Merci d’abord à Nathalie qui m’a donné envie de faire cette visite!
Paul Landowski : le Pavois
Tout proche de Paris, accessible par le métro (Jean Jaurès ou Marcel Sembat) , bus 52, 72, 123, à côté de l’Hôtel de Ville de Boulogne, dans un quartier animé, le Musée des Années Trenteou Médiathèque Landowski, est logé sur 4 étages desservis par un ascenseur.
Paul Landowski maquette du Temple de l’Homme
Paul Landowski (1875 – 1961) est un sculpteur de renom qui a fait le Christ de Corcovado à Rio, la Statue de Sainte Geneviève sur le pont sur la Seine, de nombreux monuments aux morts et statues. Plusieurs statues et maquettes d’un Temple de l’Homme monumental sont présentées dans « musée Landowski ». Honnêtement, je n’ai pas été séduite par cet art officiel même si certaines comme cette fontaine de la porte de Saint Cloud me plait bien
Fontaine de la Porte de Saint Cloud
Nous avons commencé la visite par l’exposition
l’Art Déco, un Art de Vivre -Le paquebot Île-de-France
Affiche
qui reconstitue avec des photos et des objets le décor de ce paquebot luxueux. Les gouaches de Mathurin Méheut et les dessins d’Yvonne Jean-Haffen ont retenu mon attention
gouache Mathurin MeheutYvonne Jean Haffen : mâts, canots, cheminées
Nettement plus intéressante que cette exposition anecdotique la section Années Trente qui présente des maquettes d’architectes comme Le Corbusier ou Mallet-Stevens qui ont construit des maisons et villas à Boulogne . Il existe un parcours architectural des années 30 dans Boulogne et j’ai bien envie de le suivre. Architecture mais aussi design avec des meubles : paravents en verre et métal de toute beauté, vases, mais aussi chaise-longue en métal chromé et sandows très audacieux et toute une chambre en tôle peinte en rouge…
Une section est consacrée à l‘Art Colonial souvent coloré et plaisant à l’oeil
Il y a aussi des tableaux religieux, entre autres Maurice Denis.
Connaissez-vous Jean-Jacques Lequeu? Je le découvre dans cette exposition.
Présentation dans l’entrée peinte en bleu canard, différents portraits, autoportraits et études de personnages grimaçants.
Lequeu : Autoportrait à l’aâge de 36 ans
Natif de Rouen(1757), il fit des études de dessin 1770-1773 , s’installe à paris et travaille avec Soufflot. 1790-1793 : employé-chef des ateliers du Faubourg Saint Antoine, il dessine les plans de la Fête de la Fédération au Champ de Mars. 1793-1815 employé au bureaux du Cadastre en qualité de dessinateur.
Le borgne grimacier
C’est un dessinateur hors pair. Ces études de visages grimaçants signale une personnalité originale.
Le Grand bailleur
C’est surtout un dessinateur d’architecture qui a travaillé avec Soufflot et a collaboré à la construction de Sainte Geneviève ou de Saint Sulpice à Paris et d’autres églises à Marseille ou Rouen. Il a travaillé à l‘Hôtel de Montholon pour des intérieurs trèssophistiqués
Hôtel de Montholon
Il déploie le même soin pour des bâtiments de prestige que pour le dessin de simples instruments comme des pompes. Il imagine des théâtres des chapelles, un temple dédié au soleil
Chapelle dédiée au soleil
Dans la même verve fantastique on a exposé le dessin de Ledoux – architecte contemporain de Lequeu – représentant le théâtre de Besançon dans l’oeil du spectateur
Ledoux : théâtre de Besançon
La section de l’exposition intitulée Jardin Secret rassemble des projets d’un jardin idéal. Dans la deuxième partie du 18ème siècle, l’aristocratie s’est lassée des jardins à la française pour leur préférer des jardins anglais avec de véritables tableaux et des fabriques. Toute l’imagination de Lequeu s’est déployée dans les dessins de bosquets mythologiques tirés des Métamorphoses d’Ovide avec des fontaines, des aqueducs comme L’île d’amour
Île d’amour
la mythologie grecque n’est pas la seule source d’inspiration, l’Egypte est aussi à la mode comme ces grottes d’Isis où on peut imaginer un parcours initiatique
Grotte d’IsisInspiration chinoise
On voit aussi un porche persan, une maison gothique ou des cabanes de rondins mises à la mode par J-J Rousseau, une villa palladienne, ou une orangerie mauresque. Lequeu a aussi imaginé des bâtiments annexes plus prosaïques comme une laiterie ressemblant à une vache, une entrée de pavillon de chasse portant des trophées….
