retour à Riga

maiosn des têtes noiresRevenir à Riga est un plaisir! A l’hôtel Edvards nous nous sentons comme à la maison: il faut croire que 4 jours suffisent pour prendre des habitudes : »notre rue » Dzirnavu « notre hôtel », « notre supermarché »….

Il fait un temps magnifique, nous allons refaire les photos un peu ternes prises avec des nuages sur la place de l‘Hôtel de Ville. La maison des Têtes Noires est mieux éclairée dans la lumière de l’après midi, je sors mon carnet moleskine….


j’ai envie de revoir la Daugava et du pont la vue générale sur la ville.

Deux monuments sont moins plaisants : le parallélépipède noir qui abrite le Musée de l’Occupation et un monument des tirailleurs rouges lettons

détail plus léger : un carillon au dessus de l’Hôtel de ville, tout à fait original!

 

Riga : Balade Art Nouveau


Empruntant Dzirnavu iela vers l’ouest, vers le port, j’atteins rapidement les ensembles architecturaux Art Nouveau.

Antonjas 8, juste après la taverne russe, une façade porte un chat de pierre, assis, regardant les passants du haut de sa corniche et un ours au faite. L’ensemble architectural le plus spectaculaire se trouve rue Alberta. Plus que les motifs végétaux, ce sont les figures féminines parfois grimaçantes qui caractérisent ce mouvement Art Nouveau de Riga. La profusion, la démesure sont de mise surtout dans le dernier immeuble de la rue face au Musée de l’Art Nouveau. Une forêt de colonnes, une ornementation délirante. Je me prends à regretter les formes sobres et simples. J’ai découvert l’Art Nouveau à Vienne (je n’avais pas fait attention aux immeubles de Guimard et au bouches du métro parisien dans le quartier de mon enfance). A Vienne le mouvement Sécession réagissait contre les lourdeurs des historicistes viennois. En Hongrie, à Budapest, à Keszkemet ou à Pecs, nous avions photographié les immeubles Art Nouveau. Mais à Riga, c’est trop ! Trop délirant, trop décoré, surchargé !

Heureusement certains architectes surtout sur Ausekja ont construit des maisons plus sobres où l’Art Nouveau se caractérise alors par  certaines courbures, des frises. Mon immeuble préféré porte une seule grande femme blanche, apaisée sur la hauteur de la façade.

 

 

 

Musée Art Nouveau

Au coin de Alberta iela et Strelnieku iela, dans un immeuble jaune surmonté d’un clocheton où les balcons d’angle aux courbes gracieuses se décalent et où des motifs végétaux colonisent de larges surfaces. L’hôtesse du musée, coiffée d’un élégant chapeau 1900, met en route un audiovisuel pour me faire patienter. Un groupe russe occupe l’appartement guidé par une autre dame en chapeau 1900. Evidemment je ne comprends rien au commentaire mais je la trouve très couleur locale.

Nous visitons un appartement meublé et décoré dans lequel on a vécu. Le hall bleu a un décor de marguerites et un lacis enrubanné blanc au plafond. Une baie vitrée est séparée de la pièce par une boiserie aux formes arrondies.les lys blancs et orange se marient ave le décor. Dans la Salle de la cheminée, la couleur dominante est le vert. Une frise de feuilles de marronniers aux bogues ouvertes court tout autour de la pièce. La cheminée en faïence vert foncé porte également un décor de marronnier. Dans des cadres une chouette et un écureuil. Je remarque aussi un magnifique gramophone.

La salle à manger est au motif de la pomme de pin, les boiseries sont vertes sur une peinture vieux rose soutenu. La vaisselle est assortie. Les vitraux portent des iris, des grenouilles et des nénuphars. Des hortensias vert en bouquet.

La cuisine est plus classique mais sophistiquée pour l’époque : un gaufrier pivotant est encastré dans la cuisinière.

. On visite également la salle de bain et les toilettes ainsi que la chambre de bonne s’ouvrant sur la cuisine avec son lit étroit et son pot de chambre.

Musée Janis Rozenthal et Rudolfs Blaumanis

 

Janis Rozenthal (1866-1916) marié à une cantatrice finlandaise s’installèrent au 4ème étage dans un duplex. Je monte péniblement le magnifique escalier en colimaçon très décoré mais aux étages très hauts. En 1904, le confort moderne incluait toilettes à chasse d’eau, baignoire mais pas encore l’ascenseur. La visite de leur appartement est un peu décevante. Il y a peu de tableaux, surtout des photos. La vue, en revanche, sur l’immeuble d’en face à la forêt de colonnes aux figures féminines et expressives jusqu’à l’hystérie me permet de faire plein de photos.

