Sites mégalithiques du Plateau de Cauria – Plage à Tizzano

CARNET CORSE 2024

Alignement de Stantari

 

Itinéraire vers Cauria

Avant d’arriver à Sartène quitter la route principale T40 pour la D21 à gauche, puis la D48 et la D48A. la D48 est une petite route tranquille qui passe par des bois de très beaux chênes. La taille des arbres et leur vigueur est étonnante si on les compare aux petits arbres/arbustes du maquis.

Un parking ombragé est prévu face à la piste qui mène aux sites mégalithiques. Le chemin est bien entretenu, même sablé, des plans sont affichés. Aucun risque de se perdre. J’avais des souvenirs de galères à la recherche de menhirs et de nuraghe en Sardaigne. C’est donc par un très bon chemin et une petite marche que je découvre les alignements de Stantari dans la belle lumière du matin et les chants des oiseaux. Cette promenade bucolique seera interrompue par l’arrivée de 6 quads au vacarme de bulldozers. Arrêtés, c’est pire encore, les teutons parlent plus fort que leurs engins.

Alignement de Stantari

L’endroit est impressionnant, deux rangées de menhirs et de stèles armées regardent vers le soleil du matin. Ils ont fière allure. Leur décoration s’est estompée avec le temps et la patine. J’ai bien en mémoire les statues-menhir du Musée de Sartène, je reconnais al tête, les épaules, mais n’identifie ni les armes ni les visages.

Statue -menhir Cauria

Notes recopiées sur place :

L’alignement fut visité par Prosper Mérimée en 1839. De 1964 à 1968 Grosjean restitue l’alignement en deux files  de 11 menhirs, parallèles orientée N/S

Le site comporte plus d’une centaine de monolithes et fragments.

Les petites stèles ont été datées Néolithique moyen (4500-4100avJC)

Un monument fut édifié au Bronze moyen puis un deuxième au Bronze final. A cette éposque le plateau de Cauria était densément peuplé et fortifié.

 

Non loin de là, sous un bosquet de chênes, se trouve l’alignement de Rinaghju

alignement de Rinaghju

Les menhirs ne sont pas en rang d’oignon mais plutôt regroupés

 

Notes recopiées sur place

1840 Mérimée ; 1964-68 Grosjean ; 1975 jean Liégeois redresse et replante les menhirs.

170 monolithes.

Les archéologues distinguent ici aussi trois phases

5700av JC des agriculteurs-pasteurs s’installent au bord d’une source (pas de monolithes)

4500-4300av<JC 60 petits menhirs en 2 files + un grand menhir

Fin Néolithique/âge de Bronze : à côté du premier monument érection d’un second de 70 grands menhirs en 4 files.

 

Dolmen de Funtanaccia

Dolmen de Funtanaccia

C’est une sépulture collective naguère qualifiée  « A stazzona di u diavulu » formée de 6 dalles.

 

Plage à Tizzano

Plage Arinella di Tizzà

Par la D48, nous rejoignons la station balnéaire de Tizzano au bout de la route : villas et petites résidences sur la colline. Des graffiti en Corse « halte à la spéculation », en effet, l’immobilier balnéaire s’étend. Une grue en action indique que ce n’est pas fini. Les restaurants s’alignent au bout de la route au bord de l’eau. Sympathique, mais nous avons le pique-nique prêt dans la glacière. Nous nous aventurons sur une piste à l’autre extrémité du village et découvrons la belle plage Arinella di Tizzà accessible en voiture. Sable rose plutôt grossier, encadrée de rochers orange. Eau turquoise transparente. Le vent souffle faiblement la risée n’est pas gênante pour nager de belles traversées. Sur le sable quelques estivants : un couple sous un parasol (en tout 4 ou 5 parasols sur toute la plage) des familles allemandes avec des enfants en bas-âge blondinets qui construisent des alignements en bois flotté. Cela change des châteaux de sable impossibles à construire avec ce gros sable.

Après deux belles baignades nous rentrons pour profiter des senteurs du tilleul fleuri qui embaument la terrasse.

Filitosa site archéologique et baignade à Olmeto-plage

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Statue menhir

La route de Sartène traverse des vignobles et des prés fauchés, paysage agricole qui m’étonne, contrastant avec le maquis si dense et si sauvage en formant une parenthèse. Elle s’enfonce ensuite dans la forêt épaisse : oliviers très hauts, chênes touffus. Puis s’élève en nombreux virages avant d’arriver à Sartène, ville adossée à la pente. Descente sur Propriano très urbanisée, entourée de zones commerciales et hypermarchés. La D157 longe le Golfe de Valinco avec de belles échappées sur la mer bordée de résidences discrètes, puis montée au site de Filitosa.

Filitosa

Torre et statues-menhirs

Entrée 9€. L’audioguide est à télécharger (QR code) un peu décevant.

Des lauriers roses formant une allée conduisent à une très haute statue-menhir (2.25 m +0.30 m sous terre). Sur la face antérieure le visage est à peine marqué mais on reconnait bien l’épée dans un fourreau. Sur l’autre face, la colonne vertébrale est l’axe coupé par des lignes sinueuses, baudrier ou vêtements flous ?

Un abri sous roche, à l’entrée d’un bois plus sauvage marque l’entrée du site, chaos granitique moussu.  Au pied de la « Torre »(Âge de Bronze ancien 1800 – 1100 av. JC), les archéologues ont mis au jour une zone d’habitations de formes variées. Leurs soubassements étaient des blocs granitiques tandis que les murs étaient faits de terre crue argileuse et la toiture légère.