Cependant la Révolution va tarir cette inspiration. La riche clientèle aristocratique ne commande plus de fabriques. Lequeu adhère aux idéaux de la Révolution imagine des projets de Monument destiné à la souveraineté du peuple, ou représente L’Aristocratie enchaînée sous forme de colonne
l’Aristocratie enchaînée
Il imagine également une sorte de tour sur le modèle du phare d’Alexandrie : Fanal monumental porteur de la pensée des Lumières .
Plus tard il met son talent au service de l’Empire dessinant en 1807 le Projet d’un Palais Impérial.
Rêveries d’un Architecte solitaire
Il est libre
Commencée par des études de grimace, l’exposition se conclut par des Rêveries, obsessions érotiques, études de nus ou même de sexes masculin ou féminin dans tous les détails, bacchantes, hermaphrodite et fantasmes
Et nous aussi nous serons mères
ou cette guinguette avec un hamac d’amour
Guinguette : sur la façade cruche et tonneaux, plats, poulets rotis;..à côté le Hamac d’amour
j’ai aimé découvrir ce talentueux dessinateur, personnalité originale, mais j’ai surtout apprécié la description des décors quotidiens et l’évolution des tendances architecturales de l’Ancien Régime, la Révolution et l’Empire.
Qu’est-ce qu’un anarchitecte ? Un architecte anarchiste, peut-être?
Un architecte construit, l’anarchitecte déconstruirait-il?
Ou promènerait-il un regard d’architecte sur des destructions?
Chacune de ces hypothèses pourrait être vérifiée dans cette exposition.
Le commentaire propose une autre piste : un détournement d’un titre du Corbusier « vers l’architecture » Gordon Matta Clarke s’inquiétait de la façon dont les utopies de l’architecture moderne laissaient de côté le citoyen lambda.
Dans l’oeil d’artiste sur les destructions ces Wallpapers (1973) : GMC photographie des immeubles abandonnés du Bronx , murs intérieurs ayant gardé leurs papier peints ou des installations sanitaires, il utilise ses photos pour faire un véritable mur de photo. Se promenant dans les décombres il photographie des découpes de planchers. Il faut être architecte pour être sensibles à des structures à travers des ruines et les partager avec des spectateurs moins avertis.
Pour les déconstructions, GMC a pratiqué des découpes dans d’immenses halles sur un quai effondré de la rivière Hudson, il a offert aux habitants un accès à l’eau dans un « temple du soleil et de l’eau ». Le site fut rapidement fermé. L’exposition montre des photos de ce Day’s End (1975)
Déconstruction que ce Conical Intersection (1975) : découpe d’un vieil immeuble en face du chantier de construction du Centre Pompidou cherchant à pratiquer une lentille à travers l’ancien Paris des Halles pour voir le chantier du futur musée. Il a filmé cette démolition selon une découpe savante.
Cette exposition montre surtout des photos et des vidéos, quelques réalisation physiques, mais peu. Elle pratique des ouvertures, dans les maisons anciennes, les friches industrielles mais aussi dans l’esprit du spectateur.
De grandes photos projetées sur un mur :deux architectes pendant 6 mois sur la plage de Deauville bâtissent des châteaux de sable et photographient leurs oeuvres éphémères et leur disparition : pyramides et gâteaux de sable. Les photographies sont étonnantes, l’écume submerge les structures qui s’effritent.
En introduction : une chronologie
de 1730 – 1930 : Invention de la villégiature
1930 – 1970 : l’essor des grandes vacances à la mer
à partir de 1970 : quelles villes balnéaires pour demain?
Attention! L’exposition est copieuse, il faut prévoir au moins 2 heures pour tout voir, et ne pas trop s’attarder au début pour garder un peu de fraîcheur pour la fin qui est passionnante.
cabine hippomobile : bathing machine
Invention de la villégiature : les stations britanniques furent pionnières dès 1730 avec des préoccupations hygiénistes.
