sculpture et le son en créant des « vasophones » produisant des sons d’après l’intraction entre la forme et les vibrations, il vit entre Pavie, Milan et Naxos.
  • Laurent Reynes (Franceà mélange les Arts Plastiques et l’Architecture, combine peinture et sculpture s’inspirant de l’architecture et du paysage.

L’installation

vasophone : Notos
aerophone : Notos

Sur le mur en face de la tour on est accueilli par les aérides : les trois vents Notos, Boreas et zephyrus perchés sur le mur face à la tour sont des vasophones. Boreas aurait dû vibrer aujourd’hui peut être lui faut-il plus que la « Jolie Brise » pour produire un son perceptible.

temple des dieux oubliés

Le travail de Laurent Reynes occupe la pièce d’entrée dans la tour. J’aime beaucoup ses temples aux dieux oubliés,. Alors que les dieux de l’Olympe ont leurs sanctuaires, certains « dieux » – héros de notre culture n’ont pas d’édifice qui leur serait dédié. Reynes a donc construit trois maquettes en belles plaques de marbre blanc en l’honneur de Sisyphe, Ulysse et Ictinos (l’architecte du Parthénon). Volumes élégants, matière séduisante (marbre blanc de Naxos). L’ensemble est coloré par le Diptyque de Naxos : deux tableaux dans les bleus et les verts évoquant la mer, les algues, les poissons. J’ai moins aimé la seconde installation à l’étage : l’artiste a suspendu des galets par des fils de nylon aux poutres du plafond.  quoique le texte les accompagnant m’a bien intéressée.

Diptyque de Naxos

Aerials

Les pierres voyagent dans le temps et l’espace. L’érosion les déplace, modifie leur aspect physique, les pousse à aller plus loin [….]

La forme et l’histoire des cailloux contiennent notre terre et plus que cela encore

Ghost of Medusa

A ‘arrière des temples aux dieux oubliés, une pièce aveugle est occupée par Ghost of Medusa de Collin Mura-Smith (USA) : un bateau blanc repose sur un océan de bouteilles d’eau dans la pénombre. L’installation est sonorisée par la vidéo de Patricia Garcia Gomez, bruits de vagues accompagnant trois images de vagues et de baigneurs. Un accompagnement très planant pour ce fantôme blanc.

Le travail de Lisa Marie Kaftori  Winged Word s’inspire de la calligraphie

Des sortes de calligrammes sont gravés sur des plaques de marbre blanc

Winged words

Words

Fly

Fly

La Foret Naxienne de Patricia Garcia Gomez est accompagnée par une vidéo. Cette « foret » sèche est composée d’épineux, de chardons, une vieille porte et des débris de jarre cassée l’accompagnent. Mon impression de Naxos est beaucoup plus verte. Ceci correspond peut-être à une saison plus tardive et desséchée.

Forêt naxienne

La visite se termine au deuxième étage dans une grande salle exposant les tableaux très colorés de WD que je n’ai pas beaucoup apprécié en dehors de la photo prise à Alyko.

WD – Street-Art à Alyko
WD Street art à Aliko

Sophie Calle et son Invitée Serena Carone au Musée de la Chasse

PARIS EN EXPOS


Je ne serais jamais  allée au Musée de la Chasse (rue des Archives dans le Marais) devant lequel je suis passée maintes fois si Anne ne me l’avais pas proposé. Je n’aime pas la chasse, ni les armes. Les animaux empaillés me mettent mal à l’aise et les trophées de chasse encore plus. Je n’aurais pas été à une exposition de Sophie Calle, cela devient un refrain dans mon blog, j’ai du mal avec les installations surtout quand il s’agit de chasse au mec que je ne pratique pas du tout!





Réflexion sur la
 mort, la mort de son père, de sa mère et paradoxalement de son chat souris. A la mort de son père, Sophie Calle se trouve en panne d’idée. Son père était un amateur d’Art, créait-elle pour le séduire? Plus loin dans l’expo, encadrée par Serena Carone : une anecdote Sophie atterrit chez le psychanalyste : « vous faites tout ce que votre père demande? »

La mort de ses amis? »que faites vous de vos amis morts? » demande-t-elle? Etrangement cette question est illustrée par des animaux empaillés, chacun de ses animaux naturalisés porte le nom d’un de ses amis….