Deux jours sont bien courts pour assimiler tout cet ensemble Art Nouveau. Il me vient l’envie d’approfondir. Atlantes, caryatides, sphinx et lourds décors sont ils vraiment Art Nouveau. Cette décoration boursouflée « baroque-Art Nouveau » est elle spécifique de Riga ?

Je suis ici plus réticente qu’à Budapest. J’aimerais creuser, architecte par architecte, du travail de recherche en perspective !

J’aimerais en savoir plus sur cette période 1900 qui est la période bâtisseuse : sur quoi reposait la prospérité ? Qui étaient les élites qui occupaient les demeures prestigieuses de ce quartier ? Des Lettons, des Russes ? Des juifs ? Comment la Révolution de 1905 a-elle-été vécue à Riga ?

Autre piste à suivre : celle du Russe, beaucoup plus présent à Riga que je ne l’imaginais. Au Centre Communautaire Juif, dans la rue, au Musée, j’entends du Russe. Sont-ils des Russophones de Lettonie ou des touristes russes. Quelle fraction de la population de Riga ?

Et l’Europe ? Sentiment très fort d’une culture européenne ici : fusion d’influences allemandes, russes, finlandaise (chez les peintres). Il me vient l’envie très forte de visiter Saint Saint-Pétersbourg de comparer. Toujours cet appel du voyage encore plus lointain !

Riga: musée juif



rue Skolas, perpendiculaire à Dzinavu, à 30m de notre hôtel.

Dans le Centre Communautaire, un bel immeuble Art Nouveau.

Entrée un peu désuète : une très vieille dame, dans une cabine en bois démodée, se tient près de la porte.  Croyant qu’elle vend des tickets, je m’adresse à elle. Non ! Le musée est au 2ème étage. Tout l’affichage est en Russe. Je m’étais attendue au yiddish. Non ! C’est en Russe. Impression d’étrangeté, retour en arrière dans le temps.

Au premier étage de très vieilles dames dansent des danses folkloriques israéliennes sous la direction d’un Russe qui ressemble à un danseur classique et qui donne ses directives en Russe.

 

 

 

 

 

Au second, une exposition très émouvante de photographies de pierres tombales des cimetières de l’Est : Lettonie mais aussi Roumanie. Une photo a été prise à Sighet, une autre dans un village de Maramures, la stèle porte un violon sculpté

. La deuxième salle  présente la communauté juive de Riga à la veille de la Seconde Guerre Mondiale : photos de classe, portrait d’intellectuels, coupures de Presse, tout un monde disparu. La troisième salle commémore le désastre de 1941, le rassemblement, le charnier, les Justes aussi qui cachèrent les Juifs. 164 ont survécu à Riga. Nombre dérisoire.

« izcor ! » c’est tout ce qu’on peut faire, se souvenir. Des Américaines, une famille d’Argentine parcourent le musée, pour se souvenir.

Riga : Autour de la Place dela Cathédrale et de la place des Lives,

la Place de la Cathédrale vue du clocher de St Pierre

Je traverse la place sans un regard pour le buste de Herder dans la place éponyme pour retrouver D près d’un palais  caramel à  un angle du Dom Laukum (Place de la Cathédrale)  C’est le Palais de la Bourse, construit en 1855 par un Allemand de Saint Saint-Pétersbourg. S’inspirant d’un palais vénitien symbolisant la richesse et l’opulence, ce qui convient au siège de la Bourse. Actuellement c’est un Musée. Riga était alors la troisième ville de l’Empire Russe après Saint Saint-Pétersbourg et Moscou. Le carillon aigrelet de la Bourse tinte au coin de la rue dans une niche grillagée.

Sur la place, encombrée de cafés perchés sur des estrades de bois,  un orgue de barbarie  et une très jeune fille joue du cymbalon.

Maison des Chats

Autour de la place, les rues recèlent des surprises Art Nouveau : la Maison du Paon, La Maison des chats,  peinte en jaune vif, avec deux chats faisant le dos rond au sommet de leurs poivrières respectives, à l’angle d’une autre maison une femme est une sorte de figure de proue. Ironiquement, les chats perchés très haut imposeraient la supériorité de leur propriétaire aux maitres de la Grande Guilde.