La Torre (1300 av.JC) avait une fonction cultuelle. Des fragments de menhirs ont été réemployés : statues casquées et armées beaucoup plus anciennes. Une théorie suppose que les Shardanes – peuples de la mer cités par les Egyptiens – peut être des Sardes (homophonie) auraient brisé les statues.

Au bas de la Torre dans une petite vallée coule un petit ruisseau.

Le parcours fléché nous conduit à un éperon rocheux fortifié.

olivier remarquable de filitosa

Au passage, je remarque d’énormes chêne-liège. En majesté, face à la Tour, se dresse un arbre géant : l’Olivier remarquable de Filitosa âgé de 1200 ans. Du pied surgissent 5 ou6 troncs surmontés d’une frondaison impressionnante. 5 statues-menhirs disposées en arc de cercle semblent monter la garde.

Musée :

Prosper Mérimée découvrit le premier mégalithe en 1840. En 1946 Charles Antoine Cesari, les « hommes de pierre », il fut l’ »inventeur » du site.

Légendes : les dolmens « stazzone » étaient considérés traditionnellement comme maléfiques, tables de péché ou forge du diable.
Les statues-menhirs, interprétées comme « idoli di lli mori», statues armées de rapières et de poignards « paladini » bénéficiaient d’une considération bienveillante.

On les a utilisés en réemploi dans la construction des chapelles ou des églises sans volonté de destruction, plutôt de « christianisation »

Baignade à Olmeto-plage

Tour génoise

La petite route qui descend à la plage passe devant une tour génoise en excellent état, elle est habitée. C’est une belle plage de sable grossier, presque des graviers. La marche au bord de l’eau n’est pas facile, on s’enfonce et la plage est en dévers, je marche déséquilibrée. La plage est très longue presque déserte. Après le déjeuner j’essaie de me baigner sur cette plage ouverte balayée par le vent. Les vagues sont trop forte pour que je nage en faisant mes « longueurs » j’essaie de ne pas m’éloigner de peur d’avoir du mal à sortir.

 

 

Algajola

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Algajola citadelle

Soleil et vent. La mer est agitée, les petites crêtes blanches soulignent le bleu outremer. Sur la route qui descend à l’Île Rousse, un panneau indicateur « Algajola » nous interpelle. Nous rejoignons la T30 en direction de Calvi. Nous dépassons une petite zone commerciale (comment peut on construire une horreur pareille en pleine campagne ?), on oblique vers la mer, passe la voie ferrée. Justement le petit train est en gare, tout neuf, tout pimpant.

Le village ancien se blottit autour de l’église et de la citadelle. Les hôtels s’alignent le long du rivage, un 3* ; le reste des 2*. La citadelle et les environs sont des meublés touristiques. Bars et restaurants occupent des placettes ombragées, sympathiques pas du tout tape-à-l’œil. Leds prix les mêmes que partout.

Dominique gare la voiture à la plage, derrière des tamaris. Je longe la côte, passe sous des arcades, parviens à une promenade qui arrive au bastion de pierre.

Un peu d’histoire :

D’après le Guide Vert, la fondation de la ville est phocéenne, d’après un site corse, phénicienne.

Au XVIème siècle, Algajola fur la capitale administrative de la Balagne. Le château-forteresse fut érigé en 1531. Site de la guerre contre les Français (Henri II) . En 1559, reprise par les Génois. Résidence du gouverneur de Balagne

En 1620 le port était le second de l’île en importance.

En 1643, Algajola fut saccagée par les  Ottomans.

1764, la citadelle devint française

1767, passe aux mains des Corses.

Paoli fonda l’Île-Rousse, furieux de ne pas avoir pu entrer dans Algajola.

Nous n’avons pas vu le monolithe, colonne de porphyre qui devait servir de support à la statue de Napoléon.

Après la promenade dans cette petite ville, j’arpente la belle plage de sable coupée par un enrochement de granite qu’il est formellement interdit de grimper dessus. Il faut faire le tour d’une résidence hôtelière très bas de gamme (les chambres sont installées dans des sortes de baraquements). La belle plage de 1.5 km de long est déserte. Sable blanc assez grossier. Un restaurant de plage a installé ses tables sur le sable. Au bout de la plage, un très gros rocher de granite évoque la carapace d’une tortue.

Il ne sera pas dit que, malgré le vent frais je ne me serai pas baignée. Après avoir joué avec les vagues je me lance à nager et me retrouve, sans m’en rendre compte déportée près des blocs au bout de la petite plage.

Le Mont Vinaigre et port Fréjus

CÔTE D’AZUR

Le Mont vinaigre vu de la Maison forestière Malpey

Le Mont Vinaigre (641 m) est le sommet du Massif de l’Estérel.

Pour y accéder en voiture, il faut suivre la Corniche d’Or – la route de la côte – jusqu’à La Napoule puis emprunter l’ancienne Nationale 7. nous passons donc devant le Viaduc d’Anthéor, la Pointe de l’Observatoire, Trayas, les belles calanques, Miramar bien urbanisée avec des résidences de luxe bien fermées. Un parcours mène à pied (5 minutes) à un belvédère entre les belles propriétés : la vue est fantastique sur la Baie de Cannes vers l’Est et Saint Raphaël de l’autre côté. 

les mimosas au bord de la Nationale 7

A l’entrée de La Napoule, ,nous quittons la Corniche, la RN7 traverse une véritable forêt de mimosas qui forment de grandes taches jaunes parmi les arbres verts. De magnifiques chêne-verts bordent la route ; leurs troncs tordus et leur écorce intéressante me fascinent. Les villages de Saint Jean de Cannes et Saint Jean de l’Estérel  sont encore urbanisés avec des résidences. 