Sa propre mort et son tombeau : Serena Carone a sculpté la gisante qui doit être le tombeau de Sophie Calle, entourée de ses animaux empaillés. 


Sophie Calle a mis en scène sa vie à travers les salles d’exposition permanente du musée. Cela rend la promenade très ludique et plaisante. Il s’agit d’une sorte de chasse au trésor parmi les tableaux, les collections d’armes, les trophées, pour trouver ce que Sophie Calle ou sa complice Serena Carone ont ajouté. Sculptures pour Séréna Carone parfois discrètes parfois monumentales, une très belle fontaine, femme qui pleure.

 . Textes encadrés racontant des épisodes pour le moins étranges dans la vie de Sophie Calle, parfois accompagnés d’objets lui appartenant comme sa literie qu’elle a fait parvenir à un américain souhaitant dormir dans son lit (elle y a invité des inconnus pour une oeuvre antérieure). On comprend que la chasse de Sophie Calle c’est la chasse à l’homme (dans le sens sexuel). Etrange série d’assiette le porc avec une résonance très actuelle; Sophie Calle est chasseuse et non pas gibier!



Au dernier étage trois  expositions de Chasse à l’Homme celle vénitienne de sa poursuite photographique d’un homme à travers les rues de Venise.  Une autre, très écrite avec la transcription de petites annonces matrimoniales du Chasseur Français (on est au Musée de la Chasse) puis beaucoup plus moderne drague géolocalisée sur téléphone mobile.  Enfin une série de photographie : Chasse à l’espère, chasse à l’affût, ou ele a photographié différents bancs, sièges, qui servent d’affût légendés avec des recherches de personnes rencontrées dans les trains, ou métros comme on les lisait (lit?) dans Libé. 

Je ne regrette pas cette visite. S’il y a une chasse que j’essaie de pratiquer c’est bien celle des préjugés. Et si l’art a un but (je n’en suis pas si sûre que cela) c’est bien de nous ouvrir l’esprit et de nous éclairer. Je suis sortie un peu moins bête du musée que quand j’y suis entrée. Et j’ai passé un bon moment en très bonne compagnie.

Voyage d’hiver dans les bosquets de Versailles

TOURISTE DANS MA VILLE

Le voyage d’hiver me parle de Schubert!

La belle photo des perles d’Othoniel dans le blog d’Aifelle m’a donné envie d’aller me promener dans les jardins du Château de Versailles.

Météo tristounette, ciel couvert, automnal, presque hivernal. C’est l’or des feuilles qui éclaire le paysage – et j’espère – les photos.

Parcours d’artistes contemporains. Pour l’art contemporain, je fais de gros efforts. parfois, je suis récompensée. Parcours ludique, jeu de piste pour adultes. Les installations sont numérotées. Munie d’un plan, je cherche les bosquets. Au début j’ai du mal à m’orienter. Parcours labyrinthique.

bosquet de l’arc de triomphe

Le Bosquet de l’Arc de triomphe n’a pas d’arc mais un groupe de métal doré soutenant un dieu, ou le Roi sur un trône. La plasticienne Marguerite Humeau a installé un sphinx en hauteur derrière des plantations de graminées et d’arbustes aux troncs colorés. C’est joli mais je préfère les statues anciennes

Sphinx Otto protecting from Humanskind

L’installation suivante se trouve dans le Bosquet des Trois Fontaines. J’aime beaucoup ce bosquet installé sur une pente où deux grandes vasques en haut et en bas et deux petites au milieu sont entourées de rocailles, vrais coquillages, ormeaux nacrés et conques, des reliefs contournés me font penser aux châteaux de sables , rocailles arrondies….Les sculptures de David Altmejd, ne m’ont pas convaincue, surtout l’homme à tête de chien aux ventre-géode et aux boutons dans le dos.