L’essor des chemins de fer en 1850 contribue au développement des villes balnéaires. Vers 1900 Saint Petersbourg était reliée à Nice en 30 h. L’exposition fait une belle place aux affiches de trains, « trains de plaisir » ou trains de luxe, baedeker et horaires de trains parfois reliés luxueusement.
Dieppe
Pour « composer une cité balnéaire » un certain nombres d’acteurs sont requis, des « explorateurs » qui trouveront le site, des investisseurs financiers et des monarques ou des célébrités qui lanceront le projet. George Sand occupe le centre d’une galerie de portraits de personnalités qui en ont fait la promotion.
maquette de la jetée de Brighton : chain pier
L’aménagement des stations balnéaires se faisait derrière un front de mer stabilisé par une digue avec souvent des jetées sur pilotis. A l’arrière, des lotissements obéissent à un plan en éventail, s’inspirant du concept de cités-jardins. Au fond, on réserve des zones vertes récréatives pour la promenade, les courses de chevaux ou le golf . Les affiches des lotissements. Les affiches de Deauville, Cabourg, Stella-plage ornent l’exposition. Sur un mur est projeté un diaporama de cartes postales anciennes de stations fameuses comme Brighton, Nice, Ostende, Nordeney ou le Lido de Venise et Arcachon. De très jolies maquettes de la jetée de Brighton, des jardins exotiques de Monaco, d’Arcachon complètent la présentation.
Cette vie balnéaire était centrée autour de la baignade, réglementée et minutée précisément. De nombreuses activités sociales de loisirs occupaient cette oisiveté organisée.: casino, tennis et promenade avec des divertissements comme des kiosques à musiques…
Brighton
Une autre tendance était hygiéniste : on voit les plans de l’hôpital marin de Zuydcoote sur le modèle pavillonnaire et de celui de Berck. Institutionnalisation des courants d’air pour évacuer les miasmes….
La crise de 1929 met fin à la prospérité des élites, le Front Populaire en France et les vacances très organisés fascistes (Cattolica Marittima) ou nazies changent le tourisme balnéaire. C’est l’essor des grandes vacances à la mer, des colonies de vacances, du camping ou des lotissements Ribourel. Migrations de masse vers le soleil. les vacances de mon enfance….
la Grande Motte
La crise pétrolière de 1973 change la donne : Aménager le territoire est le mot d’ordre d’un urbanisme plus raisonné avec un schéma directeur régional et le souci de protection de l’environnement.
Deux exemples : la côte Languedoc-Roussillon et les Landes.
Anglet
Des maquettes de la Grande Motte et le VVF (devenu Belambra) à Anglet (1969)sont des exemples d’une architecture monumentale . Le « paquebot » d’Anglet sur 8 niveaux rappelle un bateau de croisière. En revanche du schéma directeur de la côte landaise (1975) témoigne d’un souci de la protection de l’environnement « ne plus construire d’immeubles, raisonner en terme de nuitées… » « rechercher l’équilibre touristique et l’habitat permanent »; réflexion sur le concept de ville éclatée qui se traduisent par l’installation dans la forêt landaise de plusieurs pôles d’urbanisation reliés par des pistes cyclables, forestières respectant le caractère sylvestre de la région.
Quelles villes balnéaires demain? est la dernière section de l’exposition, des villes nouvelles égyptiennes ou à Dubai, des projets d’îles flottantes en face de Monaco, de Venise (sacrilège!) ou même une bulle au large de Nice. De nombreux projets futuristes rêvés nous font réfléchir.
Le Voyage métropolitain est une aventure collective passionnante. Exploration collective du territoire du Grand Paris en très bonne compagnie : urbanistes, architectes, photographes, journalistes, guides touristiques….ma seule qualité de randonneuse me fait sentir toute petite! Et les conversations sont très enrichissantes.
La gare d’Epinay-sur-Seine est jolie : meulière, boiseries bleues, carreaux fleuris et même le buste du Général de Gaulle (pourquoi? personne n’y fait allusion). Après une courte promenade dans les pavillons nous arrivons sur une place carrée.