La route passe à côté de l’Auberge des Adrets de mauvaise réputation : c’était le repaire des bandits et du célèbre Gaspard de Besse qui détroussait cavaliers et diligences. le grand bâtiment est sinistre à souhait.

La maison forestière de Malpey

Au col du Testanier, nous trouvons la Route Forestière de Malpey qui est une très belle bâtisse rouge flanquée d’une autre plus petite précédée d’un double escalier pittoresque. malheureusement ces maisons tombent en ruine : plus de vitres aux fenêtre et tuiles manquantes sur la toiture. 

le sommet du Mont Vinaigre

Un peu plus loin, se trouve le départ des sentiers : GR49, GR51 et sentier du Mont Vinaigre balisé de jaune, sur la flèche : Mont vinaigre 1 H. Il est facile, très bien tracé et s’élève progressivement à l’ombre sous les pins, chênes-liège et yeuses. Bruyère en fleur, lentisques, Salsepareille et cistes dans les clairières. Je prends appui sur mon bâton et monte sans peine; A plusieurs reprise nous coupons la piste cimentée (interdite aux voiture mais utilisée par les cyclistes)Après 30 minutes j’arrive aux antennes fixées sur un gros cylindre blanc et bleu. Il faut suivre la route bitumée jusqu’au pied de la tour carrée (entrée interdite) Le sentier piétonnier pend alors une autre direction pour arriver au sommet signalé par une belle pancarte « Mont Vinaigre 641 m ».

Plage de Port Fréjus

Nous avons un délicieux pique-nique « côté mer » comme il est écrit sur la carte des restaurants : gambas, bulots, et rouleaux de printemps qui convient mieux à un environnement marin que nous trouvons à Fréjus-Port : face à une plage de sable plantée de grands palmiers. le vent s’est levé, a chassé les nuages et agité la mer avec de petites vagues. Sur l’horizon, les îlots des Lions devant le port de Santa Lucia de Saint Raphaël . un grand voilier blanc passe entre les palmiers, puis toute une escadrille de planches à voile bleues et blanches qui font une sorte de régate. la plage s’étend jusqu’au ruisseaux de la Rayanne et de l’Argens.

Il fait un peu frais pour me déchausser et marcher dans l’eau comme j’aime tant le faire. je rejoins la piste cyclable/piétons qui passe devant la piscine et qui longe une zone de marais puis passe devant une grand propriété. Pl@ntNet me permet de faire la connaissance de toutes petites fleurs blanches en bouquets : Lobularia maritima ou Alyssum maritimum) qu’on appelle corbeille d’argent dans nos jardins mais qui pousse ici sauvage. 

 

Vinales/Cayo Levisa

CUBA – Mardi 17 février 

Le minibus traverse la région des mogotes .La paroi des buttes est rongée par l’érosion, creusée de grottes formant des entrelacs de dentelle calcaires . Je révise mes connaissances botaniques de fraîche date . Au tournant. de la route, la fameuse grotte de l’Indien (un complexe touristique) . Des étables collectives et un assemblage de maisons de ciment toutes pareilles décalées par rapport à la route :  Un kibboutz ? cela y ressemble .

Nous traversons un bourg très animé : Las Palmas . Il y a un monde incroyable dans la rue et sous les portiques . Que font ils ? les courses ? Nous voyons un marché. Quittant la montagne, les cultures changent : des bananeraies, les bananiers sont très hauts. Au loin, la mer grise barre à l’horizon . La chaleur et l’humidité sont palpables . Nous découvrons nos premières rizières inondées, certaines sont en terrasse comme en Asie. Des hommes labourent avec leurs bœufs, d’autres repiquent ou desserrent les plants de jeunes pousses, font des tas de plants à repiquer ailleurs .

Dans le minibus des conversations se sont engagées entre deux danoises très jeunes, une Irlandaise à allure de bonne sœur aux cheveux très blancs séparés par une raie au milieu et une belge vêtue d’une polaire bleu ciel très chic, maquillée . J’écoute distraitement leur conversation . La Belge connaît très bien Cuba qu’elle a visité à plusieurs reprises . Ces filles voyagent comme je l’aurais souhaité en logeant en casas particulares . Elles ont plus de contact avec les cubains que nous. La Belge raconte l’histoire de ces Cubains qui ont essayé de joindre la Floride à bord d’un camion ou sur de grosses voitures américaines justement à partir de l’embarcadère. Elle raconte les problèmes de ces émigrés illégaux qui souvent veulent retourner à Cuba. Cette fille a l’air très bien renseignée.

Cayo Levisa

palétuviers

10 h nous embarquons sur un tout petit bateau comme ceux qui emmènent les touristes en plongée . C’est sans doute le même. Les valises sont entassées sur le pont, tout le monde s’assoit sur le rebord. La mer est grise, très calme, le trajet très court . Nous voyons la ligne de côte avec ses palmiers échevelés qui s’éloigne . Déjà on s’approche de la mangrove . On devine le sable blanc de la plage Le bateau accoste sur un ponton de bois dans les palétuviers .