Bosquet des trois fontaines Le souffle

J’ai adoré le Bosquet des bains d’Apollon WE GAVE A PARTY FOR THE GODS AND THE GODS ALL CAME de John Giorno.

les Bains d’Apollon WE GAVE A PARTY FOR THE GODS AND THE GODS ALL CAME LET IT COME LET IT GO

Le plasticien s’est il contenté de rajouter un rocher avec ce texte en lettres capitales? L’intention d’Hubert Robert (1778-1781) est séduisante. Dans la grotte de Théthys, un groupe de dieux ou nymphe festoie. Les chevaux du soleil  ne sont pas visibles. La première grotte de Thétys détruite en 1684 inspira Jean de La Fontaine :

Quand le Soleil est las et a fait sa tâche

Il descend chez Thétys et prend quelque relâche

C’est ainsi que Louis va se délasser.

D’un soin de chaque jour il faut recommencer

Dans le Bosquet du Dauphin, L’installation de Dominique Petitgand TOUT EST BOULEVERSE est sonore, comme le souffleur de feuille sévit dans le coin, ce n’est pas du tout convainquant!

 

Bosquet de l’Obélisque Jean Marie Appriou a installé 4 statues représentant les 4 saisons. De loin, j’avais pris le gros animal balourd pour un dinosaure, en m’approchant, pour le Dodo, finalement c’est un signe balourd. En face, une taupe surgit du sol, idée amusante:

taupe

Le Bosquet de l’Encelade est un de mes préférés, Titan qui s’est mesuré à Jupiter est à moitié enseveli sous des rochers, ou la lave de l’Etna. L’ajout moderne de totem de céramique colorée ne se remarque même pas. En revanche tout autour, les topiaires, la galerie en treillage est très élégante.

Titan enseveli dans les laves de l’Etna

Le Soleil, d‘Ugo Rondinone , cercle doré qui termine la perspective et s’ouvre sur le grand canal, est très réussi.

J’aurais aimé aller à la place des deux touristes pour prendre en photo le Char d’Apollon  et, au fond, le château, il est déjà midi, je n’ai vu qu’un côté de l’exposition. Je ne fais pas le détour

Char d’Apollon

Au retour j’ai un coup de cœur pour le Bosquet de la colonnade,

bosquet de la colonnade : PROSERPINE ‘S CHRYSALIDE

Je me perds dans le chemin du Labyrinthe, je n’ai pas  vu les perles d’Othonniel que j’attendais (elles ne sont pas sur mon plan. Autre exposition?

Je me promets de revenir ‘été quand les jets d’eaux, les cascades et les grandes eaux magnifient les bosquets. Cette promenade hivernale a bien du charme, ma foi!

Ploumanac’h – parc des sculptures et tour de l’Île-Grande

CARNET DU TREGOR 

le tailleur de pierre
le repos du tailleur

Crachin annoncé.  A la maison des Traouièro, il y a une exposition de peinture. Pourquoi pas ?

Nous arrivons à 10h30, le vernissage est à 14h, trop tôt !

l'angkou
l’angkou

Visitons le  Parc des sculptures sous une belle averse avec des apparitions du soleil. Les sculptures de granite sont bien mises en valeur avec de petites bornes explicatives. J’aime qu’une œuvre raconte une histoire. Un homme affalé semble épuisé : c’est le repos du tailleur de Daniel Chhe.

la légende de la ville d'Ys
la légende de la ville d’Ys

Deux statues de granite rose forme une seule œuvre Patrick Le Guen  : Dahud  qui raconte la légende de la Ville d’Ys – la fille du roi Gradlon ayant dérobé les clés de la ville pour les donner à son amoureux a causé la perte de la ville : on devine la serrure et la jeune femme . Au fond, sinistre l’Angkou tout en rugosité, on devine les traces de barre à mine donnant l’impression de squelette.

sclomo
Shlomo Selinger

Un bas relief original est l’œuvre de Shlomo Selinger, cette sculpture représentant le combat de l’homme contre les forces supérieures de la nature.

A travers ces lèvres....
A travers ces lèvres….