Bon sang, mais bien sûr!
Epinay , c’est le Congrès d’Epinay, (1971)congrès fondateur du PS préparant l’Union de la Gauche et la victoire de François Mitterrand dix ans plus tard. Des stèles portant des citations de Mitterrand jalonnent la place ornée ‘une sculpture de deux chevaux fougueux.
Epinay est une ville de plus de 50.000 habitants un peu hétérogène, de grands immeubles bornent la place mais nous retrouvons des quartiers beaucoup plus verts en descendant vers la Seine. Nous ne suivrons pas longtemps le chemin du halage, dommage, par cette journée ensoleillée, il est bien agréable. Histoire d’observer une curieuse péniche équipée de grosses machines et grilles pour ramasser les déchets flottants sur la rivière.
Péniche barrages flottants
Nous longeons un grand espace occupé par des stades le long de grands groupes scolaires de brique, à la base de la Cité-Jardin d’Orgemont construite à cheval sur la commune d’Epinay et celle d’Argenteuil.
Avant d’aller visiter la Cité-Jardin, nous faisons un détour par le Jardin des Justes où un belvédère a une très belle vue panoramique sur la Seine avec les gratte-ciels de laDéfense émergeant de la brume (ou plutôt de la pollution).
le couloir de lespoir : les justes
une sculpture métallique de Stéphane Rozand Le Couloir de l’Espoir est un hommage aux Justes parmi les Nations, les familles d’Orgemont qui sauvèrent des enfants juifs de la déportation. La Cité-Jardinest composé de pavillons mitoyens ayant chacun un jardin. Concept venu d’Angleterre, ces garden-cities, devaient former un réseau . Souci hygiéniste, fournir un cadre sain aux ouvriers, un complément avec les légumes du jardin. La Cité-jardin, comportait tous les équipements collectifs nécessaire, nous passons devant une école maternelle à la façade particulièrement soignée avec mosaïques et briques de céramique.
Comme nous passons devant l’Eglise Saint Ferdinand, le Monsieur responsable de l’entretien nous délivre tout un discours sympathique sur la construction de l’église : « église en kit » aux parpaings de « pierre reconstituée » sur une dalle de béton, inaugurée en 1932. Comme nous n’avons pas le temps de l’écouter plus longtemps, il nous fait remarquer que le discours des habitants est plus culturel que ce que nous pouvons apprendre dans les livres. Exactement! C’est justement le principe du voyage métropolitain que de parcourir le territoire au hasard de ces rencontres!
Nous retournons par le quartier du Cygne d’Enghien qui est un quartier d’Epinay comme son nom ne l’indique pas!
Enghien : la petite mer
Enghien est l’étape suivante, la digue le long de la Petite Mer a un aspect de cité thermale avec ses éclairages métalliques, son casino, ses canots. Le lac est artificiel, il y a avait un marais et un ruisseau.
vitrage à la mode!
On s’arrête devant le Casino dont la belle façade Belle Epoque jaune décorée de stucs aux motifs de coquilles marines, est protégée par une verrière moderne. Là, je pique ma crise! Je commence à en avoir assez de cette mode qui est de précéder les bâtiments ancien d’un mur de verre contemporain. Façade lisse qui enferme la construction, la laisse voir. C’est une bonne idée, cela abrite une terrasse. mais point trop n’en faut. On en voit partout en ce moment! Les architectes que j’interpelle ne comprennent pas ma colère. Pour ce qui est du Casino d’Enghien, ce n’est pas tant le verre qui est de mauvais goût mais l’abondance de rideaux dorés, de guirlandes argentées, c’est Noël, peut être, mais c’est trop.
Enghien est une petite ville bourgeoise, ce que j’appelle « une banlieue à Monoprix!« , et justement nous passons devant Monoprix. Saint Maur, Charenton, près de chez moi, ont leur Monop’, pas Créteil, Bonneuil, ni Alfortville, où règnent les G20, Simply et autres supermarchés populaires. Jolies boutiques de la rue animée. Nous n’avons pas le temps de parcourir les berges du lac pour voir les belles villas qu’on devinait de la terrasse du Casino.