Un homme empoigne le sac à dos, je lui confie la valise, nous parcourons une centaine de mètres sur un chemin de planches et aboutissons à la réception d’une sorte de Club Med . Accueil en musique avec cocktail de fruits tropicaux .Un employé prend le voucher et nos passeports . Nous poireautons un long moment avant qu’on ne nous conduise au bungalow n°33 (composé de quatre appartements, nous sommes au rez de chaussée)Le bungalow est tout neuf, meubles modernes, climatisation avec télécommande,  télé satellite, des lits jumeaux d’au moins 1 m de large La décoration est de bon goût sur les thème des coquillages  Au fond un vaste placard très bien conçu pour les valises avec deux penderies. Je vide la valise, pour trois nuits, cela vaut le coup de s’installer. Pas de coffre fort . Propreté et confort sans reproche .

Vers midi, nous sommes installées . Notre île déserte ressemble à un catalogue de vacances : sable blanc et cocotiers . Il manque quand même le soleil !

Le ciel est plombé de gros nuages gris. Le vent est très frais. Nous nous promenons sur la plage . l’eau est tiède., le sable très doux . Nous trouvons des coquillages . Les premiers sont cassés . Dominique enfin en trouve un entier et me l’offre . Le coquillage me pince, il est habité par un beau bernard-l’ermite avec de belles pinces bleues et de longues antennes comme celles des crevettes. Nous trouvons aussi de grosses éponges tubulaires, candélabres fantaisistes et décorés . C’est la première fois que j’en trouve . Il y a aussi de petites boules gélatineuses irisées : Des méduses ou des œufs ? D’autres méduses ressemblant à des physalies sont ourlées d’un bord bleu nuit très beau . Je les manipule avec précaution.

Le restaurant est une grande paillote  rectangulaire, très simple du dehors beaucoup plus agréable que la cantine de Los Jazmines conçu pour les groupes en car . Comme l’île n’offre aucune autre possibilité  de restauration nous sommes en pension complète ( j’avais cru lire en demi pension). Je commande une soupe de poisson très légère mais contenant des morceaux entiers . Puis des poissons grillés avec de l’ananas, on dirait de l’espadon  ..Au dessert, riz au lait à la cannelle . Un guitariste et une chanteuse jouant de diverses percussions animent le restaurant . c’est extraordinaire, cette musique vivante partout.

A l’extrémité de l’île, je découvre une domaine enchanté. Quelques arbres morts se détachent au contact de l’eau, puis des branches sèches forment un entrelacs que je contourne avec difficulté, m’enfonçant dans le tapis épais d’herbes marines desséchées, enroulées comme des copeaux, sans doute des Posidonies. Tantôt les racines aériennes des palétuviers pendent comme des lances menaçantes, tantôt elles ressortent de terre, pics argentés par le temps, polis par le sable, pièges à déjouer . Je suis prise dans un labyrinthe si loin de la civilisation . J’ai enfin l’impression de me trouver sur l’île déserte promise . Personne n’est passé sur ce sable . Pourquoi les palétuviers sont ils morts ? Les écorces se détachent laissant des traces de rouille autour des troncs . Partout des terriers de crabes qui fuient à mon approche et rentrent dans leur trou. Un arbre bien vert, à quelques mètres du rivage sur son radeau de racines aériennes entremêlées en arceaux complexes . Parti seul à la conquête de la mer,  son feuillage dégagé forme une boule parfaite découpée net au niveau de l’eau .La langue de sable est si étroite, une dizaine de mètres à peine puis c’est la mangrove dense et verte avec des chenaux d’eau immobile limpide et verte. Je la rejoins avec peine, rusant avec les obstacles. Dans l ’eau peu profonde nagent de très petits poissons et des crevettes . Cette découverte m’enchante. Il me faudrait venir avec mon nouveau carnet moleskine dessiner l’arbre-radeau et les formes compliquées des squelettes des palétuviers ?

Je retourne en marchant dans l’eau, me jouant des obstacles et profitant de l’eau tiède. La marée montante a envahi le sable blanc, la plage a presque disparu sous les accumulations de copeaux de feuilles et sous les tas d’algues . Je rentre les mains chargées de trésors : test d’oursin énorme et deux éponges .

Dominique a rapporté les siens :une belle éponge et deux boules mystérieuses, une noire sans doute une graine, et une blanche, peut être un œuf, accroché à des rameaux, des squelettes de créatures marines étranges et translucides en forme de clochettes fragiles.

Je retourne avec mon carnet moleskine mais le vent a forci, les nuages se sont épaissis, il tombe des gouttes qui m’empêchent de dessiner. Je reprends ma promenade à la lisière de l’eau jusqu’à la tombée de la nuit. La caresse de la vague qui vient mourir sur le sable, se retire et revient suffit pour me ravir. Je marche avec précaution pendant le reflux sur ce sable extrêmement blanc d’une finesse inouïe . Ce bonheur est un cadeau des dieux et me fait oublier mes regrets .

Je me concentre sur le plaisir simple de la promenade .

Le Havre de la Vanlée

BALADE NORMANDE – COTENTIN CÔTE DES HAVRES

Ke Havre de la Vanlée chaussée submersible faible coefficient de marée

Le Havre de la Vanlée se trouve au nord de Granville près du village de Saint- Martin-de-Bréhal. La Vanlée est un petit fleuve côtier de 16 km. A l’entrée du village il passe sous un petit pont de pierre et c’est vraiment un petit ruisseau (avec la sécheresse de 2020 il est à l’étiage). Il est étonnant qu’un si petit cours d’eau ait construit un estuaire – un havre – si impressionnant. Le cordon dunaire long d’environ 4 km enferme un marais d’herbus où paissent les moutons. Une chaussé submersible le traverse reliant les Salines à la cale sur la plage (à utiliser si le coefficient de marée est inférieur à 93).