Comme deux lèvres légèrement entrouvertes, dans un granite très poli : « J’espère trouver le temps de réfléchir sur ma vie en regardant le paysage à travers la fissure » Tatsumi Sakaï. Un Homme de Granite de Pierre Szekely associe différents granites, il me plait bien.

L'homme de granite
L’homme de granite

J’aime bien les parcs de sculptures que nous avons surtout vus en Europe de l’Est, Hongrie, Lituanie.. le parc de Ploumanac’h est un parc du granite presque toutes les sculptures utilisent le granite rose de la Clarté, des carrières toutes proches. Ce matériau d’une dureté et d’une cohérence exceptionnelle peut être soit rugueux, soit poli. Le mélange de surfaces lisses ou mattes. Les traces de barres à mines ou de masse donnent du caractère à l’œuvre.

vu du sentier des douaniers
vu du sentier des douaniers

Promenade sur le sentier des douaniers juste après l’averse et avons la chance de le trouver presque désert sous une lumière douce du soleil qui émerge des nuages pommelés. Les rochers ont une couleur intense presque brune, orange. La mer est haute, d’une couleur opaline sous le ciel nuageux. Miracle de la lumière après la pluie. Notre solitude ne durera pas. Les promeneurs sont vite revenus.

Nous avons déjeuné sur la table de jardin de notre terrasse au soleil.

LÎle-grande son tailleur de pierre granite gris

Dès que nous partons à l’Ile Grande de vilains nuages gris foncé obscurcissent le ciel. J’en  ferai le tour à pas vifs. La côte regardant la mer est la plus belle battue par de belles vagues. Une ancienne carrière de granite gris que le centre de la LPO a utilisé pour faire un bassin abritant les animaux qu’on leur a confié pour des soins. Le centre est fermé, ouvert seulement de mai à septembre aux visiteurs.

 

Lisbonne (3) musée des azulejos

CARNET PORTUGAIS 

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Googlemaps  a fourni l’itinéraire : autobus 759 sur la place du Rossio.

Le Musée est dans le couvent de Madre de Deus dans un quartier industriel. Comme c’est trop tôt, je prends un café au comptoir d’un bistro très prolo 0.60€. Pusi on attends l’ouverture dans la cour fleurie. Des Althéas  fleurissent rose et leur pistil est grand comme celui d’un hibiscus.

Nous avions déjà visité ce musée et acheté le catalogue. Cette nouvelle visite est un plaisir renouvelé.

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Les salles d’exposition sont réparties autour d’un patio d’une simplicité monacale. Le parcours est chronologique et très didactique il y a aussi un parcours tactile pour non-voyants. Les premiers azulejos sont maures. Les plus anciens son 13ème . J’ai du mal à distinguer les motifs maures des motifs gothiques. Les carreaux Renaissance sont plus élaborés, les lignes sont plus courbes, il y a plus de fruits ou de fleur. On cite une commande du Duc de Bragance en 1558 d’azulejos italo-flamand-maniéristes.

La production d’Azulejos ne commence à Lisbonne qu’au 16ème siècle.   Deux versions coexistent : grandes scènes historiées et carreaux répétitifs formant une « tapisserie ». Un magnifique retable polychrome 1580 occupe tout un mur ; Les motifs des « tapisseries » sont variés : ceux à la « pointe de diamant » peuvent avoir un carré au centre, ou une pyramide ou un ovale. (vu à Tomar à la chapelle)

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Au 17ème siècle l’Eglise était le principal commanditaire d’azulejos pour couvrir l’intérieur des églises. D’autres motifs sont floraux : camélias ou acanthes, d’autres religieux comme les coquilles saint Jacques ou les croix de Malte. Les azulejos évoluent sous des inspirations sont asiatiques, chinoises ou indiennes, paons et animaux exotiques sont représentés ainsi que dees éléphants ou des pagodes.