Pour aller à Montmorency, on monte. On n’en finit pas de monter, puisque la petite ville est bâtie sur une butte témoin qui culmine à 176m à l’orée de la forêt. Montmorency, ville de la cerise du même nom (pas vu de cerisier, à l’automne ils sont défeuillés) et la ville de Jean Jacques Rousseau. « Sous ce portail passa l’Emile » proclame une vieille plaque. Grands murs de grandes propriétés cachées dans leurs jardins. Murs de meulière. Le parvis de la Collégiale Saint Martin a une vue dégagée sur les hauteurs boisées de la région, de Cormeille en Parisis jusqu’à Saint Germain dans la brume. Ses marches nous donneront des sièges pour un pique-nique très convivial. J’aurai l’occasion de goûter un cake salé délicieux, un cake au citron excellent, du pain d’épice….L’église est ancienne : gothique flamboyant, 16ème, mais elle a subi des dégâts à la Révolution si bien qu’elle a été beaucoup restaurée au 19ème, seuls quelques vitraux d’époque subsistent, ceux du 19ème sont moins intéressants.
bois de Montmorency et vergers
J’ai toujours du mal à redémarrer après le pique-nique, surtout quand il est gastronomique! Et nous continuons à monter dans les rues pavées entre les vieux murs. On n’en finit plus de monter. Nous avons un rendez-vous à Sarcelles, il nous faut donc marcher à allure soutenue. Pas le temps de musarder dans les bois de Montmorency, à peine le temps de prendre une photo des vergers qui ont encore leurs couleurs automnales sous une très belle lumière. Il faut descendre le chemin creux sans perdre de vue la tête du groupe.
On n’attendra les retardataires que dans le village de Saint Brice composé surtout de pavillons adossés, genre « rêve-de-la-maison-individuelle » pour ceux qui ont trouvé assez loin de Paris pour que le m2 soit abordable, à condition de ne pas avoir trop de jardin. Au petit centre commercial, quatre troufions de Vigie Pirate patrouillent. Je cherche les arrêts-autobus, n’en trouve pas. Ce n’est pas que j’aie envie de quitter la randonnée. Simplement j’imagine les habitants condamnés à prendre la voiture pour n’importe quelle course.
La voie ferrée sépare Saint Brice de Sarcelles-village où nous sommes attendus pour une visite guidée. « Ne me parlez pas de DSK! » annonce notre guide, qui se décrit comme chauvine de Sarcelles. Nous commençons la visite devant un panneau qui décrit un parcours touristique autour des curiosités anciennes et du petit Rosne (ruisseau qui a été enterré et oublié et maintenant restauré). Les premières images que nous avons de Sarcelles sont celles d’un vieux manoir qui héberge l’hôtel de ville sur un parc soigné. On ne s’attendait pas à cela. Ni a traverser le village qui a encore garder les portails des anciennes cours de ferme et qui est plus étendu qu’on ne s’imaginait.
Plusieurs rangées de pylônes électriques séparent ce Sarcelles champêtre du grand ensemble. En chemin, nous sommes photographiés par des jeunes qui nous escortent. Notre caravane de randonneurs ne passera pas inaperçue. Ces jeunes participent à un média local.
Sarcelles : place de France
Le Quartier des Flanades correspond plus à l’idée préconçue que nous avions de Sarcelles. Tours et barres. Graphisme géométrique simple. On y arrive en traversant une galerie marchande plutôt désertée. La place de France entourée d’arcades est très grande. Cette place au nom des provinces de France exprimait l’espoir d’une nouvelle vie pour tous ceux qui trouvaient le confort moderne après les taudis, ou les rapatriés d’Algérie. Construire vite, bon marché et pour beaucoup, le mot d’ordre des années 1955-1975 après l’appel de l’abbé Pierre dont on se souvient encore ici.
Le problème est la fermeture du Centre Commercial des Flanades, autrefois, Leclerc puis repris par Auchan, qui a fermé en 2015. Il y a bien eu un repreneur qui a coupé en deux l’espace trop grand. Même comme cela le commerce a périclité. Cette fermeture est très mal vécue par la population qui ne peut plus faire ses courses à des prix raisonnables. Il y a bien des supérettes et un grand magasin Istanbul propose des produits variés. Ce ne sera jamais aux prix de la grande distribution. Les magasins de la galerie marchande sont privés de clients qui venaient se ravitailler. La place est morose.