Grande Marée d’équinoxe coefficient 111. La chaussée st submergée

Saint-Martin-de-Bréhal est une station balnéaire paisible endormie et vidée de ses touristes à la mi-septembre en semaine; nous arrivons à côté de l’Ecole de Voile. La cale est utilisée par d’énormes tracteurs qui remontent les voilierz par trains de 5 ou 6. L’itinéraire est partagé avec les vélos et les piétons (mobilités actives dit la flèche, expression bizarre) . nous longeons un golf bien vert puis un club équestre et nous retrouvons sur la chaussée submersible, belle route un peu plus haute que le niveau des herbus. Deux restaurants Les Salines et la Passerelle et hop nous nous retrouvons à Saint- Martin-le-Vieux après avoir raté le Havre de la Vanlée. On revient sur nos pas empruntant la chaussée submersible dans l’autre sens pour découvrir le parkings. Des petites maisonnettes en ciment s’ouvrent côté campagne, ce sont les bergeries, on voit les balles de foin, mais de moutons, nenni! Nous n’en verrons pas un.

Tour du Havre

Havre de la Vanlée plage de BRicqueville

la promenade est de 7 à 11 km selon si on part du village ou du parking<;Elle n’est pas balisée. Côté marais, une piste assez large, cyclable traverse le marais jusqu’au « bout du monde », l’estuaire où des bateaux sont échoués à marée basse en attendant le retour de l’eau. Pour faire le tour, sur la dune aucun chemin n’est visible. Je décide de rentrer par la plage. Le sable mouillé est loin et dans le sable sec je marche mal. pas de réseau non plus pour téléphoner à Dominique que j’arriverai peut être avec du retard, la balade est plus longue que prévu, la dune n’est pas rectiligne mais arrondie. Le retour durera deux fois plus longtemps que l’aller par la piste.

Les bouchots

Moules sur les cordes

 

Une longue cale en ciment descend de la dune à la plage. Un gros tracteur passe se dirigeant vers les bouchots qui se découvrent progressivement à mer descendante.  Tout d’abord, on voit les énormes  caisses en plastique rouge pleines de moules et les sacs plats en grillage plastique contenant des huites. Les coquillages attendent d’être chargés par les énormes tracteurs. Ce matin les caisses de moules sont embarquées sous nos yeux.

Une barque à fond plat en aluminium est mise à flot.

Bouchots

Au retour de ma promenade d’innombrables rangées de pieux sont découverts au loin. Ce sont les bouchots que nous avons cherchés depuis longtemps.

Les moules ne naissent pas en Manche mais dans l’Atlantique plus au sud. le naissain est élevé sur des cordes qui seront plus tard enroulées sur des pieux. Je découvre ces cordes que la mer a cachées. Justement, un mytiliculteur est en train d’emballer ces gros cordons de filets plastique pour les protéger des prédateurs. D’autres filets plastiques emballent les pieux garnis de moules. L’homme à qui j’ai demandé la permission de le filmer dans son travail me répond, goguenard « comme cela vous pourrez me coller dans vos albums avec vos singes!’ Sa réponse n’est pas vraiment encourageante. J’avais l’intention de lui poser quelques questions, me voici rafraîchie!

Sur l’estran : pêche à pieds

Les pêcheurs à pieds sont nombreux, chacun porte un petit seau en plastique blanc et un rateau ou une bêche à deux dents. Ce ne sont pas des professionnels, plutôt des retraités, des gens du coin qui ramassent des palourdes. Il y a aussi des praires avec un quota de 100 et seulement à des dates précises. j’ai appris par la Presse que le week-end de Grandes Mariée plusieurs dizaines de Procès verbaux ont été dressés sur cette plage et à Chausey pour non respect des calibres.

 

Taranto (3) Citta vecchia

CARNE DU MEZZOGIORNO (POUILLES)

Nous avions imaginé un restaurant de poisson, rien de tel sur le Lungomare ni dans les quartiers chics alentours. Pour compliquer nos recherches, les sens uniques de la circulation nous entrainent là où on n’a pas envie d’aller et nous nous retrouvons au sud de la ville dans des bretelles d’autoroutes vers Lecce ou Brindisi ; nous demandons au Navigatore de nous conduire à l’opposé, Via Garibaldi dans la vieille ville et lui obéissons servilement. Une demi-heure plus tard, nous retrouvons le pont tournant, longeons le Mare Piccolo où se trouve le port de pêche.

Tout au bout de l’île, une place avec une grande vasque : Piazza Fontana est proche de la halle aux poissons. Sous cette halle métallique se trouvent quelques tables disposées près de l’eau. Il nous faut attendre un peu qu’une table à l’ombre se libère. Il est passé 14h mais qu’importe ! Nous commandons de la frittura di paranza (anchois petits poulpes, crevettes roses, anneaux de calmar tendres et frais) dans une fine pâte à beignets) et des légumes grillés(courgettes, aubergines et poivrons d’une finesse exceptionnelle) avec un café et un calice de vin blanc 40€ un peu plus cher que d’habitude mais nous consolant des expériences désolantes de dimanche. Le poissonnier vient chercher ses moules dans un sac qui trempait dans l’eau du port.