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L’église de Madre de Deus est très riche en dorures et tableaux. Comme notre visite est centrée sur les azulejos je les néglige. Le bas des murs est habillés de carreaux bleu et blancs de deux artistes flamands Willem van der Kloet (1666-1747) et Jan Van Qort . Flandre, bleu et blanc, chercher une piste du côté de Delft ? Les scènes sont bucoliques, la présence de crocodiles est étrange

Un petit cloître sur deux étages, bordé de fines colonnettes est « tapissé » de carrelage. A l’étage on retrouve motifs manuélins de cordages et feuillages.

 chasse au léopard
chasse au léopard

La visite continue à l’étage : trois tableaux colorés ont des sujets mythologiques « Neptune et Amphitrite » ou profanes.  Une « chasse au Léopard » m’a amusée ; se déroule-t-elle en Afrique en Amérique ou en Asie ? Des indiens sont nus avec des pagnes en feuilles, armés de lances, les léopards occupent une grande partie de l’espace. L’un deux se mire dans une glace trouvée dans un coffre ouvert, abandonné. Le tableau le plus burlesque est « le mariage de la Poule ». la Poule arrive dans un carrosse tandis que les singes viennent d’un autre angle dans une charrette, portant des instruments de musique ou chevauchant des chevaux. Le décor est oriental avec de nombreuses tours , minarets ou clochetons .

mariage de la poule
mariage de la poule

D’autres sujets sont plus classiques comme « La Bataille d’Alexandre au Granique contre les Perses ». autre burlesque : un médecin administre un clystère.

Au 18ème siècle, les scènes sont le plus souvent bleues et blanc parfois incluses dans une frise colorée dans les tons de jaune brun ou rose : scènes de la vie quotidienne racontant celle d’un chapelier.

18ème siècle
18ème siècle

A l’étage on voit le « panoramique de Lisbonne » qui montre la ville avant le séisme de 1755. La tour de Belem est bien reconnaissable ainsi que le monastère dos Jeronimos. Entourées par des murs, des quintas, des palais sont dispersés dans la campagne. Un grand palais occupe la Place du commerce. Les collines du château et de l’Alfama, en revanche sont construites. En face du panoramique « Lisbonne aux mille couleurs » a été réalisée pour l’Exposition de Paris e 1937 par Paolo Ferreira (1911-1999).

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Si le 19ème siècle m’intéresse moins, je me rappelle les azulejos des Gares de chemin de fer.

En revanche les œuvres du  20ème siècle sont bien représentées. Sous le titre « Réinterpréter les traditions » plusieurs séries de carreaux dessinés par Alvaro Siza Veira sont très intéressantes. Nous avons aussi aimé un  panneau de Querubim Lapa (pavillon du Portugal exposition de Lausanne 1957 et une composition 1991 sur un fond rosé rythmé par des carreaux en parallélogramme, un renard et un chat ( ?) se lancent une balle. Sorti du cadre il y a aussi une maison et un bateau.

Pour finir, une exposition temporaire est consacrée au design d’Alvero Siza Veira.

Le restaurant est installé dans le patio sous des bâches vertes. Au fond u n bassin carré et une vasque sont peuplés de poissons rouges. Nous choisissons d’y déjeuner. 9.5€ Bacalau au four et miettes de pains de maïs . Les miettes- de la chapelure – recouvrent le poisson qui s’effeuille. Sur le poisson on a disposé des oignons en rondelles, et en dessous des épinards en branches. Quatre pommes de terres dans leur peau craquante ont cuit avec le poisson. C’est délicieux et abondant. 2€ une soupe à la coriandre et à la crème, très fine. Et 6.5€ une quiche de légumes  accompagnée de salades.

C’est un peu cher dans les standards portugais mais c’est excellent et surtout le cadre est parfait.

Alcobaça – la Reine morte et installation de Cristina Rodrigues

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Eglise d'Alcobaça
Eglise d’Alcobaça

Le monastère occupe tout un côté d’une vaste place, la façade baroque de l’église est encadrée par de très longs bâtiments sobres.

Passé le porche surchargé de décors, dépassés les grandes silhouette de Saint Bernard et de Saint Benoît, on entre dans un monastère cistercien, donc dépouillé. La nef de l’église est haute. Les arcs brisés annoncent le gothique mais on n’a pas ouvert les verrières qui éclairent les cathédrales gothiques. Les chapiteaux sont romans. Il faut se dépêcher de visiter l’église, la Messe va bientôt commencer et on chassera les touristes.