Autre fermeture : celle du forum des Cholettes pour cause d’amiante, en 1997. Architecture futuriste, mais fermé. Autrefois c’était un centre culturel très renommé. Là se sont produits les premiers rappeurs français. Vide, complètement vide! J’insiste, personne n’y vient? personne ne squatte? non personne! Comme sont à moitié vides les buildings qui louent des bureaux. la tour Humanis a pourtant belle allure. Pourtant la rue est animée parcourue par le tramway qui va à saint Denis (j’éprouve une tendresse excessive pour les tramways) là où circule un tramway tout neuf, il doit y avoir de l’espoir! Les équipements collectifs existent pourtant. A la tombée de la nuit nous longeons les barres de 4 étages en pierre de taille d’une longueur infinie toutes pareilles le long d’une avenue passante.
Aimé Césaire : Jef Aerosol
Seule distraction pour l’œil : les fresques monumentales : Aimé Césairepar Jef Aerosol, des femmes enturbannées de Christian Guémy C215,
Coexist
et deux tableaux Coexist de Combo et un trois footballeurs bleus blancs rouges « Quand j’étais petit, il n’y avait pas de Musulmans, de juifs, de chrétiens, de noirs, ou de blancs, il y avait juste des copains ».
C215
La promenade s’est terminée devant la gare de Sarcelle-Garge-les Gonesses . Et la bonne surprise c’est que c’st le RER D qui y passe et me ramène en 20 minutes à Créteil-Pompadour!
Notre forfait des 7 collines nous donne droit à l’ascenseur qui se trouve juste au bout de notre rue. Petite queue raisonnable. Pour 1.5€ de plus on accède au Mirador : escalier en colimaçon métallique qui conduit à une plateforme d’où le panorama est spectaculaire. On domine le Rossio et tout le quartier de la Baixa on voit très bien le Château et la Sé avec ses deux tours carrées qui ressemble à la Sé de Porto et à celle d’Evora.
Eglise do Carmo – Les ruines les plus romantiques de Lisbonne!
Un pont métallique relie le parvis de l’église de Carmo notre » église » puisque notre hôtel Estrela do Mondego est au 25 Calçada do Carmo. Cette église est ruinée. De la nef, il reste des arcs en ogive vides. Un musée archéologique y est installé. Contournant le monument, on aboutit sur une très jolie placette avec des arbres, une fontaine, des terrasses. De là une descente bien raide bordée de boutiques désuètes , librairie d’occasion, friperie de vêtements chics, vintage, …
Gare du Rossio
On fait un crochet par la Gare du Rossio c’est une vraie gare, un train sur deux a pour destination Sintra. Si nous restions plus longtemps….La façade est très ouvragée, flanquée de tours, ornées de décors manuélins.
Puisque le déjeuner a été gastronomique, le dîner viendra de Pingo Doce où je trouve un cornet de radis frais et des yaourts. Mais comme nous sommes au Portugal, je redescends acheter des rissoisaux crevettes des bolhinos de bacalau et des croquettes de viandes à la pastellaria du bas de la rue. Aux terrasses des restaurants cinq jeunes brésiliens font une démonstration de capoeira. Le temps d’aller chercher l’appareil photo, ils ont disparu.
Empruntant Dzirnavu iela vers l’ouest, vers le port, j’atteins rapidement les ensembles architecturaux Art Nouveau.
Antonjas 8, juste après la taverne russe, une façade porte un chat de pierre, assis, regardant les passants du haut de sa corniche et un ours au faite. L’ensemble architectural le plus spectaculaire se trouve rue Alberta. Plus que les motifs végétaux, ce sont les figures féminines parfois grimaçantes qui caractérisent ce mouvement Art Nouveau de Riga. La profusion, la démesure sont de mise surtout dans le dernier immeuble de la rue face au Musée de l’Art Nouveau. Une forêt de colonnes, une ornementation délirante. Je me prends à regretter les formes sobres et simples. J’ai découvert l’Art Nouveau à Vienne (je n’avais pas fait attention aux immeubles de Guimard et au bouches du métro parisien dans le quartier de mon enfance). A Vienne le mouvement Sécession réagissait contre les lourdeurs des historicistes viennois. En Hongrie, à Budapest, à Keszkemet ou à Pecs, nous avions photographié les immeubles Art Nouveau. Mais à Riga, c’est trop ! Trop délirant, trop décoré, surchargé !