Taranto ; port de pêche sur Mare Piccolo

Promenade dans la Citta Vecchia commencée à la Tour de l’Horloge , je suis la rue Cava. A travers les ruelles de grosses poutres vont de maison à maison pour empêcher que les façades ne s’écroulent. Les maisons sont souvent en ruine, fenêtres et portes condamnées avec des parpaings mais la rue n’est pas déserte. Il y a encore des boutiques à l’ancienne ouvertes, dans les garages sont rangés les filets et le matériel de pêche. En ruine mais vivante ! Je furète dans les cours. Une Madone étonnante est peinte sur un mur, entourée de toutes sortes de coquillages, des rames, des articles de pêche. Représentation naïve. Je n’ai pas trouvé le Duomo ?

Taranto città vecchia : une barque dans la ville

Retour sur la route littorale à la recherche d’un Lido pour une baignade. Nous négligeons le Lido Azzurro  trop proche de la zone portuaire et des raffineries pour tourner à Chiatona toute petite station balnéaire avec des villas cachés sous de hauts pins. Au bout de la route un parking privé gardé mais surtout ombragé avec des toiles posés sur des structures métalliques  (3€).

Baignade fabuleuse dans une eau limpide et très calme. Pour baliser mon parcours je nage de bouée orange en bouée orange ? Je nage seule dans la félicité ; Il semble que les maitres-nageurs aient peu de travail ; Les rares baigneurs restent au bord de l’eau avec de l’eau leur arrivant aux genoux. A mon deuxième parcours de bouée en bouée, je suis hélée par une embarcation rouge (je croyais qu’un original faisait du paddle). Ce sont les maîtres-nageurs qui m’interpellent

« Tout va bien ? vous voulez venir avec nous ? »

Bien sûr que non ! Ma brasse n’est pas rapide mais je suis toute à la joie de la baignade que je ne souhaite pas écourter.

« Ne dépassez pas les bouées rouges ! »

D’abord je ne les dépasse pas ensuite, elles sont oranges !

 

 

Bisceglie – Molfetta

CARNET DU MEZZOGIORNO

 

Port de pêche de Bisceglie

Midi, trop tôt pour déjeuner. Et si nous cherchions une plage ?

Suivant le lungomare nous arrivons à Bisceglie qui touche Trani. Ce n’est pas si facile, les plages de galets sont accessibles par des escaliers, impossible de s’approcher en voiture. Scabreuse manœuvre et marche arrière entre deux murs bien irréguliers. La Polo est maniable mais elle a une bonne envergure et nous fait regretter la Smart de Corse. Quittant les quartiers chics, nous trouvons un parking, une plage de galets avec un petit escalier et même des gens dans l’eau, ce qui m’encourage malgré la fraîcheur de la mer. C’est ma première baignade italienne et elle est très agréable. Dommage que l’environnement soit si laid : vieux immeubles de ciment et usines abandonnées. Biceglie est une ville de 50.000 habitants et cette plage d’abords facile n’est pas dans un beau quartier.

Plage de Bisceglie

Après avoir traversé des zones industrielles et des immeubles peu engageants, nous trouvons une petite crique avec un port de pêche, des barques bleues dans l’eau et des caïques colorés montés sur les quais de pierre blanche. De jolies maisons colorées en arc de cercle et une série de restaurants aux terrasses fleuries. Nous choisissons Il Caico . Au menu salades et pizzas. Salade verte, haricots, tomates thon pour moi. La pizza de Dominique n’est pas ronde mais allongée, servie sur une planche garnie de câpres et d’anchois. (21€ avec un verre de vin blanc et café)

Tour normande du Castillo de Bisceglie

Sans beaucoup de convictions, nous cherchons à l‘heure de la sieste, la cathédrale(sans la trouver) et le castello normanno-svevo dont il reste la haute tour normande et une cour en chantier.

Molfetta

Encore une ville industrielle avec des quartiers hideux. Les villes historiques en Italie ne se prêtent pas à la circulation automobile réservée aux riverains, avec des caméras flashant les autres. Nous sommes donc confinées à ces artères modernes horribles.

Un panneau touristique marron porte une curieuse indication « Pulo » et « Musée archéologique de Pulo » . Cela changera des cathédrales et des châteaux normands ! Le Musée archéologique se situe en dehors de la ville. Il est logé dans l’élégante Casina Capelluti au fond d’un jardin très calme. C’est un musée très moderne. A l’entrée on me demande mon âge, tarif réduit d’1€ et visite guidée privée (je suis la seule visiteuse).

Le « Pulo » est une doline parfaitement ronde dans la région karstique. Dès la Préhistoire, les hommes se sont installés à proximité Au 18ème siècle au temps des Bourbons, Giuseppe Maria Giovanni, prêtre et naturaliste, a étudié la doline et les grottes de Molfetta. En 1785, une nitriera fut installée, exploitation des nitrates qui ont percolé dans le réseau karstique. Le traitement consistait en un lavage du minerai avec 12 passages successifs dans l’eau qu’on portait à ébullition dans de grandes chaudières. Les vestiges des trois bâtiments subsistent encore au fond de la doline. On voit au musée les vases en céramiques utilisés alors.

Un couvent de capucins fut construit sur le bord du Pulo en 1535.