Le tombeau de Dom Pedro
Le tombeau de Dom Pedro

Les tombeaux d’Inès de Castro et de Dom Pedro se font face dans le transept. Ce sont les protagonistes de la pièce de Montherlant, la Reine Morte. Dom Pedro ; fils du roi Afonso V, marié à l’infante d’Espagne Constança, tomba amoureux d’Inès, la suivante de l’Infant, Inès de Castro. Afonso V éloigna Inès. A la mort de Constança, Pedro alla vivre avec Inès à Coimbra. Afonso fit assassiner Inès et Pedro se rebella contre son père. A la mort du roi Afonso, Pedro, révela son mariage secret, fit exhumer Inès, la couvrit de pourpre et la couronna. Il contraignit les nobles de la cour de baiser la main de la reine morte et fit arracher le cœur de ses meurtriers.

Baldaquin dans la salle des Rois : Christina Rodrigues
Baldaquin dans la salle des Rois : Cristina Rodrigues

Cette histoire – macabre – donne un éclairage particulier à la visite. C’est aussi le fil rouge pour une autre visite : celle de l’installation de la plasticienne Cristina Rodrigues dans les murs du monastère. Je suis souvent sceptique à propos de ces installations dans des lieux prestigieux. Parfois le cadre magnifie une sculpture quelconque, parfois il la ridiculise comme à Blandy- les- Tours, j’avais accouru sur le conseil de Télérama pour voir quelques bouts de ferraille. Le travail de Cristina Rodrigues m’a beaucoup intéressée. J’y ai prêté autant d’attention qu’au monument lui-même.

Dans la Salle des Rois, un baldaquin de pompons bleus, blancs et jaunes ; de lacets et de galons de dentelle rayonnaient d’une couronne centrale figurant la royauté. Autour de la salle, les rois du Portugal, en statue grandeur nature, se tiennent debout et racontent l’histoire de  Portugal. En dessous des azulejos 18ème siècle, racontent la bataille de Santarem gagnée par Afonso 1er en 1147 qui fit appel à Bernard de Cîteaux. On voit les moines mesurer les futures fondations du monastère.

dans le cloître : les raisins de la colère
dans le cloître : les vignes de la colère

Le cloître de Dinis ou cloitre du silence est planté de quelques orangers dans des carrés limités par des buis, mais son aspect général est plutôt minéral. En son centre, la plasticienne a disposé une sculpture faite avec des bouteilles à l’envers sur une sorte d’égouttoir et l’a titrée Les vignes de la colère. Quelle colère ? Celle de Dom Pedro contre son père après l’assassinat d’Inès ? Je l’imagine puisque je lie l’installation à l’histoire de la Reine Morte.

chimère romane
chimère romane

Le cloître est bordé d’arcades avec des chapiteaux romans figurant des végétaux et un besstiaie de dragons et chimère. Les chapiteaux romans me touchent.

Dans la Salle Capitulaire se trouvent de grandes statues de terracotta, des anges musiciens.

cuisine
cuisine

Les cuisines sont impressionnantes par leurs dimensions, la hauteur des cheminées carrelées qui font des hottes gigantesques au dessus de la rôtisserie. Combien de bœufs pouvaient tourner à la broche ? Les éviers ont la taille d’une grande baignoire de pierre. Leurs robinets sont des têtes à taille réelle. Le bruit de l’eau est très présent : on a détourné une rivière pour que le monastère puisse boire et cuisiner.

coeurs blancs
coeurs blancs

C’est ici que l’installation est la plus frappante : dans la rôtisserie, sur des tringles sont alignés des sachets de plastique transparents alternant avec des rubans blancs. Le contenu du sachet n’est pas évident à première vue. Je pense à des gargoulettes de céramique blanche. Intriguée, je regarde mieux et découvre des tuyaux à la partie supérieure. Un doute m’effleure : on dirait des cœurs avec les veines et les artères. Le doute est levé quand je découvre une rangée de ces vases en céramique noire accompagnés de rubans rouges posés sur la grande table de pierre. D’autres sont suspendus au dessus de la fontaine. Ce sont bien des cœurs. Equivoque cuisine qui embroche des cœurs ! Me vient l’image de Dom Pedro arrachant les cœurs des assassins d’Inès. Cœurs noirs  et cœurs blancs. Cœur symbolisant l’amour des royaux amants. Le titre de l’installation est parlant : Os amantes !