Heureusement certains architectes surtout sur Ausekja ont construit des maisons plus sobres où l’Art Nouveau se caractérise alors par certaines courbures, des frises. Mon immeuble préféré porte une seule grande femme blanche, apaisée sur la hauteur de la façade.
Musée Art Nouveau
Au coin de Alberta iela et Strelnieku iela, dans un immeuble jaune surmonté d’un clocheton où les balcons d’angle aux courbes gracieuses se décalent et où des motifs végétaux colonisent de larges surfaces. L’hôtesse du musée, coiffée d’un élégant chapeau 1900, met en route un audiovisuel pour me faire patienter. Un groupe russe occupe l’appartement guidé par une autre dame en chapeau 1900. Evidemment je ne comprends rien au commentaire mais je la trouve très couleur locale.
Nous visitons un appartement meublé et décoré dans lequel on a vécu. Le hall bleu a un décor de marguerites et un lacis enrubanné blanc au plafond. Une baie vitrée est séparée de la pièce par une boiserie aux formes arrondies.les lys blancs et orange se marient ave le décor. Dans la Salle de la cheminée, la couleur dominante est le vert. Une frise de feuilles de marronniers aux bogues ouvertes court tout autour de la pièce. La cheminée en faïence vert foncé porte également un décor de marronnier. Dans des cadres une chouette et un écureuil. Je remarque aussi un magnifique gramophone.
La salle à manger est au motif de la pomme de pin, les boiseries sont vertes sur une peinture vieux rose soutenu. La vaisselle est assortie. Les vitraux portent des iris, des grenouilles et des nénuphars. Des hortensias vert en bouquet.
La cuisine est plus classique mais sophistiquée pour l’époque : un gaufrier pivotant est encastré dans la cuisinière.
. On visite également la salle de bain et les toilettes ainsi que la chambre de bonne s’ouvrant sur la cuisine avec son lit étroit et son pot de chambre.
Musée Janis Rozenthal et Rudolfs Blaumanis
Janis Rozenthal (1866-1916) marié à une cantatrice finlandaise s’installèrent au 4ème étage dans un duplex. Je monte péniblement le magnifique escalier en colimaçon très décoré mais aux étages très hauts. En 1904, le confort moderne incluait toilettes à chasse d’eau, baignoire mais pas encore l’ascenseur. La visite de leur appartement est un peu décevante. Il y a peu de tableaux, surtout des photos. La vue, en revanche, sur l’immeuble d’en face à la forêt de colonnes aux figures féminines et expressives jusqu’à l’hystérie me permet de faire plein de photos.
Deux jours sont bien courts pour assimiler tout cet ensemble Art Nouveau. Il me vient l’envie d’approfondir. Atlantes, caryatides, sphinx et lourds décors sont ils vraiment Art Nouveau. Cette décoration boursouflée « baroque-Art Nouveau » est elle spécifique de Riga ?
Je suis ici plus réticente qu’à Budapest. J’aimerais creuser, architecte par architecte, du travail de recherche en perspective !
J’aimerais en savoir plus sur cette période 1900 qui est la période bâtisseuse : sur quoi reposait la prospérité ? Qui étaient les élites qui occupaient les demeures prestigieuses de ce quartier ? Des Lettons, des Russes ? Des juifs ? Comment la Révolution de 1905 a-elle-été vécue à Riga ?
Autre piste à suivre : celle du Russe, beaucoup plus présent à Riga que je ne l’imaginais. Au Centre Communautaire Juif, dans la rue, au Musée, j’entends du Russe. Sont-ils des Russophones de Lettonie ou des touristes russes. Quelle fraction de la population de Riga ?
Et l’Europe ? Sentiment très fort d’une culture européenne ici : fusion d’influences allemandes, russes, finlandaise (chez les peintres). Il me vient l’envie très forte de visiter Saint Saint-Pétersbourg de comparer. Toujours cet appel du voyage encore plus lointain !