L’étage du musée est consacré à la Préhistoire. Au Néolithique, l’agriculture était déjà développée, les animaux domestiqués. . Des blocs de pisé des murs des maisons, cuits par un incendie, montrent la trace de piquets et permettent de reconstituer comment étaient construites les cases : on enfonçait des piquets solides, on tressait des branches souples pour faire une sorte de grille et on remplissait la paroi d’un mélange de paille et d’argile. En plus des silex, la présence d’obsidienne provenant des îles Lipari montrait que les échanges commerciaux avaient déjà cours et surtout que les habitants du Pulo étaient plutôt riches pour en détenir. La céramique de Molfetta est connue. Les décors étaient imprimés à la surface des pots avec des coquillages.  On a retrouvé des anses sur les pots et on peut imaginer qu’ils pouvaient être portés sur le dos avec des bretelles.

Nous montons au Pulo situé au-dessus de la voie rapide. Le site est clos mais visible de la route.

Dolmen San Silvestro13

Nous rentrons par les petites routes de campagnes à travers oliveraies, vergers de figuiers et champs. Sur la route de Terlizzi à Giovanizza se trouve le magnifique Dolmen de San Silvestro : allée couverte cachée par un tumulus de petites pierres protégées par une couche d’argile et formant un cercle de 35m de diamètre. Il a été mis au jour en 1961. Daté de l’âge de Bronze, il comporte en plus de la galerie une pièce ronde qui serait peut être utilisée pour les cérémonies ou comme lieu de réunion pour les vivants.

 

 

 

 

 

La plage d’Arone – Porto et sa tour génoise

CARNET CORSE

La Baie de Porto au petit matin

Nous avons attendu une belle journée pour faire l’excursion à la belle plage d’Arone. Pour éviter ‘affluence sur la corniche, nous sommes parties tôt. Les calanches dans la belle lumière du matin sont un enchantement ! Sans chercher à faire des photos, nous profitons des formes fantastiques. Après Piana, c’est l’inconnu. La route D824 dessert les plages. D’un mirador nous avons une vue plongeante sur Ficajola accessible par un raidillon qui descend aux maisons mais pas à la plage, vue sur les crêtes et sur Scandola qui a une magnifique couleur rouge. Nous découvrons le Capo Rosso, éperon de porphyre rouge et la tour Turghiu qui le surmonte. La randonnée à la tour est trop longue (3h30). Un peu plus loin, un café-boutique touristique propose des balades à ânes.

Capo Rosso

Au petit col (404 m), changement de paysage, plus doux, plus vallonné. Le maquis touffu est remplacé par des buissons plus bas, plus épineux et des oliviers. Les hauts pics déchiquetés sont loin.

Deux routes desservent la plage, la première conduit au restaurant Casablanca, passant par un portail imposant, son parking est vaste et ombragé. Un escalier descend à une ravissante plage équipée de lits luxueux avec même des serviette-éponge. Le restaurant est composé de deux parties distinctes : un restaurant très chic aux belles tables, nappes et argenterie, des tables et des bancs de bois pour un « glacier, panini, pizzas ». Le côté panini a l’air fermé. Nous avons revêtu nos plus beaux atours, ce n’est pas pour nous contenter d’un sandwich !

Plage d’Arone – « côté plage »

Deuxième essai : « Le Café de la Plage », même disposition : un restaurant s’ouvre sur la rue, menu dégustation 65€ aucun plat à moins de 25€ ( des entrées froides) inaccessible pour notre porte-monnaie ! Comme chez Casablanca, « côté plage » est une annexe, snack de luxe qui sert des pizzas, seulement le soir. Dans le décor enchanteur, à l’ombre de filets, dans d’agréables fauteuils Dominique commande un verre de vin blanc (belle corolle à moitié vide, 6€40, quand même !

La plage d’Arone est merveilleuse avec son sable blanc très fin, son eau limpide, turquoise comme un lagon, presque sauvage, 3 établissements avec des lits et des parasols, peu nombreux et discrets, un chalet-poste de secours. Un seul voilier amarré, un seul zodiac en action. C’est donc une baignade de rêve. Quelques dames du 3ème âge s’essaient au paddle. A voir les efforts désespérés d’une grande blonde à silhouette sportive, hissée par son mari sur la planche et sa chute quelques minutes plus tard, cela me dissuade définitivement d’essayer. Je préfère nager mes longes traversées entrecoupées par la marche sur le sable fin.

plage d’Arone

Il existe quelques méthodes d’éviter le tourisme de masse sur les plages : autour de Calvi on empêche les voitures d’approcher des plages en installant les parkings tellement loin que les visiteurs, portant glacières et parasols, qui  doivent venir à pied (ou en train) hésitent. A Arone : sélection par l’argent. Aucune buvette, aucune cafétéria ; seulement des établissements de luxe. Les fauchés poseront leur serviette pour une heure et rentreront déjeuner chez eux !

soupe de poisson au Robinson

12h15, nous quittons cet endroit paradisiaque pour un restaurant aux prix plus abordables : le Robinson à Porto sur le port où nous commandons une soupe de poissons. Samedi, quand Dominique attendait le retour de mon bateau le fumet de la soupe de poisson l’avait alléchée. Cette soupe est servie dans une belle soupière blanche, accompagnée de croûtons faits maison et de gousses d’ail à frotter nous-même, de la rouille excellente et du gruyère râpé. Nous pensions terminer par un moelleux aux châtaignes. Après 3 assiettes de soupe nous n’avons vraiment plus faim. Sans attendre le café, je monte à la tour génoise qui domine le port.