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Le Réfectoire est dans la pénombre, les moines y dinaient en silence, écoutant la lecture des Saintes Ecritures.  La plasticienne y a dispersé six chandeliers laqués soit de noir soit de blanc. En place des cierges elle y a suspendu des chaines dorées qui scintillent où sont accrochés des bijoux de filigrane. Couchés dur les socles, des angelots, putti, ou bébés batifolent avec des feuilles de vigne, des grappes de raison, bébé laqués de noir ou de blanc.

Dans le Dortoir, à l’étage, la plasticienne a placé des sièges formant un U. Au pied de chaque chaise, se trouvent des pieds en résine noire, des chausses creuses. Chaque chaise est enrubannée, double de crépon. Sur certaines elle a déposé de petits paquets. Scène plus difficile à interpréter. Elle m’évoque un tribunal (rien ne le prouve). Les assassins d’Inès seraient ils jugés ici. A moins que ce soit ici que dom Pedro ait réuni la Cour pour prêter hommage à la Reine Mort.

Bien sûr, ces interprétations sont entièrement personnelles. En dehors des titres, rien n’est explicité. Et tant mieux !

Nous continuons la visite et découvrons par hasard le Cloître des Novices(ou des évêques) ecore plus vaste que le premier, classique et austère (fin 16ème – 17ème ) planté de rosiers dans des carrés de buis.

La plasticienne m’a guidée dans cette visite. J’aurais aussi bien pu emprunter l’audioguide et m’intéresser plus à la vie des moines ou aux aspects historiques. Tout est dans les guides, inutile de les recopier.

Fondation Serralves musée d’Art Contemporain

CARNET PORTUGAIS

Musée d'Art contemporain
Musée d’Art contemporain

10h30 – nous quittons sans un regret notre chambre de l’hôtel Istay. Le gardien du parking nous conseille de suivre la signalisation Boavista ; je me repère un peu mieux sur le plan dans les embouteillages de la Place Batalha puis dans les rues qui contournent le marché Bolhao. Autres repères : la Casa de Musica et l’immense place ronde avec son gigantesque monument aux guerres napoléoniennes avec l’aigle et le lion perchés sur une haute colonne.

Le quartier traversé par Boavista est très différent du Centre Historique, construit de grand immeubles, d’hôtels modernes, puis de très belles maisons à mesure qu’on va vers la mer. On quitte Boavista à un rond point portant une belle sculpture moderne pour arriver à la Fondation de Serralves- Museu de Arte contemporain qui se trouve dans  un parc dessiné dans les années 1930 autour de la Maison Serralves, rose, Art déco résultat de la collaboration de décorateurs français Lalique, Brandt et Ruhlmann. Les arbres sont magnifiques. Le parc mérite à lui seul la visite : sa roseraie, son jardin de camélias,  les jets d’eau des bassins turquoises qui s’étagent, l’allée des liquidambars et les différents bosquets. Des statues sont dispersées dans les jardins : un énorme plantoir rouge qui n’est pas très convainquant, un jeu de glaces et de miroirs cachés dans les frondaisons m’a plus intéressée (sans plus). J’ai donné rendez vous à Dominique près de la Baigneuse de Maillol avant d’entreprendre la visite du Musée d’Art contemporain.

visite du Musée d’Art contemporain

J’ai beaucoup de mal avec  l’art contemporain. Pourtant j’essaie, je tente, je persévère. Persuadée que l’œil s’éduque, que le regard s’affine, qu’il me faut me familiariser avec de nouveaux codes, de nouvelles technologies, j’arrive toujours pleine d’enthousiasme. Parfois j’éprouve du plaisir, parfois non. Quelques fois, je sors irritée persuadée qu’on prend le spectateur pour un imbécile – foutage de gueule prétentieux.