Grande Guilde

 Petite Guilde et Grande Guilde se font face près de la Place des Lives. Construites au 14ème siècle pour réunir les artisans et les marchands de la ville. Malheureusement, rénovées au 19ème siècle, l’architecture historiciste en a fait deux châteaux gothiques peints en blanc cassé avec des fenêtres à ogives et des créneaux compliqués qui ont perdu tout charme médiéval. Ils évoquent plutôt le château de Blanche Neige que la réunion de marchands. Selon la plaquette distribuée à l’Office de Tourisme, les intérieurs seraient  fastueux. Ce n’est pas le moment d’aller les visiter. Des dizaines d’étudiants en toge noire, portant bonnet carré et écharpe violette et bleue traversent la rue Amatu des bouquets de fleurs dans les bras : c’est le jour de la remise des diplômes !

les jolies maisons de la Place des Lives

Nous déjeunons de sandwiches place des Lives face à un groupe de maisons colorées très pittoresques, la plus petite est peinte en bleu avec une vache grise comme enseigne et des fenêtres fleuries de géraniums. Elle encadrée à gauche par une façade rose aux trois niveaux de fenêtres soulignées de blanc tandis que celle de droite est jaune. Les toits de tuiles à forte pente s’emmêlent et se chevauchent avec les hautes cheminées et les fenêtres en chien assis.

s’alignent pour la photo ou forment des cercles parfaits. Sous la toge de satin noir, les filles portent des minijupes et leurs talons sont très hauts. Elles dépassent parfois d’une tête les garçons. Soit très blondes, soit aile-de-corbeau, les cheveux des lettones ne connaissent pas la nuance, sauf une version carotte. Elles provoquent relevant la toge pour montrer les cuisses enserrées dans des fourreaux roses ou noirs très sexys. Les défilés de porteurs de bouquets m’amusent. Je les compte au début puis laisse rapidement tomber.

 

les trois frères

Les Trois Frères sont trois vieilles maisons de Riga, non loin de la place du Dom, maisons de marchands très étroites à trois étage avec des crochets pour hisser la marchandise comme dans les maisons hollandaises.

Juste derrière se trouve l’église catholique Saint Jacques que rien ne distingue extérieurement des églises luthériennes : briques et fin clocher, ni intérieurement : nef haute et blanche sans ornement. Elle fut le théâtre de l’ »émeute du calendrier » quand les Réformés refusèrent le calendrier grégorien à l’initiative papale et saccagèrent les symboles papistes.

Retour par le chemin des écoliers au hasard des ruelles pour ne rien rater. On tourne un film devant le Parlement, encore un palazzo italiénisant dont le bossage imite celui du Palais Pitti de Florence. Le 19ème siècle historiciste a beaucoup copié l’Italie. Une tour ronde, la Tour des Poudre et des remparts de briques, rénovés récemment, trop neufs.

Riga :concert à la Cathédrale

le clocher de la Cathédrale vu du cloître



Vivaldi- Bach Concerto ré mineur

Alexandre Gulmant (1837-1877) paraphrase sur un thème d’Haendel

Léon Bölmann (1862-1897) prière

Théodore Dubois (1837-1924) Fiat Lux

Contrairement à Saint  Pierre, vide,  seulement quelques bancs, ici, dans la Cathédrale, tout l’espace est encombré de sorte de stalles fermées, orientées vers la chaire rappelant l’organisation des églises écossaises, en immense. L’orgue de la Cathédrale avec ses 6700 tuyaux fut au temps de Franz Liszt le plus grand du monde, Liszt composa les pièces destinées à son inauguration. Le buffet d’orgue, 15ème siècle est en bois peint camaïeu vert. Je filme pendant Vivaldi la merveilleuse chaire baroque surmontée d’un ange musicien. Lentement je suis la spirale descendante décorée de statuettes de bois représentant les apôtres et les évangélistes de Thobias Heines(1644). J’aurais bien filmé le buffet d’orgue pendant Haendel (Le Messie) malheureusement il est à moitié caché par un échafaudage.

De ma place, je ne vois qu’un seul vitrail (19ème siècle) et la rosace.  La Prière de Bölmannn n’est pas convaincante. Le Fiat Lux fait résonner toute la cathédrale.