La tour Génoise et quelques personnages  

La Tour génoise de Porto

Une exposition historique raconte qu’entre 1510 et 1620 une centaine de tous furent construites, formant une ceinture de surveillance avec tours à signaux. La Sérénissime Gènes avait cédé la gestion de la Corse à l’Office de Saint Gorges.

Le gardien de la tour, le Torregiano était faiblement armé, rarement une pièce d’artillerie, le plus souvent des arquebuses ou mousquets. En plus du rôle de surveillance, il exerçait le contrôle sanitaire du port, était un agent du fisc, prélevait le droit d’ancrage et les taxes de chargement sur l’huile et le vin.

Au 16ème siècle les Barbaresques dominaient la Méditerranée, le Cap Corse était ruiné. L’expédition de 1540 par Gianettino Doria aboutit à la capture de Dragut. Dragut est un personnage récurrent dans mes carnets : j’ai mentionné sa razzia sur Gozo, son échange contre l’île Tabarque en Tunisie (Tabarka), je l’ai retrouvé à Mahdia, à  Djerba (horrible anecdote de pyramide de crânes) dans le siège de Malte où il finit sa vie.

Les pirates barbaresques attaquaient les bateaux razziaient les villages pour emporter les habitants esclaves vendus sur le marché d’Alger. Parallèlement il s’était constitué un commerce florissant du rachat des esclaves.

Sampiero Corso (1498 – 1567) était surnommé « le plus brave des Corses » ; condottière au service de Jean de Médicis, puis de François 1er en 1536, en 1553 il embarque sur els galères d’Henri II à côté de la bannière de Soliman. 1559, par le Traité de Cateau-Cambrésis, la corse est restituée à Gènes. Catherine de Médicis, épouse de Henri II fut la protectrice de Sampiero. Elle plaida en sa faveur alors qu’il avait tué sa femme Vanina 1563, demandant l’abandon de toute sanction pour les hommes ayant combattu sous la bannière du roi de France.

Gènes imposa sa volonté de repeupler la zone littorale et pratiqua une politique de colonisation agraire imposant aux propriétaires de greffer et planter de la vigne et 4 arbres fruitiers et au moins un châtaigner.

Dans le prix du billet est incluse la visite du « musée de la Bruyère » que je ne trouve pas. C’est un petit appentis dans lequel des panneaux racontent l’histoire de la bruyère qui a trahi Jésus alors que les Romains le poursuivaient ou plutôt qui l’a mal caché alors qu’il tentait de se cacher dans son feuillage. La bruyère n’est donc pas la bienvenue dans les maisons corses sauf sous forme de balai ou de pipe ! Musée insignifiant !

Je termine la journée à la plage de Bussaghia.

 

Promenade à Ota, la marina de Porto et la plage de Bussaghia

CARNET CORSE

Ota sous les nuages

Météo du téléphone  : 80% de probabilité de pluie.

Le ciel est gris, bas, il reste quelques gouttes sur les feuilles des arbousiers. Le sol est sec. Pluie minimale mais chute de la température. Nous ne nous pressons pas de nous lever.

marina livia notre balcon dans les arbousiers

La promenade de la Passerelle de Pinello est un itinéraire facile (1h30 AR – 200 m de dénivelé). Départ du sentier à Ota, sur la D124 à l’entrée du village au Bar des Chasseurs. Un escalier descend à la base du village. Une croix, un appentis en bois, je trouve facilement le sentier dallé, ses grosses marches de granite entre deux murettes recouvertes de lichens et de mousses. Etrangement, avec l’abondance de fougères et de mousse on ne se croirait pas dans un pays méditerranéen sec, plutôt dans une jungle humide. Les figuiers de barbarie portant de nombreux fruits orangés me rappellent à la géographie ; deux gros plants sont écroulés que je contourne en évitant de frôler les raquettes piquantes. C’est le seul obstacle sur le sentier qui descend en lacets serrés dans les oliveraies. Un passage en balcon me permet d’admirer les montagnes dont les sommets sont pris dans les nuages. L’avantage de la couverture nuageuse, c’est qu’il ne fait pas chaud !

maquis : exubérant!

Je découvre des ruines (les moulins annoncés ?), puis un vieux pont de pierre dont l’arche est brisée. Je franchis une passerelle. Sur ce versant les arbres sont plus hauts, plus touffus. Les troncs des châtaigniers sont impressionnants mais nombreuses branches sont desséchées. Sont-ils malades ou simplement très vieux ? Une piste en faux plat conduit à la route de Corte (D84). Des aboiements m’inquiètent : toute une meute de chiens de chasse salue mon passage. Ils sont attachés et ne sont pas agressifs. Ils gueulent pour le plaisir. Avant la route il y a encore un petit pont de pierre.

Le retour se fait par le même chemin. Le soleil a dispersé les nuages. En montée je transpire tant qu’il me semble que j’attire les mouches.

Sur la route en corniche à la sortie de Porto; Au premier plan hellébore arborescente

Nous retournons à la marina de Porto : des hôtels, des restaurants, rien d’autre (si ! un bureau de Poste). Je réserve une excursion pour Scandola samedi matin, vendredi la météo annonce du vent ?

Nous rentrons juste à temps pour échapper à une belle averse et déjeunons à l’abri de l’auvent sur le balcon.

Comme le soleil est revenu je vais à pied à la plage de Bussaghia me baigner. C’est une grande plage de petits galets multicolores. L’eau est bleu profond, presque bleu nuit. La surface fait miroir reflétant les rochers rouges des falaises.