Ce Musée d’Art contemporain de Porto a de nombreux points communs avec le MacVal de Vitry  – une architecture intégrée dans la verdure, de longues salles blanches bénéficiant de l’éclairage naturel par de grandes baies, de hautes salles aveugles pour des projections vidéos ou numériques. Beaucoup d’espace, peu d’œuvres, très éclectiques.

Au Macval j’avais apprécié Ange Leccia dont les projections procèdent de la même technique avec les vidéoprojecteurs. Je m’étais installée pour être au centre de l’installation.

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Ici, l’installation est déplaisante. Je suis accueillie par un concert de sons discordants à plein volume, carrément agressée. Je n’ai aucune envie de me poser et de me laisser entourer par toutes les projections sur les murs. L’art a-t-il vocation à être agréable ? Où à faire réfléchir ? On croirait une mauvaise copie de philo. Le sujet prête plus à réflexion qu’au plaisir. Le titre « sous les nuages » est équivoque. Le sous-titre : « sous le nuage du champignon atomique ou sous le cloud digital » explique la débauche de violence bombardée par une armada de vidéoprojecteurs dont les fils s’entrecroisent, on ne s’est même pas donné la peine de les cacher !

Dans les salles suivantes les œuvres sont variées. Je découvre un groupe d’artistes des années 50 qui se présentait lui-même comme « atomique » était-ce alors positif ou négatif ?

Une vidéo montre des tirs ciblés : « la guerre doit être précise pour être économique » peut-on lire en sous-titre d’une vidéo où un homme traverse un patio ; entouré par un lasso numérique. On dirait un film publicitaire d’un marchand d’armes.

Heureusement il existe aussi des installations plaisantes. Deux personnages à silhouette de play-mobiles cherchent à nouer une relation et cherchent un sujet de conversation. L’un d’eux propose de visionner 8 ½ de Fellini. On assiste à une séquence très étrange où Mastroianni, cinéaste, se suicide pendant une conférence de presse.

Je parcours à grands pas cette exposition, curieuse mais peu désireuse de m’y attarder.

Le thème suivant « Un Musée peut-il être un jardin »  est plus prometteur. Le visiteur y est accueilli par des cris des animaux de la jungle, singes et oiseaux.  Un long couloir blanc mène à une salle où les baies vitrées laissent le parc entrer dans l’espace.  Au milieu de la pièce un massif de plantes tropicales en plastique complètent l’effet. Les tableaux exposés aux murs sont colorés ; agréables à l’œil.

Je suis pressée, j’ai rendez vous à la statue de Maillol . Plutôt qu’un jardin-musée, je préfère un vrai jardin, surtout aujourd’hui par cette belle journée ensoleillée et fraîche.

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La roseraie est malade : les buis sont en piteux état. Le coupable n’est pas la pyrale comme chez nous mai un champignon. Les roses ne sont pas à leur avantage au milieu des bordures de buis desséchées.

A travers le parc je rejoins le grand pavillon rose Art déco où une exposition « le salon marocain » m’attire. Il y a surtout des photos 50×50 d’un intérêt variable, des jouets d’enfants, des fossiles, des feuilles de palmier tressées. La belle salle de bain en  marbre rose et aux grilles de fer forgé me plait plus que cette exposition.

Déjeuner sur la plage

Boavista continue vers la mer jusqu’à Matosinhos à l’embouchure du Douro. Les immeubles en bord de plage ne sont guère engageants mais la plage de sable est belle. Vent frais et drapeau jaune, peu de baigneurs vont à l’eau, plutôt des surfeurs et amateurs de paddle. Le beau  restaurant de plage en face du port de Leixoes  sert un agréable déjeuner : poisson en beignet accompagné d’une macédoine de légumes frais très réussie (en général c’est de la conserve).  Les pommes de terre ont bon goût et les pois sont frais, la sauce agréable. Nous célébrons le début des vacances et nos retrouvailles avec l’océan. Pour terminer, promenade rituelle les pieds dans l’eau.

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