A la fin, le public est hésitant : applaudir ou ne pas applaudir dans une église ? L’assistance se précipite dans le vaste cloître dont les hautes galeries en ogives sont encombrées de vestiges divers : statue de l’évêque Albrecht von Buxhoeveden ,  le fondateur de Riga, vieux cadran d’horloge, coq de girouette, poutres calcinées, cloches… Incongrue : une grosse tête d’idole païenne taillée ans un bloc de granite.

Riga : Place de l’Hôtel de Ville ,Maison des Têtes Noires et Musée d’Histoire de la Ville

La place de l’Hôtel de Ville de Riga est proche de Saint Pierre.Pour admirer le plus célèbre bâtiment de la ville, la maison des Têtes Noires, nous prenons place sous la statue de Roland, celui qui est mort à Roncevaux. Comment est-il arrivé là ? Sur la piste des animaux de Brême, sur Internet, j’ai trouvé un élément de réponse. Brême possède la réplique des Musiciens de Brême, et  aussi Roland. C’est donc via Brême que Riga possède aussi son Roland. Pourquoi ? Mystère !

La Maison des Têtes Noires, construite en 1334, fut louée à la confrérie des Têtes noires devant son nom à son saint patron, saint Maurice(le Maure, représenté comme un noir). Cette confrérie réunissait les négociants célibataires qui organisaient de joyeux carnaval.

Flânant au hasard dans les petites rues et les belles demeures, nous parvenons à la Cathédrale,  haute construction de briques, surmontée d’un fin clocher néogothique remanié au 19ème siècle par Daniel Felsko comme celui de Saint Jean. Un concert d’orgue est donné à 12 heures, nous reviendrons donc à midi.

La Préhistoire,  ici se prolonge jusqu’au 12ème siècle, époque où la Lettonie fut christianisée. Mocassins de cuir, écailles d’esturgeon gravées, morceaux de bateaux bien conservés, sont préhistoriques sans être si anciens que cela. Les marchands allaient jusqu’en Méditerranée. Etaient-ils assimilés aux Vikings ? Le Musée accumule tout un  bric-à-brac dans des vitrines un peu vieillottes jusqu’à une mobylette « Riga » et des objets d’un passé récent. L’ennui est que les objets sont étiquetés en Letton et en Russe. La lecture de cahiers en anglais résumant les renseignements est rébarbative. La visite se termine par deux salles de maquettes de bateaux.

 

Riga médiévale

Une arche de briques laisse le passage dans la Cour Saint Jean bordée des anciennes fortifications, très rénovées et fleuries de géraniums, trop neuves pour être émouvantes. Certaines rénovations exigent plus de patine ! Une autre arche  dans un mur de brique permet de passer dans la ruelle qui borde l’église luthérienne Saint Jean en briques avec un haut pignon à redan et un clocher néogothique (restauration 19ème siècle). Les marchandes de souvenirs ont installé leur marchandise sur la placette comprise entre l’église Saint Jean et l’église Saint Pierre : bijoux d’ambre, chaussettes tricotées-main, gadgets en bois…

les musziciens de Brème

Une curieuse statue de bronze m’intrigue : un âne, un chien, un chat et un coq sont empilés les uns sur les autres. Cette statue a été offerte par la ville de Brême d’où était originaire l’évêque Albert l’un des premiers évêques de la ville. Une rengaine revient de mon enfance « les animaux de Brême, de Brême.. », je ne me souviens que de ces mots, j’ai oublié le conte des Musiciens de Brême  évoqué par la statue.

Nous voulions commencer la visite de Riga en découvrant le panorama du clocher de l’église saint Pierre accessible par un ascenseur. Il faudra attendre 10heures pour que l’église ouvre. Nous avons le temps d’admirer les statues de pierre du portail baroque du 18ème siècle juxtaposé sur la façade austère de briques rouges. La découverte de Riga est passionnante. Deux ponts enjambent la Daugava, un peu plus loin le port. Les petites maisons colorées se serrent les unes contre les autres sans ordre apparent. Au loin les hangars à zeppelins abritent le marché Central.

La nef de l’église Saint Pierre est très haute, très claire avec de larges ouvertures vitrées mais elle est dépouillée, seuls éléments décoratifs : un portrait de Luther, des écussons et un monument funéraire : le sépulcre des Gardes Bleus.